This is a digital copy of a book that was preserved for generations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project to make the world's books discoverable online. See the back of the book for detailed information. DES ERREVRS POPVLAIRES, ET PROPOS VVLGAIRES, touchant la Medecine & le regime de fanté, refutés ou expliqués PAR M.LAVR, 1ÖVBERT, CONSELHER Medecin ordinaire du Roy, & du Roy de Na- uarre, premier docteur regeant, Chancelier & lu- gede l'Vniuerfité an Medecine de Mompellier. AVEC DEVS CATALOGVES DE PLYSIEVRS AVTRES ERREVRS OV propos vulgaires, qui n'ont eté mancion- nés an la premiere & fegonde edi- tion de la premiere partic. ITEM DEVS AVTRES PETIS TRAITES, concernans les Erreurs populaires, auec deus Paradoxes du maime auteur. Le tout reueu, corrigé & augmenté, par l'auteur maime,pour la fegon de edition. A PARIS, Pour Abel l'Angelier, tenant fa boutique au premier pillier de la grand' falle du Palais. 1586 AVEC PRIVILEGE DV ROY MON TRES HONNORE SÉGNEVR, MONSEGNE VR de Neufuille, Segneur de Villeroy, con- feiller fecretaire d'eftat du Roy, grand treforier general de l'ordre de fa Majefté, Berthelemy Ca- Joup brol, fon tref-humble fer- uiteur, Salut. 70 adib A Onsegneur, Tay eu mon refuge a vous, pour me fauluer du mefcotentemet que M. IOVBERT (1 a receu de moy : à raison d'vne seconde partie de fes Erreurs populaires,que je faifois imprimer,com 1 me à la defrobee, voyant sa resolunon de n'en mettre plus en lumie re.Il m'a furpris cheus l'imprimeur, fort indigne de mon entreprife. Touttesfois quand il ha entendu, que le vous en voulois faire vn prefent, il ha ete tellement fatisfait, que fur le champ if ha permis à Lucas Breyer, marchant libraire (auquel ie m'en etois adreffé) de paffer outre: luy donat ancor deux beaux difcours, traduits de fes Paradoxes Latins, par Ifaac Ioubert fon fils aifné. En quoy i'ay cogneu par effect, le grand refpect qu'il vous porte,& la venerable autorité que vo auez gagné sur luy, par voz bien-faicts &inerites en fon endroit:ainfi qu'il protefte fouuent & en priué & en public, vous eftimat l'vn des meil leurs fegneurs & amys qu'ilayt en 12 France. Pource (dit-il ) que fans vous auoir iamais faict aucun feruice, ne aus voftres, luy auez tou jours en tous les affaires efté si gra-i cieulx,bening & fauorable, qu'il ne pourroit rien plus attendre d'val auquel il eut feruy toutte fa vie, C'est vostre gradeur, Monfegueur, de faire ainfi acquifitió d'vn grand nobre de feruiteurs bien affectionnez, & tels que ie cognois ledict fteurIOVBERT lequel ne fepar gnera iamais à rendre le bebuoir,au moindre qu'il ayt obligé. L'vn de fes moyens eft (quin'est à melpriz fer) d'honnorer la memoire de fes bien-faicteurs par fes efcripts. Dot ie m'allure, que fil eut de foy mis: cet' œuure en auant, il la vous euft; donnee, pluf-toft qu'à autre que ie fache. Ell' eft doc voftre de bo droit " & mefmes veu la permiffio de l'auteur: qui eft vn expres cofentemét comme fil la vous donnoit, & que ie la vous prefentaffe de fa part. En quoy vous plaira auffi confiderer, l'extreme defir que i'ay d'eftre cognu de vous, m'infinuant par ce moyen en voz graces, &me prefentant à vous faire tref-humble feruice, quand il vous plaira m'honnorer de voz commandemens.. Monsegneur, vous me cognoitrez en cela de fi ardente affection, que vous le pourriés defirer du plus cofident & affeuré feruiteur que vous ayez eu iamais: emeu à cela, tant des propos de mondict fieur 1 ovBERT, que de la commune reputation de voz rares & excellentes vertus, qui vous ont rendu tref-aggreable au Roy noftre fire, & aus autres princes de ce royaume, maniant les plus grans & importans affaires de la Couronne, autat heureusement que prudemment, auec vne merueilleufe dexterité, accompagnee de finguliere confidence & discretion, loyauté, rondeur, integrité, fyncerité & preud'hommie, diligence,patience, vigilace, promptitude, honesteté, gentilleffe, grace, bonté, doulceur, humanité, benignité, courtoifie,modeftie,generofité,conftance, magnanimité, liberalité, excellente memoire, fubtile inuention, profond & fain iugement, difcours folide & graue, tref-bon auis & confeil: & toutte autre vertu requise à vostre eftat, condición, & charge.O qu'vn grád Roy eft heureux, d'auoir vn tel coseiller aupres de sa personne ! O in finimat heureux le Monarque, qui en auroit autant qu'il y a de grains en vne belle grenade, come le grad Roy Darius fouhaittoit autant de Zopyres! Heureuse la patrie, heu reux le peuple, qui a telle addreffe, pour obtenir de fon Roy ce qu'il en peut requerir iuftement, ou an attendre fauorablement, addresse autant facile,autant feure & veritable, qu'on ayt iamais eu en France, d'vn perfonnage tant accoftable, affable, fans reproche, & digne de sa charge, qu'il en fust onc ay monde. Monfegneur,ie ferois trop prolixe (ie le voy bien) fi ie voulois raconter feulement la difiefme partie des louables actions qu'on rapporte publiquement de vous: outre ce que ie ne m'en fçaurois dignement acquitter. Auffi ie penfe,qu'il vous de fera plus aggreable, de jetter incontinent voz yeulx, fur les beaux & plaifans difcours de M.IOVBERT, fçachant, que vous auez par cy uant prins grád plaifir à la premicre partie, que luy-mefme fit publier y ha vn an. Je croy que vous ne l'aurez pas moindre de cette-cy:" mais quoy que ce foit, vous plaira interpreter en mieux mon hardieffe,& aggreer le prefent que ie vous fais en toutte reuerance & humilité en vous baifant les mains, & priant Dieu que vous doint, Monfegneur, le comble de voz meilleurs defirs,en parfaicte santé, treflongue & heureufe vie. De Paris ce 3. de Feurier, is 79. BROL, MAISTRE IVRE en la faculté de Chirurgie, de I'Vniuerfité, Cité, & Ville de Montpellier, Chirurgien ordinaire du Roy. REPVLSIVE DES ENVIEVX venimeux propos tenus contre l'Auteur des Erreurs populaires. ADDRESSEE AV TRES- VERTVEVX, MAGNIFIQVE ET Genereux Seigneur, M. ANTOINE DE CLERMONT, Baron de MON- TOISON, & gentilhomme de la chambre du Roy. NDIT bien vray communemant, qu'Enuie ne mourra iamais.Car elle fut angeandree de Lucifer, dez le commancemant du monde: & n'aura iamais fin, nomplus que les diables d'anfer, peres de calomnie & detraction, dont ils portent le nom. Ie l'ay quelquefois fantie bien piquante, & fafcheufe an mon endroict : maus ie me fuis toufiours confolé, & ay prins meilleur courage, de ce que ie me voyois en telle affliction, compagnon des plus gens de bien,des plus vertueux, Studieux, & feauans qui foient au monde : Et de ce que l'ay toufiours ouy dire, qu'il n'y a perfonne exempt d'Enuie , que le miferable: qu'il vaut mieux estre fuiect à Enuie, qu'à pitié. Mais ce que i'ay fenty en moy de fes piqueures morfures, n'eft rien au prix des affaulx& alarmes qu'elle a donné à M. LOVBERT, dez qu'il a commencé de paroistre, auoir reputation, estre tenu entre les plus doctes rares perfonnages de fa profeßion.Ce fut premierement, quand on eut publié la premiere Decade defes Paradoxes fans qu'il en fçeut rien: plus encores, apres que l'ayant recognue & aduouee, il l'a feift reimprimer, adioustant la feconde. Bon Dieu, quelles detractions & calomnies lup excita Enuie, à l'occafion de ceste cenure-là! Ie le fçày bien, pour l'auoir veu, au grand desplaifir de fes amis, & de tous ceux qui cognoiffent fa vertu,valeur,& preud'hommie. Cela neantmoins luy fucceda tref-bien, luy donna grand bruict: tont ainsi que la palme fe rehaulse & relene, contre le fardeau qui lapreffe, & taf che à la deprimer. Tellemant que pour le iourd'huy fes Paradoxes font en telle vogue, &en tel prix, que iufqu'au plus profond d' A-. lemagne on les desbat, foustient: comme lon void par les efcripts des plus feauants de Ge temps. Toutesfois ledict Sieur 10 V BERT, ayant promis un grand nombre de tels Paradoxes (fuiuant le roolle qui eft à la fin de fa premiere Decade, en la fegonde troisieme edition) n'ha pas voulu pourfuiure ceft argue ment, comme defdaigné & iustement courroucé des mefchancetez que l'Enuie luy auoit. fufcité. Vray eft qu'en diuerfes œuures, comme il luy vient à propos, il deduit fes autres Paradoxes:mais ce n'est qu'en paffant, & nompas à plein fond: dequoy les ftudieux font fort marris. Ainfi eft-il aduenu ( demal-heur) à l'une de fes dernieres cuares, qui font les Erreurs populaires & Propos vulgaires, par luy expliquez & corrigez, iufques au nombre de foixante chapitres en promettant encor plus de trois cens, comme il appert du Catalogue, qu'il a faict quant quant publier. Mais ayant entendu par urais rapports, qu'il en foustenoit grand Emuie,detraction,& calomnie,voire que fa reputation en estoit aucunement diminuce enuers plufieurs, bien marry a deliberé & s'eft refolu de quitter ceft argument: ia-foit qu'au iugement des plus fenfez & vertueux, qui en parlent fans aucun transport d'affection, l'œu ure foit tref-digne de louange: & qu'on en doit defirer la continuation, pour le grand bien qui en rèuiendra au public. Ils excufent treffage ment, & interpretent benignement tout ce que les medifans y reprenent : & mitiguent douce ment l'aigreur de leurs morfures. De forte qu'el→ les ne peuvent nuire aucunement à la reputa cion de l'auteur, ne la diminuer tant foit peu ains au contraire,l'augmanter: comme la verta verdoye de la bleffure:ou comme les plantes qui portent des larmes (ce font, refines ou gommes) de bonne odeur,ne les produifent pas, qu'elles ne foient ferues&blecces. Les principaux chiefs des reprehenfions(pour ne dire plus morfures de ceux qui taxent M. LOVBERT, de s'estre oublié en fon œuvre des Erreurs populaires, font deux. Le premier, de ce qu'il l'a dedié à la Reine de Nauarre, tref-vertueufe, genereufe princeffe, vray miroir & patron d'honneur, veu qu'il auoit à traiter au commencement de for uure des matières graffes (comme on diet) parties hontenfes, efcriuant de la conception generation,groiffe,& enfantement. Le fecond,que tout cela euft mieux esté eu Latin, que en François, pour deux raifons: l'vne, que ces propos ne fonnent tant mal en langue estran giere,qu'en vulgaire : que les femmes & filles,qui en font plus honteu fes, n'en euffent eu la cognoiffance. L'autre, qu'il n'eft pas bon de diuulguer nostre art au peuple, & de luy faire entandre, ce dont les medecins fe veulent & doyuent preualoir : qui eft,l'intelligence de plusieurs chofes que le peuple faict & diet, fans fçauoir pourquoy, ny à quelle raifon. Quant au premier, il eft fuffisamment respondu & fatisfaict en la feconde edition de l'œuure, tant par Louys Bertrauan, que par l'auteur mefmes, qui a bien voulu d'abondant changer d'adresse, & prefenter tout le procez à Monseigneur de Pibrac, Chacelier de ladicte Dame,pour choisir & trier les propos defquels fa maiesté peut auoir cognoiffance,& en iuger fans nul fcrupule: ledict feigneur fe referuant le reste, comme estant plus propre à fa condition. On dit, que M. IoVBERT faict par ce moyen une amende honnorable Vrayement cela eft honnorable fort louable, de furmonter foy-mefmes, & fe tommander tant, que de wofer de la liberté commune des escriuains, an ce que le moindre des lecteurs pourroit estre offenfe. Et quoy? en familier propos, on dict bien à tout coup (pour peu qu'on veulhe contredire à quelqu'vn, voire estant inferieur à foy) pardonnez-moy. Faut-il craindre de le dire à vne Princeffe, ou à autres de tous estats, quand on entend qu'ils font aucunement offenfez? S'il •y eut iamais occafion de dire, pardonnez-moy, c'eft quand on penfe faire quelque plaifir on feruice, il est tourné au rebours. Ainfi d'vn propos qu'on aura dit pour rifes facetien fement, lequel fera prins autrement, on s'excufe en di fant, pardonnez-moy, iene penfois pas mal di ve: ou, ie n'y penfe aucun mal,ou ie ne l'entends pas comme vous le prenez. Et bien! Voila des reparations & amendes honnorables: defquelles il ne faut auoir honte, comme de celles que on faict pour abfolution on expiation don forfaict:qui eft vne peine criminelle & de contraincte, Mais le faict dont il eft question eft tout autre: fçauoir eft, d'on qui ayant bon-. ne intention de plaire, honorer & feruir, en reFoir pour recompenfe vne detraction & calomnie publique,enuers les plus grands, iufques à la perfonne de la Princeffe, à laquelle fon ceuure eft dediee, vonee & confacree en toute humilité, reuerence deuotion. Quant au fubiect, ven ay ouy parler gens de touttes qualitez: de tous ordres, rangs, degrez & estats, qui pour moy n'abstenoient pas d'en dire librement leur aduis; mefmes queda plus-part igmarvint. l'affection que le porte à M. IOV BERT. T'en ay bien peu rencontré, qui n'estiment infiniment fon œuure, & defirent la continuation: difans, que c'est le plus bel argument qui ait esté propofé de long tams, ensemblement vtile delectable : qui font les deux principalles conditions d'un cuure parfaicte raccomplie Et quant à la nuncupation, qu'il n'y ha point eu de mal, ains au contraire, tout bonneur & respect: toutesfon que M. I OVBFRT (comme il eft fage, prudent, difcret aduife) ha tref-bien faict de changer fon adreffe, pour contenter chacun ainsi qu'il proteste en fon epistre á fes amis & bien difans. Je viens au fecond chief qu'il euft mieuz valu efcrire ces chofes en Latin, pour les deux raifons que i'ay dictes, Touchant a la premeere, il y a esté außi fuffisamment fatisfait par le sieur Iov BERT,en la fufdicte epistre où il remanfire per tinemment,que les plus chaftes femmes du modé le peuuent bien lire: & qu'elles n'y apprendront rien que chofes vertueuses, & de leur deuoir en mariage:leurs máris außi. Quant aux filles, elles n'y peuuent rien entendre, de ce qui concerme les œuures de la chair, fi elles font bien pucelles de corps d'ame,par maniere de dire. Mais d'abondant, pour contenter chacun, ainfi qu'en tout le reste, il a depuis retrenché tout ce qui pouuoit tant foit peu offencer les plus fcrupuleufes confciences: feachant, qu'il ne faut pas feulement abftenir du mal, ains außide l'apparence d'icelay:qu'il faut quicker & reiecter tout ce que peut fcädalizer autruy, infques à fe defmembrer foymefme, fe couper bras iambes, arracher fon oeil propre, comme dit IES VS CHRIST, Matthaa sils font en fcandale. L'autre raifon eft,qu'il ne faut ainfi diuulguer les propos de la Medecine, ne les randre tant familiers & clairs: d'autant que le peuple en pourroit abufer fçachant plus qu'il ne luy appartient : tellement qu'il voudra deformais contester auec les medecins, prefque tous les poincts de la medecine. Ceux qui difent cela font gens modeftes, difcrets, vertueux, amis de M.IOVBER T,qui le luy ont diet familierement,par maniere d'aduis. Mais il fem B blet n'auoir pas bien leu fon epifire, Au lecteur d'efprit libre & ftudieux: en laquelle il remonftre,qu'il ha antreprins cefle befongne, pour cotenir le peuple ez limites de fa vocation, & le perfuader de n'attenterrien au faict de la Medecine: qu'il ne foit plus tant outrecuidé prefomptueux,que de couflume:qu'il entede mieuz ce qu'il a retenu des anciens medecins, pour en vfer (agement en ce qui le concerne, & eft de fa capacité: qu'il ne donne plus tant de peine aux raedecins, de luy faire entãdre fon deuoir quand il traicte fert les malades:& generalemet que le peuple fsache bien ce qu'il fait, ou penfe fcauoir, quicte les erreurs qui l'ont tant poffedé. Defquelles remonftrances exhortations l'œnure est toutte pleine, fans entrer plus auant en difcours, que de la portee des idiots. M. Io vBERTfçait tref-bien, que les mifteres ou fecrets de la Medecine, les principaux points de l'art (propos obfcurs d'importance ne doiuet estre communiqués ou defconuerts aux prophanes. Ainfi nomme-il en quelque lieu,tous ceux qui ne font iurez & affermetez en l'efchole de Medecine:fuiuant le facré ferment d'Hippocras,lequel il enfuit io urnellement,en faisant iurer tous les ans un grand nombre d'efcholiers,qui veulēs onyr les leços en l'Vniuerfité de Motpellier, ou prendre aucuns degrez. Luy qui en eft Chance lier inge,auquel l'eftroicte obferuatio des loix ftatuts eft en finguliere recommandation (fi onques elle fut à aucun de fes predeceffeurs) n'ha garde de faillir en cela. Außi n'est ce pas diuulguer ou enfeigner la Medecine aux prophanes, q de les inftruire à bie faire ce qu'ils fot,& leur expliquer ce qu'ils fçanet fans intelligence,par maniere de dire. Et puis? qui pourra trouuer mauuais, que chacun en particulier fçache entretenir fa fanté, pour n'auoir tant fouuent befoin du medecin Dira-on que M. Charles Eftienne, & apres luy M.Ian Liebault fon gendre, perfonnes trefdoctes humaines, ayent mal faict, d'ef crire en François leur maison ruftique, où il y a beaucoup de remedes familiers, & qu'on dict. vfuels,non feulement à conferuer la santé, ou se preferuer de plufieurs maladies, ains außi d'en guerir plufieurs ? Ainfi le liure intitulé Thre Jor des pauures, est bien ven & receu de tous. Ainfi la belle suure de M. Simon de Valambert, touchant la nourriture & maladies des enfans: plufieurs autres femblables, qui ne font qu'en langage François. Au contraire, il feroit de befoin, que tout ce dont le peuple est **E bu capable,cocermat fa fanté, fut en langue vulgaire,pour fonprofit : fans luy enuier ce bien,qui est d'une Enuie totalement ennemie du genre main Seroit-il bòn,qu'on n'eust iamau diuulgué monftré au peuple,l'vfage du bled & duraifin, à faire du pain & du vin: de cuire la chair, apprefter les autres viādes : ains que certains hommes euffent tenu cela fecret entre eux,à fin que tous les autres paffaffent par leurs mains, fuffent à leur difcretion, pour auoir du pain, du vin, de la viande? Ainfi(pour monter plus bault, des viures terreftres du corps, aux celeftes appartenãs à l'ame)on fe plaind d'aucuns Theologiens,qui ne veulent permettre qu'on traduife la fainete efcripture en vulgaire, affin que le peuple ne l'ayt que par leur bouche: priuans les ignoras de cefte pafture spirituelle: laquelle tousesfois eux-mefmes propofent expliquent en pleine chaire, autant profondemät, fibrilemät, diftinctemant qu'ils peuuent. Et quelle differance y ha il,de lire les mefmes textes a-part das Ja maifon, ou de les ouyr fouuent reciter publiquement & en vulgaire ? Ie ne trouue pas grad difference de telles rigueurs, d'auec celle qui empeche le peuple de fçauoir pour fa prouifion, autant qu'il peut comprendre de l'art, qui enseigne à viure fainemet, fe bien gouuerner en maladie, fous la conduicte l'ordonnance des medecins. Et (ie vous prie) qu'efcript M. 1 0 VBERT, finon ce que prefque tous les iours remonftrent &inculquent les medecins auz malades ou à leurs amis,parens, alliez, feruiteurs, gardes, & autres aßiftans? Eft-il plus mal faict de l'efcripre,que de le dire? Ne veut on pas qu'il fait bien retenu? Et voyci le moyen,de le metre par efcript: car la voix fe perd, l'escriture demeure, Ainfi ie ne vois pas, que cefte reprchenfion ayt lieu, foit mettable, ou ie ne l'ay pas bien comprins. Voyla les principaux chiefs (ce me femble) des cenfures que i'ay ouy par-cy,parla.Il y a bien un autre point,duquel M.IovBBR Test fort abfurdemět calomnié : c'est pour les depofitions des fages femmes, que aucuns ofent dire,auoir efté inuentees par luy-mefmes. Ilvefute bien cela en l'Epiftre,à fes amis & bien difans, nommant celuy qui luy a fourny celles de Paris de Bearn. Quant a celle de Carcaffunne, ie fçay bien qu'il l'a eue d'un qui efloit principal Secretaire de Monseigneur le Marefchal Dampuille,qui la recitoit fouuent pour plaifir. Et M. Io V BERT est bien empefché d'entendre feulement les termes, defquels fent ces fages femmes: pour les fçauoir accomoder aux diuerfes parties du membre qui diAlingue le fexe. Car il n'eft pas en peine d'y trou uer autant de pieces, qu'en mettet les matrones. Nous en demonftrons ez publiques Anatomies feize, ou dix & fept: que ie reciteray de l'ordre qu'elles fe prefentent. C'eft l'os Berträd ou Barré,autrement dict l'os Pubu ou du penil: le poil qui conure la fufdicte partie: 3 la motte,de quelques vns appellee Mont de Venus: les deux lebures ou babines, qui font la bouche ou emboucheure: les deux pterigomes on aiflerõs grands, nommés vulgairemet landies: 6 les deux moindres ailerons deffous les grands, qu'on appelle Nymphes, d'un mot grec: 7 le Tentigo, ainsi nõmé de Falloppe: qui est comme une verrue qu haut de la motte, conuert des grands ailerons. C'eft la tefte & balane ou gland du Clitoris, lequel rapporte au membre viril. 8 ledict Clitoris, composé de deux nerfs cauerneux: 9 deux mufcles qui le bendent & font dreffer: 10 l'orifice de la vefcie, qui eft vne value charnue: cinq qu fix caruncules ou carnofitez, semblables à verrues: 12 le grand canal respondant à la longueur du membre viril, ayant force rides circulaires: 33 le Hymen, qu'on nomme la Dame du miliey: 11 14 la bouche ou entree de la matrice, ou amarry, afpre comme dentelee, refemblant à la bouche d'une lamproye:1, le col de l'amarry: l'orifice interne, qui eft l'entree dans l'amarry : 17 le fonds corps de l'amarry, fans aucune diftinEtion de fellules ou logettes. Le taife les tefticules, les aifles qui les fouftiennet, auec les vaisseaux Spermatiques:d'autant que ces parties là font par derriere, cachees à nofire veue, fi on ne fendle vetre. Tout le demeurat eft manifefte & voya ble en la femme entiere, fans luy faire aucune iuifion. Lemiroir matrical nous les defcouure touttes. Et qui en voudra auoir le paffe-temps, pour plus grande affurace de mon dire, ie les luy monftreray volontiers (qu'il me pouruoye feulement d'un fubiect)come ie les ay monftrees publiquement aux efcolles de l'Vniuerfité en medecine de Paris. Il ne faut doc pas fe mettre en fantafie, que ce foint chofes feinctes & controuuees: mais ie cofeffe bien,auec M. I OVBERT, que ie n'entends pas les termes des matrones, que par cofequet ie ne les fçay appliquer aux fufdites parties. Ainfi ce font touttes calomnies,maudiEtes impoftures & detractios, que l'Enuie pafle &trafie a eflacé côtre ce bo Docteur maistre, voyat la grand vogue & depefche qu'auoit fon traicté des Erreurs populaires : lequel a efté im primé dans fix mois, en quatre diuers lieux: [çauoir eft, à Bourdeaux Paris, Lyon, & Auigno: " en chafque lieu on n'en a tiré moins de feize cens. Ce liure a eu fi grande reputation, que n'eftant au commencement qu'à dix ou douze fols, il feft depuis vendu iufques à vn efcu, voire à quatre francs : tout ainsi qu'en la cherte espece de famine)le prix du bled fehaulfe tous les iours. Que plus eft,chacun demande aux libraires imprimeurs, la fuitte de ceft œuure: & mefmes fon auteur eft iournellement importuné de netre le furplus en lumiere, qu-moins de cinq en cinq liures (fil ne veut tout à vn coup) fuiuanţ le departement qu'il en a faict: outre ce qu'il promet dauantage. Mais il eft fi defpité, & fe reffent tellement des fufdictes piqueures,comme il eft homme de grand cœur, extrememet ialoux de fon honneur, qu'il a fouuent pensé, ie le fay bien, de brufler tout ce qu'il en a faict. O quel dommage! Tanty a qu'on ne l'a peu encor flef chir, & faire condefcendre à la publication des autres parties: qu'il tient fi fecrettes & ferrces, qu'il n'y a moyen de les voir, ou auoir en fimple communication. Carie m'affure, & il s'en doute bien, que plufieurs entreprendroient fort vo lontiers de les faire imprimer à la defrobee Jans luy an demander conge.Or voyant ceste fienne refolution pour ne dire,obstinacion)ie me fuis aufé de faire imprimer quelques chapitres,que i'auois autres fois eu de luy,m'ayant faict ceste faueur que de m'expliquer certaines propofitions, defquelles ie defirois l'intelligence & fon auis. Il n'y en hą pas grand nombre, mais la plupart des chapitres font fort longs, contiennet beaucoup de chefs: telle mant que qui les voudroit departir par le menu,il n'y en auroit guieres moins de trante. M IOVEER Tles auoit traffez,long tams auanṛ qu'il publiaft la premiere partie des Erreurs populaires: font de certaines matieres, qui ont eté depuis rangees par leur auteur,an la diuifion de toute l'œuure,& generale & partiçuliere,pour tenir lieu, l'vn au feptieme liure, l'autre à l'onzieme, dix & fettieme, vinttieme,vint troisieme,vint & cinquieme,ving fifieme, & ceus qui f'anfuiuet infques au traptieme.se ne me fais pas autremat foucié de leur ordre,puis qu'on ne peut auoir autre chofe pour le prefant de leur auteur, ainsi qu'il auoit promis.Il an faut v fer come d'un mauuais payeur, duquel on prand ce qu'on en peut retirer. Le me fuis contanté,de faire future & obferuer fon orthographie,comme fi l'ouurage fortoit de fa main. A quoy s'eft fidellemat & trefuolōtiers amployé Christophle de Beauchastel fon neneu:auquel l'ay faict donner pour fon vin, autant de doubles efcus, qu'il ha doublé de chapitres. Ie fcay bien que M. IOVEERT ne fera pas contat de ce que i'an ay fait,mais i'y ay eté pouf fe d'une bonne affection & intancion, qui me pourroi faire trouuer grace anuers luy mefmemant quand je l'auray faict,de l'aduis de quelque fien grad amy: que l'oeuure fera bien imprimee a fa fafon.Car bien fouuät la circõftance faict,qu'il n'y a point de mal en ce qui de foy et reprochable,come on dit,du bon dol. Et pource ray panfé de vous an comuniquer, Mosieur, vous(di-ie)qui auez credit,&pouuoir d'appai fer ledict fieur LOVBERT, quad il fe plaindroit de cette mienne antreprife:d'autant que ie voy bie qu'il vous respecte,reuere,honore & cherift fingulieremant vous etant fi amy & feruiteur, qu'il n'en pourra auoir aucun deplaifir,s'il fçait que vous l'auez trouué bon. Ains au cotraire, il me fcaura gré de l'auoir fait, quand il verra que s'a eté apres vous auoir declaré mo dessein: enfamble à messieurs de la Roche & de Beau fort voz trefchers freres, meßieurs de la Baume de Moperoux la verune,de vontais,de Pardilhan, du Moutet, de la Coste, de Brette, de la Bastie meẞieurs de Sagnes, Reuol,les deus Girards freres,du Vaure, Alian, Renier, & autres fes amis, qui voyent plus cler an cet affaire que Luy,comme ceus qui font hors du ien. Et ontre ce que ie le decharge par tel moyen, du panfemant qu'il en pourroit auoir,ancor ie luy caufe ce plai fir, de l'exepter & vindiquer des morfures & piqueures de la maudite anuie (qui feule arreste le cours de toute l'œuure, pmife d'vn bel ordre] en prenant fur moy toutes les indignations des malins enuicus. I'ay aiouté à cette fegöde partie des Erreurs populaires, vnCatalogue de plufieurs diuers propos vulgaires, que ray colligé de plufieurs. Et celuy qui m'en ha le plus fourny, pour les comuniquer à M.IOVBERT faeté M.Guilhaume Capel, docteur an Medecine de Paris, home tref-docte & humain, fort curieus dés cho fes plus gentilhes. Te ne doute pas que M. Io VBERT nerecoiue de bon coeur ledit Catalogue, ayat inuité to' les lecteurs à luy enuoyer de tontes parts, les fantances vulgaires qui ne font an fon roolle. Ainfi ie le gratifieray aumoins de cela, que le luy donne comme pour mon fymbole, Monfieur, ie vous fupplie tref-bumblemant vous tenir prest pour ma deffance, fi par fortune i'ay à encourir reproche de ceste antreprise: me parer de vottre targe,' qui et la bonne grace de M. IOV BERT, lequel aime & estime infinemant la vostre. Qu'il fache par vous, que ie ne l'ay fait fans confeil, que i'y ay eté Contraint de l'utilité publique:laquelle i'ay preferee à mon plaifir particulier. Car ie le fentoy bien plus grand, me voyant feul iouffant & poffeffeur de ce fruit. Mais ie l'ay mieus aimé departir à ceus qui an font defireus,pour le gouft qu'ils ont prins, à ce que l'auteur an ha luy-mefme publié.I'y ay außieté inuité pour auoir dequoy faire un prefant à Monfeigneur de VILLEROY: auquel ne pouvant rien offrir du mien, qui fuft digne de fa grandeur, i'ay amprunté des frais d'un qui luy est tref-affectionné feruiteur, & qui n'an fera pas mal contant, (ie m'an affeure) quand il f'an aduifera. Monfieur,ie vous baife les mains,priant Dieu qu'il vous doint l'accompliffemant de voz meilleurs defirs,an parfaite fanté,longue & heureufevie, A Paris ce vinttieme de Ianuier, mil cinq cens foixante dix &neuf. INDICE DES CHA PITRES ET MATIERES, CONTI mues an cette fegonde partie des Erreurs po- pulaires, propos vulgaires. pag.1. terminees. ·OY VE l'on fe peut & doit fouuant paffer du vin: dont il n'et tant neceffaire, que cuide le vulgaire. II. Contre ceus qui panfent, toute fieure etre de froid, hor-mis celle qu'on nommé chaude. D'où procede le friffon, & le retour des ficures pag.11. 111. Du morfondemant, & larfondemant: & commant le peuple fabuse, cuidant que tous les maus des traualheurs (ou la plus-part) foit de morfondemant. pag.22. 11. Pourquoy ordonne-l'on de boire du vin pur, à ceus qui font fort echauffez: & de piffer avant que fe mettre au repos, quand on ha fort traua hé. pag 27. v.Qu'il faut fouuant changer de linge aus febricitans. T pag.36. VI. Que les fames tuent les febricitans d'aftinance de boire, abondance de viures, & annuyeuse couverture Et quel regime il conuient obferuer aus febricitans. pag.42. VII. Contre ceus qui ne permettet aus febrici tans, de boire durant leur accez: & les autres, C qui veulent qu'ils boiuet chaud, pour fuer plus toft & mieus. pag. 58. viii. Des boulhöns & orge-mondez qu'on balhe à minuit, ou le matin, fort indifcreteemant. pag. 60. Ix. Si c'ct mal fait de boire à l'heure du coucher. pag.66. x. S'il faut boire auffi chaud qu'on ha le fang, maimhemant an æté: & fil et mauuais de raffraichir le vin. 2 pag.71 xi.Contre ceus qui fe plaignet an æté de la chaleur des nuis, & ce pandant ils couchet fur la plume,les feneftres fermées. pag.76. xii. Que les boudins ne valet rien gardez : & que de là et venue la coutume d'an faire des: prefans. pag.80. xiii. Contre ceus qui craignet par trop la faignee, & ont opinion que la premiere fauue la pag.84. xiii. Qu'on peut faigner les fames groffes, les anfans, & les vieus. pag.92. xv.Contre ceus qui temerairemant & trop louuant vfent de la faignee. pag. 99. xv. Que la purgacion peut conuenir à toute: faifon, voire durant les iours caniculiers. pag. 103. vic. xvii. Commantil fe faut gouuerner le iour que on prand medecine. Si on peut dormir apres. De l'heure du boulhon lauatif. Des repas qui conuiennet à ce iours-là. Et pourquoy on ne doit fortir de la chambre. pag.109. xviii. D'où auient communemant, que les plus cheris meuret le plus fouuant. pag.124. xix.Contre ceus qui difent, que mort ne fut ia-. mais fans regret. vantre. pag.128. xx. Contre ceus,qui pour auoir le vantre lache, marchet piés nus fur vn lieu froid,ou boiuet de. l'huile an quantité: & qu'et-ce qu'auoir bon pag.131. xxi.Sauoir-mon, fi les huitres & les truffes randet l'homme plus galhard à l'acte Venerien. pag. 135. xxii. Contre ceus qui iuget de la fuffifance des medecins, par le fuccez, qui et deu fouuant à l'heur, plus qu'au fauoir. pag.145. xxiii. Que le vulgaire n'eftime rien, fi on ne guerit contre fon opinion: que les derniers remedes ont tout l'honneur, & bien-heureus le medecin qui vient à la declinacion du mal. pag. xxiiii. Des importuns & foapfonneus, qui calomniet les procedures du medecin. Des outrecuidez & prefomptueus, dangereus aupres de vn malade. pag.151. xxv. Que ce n'et le profit des malades, d'auoir plufieurs medecins d'ordinaire. pag.157. 147. RAMAS de propos vulgaires & Erreurs populaires,auec quelques problemes, enuoyez de plufieurs à M. IOVBERT. EXPLICATION de quelques phrafes & pag.159. mots vulgaires, touchant les maladies principalemant. pag.191. Fleurs, Flus, flus Menftrual, Mois, Menftrues, Perdemant, Rhodais, Chemife, Doit auoir,cas, Malade, Male femaine, Tams, Cardinal,Marquis, pag.191. Auorter, affouler, bleffer, deffarrier, gafter. pag. 1933 Def uerdiat,def-antourat,def-ourat pag.194. Retalhat. pag.195 Mál de Maire. Dyfanterie, Eprenfas, Seintegne, Caguefan pag 196. gue. pag. 196. Nephritique, Phrenetique, Colique vanteufe, nephritique & piertreuse. Colique, Malcion, colique d'eftomach. pag. 198. pag.197. Goutte, Deffante, Rheume, Catarrhe, Goutte naturelle. Sciatique Squinance,Morceau'd'Adam. Noli me tangere. Saigner du nez. Migraine. Lunatic,& tenir de la Lune. pag.199. pag.199. pag 200. pag. 200. pag 201 pag.201. pag.2oz. Mal caduc, Mau de terre, Mal S.Ian,Mau de las pafferas, Haut mal. Mau-loubet. pag 203. La male boffe. Efcannar. pag.204 Pg.204. pag of Aualitque, Aualifque,Euanouyr,Spafme,Palmaison. pag. 205 Deiuner, Boire, Reffiner, Gouter, Soupper. 206. pag. Graffe matinee. Panfer vn malade. Remedes Metaphoriques & extrauagans. pag. pag.207. pag.208. 209. Pour la multiplication de femance, & la fecondité. pag.209. Pour anfanter plus aisemant,& pour ampecher l'auortiffemant. pag.211. Pour rompre la pierre dans le cors. pag.212. Contraire à la memoire. pag.224. Des remedes fuperftitious ou vains,& cerimo nieus. 214 pag.215. pag.216. pag.216. Pour arreter tout flus de fang. Contre la iauniffe. Contre la goutte grampe. Pour faire fortir plu-toft les dans aus petis an- fans. Pour ne vomir point fur mer. A faire perdre le lait. Contre toute fieure. Contre la fieure quarte. Pour faire perdre les verruës. Pour guerir de l'hydropific. Contre le mafclon. Contre le mal de maire. Coniuracion de l'amarry. pag.216. pag.216. PROPOS FABVLEVS. De la vipere. Du Bieure, dit Caftor. Dela Salamandre. pag.224. pag.226. De l'Ours. Deus Paradoxes de M. Ioubert, traduits par Ifaac fon fis. 229. Quelles poisons ne peuuent etre balhees à certain iour, ne faire mourir à certain tams. pag. Qu'il y a raifon, que quelques vns puiffet viure fans manger, durant plufieurs iours & anpag.242. nees. CATALOG VE DE PLUSIEURS diuers propos vulgaires, erreurs populaires, collige de plufieurs, & donnez à M. IOVBERT, par M.Barthe- lemy Cabrol. 1. Souppe deuant & fouppe apres, fait viure l'homme fant ans,ou pres. 2.Quand la feulhe monte & retombe, l'homme aufli tombe & retombe. 3. Il ne fe garde pas bien, qui ne se garde tou lours. 4.Les gourmans font leur foffe à belles dans. 5.Il faut mourir auec fon fang. 6.Boire apres fa fouppe,fait voir trouble. 7.Il conuient donner à boire à ceus qui ont le # poumon roty,de peur que la chair ne tienne au pot. 8.Bien venant,bien getant:Il vaud micus fourmage,que boullie. 9. Homme gouteus,fine d'argeant. 10. D'vn pauure fang il an faut plus tirer. II.Hachis, gelees, & perdris, font ccarlate d'estomach. 12.Ians delicats,font le pont aus anes de fanté. 13. Fame maigre,tauerne de fang. 14. Le ferain epais angeandre catarrhes. 15. Il n'et que vielhe filhe, pour faire force anfans. 16. Ni an froid,ni an chaud, tirer du fang il ne faud. 17.Dormir fur la boullie, angraiffe les anfans & andormir fur le tetin, les fait euelher mating & dormir fur lait, c'et souhait. Bubly 18.Clyftere de lait nul mal ne fait. 19. Le iour de la médecine et vne grand' fefte: car il faut juner fa veille.] 20. Vn œuffrais nettoye le cœur. 21.Gateau,charge d'eftomach: & vinaigre, annemy de Nature. 22. An flus de vantre, ne faut que l'eau y ans tre. 23.Qui boit verjus,piffe vinaigre. 24.Mal de cœur,veur dormir. 25.Les piés chaus, & la tefte, au demeurant v uez en befte. fanté d'auoir froid apres le repas. 46.Commant peut caufer des opilations,l'etre fort ferré de cors. 47: D'où vient que la culiere de fer ampeche les pois & le rys'de cuire. 48. Qui nourrit plus, la chair froide, ou la chaude? 49.Peut-on ouyr crier l'anfant, dez le vantro de fa maire? 50. Pourquoy et eftimé mauuais le lait calhé dans l'eftomach, veu que l'on digere bien le calhé & le fourmage? S1.Et il vray,qu'vne heure de dormir auant minuit, vaud micus que trois apres? 52. Qui veut etre long tams vicus,faut qu'il cómance de bonne heure. 53.Allez fait qui rien ne fait, ez maladies periTheuses. 54. La medecine, & la guerre,se font à l'œil. 55. Pourquoy dit-on que les beuueurs d'eau n'ont iamais befoin des piés d'autruy? 56. Pourquoy dit on, que le vin et de melan cholie leuain? 57.De guerir auoir volonté, et partie de la fan-té. 58. Où il y ha & ieuneffe & richesse, là il y ha maladie à largeffe. 59.Et il vray que durant la famine commune on ait plus de faim, qu'an autre faison, ia-foit que particulieremant on n'ait faute de viures? 6o. Contre ceus qui confelhet & ordonnet l'a &tè venerien,contre la grauelle,pierre, & autres maus de reins. 61. S'il y a raifon de dire, qu'il ne faut verfer de l'eau, an la chambre de celuy, qu'on ha talhé pour la pierre. 62. Commant vne fame peut viure fans matri ce,auffi bien qu'vn homme fans mentule & genitoires, 63.Du grand abus que l'on commet,an l'absur- de vfage de la Mumie fauffemant appellee. 64. Que les myrobolans ne font de telle, ne fi excellante vertu, que le vulgaire les estime. 65. S'il et bon, que les anfans commancet bien- toft à manger du pain boully, de la fouppe, de la chair,& autres viandes folides. 66. Quelle chair rotie et plus faine, & plus fauoreufe,lardee,bardee,flam bee, ou graiffee? 67. Doù vient, que les beuueurs d'eaus font grans mangeurs? 68. S'il et poffible de cognoitre par la cou leur, faueur, tenacité, ou autres qualitez manifeftes,que la terre lemnie & fellee,foit legitime & bonne. 69. Et-il vray, ce que plufieurs fames soutiennet, que la faignee du iarret fait plus rude la peau, & le teind plus groffier? 70. Que la cofequace n'et pas certaine, du foye chaud l'eftomach froid: & qu'on accuse fouuant à tort le foye,d'etre chaud intamperemất. C' iiij 71.Contre ceus qui iuget etre fine de grand fanté,de ne cracher,ou moucher point, 72. Qui et melheur contre le rheume & catarrhe,de coucher haut ou bas de tefte? 73.Erreur de ceus qui difet, le medecin deuoir tout au malade, & le malade au medecin rien qu'vn peu d'argeant. 74.Pourquoy dit-on, qu'vn bon medecin et toujours mauuais, & vn bon homme eft mauuais medecin? 75.D'où vient que ceus gueriffet plus aisemant, de leurs playes,vlceres,ou autres maladies,desquels les taches des linceus ou autres linges fefacet aifemant à la lexiue? 76.Etant vn maime paffage des viandes & des breuuages, vn maime receptacle, & vne maime raifon ou caufe du gout d'iceus, d'où vient que on trouue communemant melheur le brouët chaud, & le boire frais : & tant des chairs que des fruis, les vns font trouuez melḥeurs chaus, les autres frois. 77.Commant peut le falpetre raffraichir l'eau, Veu qu'il et chaud, & aisemant fe conuertit an feu? 78. D'où vient, que fur la mer on ha fi grand appetit? 79. S'il et vray, qu'vn clyftere laxatif puiffe exciter au coft: ce que plufieurs diset auoir fanty quelque fois? 80. Commant les pucelles peuuet etre fuiettes au mal de maire, voire auant leur puberté. 81. Que plufieurs gouuernet beaucoup mieus leurs cheuaus, que leurs perfonnes, dont c'et bien dit, qui veut viure fainemant, ait pour foy tel panfemant,que de fon cheual ou iumant. 82. Si les palles couleurs des filhes font contagieufes, & qu'vne autre les puiffe prandre, pour coucher ou fe bangner anfamble. 83. Qu'vn eftomach debile & froid portera mieus l'eau pure,que le vin verd ou aigre. $4. Pourquoy dit on, que le mouton nous fait anuiellir fur touttes viandes: & que le fourmage nous an garde? 85. S'il et vray,que les aigrais ou verius pochés an l'œil efclarciffet la veue? 85. Que c'et bien dit, qu'il ne faut toucher aus yeus & au nez malades, que du coude. 87. Contre ceus qui croyet, la douleur de das reuenir plus forte qu'au parauant, fi on iette au feu la dant arrachee: ou que l'on mette fur le fang qu'on an ha randu, de la braife ou des fandres chaudes. 88. Que les chofes graffes n'angraiffet pas, cốme l'on panfe, 89. D'où vient que d'vne poulalhe noyre, le boulhon an et plus blanc? & d'vne chieure noire le lait an et melheur? 90. Pourquoy et ce, que les perfonnes blanches font plus delicates? 91. Qui et plus fain, l'huille ou le beurre? 92. Pourquoy dit on, que le feu et bon an tout tams: & fil et fain de fe chauffer? 93. Pourquoy dit on, faire iambes de vin : & que les cheuaus an vont mieus, quand les che. aucheurs ont bien beu. 94. D'où viết qu'on pefe plus à iun, que apres le repas,& mort que vif? 95. Si c'et etre bon compagnon, que d'auoir toujours vn boyau vuide pour fes amys. 96. S'il et vray, que le coït foit dangereus, au coït de la Lune. 97. Et-il vray, que les gras & les boffus viuer moins que les autres, & ceus qui ont les dans cler-femees,& les genous pointus? 98. Et-il vray, que morte la baite, fon venin et mort auffi? 99. D'où vient, que les petits font commune- mant plus coleres que les grans, & ont volon- tiers plus d'efprit? 100. Si la fumee de la chadelle ou lampe etain- tę fait deuenir ladre: & fi elle peut faire auor- ter vne fame. 101. D'où vient que l'eau du puis deuient mel- heure,fi on y iette des petis poiffons? 102. S'il et poffible,que l'homme exerce l'acte venerien, dans le bain chaud ou froid: & que la fame confoiue du bain auquel l'homme ayt fpermatifé. 103. Et ce bon fine, quad vn malade famaigrit fort, & dez le commancemant de fa maladie? r { 704. Peut on cognoitre, fi vn homme et pu ceau? 105. Et-il vray, que fi vne fame anceinte porte vn anfant à baptefme, bien toft mourra, ou cet anfant, ou celuy qu'elle ha dans le van tre? 106. Si celle qui ha fait des gemeaus, peut guerir de la defnoueure, comme l'on dit : & fi le fettieme anfant male guerit des ecruelles, tant qu'il et puceau. 107. D'où vient, que les vns fe portet mieus an hyuer, les autres an æté: & que l'on angraiffe plus an hyuer? 108. Pourquoy et ce, que d'auoir bù, on chanTe mieus? on 109. S'il et vray,que l'argeant & le pain ne donet ou apportet iamais la pefte. Ito. Qui bien mange, fiante & dort, ne doit auoir peur de la mort. III. Des Polognois malades, voire à l'extremité,qui fe leuet & veftet, à l'heure que les medecins les doiuet vifiter. 112.Si les bouches anleuees, ou antamees, denotet que le mal f'an va. " 113. Pourquoy et ce, que communemant chacun obferue ce qu'il ha mouché,& nompas les autres excremans: fi ce n'et parauanture quel que melancolique? 14. Par où faut il antamer l'œuf par la pointe, Je gros bout, ou le milieu? 115. Faut-il boire à chaque ceuf vne fois, ou d'auantage? 16. Et-il plus fain, de fe faire tondre le premier Mardy de Mars, qu'vn autre iour dudit mois,ou d'vn autre mois. 117. Qui moins an fait, trompe fon copagnon, 118. On ne f'anyure pas volontiers de fon vin, 119. Qui peu mange,prou mange : & qui prou mange, peu mange. 120. Commant le peut on morfondre par les yeus, par le nez, la bouche, & les orelhes. 121. S'il et vray, que ceus qui ont eté talhés à caufe de l'hernie, ne peuuet depuis angeandrer. 121. Pourquoy dit on, qui ne peut manger qu'il boyue. 123. Et-il vray, que les bains naturels ne valet rien, ou qu'ils font dommageables, à ceus qui ont ù la verolle. CATALANS. vi mingeo porc, mingeo fa mort, 2. Dono e capon,es toutours de fefon. 3. Qui non ha lou ventre dur, non pot dormir fegur. 4. Entre la merdo, lou pis, fe nourris lou bel fils. 5. Non faïs iamais Kiou, de ta bouco. 6. Affais fay, qui ren non fay. 7. Qui non flouris,non grano. 8. Qui fe vay dormir en fed, fe leio en fantad. 9. En lun, en lulhet, ne fenno ne cauler. ESPAGNOLS. Vna a Leintuna es de oro, la dos es de plata, la terZera és de plomo, la quarta es de hierro. ITALIENS. 1. Salata ben falata, poco aceto, ben ogliata. 2. Vefti caldo, mangia poco, beue affai, & viueray. 3. Vegliar à la Luna, & dormir al sole, non fa ne pro ne honore. 4. Per tutto April, no te difcuprir. 5. Da fancto Luca,metti la man in bocca. 6. Bon vino, cattiua tefta, & fauola longa. 7. Vin di fiafco,la marina buono, la fera guasto. 8. El pefce guafta l'acqua, la carne l'acconcia. 9. Chi non fe gouuerna un anno, é cinque anni dapoi Senza allegreffa 10. Chi mal cena, peggio inghiotiffe. 11. Chi non fa come fa l'occa,la sua vita é triste & pos ca. 12. Frommaggio, pere, & pan, sonno pasto da vilan: frommaggio, pan & pere, fon pafto da cauagliere. 13. Bisogna un mattoze un fauio,a tagliar delj vn frommag gio. 14. El pan futto, fa diuentar muto. 15. El vino à la fauor, il pan al color. 16. Chi mangia el cauolo, e lascia il brodo, piglia il cartiuo, e lafcia il buono. 17. Tre cose buone fa la Zouppa: fa patire, fa dormirë, fa la gangia roffa. 18. Chi vuol effer bene una fettimana, laui fe la teftas chi un mefe, amai el porco: chi un anno, tolga mö glie: chi fempre mai, fi faccia prete. 19. Amal mortal ne medico, ne medicina val. 20. Ad ogni cofa remedio,excetto a la morte. 21. Chi va piano, va fano: & chiefano,va lontano. 22. La mano al petto, la gamba al letto. 23. El mag gier faftidio ch'habbia un vecchio, é di nom cagar tenero. 24. Chi va al letto fen Za cena, tutta la notte fi dime na. 25. Vn pasto buono, un trifte, e un mežano, mantiene l'huomo fano. 26. Chi fa quel fatto troppo, scola i fageoli : & chi nel fa,non ha figliuoli. 27. Chi lo fa quanto ei puol, nol fa quando ci vuol: chi piu lo fa, manco lo fa. 28. Chi mangia carne e pesce,la vita gli rincrefcé. 29. Vino amaro, tien lo caro. 30. Atauola non s'inuecchia. LATINS. 1.Apane bifcolto,à medico indocto,à fulgure & tém peftate, defende nos Domine. 2. Cafeus laudatur non albus, nec argus, nec Magdale nus. 3. Ala mala,coxa noxa,cropion dubium,collum remo- ta pelle bonum. 4. Vinum lymphatum, citò potatum, generat lepram 5. Summa medicina eft,nunquam vti medicina. 6. Decafeo barcam,de pane bartolomaam. 1000 $3 M T Lecteur,je dois bien estre excusé enuers toỳ; A attendu ma bonne volonté, fi i'ay en plufieurs endroits fally contre l'orthographie de M. I OV BERT, d'autant qu'elle m'ha efté fort nouvelle à cefte foys, difficile à imiter. Dequoy iet'ay bien voulu aduertir, affin que tu n'imputes à l'auteur, quelque deffaut en L'obferuation de fes reigles, ou de n'eftre par tout femblable à foy. L'efpere de faire mieux une autre fois, fi ¿ay ceft hōneur d'imprimer encores de fes œuures Franoifes: te priant ce pandant de corriger toymefme les fautes plus notables, & qui peuvent troubler le fens (lefquelles me font efchappees) comme fenfuit. ADVERTIS Lretreche tant qu'il peut toutes tés lettres fuperflues: c'et à dire, celles qui ne font prononcees au langage François:entendant par François, nompas toutes les langues aufquelles commande le tref-Chreftien Roy de France (à qui Dien doint bonne vie & longue) ains la Courtilane,ou des lieux ef quels on parle mieus. Car lefdites lettres ne font poft fuperflues en quelques prouinces du grand Royanmé de France, qui les prononcet en leur parler vernacule, Exemple, le,E,fuperAlu en ces mots Lieuë & Edue, pour dire lien ou lue, & ean, eft bien prononcé en Poiteuin.Le,s, qui et fuperflu an dis mille mots François, ct prononcé en Gafcon, Languedogeois, & Prouenfal. Ainfi prefque de toutes lettres que le François omet & taife en fon parler, vous les oyez prononcer en diuerfes prouinces de ce Royaume.Là où G,doit fonner, comme I,confonante, deuant vn,ou vn 0,il entremet v E,ou il ecrit le mot par vn j longuet, fignifiant confone. De cetuy-cy, vous en auez l'exem. ple au mot jans, au lieu de gens:affin que file D eriuoit geans,comme il ecrit mangeans,on n'entédit les grans homes dits gigantes en Latin.On ne trouuera pas etrange qu'il efcriue mangeoit, mot diffyllabe, veu que tous ecriuet George, auffi de deus fyllabes où le E n'et point ouy. Il efcriroit bien manjoit par j long & confonant:mais on pourroit equiuocquer, & prendre ce mot pour celuy qui fignifie tenir en main,ou toucher de la main. Il efcrit par lh les mots efquels on prononce z liquide, comme fil y auoit li. Exemple filke, galharde, comme fil y auoit filie, galiarde: mais il ne faut faire que vne fyllabe duie & ia. Ce que l'etranger ne comprendra fi bien, que d'etre vne fois auerty,que lh &vnel liquide ou coulát, tout ainfi que fil y auoit vn I apres. Il faict efcrire fou, con, mou, fou (au lieu de fol, col, mol, faoul) ainfi qu'on les prononce. Il retrenche les N des tierces perfonnes plurielles tienent,dirent, firents & tant d'autres,come on peut voir en l'Apologie de fon orthographic copofee par fes anfans.En quoy certainement il y a grand'epar gne de lettres: & par confequent profit à la Republique, entant que les liures imprimez de cette façon, feront à melheur marché, aumoins de la dixieme part. Car il y a bien autant de lettres rabbatuës. Ce qui et fort confiderable,attédu la multiplicité des liares qu'on ha pour le iourd'huy,par benefice de l'Imprimerie:lefquels il feroit bon de reduire en plus petit volume,& imprimer en moins de lettres qu'on pourroit, voire qu'vne fignifiaft tout vn mot, ou vne fentence: à l'imitation des lettres Hieroglyphiques des Ægyptiens (chose bien inuetee) affin qu'on en peuft iouyr â meilleur marché. Outre ce, qu'vn gros liure deplaift, & donne pensement à celuy qui en defire la le&ture: car on n'ha pas plu-toft commancé vn liure,qu'on en voudroit voir la fin.Vous ver rez bien d'autres raifons en la fuditte Apolo gie(œuure non moins vtile, que gentile & delectable) & en la declaration des abus que l'on commet en ecriuant,mife en lumiere par tref excellent perfonnage, mailtre Honorat Rambaud, homme trefdigne de louange immor telle, pour l'extreme defir & ardente affection qu'il a de profiter au Public,plus fans comparaifon qu'à fon particulier. Son liure eft nouuellement imprimé à Lyon, par Ian de Tournes. Quand M. IOVBERT en parle,il dit qu'on ne le pourroit affez eftimer:tant eft de bonne grace,& preignant de raifon le difcours de ce bon homme, lequel il cognoit familierement & aime extremement. Dij M Aut (clari foboles patris)è ftige Maona folue, Aus monftra claua figere Define: vel fuerit tantis ingrata tropais Noftri camana feculi. Monftra quidem Alcides ftupido metuenda popello, Partu deorum difcidit. Monftra fed errorum tu Coa cufpide fcindis, Turba timenda Delphica. Ergo tuis vt lo par fit I OBERTE triumphis, Emitte Plutus & fauis Maonidem:patris folium vel Apollinis, aulami Stellis corufcam fcandito. Wor Io. EDOARDYS du Menin, Burg. Aius lo captas noftris IOBERTE Camanis, lo triumphe, fas 10. Κεκροπίδας νοσέοντας ἰδὼν ἐπιδήμιον ἄλγος. Εξεσάωσε κακε Κώιος Ιπποκράτης. Αγνοίζω νοσέοντας ἰδὼν ἐπιδήμιον ἡμᾶς, Σῶσιν ΙOΥΒΕΡΤΟΖ δεύτερος Ιπποκράτης. ιοσύππε Ζκαλανδ Il ·lludit miferis varius mortalibus error: Et nullum errores non genus artis habet. Sed non quàm medica,damnofior error in artes Vnde falus doctis,mors rudibusque venit. Non ducis indocti duplex datur error in armis: Cui femel erranti tota caterua perit. Non fibi commiffo medicus bis aberrat in agro.! Errorem cuius mors aliena luit. Ergo magna tuis, decus ô I OBERTE medentum, Gratia debetur tempus in omne libris. Qui non contentus præcepta docere medendi, Qua fchola doctorum, Regis & aula probet: Errores etiam,quos ignorantia vanis Inuexit populis in fua damna,doces. Quod pietas eft fi qua viam monftrare vaganti, Quam pius arte tua eft vita tuenda labor. Io.A VRATVS Poëta Regius D iij Hacun monftre fa faute, vn monstre à faire mieux. C Infinis font de mal,un chemin de bien faire. De LOVBERTO l'auis, & l'exemple à mieue faire, Tance de faire mal,aprend de faire mieux. C'eft bien faire auertir l'egaré d'aller mieux. Le remettre au chemin,eft encore mieux faire. Auifer l'homme cheu de fa cheute,eft bien faire: Et luy tendre la main,eft faire encore mieux. Tant de lampes eftaindre, Apollon n'a que faire, Menteufes ex couleurs,aprifes de les faire Pallir aux yeux trompe finon qu'il luy fe mieux, En vain l'homme deffend, reprend de mal-faire, Sino qu'en faifant mieux, il enfeigne à mieux faire. Bien fait qui bien reprend, mieux fait qui fait mieux. DV PERRON. LA SECONDE PARTIE DES ERREVRS POPVLAI RES, ET PROPOS VVL gaires, touchant la Mede- cine, & le regime de fanté. PREMIER CHAPITRE. Que l'on fe peut doit fouuant paffer du vin: dont il n'eft tant neceffaire,que cuide le vulgaire. A N s doute le vin eft Effect tref-bon alimất, qui non vini mo feulement angeandre de rate Se foy beaucoup de fang, ains auffi fait mieus digerer les autres viures, reuient toft les efpris,fufcite la chaleur naturelle,& luy donne vigueur, antretient l'humeur radical, epurge les excremans liquides par fueurs & vrines, diffipant an fumee les plus futils, qu'on nomme fuligineus.Bref il eft infinimát proffitable,à qui an vfe moderement & à proFim pos.Mais fi on abufe de fa bonté, an le prenát Perak plus pour plaifir,que par neceffité,Il fait tout phi pl Comba, le contraire, engeandrant mille maus au cors priving &à l'efprit:qui ont pour leurs caufes prochai nes, des crudités, phlegmes,froideurs, opilacions,& autres indifpofitions totalemant contraires aus qualites du vin. L'experiance le demontre fuffifammant, quand nous voyons que les yurognes font fort fujets à catarrhes, lationes, mal caduc,apoplexie,fubeth, ftupcur, paralyfie,tramblemant, gouttes froides,hydropifies, & famblables. Il faut donc vfer du vin auec discretion, accommodant le naturel de fes proprietes,au befoin que nous en auõs:Et premie remant les anfans qui font bien nés, an doiuet erialsh, abftenir, parce qu'ils ont naturellemant fi grád And ain chaleur & humidité qu'on ne leur peut augmenter ces qualitez, fans cuidant preiudice de leur fanté. Outre ce que le vin ramplit fort la estva, tefte de vapeurs: dont efchaufant leur ceruelle boulhante,il andommage leur efprit,Passez spin les dis & huit ans,le vin eft permis an bien tite quantité,& plus aus filhes qu'aux garfons, contre l'opinion vulgaire ; & il le faut augmanter de peu à peu, iufques au quarantieme an. Ie dis de peu à peu: car autremant il trouble l'antandemant, & l'elourdit ou rand furieus, prouoquant la ieuneffe à cholere, luxu ļ Sun pe 10 MA re,& toute lafciuete. Aus vielhars il eft fort Vina propre, & leur eft comme le lait aus anfans. Melme Platon (diuin philosophe) difoit, que Dieu l'auoit donné aus hommes,pour remede contre l'apreté de la vielḥeffe, medecine bien falutaire. Car il les fait raieunir,hoblier les ennuis,foucis, foupfons, & chagrins, les randant plus maniables an remolissant leur rude & dure condicion: tout ainfi que le feu attandrit & rand malliable le fer. De ce propos on peut antandre que le vin n'et pas tant neceffaire, que plufieurs ne fan puiffet bien paffer, non feulement eftans malades, ains auffi an pleine fantè. Car aus complexions chaudes nommémant & aus ages de mefme,il eft nuifant: parce qu'il augmante leur chaleur outre fa deuë pro portion, an danger d'y mettre le feu, qui brulera tout l'edifice.Mais laiffant à part telles rai fons,jeveus montrer par vne anquete,que l'on vit commodemant,fainemant,& longuemant, voire an tout age, an tout lieu & toute faifon, auec l'abftinance du vin. Le monde eft d'anciëneté diuifé an trois parties(au iourd'huy on y aioute la quatrieme, & la cinquieme) defquelles l'Europe que nous habitons eft felon les Cofmographes,fi petite à l'egard des autres parties, que fi tout le monde n'etoit qu'vne cité,come Paris, l'Europe de fa part n'y auroit qu'vne maison ou deus:l'Afie,l'Afrique& l'A merique fe partiroint le refte. Or ce peu de an ef terroir, et l'endroit où il se boit plus de vin. Car aus autres pays,où il n'y croit point de vignes, où les ians fabftienet de ce breuuage) fi ce n'età cachettes) par l'ordonnance de Maho met: duquel la fecte ha prins telle etandue, que les Chretiens ne font qu'vne poignee de ians, comparés à fi grande trouppe. An font ils plus mal fains,foibles ou delicats?Non:ains aucontraire,nous admirons leur force. Ne dit on pas Il eft fort comme yn Turc? Quant à l'agilité, adreffe, viuacité, & autres vertus corporelles, ils ne cedet point aus Chretiens, fils n'an amportet le pris, outre ce qu'ils viuet fainemant, & paruienet à grand' vieilleffe. Si on dit, que l'Afrique & l'Amerique font pays trop chaus pour l'vfage du vin,mais que aus lieus frois on tamperés,on ne peut bien viure fans tel breuuage: ie repondray qu'vne part de l'Afie et egallement temperee, & fous le melheur climat de l'opinion des plus renommés Geographes. Ce qui eft vers le Septentrion, gele de froid: ce neantmoins le vin par tout eft incognu, & par tout on vit commodemant. Que dirons nous,fi an notre Europe Chretienne auffi, on trouue infinies perfonnes qui n'an beuret iamais? & d'autres qui n'en boyuet guieres fouuant, comme ez pays Septentrionaus & frois, où il ne fan recueilt point: & apporté d'alheurs, il eft fi cher, que les pauures ians n'en tatet finon les bonnes feftes? car leur of dinaire ét de l'eau pure, ou de la biere, cer uoife, citre, poyré, pommé, & autres breuuages artificiellemant preparés de grains, ou de fruis. Ils ne viuent pas moins pour cela que les riches: ils font autant fains & galhars, fauf le plus. An nož montagnes (i'antans de celles qui font vn peu loin des coutaus & des plaines qui produiset le vin) les pauures ne boluet que de l'eau pure, & fi viuet plus longuement, etans moins fouuant malades, que ceus du bon pays: auquel fe trouuet encores plufieurs qui,ou de natiuité haysset le vin, & l'abhorret etrange mant, ou qui l'ont depuis quitté de leur gré, ayans egard à leur fanté? comme pour euiter les rheumes, catarrhes & gouttes. Tellemant que fi nous colligeons de cette diuifion,le nobre des vin-beuueurs, nous le trouuerős fi petit, que du monde party an mille, à peine les dis an feront. On n'oit pas dire pourtant, que nous viuions plus long tams, ou plus fainemất à tout notre vin,que les autres des regios plus chaudes,plus froides, ou tamperees. Ce neant→ moins le vulgaire ignorant,& fur tout le payfant,ha telle affection au vin, que fans luy il ne panferoit viure.Sain & malade il an veut touiours, meme etant malade de fieure ardante. Si on le luy defand, per ce qu'il augmante cuidammant la brulante chaleur, & redouble l'exceffiue alteracion,la douleur de tete & des reins, mettant le patiant au dangier de frene fie,il a opinion qu'on le veut mettre bas & af- foiblir à ce que le mal dure plus longuemant. Ces pauures gens cuidet parfaitement que le feul vin foutiet toute la force. Dot pour chaf- fer la maladie,ils cherchet à boire du melheur. Il me fouuient d'auoir panfé y a vint & cinq ans, vn jantilhomme pres Aubenas an Viua- rez,qui me vouloit prouuer, que luy ayant grand'fieure & continue,à raifon d'vne vraye pleurefie, n'en deuoit abftenir: difant que le Vin ha prins fon nom de Vie, comme s'il etoit de fon effance.Et quand i'auoys refuté cela,il me repliquoit ainfi: Commant eft-il poffible, que le vin,fi bon & gracieux à toutes perfon- nes, iufques aus plus incognus, fit mal à moy qui toute ma vie l'ay aymé &careffé extreme- mant?Neferoit-il pas bien mechat, & non pas bon, comme chacun l'eftime? Voila les beaus propos que tienet les plus abilles d'entre les idiots, qui ne fuiuet qu'vn appetit fanfuel & brutal. Les autres cuidet fimplemant de faire leur proffit, n'etans emeus d'aucune volupté, non pas memes trouuans pour lors bon gout au vin, non plus qu'à vne medecine: dont ils meritet de leur naïue fimplicité, qu'on les ote de cet erreur. Qu'ils fachet donc, que les Me- decins interdisent le vin au deus caufes prin- cipalemta:l'vne, quéd le malade ha grand'cha- leur par tout le cors,ou an quelque partie. Ne fantes vous pas cuidammat que le vin echauf fe? Si vous plaignes d'etre comme dans vn feu, n'vfes rien de ce qui peut augmanter la chaleur. Quelqu'vn me repondra, qu'on le trampe, ou (comme on dit) laue fi bien, qu'il n'ha plus gout de vin. Et dequoy fert il doc,fi l'eau abbat totallemant fa force? Vous dires, qu'il corrige l'eau de fa qualité, & le peu de fubstace qui et parmy, recree & maintient la vertu du patiant. Il faut donc que ce peu de vin retienne fon naturel, an proporcion de fa quantité: dont il nuira toujours quelque peu. C'eft parler à toute rigueur, nompas an Medecin dous, humain & amy de nature: lequel outre les fufdittes confideracions, doit auoir egard à la coutume,& cupidité du malade:& fe fouuenir de la fantance du bon vieillard,qui dit fi fagemant. Le boyre & le manger vn peu pires, Aphor. mais plus agreables, doiuet etre preferes leurs contraires.Et luy meme donne ez maladies aigues, qui font auec fieure continue, du petit vin, qu'on nomme oligophore, lequel nous pouuons contrefaire auec force eau & peu de vin. le diray bien d'auantage, que lo vin fort trampé defaltere mieus, raffraichit & Vinum humecte plus que l'eau pure, ainfi que Galen him ma remontre de l'oxycrat, an ceus qui ont grand refrige foif. Carle vin, & le vinaigre fait plus auant ficato penetrer l'eau,qui raffraichit & humecte:dont cram il fanfuit,qu'on f'an defaltere mieus.Et de fait, ffer fiie ne craignois l'abus & l'importunité (car filio on an permèt vn doit auiourd'huy, demain on an veut deus) & le reproche qu'on an peut ancourir, ou pour le moins la fufpicion d'auoir mal procedé, quand apres il furuient quelque accidant de la nature ou ordinaire de la maladie (lequel on raportera à vne goutte de vin) r'an permettrois quelque peu aus febricitans qui an ont grand defir: & ie m'affure qu'ils fan porteroit mieus. Mais nous craignons tant de chofes, que nous aimons mieus que le malade andure quelque deplaifir, que fi l'honneur du Medecin an eftoit intereffé. Car on abufe facilemant de ce qui eft plaifant: & fi on permet quelque chofe qui foit vn peu fufpecte au vulgaire,tout eft calōnié,Outre ce qu'il y a beau coup d'autres moyens de fuftanter vn malade fort debile,exans de tout dangier ou foupfon: lha comme font potages, confumes, coulis, preffis, destils, cau de chair, ceufs frais & moulets, qui nourriffet bien plus qu'vn peu de vin. Vray eft que le vin caufe la digeftion, & facile diftribution des autres chofes qu'on prand:il recree, reiouit, fait mieus dormir, & fi defaltere mieus etant bien trampé, que ne fait l'eau pu re,ou auec du fyrop. Seulement ie remontre, de ne fy affectionner tant, qu'on en veulhe boire comme que ce foit, & mefines qu'il fante au vin, quand les Medecins le defandet : ou (que pis eft d'an boire à la derobbee, comme pour nous tromper. Nous effayons par tous moyens -Vini. moyens de retirer le bois,qui brule,& oter les charbons, pour etaindre ce feu: & eus au contraire, y verfet de l'huille. Ils ont égard à la foibleffe: mais commant eft-ce qu'on reméttra la force au cors,fi la chaleur que le vin augmante eft ce qui l'affoiblit? On void que la chaleur de l'æté, du bain,ou de l'etuue, nous rand tous laches, vains & abbatus. La fieure caufe femblable effet, plus de fa fimple qualité,que du fardeau des mauuais humeurs. Si an meprifant noz raifons, ils vouloint à tout le moins antandre aus auertiffemens que Nature leur donne, ils fy porteroint plus fagemant qu'ils ne font. Car comme l'eftomac etant plain d'humeur, le plus fouuant nous perdons l'appetit (ce que denote,qu'il n'y faut plus rien mettre, que cela n'an foit hors) auffi quand le vin nous famble amer, ou d'autre mauuais gout, comme il auient prefque an toutes fieures,il faut foupfonner, que pour lors il n'eft pas proffitable, & que le cors n'an a befoin. Car Nature a balhé vne rude cognoiffance à Venic l'eftomac,& à fa bouche (qu'on appelle vul- haber in gairemant le cœur, à l'imitacion des anciens Grecs) de ce qui nous eft cõuenable,auce l'ap-am petit qui nous en auertit, affin que nous regis par elle, fi nous etions bien fages &hobeiffans, d'vn inftint qu'elle donne,fachions nous gouderner fains & malades. Mais l'intemperance des hommes est telle, que nonobftant ces adE ; num. rum, monitions, ils veulet fuiure vn autre defir. Ie tiens cela pour ordinaire, que quiconque etant malade (fur tout ayant fieure) fant le vin de mauuais gout,il meprife & offance Nature, fil antreprand d'an vfer. Mais ie ne dis pas au cótraire, qu'on n'an puifle boire,fi on le trouue bon.Car la fegonde occafion qui nous con traint à le defandre, ne luy fait pas toujours perdre fa friande faueur. C'eft le rheume ou catarrhe, lequel lors qu'il eft loin de la bouche, n'y peut imprimer mauuaife qualité : ce neatmoins le vin et à bo droit prohibé an telle affeccion, pource que les humeurs fondus, fubtiliés & echauffés de la chaleur du vin,deffluet plus aifemant: & que la mefme qualité elargit les paffages, an dilatant les pores & conduis. Outre ce que le vin et fi fort penetrant, que nous le fantons quelquefois iufques au bout des ongles, auffi toft qu'on l'ha beu. Dont rancontrant par chemin des humeurs gros,pefans & tardifs à fe mouuoir,il les pouffe,agite & rand fluides. Pour ces raifons, nous confelhos aus rheumatics, catarrh éus & goutteus, d'an abftenir. Ce n'et pas pour nottré plaifir, comme fi nous delections à gehennet les perfonnes, & à les traiter rudemant. C'et le mal qui nous montre dequoy il fagrandit, & & nous le remoutrons aus malades. N'eft ce pas vne lourde faute, de balher au mal les armes, defquelles il vous battra? Doncques il } conuient fe ranger à cette conclufion, que le vin n'eft pas tant propre à l'homme, qu'il ne fan doiue fouuant paffer; an fanté & an maladie: veu mefmes qu'il y a infinité de ians qui n'an buret iamais, & ils n'an viuet moins fainemant. C'et vne grand' erreur, de l'eftimer fi conuenable à foutenir noz forces, que nuifant: de fa qualité, ou ne le veulhe pas quitter. On fait des boiffons delicates pour les plus deli Pohrones cas,au lieu de vin; comme et l'hippocras d'eau (nommé Bouchet) & l'eau de coriandre. La typow. ptifane & l'hydromel feront pour le commun. l'antans de l'hydromel aigueus, & nompas du P vineus,ainfi nommé vulgairemant, de ce qu'il y reffamble à la maluoifie de faueur & forteur. M Dont il n'excite guieres moins les fluxions, que le vin. L'aigueus eft propremant dit Meficrat,& le vineus Hydromeli,feló Diofcoride..1..17. rom SEGOND CHAPITRE. Contre ceus qui panfent, toute ficure eftre de froid, hors mis celle qu'on nomme chaude. D'où procede le friffon, le retour des fieures terminees. ABVS que l'on commet du vin es ficures, comme nous venons de moutrer, n'est pas feulemant fondé fur l'entretien de la force, ains fur vn autre erreur du vulgaire, qui panfe que la ficure foit maladie froide. Sa raifon eft[ à mon avis]que ce mal eft caufé de froid, & vient auecques froid: finon [parauanture]la fieure continue, qu'on nomme pour ce refpect fieure chaude. Car voluntiers apres vn grand trauail ou exercice,quilha fort echauffé le cors, fi on eft furpris de froid, il y ha danger de fieure. Et de fait le peuple. ne reffoit guieres autre caufe du mal, qu'il appelle Morfondemant.Si la ficure eft terminee, comme la quarte, tierce, ou quotidienne, foit fimple, foit double, ou compofee: par ce que l'accés commance par friffon, rigueur, tramblemant, ou horipilacion, il cuide propre mant, que le mal foit la froideur anclofe dans le cors,laquelle il faut vaincre par chaleur,nature luy anfeignant qu'vn contraire repouffe F'autre. Doncques ces bonnes ians ont opinion, que la ficure foit ce grand froid causé de froid. Tellemant que fi on leur demande apres l'accés, fil ha gueres duré, ils repondront,vne heure ou deus pour le plus n'eftimans que la chaleur qui vient apres le froid, foit du conte. Voila pourquoy tout leur deffain eft à fe rechauffer: dont ils fe couuret fort, chauf fet des pierres & tuilles pour les piés, boiuer de bon vin pur, humet des boulhons epiffés, faffranez, auec du frommage fort vieus, & piquant comme poyure. Brief ils n'effaict que à furmonter le froid, & prouoquer bongré maugré la fucur: comme fi le mal etoit d'hu meur gelé & glacé, qu'il fallut fondre & conuertir en eau. Ainfi quand ils commancer de fantir la chaleur : ils eftimet que la fieure eft paffee, & ne faut plus qu'attandre la fueur. Parquoy les mieus auifès d'entr'eux, andurer patiammant la gehenne d'eftre presque etouf fés de couuertures durant la grand' chaleur, pour epraindre l'humeur, tout ainfi qu'on preffe vne eponge à deus mains. Ils panfet,que Fimportune chaleur qui tant & fi longuemant les annuye: apres le friffon peu durable, n'est que de leur procedure & gouuert: ayans par tous moyens voulu fubiuguer le froid, qu'ils tiennet feul pour effance du mal.Dont depuis ils nourriffet la chaleur ardante le mieus qu'il leur eft poffible,iufques à la fueur. Il ne fe faut donc ebahir fils vfet de l'epicerie, puis qu'ils ont telle opinion. Mais les pauurets font an trefgrand' erreur, quant à l'effance de leat mal: & de là pullulet ces fautes. Car ils ne fa uet pas,que la ficure foit l'ardante chaleur, & le froid fon precurfeur, ou le trompette qui fignifiefa vehur ce que ie leur feray antandre bien ay femant par ce difcours, an remon→ trant la caufe de fi diuers effais. Notre peau eft toute percee de petis trous, lefquels on ne peut aperceuoir,fi ce n'eft par la fueur qui an fort, & du poil qui an occuppe la plus grand part. Nature bien auifee l'ha fait ainsi, pour donner libre paffage aux fumees excitees de nottre chaleur, lefquelles fans cela l'etoufe roint, comme on void mourir le feu à faute d'etre cuánté. Ces fumees font famblables à fuye, noires, graffes, de matiere brulee, inuifibles de leur fubtilité, fi ce n'et par effait, qui et la faleté, noirceur & graiffe qu'elles rendet à noz chemifés & autres veftemans. Auffi an hyuer, pource que le froid ferre & condanfe, la peau des mains (qui font plus decouuertes pour notre vfage, qu'autre partie du Cors) et rude & noire dudit excremant retenu, Car il ne fe vuide pas bien, quand le cuir eft conftipé. C'et donc l'vfage, & dequoy nous feruet les pertuis de la peau, fauoir eft, de donner lieu aus fumees, vapeurs & exhalacions continuelles de la chaleur, qui toujours tra ualhe au cors fur les humeurs, les apretant a nourriture. Si ces trous deuiener bouchés, ou tant ferrés que la fuye y demeure, ne pou uant paffer à trauers, nottre chaleur, deuient aigre, piquante, forte & brulante outre me fure, comme le feu couuert de fandre: & fil dure longuemant ainsi, çes excremans l'etouffet & accablet. Or quand nous auons traualhé, la chaleur augmantee echauffant les humeurs, excite & pouffe dehors beaucoup d'exhalacions defquelles les humides four uant deuienet cau, & font la fueur : les feiches fan vont an fumee. Lors il eft de befoin, que les pores (ainfi appellons nous les pertuis de la peau foint ouuers à commandemant. Car fi le froid les furprand & conftipe, l'echauffemant conceu & permanant fera de la chaleur naturelle (qui et douce, benigne, & molle) vn feu corrompant les humeurs. De cela procede la fieure continue (que le vulgaire appelle Chaude) quand le defordre imprimé aus humeurs, perfeuere quelques iours fans intermiffion, ne ceffant pas auffi teft que fa caufe et abolie. Car les exhalacions fufcitces à grand tas, requieret d'etre vuidees : & le fang trop echauffe demande rafraichiffemant. Quelque fois la matiere corrompue du feu allumé par la conftipation du cuir, fe perd à vn accés de fieure, qui termine an fueur: mais certainę portion de chaleur etrangiere (qu'on peut dire empireume, comme trace & veftige du feu) reftce du premier defordre, apres vn laps de tams renouuelle femblable inflammation & corruption d'humeurs. Ce que fait les ficures intermittantes de douze heures, d'vn iour, ou deus: qui ne faillet d'auoir leur retour ordinaire, iufques à tant que la mauuaife qualité imprimee du premier echauffemant au cœur, foit antieremant etainte & abolie. Voila commant le froid exterieur caufe les fieures, d'vne forte chaleur, qui ambrafee dans les humeurs perfeuere bien longuemant. Ainfi d'vn contraire nait l'autre, par accidant. Car la froidure ferrant le cuir, ampefche la tranfpiracion, qui doit antretenir la chaleur naturelle,an fa deuë mediocrité. Il ne faut donc panfer,que la fieure foit vn mal froid, par ce qu'elle peut venir de froid: veu mefmemant qu'il y a prou d'autres caufes, que le peuple foupfonne à bon droit & reffoit antre les occafions de la fieure: comme quelques viādes mauuaifes,la cholere, la trifteffe,les vers,la chaleur du Soleil,& famblables,qu'o ne fauroit faire auenir au vulgaire morfondemant.Outre lefquelles la crudité, opilacion,pourriture, apofteme interne, chaleur de l'air alterante, le mouuemant exceffif, le veiller trop longuemant,& autres caufes incognues au peuple,n'an font pas moins. Touttes reuienet à ce point,d'angeadrer beaucoup d'exhalacions,an corrompant les humeurs:qu d'echauffer par trop le fang, les efpris, ou parties folides, d'vne chaleur pernicieufe,qui et la propre effance de la fieure. Elle ne fera pas donc froide, comm' on l'eftime, de ce que le froid exterieur quelque fois an eft caufe, puis que nous la voyons plus fouuat prouenir d'vn autre moyen. Mais commant feroit il poffible (dirés vous) que la maladie etant chaude, foit auec horipilacion,rigueur,friffon, & tramblemant, iufques à cliqueter des dans? Cecy eft l'autre caufe d'erreur aus idiots, qui ne voyás d'où procede vn fi etrange accidat, qu'ils eftimet pl facheus que tout le demeurat, fy arre tet antieremát, & le nomet la fieure. Parquoy il leur faut enfegner, qu'eft ce qui meut tel accidant, & qu'il fignifie, pour abolir les fautes que les pauures jans y commettet imprudammant. Le commun des medecins (duquel ie ne me veus departir pour maintenant,n'ayant affaire qu'au vulgaire) tient, que des fieures intermittantes, qu'on appelle vulgairemất, terminees) la chaude qualité fieureuse corromt l'humeur contenu dans les vaisseaus: & quand il eft fi difforme & gate, que nature l'ha an hor reur, les veines le iettet dehors d'vne grand fecouffe,&le repadet parmy la chair,les nerfs, peaus ou membranes, & autres parties fanfibles. Cette matiere et fi cuifante, & fe meut fi roidemant, que les androis où elle paffe an ont telle douleur, qu'il famble qu'on les pique,dechire,detrache ou ecorche. Il ne faut pas trouuer etrange, qu'vn humeur chaud de pourriture ou autremất, caufe friffon & rigueur: car l'eau boulhate ietee a l'impourueu fur vn cors nud, le fait trambler auffi bien que la froide. Les fcintilles du feu an font de mefme, & fi on et piqué feulemant d'vne eguille bien viuemát,tout le cors fe retiree Ainfi les parties fanfibles irritees de l'humeur cuifant & brulant, fecouet toute la perfonne, quand elles tachet an fepraignant de reietter ce que leur eft mis fus. De là vient le bailher, l'etiremăt ou pandiculatio, & la tous,qui prefignifiet l'acces:lequel dure apres tels accidans, iufques à de que la matiere foit cöfumee & diffipee an fucur on fumee. Car le froid n'et, finon tandis que l'humeur et pouffé d'vn lieu à autre violámant, & qu'il comance mieus à pourrir an lieus etrois ; car depuis que les mambres l'ont ja accouftu-me, yn peu apres fa venue qu'ils refufoint, ils n'an font plus tant offences. Et quãd la matiere et plus inflammee, fa chaleur poursuit tout Je cors,apres auoir gaigne le cœur. Ce defordre continue toujours an augmantant,iufques à l'extreme corruption de l'humeur: lequel fubtilié de la chaleur, fe perd an fin, partie vi fiblemant,partie inuifiblemant, quad la decli nacion approche. Doques le mal de fieure terminec, n'et finon d'humeur pourri & corrompu de mauuaife chaleur, dont il deuient bru lant, & brule fi longuemant qu'il foit ancanti. Le friffon qui precede, et la moutre ou arriuee des matieres qui font l'acces. Tellemant que c'et grad erreur, de tenir le friffon pour effance de fieure, nompas l'ardeur qui fan anfuit: veu mefmes que le nom denote cuidammant, auquel des deus il la faut affigner. Car ficure n'et ainfi nommee de la froideur, ains de ferueur, a l'imitation des Latins, qui la deduifet d'ebullicion,comme les grecs de feu. Ie panfe auoir fuffifammant anfegné, que la fieure, d'où qu'elle procede, & de quelque efpece que ce foit,et toutte fondee an chaleur: tellemant que les pauures idiots abufet de l'e chauffemant, gehenget leur cors an vain, ampiret leur mal, & fe tuet fouuất à force d'efpif ferie, vin pur, & couuertures. Ils cuidet tout etre de froid, & qu'il ne faut que bien fuer. La fieure continue & ardante, qui n'ha point de friffons, ils l'appellet fieure chaude: comme fily an auoit de froides, ne fachas pas ce que le mot de Fieure importe. Et fi on me demande, pourquoy donc les continues n'ont aucun tramblemant ? le repondray ce que tient nottre ecolle, que fa matiere et corrompue toute dedans les veines, & ne fort pas aus mambres plus fanfibles, finon quelque fois à l'antiere terminacion, qui et auffi fuiuie d'vne rigueur. Refte d'antandre (comme plufieurs font curieus de le fauoir) d'où vient que les fieures intermittantes ont leur retour à mefme heure: I'vne tous les iours, l'autre de deus an deus, & l'autre an trois iours vne fois. Ie fuis contant de leur an dire l'auis commun des medecins. C'et, que nottre cors ayant befoin de quatre diuers humeurs, pour nourrir tant de parties qu'il ha fort diffamblables, il an angeandre plus d'vn que d'autre, felon qu'il leur appartient tellemant qu'il fait grand quantité de fang, & moins de flegme, beaucoup plus toutefois que de cholere,& plus de cette cy que de melancholie. Or fil auient que le phlegme pourriffe, etant corrompu de la cha leur fieureufe, tous les iours ce mal reuiendrą 5 Carle flegme fangeandre aisemant an peu de tams, dont il et fort copieus. Nous n'auons pas tant de cholere, & ancor moins d'humeur me lancholique, pour faire fi promtemat reuenir les acces: il faut plus grand feiour pour an affambler quantité. Pofons le cas (par maniere d'example) que tous acces requieret vn' once de matiere. Au premier,ce qui l'auoyt prouoqué eft deja confumé: Le fegond ne peut reue nir, que l'humeur ne foit de nouneau amassé, an telle porcion que puiffe molefter nature, fauoir eft (comme nous fuppofons) quád l'oncey fera toutte:car la dimye,ne les trois quars ne peuuet exciter ce feu. Le flegmę dans fis heures deuient fi abondant, qu'à peine le reste du iour occupé de l'acces quotidien, an peut venir a-bout. Il faut plus de trate heures à fai re l'once de cholere, requife aus acces de la tierce: & deus iours pour renouueller ce peu d'humeur melancholique, caufant la fieure quarte. Car on croid, que les humeurs fe corrompet & deuienet febrifiques de peu a peu, nompas tout a-coup: & que durant les intermiffions,il fan vicie autant de l'amas qui et de long tas au cors,qu'il an faut pour vn acces,s'il ne fangeandre nouuellemant tout depraué, pandant les traiues paroxymiques.Parquoy fi l'once et toujours prefte a mefme heure, la fieure reuiendra touiours à meme point, & fera de mauuays guerir, comme dit Hippocras. Or bién fouuat elle et retardee ou deuancee, parce que nottre cors andure mille changemans des chofes que nous faifons, vuydons, y receuons, ou appliquons: de forte que la fimple quarte peut par vn grand defordre deuenir double,& triple: c'et fi on angeandre tel amas de melancholie, que l'once y foit antiere tous les deus iours, tout ainfi qu'an la tierce:ou cha que jour, comme en la quotidienne. Car l'ef fance des fieures (finon des fimples) n'et pas toujours conforme à leur appellacion: & nous n'eftimons tierce,toutte ficure qui reuient le troifieme iour,ne quotidienne celle qui et ordinaire. Mais i'antre vn peu trop auất aus difficultes, & plus que n'ha befoin le populaire: lequel fe cotantera bien de fauoir, que les acces des fieures terminees fuiuet la quantite de P'humeur qui les cause, ainfi que nous auons deduit. Ie pourrois alleguer plufieurs autres raifons, fi mon Difcours etoit pour medecins. le m'an paffe fort de legier, & ne recherche les grans fubtilites que meriteroit la difpute.Si ie vouloys micus fonder ces propos, il faudroit mettre an doute tout ce que nous auós dit des caufes du friffon, qui preuient la chaleur. Car c'et la commune opinion, laquelle nous refutons an noz Paradoxes: comme auffi tout ce qu'on dit de la pourriture des humeurs febrifiques. An quoy ie fuis trefbien foutenu par maitre Simon Simonce, tref-docte & fubtil philofophe-medecin, qui ha excellámant elaboré le fujet que l'auois feulemant ebauché. Il eft tams de conclurre, qu'il ne faut plus diftinguer la fieure an froide & chaude, veu que le mot de Fieure importe ebullicion. C'et vn ardeur & inflaminacion, qui ne peut andurer le mot de froide pour furnom: & ce mot chaude, y et fuperflu: car il n'y an ha point d'autre. La chaleur, & nompas le froid, elt le vray mal auquel il faut remedier. TROISIEME CHAPITRE. Du Morfondemant & Lárfondemant:& commant lé peuple fabufe, cuidant que tous les maus des traualheurs (ou la plus part) foit de Morfondemant. Ource que nous auons cy def fus mancionné vne cause de mal, qu'on appelle Morfondemat, auquel le vulgaire rap porte prefque toutes fes maladies, & principalemất là fieure: ce fera bien à propos de remoutrer que c'et, & qu'il ne le faut pas eftimer fi commun. A ce que ie puis comprandre des remedes que y font les payfans, & des propos qu'ils an ticnet. Le Morfondemant eft, quand apres vn grand trauail, echauffant tout le cors iufqu'a fuer, on eft furpris de froid. La fieure an pro ient bien ayfemant à ceus qui font replets & abondet an excremans, fi leur cuir eft aifè à conftiper, par les caufes deuant dittes. Aus autres, les chairs an deulet iufques aus os, cốme fi on auoit tout brifé: il y a laffitude & pesanteur, auec peine de refpirer. Cecy et le plus ordinaire au mal de Morfondemant: & il auient, de ce que les vapeurs emeuës par la chaleur, ne pouuant trauerfer la peau refferree du froid, demeuret parmy les nerfs, mufcles, & tandons qui font le mouuemant: dont ramplis & ampechés, ils manquet à leur office. La douleur qui fan anfuit, et comme fi toute la chair etoit piquee d'epines, ou ecorchee,ou pleine d'apoftemes, anflee ou tandue, felon la qualité des exhalacions, vapeurs & fumees. La difficile refpiracion prouient, de ce que le poumon etfurpris de l'air froid apres l'echauffemant: car fes tuïaus fanroidif fet, de forte qu'on ne les peut ayfemant dilater ainfi que de coutume: & pource les morfondus an deuienet pouffifs. Autresfois les pores du cuir font tant ouuers, que le froid penetre iufques au dedans, faifit & affiege les veines: lefquelles il peut non moins boucher ou oppiler, que le petit froid conftipe les trous du cuir. Et cela donne commancemant aus fieures, qui font d'obftrucció interne, par la feule conftriccion. Quelquefois il les anroidit, de forte que quand ez violans effors elles ne peuuent confantir, fantr'ouuret par le bout,ou creuet an quelque androit. Ainfi le fang verfe ou coule an quelque cauite,où il fe calhe & deuient noyr. Ce qui auient plus comunemant au poumon & au vantricule. De là fanfuit, qu'on crache, ou vomit du fang an l'efpece du Morfondemant, que le vulgaire craind le plus: caril pafe que le fang fort ainfi noir & calhé des veines, où le froid penetrant l'ha congelé. Mais c'et vn erreur bien facile à reprouuer: premieremat, de ce qu'il ne pour roit paffer l'etroit du bout des veines, quand il feroit deja calhe: & faudroit vne grand' ropure aus gros lopins qu'on an vuide. D'auantage,il et impoffible, que le fang gele dans les veines pour la froideur: autremant, quand on ha les parties extremes, piès & mains frois come glace,nous pourrions croire que le fang y et fige. Ancores plus facilement fe calheroit il au cors des trefpaffes, où toutesfois il demeure toujours liquide: comme nous voyos par les anatomies, au bout des dis ou douze iours. Ce n'et pas la tiedeur des veines (quoy que die Ariftote) qui garde le fang de calher. Car tout le cors et affez chaud, & neantmoins an nul autre licu,que dans fes vaiffeaus,le fang peut eftre gardé qu'il ne foit pris. C'et vne proprieté & naturelle condicion, qui rand les veines ainfi conuenables à conferuer le fang. Dez auffi toft qu'il an et hors, an quelque lieu qu'il tombe, il calhe neceffairemant: & fi c'et dedas nottre cors il fe fait mille maus famblables à ceus du venin. Donques il faut bien ampecher que ce mal-heur n'auiene: & quand on le peut foupfonner, il conuient faire par tous moyens que le fang demeure fluide, ou qu'il fe degele, comme pretand le populaire. Qu'ainfi foit, incontinant qu'il fe trouue va peu mal, apres fetre echauffé & foudain raffraichi trop vite, fe doutant que fon fang ne Contra Sa commáce à calher, ou qu'il foit deja pris, il vfems grum de la mumie,de la pois, du perfil,d'eau de nois, d'eau ardant, moutarde antiere auec du vin pur, du fouffre, ou du faffran, de la fariete an poudre,ou du fuc de berles, & famblables chofes qui peuuet fondre le fang: ou d'eau de pate auec du mithridat, ou du chardon benit, & Mridato des fleurs de genefte,pour exciter la fueur: les. Bem autres boiuet d'eau fel an faffon d'eau benite, ou de l'eau fandree comme lexiue. Il y a plu fieurs autres grans fecrets, pratiqués antre les pauures jans: defquels le but n'et autre, que d'echauffer & degeler le fang, qu'ils foupfonnet toujours etre calhé par leur Morfondemắt,soit il auec fieure, ou fans elle : car il peut caufer ces deus maus anfamble, ou feparés. 154 $600 th De ces propos ie veus conclurre,que le propre du Morfondre eft, de refroidir le fang dedans les veines. Ie dis, que c'et vne proprieté dōnce à cette caufe, & que peu ou point d'au F tres maus font la mefine congelacion: car il faut que la peau, & tout le cors foit bien ouuert, tellemant que le froid n'y treuue aucun ampechemant: Ce qui auient propremant par l'occafion fuditte. Et voila que l'eftime vn vray Morfondemant,auquel peuuet proffiter les remedes que fait le populaire. Car quant aus fieures, elles ont tant d'autres moyens qui les produifet (comme nous auons dit au pre cedant chapitre) que c'et vn grand abus au peuple,d'alleguer toujours cetuy-cy d'vn ordinaire. La fieure et plus fouuant d'alheurs, que de Morfondemant, & luy feul peut cau fer le calhemant du fang, hor-mis la cheute: mais c'et d'vne autre fallon. Parquoy il faut vfer de ce mot an la plus propre finification, & ne l'accommoder ainfi comunemant à toutte occafion de fieure. Car le Morfondemant peut caufer deus fortes de maus: l'vn defquels ne prouient d'autre chofe, & l'autre et comun à plufieurs. Doques les jans abufet fort de fon appellacion, & fe trompet lourdemant, quand ils rapportet là touttes fieures,& plufieurs autres maus, qui ne prouiennet aucunemant de froid, interne ou externe. Il y a vn autre mal ou accidant,qu'on nomme Larfondemant, an quelques lieus où l'ay ete: & difet etre Larfondu, celuy qui an fes excremans (comme vrine & fiante) rand la graiffe fondue, tout ainfi que du Lard, d'où quans. vient l'appellation. Cela et aus ficupes ardane Febris tes, que les Medecins appellet colliquantes parce que l'extreme chaleur diffipe les mambres folides, & les amoindrit peu à peu, les a cheminant à l'hectique. Lors que le peuple les cognoit Larfondus, il n'an efpere plus de gue rifon & panfe que l'occafion de ce defordre nommé Larfondemất,et exces, an choses trop chauffantes, ou de matiere venimeufe: telle mant qu'il y a notable differance du Morfon demant,au Larfondu, mefmes felon le vulgai re,qui et l'inuanteur de ces noms. ub C'et bien affés difcouru, pour moutrer ler reur de ceus qui prefchet tant leur Morfon demant, & ne fauet qu'il finifie: neantmoins ils luy referet la fource de tous maus, ou peu fan faut. l'ay dit, que c'et le froid furprenant Frigg fo la chaleur emeue du traual, comme le vulgai- en Glori re l'antand. Mais fi c'etoit après le bain, le courrous, ou autre echauffemant, il ne changeroit pourtant de nom:car nous auons egard à la feule chaleur, d'où qu'elle procede & vienne. be QVATRIEME CHAPITRE Pourquoy ordonne l'on de boire du vin pur à ceus qui font fort echauffes, & de piffer auant que fe mettre an repos, quand on ha fort traualhé. Fij Ceus qui ont fort traualhé on donc à boire du vin pur, voulant (à mon auis)ampecher & detourner la caufe du Morfondemat, laquelle on conftitue an froid foudain furprenat la chaleur,dont le fang fe congele. Leur intancion eft bonne, & ils font mieus qu'ils ne repondet: car ils difet que cela raffraichit, & garde qu'on ne fe morfonde. Premieremất,le vin echauffe cuidammant: commant peut il donc rafraichir? S'il le fait, c'eft par accidant: tout ainfi que fi on difoit, que le feu refroidit nottre cors parce que nous deuenos plus frois apres que nous y fommes chauffés, quand depuis nous fortos à l'air froid. La raifon eft,que les pores ouuers à cause de la chaleur, donnet antree á fon contraire, plus facile qu'au parauant. Ainfi le vin peut rafraichir,an etaignant de fa grande chaleur, la moindre qui eft prouenue du traual, & antretenant la naturelle an fa condicion. Nous pouvons auffi dire,que la fraicheur est causee du vin pur, fil ampefche que le froid furprenant la chaleur, n'angeandre la fieure, qui bruleroit le cors. Tiercemant, il rafraichit auffi, quand il fait que l'emocion, & la chaleur imprimee, f'appaife petit à petit,& nompas tout a-coup. Ce qu'apporteroit vn grand dangier, comme fait toute mutacion vite & foudaine: car nature ne la peut andurer, fans offance & deplaifir. Nous pouuos auffi dire, que fi on boit de l'eau quad on eft fort echauffé, il y a dangier d'hydropi. fie, comme dit Galen. Ce que le vin ampee Lib.s.de che de fa chaleur potentielle, qui antretient la naturelle du foye & de l'eftomac : neantmoins les raffraichiffant de fon actuelle froideur, quand il eft prins de mefme. D'auanta ge, le raffraichiffemant quelques fois finifie nouuelle prouifion de viures, & quelque re. paracion. Car on dit propremant raffraichir, pour auitalher, ou renouueller les munitions, Item il finifie racoutrer & ajançer le vieust comme quand on dit, raffraichir le bord d'vne robbe. Or telle finificacion conuient bien à nottre propos. Car le traual fait grand' dif fipacion des efpris & vapeurs du fang: dont les efpris qui reftet antiers, font las & deffe. chés. Le vin pouruoit à tous ces maus, recreất les efpris,reparant leur domage,& an angeandrant de nouueaus, etant fubtil & vaporeus, Voila commant il raffraichit le cors, l'auitalhant d'efpris, efquels nottre force confifte. Donques par toutes ces raifons, le vulgaire dit bien mieus qu'il ne panfe: & fait encor plus fagement, d'ordonner le vin pur aus echauffés. Le fegond point de leur reponce eft, qu'ils pretandet d'ampecher qu'o ne deuiene morfondu.Ily a double morfondemant, come i'ay dit par cy deuant: L'vn,quand on eft fur lieus affl ch.6. c pris de froid, conttipant nottre peau, & aug mantant la grand' chaleur ardate, de forte que la ficure fan anfuit. L'autre calhe le fang, nopas dedans les veines (comme le peuple croid) ains celuy qui fe verfe & fepand dans l'eftomac, les boyaus, ou alheurs. Car il et impof fible (finon, parauanture, par quelque rare & fecrette occafion de mal ) que le fang vienneiâ fe congeler dans fes vaiffeaus naturels, Mais hors d'iceus, tout incontinant, ou bien toft apres il fe cathe. A ces deus cfpeces de Morfondemant, conuient propremant le vin, etant futil, penetrant, & echauffant, comme le defordre requie. t. Car la penetracion conduifant la chaleur, tient les pores ouuers contre le froid, iufques à tant que la vapeur emeue ait paffé fon exhalacion, & que la fumee de fang echauffé ne foit point retenue. Parce moyen la fieure et detournee, quand il n'y a point de conftipacion, ne dedans ne dehors. Quant à la calheure du fang, le mesme vin l'ampeche d'vne chaleur futile, qui antretient l'humeur an fon etat rouge & liquide. Car fi le froid l'ha vne fois furpris, il deuient noir, etant comme amortie fa vermeilhe vi-uacité: & il famafle tout an calhas, qu'on ha grand peine à diffoudre: lefquels font fi dangerous, & caufet de tels accidans, qu'on les metau ranc des venins. Car le cors an deuient froid & quafi mort, le pous debile & comme nut: foibleffe failit le cœur d'euanouiffemant, accompagné de fueur froide,& cæt. Parquoy c'et bien fait de pouruoir, quand on preuoit que le fang peut fortir des veines (ou par leur dilatacion & rarite, compagnes de l'échauf femant, ou par leur dechiremant & rompure, quand le froid les ha anroidies) qu'il ne foit congelé. A ce danger le vulgaire oppofe les remedes que nous auons produis au chapitre du Morfondemant, mais il n'an fait pas dextremant vfer. On y a recours dez auffi toft qu'on fe reffant du Morfondemant: & le vin y eft ordonné, auant que fantir aucun mal C'et trefbien fait d'an balher aus perfonnes, lefquelles du long & penible traual ou exercice font echauffes, auant qu'ils fe repofet. Le peuple n'ha pas inuanté ce bon remede: C'et du confeil des Medecins qui l'ont autrefois anfegné, & comme bien facile les jans l'ont retehu, prattique,& continuè iufques à pottre tams. Plufieurs ne fauet pas à quoy cela proffite: les autres n'antander point commant cela peut faire ce qu'ils pretandet. Ils parlet de raffraichir, & du Morfondemant, fans fauoir qu'et ce, ne l'vn ne l'autre. Ils verront maintenant plus clair an leur befogne, & y feront tant affurés, cognoiffant par raifon le fruit qui an reuient, qu'ils pourront beaucoup mieus vfer de ce preferuatif, Mais à propos de ce mal, auquel tous les maus des labou reurs & autres traualheurs font rapportés, il me fouuient d'vn qui difoit, de Morfondemanous maus font parlant de toutes maladies an general; Vn bon homme luy repondit an fon patoys, Non és pas l'efcaudadure: c'eft à dire, la bruleure; come du feu, de l'eau boulhante, & famblables. Car il eft bien certain,que ce mal n'eft pas de Morfondure. Voyons maintenant, pourquoy il eft or donné de piffer auant que fe mettrean repos Quand on ha traualhé, ou de cheminer longuemant, ou de courir & tracaffer, les bon nes jans confelhet de piffer auant que fe repofer. Ce qui eft fort bien auifé: & croy auffi qu'ils tienet ce regime de leurs grans peres, qui l'auoint eu des anciens medecins, comme tout ce qu'on fait de bien ancores pour le iourd'huy à l'antretenemant de fante. On l'ha reffu de pere an fis,d'vn fi long tams, qu'on ne fait plus d'où ce peut etre venu: toutesfois il eft fort vray-famblable, que les vieus Medecins l'ont anfegné. Mais le vulgaire n'antand pas la raison de ce qu'il fait,& anfuit toujours vne coutume, foit bonne, foit mauuaife. Cette-cy eft des plus louables; dont ie veus remoutrer, dequoy elle peut etre proffitable. Quand nottre cors eft echauffé, les humeurs deuienet piquans & fors, de la chaleur qui les rand plus fubtils. Et de là vient, qu'on fant comme des epines par tout le cors, apres yn grand traual, pour peu qu'on foit de complexion chaude. L'vrine par confequant an eft plus cuifante: ce qu'on aperfoit bien an piffant. Car elle chatoulhe plus aigremant fon paffage, & fait certaine horreur comme friffon au cors, mefmemant fur fes dernieres gouttes, Etant ainfi mordicante, elle pourroit andommager la vefcie, fi on la retenoit plus longuemant, & par laps de tamps l'ecorcher (mefmes ez cors mollets & tandres, comme ceus des anfans) y caufant vn vlcere. C'eft donc bien fait de vuider foudain la vefcie, fans attandre qu'elle an soit plus follicitee. Car on ne fant pas finemant ce que peut nuire à notre cors, quand il eft echauffé. Pay vne autre raison, qui n'eft guieres de moindre pois: c'eft qu'on doit craindre durant Pechauffemant, que l'vrine ja deffandue an son vaiffeau,ne foit retiree des autres parties,& nuife au cors de fa mauuaife qualité. Car les mambres vuides, & efchauffés du traual, attiret de tous coutés les humeurs quels qu'ils foint. Les parties voifines de la vefcie, an peuuet retirer quelque porcion, conuertie an vapeur, laquelle trauerfe les pores fort dilatés. Or c'eft vne mesme matiere, de la fueur & de l'vrine:dont quand on ha fort perdu de la fueur,il eft à craindre que pour ramplir le vuide, l'vrine n'alhe de fuitte. Er fi elle fe repand par le cors, elle l'abreuue mal, comm' erant humeur du tout inutile & fuperflu, qui abfoluemant ha titre d'excremant.Illa faut doc vuider incontinãt. Et ce faifant on euitera deus maus: I'vn eft,le dagier qui prouient de fa piquate forteur: & l'autre, de ce qu'elle pour roit eftre reprise du cors. Le peuple fauoit bie, qu'il le faut ainfi gouuerner:maintenat qu'il an faura la caufe, il le fera mieus obferuer aus fiés. Outre les fufdites raifons,nous an pouuos alle guer vn autre qui eft de grade importance: car ce regime prefetue de la pierre. Quand le cors eft bien echauffé, tous les cõduis font fi ouyers, que la groffe matiere y paffe: car la chaleur di late meruelheufemat. Or les paffages & tuyaus de l'vrine atant fort elargis, grande matiere e pefle vient auec elle dans la vefcie. Cefontles phlegmes vifqueus, & la craffe ou lie de la cho lere,dequoy le font les pierres,moy énat la chaleur deffeichante, tout ainfi que la fange eft andurcie par le Soleil, quand fon humeur an cft ebeu. Durant l'agitacion & mouuemant du cors, parmi l'vrine font portés, & penetret à la vefcie ces gros humeurs :lefquels fe departet & feparet de la porcion aigueule, lors qu'on le vient à repofer, & que l'vrine auffi fe pofe Car la pefan teur de la matiere fair, que le plus epais tõbe au fond de peu à peu : & ainfi par apres la propre fuftance de l'vrine eft vuidee,laiffant dans la ve fcie les craffes qu'elle y ha conduit: lefquelles y font retenues de leur vifcofité, outre le pois qui les y arrete.Si cela reuient fouuất,qu'on trauaThe mal à propos (fur tout bien toft apres auoir mange)& qu'on laille an repos l'vrine ainfi cofufe,an peu de tams il y a l'etoffe &affés dequoy faire vne pierre. Car auiourd'huy il f'an amasse le gros d'vne lentilhe,demain autất,& ainfi d'or dinaire:de forte que taroft y an a affez pour fai re vn grand ampefchemat. Donque il faut ran dre l'vrine quad on eft echauffé, auất que le fejour donne loifir aus gros humeurs de pouuoireftre fequeftrez, & reduis au fond du vaiffeau.. Si on pille incontinant, on void l'vrine trouble du melage des fufdites matieres. Et fi on la met dans vn verre, laditte feparacion faite on verra qu'il demeure au fond vne epeffeur, famblable à celle que nous difons refter das la vefcie,fi on differe d'vriner. Par ce difcours il eft facile d'antandre,combien fert aus enfans de ne tenir leur vrine (mefmes quand ils ont tracaffé,fur tout a. pres le repas pour les preferuer de la pierre:à la quelle ils font plus fuiets que les grans (i'antans -de celle qui vient a la vefcie) à raifon de leur infatiable voracité, & du traual defordoné à heures deconuenables. Des trois raifons que i'ay randu, de l'inftitucion vulgaire à faire piffer ceus qui font echauffez, mesmemant les anfans quand ils ont traualhé, celle cy cft la plas vr-geante. La fegonde ha quelque apparance: & la premiere ancore plus. Quoy que ce foit, la coutume an eft fort louable, & doit eftre bien obferuce de tous ceus qui font curicus, & foigneus de leur fanté. le peus ancore aiou ter vn'autre raison, qui ne fera des moindres, à mon auis. C'eft,que l'vrine contenue dans la vefcie,depuis qu'elle eft echauffee,rand chaleur au cors. Dont pour fe rafraichir bien & fainemant, il eft bon de la vuider.Et quoy? nous vuidons & verfons vne partie du fang echauffé par la ficure, pour rafraichir le cors:tout ainfi que nature d'elle mefme fouuant decharge la tefte boulhante d'vne porcion de fang qui flue par le nez: dont fanfuit vn grand foulagemant & rafraichiffemant. Il n'an faut moins panfer de l'vrine, laquelle on ne plaind de vuider & reietter. CINQVIEME CHA P. Qu'il faut foumant changer de linge am febricitans QSTRE chaleur naturelle (principal inftrumant de toutes accions requifes à foutenir la vie ) fondee an humidité, iamais ne ceffe d'ou urer, preparant nourriture au cors, Fuifant les humeurs, & triant le bon du mauuais.Le bon eft appliqué aus membres qu'il faut alimanter: le mauuais eft reierté aus lieus ordonnés pour recevoir les excremans, defquels y an ha plufieurs fortes, & diuers receptacles: Les plus deliés & futils excremans(qui feruet à mon propos) n'ont autre vaiffeau que la peau : & ne font que fumees ou vapeurs, cleuees des matieres que nottre chaleur elabore. La legereté les porte du plus profond du cuir qui antourne le cors, comme toutes exhalacions gagnet le haut. Or le cuir antre fes vfages, ha cetuy-cy bien propre & neceffaire, d'admetre fans contredit ces menues fuperfluités, qui luy font anuoyees de toutes pars: & an les reccuant comme rare, cler, ouuer, & fpongicus, il leur donne paffage tout outre parmy fes pores & meats inuifibles, affin qu'elles fe diffipet an l'air: Si ce n'et la porcion plus gluante & epaiffe,qui f'ampeche án fes detrois, & par fucceffion de tams deuient poil. Tels excremans font la fucur, & les fumees qui tachet noz chemifes & autres vetemans, d'vne faleté noire,graffe,& vifqueule. Ils font fort copieus an ceus qui ont la chaleur piquante, pour la fechereffe de leurs cors : à raison qu'elle brule' beaucoup plus que l'humide:par ce que l'ardeur feiche conuertit beaucoup de matiere an fueur & an vapeur fumeuse. La chaleur moite, comme celle des anfans, an refoud dauantage. Mais 'ce n'eft qu'vne exhalacion douce, fuaue, & tant futile qu'elle fe perd inuifiblemant, comme les fumees de l'eau chaude. Le bois rand vn feu plus ardant que la chaleur de l'eau, & iette vne fumee fiepaiffe, qu'elle fait de la fuye bien folide: & de fa fubftance brulee, les charbons an fin deuienet fandre. Telles fuperfluités abonder an l'aage de vicilité les fames & les anfans,comme erans plus mols,an ont beaucoup moins:dőt ils neffantet ainfi au bouquin,ou à Pepaule de mou ton, quad ils font echauffez.Car telle puanteur vient de ces excremas fecs, qui pour les fafdites raisons) font fort copieus en æté, & ez hổmes paffé l'adoleffance. Si doc la chaleur feiche pro duit grad amas de fuye (vapeur noire, graffe & puate les fieures font fort propres a l'augmater en grade quatité. Auffi de fait nous voyos, que les chemifes & linceus des febricitás font fales incotinat:parce que leur mal eft de chaleur naturelle,conuertie an feu fec & ardát. Or ces fumees font mieus pour nous, dehors que dedás nottre cors: & pourtac Nature treffogneufe de nottre bien, voulat purifier le fang, fait que cette infeccion se vuide auffi toft qu'ellet nee - Et à ces fins,ell'ha doné aus arteres deus mouuemas: I'vn pour reietter & pouffer hors, come an s'epraignát,les fuperfluités de la bruleure:l'autre, pour receuoir de la fraicheur an felargiflat.Car rien ne coferue mieus la chaleur naturelle, que de vuider les fumees, qui la pourroint etouffer: & d'euanter le fang, qui eft fon domicile. Puis qu'ainfi eft, & q ces excremas doiuet etre vuidez pour la pureté des humeurs & efprits q an feroint troublez,il faut antretenir le paffage du cuir net & ouuert,an gardất treffogneufement qu'il ne foit ampeché. Aquoy feruoint propremat les friccions & bains,que les ancies Grecs & Romains vsoint comunemat. Dauantage, il faut auifer, que ce qui nous antourne, come le linge & tout abilhemất soit bie net:afin que les ordures que le cors y a ia trafmis an fepurgeat, n'an foint retirees par l'ouuerture des arterès,q fuccet indifferamat tout ce qui fe prefante. Elles ont reietté ces immodes fumees,par leur co traccion. Si vous andurez que la peau ait tou iours ce fumier aupres d'elle, certainemant les arteres le reprãdrot:car elles tiret de tous cotés l'air,foit bon foit mauuais,fuaue ou puất,net ou infait. Doc il fait bon chager de linge apres auoir fué, de peur que l'humeur fuperflu ne foit ebu du cors,qui fan eft vn coup dechargé:come le linge noir & fale nous rad ce qu'il an ha pris. Puis donc qu'il et tant neceffaire, que ces matieres fe vuidet pour raffraichir nottre cha leur, il et fort domageable qu'elles retourner au dedas.N'et ce pas grad fottife,de fauoir qu'il et profitable que toutes telles immodices foint pouffees dehors, & puis les laiffer au lieu d'où elles y puiffet aifemất r'antrer? Il ne faut point douter,q cela ne corrupe de fa puante qualité, l'air qui et entre noz linges & le cors.Les arteres en fouurất l'attiret tel qu'il fy rancotre: & introduifet quất & luy pefle mefle, ce quify trouue mixtioné bie futil. Qu'ainfi foit, fortat nud de l'etuue,mettez vo' an lieu plei de pouf fiere emeuë. Vous fantirez tátoft quelq chofe vo' piquer (come epines &eguilhes) par tout le cors. C'et le pl' menu de la poudre, qles arteros an fucccans l'air, atriret par les pores fort ouuers. Doncques il faut etre bien foigneus de la condicion de l'air qui nous touche,comme de ce qui ha trafic auec nottre chaleur, & nourrit noz elpris. Or l'air qui adhere aus drapeaus fales, ne peut etre bien net. Et fi les arteres le remettet dans le cors, c'et vn erreur pire que le premier. Il faut donc bien fouuat renouueler le linge qui nous touche, pour reieter ce que y eft pofé: & non feulemant en prandre fouuant d'autre blanc & net, ains auffi qui foit bien odorant. Car cela rand l'air ambiant agreable à noz efpris,lefquels fe delecter & reftauret de bonnes odeurs: tellemant que fi on y prand garde, vous verrés que on et tout recréé, reiouy, & renforcé d'auoir changé de linge & d'habillemans:comme fi cela renouuelloit noz efpris, & la chaleur naturelle, que l'infeccion retenue randoit acroupis, etonnés,confus,broulhés,troubles & mal à leur aife. Car ils requieret vn extreme pureté,netteté, & fyncerité (comme ils font celeftes & diuins) pour micus faire leur deuoir & moutrer leur puiflance. D'où eft venu donc la fotte opinion du vulgaire, qui n'ofe changer de linge aus malades,& les contraint andurer bien long tams vn orde puanteur, comme porceaus fe vcautrans dans la boue? Parauanture qu'il fut quelque fois deffandu, de les remuer fort fouuant durant les ficures, de peur qu'ils n'euffet froid: depuis les bonnes jans antander, que le linge blanc leur foit dommageable. O grand erreur, duquel procede la cruauté & barbare tyrannie qu'on vfe anuers les pauures malades! Il n'y a rien qui les reuiene plu-toft, & qui augmate mieus la force naturelle, que de les tenir nets par tous moyens qu'il et poffible: & que leur draps foint de fuaue odeur, & icelle raffraichiffante pour les fieureus, comme de roses & famblables. Toutes les fois qu'on refait le lit de celuy qui ha fieure, il feroit expediant qu'on luy changeat de linge, linceus & chemife. Car la fieure en feroit plus courte, & le mal plus aifè. Nous voulons purger les humeurs par medecine, affin d'etaindre la chaleur qui les brule. Il ne faut donc etre moins curieus, d'opurger les fumees & futilsexcremans qui antretienet vn tel feu. Et quoy? fans auoir aucun mal, il peut auenir que de coucher dans los linceus d'vn febricitant, on an prandra la fieure, pour peu qu'on y fut preparé. C'et à caufe que noz arteres an attirant l'air, mettet dans notre cors la qualité mauuaife des excremans imprimee aus linceus: dont la chaleur naturelle an deuient febrile. Feront-ils moins de mal à celuy qui les ha falis? Aumoins ils antretiendront le defordre ia auenu. Sus donc que l'on change d'auis, & que les malades ne foint plus moletés de cette fafcherie, d'etre confis & comme anfeuclis dans leurs ordures & immondices, puis que cela ne leur profite rien, ains au conG traire leur fait grand mal. Il faut fouuant chan ger de linge aus febricitans, & autres malades, quand il eft fale: & panfer que les pauures patians ne doiuet moins eftre commodemant que les fains,fauf le plus:car il les faut traiter mignar demant,afin qu'ils puiffet mieus foutenir & fapporter la fafcherie de leur mal. SISIEME CHAPITRE. COURSE regimine Que les fames tuet les febricitans d'abstinance de boire; bricantil abondance de viures,& annuyeuse counerture.Et quel regime il conuient obferuer aus febricitans?· YANT decouuert & corrigé l'er reur, de ceus qui fechauffet par trop ez ficures,par l'vfage du vin, de l'epiceric,& force counertures páfans tout leur maketre vn mor fondemant: & de ceus qui ne veulet permettre qu'on leur change de linge. Pour conclurre ce propos, il fera bo de remoutrer auffi aus importunes fames, les trois notables fautes qu'elles y font, en gehenat les malades d'abftinace de boire,cotrainte de manger, & grad fardeau de couuerture. Le populaire an general tient cett' opinion, & vfe de tel regime:mais fur tout les fames vienet à vn excez qui et infupportable, & trana Thet plus les patians, que ne font le refte du peu ple. Cela prouient d'vne codicion naturelle, qui les meur à outrepaffer les bornes de mediocrité, & etre toulours exceffiues plus que les homes, an leurs affeccions &œuures. Car fi elles aimer c'et an perfeccion, comme elles hayffent mor tellemant. Si elles fadonnent à l'auarice, ell co extreme:fi à følle depanfe, c'et la mefme prodigalité. An douceur,manfuetude, & bonne grace, fi elles veulet, font excellantes: tout ainfi an colere & an depit, moutret vne grand rage. Ie ne le dis pas pour les blamer (comme la plus part des hommes fe delecte à medire du fexe féminin,qui et le rafraichiffemant & vraye confo lacion de ce monde) ains pour declarer la cause de leur abus. Mefimes ie feray bien antandre à ceus qui an detracter, & amenet telles raifons, pour moutrer l'imperfection des fames, qu'ils les vantent ignorammant. Car ces affeccions extremes, ne procedet que d'vn efprit futil, penetrant & abille, anchaffé dans vn cors mol, delicat, & bien purifié. Qu'ainfi foit, nous voyons d'autres matieres aifemant andurer diuerfes qualitez & mutacions, à raifon de leur fyncerité. Le feul blanc feceura touttes couleurs en fa perfeccion, comme la fame reffoit indifferantes meurs. Et tout ainfi que l'eau eft iugee trefbonne de fa legereté, laquelle on eftime d'vne facilité à etre foudain boulhante ou refroidie: ainfi d'affirme, que la complexion des perfonnes qui fe changent promptemant, & fondain paffent d'vn extremite à l'autre,eft fimple, pure, & nette. Car le contraire vient d'vne péfan teur, epeffeur & craffe, qui fait la coutumace & immobilité. Les fames font d'vne fuftance tant delice,clere & fyncere(temognee de leur molleffe,tandreur,beauté & delicateffe) qu'el les ont grande promptitude,& excedet les hōmes tant an foudaine apprehenfion, qu'an fuperlatiue affeccion. Parquoy elles ont moins d'arret en leurs propos & deliberacions, à raifon de la mobilité, qui procede d'vne legere té, fuiuant la pure fimplicité, de laquelle auffi eft doué le ciel par deifus tous les autres cors. Auffi la viteffe de leur antandemant à cốprandre toutes difficultés & les refoudre, eft telle, que les hommes n'y peuuent auenir. Et pourtant on meprife leur reponfe,fi elle eft premeditee: & dit on qu'il faut prandre le premier confeil d'vne fame, auant qu'elle y ait panfè. Car elles ont cette perfeccion, d'etre proptes &fort futiles: dont elles peuuent incontinant refoudre vn fait.Si elles y panfent à loifir,font mille difcours variables & diuers: parce que leur efprit aigu &penetrant,ne fe contate foymefmes, & toujours voudroit mieus aiancer la befogne, de forte qu'il broulhe & gate tout. Ainfi vn bo paintre qui ha le cerueau galhard, fera vn beau portrait à fō premier deffain, qur contantera les ians.Si on ne le luy ote foudain, il y trouuera quelques trais à refaire,& ne ceffera point qu'il n'ait ampiré fon ouurage. C'et donc grade louage aus fames, d'etrefi proptes & abilles puis que cela prouiét de leur matiere fort futile, qui les fait appeller volages. Mais ce n'er pas vitupere, d'auoir vne fi excellante legereté, Elles ne fatrettet guiere auant que d'etre aus extremités, où les homes ampechés de leur pefanteur,ne paruienet fi aisemat, Voila pourquoy nous troutons les fames tant exceffiues de nature, non feulemat quant à leurs meurs ou affectios, ains au feruice des malades, où ie m'arrete pour le prefant. Car fi nous ordonnons vn bain chaud,elles feront qu'il brus lera, Nous antandons que la chaleur foit tiede; & il fuffit que l'on n'y fante froid. Elles páfenc puis que la chale ar y et requife, tất plus il y an aura,tant plus il proufitera: & de fait vous diriés, que c'eft pour peler và cocho.Si nous defandons aus malades le boire demefuré, fil est ferui de fames,il mourrá de soif. On dira,nour riffés-le bien: c'et affés dit,il fera tout farcy de viandes.Commandés-vous qu'il foit couuert? vo le verrés deformais etouffe. Ainsi presque an toutes chofes elles paffet notre ordőnance, tirant à fuperfluité,ne pouuant tenir le milieu. Il leur faut remoutrer ces fautes, affin qu'ellos fen abftiener. Le Theologien & le Philofopha moral precherot contre les meurs, & diront q les extremes font vicieuses, la vertu cófifte au milieu. Le medecin fera cognoitre les maus qui fuiuét leur ex cés, comme ray propofé de faire en ce lieu. Ie ne parle qu'aus ignorates, &r à celles qui vient de telles procedures: dont les plus fauantes n'an feront offancees. Il suffit que jay bien excufé le naturel de toutes: ie ne repras que les erreurs, & qui ne fan tiendra coulpable n'a rien à voir an ce difcours: Mais retournons au chemin, duquel ic me fuis yn peu detourné, pour faire antandre aus fames, que ie ne blame, point leur fexe (lequel m'et tref-agreable) ains pour le randre plus parfait,ie veus effayer de luy faire perdre,ce qu'on y peut calomnier.s Prenat garde à la faffon de feruir les malades, iay colligé des poins notables, où les idiots erret comunemant, & fur tout aus Febricitans; come quat à changer de linge,& à vfer de vin, dequoy ay fait deus chapitres à part. Quant au manger, boire,& couurir, les fames antr'autres y font tat abufees, qu'an pafant bien foulager, fuftanter & guerir toft leurs patias, elles les gehenet,accablet. eftouffet,& rander fouuat incurables. A leur di-: re,touiours ils boiuét trop, ne mágét rien,& ne font iamais prou couuers. L'efpere qu'elles perdront cet erreur qui les aueugle, apres auoit lou mes raifons. Mais par ce que ie veus outre la remoutrace que i'an feray, 'doner au vulgaire vn pe tit regime, comant il fe faut coduire ez fieures, le melheur fera de mettre tout anfamble,pour ne faire filong propos,qui pourroit annuyer. Ioint qu'anfeignant le deuoir qu'on doit aus ficureus, on pourra bien cognoitre l'ignorace du peuple car le droit nous moutte le tort. Donc en balhat les memoires de fe bien gouuerner ez fieures, ie m'aquiteray par mefme moyen de ma promeffe,: & taxeray modeftemat ceux qui font autremất. Le fuppofe toniours, qu'vn Medecin ordone, ainfi q prefant il void an etre de befoin, les purgacions, la faignee, & autres remedes qu'il faut approprieraus maus particuliers,aus qualités des plonnes,humeurs,ages,lieus,faifons,&c.Mointantion n'et, que de difcourir fur le traitemat du malade,an ce que nous comettons le plus fouuar aus fames qui les doiuent feruir. C'et anfegnemant leur fera profitable, fi le. veulet bien apprandre, releuerot les Medecins de la peine que: ils ont à le redire tous les jours, & fupplerot à ce que les Medecins peuuer quelque fois oublier, ayant diuers malades à panfer. La fieure et vn mal chaud,come fignifie le nom, lequel i'ay deduit par cy deuant du mot feu, ou ferueur- Eller tient tout le cors vniuerfellemant, apres auoir faifi le cœur, fource de la chaleur naturelle, qui pour lors deuient fi ardante, de fa qualité augmantee, qu'on en brule etrangemant. Le cœur de la nature et echauffe plus, fans comparaifon, que nulle autre partie du cors, Dont les arteres ne le peuuet rafraichir fuffifammant de leur feule operation.Il ha fallu que nature l'antourna de poumons, à mode d'cuantoirs ou foufflers, qui luy communiquent l'air frais, & foudain le vuidet etant echauffé, auec fes fumees. Or quand cette ardeur et plus grande que de coutume, il faut halener plusfouuat, & haleter pour fuuenir à la neceffité du rafraichissemất, & cercher l'air plus froid; car autremat on ne peut amortir l'excés de la chaleur.Si donc ez fieures tout le cors brule, & le feu procede du cœur, on ha grand befoin de fraicheur an l'air de notre demeure, tout ainfi que l'on et côtraint de refpirer fort menu.Les ignoras qui pafent to' leurs maus prouenir de morfondemat, & que la fieure foit de froideur,chaufet la chabre tất qu'il leur et poffible, fermas toutes les ouuertures, & allumans gro, feu, aupres duquel ils loget leurs malades,come pour les rotir. Tellemant que l'air tiré de leurs poumos, echauffe dauatage leur cœur,augmate le mal, &fouuất d'vne fieure terminee, il an fait naitre la fieure coținue.Nous fuppofons icy,la faifon de l'æté, an laquelle les ficures font plus frequátes: & mefmes que la faifon foit fort ardante, come durat les iours caniculiers: autremat il faut rabbatre an proporció, vne partie de ce que nous dirós pour bien rafraichir l'air. Nous dõques anfuiuant les raifons precedantes, ordonons que le Febricitant foit en vne chambre fpacieufe & guatee, de forte que l'air y foit fort à commandemat. Aus cabinets & garderobbes on ha tantoft echaufé l'air anclos, &fi on y demeure lög tas, il faut reprädre les fumees que notre pou mon y ha vuidé. Les fales font plus propres à notre intacion;les lieus bas & an voute (pour ueu que l'etage foit fec) ancore plus commo, des. Le lieu etant bien choyli, il faut ampe cher tout ce qui le peut echauffer. Qu'on ne permette donc y antrer multitude de jans, ne aucun chien: car leur haleine rand grand cha leur. Qu'il n'y ait point de feu, nompas mef mes de la chandelle alumee, fi on fan peut paffer. Que les rayons du Soleil n'y antret aucunemant, voyre que par dehors ils ne touchet pas aus vitres. Le melheur feroit,qu'au lieu où repofe nottre malade, y eut des feneftres de deus ou trois coutés: affin que quand le Soleil donne à l'vne, on tienne les autres ouuertes, pour auoir toujours la fraicheurde laquelle il faut etre fogneus, & memes d'ã faire toujours prouifion dez le matin. Le foir redonne famblablemant du frais, qu'il ne faut meprifer. S'il y a quelque porte d'où vienne vn ioly vant, alle doit toujours etre ouuerte, mais a-demy, pour randre le vant plus fort. Et fi cela ne fuffit, il faut vfer d'euantoirs, & agiter l'air de la chambre, comme on fait d'vn fac moulhé,qui toujours ebranlé de fecouffe, rand l'air mobile & bien frais. Le mouuemant y et requis d'alheurs: c'et affin que l'air qui touche le mala de, foit continuellement repousse de telle agi tacion, & qu'vn autre plus frais luy fuccede. Outre l'emocion (qui raffraichit euidammat, comme il appert des vans) on vfera de diuers artifices à mefme fin. Prenez de l'eau du puis bien froide, & qu'on la verfe cótinuellemant var d'vn seau à l'autre, an la renouuellant de coup à coup. Cela bat l'air, l'hume&te, & refroidit: & le bruit venant aus oreilhes du malade quine peut dormir, quelque fois l'induit à fommeilher. Il faut auffi moulher d'eau froide le paué à toutes heures, l'arroufant par deffus de bon vinaigre. Les plus riches y repandront du vinaigre rofat,d'eau rofe,ou d'eau de violettes de Mars: car l'odeur fraiche mitigue la cha leur, & reuient les efpris. Le parterre foit tout femé de rofes,violettes, pampins de vigne,laitues,feuilles & fleurs de Nenuphar, qui aurot trampé an l'eau bien froide, eau rofe, & vinaigre rofat. La chabre foit garnie de ramee,mef memant des branches de faule toujours frai ches: car elles venant à fecher, nuifet. Le lit ordonné au malade (pofé au lieu plus frais & obfcur de la chambre) foit grand & fpacieus, affin qu'il fy pourmene à l'aife, an muant fouuant de place, comme l'on et contraint de faire. Outre ce il faut vne couchette pour raffraichiffemant,quád le lit et tout echauffé d'vne longue demeure: auffi pour le refaire commodemant, car les malades doyuet etre tenus fort propremant: ancor tout leur deplait, du mal qui les rand difficiles. C'et auffi pourquoy, il leur faut vne grande netteté,qu'ils ne fantet rien de puant, que les couuertures foint fort molles & douces, fans ordure & fans rudeffe: les linceus bien deliès, bien blancs, & de fuaue odeur, lefquels il faut renouueller tous les jours, file malade ha grand' fieure, ou fil fue abondammant. De coucher fur la plume,c'et bien folie à ceus qui fe plaignet de la chaleur, veu qu'elle echauffe euidammant. l'accorde qu'il et necellaire, que les fieureus ayer quelque lit mol, pource qu'ils font prou caffés & rompus de la maladie: mais il faut que ce foit de chofe moins rechauffante, comme et le couton, la layne ou bourre, dequoy on fait des matelas qui font bien fort doulhets. Ily ha matiere plus fraiche an la balle ou balouffe & pouffiere d'auoyne, d'orge,millet, & autres le coucheroye volontiers fur la pailhe fraiche, pour etre micus à mon ayse, Quelques yns mettet fur la coëtre leur mattelas, pour coucher plus fraichemat & mollemant; mais je ne voudrois point de plume, an forte que ce foit pource que la chaleur penetrant iufques là, y et longuemant antretenue. Deffous le linceul il fait bon mettre à l'adroit des reins du malade vne piece de camelot à ondes, ou vne peau de marroquin,ou d'á faire vn carreau fort plat, à demy plein de baloffe,pour se coucher deffus. Plutarque dit,qu'an Babylone les plus riches dormoint, pour grand delicateffe, fur des facs de cuir pleins d'eau, aus grades chaleurs de l'æté. Telle froideur no? et vn peu fufpecte ez fieures: & il vaudroit mieus 1 (parauanture) ramplir ces facs de vant, à mode de ballon,comme i'antas qu'an Italie quelques feigneurs ont de tels lits. Mais ce font chofes rares, defquelles on fe paffe fort ayfe mant. l'estime bien vn lit pandu à cordes,pour deus commoditez qu'on ha d'etre branle; I'v ne et, qu'il donne vant & raffraichit, pour les caufes fufdittes: l'autre, que l'agitacion sert à les andormir, comme dans vn berceau.Le ciel du lit foit vn peu haut,affin qu'ó ait plus d'air, Les lits de cap, qui ont leur pauilhon fort bas, preffet tant vn malade,qu'il n'y peut halener. Si les fenetres ou les portes iettet du vất droit contre le lit,lors qu'on veut raffraichir la cha bre,il faut tirer les rideaus ( qui autremant ne feruet de rien) de peur que le froid ainsi roide ne furprenne le cuir, & cóftipe les pores, d'où il faut que fortet les fumees de l'ardante chaleur. Car nous ne voulõs pas refroidir par de hors: cela ne feroit qu'augmanter le feu inte rieur. Nous demandons l'air frais pour le pou mon, qui euante le cœur ambrasé de la fieure.. Parquoy tout le cors, hor-mis le vifage, doit etre couuert felon la qualité de l'air, affin que la peau foit toujours bien ouuerte. Il ne faut pas auffi accabler les patians d'vn fais de couuerture: car se tourmant ne fert de rien, & les altere d'auantage. Suffit qu'ils foint aurất couuers, que la conftipacion du cuir an foit ampechee,& foit gardé libre paffage aus vapeurs 9 & fumees: & non moins à la fueur, quand elle veut fortir. Donques ils ont affez du linceul, à la grande ardeur : fur la declinacion, quand ils commancet à fantir la moiteur (laquelle fi nifie la fueur etre pres) il les faut bien couurir dauantage, pour ayder à la chaleur au vuidangc de cet humeur : nonobftat la facherie d'andurer ce tourmant. Mais on doit eftimer, que c'et le refte des matieres qui ont fait le paroxyfme: & que fi on an retient quelque porcion, on fera beaucoup plus long tams à ètre bien net de fieure: car tant qu'il y an demeure vne goutte,le cors an et emeu. Donc fe perfuadant, que c'et la vraye terminacion, il faut fup porter patiammant l'annuy,& ne fe decouurir point. Car fi le cuir et conftipé, la fueur retenue,l'acces dure plus longuemant: & et quelque fois dágereus, qu'vne fieure termince deuiene continue, par la retaneion des excremas, & coltipacion de la peau. C'et donc' alors que les couuertures font à propos, quád on et pres de la fueur, nompas durant l'acces & brulante chaleur, comme an difpofet les importunes fames. Car pourucu que le cors ne fante par dehors la fraicheur de la chambre, & qu'on foit vn peu couuert,tout hor-mis le feul vifage,on fan doit contanter,fans gehenner ainfi les malades. Au commancemant de l'acces, quand ils fantet friffon, rigueur, & horipilacion, on les doit tant couurir qu'ils veullet: & an cela faut fuiure leur defir, echauffer les piés auec drás peaus,tuylles, & pierres, faire par tous moyés de couuerture & applicació(nompas de breuuage echauffant, come fait le vulgaire, car ils ne font que trop chaus au dedans, qui les rand fort alterés) que ce facheus tramblemant paffe vite. Quand le chaud comance à regner au dehors,& que les couuertures annuyet,il an faut oter de peu à peu,mettant le malade à fon ayfe le mieus qu'il et poffible, iufqu'a ne laiffer ques vn linceul deffus luy. Voyla commantil fe faut conduire ez fieures terminees. Toucrant aus cótinues, qui ont toujours famblable cha leur, ou peu f'an faut, & dure tant qu'ils soint gueris du tout: ilfy faut gouuerner felon fa qualité,& couurir fi peu les malades qu'ils n'a foint pas plus alterés,leur laiffant fuftemant ce qui et requis pour ampecher la furprinfe du cuir. Donques fi le chaud et ardant, on ne les couurira nomplus qu'au milieu des acces des fieures terminees: & il ne faut pas fuiure l'auis des fames: car iamais les malades n'ont prou de couuerture à leur gré. Mais il faut bien noter les reigles qui fanfuiuet, pour antandre quand,comant, & combien nous deuos rafrai chir l'air, & moderer la couuerture: d'autant que la faifon,l'heure, & l'efpece du mal (où git grande varieté) font, qu'à tout propos et requife bonne difcrecion, parce qu'on ne peut limiter iuftemant par ecrit la quantité des re medes, & il y faut vne grande obferuacion, comme nous deduirons prefantemant. An ce fait nottre but n'et autre, que d'an tretenir l'ouuerture des pores, & permettre aus poumons iouyr de la fraicheur. Dont fi c'et an hyuer, il nous faut etre plus couuers, de peur que la peau ne fe ferre: & ne fommes pas an peine de rafraichir nottre air, ains ta chons à le tiedir, affin que quand l'impatiant malade fe tourne dedans le lit, l'air quiy an tre, ne furprene le cuir, de fa froideur gelee. Il ne faut pas auffi, que le malade foit mis aupres du feu, comme an vfet les payfans : c'et affés que l'air de la chambre ne foit pas autant froid, que porte la faifon. An æté il et bien difficile de le refroidir tant,qu'il puiffe conftiper la peau, (fron et couuert d'vn linceul)du-1 rant la grand' chaleur. Or an cecy il faut bien confiderer la grandeur du chaud qu'andure le malade,& de l'air qui l'atourne: car fi l'ardeur de la fieure et extreme, nous randrons l'air tat frais qu'il nous fera poffible: fi ell' et moindre, nous y traualherons moins, obferuant la deue proporcion à l'oppoficion des contraires. Quand la chaleur de l'air et moderee, peu de chofe fuffit à l'amortir fi ell' et exceffiue, il la faut cobatre de plufieurs fortes. Doques fi la chaleur de la ficure,& de l'air, font de mesme brulantes, il ne faut rien oublier de ce qui les peut rafraichir:fi font moindres an proporcio. Car on doit comparer les chofes prefantes, & egaler les remedes aus maus, fans fe tenir toujours à certain point. Nous ne ferons donc an fouey de raffraichir nottre air, finon l'æté: & alors plus ou moins,felon fa qualité. An hyuer il le faut moyennemat echauffer. Le primtams & l'automne il et affez moderé: dequoy nous deuons contanter. Cartel à nottre egard et nommé frais, trefcõuenable à noz fieures. Ainfi et il des couuertures, qu'il faut accommoder aus condicions de l'air: c'et que an æté il an faut moins,an hyuer dauantage: la faison tamperee tient le milieu. La nuit aufli et ordinai remant plus fraiche que le iour, dont il faut etre mieus couuert,tant pour tant, la nuit que leiour. Et quand on dort, parce que les mambres exterieurs fe refroidiffet,il faut auoir plus de couuertures quell'heure que ce foit: mais bien peu dauantage,fi elles annuyet le malade fort échauffé du mal. Pour mieus faire il faudroit attandre que le malade fut andormy, & adone luy jetter quelque chofe par deffus:car fion le couure auant qu'il antre au fommeil, quelques fois cela le fache tant, qu'il an perd tout moyen de repofer. Moyennant la difcrecion, dreffee d'vn bon fans, par ces limitacios on pourra difpofer & ordonner facilemất des couuertures, & du raffraichissemant, an toytes les efpeces de fieures,à tout'heure & toute faifon. A quoy il faut aiouter la complexion des des jans, l'age & le fexe, qui fuiuet le temperamant. Car d'vne mefme fieure, les vns feront plus echauffés, les autres moins, felon que leur chaleur auant la fieure etoit grande ou petite. Ceus qui l'ont douce, & fort fuaue, comme les fames & les anfans, ne fantet pas telle ardeur que les ieunes de trante ans,defquels le cors et de foymefme plus ardat. Et de ceus cy les fanguins ou cholerics, furpaffet les autres an chafeur. Les vieus font frois, dont ils ne peuuet a uoir les fieures fi ardantes, comme dit Hippo- Hippo.14 cras. Outre ce, à raifon de la feichereffe leur liu.1. cuir et fort ferré : aus fames & aus anfans, la grand molleffe ampeche les pores d'etre ou uers.Les ieunes tiennet le milieu: dot il et maf ayfe de constiper leur peau. Par ces deus raifonsil ne faut pas tant craindre de raffraichir bien l'air,quand vn ieune homme de complexion fort chaude ( & qui an fanté mefme fam ble tout feu) ha fieure, comme fil etoit d'autre temperamất:ne qu'à vn bon vieilhard, ou ieune anfant, ou bien à vne fame. An cecy il y a ancores plufieurs diftinccions: car toutes fames,tous vieus, & tous anfans, ne font pas d'vne condicion : les vns font plus chaus que les autres. Ainfi et il(pour faire brief)de toutes limitacions, où il faut auoir egard d'approcher le plus pres qu'on peut, de la portee d'vn chacun. Car il n'et pas poffible de mettre an reigle ces particularites. Il fuffit bien qu'on fache H an general les codicions neceffaires à bien coduire les ficureus. Quant et de l'air & couuertures, ie l'ay deduit fi amplemant, que le dif cours an et prolixe. Mais ie feray plus briefà pourfuiure le demeurat, auquel pourront feruir les raifons deffus alleguées, pour peu qu'o ait d'inuancion à les fauoir accommoder. Ce chapitre n'a point cté acheué, mais les deus ou trois qui s'anfuiuer, y peuuet feruir, & etre accom modés. SEPTIEME CHAPITRE. Contre ceus qui ne permettet aus Febricitans de boire A durant leur acces: les autres qui veulet qu'ils boinet chaud pour fuer plus-toft & mieus. Ay alheurs remoutré cổmant il le faut gouuerner eż fieures, pour an auoir mieus & plu-toft la raifon, icy ie toucheray fuccintemant l'erreur de ceus qui ampechet de boire les fieureus durant l'acces, foit par force,ou par leurs remoutrances.NoAph.11. tre Hippocras dit bien en fes Aphorifmes,que ez acces il faut abftenir: mais c'et des forbi cions, & autres viandes: car il ajoute, qu'il et nuifible d'aminiftrer pour lors de la viande. Mais quant au boire, il et trefneceffaire pour amortir la fieure quand ell'et an fa grandvi gueur & mefmes Galen ordonne de boire Liu.9.de grand' quantité d'eau froide, au plus haut de la meth: la fieure atdante, & des fieures fynoches. Or ch.5. l'etat d'vn acces repond à l'etat de toutte la fieure cõtinue. Et quel dangier y ha il de boire va bon trait quand l'acces et au fa vigueur? Mais au contraire, cela proffite grandemant, & amortit plu-toft la fieure comme quand on iette force cau au feu. Ancor faut il auifer, que le breuuage du Febricitat foit bien froid (nompas chaud, ainfi que plufieurs veulet) affin que le malade an fue plu-toft Car ceus quí l'ordonnet chaud f'abuset doublemant: c'et, que de boire chaud, on ne defaltere point: & que le boire froid emeut autant ou plus la fueur,que feroit le chaud. Ce que chacú peut eprouuer à part foy, fil an doute: & il verra que ctant bien échauffé & alteré, fil boit bien frais, la fueur luy an viendra au front, quand bien ceferoit an hyuer. Dont puis que il y a & plaifir & proffit, nous permettons, voire nous ordonnons aus malades qu'ils boyuet le plus frais qu'ils pourront:& vn grand traît ou deus,felon que l'acces durera. Le vulgaire ha cela de mauuais, que come tout luy et fufper, à caufe de fon ignorance, & qu'il craind mef me ez chofes où il y a toute affurance, ainfi në peut il accorder aucun plaifir aus maladesy craignant de complaire à leur volonté, com me fi elle etoit toujours deraifonnable. HVITIEME CHAP. Des boulhons&orgemondés qu'on balhe à minuit,ou le matin,fort indiferettemant. Es boulhons & orgemondés, le plus fouuant on importune les malades, qui n'y prenet aucun plaifir: & quelque fois on romt fort indifcrettemant leur fommeil, par l'aministratió de telle nourriture, ou à minuit, ou für le matin : laquelle ne peut tất valoir,que feroit vn bon dormir.Voilà cốmất le vulgaire et iniufte an deus fortes : l'vne, quand il ne permet au fieuréus de boire rai fonnablemant: & l'autre, quand il le preffe de viures mal à propos. Certainemant il n'y a rien de fi bien ordonné, qu'on n'an abuse facilemant: & fur tout, quand c'et de chofe qui plait aucunemất: mais ancor plus,fi cela mefine ha quelque espece de alimant. Car le propos des viures et si plaufible & aggreable, que le vulgaire l'ambraffe tref-volotiers. Le nom des drogues luy et fort odieus & horrible, mefmes tout ce qui viết de chez l'apoticaire,finon le fucre, l'ippocras, les bifcuiteaus, le pignolat,les tartres de Maffepa, confitures, & auties friandifes. Dequoy ie ne m'ebays pas, ne le reprans auffi: car cela et fort naturel. Ie fuis homme, & reffans l'infir mité commune: ie ne fuis etrangier ou aliené d'aucune humanité. Le fay que les medicamás font contraires & annemis du bon naturei: & que fils etoint familiers ou amis de Nature, ils ne feroint tels effais, ains furmontes de nottre cors, feroint cóuertis an fa fuftace. Dont l'horreur que nous an auons, et chofe fort naturelle, & non reprehanfible. Ce que l'ay dit, et come an paffant, affin qu'on ne m'eftime Rhabartatif & facheus droguifte, veu mefmes que i'an vfe bien fouuant pour moy, cognoiffant le befoin que i'an ay. l'ay voulu feulemant toucher ce point, tat pour excufer le comun anuers quelques medecins,qui n'ont grand pitié de ceus qui ne fe peuuet accomoder aus me decins:que pour accufer les delicas outre mefure,qui ne voudroint que des boulhos ou orges-mõdés pour fe guerir, ou preuenir le mal, Ancores n'an vfet jls ainfi qu'il appartient: car pour vn tel dejeuner ils ne rabbatet des autres repas ordinaires. C'et ce que ie veus reprandre, & leur remontrer commant les medecins l'antandet (au-moins ceus qui l'ont premieremant inftitue) & commant ie l'ordonne. Ces boulhons & orge-mondés de la minuit, ou du matin, font pour triple occafion. L'vne,an faueur de ceus qui ont faute d'appetit, & ne peuuet guieres manger à diner, ou à foupper: mais fur tout à foupper: auquels pour recompance on donne quelque chofe a la minuit, ou le matin anfuiuant. La fegonde et prefque famblable, de ceus qui ont grand faim & font prefque infatiables, comme au releuer d'vne grand' maladie.Car d'autant qu'ils ont l'eftomach affoibly,& ne peuuet tat digerer, qu'ils pourroint bien miger à vne fois, on leur confeilhe de partir les repas: & parce que la nuit (à caufe du dormir, qui retarde la coccion de l'eftomach) on ne digere fi bien que le iour, nous ordonnons qu'ils fouppet legieremant: & pour recompanie, nous leur donnons fur le matin vn boulhon: comme fi on gardoit le potage du foupper, qu'on an auroit rabbatu, au landemain matin,apres qu'ils ont dormy. Ce Decad. 1. que ie dis,que le dormir retarde la coccion de Parad. 8. leftomach,et fuffifammant prouué an mes paradoxes,par viues raifons; defquelles i'an toucheray vne, pour autant qu'elle fert à ce propos. C'et, que du diner au fouper, communemant il n'y a que huit heures: & du fouper au diner anfuiuant,ily an ha feize:fans qu'on ayt plus de faim apres, qu'apres lefdittes huit heures: fuppofé ancores, que ces deus repas foint de mefine an qualité,& quantité,du mager & du boire: brief qu'il n'y ayt autre differance, finon que l'vn de ces repas et fuiuy de la nuit & du fommeil, & l'autre non.La troifieme occafion et, pour alterer ou preparer le cors par ce moyen delicat: fauoir et,le raffraichir, ou humecter,inciler & attenuer les humeurs, de-. fopiler,faire vuider le grauier & les pierrettes des reins, prouoquer les fueurs ou menftrues, & autres petis menus affaires, de moindre importance qu'il falhe mettre an befogne les remedes plus fors & mal plaifans. Dequoy vous verres vfer infinies perfonnes au primtas,mefmemát ez moys d'Auril & de May, mais auec telle indifcrecion, qu'il leur fait plus mal que bien. Dont i'ay eté contraint de remontrer cette faute, fuiuant le deuoir de ma charge:La faute et principalemant an ce,qu'ils ne rabbatet rien du diner & fouper ordinaires,pour ces boulhons & orge-mondés. Car fils dinet & foupet autat que de coutume,il et certain,que l'andemain matin l'eftomach n'et pas vuide: & par confequant le boulhon rancontre des ma tieres cruës,qu'il recrudit ancore d'auantage: & les arrete pour fe digerer auffi,iufqu'à la ve nue du diner: lequel fe melant parmy cela, prand le vice & contagion de crudité. Ce qui et derechief rancontré du foupper.Tellemant qu'il n'y a point de fin à tel defordre, genera” tif de flegme,fi aucun le fut iamais. Si le boulhon et de chofes aperitiues, incifiues & attenuantes, prouocatiues d'aucune excrecion, il fait bien pis. Car il pouffe, anfonce & precipite les reftes du foupper cru dans les veines & arteres, où elles font des oppilacions, & caufet des catharres, fieures, & autres mille maus: qui et bien pire,que fi les humeurs crus Des boulhons & orgemondés. feiournet ou croupiffet dans l'eftomach & les boyaus, où ils caufet la colique, des tranchees & bruit de vantre, dedain,mal de cœur,vomif femant, & famblables. Donc, quiconques voudra vfer de ces boulhons alteratifs (comme et auffi nottre orge mondé) pour bien faire,qu'il fouppe legieremant, à ce que l'efto mach ait digeré plu-toft que de coutume, & qu'il fe trouue pour lors vuide. Il faut faire, comme fi on gardoit vne partie de fon fouper, pour landemain matin. Et quand on dineroit apres,vn peu moins que de coutume,ce seroit le mieus fait du monde. Voila commantil fe faut gouuerner an ce fait, pour an fantir proffit,& non dommage, comme il auient à la plus part de ceus qui an abufet. Aucuns fan trouuet bien, à cause que par faute d'appetit, ils ne manget guieres à diner,ny à foupper: qui et la premiere occafion cy deffus expliquee. Etie ne doute point, que les premiers auteurs de ce regime ne l'ayet ainfi antandu & pratiqué. De cela mefmes on peut apprandre,que quand on ha à prandre landemain quelque Iulep, Apozeme, ou Sirop (chofes preparatiues, pour la plus-part) il faut auoir legieremant fouppé, affin qu'elles rancõtret l'eftomach vuide. Autremant fi ce font chofes aperitiues, elles precipitet les crudités aus veines & arteres,an au gmantant la caufe du mal que nous voulons combatre. Et quand cet inconueniant ceffe quoy roit d'autat que toutes telles drogues ne font penetratiues)il ne faut pas qu'elles rancontret quelque chofe dans l'eftomach. Car cela romt la force du remede, le detrampant mal à propos. Ie remoutreray alheurs, combien il et requis d'auoir l'eftomach vuide,lors qu'on prád medecine: & que plufieurs font mal, de manger & boire le foir auparauant, de tout à leur plaifir, efperans que la medecine amportera toutes les fuperfluitcz. Tels propos fe peuuet aisemant accommoder à cetuy cy. Car que ce foit,boulhon,orge mondé, lait d'anelfe, ou d'autre animal, iulep, ou autre droguerie, f'il ne trouue l'eftomach vuide, & dechargé de la viande du fouper precedant, ou il ne fait guieres de bien,ou il apporte grand detri mant. Si on me demande, que fert-il dauanta ge de prandre des boulhons alteratifs & les orge-mondez au matin fans autre chofe, qu'à diner ou à fouper auec les autres viandes, veu que toute et alimat, qui fe peut accorder auec le refte? le refpons, comme par cy deuant, que fi telles chofes fe melet auec des autres,ou leur vertu fe diminue, ou (fi elles font aperitiues) conduifet la viande auant fa meure concoation,hors l'eftomach, & font plus de mal que de bien.Dont il vaut mieus que chaque chofe foit prife à part, & de ne confondre les viandes auec ce qui eft medecinal. NEV VIEME CHAPITRE, si c'eft mal faict,de boire à l'heure du coucher. Etre coutume et an Frace(au moins ez melheures maifons) d'auoir touiours le vin de la colacion, & n'etre iamais la nuit fans vin à la chambre: combien que plufieurs abftiennet de cette beuuette: les autres boiuet quelquefois, les autres d'vn ordinaire, à l'inftant qu'ils fe veulet mettre au lit,plus par coutume, que côtrains de la foif. Le vulgaire de Laguedoc ha vn commun prouerbe contraire à cela: que qui fe va coucher an foif,fe leue an fanté. A quoy il famble que Hippocras faccorde bien,difant an ses Aphorifmes; Ceus qui la nuit ont appetit de boire, fi ayans grand foifils fandormet là deffus, ils font bien. Mais on pourroit interpreter fon dire, de ceus qui feuelhet an foif, nompas des autres qui ont foif auant que dormir. Car il y a plus d'apparance, de ne permettre de boire fur-puit,& au premier reueil, qu'auant le dormir. Et quant à moy, ie ne trouue pas fort mauuais, que ceus qui ont accoutumé de boire à leur coucher, le continuet:ainfi que i'ay veu faire à feu mon pere,plus de vint ans. Eti'ay ouy dire, qu'vne des plus nobles & illuftres maifons de France, le pratique ordinairemant, ayant cette opinion, que cela fait à la fanté: de forte que fes anfansy cou font nourris. Il et vray que la coutume eft vn tyran qui ha grand' force, & bien fouuant plus de pouuoir fur nous, que la Nature mefme.Cobien que cette cy eft legitime gouuernante, & & l'autre par vfurpacion Toutesfois il ne faut pas mefprifer la coutume, à caufe du pié & auatage qu'elle a gagné fur nous. Ioint que comme dit Galien ceus qui facoutumet à quelque chofe,pour la plus-part elifet vne coutume conueLiu.s.de nable à leur naturel, d'autat qu'offancez coup à la conf. de coup de ce qui ne leur conuient,ils le repudiet. Santé. Toutesfois quelques vns,ou vaincus de la volu pté & douceur,ou ne fantant (par grand' folie] d'an erre offancez,continuet an mauuaifes tumes, Mais il y an ha peu de ceus-cy:il y an ha plus qui n'y perfeueret point. Et an vn autre paffage.Il n'y a perfonne fi ftupide [dit-il que Liu.9.de etant offancé grandemat de boire de l'eau froila meth. de, veulhe tirer cela an long vfage. Car an etanţ offancé & malade euidammant, il an abftien- cap.10. dra totallemat. On pourra bien repondre,qu'il y a fort peu de ians qui veulhet commander à leurs appetis.voire qui veulet f'abftenir de cho fe q ce foit,files Medecins ne la leur deffendet expreffemant, & mefmes que ce foit par efcrit. Autremant il leur famble n'y etre pas tenus. Voila la grand' reuerie, ne vouloir f'abstenir de ce qu'on eprouue & confeffe etre nuifant à fon naturel, finon que le Medecin l'ait expreffemant deffandu: ancor y a-il bien affai re de le perfuader. Vne fage perfonne & tamperante, luy-mefmes fe fera ailemant vn regime de fanté, fur ces experiances & obferua cions,an la qualité & quantité de toutes chofes, plus affuré que le plus fauant medecin du monde, fily veut antandre fans fe flatter aucunemant. Mais laiffons à part la coutume, & mesme la nourriture dez l'anfance: voyons l'il ya quelque apparance de raifon, qui perfuade ou permette de boire quand on fe va coucher. Il me famble qu'on peut deffandre telle procedure, an faueur de ceus qui y prennet grand plaifir, & le font volontiers. Car, comme dit Hippocras du boire & du manger, ce qui et vn peu pire, mais plus agreable, et melheur que le contraire. D'auantage, fuppofé qu'il y ait grand trait, depuis le foupper iufques au coucher(comme de trois heures pour le moins) la digestion et à demy faite. Dont il n'et pas mal fait,de prandre vn peu de vin. Car il f'accorde & accommode bien auec ce qui et à demy cuit, le vin n'ayant befoin de long fejour à etre digeré: veu que c'eft vne liqueur facile à tranfmuer, & qui parfait la digeftion. Ainfi il ne retarde pas ce qui eft ja fort auancé, ains fera auffi toft preft à fortir de l'eftomach, que l'autre à qui d'abondant il fera ce bien, de le conduire plus auant: de forte que le chyle an penetrera mieus au foye. Auffi les plus auifez,de ceus qui vfet d'vn tel regime, le font (comme l'ay antandu) pour cet egard, que la diftribucion fe faffe plus foudain, & le foye an foit humecté. Dequoy il fanfuit (de leur auis) qu'on an repofe mieus, & le dormir et plus plaifant. A cela fait auffi la douce vapeur du vin,laquelle humectat, le cerueau,andort plus fermemant: par quel moyen, la fegonde digeftion et heureufemant accomplie, & il fen anfuit quantité de bon fang. On ne peut icy obiecter que la crudité,qui et à craindre, pour l'interrupcion de la coccion que l'eftomach ha bien auance. Mais ce n'et pas du boyre ( & mefmemant du vin) comme d'vn autre chofe qui feroit de longue cuitte, ou qui epaissiroit d'auatage le chyle: lequel a raison de ce, pourroit trop feiourner, & etre mal ayfé a distri buer. Le vin qu'on boit, et comme l'eau qu'on aioute a vne fouppe epaiffe,qui autremất bruleroit dans le pot. Et pour n'interrompre fa વિ cuitte, les bos cuifiniers la derrampet auec du boulhon chaud,ou de l'eau boulháte. A quoy repond le vin, qui de fa chaleur naturelle antretient, & fait mieus continuer la digestion, fans que telle interrupcion foit de durce, ou preiudiciable.Car foudain apres, la cuite recomance de plus belle, & eft parfaite plus aifemant: l'eftomach fe vuide mieus, quand for chyle et plus liquide, & le foye an ha melheure part. De cecy on peut colliger & conclurre, que telle collacion ne peut conuenir, finon à ceus qui boiuet peu à leurs repas, & fur tout at fouper,lefquels mangeans bien,ne font pas alterez. Tels ne font pas mal de boire quelques heures apres, & ie panfe qu'il leur et lain. Toutesfois ie n'ecris cecy, pour perfuader à aucun de receuoir cette coutume: moins voudrois-ic ac querir la reputacion, d'auoir par mes raifons introduit pour vn regime de fanté, le boire apres fouper,comme auocat des collacions nocturnes (aulli vaut-il mieus de beaucoup, boire à fes repas competammant, & à proporcion de ce que on inang)mais le remoutre par ce difcours, que ceus qui ont relle coutume, font fondez en quelque raifon : & fil y font nourris d'anfance, ils le peuuet fainemant antretenir. Auflì, qu'il ne faut febayr, de ce qu'ils ne fan trouuet mal. I'auois vne tante, fœur de mon perc,mariee à Condrieu an la maison des Villars, qui mourut fort aagee. Elle ne falhoit iamais de boire t'allant coucher, vn grand trait d'eau, dans laquelle auoit trampé vo gros quignon de pain, anuiron vne heure au parauant. Et continua cela plus de quarante ans, touiours fe portant bien. On dit pourtant, qu'an fin elle mourut hydropique: ce que luy pouuoit eftre auenu d'autre occafion. Mais ie n'approuue pas ce boire d'eau,à l'heure du coucher: & moins ancor ce que font plufieurs filhes & fames, trop fuiertes à leurs appetis & fantafies: qui ne font difficulté de boire deus ou trois grans verres d'eau pure, fimple,& froide,à l'heu re du coucher. Elles fan vantet quelque fois: mais il n'y a pas touiours dequoy fan rite, mesmemant quand de ce defordre, elles ont andepuis vn mauuais eftomach, le foye & la rate pleins d'oppilacions: d'où proceder les palles & vilaines couleurs, courte haleine, battemant de cœur,fuffocation de matrice, & à aucunes le vice de fterilité... DISIEME CHAPITRE. S'il faut boire außi chaud qu'on ha le fang,mefmement an até:v'il eft maunais de raffraichir le vin. 7. A pluf-part des opinions vulgaires, font doctrine de vielhes ians,qui ayans vecu longuemát, & veu beaucoup de chofes,veulet tout reformer, & ranger les autres à leurs appetis,fans diftinguer des ages. Ainfi d'autant qu'ils font tous morfondus & frilheus, ils voudroint que chacun fe vetit & couurit de mefme eus, & abftint de mille chofes qu'ils fantet nuifibles à leurs perfonnes comme le boire frais en æté, & difet, que chacun doit boire auffi chaud qu'et fon fang. Laquelle propoficion i'accorde, pour leur refpet feulemant: car ayans le fang froid, comme auffi tout le cors, ils n'ont befoin de grand' fraicheur. Mais le ieune homme qui ha le fang boulhant, ne feroit iamais de falteré fil beuuoit ainfi chaud, nompas mcfmes ainfi tiede qu'et le fang tamperé an æté. Car la foif et vn appetit de froid & humide: & et caufee non naturellemant de tout ce qui echauffe, ou qui deffeiche. Commant donc la peut-on appaifer, fans fraicheur humectante: L'experiãce demoutre affez euidammant, que fi on boit chaud, c'et à recommancer: parce qu'on ne fe defaltere pas. Pour conclurre ce propos, ie diray ancores ce mot, que fil etoit fain de boire autant chaud qu'on ha le fang,les vielhes ians auroint à boire beaucoup plus frais que les ieunes: chofe par trop abfurde,& ridicule.Il y a vn' autre opinion plus commune & d'apparance, de ceus qui aprouuet bien le boire frais, tel qu'il fort de la caue ou du tonneau, & l'eau venant du puis ou de la fontaine,mais nompas que l'vn ou l'autre soit raffraichy.Donques on fera commandé de la dif poficion des caues, felliers, puis, & fontaines: tellemant que qui les aura fraiches, il an aura le plaifir,& les autres fouftiendront vne grand facherie pour leur fanté, quand ils n'oferont raffraichir le vin, l'eau, ou tous deus. Mais (ie vous prie) qu'importe il de mal, que le breunage foit frais,ou de l'air qui le contient,ou de F'eau dans laquelle il trampe? Si l'eau n'et mal faine de fa froideur quand elle fort du puis, de la fontaine, citerne, ou riuiere, elle ne randra pire le vin qui an fera alteré & raffraichy Ic fuis contant qu'il ne foit pas fi fauoureus, mais il ne fera pas moins fain, que celuy qui fortica frais d'vne caue bien froide: veu que le rafraichiffemant ne luy peut apporter aucune mauuaife qualité. Refte que ce foit la feule froi deur, que l'on decrie tant, d'où qu'elle procede. Mais quoy? il y a du vin rafraichy, qui et moins froid qu'vn autre fortant du tonneau, lequel on ne condamne pas.Et que ne crie lon ancore plus, du boire glacé qu'on fait an hyuer? Et il poffible de boire fi froid an æté,qu'il gele ainfi les dans, & fouuant ampesche de boire fi long trait, qu'on voudroit bien ? Toutesfois vous n'oyez perfonne, qui vulgairemant reprouue cela: ains au contraire, la plus-part trouue mauuais, qu'an hyuer on echauffe le vin,ou l'eau. Sont ce pas des ians du tout contraire à Nature, qui la veulet forcer à mode de geans? Noz cors an æté font boulhans, brulez & affeichez:nous ne boirons pas frais,& abondammant pour refifter à l'intamperature & inclemance de l'air, qui conuertit noz humeurs dous an amertume[qu'on appelle cholere] dequoy procedet les fieures tierces & ardantes, les dylanteries, & autres diuers maus quired gnet an æté? Et an hyuer, que nous fommes tranfis & contraints de froid, tous rheumati ques & morfondus, nous boirons de la glace? Les appetis non recerchez, ains fpotances, font pour la plus-part conduis de Nature,à laquelle I ils appartienet. Dont il leur faut cõplaire aucc raifon & mefure;come de refifter au froid par la chaleur,& au chaud par fon cotraire. Autremát, les faifons de l'annee nous caufet mille maus, par l'alteracion de l'air: lefquels on peut prenenir, par le droit vfage des chofes que Dieu nous? donne an tams opportun, & lors qu'elles couienet. Et ce an vain, ou plu-toft d'vne grand' pronidace de Nature, que les puis, fontaines,& caues font plus fraiches an ęté,plus chaudes an hyuer? Et qui n'ha telle cómodité de foy,ne la doir il pas contrefaire par artifice? Et ce an vain, que les fruis humides & frois font produis an æté,& lors qu'ils nous font neceffaires,an hyuer point: & que adonc le vin comance d'etre en fa force, venant bien à propos pour nous armer cotre le froid? La ramee faifant vmbrage nous defand du Soleil en æté. Elle ne feroit pas ainfi propre an hyuer: auffi ne l'auós nous pas naturellemát. Qui n'ha de l'ombre an æté,au moyé des boccages,tonnes & treilhes,fait-il mal de la cotrefaire d'vne frefcade? Certainémant cóme il et proffitable d'vfer an ęté de ce qui raffraichit,& an hyuer de tout ce qui echauffe, fuiuant la raison na- · turelle, & l'auis des plus fages(qui font les plus fauans) auffi et-il bien proffitable, d'amployer ce qui ha de-fait les qualites requifes. Mais que faut-il tant farreter, à impugner des erreurs fi groffieres, & des perfonnes qui n'ont propoficions certaines ou repondantes l'vne à l'autre ainfi qu'il appartiet à vne vraye doctrine Car an famblable fait, telles ians fe contredifer fort lourdemát: come des fruis qu'on mange pour fe raffraichir.Ya-il pfonne qui ne trouue mauuais qu'on mage des cerifes, prunes, figues,raifins, melős, & fablables,tádis qu'ils font chaus du Soleil? On les fait raffraichir, les vns das vne care, les autres dans l'eau froide. Et pourquoy ne boira-on auffi bien du raffraichi,pour fe defalterer? 11 y a bie des artifices qui peuuer etre fufpects, come de mettre das le vins ou de la glace, ou de la neige: item de traper les boutelhes dans l'eau qui ait du falpetre cõbié que le falpetre ne foit tel,qu'o n'an puiffe bié aualler fans dagier. Mais de traper les boutelhes an cau fimple, qui foit bõne à boire, quel mały ail, puis qu'on boit bien d'icelle mefme eau, & feule, & auec du vin? Ou quel dagier y peut-il auoir, q le vin & l'eau foint raffraichis an l'air du puis? Quelcu pourroit icy obietter la Coli que:& bic, ceus qui y font fuiets, ou q fe trouuet autremat offancez de boire froid,qu'ils abftienet non feulemất du refroidy, ains auffi de celuy qui et frais de foy mefme. Car c'et le deuoir,& vne grad' fageffe, de n'vfer de chofe q on ait qlquefois eprouué nuifante à fő naturel: mais d'y rager les autres,il n'y a point de raifo. Ou il faudroit, qle fourmage fut du tout codané, pource qu'il nuit aus graueleus: &q chacun abftine du vin,parce qu'il fait mal aus gouteus, Y ha il rien plus iniufte & tyrannique, que de vouloir affuiettir afes appetis ou fantimans,les autres qui font de differante complexion? A cela vienet les bonnes ians, qui reprouuet le boire frais, & confelhet à tous de boire autant chaud qu'on ha le fang. ONZIEME CHAPITRE. Contre ceus qui fe plaignet an æté,de la chaleur des nuis: cepandant ils coucher fur la plume, les fenetres fermees Ovs voyons plaindre ordinairemant les ians en æté, de l'extreme chaleur de la nuit, plus que du jour, an vn mesme lieu,comme dans la maison,& mefmemant ez chambres où Jon, couche. Lefquelles fi on confidere, sont comme des fours,ayans l'air etouffé, à faute de les cuanter fouuất, & tenir tout ouuert aus heures que le Soleil n'y donne point : & de les rafraichir fouuant d'eau bien froide, aucc vn peu de vinaigre,& force feulhes, à qui an ha la com modité.Car de laiffer les chambres durant l'æté, en melme etat qu'ez autres faifons, il ne fe faut pas ebayr fi on y brule. Que pis et, la plus part des ians couchet fur la plume, tout ainfi qu'an hyuei:& ne font differance des lis, finom 1 quant à la couuerture qu'ils prenent plus legiere an æté. Rien ne fert de m'alleguer, que tous n'ont le moyen d'auoir des matelats à part les coittres: car il vaudroit ancor mieus coucher deffus la palhe,ou deffus la pouffiere de blé, ou de l'auoine (chofe fort delicate) qu'on nomme autremant Balouffe. On y et vn peu plus dur que fur la plume,mais la fraicheur & l'aile qu'o an reffoit,recompance bien cela:mefimes que le fommel y et plus gracieus,fuaue &pailible,fans comparaifon. Et an toutes chofes,il n'y ha que l'accoutumance. Que la palhaffe foit bien plaine,& la palhe bien remuee,on y et affez mollemant: & au reste bien fraichemant,auec vn plaifir nõpareil du plaifant dormir qu'on y prand, Vn autre erreur non moindre et, de tenir les fer neftres fermees toute la nuit:mefmes quand on ha commodité de rideaus, ou de pauillon, qui deffandent du vant, fi parauanture il feleuoir tandis qu'on dort, Car quant au froid fimple, il ne le faut ainfi craindre: veu qu'il n'et iamais fi froid an æté,les fenetres etans ouuertes, qu'il et an hyuertout etant bien fermé, mesmes auecques des chaffis, dans vne chambre nattee & tapiffee, an laquelle tout le iour y ait eu bon feu. Qu'ainfi foit, il vous faudra ancore plus de couuerture etát au lit (fur peine de fantir froid) qu'il ne faut an æté, les fenetres etant ouuertes, Si on ne craind pas vn tel froid de la chambre an hyuer, pourquoy le craind-on an æté: lors melmes qu'il ne peut etre dit propremát froid, ains tiede & taperé? De craindre le ferain fous *n couuert, & lit ancourtiné,c'est abus: comme on peut aisemant comprandre du discours que i'an ay fait alheurs. Car il n'y ha aucune qualité an l'air exterieur du ferain, dont il le falhe ampecher d'antrer aus chambres. Il n'y a que la fraicheur ou qualité fraiche, bien requife au repos & dormir plaifammant. Et qui et celuy, qui ayant à choisir an æté de deus chambres, I'vne bien chaude, l'autre bien fraiche, etans fur vn mefme plancher, ne choifit pluftoft la fraiche?Donc fi on peut commodemant rafraichir celle qui et chaude, comme an tenant les fenetres ouuertes, depuis le Soleil couché, iufques an matin, quel maly aura-il? fuppofé, que l'air libre de la ruë ne foir pire (finon melheur) que celuy de la maison anclos & etouffè. Cous qui couchet aus chams, gardans le betal, ou les fruis, & les foldas an campagne à l'anfegne des etoilles & de la Lune, contre vne haye, ou fous vn arbre, ou an des petites loges & cabanes, pour fe garantir feulemant de la rofee & du vant,dormet fans com paraifon plus fainemant (outre le plaifir ineftimable) que ceus qui fanfermet dans les mai fons. I'experimante le famblable, auec toute ma famille, & les habitans de ma maison: y ayant mis la coutume, de laiffer ouuertes les fenetres de toutes les chambres,au gros de l'e tè, durant la nuit: & les tenir bien closes,auec des contrefenetres, tout le iour. Si on craind d'etre furpris la nuit de quelque fantimant de froid,qu'on ait au pié du lit vn' autre couuerture de secours. Et combien de fois auient-il de mefmes an hyuer, qu'on f'euelhe pour le froid que l'on fant extraordinairemant furuenu?à quoy on remedie de mefme forte, fans faire grand cas de cela. Mais on repliquera, qu'il et pire an æté, d'autant que les pores font plus ouuers de la chaleur du iour. Et bien, il y a remede, à fe couurir dauantage dez l'antree du lit. Car il et raifonnable, que lon fe couure plus ou moins, felon la fraicheur de la chambre. Ce pandant on ha cette recreacion & ce profit,que l'air qu'on infpire et frais, & non etouffant: ce qu'il faut principalemant rechercher. Car nous ne voulons pas, que le froid touche le refte du cors echauffé: ains feulemant le vifage, pour la bouche & le nez,par où nous refpirons. Auffi c'et le vray moyen de raf fraichir tout le cors,an raffraichiffant le cœur, le poumon, & le cerueau, le tout par dedans. Car le froid furprenant par dehors la fuperficie du cors, an conftipant les pores, redouble la chaleur, & donne plus grand malaife, alteracion,inquietude,laffitude, & autres facheus accidans,à caufe de laditte chaleur, conceue aus antrailhes & aus iointures. 80 DOVZIEME CHAPITRE, Que les boudins ne valent rien garde: & que de là et venue la coutume d'an faire des prefans. t E fang et eftimé mauuaife viande, de quelque animal que ce foit, & comme qu'on l'aprete: parce que tout incontinant qu'il et hors de fon lieu (ce font les veines & arterès, qui feules ont pouuoir de le contregarder an fon integrité il commace à fe corrompre & gater.Dont qui an veut vfer,il ne doit attandre longuemant: Cartouiours il deuient pire.La friadise ha mis beaucoup de vian des a l'vfage de l'home, qui font mauuaife nour riture. La chicheté & pauureré an ha introduit d'autres, qui font autat pernicieufes. Le fang de beuf et bien de celles qu'on vfe plus par grand' neceffité que par delicateffe,veu le peu de gout qu'il y ha. Celuy de mouton vaut bien mieux, comme fa chair et plus friande. Mais de vray,le melheur ne vaut rien à manger, & feroit bon qu'on les ietta à la mode de Frace,où le fang de tels animaus n'eft point reffu antre les alimans, ains reputé poifon ou excremant. Des brebis il et pire que des moutons, tout ainfi que leur chair. Quant à celuy des boucs, ie ne panfe pas qu'on en vfe,fino an medecine, pour diffoudre les pierres de la vefcie:à quoy il et eftimé pro pre etant bien prepare.Le fang des chieures ha eté de requete & prife de l'anciéneté(come temoigne Homere) eftimé friandise. On y me- Gal.liu.3 loit beaucoup de graiffe,& de cela on ramplif de la fac. foit les boyaus ou le vantre de tels animaus: des alim. d'où ie pafe que noz boudins ayet leur origi- ch.18. ne. Mais il ne fe faut pradre au gout, & moins au iugemant des jans de ce tams là, quine cognoiffoint pas an cores les viades plus fuaues, & de facile digeftion,comme dit Galen. Aujourdhuy on reffoit ledit fang,& melé de perfil, ou autres menues herbes, auec le gras du. lard, il et eftimé de bonne forte, plus que les deffufdis,auquels on n'atremele rien, Le fang des agneaus & des cheureaus et apprete comme le precedant: & et d'autất plus delicat que leur chair et friande: dont celuy du cheureau precede l'autre. Mefme appareil fert au fang des poulets, poulles, & chappos:lequel et prifé fur tous autres de nottre tams. An Italie on ne faigne point la poulalhe, ains on luy romt le cou, où il famaffe beaucoup de fang, & fait come yn boudin,qu'on eftime fort fauoureus. Et de vray ilan et bien melheur, que fi l'air y auoit touché:car la peau du cou le cóferue, & garde de corropre. Les anciens ont fait grand cas du fang des lieures, ou leuraus: mefmes au tams de Galen,tel fang etoit le plus recomande,& comme viande tref-delicate, qu'on fai foit cuire auec fon foye. Le fang des porceaus aujourd'huy ha les pl' grãs hōneurs, veu qu'il et departy & prefanté aus plus prochains amis,an forme de boudins. Le peuple ha obferué de longue-main telle coutume, ne fachant bonnemat pourquoy il le faut ainfi pratiquer. Ille prand comme fymbole de beneuolance & amitié: ou bien parce qu'o an ha beaucoup, on an veut faire part aus autres, attandắt mesme gratuité. Ce que fert d'an auoir long tams de frais, quand chacun à fon tour veut randre la parelhe. La premiere caufe et honnefte, car auffi pour faire prefant de boudins, qui foit plus honorable,on y ajoute vne pene de foye, & aus vns la ratelle, aus autres vn des filets,ou bien des hautes coutes: les moindres font, où il y a du rognon,ou du poumon. Tout cela et couuert de la coiffe ou crepine, laquelle on talhe an autant de pars, qu'on veut ordonner de prefans. Touttes ces pieces font l'anrichiffemant de noz boudins: lefquels principalemant finifiet (fi on le veut ainfi prandre) quelque affectio cordiale, & cherie, come le fang. Lequel denote auffi l'amour: parce qu'il fort du foye,où Platon luy ha doné fiege. Doques on veut moutrer vn fine d'amitié,quad on anuoye du fang: mefmes tel qu'on eftime & fain & delicat. L'autre raifon ha lieu antre ceus qui prifet l'atretien de fanté, & obferuet diligeammant la qualité des viandes. Car le fang quel qu'il foit, ne peut guieres durer fans etre cor rompu de l'air. Et pourtant on ha auifé de met tre celuy des pourceaus (qu'on eftime fi delicat) dans les boyaus, qui de leur epaiffeur le contregarder mieus. Don't les melheurs boudins,font ceus qu'on fait le fang erant ancores tiede. Depuis on le fait parboulir, tant affin qu'il fe garde mieus (comme la viande cuite) que pour le pouuoir departir commodemant. On met parmy le fang, pour le preferuer plus log tams, du fel,du thym,& ferpoulet.Aucuns y aioutet du fenoul, les autres vfet de mariolaine, perfil, hyfop, & autres herbes menuës, de bon odeur, excepté la fariete, parce que le peuple eftime fauffemant, qu'elle peut ampecher que le fang ne fepaiffiffe quad on le cuit, veu qu'on le donne aus malades, pour diffoudre le fang calhé. La graiffe n'y et pas hoblice an bonne quantité, finon des chiches fames, lefquelles on taxe honnetemant, an les nommant bonnes menageres, quad elles y ont bien epargné la graiffe. Mais fi les boudins ne font gras,ils font mal fains, d'autat qu'ils fejournet long tams à l'eftomach, & font tard digerés,à caufe de leur apreté & feichereffe. La graiffe les fait mieus gliffer: dont ils an font moins dangereus:comme les autres viandes mapuaifes, quad elles n'arrettet gueres au cors. Quoy qu'o y faffe, le melheur et d'a abftenir du tout, ou an vfer fort fobremant, & que les boudins n'ayet passé vn iour ou deus,pour le plus tard. Voila pourquoy l'inftitucion et bonne de les diftribuer. Car de les garder longuemant, ils deuiennet tant pernicieus, qu'on les peut bien nommer poison. Vne fame de Mompelier jadis an moutra l'example, comme l'on dit. C'et, qu'elle mourut fuffoquee pour auoir mangè des boudins gardès. Elle panfoit bien mena» ger, de n'an donner à perfonne, & ne manger autre viande tant qu'ils pourroint durer. A peine les eut elle acheué, qu'elle mourut, de meme qu'on meurt d'vne poison. TREIZIEME CHAPITRE. Contre ceus qui eraignet par trop la faignee, & ont opinion que la premiere fauue la vie. 'Autant que le fang et le trefor de nature, alimant des efpris, & le fujet de la chaleur naturelle (qui gouuerne le corsan toutes ies operacions) on fait bien de l'auoir cher,& le garder fogneufemant, comme etat neceffaire à l'antretien de noz forces, & conferuacion de fanté: dont il ne le faut laiffer perdre facilemant, an faifant peu de cote: mais auffi on doit obferuer deus chofes principalemant: P'yne, qu'il foit bien pur & net de toutes immondices : l'autre, qu'il n'abode rien trop,ancor qu'il foit bon an toutte perfeccion. Parce que fil et depraué, immonde,& laid,il nuit plus qu'il ne proffite. S'il et demefuré, il met les vaiffeaus an dager de creuer, & la chaleur de fetaindre. Parquoy il ne faut rien craindre quand il et fi copieus, d'an vuider vne partie, pour faire place au nouneau qui fangeandre inceffammant. Auffi quand il et echauffé & boulhant, à caufe de la fieure, fi on ne luy faic ouuerture pour expi rer (comme on donne vant au vin nouueau) il met la perfonne an grand dangier, & la tourmante etrangemåt. Quand il et corrompu des mauuais humeurs, & an grand' quantité,auant qu'il foit du tout gaté, ou an vuide quelque porcion, affin de nettoyer plus ayfemant le refte par medecines : lesquelles feparet & triet dé parmy le fang lefdits humeurs, & les chaf fet dehors: dequoy elles meritet le nom de purgatiues. Il ne faut donc decrier fim plemat la faignee, comme annemie de nature, & l'auoir an telle horreur que plufieurs l'ont (fuiuans Erafiftrate, qui appelloit fanguinai res, & eftimoit meurtriers, ceus qui la confelhoint) puifque vn grand nombre de maladies qui procedet des fudittes causes, ne peut etre aboly,fans recourir à ce remede.Quand la fieure et fort vehemante, le vifage inflammé, & les veines anflces, la faignee n'et elle pas requife? Sion et etranglé d'vne Squinance, ou fuffoqué d'vne inflammacion de poumon, ou pas d'vne vraye pleurefie, il n'y a rien qui fecoure plu-toft, & interrompe li promptemant le mal, que la prompte faignee: laquelle generallemant conuient à tous defordres fais d'abondance & furcharge de fang,quel qu'il foit, bon ou mauuais. Ie m'efbay de quelques vns, qui prandront plus volontiers vint medeci nes,que d'andurer vne faignee leur etant neceffaire, veu fa grande commodité, & non moindre facilité. Car on y peut obferuer iuftemant la mesure, qu'il nous plait de vuider: on l'arrete quand on veut, & elle peut etre reiteree pour n'affoiblir le malade à vne fois. La medecine n'et pas de mefmes. Car bien fouuant elle vuide plus qu'on ne voudroit, & il n'et pas à nottre puiffance, de la faire ceffer quand il nous plait. Ce font de grandes incommodités, outre le mal de cœur, l'angoiffe d'eftomach, & les grandes extorfions de vantre, qu'elle donne le plus fouuant. Or quand on et phlebotomé, fi on voit fortir du mauuais fang, it fe faut perfuader que le melheur demeure das le cors: & fe reiouit de telle vuidange. Si le vuidé et beau, croyés que le demeurant et ancore plus louable, & que cela y etoit de fuperflu. Quelqu'vn pourroit iuger, que ce moyen de curacion et contre le deuoir de Nature, laquelle ha foin de conferuer le fang comme vn fien trefor. Auquel nous repondrons, que c'et elle mefme qui nous ha anfegne, qu'il faut an plufieurs maus vfer de ce remede. Car le flus de fang menftrual ausfemelles, nous moutre euidammant, que l'abōdace peut etre dõmageable, fi elle n'et tantoft euacuee. Et pourtant Nature mesme luy ordonne paffage, nompas vne fois l'an, mais tous les mois. Et fi pour quelque ampechemất ce fang et retenu, la famefan trouve mal. C'et vne reuerie de panfer qu'il doit etre vuidé, comme etant du tout inutile, mauuais, & venimeus, veu qu'vn anfant an et fort bien nourry dedans le vantre de fa mere. Autremant, pourquoy feroit-il fupprimé durant la groiffe,pouuant bien etre mis dehors fans toucher à l'anfant? C'et par les veines du cou de l'amarry, par où fe purget celles qui ont ancore plus de fang, que leur fruit n'an peut cofumer. Pline raconte,que les herbes touchees de tel fang meuret, & le fruit choit des arbres fur lefquels monte la fame menftrueufe: que Liu.. l'yuoire an perd fa lueur, & le fer fon tran- ch.15. chant : que les chiens pour an auoir gouté deuiennet anragés, & fils mordet quelqu'vn apres, il n'an guerira iamais. Les autres difet, que le fang des ladres n'et pas pire que cetuy là, le ne croy rien de tout cela: car il faudroit que les femelles euffet de plus etranges maus, qu'elles n'anduret par la fuppreffion de leurs menftrues: outre ce que l'anfant an feroit mal nourry. Il et donques plus fuperflu de quatité que de mauuaife qualité,fi ce n'et d'etre cru & phlegmatique. Celuy qui fort par les hæmorrhoides et fouuant plus mauuais, que le fang menftrual: car c'et de la melancholie, le pire des humeurs, & qui verfé à terre la fait boulic come le fort vinaigre. Mais il et raremant fyncere & pur. Car tout le plus gros fang aborde aus veines hemorrhoidales, pour etre mis dehors,quad Nature l'ha ainfi ordonné, au grad proffit de tout le cors. Voila deus fortes de vuidange de fang, faites par Nature, qui moutret bien euidammat ce que nous deuons faire, quand nous cognoiffons le befoin, & que Nature n'y peut pas auenir.Et fi on dit, que cz cas propofés le fang et vuidé à raifon de fon vice tant feulemant, on accorde par là, que la faignee et proffitable, quand le fang et anfamblemant vicieus & an grand abondance. Car fil n'et que vicieus, il et retenu au cors pour la prouifion de fa nourriture, & n'et point reierté. Mais que dirés vous, de ce que bien fouuant le fang n'etant pas corrompu, Nature an met dehors vne porcion, pour foulager les veines qu'il anfle outre mefure, & alleger le cors d'vne grieue pefanteur? C'et le proffit que plufieurs fantet de faigner par le nez. Dot fi nous voulons ampecher & defaccotumer Nature de ce paffage là, il luy faut donner autre yffue par certains laps de tams, ainfi que nous le voyons abonder. Car autremant d'a toir clos le paffage, fanfuiuroint plufieurs maus: comme des veines qui fe creueroint das l'estomach, au poumon, ou alheurs: dequoy procedet le cracher & vomir de fang à quelques vns. Quoy? plufieurs maladies,autremất dangereufes, gueriffet par grande effufion de fang au iour critique, & le mal de tæte fouuất fe perd, apres qu'on ha faigné du nez. Tous ces examples moutret bien, que fuiuant l'œuure de Nature, les medecins (qui ne font que fes miniftres) doiuet quelque fois amoindrir la quatité du fang,qui menace diuers maus,ou les caufe de fait. Serõs nous moins dociles que les bætes deraifonnables, lefquelles aprifes de nature cognoiffet l'vtilité de la faignee? Pline ecrit,que l'Hippopotame fe fantat fort replet, Lin. 8% cherche des cannes talhees fraichemant, & ch.26. trouuant vne bonne pointe, il la preffe contre fa cuiffe, pour ouurir la veine: par ce moyen allegeant fon cors, qui fans cela deuiendroit toft malade.La chieure auffi ayat la veue trouble,fe bleffe an l'œil d'vn ionc pointu, voulất decharger cette partie d'vne porcion de fang: ainfi que le mefme auteur recite. Il y a beaucoup de perfonnes, qui ne reprenet la faignce, finon pour autat qu'ils ont veu mourir des jás, apres qu'on les auoit faignés. Mais leur argumåt famblera fort legier (ou plu toft ridicule) fi nous fommes perfuadés (come il et vray)que toutes maladies ne font pas gueriffables, pour K Liu.8. ch.50. le regard du fujet.Et que celles qui font necef fairemant mortelles, meprifet tous remedes: dont la faignee, bien qu'elle foit fagemant ordonnee, ny peut de rien feruir, comme l'effet temogne. Mais qui veut neantmoins attribuer F'occafion de mort à la phlebotomie, pource que la mort l'ha fuiuy, on luy pourra dire par sáblable raifon,que les jans meuret pour auoir diné,souppé, ou dormy, d'autant qu'ils meuret quelque tams apres. Si on voyoit mourir vn homme ce pandant qu'on le faigne, il y auroit grand' apparance que tel remede n'y conuenoit pas,ou qu'on l'ha mal aminiftré. Toutes fois il faut toujours pradre an la melheure partie,ce que nous et incertain,& n'accufer legieremant de faute le medecin qui ha ordonné la faignee, bien que le mal n'ayt prins fin à l'auatage du patiant: & panfer, que la malice & grandeur de la maladie, & nompas le remede anichilant fes forces, l'ha precipité à la mort. l'accorde bien, que plufieurs fois on faigne mal à propos, & que les medecins ignares y comettet de lourdes fautes: toutesfois le vulgaire n'an peut, ne doit iuger. Ou il fera fouuant grand tort aus plus fauans: car de tous indifferammat,il an dira autant. I'an ay oy d'autres qui difet, ne fe vouloir accoutumer à cette fallon de remede,le referuat à quelque grad & extreme befoin, come pour l'imminất dan~ ger de mort. Car ils ont ferme opinion, que la premiere faignee fauue la vie infailliblemat.Ik et bievray(&il faut ainfi parler)qu'ỡ nè meurt iamais de la premiere; car fi on mouroit cette fois là,on ne ferait plus faigné:& par cofequất telle faignee ne feroit propremat ditte premie re,ains vnique: d'autat q premier et relatif au fegód, & aus autres anfuiuas. Mais q la premie re fauue la vie, comme ayat plus de propriété, c'et vn erreur deja fort découuert par longue experiace, qui anfegne le côtraire. Car on an voit tous les iours mourir de diuers accidans, aufquels la premiere faignee n'ha pu reme dier: & mille perfonnes gueriffet de fort etra ges maladies par la phlebotomie, qui ont fouuant vfé de ce remède. Cette opinion et par trop dangereufe & prejudiciable, d'autat que les maus font petis à leur commancemant: & pour lors peu de malades fe defiet de la guerifon. Or ceus qui fuiuet telle fantafie, refufet la faignee aus premiers iours,la voulans re feruer à plus grand' maladie, & à l'extreme neceffité. Ce pandant l'occafion (que Hippocras à bon droit appelle foudaine & prompte) Aph. 1. nous echappe: & puis quand le paciant, fan, lin.1. tant l'extrémité,commance de fy accorder, il n'et plus à propos. Touchat à l'accoutumance, tant fan faut qu'elle puiffe porter dommage, que plu-toft elle nous y fert de beaucoup.Car celuy qui et coutumier à fe faire tirer du sag, pourueu que la force n'an foit euidammant diminuce) il l'andurera plus gayemant qu'vn autre: tout ainfi que les maus ordinaires & ja accoutumés,font moins facheus: fuiuant l'A liu.2. Ap.49. phorisme d'Hippocras, que ceus qui ont accoutumé des trauaus, cóbien qu'ils foint foibles & vieus,ils les portet mieus que les robuftes & ieunes. Donques il ne faut pas tant prifer la premiere faignee, & la faignee an general ne doit etre ainfi fufpecte au peuple, quád vn fauant & fage medecin l'ordonne, puis que ce remede nous et anfegné de Nature, & et fort ayfé, feur,& proffitable à plufieurs fortes de maus. " QVATORZIEME CHAP. Qu'on peut faigner les fames groffes, les enfans, les viens. E peuple ha fu quelque fois des medecins, qu'il et dange reus de faigner les fames anceintes,les anfans, & les vieus. Maintenant fi le medecin le veut faire, on estime que ce foit vn acte pouueau, temerairc,& hazardeus: & fil auient que le malade meure, ce remede fera non feulemant reprouué, ains reproché bien aigremant: nonobftant que le mal, & nompas le remede,ait fait mourir le malade.Si on fan trouue bie, c'et( à leur dire)plus de cas fortuit, que de bonne conduitte. Dequoyil ne fe faut ebayr,puifque noz peres ont eu cette mefme opinion, & l'ont perfuade au peuple. le dis, noz peres, les medecins qui ont eté depuis deus ou trois fans ans. Ils antandoint,que Hippocras & les autres anciens, auoint anfegné,que c'ettoit vne grand' faute: & combien que fouuant la faignee leur famb la neceffaire, ils ne l'ofoint pas ordonner. Mais fils euffet bien leu les liures de ceus qui ont de plus pres fuiuy les premiers Medecins, & font prefque au milieu d'Hippocras & de nous (quant au tams de leur vie) Grecs & Latins, jans rares an fauoir,& cófommés an methodique experiance, ils euffet mieus antandu l'auis de noz bons auteurs, qui fouloint an peu de parolles creue mat ecrire leurs reigles. Car pour finifier,que la force du paciat et fur tout requife au fait de la faignee, ils ont dit, que les vielhars & les anfans an doiuet etre exans; & ont ancor de plus pres limite l'age qui la peut andurer, de qua torze iufques à foiffante ans : pource que ceus qui demeuret deffous ce terme, ou qui lefur paffet, communemất n'ont pas les condicions que y font requifes. L'ordonnace et an general; de laquelle on peut difpanfer & difpofer particulieremant, fans contreuenir à l'intancion de fes auteurs, comme fi on rancontre(ce qui auient bien fouuant) vn anfant de bonne charnure, ferme & epaiffe,etant fort & vigoureus, ou vn vielhard robufte, lefquels ayet grand befoin de faignee, à caufe de leur mal. Galen nous a fait antandre,qu'il ne fe faut tant arreter au nombre des annees, qu'à la vertu:laquelle on peut comprandre du pous egal, vehemant, & grand, comme d'vn figne trefueritable,& qui ne faut iamais de temogner affuremant la force.Et pourtat aus feptuagenaires Liw. de la qui ont famblables pous,il permet la faignee,fi le mal la requiert: pource (dit-il) qu'il y an ha d'aucuns fort fanguins & robuftes an l'age de feptante ans, comme il y an ha d'autres à foiffante qui ne la pourroint fupporter. Quant aus anfans,il n'ha jamais permis qu'on les phlebotoma:nompas craignant de leur foiblefse (car ils ont plns de force vitale & naturelle, qu'ils n'auront à vint ou à trante ans) ains pour l'aifee diffipacion de leur fuftance, etans de ma-tiere ancor tandre, molle, rare, & fort refoluble. Toutesfois on ha eprouué, que fouuant la faignee leur et proffitable, voire aus moindres de lis ans, comme plufieurs temognet, & nous lauons quelquesfois heureufemant eprouué. Auenzoar ecrit, auoir fait faigner fon fis qui n'auoit pas trois ans, dont il fe trouua bien. Et pourquoy an feroint ils du tout forclos, fi mef mes etant à la mamelle, quelquesfois ils faignet fort du nez,fans qu'il leur an prenne mal? Si Nature de fon mouuemat fe decharge quel cur.par phlebo. que fois du fang aus anfans, le medecin qui n'et que fon miniftre & imitateur, ne l'ofera il antreprandre ? Vn ieune anfant saignera plus d'vn coup de poin au nez, que nous n'an tirerons du bras à vne fois : car il faut auoir egard fur tout à la quantité, & auifer de ne leur an oter beaucoup.Dõt à bon droit on pourra excufer nottre Galen, qui ne leur permet la faignee: pource que de fon tams ils la faifoint fort grande: car pour vn iour on eut tiré quatre liures de fang, & il dit an auoir veu fortir iufques à fis liures, au proffit du malade. Auiourd'huy c'et beaucoup d'an auoir trois ou quatre paletes (qui font dis ou douze onces) d'vn ieune homme qui foit robufte: & des anfans,an proporció. Ancor antandõs nous,que tels anfans foint habitués de la charnure deffus mancionnee:outre ce que leur mal an doit faire inftance. Touchant aus fames grouffes, Hippocras a ecrit, que la faignee les met an Aph. 31. dagier, nõpas de leur perfonne, ains d'auortif- lius. femát,mefmes fi l'afant et grådet, pource qu'il et fruftré de fa nourriture. Ainfi dit il etre im- Aph.61. poffible,que le fruit foit bien fain, quãd la me- liu.s. re ha fes fleurs an bone quatite, durat la groiffe.Mais quad on voit q la repleció outree, caufee de gráa' oifiueté,auec abodance de viures, & boté de nature, menaffe d'etouffer l'anfant, ou le cótraindre à deplacer (come il auient à quelquesynes, qu'à faute d'etre faignees,paffés De faig.an tout age,& fa.gr. les trois ou quatre premiers mois,faffoulet de leur vantree) pourquoy n'otera l'on du fang qui et trop abondant & dommageable? Sila mefme abondance, ou bien moindre, par vne ficure ardăte et echauffee outre mefure,& comance à boulir,faisant prefque rompre les veines,n'oferons nous (pour refpet de la groiffe) vuider vn peu de fang, & euater la veine,quad Aph. 30. la fame groffe brule de fieure? Hippocras dit, ties.5. qu'vn mal aigu, tel que i'ay propofé, et mor tel an la fame anceinte. La raifon et qu'il y couient faire grad' abftinace, laquelle tuera l'anfant: ou fi on luy permet grand' nourriture,la fieure l'augmantera, pour les faire tous deus mourir. La faignee ne fait pas plus de mal, que la grand' abftinance: & ne peut causer que l'auortiffemat,come deffus et dit. Or il et moins mal d'an perdre vn que deus: mais le plus fouuǎt tout et preferué,Dieu mercy.Et commant pourroit etre fain l'anfant dans le brafier de fa mere?Quel alimat luy donera le sãg qui boul? Il faut par tous moyés etaindre ce grand feu, Aph. 1. pour foulager la mere & l'afát. Hippocras no? lia.4.0 permet de purger vne fame grouffe, depuis le Aph. 29. quart mois iufqu'au fettieme:à quoy tous noz lus. 5. docteurs cofantet. Si dóc la fame anceíte peut fans aucun domage,andurer la purgacion, laquelle agite, trouble, & ebrale le cors fans coparaifon plus que la phlebotomie) mefmemất les fortes medecines, defquelles vfoit Hippo.) pourquoy n'oferons-nous vier de la faignee, quand il an fera de befoin: mefmes confideré, que c'eft vn des remedes le plus feur & aifé? Car on fort tant de fang qu'on veut, & nomplus: comm'etant en nottre puiffance de l'arreter à chaque goutte, ce que ne pouuons pas des medecines, quand elles vuidet plus que nous ne voulons. Mais que repondrez-vous à ce,que plufieurs fames continuet d'auoir leurs fleurs, durat toute la groiffe,fans qu'elles ou leur fruit an valhe moins Outre ce nous voyons fouuant qu'vne fame grouffe, faignera beaucoup du nez, ou d'vne playe, fans auorter ou rapporter aucun mal. Ce font experiances qui auiennet iournellemant,defquelles on pourroit meshuy conclurre, que la faignee n'et pas fi domma geable aus fames grouffes, qu'on ha par cy de uant cuidé. Toutesfois afin qu'on ne panfe, que cette opinion foit nouuelle, & des ians d'au iourd'huy,Celfe (qui fut du tams d'Augufte, il y a plus de mille & cinq cens ans) ha fort bien remoutré, qu'il ne faut rien plus cõfiderer, que la vertu de ceus qu'on doit faigner, disant: De Liu, 2.6. tirer du fang aus fames qui ne font pas ancein- 10. tes, & aus ieunes perfonnes, cela et viens: d'e" prouuer le mefme aus anfans, aus vielhars & « aus fames grouffes,il et nouueau, Car les ancies" ont eftimé, que le premier & dernier age ne." pouuoit andurer tel remede:& fetoint perfuadez, que la fame auorteroit d'eftre ainfi traitce " KRSNA BUAH BANG Bayerische Staatsbibliothek München T " ›› » durant fa groiffe. Depuis l'vfage ha demoutré, que ces reigles ne font generalles & fans excepcion, ains qu'il y faut aiouter quelques melheu », res obferuacions, auquelles foit adreffé le iuge>>mant du gueriffeur. Car il ne fe faut pas arreter à l'age, n'à ce qu'on porte, mais aus forces tant >> feulemat. Donques fi la perfonne ieune fe trou» ue foible,ou la fame qui n'et pas grouffe a peu » de force,on fait mal de leur tirer du fang: parce » que la vertu qui refte, an languit & se meurt. ,, Mais vn anfant bien ferme, vn vielhard fort ro❤ » bufte,&la galharde fame anceinte,an peuuet feu », remant guerir. Toutesfois an ce cas, l'ignorant » Medecin peut aisemant faillir, d'autant qu'il y » ha volontiers moins de force an ces ages là: & que la fame grouffe a befoin de fa force, apres la guerifon, non feulemant pour foy, ains aufli » pour l'anfant. Parquoy le principal de l'artifice, » requerant difcours & prudance, git an cela, de », ne conter point les annees, & dene regarder à » la feule concepcion,ains eftimer la force, & d'i» celle comprandre fil an pourra fouurer pour » foutenir l'anfant, le vieus, ou anfamble deus cors an vne fame.Par ces doctes propos on peut antandre facilemant, an quel erreur ont verfé noz peres depuis anuiron trois cens ans, iufques à notre tams, que les feiances ont reprins leur ancienne dignité, par l'ouuerrure des bons liures, que l'ignorance auoit tenus cachez. Et pouuons dire comme Celfe, que nos ancestres "" >> در put fruftré de la faignee les fames groffes, Ies anfans, & les vieus, fans aucune diftinction: depuis l'experiance guidee de raison, ha fait cognoirre aus plus fuffifans de cet age, qu'on les peut bien faigner, quand le mal le requiert, & op le peut fupporter. Donc, que le populaire, qui a cté mal inftruit, ceffe mefhuy de fauffemant calomnier les bons & fages Medecins, qui auec grand refpair & meure deliberacion, amployet ce remede, quand il an eft befoin. C G QVIN ZIEME CHAPITRE, Contre ceus qui temerairemant & trop fore. uant vfet de la faignee. EQVE ie viens de remoutter au precedant chapitre, pourroit antretenir l'erreur de ceus qui trop volontiers vfet de la faignee, fans aucune difcrecion.an voy plufieurs, qui pour peu de mal qu'ils fe fan tent, foudain veulet etre faignez: & il y a des barbiers outrecuidez, qui fans auis de Medecin, vfurpet ce remede à tout propos. Il et fort fingulier, quand on le fait accommoder: mais le feul Medecin (comprenant fous ce nom, le docte Chirurgien) an doit auoir la char ge. Car il faut eftimer la force du maladé, & la gradeur du mal,prefant ou auenir; qui font les deus condicions concluates à la faignee.Or c'et vn grand dommage,de faigner indiferettemant & fans befoin: parce qu'à la neceffité on n'y peut recourir, le cors etant plus epuifé qu'il ne deuroit, & affoibli par le gast des efpris: lef quels fe perdet & verfet an quantité notable, quand on vuide beaucoup de fang. Dont il a uient,que le cors etant refroidy,les operacions Au liu, naturelles font mal executees. Parquoy Galen difoit bien, qu'il n'et expediant de faigner plurif. fieurs fois l'annee,Celfe parlat an general,don 4 de la fea Liv, I.C.I. 'ne ce confeil, qu'on doit eftre auifé,de ne confumer an santé les remedes qui apartienet aus maladies. Ainfi an tams de pais il ne faut gater les prouifions & municions de guerre, de peur d'an auoir faute au befoin. Le fang et treför de Nature, lequel on ne doit ietter hors, que pour fauuer le demeurant: comme quand le mal et fi grad & impetueus, qu'il peut tout faire perdre. Ainfi les marchans en l'extreme fureur de la tépefte,& des orages fumergeans,ne font pas dif ficulté de perdre leurs richeffes, pour alleger la nef, & fauuer leurs perfonnes. Il n'eft pas permis de faigner, que la grandeur du mal prefant ou auenir (comme nous auons dit) ne le fuade: & que la force y cofante, etant fuffifante à foutenir le cors apres la phlebotomie. Si l'vn des deus y máque, c'et mal fait de faigner: veu mes memant que la feule repleccion & abondance de fang (finon qu'elle menaffat de quelque fa cheus accidant)ne fuffit à perfuader ceremede. Car à vn cors autremant sain, l'abstinance, le flus de vantre, le bain fouuant reiteré, la gran- de friction, ou le feul exercice, y peut affez re- medier, come Galen a bien deduit. De faigner ne perfonne,pour la feule chaleur exceffiue du foye, ce n'et pas touiours à propos: veu qu'il y ha prou de maus caufez de chaleur,efquels I'v fage des chofes froides conuient trop micus, que la phlebotomie. Outre les deus fufdittes condicions(qui seules indiquet la faignec)il y a plufieurs egars particuliers, qui nous feruet de circonftances,&font comprins fous la force de celuy qu'on veut faigner: lefquels il faut dili- geammant obferuer, & ne tirer du fang indif- crettemant à toutes perfonnes, an toutes re- gions, & an toute faifon: ce que le peuple n'an- tand pas. Lesians maigres à groffes veines, ont beaucoup plus de fang que les gras,qui par co- fequant ne fupportet fi aisemant la faignee. Ez pays frois les ians font grans mangeurs & beu- ucurs(mefmemant de chair & de vin)abondans an nourriture:dont il auient, qu'ils angeandret beaucoup de fang, & peuuct fupporter la fai- gnee,plus que ceus des regions contraires. Car la chaleur diffout l'vnion de noz forces, & a-. languit le cors: outre ce qu'elle diffipe notre fubftáce,& ne permet faire prouifion de beau- coup d'humeur. Voila pourquoy les ians font Meth.liu. 2.ch4.6. fort petis & grailes ez regions plus chaudes, & ne peuuet (fans prejudice de leur fanté) andurer la faignee,ny beaucoup, ny fouuant. Touchant à la faifon,fi c'et pour preuenir les maus. Aph.ss. Hippocras nous anfegne, qu'on doit faigner au Liu.7. primtams:parcé qu'adonc le fang abonde, & la force eft plus grande, à caufe de l'air tamperé. Mais fi an autre tams on a besoin de faignee, il n'an faut faire difficulté: pourueu qu'on ait ce refpait,d'y eftre plus chiche,& fur tout an æté. Anquoy fe falhet lourdemant les Ampiriques, qui fans difcretion faignent prodigalemant ez fieures ardates, qui regnet fous la Canicule. Ie diray ancor cela pour conclufion, qu'il ne faut moins de iugemant & fuffifauce à bien ordonner la faignee, que la purgacion:veu mesmemat que la purgacion affoiblit moins le cors, quád la vertu de la medecine, & la force du patiant, font bien cognues, & les humeurs bien preparez. Car les fautes qui an peuuet auenir,ne font de telle importance, que celles de la faignee. Auffi faut-il qu'elle foit diligeammant obferuce, & prudammant difpancee, comme plus grand remede que la purgacion. Car Galen an priue les anfans, auquels toutesfois il permet les medecines. Donques il n'an faut vfer fi familieremant, comme i'an voy plufieurs, qui fe font faigner comme par gayeté de cœur: & le Magiftrat deuroit interdire aus barbiers, d'executer cela fans l'ordonnance des Medecins. 103 SEIZIEME CHAPITRE. Que la purgacion peut conuenir à toute faifons voire durant les iours Caniculaires. E peuple ayant ouy fouuant mancionner au Medecins, les iours caniculiers, pour fufpets, facheus & ineptes à la purgacion, fuiuant l'opinion des ancians,cuide parfaitemat que c'et mal antrepris, de donner aucune medecine durant telle faifon, nonobftant qu'elle foit autremant neceffaire.Noz preceffeurs ont mal fait, de leur alleguer telles raifons, qui meritent grande diftintion. Car les idiots,ayans retenu la reigle ainfi pure & fimple, comme leurjha efté prononcee, fans la fauoir limiter, auiourd'huy veulet debatre contre les Medecins, de ne purger durat la Canicule, au moins ils trouuet fort etrange, & an murmuret,fi quelqu'vn l'antreprád.Pour les oter de cet erreur, nous ferons contrains de leur interpreter l'aphorifme d'Hippocras, où et le fondemant de ce propos. Il dit, que l'vfage des medicamans laxatifs et molefte & difficil, deffous & anuiron le Canicule: fignifiant, qu'il y a des autres tams plus conuenables, & que cetuy-cy et le pire. Qui fainemant antandra ces paroles,il ne conclura pas tout soudain, que le purger foit condamné & banny de telle Aph.s. liu.4. faifon, tellemất qu'on ne le puiffe quelque fois introduire, quand il et de befoin: ains qu'il apporte plus d'incomoditez, & fache dauantage, que deuant ou apres la Canicule: & c'et à caufe de l'air inflammé. Car durant la Canicule,nottre cors brule, & fond tout de chaleur.Les me→ decines purgatiues ont certaine forteur (mefmemant celles des anciens, violantes extrememant)qu'il n'et poffible d'andurer fans defplai fir & grand' peine, outre le dangier qu'il y a de allumer vn plus apre feu. Dont il auient, que pour etre iugez inconfideremant duran t telle faifon, plufieurs tombet an ficure, comme dit Galen. Outre ce,nottre force deja foible &abAu com. batue par la chaleur de l'air, deuiet ancor plus du fufdit lache par les medicamans. De forte que nous aph.. pouuons dire, tel tams etre peu conuenable à purger notre cors: & qu'il ne le faut antreprandre,fans que le mal nous y contraigne. Car qui auroit à prandre medecine vne fois l'an (come doiuet faire ceus, qui ordinairemant apres vn grand amas d'humeur pernicieus, tombet an quelque maladie) il feroit mal de choisir ou attandre les iours Caniculaires.Le prim-tams y et plus propre,ou bien l'automne,felon que ces maus coutumiers font familiers au tams d'hyuer,ou à l'æté. Quant c'et pour la precaucion (c'et à dire,pour preuenir aus maladies) & nompas pour guerir le mal prefant, nous vuidons Ja matiere long tams au parauant, & elifons le mois, le iour, & l'heure qui mieus faccorder à nottre intancion: c'et que le ciel fe trouue clair & ferain, l'air temperé, & le tams frais. Mais quand on et de fait malade, & la purgación y et requife, il ne faut rien differer, ne regarder à autre chose, qu'à la force du paciant & à la forte des medecines. La vertu et plus, forte sus premiers jours du mal : l'occafion qui fe prefante à noz remedes, et fort foudaine,& il la faut prandre par le front (comme on dit an commun prouerbe) où elle ha des cheucus. Ceus qui attandent l'andemain an toutes deliberacions, vienet fouuant mal à propos, augmantet par accidaut le defordre, & caulet vne grand' ruine. Donques fi la neceflité requiert & defire inftammant vne purgacion, nous ne deuons auoir egard au tams, finon pour y approprier la medecine.Car fi c'et an tams d'ete,il la faut plus benine, & fur tout quand l'air brule deffous la Canicule. L'hyuer fupporte micus les fortes, le tams moyen demande les moyennes. Auec cette limitacion, nous faifons auenir noz drogues à toutes les faifons de l'an, au profit des malades. Parquoy il ne faut plus abufer de la fantance d'Hippocras, laquelle fera touiours veritable: c'et, que durant les iours Caniculiers, nos cors supportet moins facilemant d'etre purgez,qu'an autre tams: & pource les medicaman's doiuent etre fort benins, quad l'efpece du mal en requiert l'vfage. Et quoy? 上 fi l'ay befoin de vuider la cholere, qui fait la fieure tierce, ou l'ardante fort dangereufe, voyant que nous fommes deffous la Canicule, faudra-il quei'attade melheure faifon?Sion ne purge l'humeur, la maladie fera rage de tourmanter le cors, elle abbatra de forte les forces de nature(affez affoiblie de la saison) qu'elle ne pourra rien vuider de la matiere, qui an fin l'accablera. Lairrons-nous mourir malade, à faute d'vn peu d'ayde, alleguans l'incommodité des iours Caniculiers? Ancores fi c'etoit vn mal qu'on peut trainer hors de ce tams là, il y auroit quelque couleur d'impetrer vn delay.Mais quand il faut,ou guerir, ou mourir dedans ce terme, fi on void que la purgacion foit à propos, il n'an faut faire difficulté ? & fi le malade meurt, c'et du mal violant, & nompas du remede. Qui ordonneroit la medecine autant forte, qu'aus faifons les plus propres à fupporter les laxarifs, lefquels arrachent de tous coutez & defracinet la matiere qu'ils ont choifie,il fe trouueroit fruftré de fon intancion, & le dommage qu'il cauferoit, pafferoit de bien loin la commodité pretandue. Car Hippocras tient pour fufpectes les medecines, durant la Canicule, à raifon de leur vehemance, n'ayant cu le bon homme an vfage, que celles dont nous faifons auiourd'huy doute d'vfer,mefmes an hyuer, & an perfonnes fort robuftes. Qui voudroit interpreter fon aphorifme, des mede cines qu'il vfoit nous pourrions bien tenir ancores cette conclufion, qu'il ne faut du tout rien purger deffous la Canicule. Car noz cors fot deuenus de peu à peu fi delicats & foibles, que nous ne fommes que d'anfans, aupres des hommes du tams paffe. Qui de nous pourroit andurer la faignee iufqu'à fis liures, pour vne fois, comme ha veu Galen an ceus de fon age: qui toutesfois n'etoint plus tant robuftes, que du tams d'Hippocras? Leurs medecines an proporcion etoint fi violantes, qu'ils nous font prefque horreur d'an ouyr parler, tant fan faut que nous les accommodions aus iours Caniculiers. Ancor ne les defandet-ils pas totallemat car ils difet feulemant, que la purgacion et pour lors mal aifee. S'ils euffent eu l'vfage de notre caffe, du fené, rhabarbe,manne, fyrop rofat, & autres legieres medecines, qui ne font point de violance, ils n'euffet pas trouué mauuais, de purger durant les grans chaleurs, quad les maus nous an folicitet & importunet.Il faut donc ainfi dire, concluant à la verité, que pour double raison la fantance donnee par Hippocras, ne fait point contre cens qui purgent aujourd'huy regnant la Canicule: veu qu'il ne defand pas abfolumant la medecine laxatiue, ains remoutre feulemant, qu'il an faut fobremat vfer: & que nous abftenons des fiennes, confeffans que cè feroit mal fait de les exhiber à noz malades,ez iours Caniculiers. Ĺ y l'aiouteray icy pour le plaifir des fames, qui contrerollent plus cela,que les hommes (antreprenant de remoutrer aus Medecins, qu'ils ne doiuet purger durant la Canicule)vn cõfeil trefprofitable à la fanté de leurs maris. C'et, que la copulacion charnelle, n'et meins fufpecte durant la chaleur de l'até, que la purgacion. Que plus et, le jeu d'amours doit etre fufpandu antieremant, où la medecine ha fouuant lieu. Car on purge pour recouurer fanté, & dame Venus la ruine.Ċelle dit,qu'an æté [ fil et poffible] il an faut du tout abftenir, & le commun prouerbe anfuit telle opinion, difant qu'an æté on doit moulher le bec,& auoir le mambre fec.Les autres difet, tous les mois qui n'ont point de R, laiffe la fame & prans le verre. Mais ie ne fuis pas tant rigoureus: ie n'ordonne que certains iours fufpets à la befogne. Ce font lefdits Cani culiers, qui confumer affez le cors, le lassent & eneruer prou, fans qu'on traualhe dauantage à . l'appetit des fames. Ils commancet anuirón le vintieme de Iulhet,& duret quarate iours. C'er le carefme ou quaranteine des mariez, qui doiuct lors abftenir totallemant de l'œuure de la chair.Et voila ce que les fames ont principallemant à foigner[faifant refus de leurs perfonnes, fi elles fan peuuet deffandre] &nompas contredire aus Medecins touchant la purgacion,ou autres remedes qu'ils fauet bien accommoder à la faifon,pour peu qu'ils ayent de iugemant. DIS ET SETTIEME CHAP. Commant il fe faut gouuerner le iour qu'on prand medecine. Si on peut dormir apres: De l'heure du bouIhon lauatif: Des repas qui conuienet à ce jour-là: pourquoy on ne doit fortir de la chambre. L me famble que ce fera bié fait d'inftruire le vulgaire, comment il fe doit gouuerner le iour qu'il prand medecine,fur tout an etat neutre,quand il n'et pas malade au lit, & an plein pouuoir du Medecin : lequel an ce cas le doit conduire de pas an pas, comme il cognoit ctre de befoin, felon la nature du mal, & la condicion du malade. Car ie ne veus mettre ma faucilhe an la moiffon d'autruy. Ie n'antans parler qu'à ceus qui n'ont aupres d'eus que leurs feruaus ordinaires, & qui ne fauent commantil se faut traiter ou gouuerner, quand il leur conuient prandre,ou qu'ils ont pris medecine. Or tels foint auertis, qu'il faut auoir legieremant fouppé le foir auparauant,'afin que fur le matin, apres auoir bien dormy, l'eftomach se trouue vuide. Autremant, la vertu de la medecine, detrampee de la viande ancores indigefte,fe romt & affoiblit. Ainfi l'on dit vulgairemant, que le iour de la medecine eft vne grand' fefte: parco qu'il faut ieuner la velhe. Pour la prandre plus aifemant,& fans guieres aperceuoir fa mauuaife faueur, il eft bon de macher au parauant vn peu d'ecorce de citron, ou d'orange, ou vn peu de girofle:dequoy la bouche etant preoccupee &cchauffee,n'aperfoit tant le gout du medicamant. Et pour ne fantir l'horrible odeur, il faut bien couurir le verre ou le gobelet, d'vn linge trampé an bon vinaigre rolat: lequel fera melheur erant mufqué,fi on ha le dequoy, & que ce ne foit vne fame fuiette à la matrice. Pour ampefcher le vomiffemant, il n'y a rien de metheur, q foudain apres auoir bien rincé la bouche de vin trampé, ou autre liqueur agreable, humer vne gorgee dudit vin,ou de l'orge mondé, ou de la ptifane, du bouchet, ou quelque boulhon. Car par ce moyen on laue le gofier & l'afophague (c'et le canal de la viande & du breuuage, depuis la bouche iufques à l'eftomach) où la trace & impreffion de la medecine farrete fort log tams, & fe reprefante à la bouche.Dont et caufé vn dedain, & le vomiffemất: nommemit fi l'orifice fuperieur de l'eftomach (qu'on appelle le cœur) n'et laué & nettoyé de la qualité odieufe du medicamant. Car de là il se rauerse à vomir. C'et ainfi que ie le pratique, anuers ceus qui craignet de reietter la medecine, come ils ont de coutume: & peus bien affeuter, qu'à peine en ay-ie veu de fant vn, qui fe faifant, l'ait vomie. Il ne me chaud quelle liqueur ce foit,pourucu qu'elle faccorde auec la medecine, comme les fu-nommees, efquelles on ne feroit difficulté de tramper vn laxatif, quand il feroit ainfi plus aggreable à la perfonne. Il y ha d'autres remedes pour ampescher le vomir:comme de macher vne pomme,poire ou autre fruit, & an aualler vn peu du fuc: flairer du vinaigre,tramper les mains dans l'eau froide an vn baffin, ou les couurir d'vn drap mouillé de vinaigre trampé, qu'on appelle oxycrat: ne parler, ne cracher, ou touffir, n'autremant agiter le cors: & fe tenir an fon feant quelque tams,& puis le promener. Vn des melheurs remedes et fauffi, d'anuelopper le cou d'vn linge bien chaud. Et voila commant on peut euiter le vomiffemant: qui et trop odieus, tant parce qu'on ha double peine, l'vne à prádre la medecine,l'autré à la randre: & de ce qu'on n'ha rien auancé: car il faudra recommancer, fi on ne la retient aumoins vne heure,ou anuiron.Ce terme paffé, il ne fe faut autremant contraindre à ne vomir point: d'autant que la medecine ne fera pas guieres moins,que fi on la gardoit plus long tamps: & par le vomiffemant on reiette quant & quant beaucoup d'excremans, qui fe vuident ainfi plus aisemant, au profit de la perfonne: & de fe contraindre dauantage à retenir cela, apporte fouuant de grans inconuenians, foibleffe de cœur, euanouiffemant, fueur froide, grand paffion d'eftomach, comme fil deuoit creuer. Puis que la matiere incline an haut etant affamblee dans l'eftomach, permettez que elle vuide par là: c'et vn beau dechargemant. Et quand la medecine qu'on reiette ansamblemant, ne feroit antre chofe, ce n'et peu de profit. Mais (comme i'ay dit) elle ne lairra pas de chaffer les autres humeurs par le bas. Carfa qualité & vapeur fe verfant bien toft par tout le cors, fait la principale (finon totale) operacion. Quant à dormir apres, ie ne le defans iamais, an etant perfuadé tant de la raison, que de l'experiance.De ceus qui la defandet, les vns craignet que la medecine agitee de la chaleur naturelle (qui fe ranforce au dedans par le fommeil) an deuienne plus forte & furieufe. Et que ne l'ordonnet-ils fi foible, qu'auec le fommeil (fort aggreable aus preneurs de medecine, & fur tout du rhabarbe) icelle deuenant plus galharde, faffe le deuoir qu'on an pretand ? Les autres au contraire, ont peur que le medicamant diminue de fa vertu, etant affoibly de laditte chaleur. Et que ne l'ordonnet-ils d'autant plus fort, qu'ils panfet qu'il perdra de fa vertu par le dormir? Ou pourquoy tous d'vn accord le permettet-ils, voire l'ordonnet, fur les pillules? On dit, qu'icelles etant fondues, & leur vertu excitee par la chaleur naturelle, operent plustot & mieus, Et n'et-il pas auffi bon, que la vertu d'vn potus, d'vn bolus, ou d'vne tablette laxatiue, foit tantot excitee, affin qu'ils befognent fans grand delay, annuyant l'eftomach & tout le cors de fa preface?Quelques vns craignet,que les vapeurs de la medecine ne mõtet au cerueau: qui et ce qui les inuite ainfi à dormir quelque fois de fi grád force,qu'il y a extreme peine de fangarder: & les perfonnes an font infinimant annuyees, d'etre contrains d'an abftenir.Et que peut nuire cette vapeur? Mais au contraire,elle et fort proffitable, quand nous voulos purger le cerueau. Cartelle vapeury antrant, elle an retire ou chaffe les humeurs que nous voulos euacuer, l'accorde bien, que quand la medecine commance à operer, il ne faut plus dormir: finon qu'on voulut arreter fon operació, ainsi qu'il et quelquefois de befoin: car le dormir fait ceffer toute euacuació,exceptée la fueur.Dot Hippocras dit trefbien, Quad tu voudras que Aph.15, l'hellebore purge dauantage,remue le cors: & liu.4. quand tu voudras que la purgacion ceffe, fais dormir & non mouuoir. Ily an ha qui ofet » bien dire,que la medecine par le dormir fe couertit an nourriture(dõt nous fommes fruftrès de nottre intancion ) mefmes fi elle et debile: comme de la caffe, manne, tamarins, fené, rhabarbe,& famblables. O la grand' viande pour deieuner! Et il poffible que le medicamất de uienne alimant,veu qu'il et ctrangier à notrre nature, & non familier an fubftance, pour andurer telle metamorphofe? Ils ne fauifet pas, gc'ha eté par bone aftuce, q noz ancetres ont >> perfuadé au peuple, que les medecines, quelque fois fe conuertiffet an nourriture: affin que fi elles ne produifet l'effet pretandu,le paciant n'an foit marry, faché & depité, comme fi'elle deuoit apporter quelque domage. Car c'et la plus belle & fauorable excufe du monde, de dire, que la medecine (qui n'ha eu affés de force à operer) fe foit cõuertie an alimant. Outre ce, ie n'accorde pas, que l'eftomach ait plus de force à digerer par le dormir,ainsi que ie panfe auoir fuffifammant prouué an mes pec.1. Paradoxes. Mais ie m'oublie: il famble que Parad. 8. i'an veulhe aus medecins, aufquels ie n'antans parler an ce traité, ains à toutt' autre forte de jans, iufques aus apoticaires : qui nonobstant noz auettissemás, ofet bien dire quelques fois aus malades que nous traitons, qu'il ne faut dormir apres la medecine. Parquoy fouuant ie fuis contraint d'ecrire au bout de mes ordonnances, & fuperdormiat, c'et à dire, qu'il @biectio, dorme apres. Quelqu'vn pourroit bien repliquer à ce que ie viens de dire,& foutenir contre moy, que l'on peut etre nourry de poison: come il et ecrit d'vne vielhe d'Athenes, nourrie des fon anfance à la Ciguë: & de la ieune Indienne, anuoyee au Roy Alexandre le grád, nourrie de Napel. Combien plus ayfemant pourra fe conuertir an nourriture vn medicamat purgatif, lequel n'et tenu que moyen antre le venin & le cors humain, ainfi que Galen remoutre au ciquieme de la vertu des fimples medicamans? Il et aifé de repondre à telle ob- Reponce. ieccion: c'et,que la poifon ne peut iamais etre alimant, de forte qu'elle foit conuertie an la fubftance de nottre cors: Mais que le cors fe peut bien accoutumer à fa qualité,qui s'imprime de peu à peu aus efpris, humeurs & parties folides. Ainfi fe peut on accoutumer au froid, à l'ardeur du Soleil,à la moulheure,au vant,au traual, à tout defordre, y procedant de petit à petit, de forte qu'on n'an fera point offance. Ainfi plufieurs font tant accoutumés au malaife, & à quelques maladies, qu'ils n'an fantet rie,fi l'objet ou fujet n'et exceffif. Ainfi quelques vns f'accoutumet tellemät aus clyfteres, medecines, & autres drogueries, qu'à la fin ils n'an font aucunemant emeus, ou fort peu, finon qu'on les rande plus fortes.Car la qualité de log tams accoutumee n'excite aucune paffion, mouuemant, ou alteracion au cors. Mais que les chofes ainfi qualifiees, fe conuertiffet an nottre fuftance (qui et autant comme dire, qu'elles nourriffet) il ne le faut pas croire. Touchant au boulhon qu'on prand auant diner, il et nommé lauatif, finifiát fon vfage: qui et de nettoyer & lauer l'eftomach & les boyaus des restes de la medecine. Parquoy il ne doit etre prins, tandis que la medecine fe journe an l'eftomach. Car an la detrampant,il luy feroit perdre fa force, comme fi on mettoit beaucoup d'eau fur va peu de vin: dot elle ne pourroit aduenir à l'opperacion pretádue. Or de limiter le terme du feiour que la medecine fera dás l'eftomach, c'et chofe impoffible: veu que la mefme chofe an mefme perfonne, quel que fois ira plus vite, & quelque fois plus tard, felon qu'elle r'an contrera diuerfes occafions. Combien plus grad' diuerfité an effet, doit on attandre de diuers medicamãs an diuers cors? Pourtant on ne peut dire iuftemát, qu'il falhe humer le boulhon à tat d'heures apres la medecine, comme l'on fait vulgairemant; ains le terme doit etre prefis par cette coniecture,laquelle finifie que la medecine (au moins pour la plus part) ha paffé outre l'eftomach. C'et, quand elle ne reuient plus à la bouche par fa vapeur, & qu'on fant l'estomach dechargé, apres quelque remuemất au vantre: qu'on ha bien vuidé outre fon ordinaire, comme de la medecine; & qu'il y a notable tams qu'on l'ha prife. Adonc, quell'heure que ce foit, & non plu-toft, il faut humer le boulhon. Depuis ce boulhon (qui et plus pour lauer, come dit et, & faire deffandre les reftes de la medecine, que pour nourrir, combien qu'il y ferue aucunemant) iufques au diner,il faut interpofer le terme du fejour, que le boulhon peut faire dans l'eftomach: car on le veut lauer & rincer principalemant,à ce que la viande furuenante rancotre l'eftomach net, & non infet de la me decine: d'autant que les viures an feroint cor rompus. Donques il faut differer, iusques à tất que cette rinceure & laualhe an foit dehors, & que le diner ne rancontre ledit boulhon. Autremant il an auiendroit,comme qui rinceroit vne pinte, & y laiffant la rinceure, y mettroit de bon vin. Or ce boulhon, foit an grande ou petite quatité ne fejourne das l'eftomach plus de deus heures, comme fait bien la moindre chofe qu'on aualle. Dont ie ne puis approuuer ce qu'on ordonne communemant, de diner demy' heure,ou vne heure apres le lauatif. Vray et,qu'il n'et poffible de limiter iuftemất le terme du diner, nomplus que celuy dudit boulhon,mais par coniecture,& à peu pres,on rancontrera l'heure. C'et, quand il y a ja long tams qu'on ha prins le boulhon, & on fant l'e ftomach vuide, comme ayant appetit. Pour lors il faut diner, quelle heure que ce foit: & c'et volontiers bien tard. Car vne medecine prife à cinq ou fis heures du matin, à peine et elle hors de l'eltomach à neuf ou à dis. Lors il faut prädre le boulhon: lequel fejournera das l'eftomach deus ou trois heures, tellemat que le diner echerra fur le midy ou vn' heure.Et il ne faut pas craindre,que ce pandant celuy qui fe purge an andure quelque foibleffe.Car fi le cors auoit befoin de nourriture, il an aura pris du boulhon affés pour attadre fon repas. D'alheurs,il faut doner loifir à la medecine de fai re fon deuoir: & ne detourner pas Nature,qui coopere (voire fait le principal) an toute purgacion.Car fi on mange auant que la plus part foit executee, Nature famufant à digerer la viande, ne fauorife plus tant la medecine : laquelle fe trouuant prefque feule, n'a pas grad' force. Auffi c'et l'vn des moyens que Mefue nous anfegne, pour arreter le cours d'vne medecine,quand ell' et trop farouche. On attribue cela au Mechoacan particulieremant, & comme d'vn priuilege: mais cela et commun à tout laxatif, que fon operacion et affoiblic ou rompue, fi on mange ou boit quelque chofe qui le puiffe rancontrer. l'aioute ay ancores cette raifon, que l'eftomach abhorre & dedaigne la viande,tant qu'il y a du reliqua de la medecine: & fi on le contraint de receuoir le diner, plutoft que d'etre bien laué, remis, & repofè, il ne fera fon proffit de la viande, ains an fera plus traualhé que fuftanté. Pour cette mefme caufe le diner doit etre fort legier, d'au tát que l'eftomach n'et pas bien à foy, tout an nuye du paffage de la medecine. Et parce que elle echauffe & deffeiche aucunemant (dont il auient communemant qu'on an et altere) il faut vfer de chofes humectantes & raffraichif fantes, à peu pres comme fi on auoit la fieure. Parquoy le boully fera plus conuenable que le roty, & vn potage de laituës,pourpic, ozeille,borrages, & famblables.Il faut auffi tramper fort fon vin, qui foit rouge vn peu couuert, & bien meur: & abftenir de tout fruit mol & fuyart,de peur qu'vn flus de vantrene fuccede à la purgacion. Mais pour deffert et permi fe vne poire de faueur brufque, cuitte & couuerte de fenoul dous, & ancor plus le coin ou codignac, pour refferer & ranforcer de leur aftriccion, les parties que la medecine & les humeurs an paffant ont debauché. De fouper, ie ne luy trouue pas grad lieu à tel iour, qui et fort rompu, & l'eftomach detraqué: de forte qu'on ne le peut ranger aus heures ordinaires de fes repas: finon qu'on eut prins la medecine à deus ou à trois heures apres minuit: qui n'et pas incóueniat, fi on n'a rie foupé, ou fort peu, le foir auparauất. Car ainfi pourroit bien auenir, qu'on feroit pret de diner à dis ou onze heures, & foupper antre fis & fet. Il y auroit auffi plus de lieu,de dormir sur la medecine, come on fait volontiers iufques au iour. Mais d'autant que la plus part des malades,& autres qui ont à prádre medecine, veulet que l'Apoticaire mefme la leur baille: & qu'il et trop in commode à l'Apoticaire de fortir auant l'aube ou pointe du iour, fans autre neceffité, l'on ha pris cett'heure pour la pl' comune. Dont c'et anuiron les iours æquinoccials (lefquels nous fuppofons,parlás abfoluemat du iour: & auffi qc'et le tams plus propre aus purgaciós choifies, & non contraintes) la pointe du iour et à cinq heures: & on ne peut diner auất onze heures,ou midy:fuiuant le comte que i'ay fait. Dont ie confelhe volontiers,que ce iour là on ne fouppe pas autremant que d'vn coulis, ou orgemondé, fait du boulhon de chair, ou de lait d'amandes: ou bien de manger vne rotie au fuccre.Ce qu'on peut pradre fis ou fet heures apres diner:puis fe coucher de là à vn'heu• re,ou deus, pour dormir an plus grand repos, que fi on auoit fort fouppé. Et fi on et alteré, on peut boire vn peu de vin fort trapé. Voila commant i'ordonne le regime à ceus qui font an ma charge, pour vn iour de medecine, fils me veulet croire : & come i'an vse an mon androit, & des miens: & c'et le vray regimen artis, que nous antandons à la fin de noz receptes. Quant à l'autre mot, qui et cuftodia, ie l'expliqueray maintenant. Le vulgaire panfe,que nous ordonnons l'arret dans la chambre, feulemat à cause que l'air exterieur peut offancer celuy qui a prins medecine. C'et bien vne de noz raifons: mais il y an ha d'autres que ie deduiray cy apres. Et quát à l'air, il y faut vfer de cette diftinccion, fil et diuers ou famblable. Carfil et de mefme tamperature, & dedans & dehors la chambre (comme il et volontiers an saison tamperee) commat peut nuire l'exterieur, plus que celuy de la maifon? Quand l'air des ruës et vanteus, pluuieus, plus froid ou plus chaud que celuy de de la chambre, lequel nous requerons tamporé, ou de foy ou par artifice, vrayemant il y a bien grand' raifon,de condamner celuy qui ha prins medecine,à ne fortir de la maison. Car le froid,le vant,ou la pluye,furprenant les pores, & penetrant au cors emeu, ouuert, & lache au moyen de la medecine, l'offance grandemant. Le chaud auffi, rancontrant vn cors plus ouuert & cchauffé de la medecine, peut caufer fieure,grand' alteracion, laffitude, foibleffe, & autres facheus accidans. Il faut fe cötenir dans vn air tapere,tel qu'on peut faire an tout tams, pour ceus qui ont des comoditez. Mais fi l'air et de foy bien moderé par tout, & tant dehors que dedans la maifon, il ne peut nuire au paciat: & peut on pour ce refpait, tenir les fenetres ouuertes. Mais il y a autre chose qui le defand: c'et, que l'obfcurité fert à la purgacion,antant que les humeuts fe randet plus aifemant au dedans, & vers le fantre du cors, an tenebres: etans au contraire inuités de la clarté & lumiere, de fe prefanter au dehors, Parquoy fi on ha grand' clarté, & mefmes que les fenetres etat ouuertes, on ait l'afpect d'vn lieu plaifant, ou qu'on voye dans la chambre quelques belles couleurs, tableaus, peintures, & autres ouurages, cela peut detourner fecrettemant l'operacion de la medecine. Et ainfi il vaut mieus que tout foit fermé,iufques aus vitres, & qu'on allume de la chandelle, fe con M tentant ainfi tout le iour à l'obfcur: & n'auoir paint de vifite,pour ne se cótraindre rien,ne fe rejouir extraordinairemant. Car cela auffi detourne l'operacion,ou la rand moins galharde. 1. Les autres raifons, pourquoy il ne faut fortir de la chambre, font premieremat, que fron va par ville, an tel androit on peut auoir befoin de vuider le vatre, qu'on n'an aura la commodité: & les excremans agités, quad ils font retenus par force, caufet beaucoup d'inconuenians, outre le mal de vantre & les facheufes 2. tranchees. Secondemat,l'aller par ville & tracaffer, echauffe le cors mal à propos, an dan gier d'exciter vne fieure: veu que d'alheurs le cors et communemant echauffe & alteré de la medecine. Tiercemant,fi on negocié quelque chofe (dequoy on ne fe peut bonnemất abstenir, fi on ha liberté de fortir) on traualhe l'efprit,qui ha plus befoin de repos,quand le cors et an peine. Cefont des poins qu'il faut bien obferuer. Ancor ne fuffit il pas, de fe reposer &fe cötenir le iour qu'on ha prins medecine:it le faut continuer iufques au landemain apresdiner: & fe retirer de bon' heure dans la maifon: c'et à dire, auant foleil couché. 3. l'ay eté vn peu prolixe à difcourir le regime de l'art, que nous difons deuoir etre ob ferué,quand on prand medecine: d'autant que l'on commet cela volontiers aus Apoticaires, auquels faddreffet noz ordonnances pour les executer: & la plus-part d'iceus antandet mal ces poins: dont il fanfuit, que le peuple an et plus mal feruy. Les fame qui traitet on gouuernet ceus qui prennet medecine, font ancor plus ignorantes. Dont il m'ha fallu inftruire le vulgaire, affin que chacun pour foy antande commant il fy faut gouuerner. Car la medecine n'et chofe de petite importance, ains qui peut nuire ou proffiter grandemant, felon que on an vfe bien ou mal. Il ne faut oblier les trachees, que donne fouuat la medecine: auquelles nous remedirons auec des draps chaus, qu'on applique fur le vantre. Ce font des vantofités, ou gros flegmes, qui caufet ces douleurs: fauoir et,les vátofitez excitees de la matiere emeue, lefquelles anflet & tandet les boyaus, tout ainfi qu'an la colique. Les gros flegmes ne peuuet antrer des orifices,ou extre mitez, des veines mefaraïques, dans les boyaus (ainfi qu'il faut,fils vienet de pl' loin) fans doner quelques extorfions. Nous voyons fou uant des flegmes fort epais, randus par les dernieres felles, qui n'etoint pas dans l'eftomach, ne dans les boyaus.Car ils n'euffet tant fejourné là, fans q la médecine les eut rauis & amportés. Ils vienet donques de plus haut: & faut qu'ils paffet par les bous des petites veines meferaiques,non fans faire grand' douleur: jafoit qu'ils n'y paffet autant gros, q nous les voyos au baffin. Car ils filet prim au fortir, & depuis fe ramaffet.Les draps chaus fondet & liquefiet ces gros humeurs, & les font couler plus doucemant : la chaleur auffi confnme & diffipe les vantofités. Ainfi les tranchees ceffent de tourmanter le paciant. DIS ET HVITIEME CHAP. D'où vient communemant, que les plus cheris meurer le plus fouuant. N void fouuant auenir, que le ma ry fort chery de fa fame, & mignar dé à toutte outrance, mourra plutoft (le refte demeurant samblable, quant à la maladie, age, condicion & force du paciat, la faifon, le lieu, les commodités requifes,& autres particularités ) que celuy duquel la fame voudroit bien etre vaiue. Comme aufli la fame,de qui le mary fera tất amoureus, qu'il famblera an etre affote, mourra plu-toft, que telle q fon mary aimeroit mieus an terre qan pré. On void de mefmes au fait des peres & des meres à l'androit de leurs anfans. Car ils perdet le plus fouuất ceus qu'ils aimet le plus. Ie ne dis pas q cela foit d'ordinaire, mais qu'il auient fort fouuant: de forte que le vulgaire fan plaind, comme fi l'exceffiue (& quelque. fois defordonee) amitié,etoit caufe de la mort. Ce que ie ne veus pas reprouuer, fachant que Dieu peut etre offancé, & fe courroucer de l'extreme affeccion, qui tranfporte les perfon nes ainfi paffionces, & les detourne de fon feruice (qu'il requiert de tout le cœur, de toutte la panfee, & de tout l'antandemant) & les ampeche de faccorder humblemát à fa fainte volonté. Dont fouuant il nous ote, ce que nous auons de plus cher an ce monde, comme vn fis vnique, bien né & de grand' efperance, affin que nous plaifions moins an cette valee de miferes, & defirions la fruicion de l'objet digne de l'excellance de noz ames. Touttefois parlant ancores humainemất, & come il nous appert au fans, i'ofe bien dire, que l'exceffiue amitié que l'on porte aus fiens, jointe à indifcrecion & ignorance, et fouuant cause de la mort de ceus qu'on cherit le plus tandremant. Car de ceus qu'on n'ayme pas tant, on an laiffe volontiers le panfemant & la charge totalle aus medecins, & aus perfonnes foigneufes de leur feruice:lefquels fouuat on appelle & amploye par maniere d'aquit, plus q d'affeccion, pour euiter ce reproche, d'auoir laiffé mourir fans fecours, fon mary, sa fame, son anfant, ou autre parant fien. Or à ceus-cy le medecin fait libremất ce qu'il cognoit etre requis, fans que perfonne luy contredife, ou contrerolle fes accions, & il pratique bien à son ayse: dequoy il reffoit plus d'honneur, que de gré., Mais quand c'et pour vn qu'on ayme fort, quelque fois trop & indiferettemant, le vulgaire des parans, alliés, ou amys (defquels la plus part font prefomptueus, outrecuidez, & panfet fauoir plus que maitre Mouche) yeut antandre & fauoir tout ce que on ordonne au patiant: il contefte, debat & marchande prefque an toutes chofes, ignorat de ce qu'il conuient faire: tient an peine & an crainte le medecin,l'arguant à tout propos,ou de l'exces,ou du defaut. Il fe veut faire à croire de la quantité, & mefmes de la qualité des viures, des heures & du nombre des repas, ou des prifes du potage,de l'ordre, de l'air, de la couuertu re, & autres appartenances du regime. Il attribue tous accidans qui furuienet,iufques à ceus qui font ordinaires,& la procedure du pauure medecin ; & aus remedes il fait tant de fcrupule, que le medecin craintif, n'ofe ordonner la moytié de ce qu'il feroit autremant,pour bien toft guerir le malade. Carfi nonobftant fon deuoir,& fa bonne procedure, il furuient quelque grieffymptome inopiné & non predit (come il y an ha plufieurs, qu'il n'et poffible de preuoir) ou bien la mort, on attribuera tout le defordre au medecin: & il fera grandemant blamé ou calomnié, fil ha fait quelque chofe contre l'auis du vulgaire, & des affiftans. Car le peuple ha vfurpé cette tyrannic fur les medecins: auquels il deuroit totalemant faccorder accommoder, obeyr & foumettre, pour le : CLAN feruice du patiant: nompas les tenir aucunemant an crainte & defiance, ains les laiffer an pleine liberté & autorité fouueraine. Autremant, le plus fuffifant du monde n'et pas dimy-medecin, & ne peut rien faire d'excellant, ayant perdu la hardieffe, trefrequife à combatre le mal. Dont contraint de flechir, complai re & affuiettir à ceus qui contrerollet tout, ou qui iettet des mots piquans à la trauerfe, il n'ofe preffer (moins contraindre ou conuaincre) par raison, ce qu'il eftime etre melheur. Ainfi plufieurs meuret bien pauuremant, & d'vn mauuais menage, à l'appetit de ceus qui les aymet defordonnemant. N'et ce pas grand pitié, que le vulgaire ignorant tienne le medecin(qui ayme fon hōneur & fa reputacion, plus que chofe du monde, ou il et indigne de cet etat) an telle fubieccion & feruitude, qu'il n'ofe & et craintif,mesmes à l'androit des fies, pour peu qu'il y ait de doute & difficulté? Car fi fa fame, fon anfant, ou autre parant, et panfé & traité de luy,autremant que les idiots prefumet fauoir & antandre, il fera foupfonné,ou de n'aymer pas beaucoup, ou d'etre mal auifé,hazardeus & temeraire. De forte q nom pas à foymefine, f'il croyoit le vulgaire, il ne feroit bon medecin. Ne voila pas vn grad def ordre,& horrible cõfufio, que celuy qui doit etre obey, voire admiré,fans aucune defiance, ou de fa preud'hommie, ou de fa capacité, foit Que mort n'et fans regret, contraint de faffuietir au plaifir des plus igno rans du monde : & que cela redonde au detrimant & preiudice des pauures malades, lefquels feroint beaucoup mieus fecourus, & plus artificiellemant traités, fi les affiftans an etoint mieus foucieus: ie dis nomplus, ne autremant,que le Medecin l'ordonne. DIS ET NEVVIEME CHAP. ·Cantre ceus qui difet, que mort ne fut iamais fans regret. E propos et trop general, & faus pour la plus part. Car ceus qui meuret d'extreme vielheffe, & comme vne chandelle qui f'etaind, la meche n'ayant plus de fuif, ou de cire, meuret fans regret d'aucune procedure tenue an leur regime ou traittemant - Car il faut ainfi antandre le regret, an ce propos icy. De mefmes, ceus qui font blecés à mort ineuitable, & que chacun tient pour mors dez leur bleffure. Car comme on n'efpere qu'ils puiffet guerir, auffi n'ha on aucun regret à ce qu'on y ha fait. Reftet ceus qu'on iuge gueriffables dez le commancemant, lefquels an fin mourans (quelque fois comme à la derobee ) laiffet vn grand regret à leurs amys, qui ne fan peuuct contanter. Or le regret peut etre de deus fortes, & la chacune raisonnable, mais nompas ordinaire, ou touiours veritable, an ce qui touche les Medecins: comme veulet antandre ceus, qui vfet volontiers de ce langage à tout propos.L'vne et, des grans fautes que commettet les malades, ou leurs amis, quand ils ne pouruoiet bien & soudain au commancemant des maladies,d'vn bon & fidelle Medecin, anfamble de toutes chofes requises au recouuremant de la fanté. Quelque fois on aura le fecours pres, & on le meprifera, comme on meprise la maladie : laquelle ampi rant, & an fin conduisant à la mort fans qu'on y puiffe remedier,cause vn extreme regret. On fait auffi mille nullitez par ignorance, ou pour complaire au paciant, qui coutet bien cher, & laiffet vn grand regret, quand on cognoit depuis à veuë d'œil, que cela ha cause la mort. On ne fauroit expliquer,la grande diuerfité des fautes que commettent les malades, ou ceus qui les gouuernet: dont il fanfuit finalemant,le regret de la mort furuenue. C'et affez d'auoir remoutré par ces trois condicions, de l'extreme vielheffe,des naurez à mort fubite, & des fautes que commet le vulgaire, qu'il n'y ha touiours regret fondé fur la procedure qu'aura tenu le Medecin: qui et l'autre forte de regret,des per fonnes qu'on panfoit gueriffables. Ie ne veus icy maintenir, que nul meure de la faute des Medecins. Car ie ferois tort aus plus fuffifans, doctes,& bien auifez,fi i'eftimois tous ceus qui fe meflet de nottre etat, d'vne mefme faffon irreprehenfibles. Auffi ie fay bien, que les ignorans, & les nonchalans Medecins, font de fi lourdes fautes, que les cimetieres an font boffus: & comme dit l'ancien auteur, la terre cou-ure les erreurs des Medecins. Mais pour certain les plus fauans, prudans & diligeans, font fort fouuant calomniez, & à grand tort foupfonnez ou accufez, de la mort des perfonnes qu'ils ont panfé. Car, combien que ie confeffe, qu'aucuns meuret d'vn mal qui n'etoit, ou ne fambloit, premieremant mortel, fi et-ce que le Mcdecin an doit etre excufé, fil n'y a rien oublié, & fy et porté diligeammant, auec toute curiofité & deue obferuacion: d'autant qu'il y hafi grande diuerfité de cors, & de maus, que l'imbecilité humaine ne peut touiours auenir, à comprandre iuftemant, ou leur nature, ou la grandeur d'iceus. Et quand Dieu veut appeller quelqu'vn à foy, il ote tous moyens d'ampechemant: de forte qu'on n'aura pas mefme l'auis d'appeler au fecours le Medecin à tams opportun: ou le Medecin ne pourra bien iuger du mal, & de la portee du paciant: ou les remedes n'auront point d'efficace an cettoy-cy, comme ils ont d'ordinaire. Il ne faut donques reietter la coulpe fur le Medecin, quand quel qu'vn vient à mourir, duquel il auoit bien efperé dez le commancemant: ny auoit regret à La procedure (pourueu qu'il foit fauant & expert, homme de bien & diligeant, affectionné au malade, come il doit) ains fe refoudre chretiennemant, que Dieu an ha ainfi difpofé à fa voloté, laquelle feule eft raifonnable.Ou qu'on ha regret de quelque chofe, qu'on la fupporte humainemat,comme cas fortuit, & qu'on n'ha peu preuoir pour l'euiter. Car ainfi auient-il an tous affaires, aus plus accors & prudas, auquels fuccedet mal plufieurs bonnes antreprises, fans qu'il y ait de leur faute, fi ce n'et faute de deuiner: ce que l'efprit humain ne peut comprandre,par moyens ordinaires & legitimes. VINTIEME CHAPITRE. Contre ceus,qui pour auoir le vantre lache,marchet piés nus fur un lieu froid:ou boiuet de l'huile en quantité:& qu'et-ce, qu'auoir bon vantre. L et euidant & certain, que le froid des piés caufe flus de van- tre. La fource et, que le cerueau, fource de tous les ners, fe mor- fond & refroidit, quand les extremitez du cors (parties fort nerucules) font refroidies. Et c'ct, à raifon de la continuacion qui et antr'elles, & le cerueau, au moyen defdits ners. Or le cerueau fait part de fon morfondemant à l'eftomach, & ha tout le vantre inferieur, auquels il et fort allié par la fifieme couple des ners.Dont il auient,que les antralhes de mefme refroidies, ne retienent affez long tams la viande, pour la cuire & digerer. Parquoy il fan anfuit indigeftion & deuoyemant d'eftomach, qui caufe vn flus de vantre. Et cela et-il fain? Non vrayemant. Il vaudroit beaucoup mieus garder fa conftipacion : ou bien de raffraichir tant feulemant les reins, & le foye par dehors, afin que la matiere fæcale ne fut ainfi recuitte:dequoy procede, qu'on ne la peut bien libremant vuider. Et à cela fuffiroit l'onguant rofat commun, & ancor plus le violat, que l'ay mis en mon Difpanfaire.Mais de fe faire venir vn deuoyemant de vantre par froidure de piés, c'et trefmal auifé, d'autant que l'eftomach, les boyaus, & autres parties du vantre, fan affoibliffent. Et de fait, c'et vn trait de pofte ou ftippon de colhege, qui afin d'auoir oc cafion d'etre ranuoyé à la maire pour quelques iours, effaye de fe faire malade. Tel flus de van tre, quand on an fait la vraye cause, se guerit à force de verges. Et fi on craint de decouurir les feffes, pour ne morfondre dauantage le cu, ou pour n'attirer ancor plus les matieres à l'androit qu'elles ont prins leurs cours, il faut tref bien fouetter le doz: & cela feruira d'vne bonne reuulfion. Toutesfois le fouët fur les feffes, rechauffe tellemant ces parties là, qu'il fait bien paffer tel morfondemant. pas fly an ha d'autres, qui boiuet vne ecules d'huile d'oliue bien douce à deieuner:les autres prenet vn boulhon fort gras, ou manget force beurre.Cela offance l'eftomach,de trop grande laxité: dont il deuient plus foible, & ne digere fi bien, Car fa force confifte an restriccion, pour se bien referrer contre la viande, qu'il doir ambraffer & toucher de tous coutez: autremát il y a fluctuacion, qui fait ouyr vn cloc, cloc, dans l'eftomach: dont la digeftion ou conco&tion an et moins affuree. La mediocre laxité et plus feante aus boy aus,qui font mal leur deuoir quand ils retienet long-tams les excremans. Dequoy il fanfuit degoutemant, pefanteur de taite,chagrin,&annuy fans autre occafio.Dequoy il vaudroit micus, q cet huile,ce boulhon gras, ou ce beurre copieus, fut ietté dans les boyau par vn clyftere, fans paffer par l'eftomach,à ceus qui fe plaignet de la conftipacion du vantre. Car(come nous auons dit l'aftriccion et bonne à l'eftomach, & la mediocre laxité aus boyaus. Ce qu'on peut heureufemant pratiquer par diuers moyens,comme en prenant à la fin des repas quelque fruit aftringeant, & fe faifant donner quelque fois la femaine vn clyftere bien remolliffant.Tel fera d'vne eculee de boulhon de mouton fort gras, auec demy eculee d'huille bien dous,ou vn quarteron de beurre frais:deus ou trois moyeus d'œufs, & vne dragme de fel. Ce clyftere et aifé à retenir, & fion havn peu de paciance, il pourra demeurer au vantre plus d'vne heure pourueu qu'on l'ait prins etant couché fur le couté gauche(ainsi qu'il faut touiours) & que de là à vn demy quart d'heure on fe couche fur l'eftomach, & puis fur le couté droit, & finalemant fur le doz, le tout de demy an demy quart d'heure: & ainsi faisant la reuolucion des boyaus, le clyftere fe logera bien au large, dans l'inteftin colon, où il fera tel feiour qu'il conuiendra à detraper les excremans gros & recuis. Outre ce,il humectcra, remollira, & randra gliffant ledit boyau, tellemant qu'il n'y aura plus aucune conftipacion de trois ou quatre iours. Reste à fauoir, qu'et ce qu'on appelle bon vantre:fi c'et le plus mol, ou le plus dur. On dit mol, pour lache, detrampé, & qui vuide fouuất matieres peu liees:& au contraire,dur.Si cela et en mediocrité, on le dit benefice de vantre', & ie panfe que tel propremat et appellé bon vantre, comme toute chose bonne confifte an mediocrité. Mais tout ainfi q des vices qui tienet les extremitez, l'vn retire plus à la vertu que l'autre(come la prodigalité famble plus approcher de la liberalité,que ne fait l'auarice) famblablemant le vantre plus lache et dit melheur que le conftipé: & fur tout et naturel, conuenable & bien feant aus anfans, & à tous ceus qui maget beaucoup. Voila pourquoy les nourrices difer, Fanfant auoir bon vantre, quand il fait la ma tlere fort molle, & les anfans qui ont le vătre lache, font plus fains de beaucoup que les autres. Ceus qui font coftipez, ne viuet pas lõguemát, & font fort fuiers à plufieurs maladies: finon qu'ils chaget de códicion, ou d'eus-mefmes, ou par art.Et fouuant il auient,que(fuiuant la fantance d'Hippocras) ceus qui an ieuneffe ont le ph.20. vatre humide, ils l'ont fec an vielheffe,& au co- liur.2. traire.Mais le plus ordinaire,et le vatre dur aus perfonnes d'age:qui les rand bien fouuat fuiets aus hemorrhoides: come auffi les fames anceintes.Le fufdit clyftere feruira à euiter telle indif poficio,fort deplaifante & nuifante à plufieurs: mais il ne faut pas que les fames groffes an vfet, pour peu qu'elles foint fuiettes à faffouler,fino an fort petite quantité. Car an remolliffant les boyaus, il pourroit auffi remollir la matrice, & facher fesligamans, au preiudice de l'anfant.. 1.0. VINT ET VNIEME CHAP. Sauoir-mon files buitres, & les truffes, randet l'homme plus galhard à l'acte venerien. ;? Z huitres en ecalhe,qui font les plus eftimees, &defquelles prin- cipallemant on antand ce pro- pos,il faut confiderer l'eau con- tenue dans leur ecalhe, & l'hui- tre qu'on mage. La fufditte eau des alim. et de la marine, attiree de l'animal pour fa refe Яion,ou certaine fruicion : laquelle antant que alee,donne quelque eguilhon à l'amour,comme le fel mefine, & toute falure. Dont les bergiers font manger quelque fois du fel à leurs oualhes, non feulemant pour leur donner ap petit de manger, ains auffi pour les randre fecondes. Auffi les Poetes feignent pour cette occafion,que Venus fut angeandree de l'ecume de la mer. D'alheurs il faut antandre, que la Liu.z.de chair de l'huitre ha vn fuc falé, comme Galen la facul, temogne: à raifon duquel auffi, elle peut eguilhonner.Mais tout cela et peu à randre vn hom me galhard,& moins (f'il n'y a autre chofe) que les anchoyes, ou fardes falees,ou vnjiambon.Et ic panfe, qu'il n'y ha autre chofe de la part des huitres,qui excite à l'acte venerien, finon (parauanture) les vantofitez qu'elles produifent, & qui naiffet de la pituité, an laquelle tel alimant fe coacrtit pour la pluf-part, ainfi elles ne peuuct caufer grand effet au ieu d'amours, comme fi des huitres fangeandroit beaucoup de femance: ce que le vulgaire panfe, & croid parfaitemant. Mais c'et vn abus trop euidant. Car rien ne fait beaucoup de femance,que l'alimant fort nourriffant, & qui deuient fang louable. Ce que ne font pas les huitres, ains pluftoft vn bon chapon, & autres chairs delicates, le ieune mouton,le veau,les pigeonneaus, les œufs mollets,les pigeons frais,bon pain,bon vin, & fam blables, blables, en mediocre quantité. l'antans qu'à Venife on mange les huitres à l'heure du coucher,pour deuenir plus galhars à faire l'amour: anquoy ils fabulent ouuertemant. Car il faudroit au-moins, que telle viande fut digeree & conuertie an femance, auant que venir au ieu ce que ne peuvent etre les huitres mangees apres fouper, de trois ou quatre iours. Car il faut premieremant, qu'elles foint conuerties an fang: & que les vaiffeaus fpermatiques l'attirer du foye,ou de la veine caue, apres auoir trauerfé beaucoup de chemins. Puis il faut qu'il feiourne quelque tams aus tefticules,ou pres d'iceus, dans lesdits vaiffeaus fpermatiques, lef quels on nomme auffi præparans. Ce n'et donc pas pour cette nuit là, que pourront feruir les huitres, à randre plus galhard le compagnon. Car elles n'ont pas la vertu piquante des cantharides, & autres tels medicamans, eguilhons de Venus. Et fi elles doiuct feruir de là à quelque iours, apres auoir de foy produit beaucoup de fperme(ainfi que cuide le vulgaire) il vaudroit mieus les prandre parmy les autres viandes: & ancor mieus à deieuner, comme font la plus-part des ians an noz quartiers. Car les viandes prifes à part, & mifes dans l'eftomach vuide, retienet mieus leurs qualitez, vertus & facultez, comme il et aifé à antandre. Mais tant fan faut, que les huitres angeandrent beaucoup de femace(qui et vne codicion pro N pre aus aliimas de grand fuftance) qu'elles n'angeandret que phlegme gros & vifqueus, comchap.33. me Galen remoutre par tous fes liures, où il traite des viandes : & particulieremant au troifieme, de la faculté des alimans, où il dit, que les huitres fachet plus le vatre, qu'elles ne nour riffet. fe fay bien qu'on m'obijcera l'experiance, & le commun vfage à cet effet-là: à quoy ie repons, que fi on et plus inuité au coït & congrez pour auoir mangé des huitres, ce n'et quel des groffes vapeurs & vantofitez, qui font tandre la verge,fans grand exploit, à faute de municion qui y reponde. Autant en feront bien les herbes vfuelles,à ceus qui an manget quantité: & plus ancor les legumes, pois,faiucs, fauerols ou phafeoles, & famblables,qui outre la vantofité,conferet plus de nourriture au cors, que ne font pas les huitres. Ancor plus les chatagnes, qui randent fort falaces tant homes que fames: dont il vient plus de nourrices des montagnes, que d'autre-part,à caufe de telle nourriture Le Vulgaire panfe, que les huitres font chaudes,& que cela fuffit à la galhardife d'amour. Mais il fabule grademant: car elles font manifestemất froides,& on les fant telles das l'eftomach, mef mes quand on les ha magees crues, & fans poiure, qui et leur vraye conditure ou affaifonnemant: tout ainfi que les truffes, lefquelles font auffi fort ignorammat eftimees chaudes, & par ceconuenables à l'acto Venerien.Si on ne veut 47 que fy echauffer, que ne prand-on pluftoft de bonne epicerie, ou de l'hippocras, de la moutarde, ou des aus, qui echauffet fi euidammant que rien plus (comme auffi le vin fort vapou reus,futil, & penetrant) fans famufer aus huitres & aus truffes,qui ont befoin d'etre echauf fees par l'addicion du poiure? Ie ne m'arrete pas icy â la plus grande ignorance [oferois- ic bien dire ftupidité, à faute de fans natur ou animal?] de ceus qui tiener,que le poiure refroidit: ouy,comme le feu. Et ne fantez-vous pas, vne grande ardeur à la bouche & au gofier, fi vons en anez prins vn peu largemant? L'ardeur et elle de froid:S'il faut ainfi parler, & changer les appellacions des chofes, nous diros que le froid brule propremant. Car ie fay bien, qu'on le dic impropremant, d'autant qu'il produit quelque fois vn tel effet que le feu, an apparance de fon veftige. Si donc le poiure et le vray correctif des huitres & des truffes (comme chacun m'accordera facillemant ] & le poiure et fort chaud au iugemant du fans, auquel il fan faut antieremant rapporter: il fanfuit neceffairemant, que les huitres & les truffes font froides.l'ay dit des huitres felon Galen:Voicy que il dit des truffes. Elles n'ont aucune qualité notable: & pourtant ceus qui an vfet,an vfet pour leur faire prandre & receuoir les affaifonne chap.68. mans, comme l'on vfe des autres chofes infipides & fades,qu'on nomme aigueufes. Auquel Liu.z.de la facul. des alim 35 les toutes et commun, que la nourriture qui an ,, et departie au cors, n'ha aucune vertu notable, ains et froidelette, & craffe à leur mode: fauoir et,plus craffe des truffes, plus humide & liquide des courges, & des autres an proporcion felon ,, leur naturel. C'et bien loin de produire beau coup de fperme, ou d'exciter à l'acte venerien de fa propre chaleur,quand la truffe et compa ree à vne urge. Il me fouuient de ce que dit le Parafite,an la comedie Italienne, intitulce Calandra:L'amore è fimile à le tartuffe, lequali fanno à i giouani riar quella cofa: à i vecchi tirar corregie. Et de fait, ce ne font que vantofitez & groffes vapeurs, qu'elles peuuet angeandrer & produire, tout ainfi que les huitres. Ce que peut bien randre les perfonnes falaces, mais nompas feecondes,ny pres de là.I'an craindrois pluftoft la fterilité comme auffi de vray, les plus falaces font moins d'anfans. Ie pourrois difcourir plus amplemant, fur la vertu des huitres & des truffes,mais ie referue cela à mes MATINEES DE L'I L'ADAM, où ie traite bien au long de la qualité & vertu de tous les alimans vfitez an France, & la maniere d'an vfer fainemant:"œuure autant requife à l'antretien de la santé, & guerifon de plufieurs maus, qu'autre qui foit ancor diuulguee.le l'intitule ainfi, pour l'auoir commancee & fort auaneec à L'Il'adam, cheus monfeigneur le Duc de Mommorancy, Pair & premier Marechal de France. Dieu me faffe la دو در grace de pouuoir bien toft paracheuer, ce peu que m'an refte, afin de contanter plufieurs,qui ne ceffet d'interroguer les Medecins quand ils font à table, cecy et-il bon, cela et il mauuais, ou mal fain? que fait cecy,que fait cela? de forte que le pauure Medecin, qui fouuant ha bon appetit, et coup à coup interrompu & detourné,pour fatisfaire à ces demandes, & fe leue de table à demy repeu. On pourra deformais ranuoyer ces interrogateurs (l'excepte les Scigneurs, & autres qui ont les Medecins pres d'eus pour leur fanté) à la lecture des M AT INEES DE L'I L'A DAM, où ils feront fatisfais de toutes ces curiofitez.Ie les nomme ainfi: car la plus-part de ceus qui an demandet,ne fe fouciet pas d'obferuer ce que le Medecin an dira, mais ils prenent plaifir à ce deuis,& d'etre ainfi antretenus, ou d'antretenir le Medecin : qui fan pafferoit auffi bien, que le moyne, auquel on auoit dreffé vne telle partie - Mais il an fortit autant à fon profit qu'honneftemant, ne repondant iamais que par monofyllabes; ouy, non,blanc,noir, verd,gris,bis,long, court,bon, trop, fec,mol, froid, chaud, rien, bien,tard, loin, & famblables. Vn iantilhomme fy depaitra auffi bien d'vn autre, qui le vouloit antretenir fur la condicion des huitres. Ce iantilhomme f'etoit amufé à feruir la compagnie, à laquelle il donnoit à diner, An fin, quand il commansoit à manger, ayant bon appetit, vn autre fe met à Finformer de luy, fur le propos des huitres (qu'ils auoint an main)commant leur coquille fe fermet fi iuftemant & ont fi iufte prife,neantmoins elles fouurent bien aifemant au feu: fi l'huitre et vn poiffon vrayemant animal.commant & dequoy elle vit:où et fa bouche: fi ell' et viuante tant que fa coquille et fermee,& par confequant fi nous la mangeons viue, & deffand toute viue an l'estomach, quad on l'aualle antiere:que deuient-elle puis apres, &c. Le feul iantilhomme luy repondoit, comme ayant le principal foin d'antretenir fes conuiez. Mais quand il fauifa que cela duroit trop, & que d'vne question cetuy-là(qui etoit deja fou) venoit à l'autre,de forte qu'il ne pouuoit manger, il luy dit,Par ma foy,Monfieur mon amy,ie ne fay rien de tout cela:ie ne fus iamais huitre. A M. FRANC. IOV BERT, CHEVALIER DV S. SEPVLCHRE de Hierufalem, Confelber & maitre des Requeftes ordinaire de l'hotel du Roy de Nauarre, luge-mage de Valance. Chriftophle de Beau chaftel, fon tref-humble neucu, Salur. ONSIEVR, voyant que M. Bartelemy Cabrol, ha bien ofé publier faire imprimer quelques chapitres dés Erreurs populaires propos vulgaires, difcourus par M.IOVBERT (vottre tref-cher Fraire, mon tresf-honnoré Oncle) comme à la derobce: me l'ayant communiqué toutesfois, demon confantenant; r'ay panfé de luy an fournir encores quatre (pour faire un quarteron) lesquels i'ay trouué parmy les broulhars de l'Auteur. Ce font quatre propos, difcourus autremant qu'ils ne font au premier liure de la premiere partie. Iene fay fils ont eré compofex premiers ou derniers: mais il me famble qu'on les trouuera außi bons, ou melheurs, que ceus que leur auteur ha fait luy-mefmes imprimer : outre ce, que la diuerfité et aggreable. Ainfi on apprette vne viande an plufieurs faffons: an la chacune elle et trouuee bien fauoureufe. Dauantage, ayant veu le Catalogue que ledit M.Cabrol, faifoit imprimer des propos vulgaires & Erreurs populaires, qu'on ha anuoyé à M. IOVBERT, me fuis auifé de faire le famblable, publier un ramas des autres que l'auais en main: defquels la plus N uy 144 part ont ete fournis par M.Ian Momin, docteur an medecine de l'uniuerfite de Monpelier: homme fort fludieus. le fay bien qu'il y an ha beaucoup de difcourus par M. 10 VBERT: qui outre ce ha toutes preftes les cinq autres parties promifes de fon cuure, diuifee an trante liures:mais le ne fay quand on les pourra auoir. Ce pandant on paffera le tams à voir ce qu'on luy addreffe de toutes pars, & chacun fera inuité à faire de mefme, fuiuant fon exhortacion præmife à la premiere partie, Au Lecteur d'efprit libre & ftudieus. Et fi par fortune quelqu'un vouloit traiter vn tel fuiet, il et prié d'abstenir au moins des propos qui luy font ia vouez. M. Cabrol fet adreßé à Monfegneur de villeRoy: pour faire que mondit fieur & oncle ne fut marry courroucé de fon antreprife: à mefme fin ie m'addreffe à vous, qu'il refpecte & honnore fingulieremant, comme fon fraire ainé, & pour les rares vertus qui vous illuftret, & font tref-digne fucceffeur des principaus biens de vos maifons paternelle & maternelle, des 10VBERS ET GENAS. Prene done (fil vous plait) & foutenez la deffance de cette mienne antreprife: fil y a du mecontantemant,ie vous fupplie de faire mon appointemant,comme il vous fera trefaife, ie m'an affeure: & ie prieray Dieu que vous augmante fes graces,an toute profperité. De Paris ce 15. iour de Feurier, 1579. VINT-ET-DEVZIEME CHAP. Contre ceus qui iuget de la fuffifance des mede- cins par le fucces, qui et deu fouuant à l'heur, plus qu'au fauoir. Ln'y a etat plus fujet à calomnie que celuy du medecin, pour la dignité de la vie & fanté,que l'on prife & cherit fur touttes chofes du monde. Auffi n'y a il etat de qui plus de jans fe veulhet meler, qui ait plus de contrerollenrs, & duquel chacun veut cognoitre pour iuger de la fuffifance de fes profeffeurs. Or le plus iniufte jugemant et du fucces, qui fouuất et d'vn bon heur & rancontre,nompas de la fuffifance ou bonne procedure du medecin. Car on void quelque fois guerir le malade, auquel on aura ordőné tout au rebours de ce qu'il falhoit. De forte que la force du paciant aura refifté, & au mal, & au defordre du medecin. Comme quelque fois les malades echappet, ayans fait quelque grand faute,qui ne les a pu accabler. D'alheurs,il y ha des medecins tant heureus, que commune mant ils rancontret des malades gueriffables, & ne font appellés pour ceus qui ont à mourir: qui et vn grand heur, mais nompas ordinaire,& pour y fonder iugemant. Donques il an faut venir au foir,& à la diligeance, accompagnez de preudhommie, prudance & fidelité. Car lefucces bon & mauuais, ne font diftinccion du fauant medecin à l'ignorant: veu qu'au melheur medecin du monde il peut mal fucceder,apres auoir fait tout deuoir. Mais fil et autremant heureus ( qui et de n'etre communemat appellé pour les mortels) on an verra de fi beaus & frequans effais, qu'on pourra iuger de fa fuffifance. A ce propos ie dis volontiers, quand on meprife quelque fauất medecin, pour auoir fally à fon iugemant ou deffein,& qu'on vante vn ignorant, ou de peu de valeur, pour auoir mieus rancontré au mesme fait,ou famblable, que les fautes du fauant font de bon comter, tout ainfi que les beaus fais de l'ignorant. Et pourtant cettui-cy les preche ordinairemant, car on les peut aifemant reciter, & fes fautes font innombrables. Du fauant, tout au contraire: les calomniateurs repeteront fouuant fes fautes, ou vrayes (car le bon Homere fomelhe quelques fois)ou pretãdues. Auffi fes braues cures font infinies. Le peuple ingrat met facilemant an hobly les benefices, qu'il aura fouuant reffus, & done lieu an fa memoire aus plus legieres fautes. Mais pour moutrer euidammat l'abus, de juger par les fucces, de la fuffifance des medecins, ie ne veus autre argumant,finon qu'vn mefme perfonnage fera dit bon & mauuais medecin (chofe contraire, & partat impoffible) a cette preuue là. Car de Lamblable mal, an mefme tams, & touttes circonftances parelles, de deus malades I'vn guerira, & l'autre mourra, etans traittez de mefme medecin d'autant que le mal fera plus vehemant, & la vertu moindre an I'vn, qu'an l'autre: ou que l'on n'aura amployé famblable deuoir à tous deus. On ne peut donc iuger de la fuffifance du medecin par le fucces, qui bien fouuant et deu plus à l'heur,qu'au fauoir. VINT-ET-TROIZIEME CHAP. Que le vulgaire n'eftime rien, fi on ne guerit contre fon opinion: que les derniers remedes ont tout l'honneur: bien heureus le medecin, qui vient à la declinacion du mal. Omme il n'y a plus iniufte & deraifonnable que l'ignorant, auffi n'y a il rien de plus ingrat ou mecongnoiffant. Car l'ignorance aucuglit tant, qu'on fait mauuais gré du bien reffu : & on fe tient pourqbligé du contraire. An la curacion des maladies, le vulgaire (iuge incompetant) efti me peu ou rien, fi on ne guerit contre toutte efperance: ou plutoft & plus ayfemant que il n'auoit comprins. Autremant il dit,que c'er tout de l'effort de nature, que la jeuneffe luy a bien ferui, que les bons potages, coulis & autres alimans, ou le bon feruice des gardes l'ont gueri.Briefle medecin n'y aura part ne quart, ains aura fait plus de mal que de bien : & dira on bien fouuant, que f'on n'y eut rien fait, le malade fut plu-toft gueri: & autres famblables abfurdités, que le peuple ignorant debagoule. Mais fi on tient le malade pour mort,& puis il vient à guerir, quand bien ce ne feroit du bo ordre qu'y aura doné le medecin (pourueu qu'il ayt continué à le vifiter, & faire toujours quelque chofe, ou bien ou mal, fans l'abandonner aucunemant) on eftime qu'il ha trefbien fait, & que c'et vne belle cure, voire miracle,ne plus ne moins que f'il l'auoit reffuf fité, ou abfout de la mort,à laquelle on l'auoit condamné. Samblablemant aus douleurs vehemantes de tefte, des yeus, des orelhes, de la colique,nephritique, goutte, & famblables, fi les remedes ne les otet ou diminuet foudain, ils ne font rie prifés: & dit on,qu'il falhoit bien que à la fin le mal fan alla ainfi qu'ainfi, & les medicamans n'y ont de rien feruy : combien qu'ils foint caufe que la douleur fet appaifee, mais non fi toft qu'on eut bien defiré. Car les remedes, comme toutt' autre chofe naturelle, requieret tams à produire leur effet. Y a il rien au monde plus actif que le feu? toutesfois fi vous luy voulez faire confumer & mettre an fandres vn gros bois verd, ou fondre du cui "" ure à vn inftant,vous ferés defraifonnable. Et qui dira, que ce pandant il ne fait rien? C'et pourquoy le peuple veut,qu'on chage d'heure an heure de remedes, come fi celuy qu'on ha ordoné & applique ne faifoit rien. A quoy le prudant medecin ne fe doit accorder, file medicamant et propre & bien inftitué : fuiuất l'Aphorifme d'Hippocras, que fil ne fuccede Aph.52. felon raifon, à celuy qui fait tout par raison, il lin.2. ne faut paffer à autre remede, tant que perfeuere ce qui ha famblé dés le commancemant.,; Ceneantmoins, affin de contanter & amufer le paciant,on peut bien de mefme matiere ordoner vn autre forme de remede, & cótinuant an la qualité ou geanre des medicamans,changer fouuant de forme & compoficion. Et voicy vn autre erreur,qui fe decouure: c'et qu'o attribue la guerifon au dernier appliqué, iafoit qu'il ne fut differant des autres an vertu, & que tous les precedas y ayt leur bõne part. Ainfi quant au centieme coup de hache vn arbre tombe, ce n'et pas le centieme qui ha tout fait,ains le chacun des nonante & neuf y a fait fa rate porcion. Le peuple voudroit ( & il n'a pas tort de le vouloir, ou defirer, comme il ha bien tort d'an importuner le Medecin) que comme on romt vn rayffort,& que l'on coupe vn filet,ainfi on tranche le mal:qui et quelque fois auffi roide & anraciné qu'vn vieus chefne,lequel refiftera à mille coups auant que de " tober.Mais de peu à pen tout fe fait, & pl' feuremant, que par grand violance: comme l'eau, qui et molle,vfe & rot la pierre par frequance de gouttes- A ce propos reuient, ce qu'on dit communemant,Heureus le medecin qui vient à la declinació du mal.Car il et impoffible,que le paciant meure de la maladie qui diminue, puis qu'il ha eu la force de refifter à l'effort de la vigueur du mal, comme Galen nous anfegne. Dont ceus qui donet fus la queuë du mal, où il n'y a guieres de refiftance,n'ont pas grád befogne à faire. Et ce pandant ils acquieret (mais à mauuais titre)reputacion d'auoir fauué la vie au paciant, & que les autres medecins n'y ont rien fait que valhe. C'et pour reuenir toujours à nottre propoficion, que le vulgaire n'eftime pas beaucoup, fi on ne guerit contre fon opinion. Car an la vigueur du mal tout et fi debordé, par inquietude, veilhes, reuerie, foif infaciable, & autres tels accidans, que le vulgaire n'an attard que la mort. Si vn Medecin arriue là deffus,& le malade meurt, les premiers an font accufez ou foupfonnez. S'il guerit (comme apres vne tintamarre d'accidans, le mal va an declinat, fil et gueriffable) le dernier l'aura fauué. Et voila commant on recom. pance d'ingratitude, ceus qui ont eu la plus grand peine. Dequoy i'excufe ancores le peuple ignorant, nompas les Medecins prelomptueus & vains, qui arrogammant & impu dammant fattribuet l'honneur de la guerifón: cobien que (fils ne font ignoras & frasqueus) ils fachet bien, que cela ne leur appartient pas de droit. Car etans venus fur la fin, ils n'ont fait que voir le fruit du labeur d'autruy, ou quelque effort inopiné de Nature. VINT ET QVATRIEME CHAP. Des importuns & Soupfonneus, qui calomniet les procedures du medecin. Des outrecuides & prefomptueus, dangereus aupres d'un malade. E Medecin n'ha faute de befogne, quand outre le mal qu'il doit combatre, il trouue refiftance du couté du malade, des affiftans, ou de ces deus anfamble. Car comm' il combat l'an nemy,qu'il fe met & propofe au deuất,il et affally ou detourné par derriere, & de touttes pars,de l'importunité de ceus qui interpretet tout an mal, & rapporter les accidás,auec la logueur de la maladie,aus procedures du medecin.Car fil auient, q les acces de la fieure soint plus gras apres la faignee, ou la purgacion, ils murmuret ou reprocher q lefdits remedes an font caufe. Ils ne fauifet pas, q tout mal va an augmấtất iufqu'à vn certain etat:apres lequel, frle mal et gueriffable, il commace à decliner: & n'antandet pas, que les acces feroint ancor plus vehemans, & auroint plus long accroiffemant,fi teiles euacuacios euffet eté omifes. Ils ne fauifet pas auffi, que fouuant les maus recidiuet pour diuerfes occafios: que quelque fois ils dōnet des traiues, puis font plus forte guerre qu'au parauant,felon que les humeurs fe remuet & rebellet, faifans fedicion les vns apres les autres. Quelque fois il auiedra par vn malheureus rau contre, que la medecine fera fuiuie d'vn flus de vatre iufques au fang.Ce flus etoit à la porte, & on l'attribuera à la medecine, qui n'an peut mais. Souuant auient de foymefme quelque douleur de tefte, vomiffemant, alteracion,tranchees de vantre, inquietude, faure de dormir, & autres facheus accidans, qui n'etoint dez le commancemant de la maladie:cỡ. me le plus fouuant les maus cốmancet de peu, fimples & legiers. Que diront ceus à qui tout et fufpet,& caufet mal les accidans? Cecy et auenu depuis le clyftere, ou depuis l'epitheme,l'onccion, la poudre, le potus, & autres remedes qu'on aura amployés. Il fera bien vray que c'et depuis,mais nompas que le precedant an foit cause. Ou ie diray famblablemant,cela et auenu depuis qu'il ha prins du boulhon, ou qu'il ha dormy,ou parlé à quelcun,&c. Donques ces chofes an font caufe. Il n'y a que le medecin expert, & futil à l'inueftigacion des caufes, & diligeant obferuateur des effais fur ueñans uenas aus maladies, qui puiffe vrayemant dire d'où partet ces accidans: & fi c'et de la nature & effance du mal, ou de l'erreur du malade & des affiftans,ou des chofes externes. Ce pandat le Medecin et chargé de tout: & fi on ne luy an fait plainte ou reproche, c'et par crainte de l'annuyer,voyat qu'on ha befoin de luy. Mais on ne laiffe pas d'an murmurer, & d'auoir regret à tout. C'et grádiffime peine au medecin, de fe voir ordinairemant interroguer & ergotifer,d'où vient cecy,d'où vient cela? il ne l'auoit pas hier: c'et depuis telle chose. Ie difois bien, que cela luy ameneroit quelque accidất: & autres tels reproches piquans & aigres,tref difficiles à fupporter ou diffimuler au medecin qui ha bon cœur, & famploye fidellemát au fecours du malade:qui ha tous fes espris badés & tādus comme les chordes d'vne epinet te,à inuanter & accorder les moyens de furmonter le mal: & ce le plutoft que luy fera pollible,le plus feuremant, & auec la moindre facherie q faire fe pourra. Et qu'et ce (ie vous prie)ainfi l'importuner à tout momất, & mettre touttes chofes an doute & foupfon, finon que par vne opinion de defiance, ou de fa volonté, ou de fa fuffifance, luy faire perdre cou rage, & la hardieffe qu'il doit auoir à bien faire fa charge,etat fauori & acouragé de tous les affiftas? lefquels ne fe doiuet etonner d'aucun accidant, tát que le medecin plus clair-voyat O " " " "' " les an affure. l'accorde bien touttesfois, que 1. Aph. 1. luymefmes y et fouuất trompe, comme le iuli.2.ch.6 gemant des maladies et difficile & incertain, fuiuant la proteftacion du grand pere Hippocras. Car (ainfi que Celfe ha trefbien remoutré) la Medecine et art coniecturel : & la raifon de la coniecture et telle, que quand elle aura fouuant repondu, quelque fois nous abufe. Mais fi aucunesfois & à peine, au millefieme cors nous y fommes trompés, cela n'et pas notable, veu qu'elle repond bien & rancontre an infinies perfonnes. Ce que ie dis, non feulemant an ce qui et dangereus, ains auf an ce qui et falutaire. Car fouuant on et fruftré de fon efperance : & tel meurt, duquel le medecin an premier faffuroit: & les chofes inuantees à guerir, quelquefois font ampirer le mal,ce que l'imbecillité humaine ne peut euiter,an fi grand diuerfité de cors. Il y a toutesfois creance à la Medecine,veu qu'elle proffite le plus fouuant, & à beaucoup plus de perfonnes. Il faut tenir cela pour refolu, que tant qu'il plait à Dieu (auquel il faut toujours remettre le principal, voire le tout) nous preuoyons à peu pres l'auenir, par ce qui et prefant, & ce qui et paffe: de quoy nous affurōs, ou nous defions de la guerifon des malades. Mais il y furuiết des cas fi inopinés & fortuis, que les plus auifez du mode ne fan pourroint douter.Et que feriés vous là. Il n'y a perfonne >> " 22 " " " 29 qui puiffe repondre, de fant mille fucces que. nous obferuons an diuerfes maladies. Car nature ha interieuremant des fecrets mouuemás, & quelque fois des erreurs de fon impuiffance: defquels né fe prefantet à nous aucuns indices qu'on puiffe remarquer, iufques à tant que l'on void le defordre auenu, & au decouvert. Lors le vulgaire ignorant, & plein de foupfon, le rapporte à quelque chofe de celles qui ont eté faites pour le melheur. Et voila vn blame au medecin. Il le faut bien prandre autremant, & juger fainemant, que nonobftat la bonne procedure, infinis accidans peuuet auenir: & que c'et du naturel de la maladie, qui continuellemant fait nouuelles forties, & affaut du coté qu'on fe doute le moins. Quelque fois on panfe auoir acheué, & c'età recomancer. La maladie n'et pas vn annemy qu'on voye à l'œil, & duquel on puiffe comprandre tous les deffeins, pour les rõpre ou preuenir. C'et bien beaucoup de reparer toujours les ruines qu'elle fait, & finalemant la cotraindre à quitter la place. An ces antrefaites furuienet mille & mille accidans ou inconuenians, qui troublet & peruertiffet la curation. Il faut pradre le tout an bonne part, & fans molefter les medecins(qui an font autant fachés a perfonne qui soit) eftimer, qu'on n'y fauroit dōner autre remede, que celuy qu'on pratique. Nous auons taxé les importuns & foupfon neus, qui ne ceffet de contreroller les accions des medecins, & les troubler de mille doutes. A prefant nous parlerons des outrecuidés, temeraires & prelomptueus, qui ont opinion de fauoir quelque chofe au fait de la Medecine & des maladies,ou par obferuació, ou par vía ge: & aucuns pour y auoir etudié quelque peu. Ce font perfonnes fort dagereufes,& qui traualhet infinimant vn bon medecin.Les fimples ignoras & non outrecuidés, n'antrepren net que ce qu'on leur commande pour le feruice du paciant, fans y aiouter ou diminuer, emeus d'vne fage crainte de mal faire. Au contraire, ceus qui cuidet fauoir, & n'an ont aucon fondemant, glofet toujours fur le Magni ficat, & n'eftimet rien que ce qu'ils f'imaginet, iugeans le medecin fort fuffifant, fil faccorde à leur propos. Autremant,il et rhabarbatif,hazardeus,rude, & non amy de nature. De telles jans parle Terance bien au vray, disant, qu'il n'y a rien plus inique ou iniufte, que l'homme ignare: car il n'eftime rien bien fait,que ce qu'il fait. Donques il ne faut aupres des malades, pour les feruir, traiter & gouuerner, ou auifer de leur affaire, que les medecins bien fauans,& les feruans ou feruantes qui nefachet rien, finon executer propremant ce que leur fera commandé, & qu'ils peuuet comprandre. Car ceus qui fauet à demy, ou panset sauoir fans raifon, font meruelheufemant dangereus Ils ne font ne chaus, ne frois, ains tiedes : parquoy on les doit vomir, c'et à dire,ietter hors de la chambre des malades. Ori'approuue les ignorans, pour affifter aus malades, nompas qu'ils foint lourdaus & beftials, ainsqui antádet feulemát le feruice requis: comme de bien faire potages tels qu'ordonne le medecin,cui-re les viandes,faffonner le lit,leuer & coucher le malade, vfer discrettemant de touttes chofes ordonnees, comme leur fera dit, mefmes de l'apoticaire, anfuiuant l'ordonnance du me decin: Lefquels fachet bien raconter ce qui et paffé, ou de iour ou de nuit,obferuans touttes chofes fort curieufemant. Ie trouue bon auffi, qu'ils propofet quelques doutes au Medecin, comme l'auertiffant de ce qu'il peut moins fauifer, n'etất toujours prefant & d'ordinaire. Car cela le met an chemin bien fouuant,de tenir autre procedure. VINT-ET-CINQVIEME CHAP Que ce n'et le proffit des malades, d'auoir plufieurs Medecins d'un ordinaire. Evulgaire fabuse grandemant, an ce qu'il cuide auoir plus de fecours, tant plus il ha de medecins: come à la guerre, le grand nombre de jans, fait plus de force. Het vray, que plufieurs de bon accord, ne font qu'vn: mais comme il et tref-difficile, ersitas de rancontrer perfonnes qui ayet mefme auis penyet an touttes particularités, bien fouuant la mulBicy. titude et dommageable: comme eprouua le bon ampereur, qui dit an mourant, L'antree de la moindre m Cer. Expto. plufieurs medecins m'ha perdu. Ie trouue fort bon, d'importance, on onsilium appelle an cofeil quelque nombre de personvocatis nes doctes & expertes : mais à executer la reripe folucion, & regir le malade ordinairemant, il dex n'an faut qu'vn furintandant à touttes les parreticularités, lequel de fa prudance & difcrecion rang ajoute,diminue,chage,auance, retarde, difpance, inuante & ordonne chaque chofe par le menu. Autremant, on n'auance pas grand' beTogne,l'vn fe repofant fur l'autre,ou bien contredifant de chofe qui ne vaudra prefque le parler. Ce pandant mille belles occafions fe paffet & perder: dequoy le paciant an foufterig fre, lequel fatand à la difcrecion de fes gouuerneurs. Vn'autre incommodité bien granGres Medi de et,quad les medecins ne font expres cheus won por vn malade & d'ordinaire, ains le vifitet par vilalligarile, c'et qu'etans plufieurs an part, il ne fe ranArlan Glam contre pas de pouuoir toujours fy trouuer à de mefme heure: & fi l'vn attand l'autre, il perd who ako tams, qui fait bien befoin à d'autres malades'S'il ne l'attad pas, il n'y aura communicacion auec difcours, ainfi que le malade ou fes paradefiret. Cela et meruelhoufemant in comme de aus pacians & mesmes aus medecins. Dont clari ie dis volontiers, que qui veut etre mal fecou- Mome ru, ayt plufieurs medecins. Voicy commant Concluse il faudroit faire: dez le commancemant an ap. Exp gre peller quelque nombre, affin de confulter & deliberas ph conclurre ce qui et à faire, pour mettre le malade an bon train de guerifon. Puis retenir celuy de tous qui fera plus aggreable, auquel eligendy feul on remette la difcrecion de tout. Et quád 8 Exe il furuient quelque accidant nouueau, ou quere. le mal et opiniatre, ou qu'il fe prefante occa- Novea fion de panfer à autres remedes, r'appeller le den m confeil, lequel fera depuis executé par le me- dente va Congre no facien decin ordinaire. RAMAS DE PROPOS VVIGAIRES, Medicom Erreurs populaires, auec quelques problemes, anuoyes de plusieurs à M. IOV BERT. Es barbiers de village ne veu let point de chemises de fame, pour faire de la charpie, des plumaceaus, tantes, compreffes & bandages: ne auffi du lin, ou etouppes de lin, à panfer les playes, vlceres, contufions, & fractures. 2. On auertit ceus qui ont le carboncle, de ne paffer l'eau,fur pont,ou fur bateau, ne an forte que ce foit. ¡O iiij 3. Pourquoy deuient on anroué, d'etre veu premieremant du loup? : 4. D'où vient, que fi on trampe du falé, chair ou poiffon,das l'eau de mer, il fe deffale mieus & plu toft, que fil trampe an eau douce? 5. La graisse de poiffon offance elle plus l'eftomac, que toutte autre graiffe? 6. Le poiffon, puifque il et vn coup hors de l'eau,il ne la doit iamais toucher. 7. Les chiens anraget de iuner. 8. Commant et ce, que de velher on deuient fou, fi on y ha quelque inclinacion? 9. D'où vient, que tant plus on dort, tant plus 1 on veut dormir,& au contraire? 10. Apres le boire & le repas,le dormir fain ne trouueras. 11. Commant peut on auoir le foye chaud, & l'eftomach froid? 12. Et il vray,q les couchos & les agneaus, tant plus jeunes font, tant moins font bons à mager; & au contraire les cheureaus & les veaus? 13. La laine de la brebis,arrachee de la gueulle du loup,angeandre force pous. 14. D'où viết, qu'o ha plus de froid,ou de douleur au bout des dois, que ez autres parties? 15. Que la chair de la befte, qui et morte d'vn feul coup, et plus tandre qu'autremant. 16. Contre ceus qui difet,que les malades gueriffet plu-toft, fi on les laiffe viure & faire à leur appetite 19.D'où vient qu'vn cors bien fain,ne peut par fon atouchemant guerir le malade, comme le malade peut infecter celuy qui eft lain? 18.Pourquoy dit-on que ceus qui font frais an æté,font bien fains; & au cotraire,ceus qui font chaus an hyuer? 19. Faut-il que les maladies facet leurs cours? 20. Pourquoy et plus dangereus, le changemát du chaud au froid,que du froid au chaud? 21.Pourquoy n'eft-il pas bon, que les petis anfans regardet la clarté fort attantiuemant? 22.Pourquoy dit-on,Il iafe,il ha les piés chaus? 23.On dit,que la petite orelhe et marque de bó efprit,& de malice auffi, fur tout aus fames. 24.Ceus qui ont la veine du front groffe & apparante,fort aifee à fanfler,font malicieus. 25.S'il faut boire le plus grand trait au comman cemant du repas : & qu'il foit plus ou moins trampé, que les autres d'apres." 26.D'où vient que les chapons font plus & plutoft gouteus que les coqs, fi la caftracion et remede à la goutte? 27.Commant peut la palhe conferuer la neige, & la glace, veu qu'elle fait meurir les fruis, & le fromage? 28. Que les premiers & derniers frois, font les plus dangereus. 29.D'où vient, que le foleil de Mars et plus catartheus, qu'an autre faifon : & qu'on eternuë plus au foleil, qu'on ne fait aupres du feu? -30. Que le malade doit dormir quand il peut, Pil ne peut dormir autremant à propos. 31. Qu'il faut croire au malade, du dormir, de la foif,& de la doleur. 32. Et-ce bien dit, ce dont couuert an hyuer as eté,ne le depoulhe en æté? 33.Quatre font les mauuais boccons, peiches, figues, melons, & champignons. 34. Pourquoy dit on, qui ha la ficure au mois de May,tout l'an demeure fain & gay? 35.Quinait le Dimanche, iamais ne meurt de pefte,quoy qu'il an fort attaind. 36.On dit, que la plus-part des gelines, & des lieures, font ladres. 37. Il et fain comme vn poiffon, & ha l'eftomach chaud come vne calhe. Il pourroit manger des charrettes ferrees, que ne luy feroint point de mal, 38.Si l'haleine du punais peut fuffoquer vn an-fant dans le vantre de la mere, & fi la punaifie peut caufer diuorce an mariage. 39. S'il eft poffible, que le poil croiffe au perfonnes mortes,& les ongles auffi. 40.Et il vray,que l'on croit touiours,tant que on ha des recidiues? 41.Male femaine,mal an,mal touiours. 42 Fat vn iour,fat vn an,fat touiours. 43.Oeuf d'vne heure, pain d'vn iour,chair d'vn -an,poiffon de dis. 44. Et il poffible de prandre la verolle, pour aller à les affaires fus la chaire percée d'vn ve rolé,qui n'an fait que partir? 45. S'il et plus fain, de chauffer le linge des malades au feu de farmans, & le parfumer de fon. 46.Si le perfil nuit à la veuë, & file ius des raifins vers l'eclarcit. 47.Commant on peut eftre nourry de clyftere. 48.L'hippocras beu au foir cause antouëure,& quelquefois la fquinance, 49. La Hyacinthe fait reuer plaifammant: & l'Emeraude donnee du mary à la fame, se romt auffi toft qu'elle romt fon mariage: 50. De nouueau tout et beau, de faifon tout et bon. 51. Vn mal ne vient iamais feul, & mal fur mal n'et pas fanté. 52. Tard medecine et apprettee,à maladie anra.cinee. 1. 53. D'où vient, que le vin nuit aus parties nerneufes prins par dedans, & leur profite appliqué par dehors? 54.Commant toute befte venimeufe porte fon contreuenin: & fi la befte morte et mort le ve nin. 55.Pourquoy dit-on, que depuis l'inuantion du tondre,& de porter des mules, les medecins ne vont plus tant fur mules? 1 56. Dequoy fert prandre de l'acier pour les pa les couleurs, & fi les poulles qui boiuet de l'eau des forges fe trouuct fans ratelle: comme les brebis qui brouter le tamaris pres d'vne certaine riuiere? 57.Et-il vray, qu'il faut touiours boire quand on ha foif,& manger quand on ha faim,& dormir quand on ha fommeil : & qu'on ne fe doit garder de manger, finon des charretes ferrees? $8.Pourquoy dit on, que fi l'anfant peut paffer neufiours,il et hors de dangier: & à cela on cognoit,qu'il et de terme legitime,& par tams? 59.Ya-il quelques maladies, defquelles passez certains iours, le paciant ne peut mourir? 60.Si le potage froid,ou pris apres le repas,angraiffe plus qu'autremant. 61.A vn cors bien tamperé, l'appetit de manger, & de dormir, vient-il touiours à mefme heure: comme on fe reuelhe volontiers à mefme heure? 62. D'où vient, que quelques vns fe leuans fort matin,ont tout le reste du iour mal de tefte? 63. Pourquoy apres vn grand exercice, il ne faut boire ne manger incontinant,ny quand on fuc? 64. Qu'on attribue fouuant la conualeffance au changemant de l'air,qui n'et pas moins deuë au changemant de l'eau. 65.Pourquoy dit-on, que les fandres font medecine:& que le pain moifi eclarcit la veuë? 66.Si le manger des aus fait angeandrer des anfans males: & fils font bons à la peste, dont on les nomme,la theriaque des ruftiques. 67.Si les fleurs blanches ou rouges des fames augmantet, quand elles prennet chemise blanches: & fi au contraire, an la rogne & an la pefte il faut changer fouuant d'habits. 68.Si les fleurs blanches font contagieuses, de forte que l'homme an puiffe prandre la piffechaude. 69. Pourquoy anueloppe on celuy qui et tombé d'anhaut, d'vne peau de mouton ecorché fur le champ: & fi la mumie ampefche le fang de fe calher an l'eftomach: ce qu'on dit auffi de la presure. 70.Pourquoy font les hommes plus echauffez à l'amour durant l'hyuer, & les fames durant l'æté? 71.Si coucher auec vne vielhe, rand vn ieune homme fterile. 72. D'où vient que l'homme fannuye toft à la luitte amoureuse, iamais la fame: & qu'vn coq fuffira à treize poules, mais vne fame à quatorze hommes? 73. Vne totie apres le paft, ou vne croute de pain, ou boire vn peu d'eau fraiche, sont ils bons contre le mal de tefte? 74.Que la viande bien machee, et demy dige ree. 5.Pourquoy dit on,ieune barbier, & viel medecin? 76.Beau à vint ans, fort à trante, fage à quaran te,tiche à cinquante, vicus à foissante. 77.Et il bon, que les anfans manget beaucoup de pain fans viande? 78. Que l'eau mielee,dit'hydromel,nourrit autant ou plus que le vin. 79. Que toutte nottre vie, n'et qu'vne maladie. 80. Que l'acte venerien n'et pas necessaire â la conferuacion de fanté. 81. Que la langue noire au commancemant d'y ne maladie,n'et pas touiours mauuais fine. 82. Contre ceus qui difet, que les anfans de fet mois n'ont point d'ongles. 83. Que l'eau extrememant froide, & claire, et plus vicieufe que louable. 84. Si la gelee et bonne & faine, tant aus fains, qu'aus malades. 85. Apres la figue, vn verre d'eau: apres le melon,vn verre de vin. 86. Vn pan,fe garde vn an. 87. Et il vray, que fila fame confoit au croiffant de la lune,ce fera vn fis: & fi au decroiffant, vne filhe? 88. Qu'il ne faut pas craindre tout ce qui peut auenir,combien que puiffe à tous auenir,ce qu' avient à quelqu'vn. 89. Et-il vray, qu'il n'y ha rien de sain, qui ne foit fain toutte l'annee? 90. De ceus qu'on anterre vifs, panfant qu'ils foint mors. ༡༠. 91. Et il vray, que la langue du chien foit me decinale, gueriffant les vlceres? 92. Catholicon, eau benite de medecine, & de tauerne. 1 93. Qui retient plus longuemant fon vrine, l'homine ou la fame, & pourquoy? 94. D'où vient, que les dans baffes croiffet plutoft aus anfans,que celles d'enhaut? 95. Qu'et-ce que, faire aller la medecine à cloche-pie? 96.Si c'et bien dit, lauer fouuant les mains, raremant les piés,& la tefte iamais. 97. An la pefte il ne faut pas fouffler la louppe: & il conuient parler plus fouuant à Dieu, qu' aus hommes. 98. Qui n'et pas fain, n'et guieres fage: car le mal contraint à beaucoup d'imperfections. 99.Pourquoy dit-on,de ceus auquels le vantre groule,qu'ils ont des grenoulhes dedans? 100. Et-il mauuais de fe chauffer le vatre apres le repas, comme fi cela pouuoit ampecher la digestion. 101. S'il et melheur d'etudier le foir apres lou- per,ou le matin: & à quelle forte de ians. 102. Si vn homme ne veut manger qu'vne fois le iour, à quelle heure doit il prádre fon repas? 103. Si boire de l'eau fait bien au foye & aus yeus: & fil nuit à l'estomach & à l'amarry. 104. Et il vray, que la ficure quarte fan va par excez,ou yurongnerie:& qu'elle ne fait iamais fonner campane: & qu'vn home an et plus fain tout le refte de fa vie? 105. D'où vient, que fi l'on paffe l'heure accou tumee de fon repas, on an perd l'appetit? · 106.Si de trop boire,on peut piffer le vin: & de trop ambraffer,le fang. 107.Que le vin immoderé accourcir la vie,com me la chaus mife au pié d'vn arbre. 108.Si la lumiere de l'huille et melheure pour l'etude,que celle de la chandelle. 109.S'il et bon à vn rogneus de fe leuer matin, pour faller pourmener. 10.Si an tams de pluye il faut peu manger, peu boire,& faire grand exercice dans la maison. 11. Et-il vray, que ceux qui ne manget beaucoup, ne font pas robuftes an traual? 112.Și le pain de fromant oppile, le pain de feigle lache,&guerit les hemorrhoides: celuy d'auoine ou de mil, constipe : & le pain de maison et plus fain, que celuy du fournier : & fi vn peu de fon parmy le pain,lache le vantre. 113. Ceus qui ont les poumons, ou le foye gatez, aymet fort le vin pur: & d'où vient que quelques vns piffet au lit,fils mettet de l'eau an leur vin? 114. D'où vient, que le vin mufquat anyure plustoft, & plus longuemant, fi on y met de l'eau? 115 Et-il bon, de boire dez l'antree de table vn trait de vin pur, auant manger, pour auoir le vantrelache? 116. Pour 118. Pourquoy eft-ce, que plus de ians meuret la nuit que le iour? 117. D'où vient, que le ferain de la Lune et plus catarrheus, que celuy du Soleil : & que le matin et plus frais que la nuit, ancor qu'elle foit plus clognee du Soleil? $ 118.Pourquoy dit-on la goutte et la maladie des tiches, & la rougne des gueus : & neantmoins qu'il n'appartiet pas aus belitres, d'auoir fi grăd plaifir qu'on ha de fe grater? 119.Pourquoy font les ladres plus palhars que fains, & moins faiets aus pous, aus fieures, à la pefte,& autre contagion? 12o. Si ceus qu'on appelle en Gascogne Capots font vrayemant ladres ; & quelle et leur origi-s ne. 121.Si quelqu'vn peut etre ladre, fans an auoir les marques au vilage, où l'on conftitue les fines vniuoqués. 12.Pourquoy la groffe verolle va an declinant, & maintenant fe guerit mieus que du comman cemant? 123.D'où vient que les goutteus, verollez, & ceus qui ont eu quelque os rompu, famtent le changemant de tams? 124. D'où vient, qu'ez lieus où croiffer les bons vins,il fy an boit moins qu'alheurs? 125.Pourquoy dit-on,l'Espagnol mage, l'Alle-mant boit, & le Franfois faccommode à tout? & on le nomme le finge des autres nations? P 126. Que le dormir fur le calhé et poifon, & fur l'yurognerie et medecine: mefmemant fi l'yurogne ha vomy, ou fi on luy ha ietté vn feau d'eau aus parties honteufes. 127. Et-il au pouuoir d'vne fame, d'etre malade & guerie quand elle veut,fuiuant le vieus ditton? à 128. Pourquoy dit-on, aus & oignons pour les Gafcons,tripes & boudins pour les Limofins? Et qu'vn Limofin eft grand mageur de pain, vn Bourdelois de chair, l'Espagnol de falade, l'Italien de fauffes, & vn Senenant de chaftagnes. 129.D'où vient cela,qu'il y a tant de goutteus Bordeaus, tant de hernieus à Mópelier, de goitreus an Sauoye, de fous an Bearn, de fats aus anuiros de Mõpelier (où ils les apellet bauchs) d'épileptiques an Tofcane, mefmemant à Florace,d'efcrouelleus an Efpagne,de phthifiques an Portugal,& tant de ladies an Limofin? " 130. D'où vient, que de tenir la tefte trop couuerte,fait venir le poil chenu:& file froid de la tefte nuit à la memoire? 131.Et-il vray que le frequent coit, & l'vfage des medicamans, anuielhit les perfonnes? 132. Commant et bonne contre le rheume, I'v rine des petis anfans? 133.Se peut-il angeandrer vn venin dans notre cors:& fi l'Incube et quelque efprit? 134. Ceus qu'on faigne vne fois l'an pour precaucion, faut-il qu'ils continuet cela toutes les annees,à peine de fan trouuer mal? 135.Et-il bon à ians gras,replez,& andormis,de fe courroucer fort fouuant: & aus impudans d'etre contriftez:& fi l'acointance des fames er vtile aus melancoliques? 136. D'où vient qu'vne maladie contagieufe fe prand plutoft d'vn vieus à vn ieune,qu'au contraire? 137. Vaud il mieus laiffer viure vn homme fuiuant fa coutume, ancor qu'elle foit mauuaife; que la changer tout à coup? 138. Et-il vray que les eaus des puis font plus chaudes an hyuer, & froides an æté : ou fi elles le famblet etre tant feulemant? 139. Et il bo de laiffer aller les anfans tefte nue & fi on faifoit bien iadis an Angleterre, qu'on les plongeat dans l'eau glacee? 140. Et il vray que ce qui plait à la bouche, et bon à l'eftomach? 141. D'où vient, que les fames parlet plus que les hommes, & font communemát plus belles? 142. Et-il vray,que les fames font moins ingenicules, & moins vitales que les hommes, plus auares & tetues? 143.Et-ce bien dit,aile de perdris,cuiffe de cha pon,queue de poiffon,tefte de faumon? 144. Pourquoy difoit vn grand Medecin, que les perdris angeandret des pous? 145. Que la chair aupres les os, et la melheure: & le roty et comunemant plus dur q le bouly, 146.Que le fuccre aus anfans garde d'angeandrer vers: mais fil font angeadrez, il les emeut. 147.Iamais fuccre ne gata fauce.. 148. Pourquoy craind-on, que de trop crier les enfans fe creuet, mefmemant fils font males? 149.Si c'et bon figne, que l'anfant tette bien, quand il piffe beaucoup. 150.Et il vray, que les fages fames puiffet faffóner les mambres des anfans, quand ils naiffet: & les randre ftupides,an leur preffant le crane: ou les faire fouuant choir an fyncope & vomiffemant, an leur comprimant la bouche de l'eftomach? · 151.Et il vray, que les abilhemans qui preffet, ampecher les anfans de croitre: & qu'à ceus qui baiffet fort la tefte, il faut bien anfoncer le chapeau fur les yeus, pour accoutumer de la hauffer? 152-Et-il vray, que la chair froide met an appe tit: & le potage chaud au comancemant du repas le diminue? Que le vin pur epargne de manger:& l'eau au contraire,rand les ians affamez. 153.Pourquoy dit-on, il ha vn Almanach an la tefte, de celuy qui fant le chagemant des tams? 154 Et il vray, que de ferrer fort les iarretieres le fang monte au vifage, & qu'on an deuient rouge? 155.Que les phlegmatiques viuent long tams, mais ils font fuiets à maintes maladies: & au contraire,les bilicus. 156.Faut-il manger pour antree de table les viádes plus faciles à digerer, excepté quand l'estomach et bilicus? 157.Et il vray, qu'un homme bilieus fera plu toft ampoisonné, qu'vn autre? 158.D'où vient, que les anfans de huir mois ne viuent point. 159.D'où vient, qu'vn homme an sa cholere,ou etant an frenefie,et plus robufte qu'etat apaisé, & an bon fans? 160.Pourquoy dit on, vin de pourceau, vin de lyon, & vin de finge? 161.Le poiffon et-il melhcur cuit au beurre,ou à l'huille? 162.Pourquoy fe couure-on tant an dormant? & pourquoy dit-on, robbe velours, vantre de bureau? 163 Pourquoy aime-on changer de viande, & du pain on ne fan fache point? 164,Pourquoy dit-on, pain changé, & vin accoutumé? 165.Pourquoydit-on, pain d'vn iour, vin d'vn an, & farine d'vn mois? 166.D'où vient, que le coin pris au commancemant de table,serre: & pris à la fin,lache le van tre? 167.Pourquoy dit-on, antre deus petis vn gloricus, & antre deus grans vn lourdaut? 168.Pourquoy dit-on, que ceus qui mangent debout,ou an fe pourmenant, mangent dauan tage: & fi la coutume des anciens etoit louable, qui mangcoit fur le lit,ou à terre? 169.Commant et-ce, que la graine de laitue prife dans vn œuf durant trois matins,fait auoir du lait an abondance? 170. D'où vient,que la recheute et plus dange reufe, que la premiere maladie? 171.D'où vient, qu'aus fieures tierces, le vantre et coutumieremant conftipé? 172. D'où vient que le premier & le dernier age, font plus fuiets à maladies que les ages moyes? 173.Pourquoy les oifeaus boiuet tant peu,& le loup mange tant. 174. Pourquoy tous les anfans naiffet la tefte groffe, & camus. 175. Pourquoy ceus qui võt fort ferrez de ceinture,f ,font plus anclins à palhardise. 176.Si les os font infanfibles, d'où vient que les dans fantent fi grand douleur? 177.D'où viér, que les animaus procreez de diperfe efpece,comme la mule,font fteriles? 178.Dequoy peuuet feruir les fronteaus au mal de tefte? 179.Pourquoy les males croiffet plutoft dans la matrice, & les femelles hors de là. 180. Pourquoy tout animal fuit le coït en fa groffeffe, & an certain tams,fors que la fame. 181. Pourquoy n'er il bon de parler beaucoup en mangeant? 182. Commant fert la panade au flus de vantre. 183. L'homme et il inferieur aus beftes, de ce qu'il ne fait naturellemant aucun remede à fes maus.comme fauent les autres animaus? 184.D'où vient, qu'on appelle le vin dous, vin de commercs? 185. Pourquoy dit-on, deieuner de clers, diner d'auocas, gouter de commeres, fouper de marchans, & reuelhon de nourrices? 186. Pourquoy dit-on, que le melancholique minge,le bilieus boit, & le pituiteus dort? 187.D'où vient, que les anfans mangent beaucoup,boiuer peu,& ne ceffet de trotter? 188. D'où vient, qu'ayant beu du vin, foudain on lefant à la playe, ou à la goutte, combien qu'il foit ancor dans l'eftomach? 189. Que ce n'et pas grand meruclhe de voir que l'Otruche digere le fer, veu que les poulles n'an font pas moins, 190. Que le rire, & etre ioyeus, ampeche de de uenir vicus. 191. D'où vient, que les dans font mal, fi on fait grinfer auec vn couteau vne affiette, ou autre choft? 192D'où vient, que de fe bagner aus riuieres, on deuient affamé? 193.Pourquoy dit-on de celuy à qui puet les piés, qu'il et bien fain? 194.Pourquoy ceus qui ont grand foye manget beaucoup, & ceus qui ont le cœur grand font timides,& ont le pous petit? C 195.Boire de l'eau quand on le va coucher, fairil dormir? 196.Pourquoy font les vajues & les nonnains plus fuiertes à fuffocacion de matrice, que les marices & Yert il de fairer les mauuaifes fanteurs, pour reuenir de ce mal? 197. D'où vient que les anfans font plus sujets à la rogne,aus vers, & à l'epilepfie:les ieunes aus fieures & hemorrhagies, les vieus à la tous & à la goutte:les fames à mal d'eftomach & de tefte? 198.Et il vray, que ceus qui fe mouchet fort font plus fains, que ceus qui crachet beaucoup? 199.Et-il vray, que la melheure chair et pres des os, & du poiffon la queue, de la perdris l'aile, & du chapon la cuiffe, de la becaffe la merde? 200. Cuiffes font bonnes,quand ailes font mangees. 201.Les gemeaus fe font-ils d'vn mesme coït, ou de diuers (fuiuant Hippocras) par fuperfæ→ tacion: & fi vn anfant peut etre de cinq mois, comme le grain jetté an terre croit pluftoft I'vn que l'autre? 202. An tams de pefte, vaut-il mieus qu'il vante, que fil fait calme? 203. Pourquoy et tant mauuais le dormir fur iour,ou au ferain, ou incõtinant apres le repas? 204. Pourquoy les ians gras, & les maigres,fantet plus au bouquin, que les autres? 205. D'où vient, que ceus qui boiuet de l'eau, & ceus qui velhet ou traualhet, manget plus: ceus qui boiuet beaucoup de vin, ne manget guieres? 206. Pourquoy fe passera on plutoft de manger,que de boire? 1 207. Pourquoy dit on,de la pase vient la dace 208. Le medecin peut il guerir les paffions de l'efprit,veu qu'il et feulemant pour le cors? 209. D'où vient, que quelques vns an dormát parlet & cheminet: & pourquoy feffrayet fouuant les anfans an dormant? 210. Pourquoy dit on, de celuy qui et magnanime & genereus, il ha grand cœur: veu que ceus qui ont le cœur petit,font les plus hardis? 211. Pourquoy dit on à quelques vns, qu'ils ont les yeus plus grans que le vantre? 212. Pourquoy dit on, les poires font pierres, la nois gate la vois, le vin fait fang, l'eau amaigrit, contantemant angraiffe, & le fommeil nourrit? 213. Ne faut il point guerir la rongne, qui viet à la tefte des anfans? 214. S'il faut laiffer faire fon cours au rheume, 215. Etil vray, que les fames pales font plus af fectionnces au coit, que les rouges, & les maigres que les graffes: & que les petites font plus fecondes que les grandes, les maigres que les graffes? 216. D'où vient ce qu'on dit, Parifien foireus, Champenois peteus, filhe piffeufe, vicus chaf fieus,anfant breneus? 217. Pourquoy font tant difficiles les jans vicus,& ne louet que le tams paffé? 217. D'où vient, que les poiffons commancet à fe corrompre par la tefte, & les autres animaus par le vantre. 219. Faut il manger beaucoup au tams de ре fte, ou faut il fextenuer. 220. Pourquoy vne mie de pain mife dans le lait,le fait deuenir aigre. 221. S'il et vray, qu'vn des vers qui luifet de nuit an æté,ampeche le lait de fe calher, fil et dans la maifon. 222. Et il vray, que l'homme bait plus q tout autre animal, & que fa fiante et la plus puante, pour la diuerfité de fes viandes? 223. Et il vray,que les animaus qui manget de la chair de leur efpece,deuienet ladres: & qu'il an auiendroit de mefme à l'homme? 224. Pour ne fantir tant de faim, et il bon d'etre ceint etroitemat: & pour etancher la foif, de macher du papier? 225. Pourquoy dit on, qu'an tams de guerre il ne faut manger,ne femer, de la mante? 226. Pourquoy parlet les oiseaus, plutoft que les autres beftes? 227. Pourquoy la bife et contraire à la poitrine, & le vant auftral au cerueau. 228. Pourquoy le vin nouueau anyure tant, & commant fa fumee peut fuffoquer vne per fonne,tandis qu'il boul. 229. Et il vray, que l'huile et melheur au comancemant, le vin au milieu, & le miel à la fin? 230. Et il melheur figne aus fieures, que les vers fortet vifs, que mors? 231. Pourquoy l'homme et plus fujet aus maladies, que les autres animaus: & qu'il vit moins que le courbeau, la corneilhe, le cerf, &c. 232. D'où vient, que les beftes fanter plutoft le changemant du tams, que les hommes: & les plantes, que les beftes? 233. Pourquoy et ce, que l'vrine tant plus elle et retenue,plus elle put: & au contraire de la fiante? 234. D'où vient, que les ladres ne font point tant fujets à fieure, ne prenet fi toft la peste, & n'ont point tant de pous, que les autres? 235. Les autres animaus fonget-ils comme - l'homme? 236. Les fonges viennet-ils, de ce que nous a uons autresfois veu & ouy, ou de ce que nous -defirons, ou de la condicion de noz humeurs, ou par diuine infpiracion? 237. Et il vray, que le vin pur altere d'auantage? 238. Pourquoy ceus qui font mutilés de quelque mambre, deuienet plus gras au refte du - cors. 239. Vaut il mieus manger peu, & fouuant,que autremant? 240. Et il melheur de boire peu, & fouuant, comme font les Allemans, ou à grans trais cốme font les Franfois? & vaut il mieus tramper le vin,ou boire le vin à part, & l'eau apres, à la mode des Grecs? 241. Le feu, l'amour, & la tous, fe cognoiffet par deffus tous. 242.Pourquoy dit on,qui me veut mal,me fait blanchir : & qui me veut bien,me fait rougir? 243. Et ce bien dit, vetés chaudemant, mangés echarfemant? 244. Que le fepulchre, la vulue, la terre feiche, la mer, & le feu, ne diset iamais c'et affez? 245. Que veut dire, pour vn plaifir mille douleurs? & fi la confolacion des mal-heureus et, d'auoir compagnie? 246. Pourquoy dit on,manteur comme vn arracheur de dans? 247. Pourquoy dit on, au confeffeur, au medecin,& à l'auocat, il ne faut rien celer? 248.Pourquoy dit on,fain comme vn poisson? 249. Pourquoy et ce que les anfans, les vielhars,& les malades, ne peuuet angeandrer? 250. Et il vray,que l'homme foit vn petit móde: & que touttes les beftes font an luy, quant à la forme, & aus meurs, ainfi que moutre la phyfionomie? 251. Et il vray, que les hommes anfuiuet le naturel des cheuaus de leur païs? 252. Pourquoy dit on, que force anfans et la richeffe des pauures jans? 253. Pourquoy les fames font plus groffes do la ceinture ambas, & les hommes de la ceinturean haut: & prefque touttes les fames font fans iarretieres? 254. D'où vient, q de retenir le fouffle on oit mieus, & que de fermer vn œil, on void mieus de l'autre? 255. Et il vray,que le vin trampé caufe vomilfemant? 256. D'où vient, que les males font plus grans que les femelles, & ont plus grand vois, fors que la vache? 257. Que les betes ne perdet leur femance an dormant. 258. Que les gemeaus communemant ne font point tant fors que les autres. 259. Pourquoy et ce,que les vielhes jans voulás regarder quelque chofe, l'elognet de leurs yeus? 260. Pourquoy dit on, fame barbue de loin la falue,auec trois pierres à la main? 261. D'où vient, que l'amour rand vn couard hardy, vn melancholique ioycus, vn lourdaut bien difant? 262, Pourquoy et ce, que le vin blanc fait pif fer, plus que l'autre? 263. Pourquoy et ce, qu'apres auoir mangé de la falade, ou du fruit mol, on trouue le vin de mauuais gout? 264. Etil vray,que ceus qui aimet fort le vin aigre, & le fel, font mal fains, & ont le foye brulé? 265. Et il vray, que pour auoir mangé des pigeons on parle gros? 266. Pourquoy dit on, qui parle du loup il an voit la queue? 267. Si le boire auant manger, et fort mal fain. 268. Qu'il n'y a plus beau fard, que l'ambompoint. Maa 269. Que le vinaigre et la mort de la cholere, & la vie de la melancholie. 270. Que l'eau d'vn puis fouuat tiree, deuient me heure. 271. D'où vient, que le plus fouuant les batars font de melleur efprit, que les legitimes: item plus fors, plus mechans, & gauchiers pour la plus part? : 272. Pourquoy dit on, que les fames ont visage d'ange,tefte de diable, & œil de bafilic? 273. La nourriture trop delicate, corroit elle le bon efprit? 274. Le fang de taureau et il venimeus? 275. Que la feule odeur d'vne medecine peut purger fuffifammant. 276. D'où vient,que les anfans aprennet bien toft par cœur, mais ne retiennet pas longuemant: & les vieus au contraire? 277. Pourquoy et ce, que les anfans aymet fort les lardons, & ne font pas les vieus? 278. D'où vient, que ceus qui ont bon iugemant, n'ont pas grande memoire: & au contraire? 279. Et il vray, que la morfure de tous animaus,voire de l'home, et venimeufe: & pourquoy celuy qui et mordu du chien anrage, famble voir le chien dans l'eau? 280. Dequoy fert de mettre du beurre à la femelle du pié des anfans, auec des ctoupes co tre le rheume: & de leur mettre des patenotres de coral au bras & au cou, ancontre le venin? 281. Commant l'Aconite chaffe le venin hors du cors: mais fil n'y an ha point, il ampoi, fonne. 282. Pourquoy oit on micus la nuit, que lo iour? 283. Pourquoy les animaus de mer font plus fains, que ceus de terre. 284. Que les animaus font tous medecins. 285. Que veut dire, le vantre n'ha point d'oreilhes? *2** 286 Etil vray, qu'il ne faut point mettre de fel au potage des malades, fils ont ficure: ny des herbes, fils ont flus de vantre: & fil et permis d'y meler vn peu de lard, ou de beuf, pour oter la faueur? 287. D'où vient, que les beftes chatrees ont la chair plus tandre & fauoureuse? 288. Pourquoy les fames font plus choleres que les hommes : & les malades que les fains: 289. D'où viết,que la cigue ne peut faire mal, fi on boit du vin apres: & fi on la mefle auec du vin,ell' et plus venimeufe? 290. D'où vient que les cors tués de la foudre fe gardet long tanis fans corrompre? 291. Pourquoy change on de couleur, plutoft au vifage,qu'aus autres parties? 292. Se faut il contraindre de manger, fi on n'a point de faim? 293. Pourquoy les fames fanyuret mal-aifemant, & les vielhars facilemant. 294. Siles raifins font melheurs, apres auoir eté pandus,que frais. 295. D'où vient, que quelques vns ne vont à felle,qu'apres le repas? 496. Qui et plus neceffaire pour la vie humatne,le feu ou l'eau? 297. Pourquoy et melheure l'eau des fontaines,qui regardet le leuant? 298. Commant l'vrine des chauue-fouris, & la fiante des arondelles, peuuet faire perdre la Veue. 199. Si les fruis nouueaus font raiuer, & les faiues auffi. 300. Commant les habilhemans refroidiffet an æté, & echauffet an hyuer. Et commant le fouffle refroidit, & echauffe de mefme. 301. Si vn homme fain ha befoin de medecin. 302.Pourquoy 302. Pourquoy mange-on plus an Autómne que an autre faifon? 303. D'où vient, que ceus qui nauiget vomif fet? 304. Commant l'odeur des rofes peut oter le mal de tefte: & la fanteur des fleurs garde d'anyurer. を 305. Apres le repas, qui et le melheur,le pourmener,ou repofer? Sieg 306. L'anfant refpire-il dans le vantre de fa mere? G 307. Et il vray,que la tristelle ampeche les fames de conceuoir? 308. Et il plus fain, d'habiter hors la ville, que dedans? T 309. Si le vin doit etre chaffé par levin, 310. Et ce bien dit, viure fautfelon raifon, non felon l'appetit? 311. Pourquoy fe laffe on plus, an cheminant par vn lieu plain & droit,que fil et inegal? 312. D'où vient, que les beftes ne font fujettes qu'à certaines maladies (comme le chien à la ragé, la brebis à la rougne, le pourceau à la le pre) & que l'homme et fujet à mille fortes de maus? 0126 3r3. Pourquoy et ce,que les fames craignet tất l'eau froide au vifage? 314. Et il poffible, de randre par le bas quelque chofe à l'inftant qu'on l'ha prife, & de pif fer à mesure qu'on boit? 130 315. Quand on fet brulé, et il bon d'approcher du feu la partie brulee? 316. Pourquoy et ce, que l'eau du puis donne la colique,plutoft que celle de fontaine? 17. Pourquoy l'homme ha il plus de ceruelle, que tout autre animal? " 318. Et il vray, q la fame et an plus grand dangier, quand elle ha auorté, que quand elle ha porté à tams? 319. Pourquoy dit on, il et alteré comme vn trefpaffé,& il boit comme va tamplier? 320. D'où vient, que les chiens ont toujours le nez froid? 321. Et il vray, que de manger des croutes de pain, & des nerfs ou parties nerueuses,on deuient fort? A 322. Et il vray, que le vin fait le bon fang, & le bon fang fait le bon antandemant? 323. Pourquoy dit on,viande bien departie ne fit iamais mal?: 324. Pourquoy dit on, les faiues font an fleur, il doit auoir belle peur? 325. D'où vient ce qu'on dit, il jafe, il ha les piés chaus? 326. Et il vray, que les chataignes crues angeandret des pous? 327. Pourquoy dit on, iamais on ne mange fourmage, que l'on n'y ayt honte,ou domma ge? 328. Pourquoy dit on, Medecin d'eau douce? 329. S'il et bon de dormir fur le lait,l'orge mỡ dé, boulhon, confumé ou preparatif, & autres chofes que l'on prand au matin. 330. Et ce bien dit,plus de rhabarbe & moins de regime? 331. Pourquoy dit on,que la merde foutient? 332. Pourquoy dit on,de ceus qui ont les yeus vers,que touttes bonnes chofes leur font contraires? 333.Et il plus fain de fe leuer matin, que de dor mir la graffe matinee? A TRESVERTVEVS ET EVR VENERABLE SE IGNE VR, 1:2 M. ESTIENNE DE RATE, con- feller du Roy, General en la fouueraine Cour des aydes, à Montpellier, Ian Imbert compagnon Apotia caire, falut. M ONSIEVR, l'ay fait comme le Cinge du medecin de Mõt pellier,duquel MIOVBERT fait le comte en fon traité du Lin.3. Ris. Cecinge voyat que tous ch.14. les feruiteurs du Medecin, estant à l'article de la mort, defroboint l'arget & autres meubles, il le va failir du chapperon doctoral. Ainfi quand l'ay veu que M.Cabrol d'vn cofté, & Beauchaftel de l'autre, faifoint imprimer quelques chapitres & roolles des Erreurs populaires dudit fieur 10VBERT, à la defrobee(comme ils confeffent euf-mefmes librement) i'ay penfè d'en faire autat de quelques petits cayers que i'ay peu crocheter,cocernants les remedes tranflatez ou metapho 190 riques, & ceus qu'il nomme extrauagans. Def quels i'auois toufiours efté fort curieus, & il m'auoit fait cet honneur de les me communi quer autresfois. l'ay trouué parmy cela vne liaffe de certaines phrafes & locutions vulgai res,touchant les maladies, & autres propos de la Medecine: où il recherche les fources de ces termes. Item, quelques propos fabuleus, defquels le peuple eft en erreur. le mets tout en lumiere, fachant qu'autant crie mal batu que bien batu. Aufli toft aura il pardonné à trois qu'à deus. Nous pafferons tous foubs vne mefme grace. Pour mon regard, ie n'en fais aucun doubte, fachant le credit que vous auez enuers M.10VBERT, votre fingulier amy, & affectioné feruiteur: come il fe dit par tout, & en public & en priué. Doques ie vous don ne & dedie ma part du butin: vous fuppliant, Monfieur, l'accepter de bon cœur, & de croire que ie penfe m'eftre adreffé à celuy,qui me pourra bien remettre en bone grace, fi befoin eft: me recommandant treshumblement à la yoftre. De Paris, ce 20. de Feurier. 1579. EXPLI EXPLICATION DE QVEL QVES PHRASES ET MOTS VVL gaires, touchant les maladies prin- cipalemant. Fleurs, Flus, Flus menftrual, Mois,Menfrues, Perdemant, Rhodais, Chemife, Doit auoir, Son cas, Malade, Male femaine, Tams, Cardinal, Marquis, Es Fleurs d'vne fame,font dittes Fleurs, à la fimilitude des plantes qui fleuriffet communemant, auant que produire leur fruit. Carlesfames qui font pour auoir fruit? ( ainfi appellons nous vulgairemant, l'anfant qui et dans la matrice, comme d'vne groffe) doiuet tant abonder an fang, qu'il verfe par fois, temoignant qu'vn autre cors an pourroit bien etre nourry. Quand on void ce flus,on dit que la fame a fes fleurs, & elle promet fruit, fi elle vient à la conionccion.Et au contraire on dit, de celles qui n'ont ce perdemant (& par confequant font fteriles) qui non flouris,non grane. Car auffi les plates qui ne fleuriffet iamais, comme la feugiere, & les herbes capillaires, jamais ne portet graine ou femance:dont elles Flus. Moys. font nommees de grecs genes. Peut etre auffi qu'on dit fleurs, d'vn mot corrompu pour dire Flus. Car le fang flue & fe verfe an dehors. Flus me- Mais aufli on dit, le flus de la fame, & le Flus Strual. menftrual: par ce qu'il flue tous les mois, fi la fame et bien difpofee. Par mefine raison on l'appelle auffi abfoluemant, les Moys de la fame, ou les Menftrues, an fuppleant ce mot de, Perdemat purgacions. Il y an ha qui appellet cela Perdemant, d'autant que c'et vn fang qui fe perd, & ne proffite à rien. Le populaffe de Languedoc Rhodais. dit an jaferie, Ell et de Rhadais (qui et la principale ville du pais de Rouergue) pour finifier, que la fame ha ce perdemant. Etie panfe,que c'et vn mot retenu du Grec,Rhein, qui veut dire fluer, Duquel auffi la rose et ditte Rhodon, à caufe de la grand odeur qui an deflue & fort. Ou parauanture on dit, etre de Rhodais, par ce que le terroir d'alantour de laditte ville et comunemant rouge. On dit plus honneftemant, Chemife. ell' hafa Chemife, an fuppleant ces mots, tachee Doit 4- de fang. Item, ell' ha ce que Doit auoir vne fame. Čar cela et naturel à la fame, & ne fe peut bien porter,ne porter des anfans, qu'elle n'ait cette purgacion naturelle & fpontanee. Les -n cas. autres difet, auoir fon cas. D'autres difet, elle et alade. Malade: combien que ce flus ordinaire, quand il et moderé,ne foit au nombre des maladies, nompas mefmes des affeccions contre nature: mais parce que les fames fe fantet plus fachees oir. durant cette purgacion, que deuant ou apres, elles fe difet honnetemant (pour couurir cette infirmité, ou neceflité naturelle) etre malades. Pour cela mefme on dit, auoir la Male femaine: Male fed'autant que cela va par femaines, comme la maine. Lune: & à plufieurs fames, telle purgacion ne dure guieres moins d'vne femaine. A cela mel me reuient ce qu'on dit,elle ha fon tams : corn- Tams. me fi on disoit, Elle et au terme de fa purgació. Les autres difent, auoir fon Cardinal, pour la Cardinal. couleur rouge: & les autres fon Marquis, d'au- Marquis. tant que cela marque les chemifes & linceus. Auorter, Affouler,Bleffer, Deßarrier, Gater. Vorter, et du mot latin borter, qui finifie preuenir la naissance,ou maturité limitee de Nature: ou priuer l'anfant de fon Ortus, & legitime naiffance. Notre vulgaire dit, Fouler, & Affouler, le mal qui et de contufion : comme par cheute, coup de baton, de pierre, ou autre coup orbe. Et d'autant que telle et la plus commune caufe de l'auortiffemant, on dit faffouler, pour auor Affon ter. De mefme et ce qu'on dit en France, Blesser: ler, car il famble qu'vne fame et bleffee & nauree, Bleffer, quand elle auorte: d'autant qu'elle ha beaucoup de mal, & perd beaucoup de fang, par vn moy en contre nature. An autres pays on dir, Deffar Deffarrier, quafi defferrer le vantre, qui etoit fer- rier. Auorter. Gater. Defuerdiat,Defantourat, Defourat,Deflorer. diat. N dit cela des plantes, & metaphoriqueO mant des filhes qu'on depucelle trop icuDefuere nes. Aus plantes Defuerdiat, & quand on cueil leurs fleurs ou fruis mal à propos: ou quand on les contraint par fumier, chaus, ou eau chaude, de porter auant leur faifon. Dont elles acheuet bien toft leur vie, & ne gardent longuemant leur verdeur, vigucur, & galhardife. Cela et propremant defuerdiar: comme on diroit, Deuerdir, ou priuer de fa verdure. Samblablemant Defanto- Defantorat, et dit d'vn mot grec, Anthos, qui finifie fleur: comme fi on vouloit dire, Defanthorat,priué de fa fleur, & tel qui ne portera point Deflorer. de fruit. Ainfi on dit, Deflorer vne filhe: c'et luy oter fon pucellage, & fur tout quand l'age n'y et competant. Dont elle n'et depuis fi vtile an mariage: comme l'ay remoutré à la fin du fegond chapitre du fegond liure des Erreurs populaires. Ainfi les fruis cueillis auant leur maturité,ne font de fi longue duree,& fe fletriffet plus que les autres. Quelques vns appellet cela Defourat. Defourat, qui et comme preuenir L'oure:c'et à di re,cueillir auant heure. rat. ré,clos & tandu: maintenant il lache & fe de bande mal à propos. Les autres difet gater,comme de toute autre chofe qui ne vient à aucun profit. Retalhat. Et'vn Iuif, ou vn Ture, qui a quitté fa re- les fiens nommet depuis Re- ligion : que talhat, comme nous difons Reuolté: mais c'et an Retalhat, autre fans, & pour autre occafion. Sauoir et, que le luif & le Turc,ayant eté circoncis, quittant depuis ce party là, & defirant n'an auoir plus la marque, il fe fait recouurir la tefte du mambre viril. C'et vne chirurgie anfegnee de Paul Æginete, & autres bons auteurs Grecs & Arabes, pour contrefaire vn prepuce. Il faut incifer la peau du mambre viril, contre fa racine, tout à l'antour. Quand elle ha ainfi perdu fa continuité, on la tire de peu à peu ambas (comme on depoulhe vn baton de faule, pour faire vne trompe) iufques à tant que la teste an et couuerte. Puis vers la racine, là où manque autant de peau, on fait vne cicatrice qui tient fa place. Voila commant il et Retalhè: c'et à dire, vne autre fois, ou derecheftalhé. Car on le talha premieremant quand on le circoncit : & depuis on le retalhe, pour couurir le defaut du. prepuce. Le Larin l'appelle Recutit, comme Recutit. ayant recouuert fa peau, qu'on nomme auantpeau. Mal de Maire. mee, 'Et ce que les Medecins appellet, Suffoca- C cion de matrice: quand l'amarry ou ma trice(qu'on appelle auffi maire, d'autant qu'el le produit les anfans: comme la terre et nom- la maire commune de tous ) fante de' quelque vant ou vapeur, & preffe tant les par- ties voisines, que les boyaus, comprimans de mefme le diaphragme & la poitrine, il fanfuit vne fuffocacion. Dont le cou de la fame quel- quefois angroffit, & fanfle euidammant; au tresfois fans apparance externe,elle fuffoque & perd la refpiracion pour quelque tams, auec- ques la parolle. Aucunesfois tous les fartimans. & mouuemans luy defalhet, comme an l'Apo-. plexie. Mais il y an ha au contraire,qui criet, & riet,& ne font que parler. Dyfanterie, Eprenfas, Seintegne, Cague-fangue. A Dyfanterie,et vne doulenr de vantre, à rai Pyfante L fon des boyaus ecorchez par dedans, telle mant qu'il an fort des raclures,& du fang,quelquefois de la boue, ou pus. C'et vne douleur trefcruelle, qui inuite fouuant d'aller à felle, & prenfas. on n'y peut rien faire,ou bien peu. Dont le maSprema- lade Pepraint fort:& de là on appelle ce mal an Dauphiné,Eprenfas, & an Gafcogne, Efpremafon. integne. An Languedoc et nommé Seintegne, du mot on. grec Dyfentere: qui fignifie propremat, difficulté de boy aus:c'et à dire, qies boy aus ont difficulté, peine & traual an leur accion. L'Italien appelle ce mal,Cagafangue: & an fait imprecacion, Cagafancoume du Cancaro, & della Ghan do: c'et à dire da Chancre & de la pefte:comme le Franfois, de la ficure quartaine. gue. Nephritique, Phrenetique. Colique vanteufe, nephritique, pierrenfe. Nephritique et douleur renale. Car an grec Nephriti lerognon et dit Nephros. Quelques vns e- que. quiuoquet, difins Phrenet que qui finifie reuerie & folie, à caufe de l'inflamacion du cerucau) pour Nephritique. Cette douleur de reins procede communemant des pierres (dittes calculs) ou gros fablon & grauier, angeandé aus rognons. Plufieurs abulans du mot de Colique, Colique. font cette diftinccion que l'vne et vanteufe, & L'autre Nephritique ou renale. C'et bien propremant dit, Colique vanteufe (ancor que touColique 10 ars elle ne foit de pur vant) mais nompas Ne- vanienfe phritique. Car ce font appellacious prifes des Colique parties,& non de la cause du mal.Dont colique et mal de boyau, & nephritique de rognon. Et que. an difant coliq e nephritique, c'et autant que fion difoit, mal de boyau au rognon. Les autres difer, Colique pietreale: voulans par ce mot de Colique Colique, antandre toute douleur de vantre, an pierreuse nephriti quelque androit que ce foit. Il et bien, vray, qu'il y a des douleurs coliques (c'et à dire, du boyau nommé colon) prouenantes de pierre, angeandree dans le boyau: comme les anciens temognet, & nous l'auons veu de nottre tams. Mais ceus qui parlet de la faffon fufditte, l'antandet autremant. Car ils veulet, que Colique pierreuse,foit douleur à caufe de la pierre, qui et au rognon. Colique,Mafclon, Colique d'estomach. 14 Ly ha vn des plus grans boyaus, qui fe nomme Colon & parce qu'il et plus fuiet à douleurs, qu'autre boyau qui foir, on appelle Colique. vulgairemant Colique, toute douleur de vantre, ancor qu'elle ne foit à l'inteftin Colon. An Mafelon. quelques pays on l'appelle Mafclon: d'autant que les males (qu'on dit mafcles) y font plus fuiets,que les femelles: lefquelles ont par contre, la fubieccion au mal de maire,qui et leur Colique felon le vulgaire. Car tout mal de vantre aus fames, et de la maire, & aus hommes du mafclon, felon leur auis. On dit auffi improColique premant, Colique d'estomach, parce que la douleur et an l'eftomach, famblable à celle du Colon, fon prochain voifin. L'efto nach. Goutte, Deffante, Rheume, Catarrhe, Goutte naturelle. Go Outte et le mal des iointures, auec inflammacion,que les Grecs nommet Arthritis, du mot Arthron, qui finifie article ou iointure, c'et à dire, conionccion de deus os pour le moins- La tumeur ou inflammacion doleureufe,fe fait par fluxion des humeurs, qui decoulet à ces parties là goutte à goutte: & pourtant le mal a été nommé Goutte Il y an ha qui l'appellet Deffante pour le commancemant, ou Deffante. Rheume, ou Catarrhe: d'autant que le nom de Rheume. Goutte et fort odieus, fur tout à icuues ians. Catarrhe. Quelque fois on dit, Goutte naturelle, pour faire Goutte antandre la commune, & qui et le plus fouuant naturelle. hereditaire: à la differance des Gouttes de la groffe verolle, que chacun acquiert pour foy: combien qu'elles puiffet veuir aus heritiers. Goutte, sciatique. Ca 'Et vn mot corrompu, pour dire Ifchiatique: qui finifie la goutte an la hanche,ditte an Grec Ifchion, là où la cuisse famboëre, & ha fon mouuemant de la partie fuperieure. De là et ditte Ifchias, an Grec,la goutte de cette jointure des vulgaires medecins Ifchiatique, paffion du peuple ignorant sciatique, Squinance,morceau d'Adam. SQuinace Quinace et vne inflammacion au gofier, anulron le larynx(qu'on dit vulgairemant le morceau d'Adam) laquelle etrangle & fuffoque le Cynache. paciant. Les grecs la nommet Cynanche, & SySynanche- nanche,qui fignifiet laffet ou licol,à etrangler vn Squinace, chien,ou autre animal. Dequoy on ha pris ce Morceau mot corrompu de Squinance,pour dire Synanche. d'Adam. Quant au morceau d'Adam, c'et la tefte de la gargamelle, compofee de trois cartilages ou tandrons: laquelle et fort prominante à quelques vns. A tous elle et bien maniable, & parce qu'on la trouue dure & ronde, les bonnes ians difer, que c'et le morceau de la pomme, qu’Adam në voulut aualer, fe repentant dez auffi toft qu'il l'eut au gofier, & la retenant auec la main, dont lle farreta là:& depuis an et demeuree la marque au mefme androit à fes fucceffeurs. Mais fi cela etoit vray,les fames n'auroint cela mefmes comme elles ont toutes: & quelques vnes plus apparant, qu'il n'et à plufieurs hommes. Noli me tangere. O Nappelle ainfi le chancre au vifage, d'autant qu'il ne le faut traiter tant foit peu rudemant, parce qu'on l'ampireroit. Ilan et de mefme du chancre des autres parties mais au visage on l'eftime plus dangereus, à cause de la beauté 1 beauté qui an diminue: & pour le dangier imminant, à cause du cerueau qui an et fort voifin,dequoy la mort fan peut anfuiure. I Saigner du ne N dit volontiers cela, de celuy qui et failli de cœur: comme ayant antrepris ou promis quelque chofe, laquelle il n'ha courage de tenir ou executer.On dit,il faigne du nez, ou il ha Jaigne du nez. C'et que la faignee affoiblit le cœur, quand elle et copieufe. Car les forces confiftet au fang & aus efpris, qui fe perder anfamblemant: & de cette perte,le cœur étant rofroidy,deuient craintif, & on n'ofe antreprandre ou executer, ce où l'on void quelque peu de dangier? Migraine. C'Et la douleur d'vne moitié de la tefte: mot corrompu du grec Hemicranie, qui finifie demy-teft-On ha dit premieremant, an corrompant le mot, Micranie, puis Migranie, & puis Migraine: qui finifie vne grenade an Languedoc: fruit ainfi nommé, pour la pluralité des grains, excellans à raffraichir & defalteret. Ily a vn de Royaumes d'Efpagne qui an porte le nom: ou bien, ce fruit ha prins fon nom de là. R Tenir de la Lune. Lunatic,& tenir de la Lune. Es Grecs nommet Seleniäquès (c'et de mot å ceus font egarez de leur fans. Et maimes tous maus qui fuiuet fort cuidammant le cours, & les faces de la Lune,font dits, Seleniaques. Comme le mal caduc,dit an Grec Epilepfie,& quelque efpece de folie, ditte Melancholie. Ainfi dit on communemant, que les fames tienet de la Lune, d'autant que la Lune definit les mois: & les fames fe purget tous les mois. Dont leur purgacion et ditte Mois, & Menstrue. Puis donc qu'elles font regies & conduittes de la Lune, on dit qu'elles an tiennet, fuppleez (afin de fauuer leur honneur ) le principal point de leur fanté,et de la fecondité. Autremant on dit, Tenir de la Lune, pout dire etre inconftant & variable, comme la Lune, qui change tous les iours de face. Ce qu'on attribue volontiers au fexe feminin: touttesfois c'et vn reproche d'honneur, antant que cela procede d'vne grande pureté & fimplicité de matiere, qui rand les fames legieres & muables, comme le ciel. DeAu chap. quoy ie loue leur condicion, contre l'opinion 6.part.2. vulgaire,an mes Erreurs populaires. ags 1.C Mal caduc,Mau de terre,Mal S.Ian, Mau de las passeras,Haut-mal. 'Et le mal qu'o dir an Grec Epilepfie:lequel Co mot finifie, furprise ou retancion de tous les fantimans. Dont il auient que l'homme chet à terre, fil n'et foutenu. Car il perd tout à vn coup la veuë,l'ouye, & autres fantimans, com me parvne fyncope,vulgairemat dite Euanony femant:ou comme par vn Apoplexie. Mais il y a grand differance: an ce que par l'apoplexic, & par la fyncope, il n'y a nomplus de mouuemat, que de fentimant:& an l'epilepfie,le cors fe demene fort roidemant, traualhé de conuulfion, an Grec dit spafme. On l'appelle Mal cadut, de tomber & choir à terre: Comme vn homme fort vieus,& dit caduc, quand il et courbé inclinant vers la terre, & qu'il ha come on dit vulgaire mant] vn pié dans la foffe. Pour mefme raifon[à mon auis]on appelle ce mal an Láguedoc, Mau de terre, à caufe qu'il iette pat terre celuy quian Mau de et attaint pour robufte qu'il foit: comme fi on terre. luy auoit donné vn coup de maffe fur la tefte. On le nomme auffi Mal des. Ian, pource parauanture]que la tefte de fain Ian Baptifte cheut Mal de s à terre,quand il fut decapité: puis mife dans vn plat, à l'appetit d'Herodias. An Gafcogne on lan l'appelle lo mau de las pafferas, c'et à dire, des paf Mau de fereaux: d'autant que les moineaus y font for las paffefuiets.Le commun des Franfois l'appelle Haut- tas. Ian! Rij Hautmal. Mal ca duc. Ghiandoza. mal,pour fa grandeur & vehemance: on pour les fufdites raifons, qu'il fait tomber l'homme de fon haut. Man loubet. 'Et vne des imprecacions du vulgaire de Man panfe qu'ils finifier le loup, qui et vn chancre vlceré aus cuiffes & aus iambes (mal incurable de vraye cure, finon par extirpacion) comme celuy du vifage et dit,Noli me tangere. Et an diminutif ils l'appellet loubet, qui finifie petit loup.Car ils difet loub,loube,& loubet,pour loup, louue,& louuetón. La male boffe,la Ghiandoa. Et vne troifieme imprecation du mefme Cpays,qui finifie la pefte:fauoir et,la tumeur ou boffe peftilentiale,laquelle(fans doute) $16.3 et male & mortelle. Ainfi les Italiens (comme deffus auons noté) difent La ghiando, par imprecacion.Car la peste propremant ditte,et vne boffe ou tumeur & anfleure an quelque glandelghiande an Italien) de celles qui font au cou, aus aiffelles,& aus aines, Efcannar. Cu Anne et la gargamelle, ou le fifflet par où nous refpirons. Ceus qu'on etouffe & e-w trangle, font priucz de leur canne : & par confequant ils font Ecanne que le Languedogeois (amy des SS) prononce Escannats. Aualifque, Euanoyr,Spasme, Pasmaison. A Valir an Languedogeois, et le perdre & difparoir, de forte qu'on ne le void plus, comme fi le diable l'auoit amporté,ou qu'il fut abimé. Nottre vulgaire de Mompelier, ha ce mot fort frequant an la bouche, & le dit quel que fois an risee & familieremant. On le peut dire an Fransois Euaneyr, finifiant fe perdre an Euaneyr, l'air,& au vant; comme quand on dit, cela fer manoyt, & ne fait-on qu'il deuient. Mais autre chofe et Euaneyr, qu'on dit autremant tomber an Pafmaifon. C'et quand foudain toutes forces Pafmaidefalhet, que nous difons an terme grec Synco- fon. pifer.Spafme et vn autre mal, duquel l'epilepfie et efpece: mais on abufe vulgairemant dudit spafme. mot,pour denoter l'euanouiffemant & foiblef fe de cœur. Riij " Deinner. Deieuner, Boire,refiner, Gouter, Souper, Demantir. Eieuner et propremant rompre le ieune. Car on et à iun iufques au premier morceau que l'on mange: & la fyllabe De, et icy priuatiue, comme an Dedire, Demordre, Defaire, Dedier, Denouer, Defalterer, Defopiler, Defanyurer, Deployer, Defannayer, Demambrer, Demeubler, Deprifer, Defobeyr, Debrider, Defangager, Deshonnorer, Dechauffer, Debander, Detandre, Decrouter, Decroulher, Deferrer, Decoudre, Decouurir, & famblables. Ainfi Demantir, et oter la manterie : comme quand quelqu'vn mant, & vous luy dites qu'il ha Demätir. manty, c'et Demantir, qui finifie oter ou fe priuer, exampter & vindiquer de la manterie. CRAinfi et Deieuner,priuacion de iune. Dont ceuslà abufet fort du mot,qui difet,i'ay deienné aujourd'huy deus fois, trois fois, &c. Car on ne peut deieuner (qui et à dire, rompre le iune) qu'vne fois le iour & c'et au premier morceau. Car on n'et plus à iun,pour peu qu'on ait mangé. Que les autres repas foint appellez comme on voudra, le premier fara touiours le deiuner, quand ce feroit bien à midy, voire au foir : & lors on dira, l'ay iuné iufques au foir Et fi on ne fait que deus repas, qu'on appelle Diner & Souper,le diner et vrayemant deiuner.Si on an fait trois, le premier etant au matin, fappellera Deiuner: & le fegond,Diner. Mais fi le premier ብ et affez tard, on le nommera Diner, le fegond fera le Gouter, ou Reffiner, & le tiers, Souper, Souper. Lequel famble etre dit de la Souppe, que l'on mangeoit au foir,plus qu'à autre heure.Gouter Gouter. et dit de fa petiteffe: d'autant que c'et comme vne collació, an laquelle on goute & tate quel- que fruit, ou l'on ne fait q boire, auec vn mor ceau de pain. Le boire abfoluemant et dit pour Boire. le Deiuner, à caufe que les Anciens, auteurs de cerepas,ne faifoint que tramper du pain au vin pur, & beuuoint cela, qu'on difoit Acratisma. Ainfi an Languedoc, on n'vfe que du mot Boi re, pour le premier repas, que les Franfois ap- pellet Deiuner: & le mot Deiuner et prins tout au contraire, pour dire, luner & abftenir. Ainfi l'italien dit,lo fon digiuno,pour dire, le fuis à iun; Ab no & Sin Graffe matinee, gul inpss E matin, n'et ne gras, ne maigre: touttes- Lo fois on dit communemant, Dormir La graffe matinee, parce que le dormir du matin an- graiffe fort, Car, comme ainfi foit, que la pre- miere coction (action du vantricule) et plus tardiue la nuit & an dormant, que n'et pas le iour & an velhant: & que le dormir fauorit plus la fegonde concoction, qui et generatiue du fang, duquel (etant plus copieus & dous) prouient la graiffe: il et certain, que le dormir tard, comme la matinee, angraiffe & fait l'am- bompoint. Dequoy font communemat priuez les grans etudians,qui font fors matiniers: parCe que l'aube et amie des Mufes. Panfer un malade. Cre Et vne phrafe & faffon de parler vulgaire, pour dire,auifer, pourvoir, & inftituer ce qu'il faut au malade, & de fait y mettre la main, la Chyrurgie y ha lieu. Ainfi dit-on, panfer les cheuaus: qui n'et pas les imaginer,& auoir an panfce ou cogitacion, ains les errilher, frotter, bouchonner, nettoyer leurs piés, donner à manger & à boire, leur faire bonne littiere,&c. C'er donc vn foin & panfemant auec effait, de ce qui et neceffaire au malade, quand les medecins ou chirurgiens le panfent: comme fi on difoit, panfe au malade,& pouruoir à ce qui luy faut. : REMEDES METAPHORI ques & extrauagans. Pour la multiplicacion de femance, la fecondité. N tient, que l'vfage du poiffon angeandre beaucoup de femace.Il faudroit donc, qu'il nourrit mieus que la chair: car la femance n'et que fuperfluité de bonne nourriture. Il et bien vray, que l'vfage du poiffon excite plus au coït, d'autant que la femance qui an prouient,et plus fereuse ou aigueufe, & piquante: dont elle follicite la vertu expultrice. Et de cela on peut etre abusé, comme fi le poiffon faifoit à la multiplicacion de la femance,telie qui ne pecha finon ap quátité. Peut etre auffi,que l'abus viet,de ce qu'on voit les poiffons plus feconds fans coparaifon qu'autre forte d'animaus: tefmoin l'infinité des œufs qu'ils produifer. Dont quelqu'vn fet pu perfuader, que le manger du poiffon, fait an nous famblable habilité, ou aptitude. Pour cette raifon aucuns recommandet fort la Carpe (mais fur tout la langue, comme partie plus friande) pour deuenir plus galhard à l'acte ve nerien, & faire beaucoup d'anfans: d'autant que la Carpe fait des œufs cinq ou fis fois l'anee,& toujours vn' infinité. Mais il faut antandre l'abus de la tranflacion : C'et qu'il ne fanfuit pas, fi vn animal et fort fœcond, que pour an manger l'homme deuien ne tel: ains pour cet effait il conuient vfer des viandes qui nourriffet beaucoup, pour angeandrer quantité de louable femance. Ainfi (parauanture) et-il de ce qu'on ecrit, que de des is passeri moyneaus ou paffereaus l'homme et plus galhard à l'amour, parce que le moyneau et fort palhard, Mais il faut (à mon auis) que ce foit des ieunes, qui n'ont ancor fait folie de leur cors. Autremant, comme les paffereaus viuet fort peu, il faudroit auffi dire, que l'homme vfant de moyneaus abregeroit fa vie, d'autant que le moyneau l'ha fort courte. Et au contraire, qui mangeroit des corbeaus, des corneihes, & des cerfs, viuroit infinimant. Car on dit, que le corbeau peut viure trois fans ans, la corneilhe neufages d'homme: & qu'on ha veu Cerf qui auoit vecu cinq ou fis fans ans. Par famblable raifon, qui voudroit deuenir fort agile & difpos, il deuroit manger des Cinges. A ce propos, il me fouuient d'vne Dame, qui repliqua de fort bonne grace, à vn medecin, lequel auoit ordonné à fon mary I'vfage du lait de chieure, pour deus ou trois mois: & le Capri quoy, Monfieur? on dit que ceus qui an vfet longuemant, deuiennet fi remuans, qu'ils ne font que fauter,danfer,monter & courir,tellemant qu'on ne les peut tenir an vn lieu. Mon mary n'ha pas faute de cela: & ie ne voudrois loria w. pas qu'il eut plus de galhardife. On dit auffi, qu'il y auoit vne filhe à Paris, laquelle pour auoir toujours etè nourrie d'vne chieure, toujours vouloit grimper, & fauteler. Pour anfanter plus ay femant,& pour ampecher l'auortiffemant. Oz fames appliquet à l'vne des cuiffes male ou femelle) ou à touttes deus, pour ne fallir point, vn aymant, quand la fame et au traual de l'anfant, pour an auoir melheur' deliurance. Et durant la groiffe, fi on craind l'auortiffemant, on l'attache à l'vn des bras, ou à tous deus,pour la fudite raison. Car l'aimant(qui et dit Calamita an Italian, & Aimant an Languedoc) tire à foy le fer : & de là on transporte le remede à l'anfantemant : comme l'il pouuoit ancor mieus tirer à foy l'anfant. Voire mais, l'anfant n'et pas de fer; & l'Aimant n'attire pas la chair,ne les os. Ce n'et pas à dire, que filti-A re le fer,il tirera bien autre chose. Car cela et de fa proprieté, & nompas d'vne force animale: Comme on diroit de l'homme, ou de quelque befte, que fil peut tirer ou porter vn quintal de fer, il portera bien trante liures de chair. Ancor la comparaifon ne reuiết pas du tout: car il fan faut beaucoup que le petit aimant qu'on applique au bras, ou aus cuiffes, ! puiffe tirer autant gros de fer que l'anfant et A peine tireroit-il vne groffe egulhe, ou feroit hauffer vn poinfon. Mais il y a du myftere & fecret an cette faffon de faire, que les anciens Medecins ont ordonné (car ce n'et pas de l'inuancion des fames) pour quelque bon refpet, qu'il n'et licite d'expliquer au vulgai re. l'antans que plufieurs fames vfet auffi de l'aimant, à prouoquer ou arreter le flus menftrual: à quoy leur feruira la mefme remou trance. Pour rompre la pierre dans le cors. Pi Arce que la poulalhe digere les pierres, & le grauier, de là on ha prins opinion, q la peau interne du gifier ou perier(ainfi dit, des pierres qu'on y trouue fouuant) peut rompre & fondre les pierres de l'homme. Mais on ne comprand pas, que c'et la forte chaleur (auec proprieté toutesfois, de l'eftomach bien charnu de la volalhe) qui fait que la volalhe digere les chofes dures. Ce quiet commun à tout oifeau. Dont il ne fe faut autremất ebayr, de ce que l'Otruche digere le fer. Item, parce que le jus de limon fond les perles, qui font bien dures, on ha panfe, qu'il romproit auffi bien les pierres de la vefcie & des reins. Et d'autant que le fang de bouc talhe le Diamất, quiet plus fort & dur qu'aucun autre rocher, de cela on infere qu'il romproit ancor mieus la pierre du cors humain. Mais il faut voir,fi c'et point d'vne antipathie, & finguliere pro- Antipate prieté, que le fang de bouc romt le Diamant, et forma. & non autre espece de pierre. Il n'et pas tou- propri che tesfois à mefprifer, quand il et preparé com- Sanguim me il faut: car nous an vfons bien heureufe- Secon mant, à diffoudre & mettre an pieces le calcul de l'homme. C'et, quand on a nourry le bouc, agé de trois à quatre ans, durant les iours Ca- niculiers, de touttes les herbes faxifrages (c'et à dire,rompantes la pierre) qu'on luy peut fai re manger, l'abreuuant de bon vin blanc, & le faifant tous les iours fort courir.Son sang am- prunte, aquiert, & retient la vertu defdittes herbes, tout ainsi que le mouft vineus, qu'on prepare à mefme effait. Mais il y a plus de vertu audit fang, comme fouuant nous auons eprouué. Du jus de limons y a autre raison, Succylime par laquelle il peut auffi rompre ou diffoudre les pierres du cors humain: ou pour le moins malovey. les remollir, comme le vinaigre rand molle la Acetume coquille d'vn œuf. Mais fa qualité ainfi tran- lit putar chante, nuit grandemant à l'estomach & aus alvor boyaus, fi on an vfe quantité: comm' il fau droit pour diffoudre la pierre. D'alheurs, le fait n'et pas famblable, antant qu'on met la perle dans le jus de lymon, ayant fon antiere force: & le jus de lymon pris par la bouche, et fort affoibly & rompu du fejour qu'il fait erga Ada bella. dans l'eftomach,& plufieurs autres parties,par où il luy conuient paffer: efquelles il rancon tre toujours quelques humiditez, qui detrampet & debilitet fa force. Contraire à la memoire: Ntient pour fufpet à la memoire, l'vfage que ΟΝ animal ha la memoire (qui cófifte au cerueau) fi courte, que ne fe fouuenant du dangier qu'il vient de paffer, il ne laiffe de retourner au gite d'où il fet leué vn peu au parauant.Mais on peut auoir autant fufpet tout autre cerueau: d'autant qu'il angeadre fang pituiteus, lequel offance grandemant la memoire: comme on void par le mal dit Letharge, qui fignifie, obliáce & nonchaloir. DES REMEDES SVPER- ficieus ou vains, & cerimonieus. ILy a mille fuperfticieus remedes, qui n'ont aucun fondemant an raifon, ny an experiance: ia foit que plufieurs fabuset, an croyant qu'ils foint bien eprouués. Leur erreur procede,de ce qu'il auiet quelquefois, qu'on guerit pour lors, & durant qu'on an vfe: tout ainfi qu'il auient de guerir apres plufieurs choses prifes, appliquees, faites, ou dittes, auquelles on attribue toutte la guerifon. Detels remedes vains, & ineptes moyens, i'an reciteray quelques vas,qui m'ont été communiqués de diuerfes perfonnes, pour grans fecrets. Il et bien vray, qu'an aucuns il y a quelque myftere, & qu'ils gueriffet, nompas de foy, ains par accidant: comme ie pourray expliquer apres les auoir propofez. Toutesfois le peuplé et an erreur,de ce qu'il ne fait la vraye cause, & attribue tout l'euenemất,à ce qui lui appert, foit fait, foit dit,ou appliqué. Pour arreter tout flus de fang. L faut auoir vne egulhette rouge, qu'vn marié ait donné le iour de fes noces. Serrés an fort le petit doit de celuy qui faigne: & que ce foit de la main qui repond à la partie faignante. Lefang tantoft l'arretera, de quelque part qu'il verfe,& fut ce d'vne playe. Item, la pierre du cerueau d'vne carpe, mife contre le ply du petit doit, repondant à la partic qui faigne, arrete le flus de fang, le plus impetueus qui puiffe etre. Item, mettre vne palhe an crois fur le doz de celuy qui faigne, etant vetu, & qu'il n'an fache rien. Ou le faire faigner fus vne palhe an crois. Contre la Iauniffe. Rouués du plantain qui naiffe fus vnë la iauniffe, piffe deffus par plufieurs fois, tant que la plante an meure. A mesure qu'elle mourra, la iaunis fe fe paffera. Contre la goute grampe. Aut porter toutte la nuit aus piés, contre les cheuilhes, vn iazerant, comme des braf felets, fait de letton vierge. Pour faire fortir plu-toft les dans aus petits anfans le d'vne le d'Alum, foit bie bouché des deus bous: & que l'anfant le porte pandu au cou. Pour ne vomir point fur mer. Ettés du fel fur vottre tefte, quand vous antrerés au vaiffeau. A faire perdre le lait. Ve la fame alhe fauter trois fois, ou durant trois matins, fur la fauge du iardin 'd'vn pretre. Q Centre Contre toute fieure. Ortés vne araigne viue dans vne nois, pan- due au cou Contre la fieure quartè. V'vn fraire mandiant la vous demande Qpour l'amour de Dieu : vous la perdrés, & il la prandra. Pour faire perdre fes verruės. Touch Ouchés an la robe d'vn que vous fachiés bien etre coqu:an quelque androit de fon abilhemat que vous le touchiés, fans qu'il fan auife, voz verruës fe perdront. On dit auffi, que fi voulat trancher vn leuraut, connil,perdris, volalhe, &c. vous etes ampeché à trouuer les iointures,pafez à vn coeu, & vous les trou uerez. Item,pour perdre les verrues, faites les coter à vne perfonne qui foit plus ieune qvous: elle les prandra, & les pourra auffi dóner à vn' autre plus ieune,par famblable moyen. Item, faites les toucher auec autant de pois, à qui que ce foit,& il les vous prandra. Item, prenez vne pognee de fel, & allez tout courant le ietter dans vn four, & les ver S tues feuanouiront. Pour guerir de l'hydropifie. It L faut piffer durant neuf matins fur le marrube, auant que le Soleil l'ait touché: & à mefure que la plante mourra, le vántre se defanflera. Contre le mafclon. P Ortés vn anneau de letton au petit doit. On dit que ce remede et bon auffi contre le haut mal. Contre le mal de maire. L faut porter au doit vn anneau, qui foit de trois filets antortilhés: I'vn d'argent,f'autre de letton, & le tiers de fer. Coniuracion de l'amarry deloude, an langue Agenoise. Maïre maïris,que as cinquanto dos rafits, Et vno maïs que l'on non dits: Tiro te das couftas. A qui non fon pas tous eftas. Tiro te de las efquinas: A qui non fon pas tas efinas. Tiro te del fon del ventre: A qui non te podes eftendre. Mais bouto te a l'ambounil, Là on la vierge [Mario]portet fon[car] fil. Cric croc, Maire torne te al loc. Pater nofter. Aue Maria. Faut reiterer cela par trois fois. C'et à dire an Franfais. Amarry meraffe, qui as cinquante & deus ra cines, Et vne plus que l'on ne dit, Tire toy aus coutés: Ce ne font pas là tes etres, ou places: Tire toy vers l'echine: Ycine font pas tes aifes.. Tire toy au fond du vantre: Yci tu ne te peus etandre. Mais boute toy au nombril, Là où la vierge[Marie]porta fon[cher]fis. Cric,croc,maire retourne à ton lieu. Páter nofter, c: PROPOS FABVLEVS. E erre an des nimaus, lefquels il n'ha pas inuaté, ains les tient des anciens: qui ne les ont pas bien antadus,ou expliquès,ou (parauature) ont expreffemant feind telles chofes, pour quelque bonne raifon : comme les fages & diuins poë tes ont anfegné la vertu aus hommes beftials, par fables & inuacions plaifantes. Ce que leur a eté & fera toujours permis, nonmoins que aus Peintres, ainfi que temogne le jantil Horace,difant: Toniours egal pouuoir & hardiesse ont ù, Le poete & le peintre,an ce qu'ils ont voulu. Quant aus peintres, voyés commant ils reprefantet vn Ange an forme de iuuanceau, reuetu d'vne etolle blanche ceinturee, la tefte nue,ayant des ailes comm' vn oifeau: Et l'Ame de l'homme comm' vn petit anfant tout nu:Le diable auec des cornes, & vne queue. Touttes fois ce ne font qu'efpris fans cors, lefquels ne reffamblet à aucune creature vifible. Ainfi l'afer, qui n'et qu'vn lieu, et figuré comme vne grand gorge. La mort, qui n'et finon priuacion de vie, comme l'offemant d'vn trefpaffé, tenant vne faus an fa main. 'Ainfi l'amour, qui n'et que paffion & accidant, ne fubfiftant aucunemant de foymefme, et peind & reprefanté comme vn anfant nu, & aueugle, ayant des ailes, vn arc, & vn carquois garny de fleches. Les vans, qui ne font que l'air emeu & agité, font peins comme teftes d'hommes ayans les ioues fort anflees, ainfi qu'vn fonneur de trōpette. Et quand les Aftrologiens fe font voulu feruir des peintres, pour inftruire les ignoras, ils ont fait reprefanter les douze fignes du Zo • diaque (qui ne font que certaines etoilles,difpofees an diuerfes figures) I'vn de la forme du Belier, l'autre du Taureau, le tiers de deus anfans gemeaus, & cat. Ainfi les images du ciel qui font hors du Zodiaque, l'vne an Ourfe, l'autre an Aigle, les autres an riuiere, an Harpe,an chien,dragon, &c. Puis les planettes, qui ne font qu'etoilles ou aftres, Saturne, luppiter, Mars, Mercure & Venus, an perfonnages de diuers habis & contenances. Le Soleil autremant, & autremant la Lune. Les peintres ont toujours retenu, la figure des etoilles à cinq rayons, denotans leur brilhante lueur: jafoit que touttes n'etincellet pas ainfi : & on fait bien, que touttes font de figure ronde,fans pointes,ne rayons corporels. Quant aus elemans,ils peignet le feu (qui et inuifible) comme nottre feu artificiel: ce que n'et trop mal à propos. L'air ne peut etre peint, nomplys que le ciel,cors diaphanes & tranfparans: mais on les reprefante de couleur bleue. L'eau et figuree à ondes, & la terre an globe, comme vne boule. Des animaus, ils an contrefont quelques vns fabuleufemant: comme la Salamandre, qui n'et pas telle qu'on la peint, ny le Dauphin auffi, comme on le met an deuifes & armoiries. Nompas mefme la fleur de lys,qui et affez vulgaire. Et le cœur,foit de l'homme, ou d'autre animal, n'et pas de la figure que les peintres le font. On peint le Pelican, ayant le } becaigu tourné contre fa poitrine, qu'il be quette pour an fortir du fang à nourrir fes pe tis, tant qu'il an meurt : & toutesfois nous voyos, que le Pelican ha le bec mouffe, plat & large,iuftemất à la faffon des fpatules d'apoticaire: tellemat qu'il n'an peut blecer fa poitrine. Auffi le nom Grec Pelecan, finifiant vne hache ou doloire, moutre bien q fon bec doit etre plat. Ioint qu'on dit,q le paire bat les petis, comme à coup de foufflets, tant qu'ils font prefque morts: & la maire fe bleffe pour les reftaurer de fon fang. Or les foufflets fe donnet de quelque chofe plate, & non d'vn bec pointu.Le Phoenix,qu'on reprefante,fe brulat au feu qu'il fet preparé, et ancor plus fabuleus. Mais tout cela et permis aus peintres & aus poetes(come nous auos dit) pour quelque bon refpet & fecrette raifon, qu'il n'et befoin d'expliquer an ce lieu:où ie veus feulemat faire manció de certains propos fabuleus, que le vulgaire tiet pour tref-certains & veritables. An quoy il et fort excufable:car plufieurs gras philofophes & medecins anciens, ont foutent telles opinions. De la Vipere. 'Et vne fort ancienne opinion, que la ViCere fe conioint à fon male, an receuant dás fa bouche la tefte d'iceluy, à faute d'autres parties genitales: & que la femelle, du plaifir qu'elle an prand, ferre fi fort fes dans, qu'elle tranche la tefte à fon mary,dequoy elle deuiet anceinte. Puis quad ce vient à la deliurance,les petis n'ayant autre y flue, & come pour väger la mort de leur paire, ronget le vantre & les flács de leur maire,laquelle an meurt. Et voila pourquoy on dit du pofthume, duquel la maire meurt an le faifant,ll et comme la vipere,qui ne vit one paire ne maire, Et il y a vn Embleme, q Ian de Tournes, imprimeur ( des melheurs de la France) ha pour anfegne, auec cette deuife, Quod tibi fieri non vis,alteri ne feceris. Tout cela et faus,& mal auancé, à faute d'auoir bien antandu ce que dit Ariftote. C'et, que la vipere cofoit des œufs, lefquels feclouet dans son van-. tre, & deuienet petis viperons. Ils naiffet tous formés, fetant depoulhés de la membrane ou taye qui les côtenoit das l'amarry. Et c'et leur arrierefais. Mais les derniers,meus d'impaciace,ronget cette mébrane, pour fortir plus hatiuemất. Car la maire an porte plus de vint, & n'an fait qu'vn tous les iours. Cela rãd les derniers impacians, & les cotraint de ronger leur tunique ou mébrane, mais nompas les coutés, ou le vatre de leur maire. On fe peut etre fally fur l'origine & etymologie du mot, come fi vipere etoit ditte,quafi vi pariens. Mais c'et de, viuum pariens.Car il n'y a aucun ferpat qui faffe les petis an vie, q la vipere. Les autres font des œufs,qui hors duvatre font cõuertis an ferpas. S' iiij Du Bicure,dit Caftor. Ntient vulgairemant,que cette befte ar Orache fes tefticules à belles dans, quand 23. elle fe fant pourfuiuic des chaffeurs: ayat naturellemant cognoiffance, qu'on la recherche pour cela. Dont on panfe,que ce nom Caftor, luy ha eté donné,parce qu'il fe chatre, & par confequant deuient chafte. Cela et faus: Liu.3. ch. car, come iadis ha ecrit Diofcoride, il ne peut toucher fes tefticules. Ce ne font pas les deus tumeurs qu'il ha aus aines, comme apoftemes pleines de matiere graiffeufe, ditte Caftorium: lefquelles auffi il ne farrache pas.Et n'et point dit Caftor,du chatrer ou de la chafteté, ains du mot Grec,Gafter, qui finifie vantre, parce qu'il et fort vantru: & il n'y a eu que changemant de la lettre G,an C. Voyés la deffus la tref-dote hiftoire des poiffons de M. Rondelet, au dernier chapitre du fegond tome. i De la Salamandre. I Liu.2.ch. 56. Ly a auffi grand erreur fur le naturel de cet animal,qu'on dit viure das le feu, & l'etaindre. Dont fut prife la deuise du grand Roy Franfois, premier de ce nom, paire des ars & Liu.3. des fiances, Nutrifco extinguo. Diofcoride auoit emper. bien remoutré le contraire, & Galen auffi, di de fant: que la Salamandre refifte quelque tams au feu, mais elle fe brule y demeurant long tams.Toutesfois on ha mieus aimé fe tenir auec Ariftote, difant, que la Salamandre n'et pas brulee du feu, ains fy pourmene deffus, etal- Lin. 5. gnant flamme & charbons. L'experiance (qui l'hift.des et plus forte que toutes les autoritez des plus ani.c.19, fauans du monde) nous anfeigne, qu'il n'an faut rien croire. Quant à fa figure, la Salaman- dre qu'on peind est fabuleuse, & controunce des peintres, qui fe la font imaginee telle : fai- fans aufli moutrer la befte plus grande qu'elle n'et. Elle reffamble affez aus petis laizardeaus, qui hantent les muralhes,an Languedoc nom- mez Langroles, an Dauphiné Larmufes. La Sala- mandre et vn peu plus grande, marquee de plufieurs taches. Son cors et farcy d'vn fuc blanc, & epais comme lait, qu'on fait fortir par les pores du cuir, an le preffant. Ge lait et tant froid, que la Salamandre peut refifter quelque tams au feu, mais nompas guieres fans fe bru- ler,rotir, & an mourir: comme nous auons veu plus d'vne fois. C'et bien loin de l'etaindre, & ancor plus d'y viure, ou d'an viure, comme le Chameleon vit de l'air, fil et vray ce qu'on an dit.Ie n'an ay point ancores veu de vif, pour le verifier. De l'ours. > N dit que l'Ours n'enfante qu'vne piece de chair, fans forme d'animal : & que depuis il laiche tant cela, qu'il le faffonne & luy donne fa forme. C'et vne maniere de parler hyperbolique pour dire, que le faon et fort lourd de premiere naiffance, tout couuert de baue, an telle quantité, qu'il ne famble qu'vn loupin de chair, fans aucune diftinction de parties.La maire le nettoye incontinant de cela,an laichant ces morues longuemant. Dont le faon paroit depuis an forme d'animal. Ainfi qui verroit fortir vn chien (ou autre befte parfaite) de la bourbe fort gluante, il ne fauroit cognoitre que c'et d'vn premier rancontre. Apres qu'il an et nettoyé, on recognait toutes fes parties di ftin&emant, A MONSI EVR MO N SIEVR IOV BERT CON'S E lher & Medecin ordinaire du Roy, & du roy de Nauarre, Chancelier de I'Vniuerfité an Medecine de Mompelier, à Paris. L et bien raisonnable, Monfieur & trefhonore paire, que je vous rande raifon de mes etudes, tant pour obeyr à votre commandemant, que pour deBe montrer par quelque bon effait (comme le dejire toulours le progre de mon petit fauoir, depuis votre depart. Monfieux Giraud, mon bon maitre trefmethodique precepteur, m'ha balhe ces iours passe à traduire pour mon exercice, deus de voZ_Paradoxes: ayant approuué ma verfion (apres l'auoir un peu corrigee) il ha bien voulu, que l'antreprinfe de la vous anuoyer: comme pour moutre de ce que ie fay faire. Ma-damoiselle, & tref honnoree maire, con tinue auec nous tous voz anfans, le melheur portemant qui fe peut an vottre abfance: laquelle nous etant griene, nous diminue autremant la bonne che re. Mais nous efperens vous reuoir an brief, ayant 728 acheué de feruir ce quartier chens le Roy, ainfi que premettez par toutes vox lettres. Dieu nous an face la grace, & vous maintienne touiours an bonne profporité. Neus vous baifons tous les mains,faluans trefhumblemant vo graces. De vottre maison, ce premier jour de lanuier (pour etraines) 1579. Votre tref-umble,tref-affectionné,& tref-obeiffant fis, IS A AC. QVE SI ON PEVT LIMITER LES POISONS NE PEVVET estre balhees à certain iour,ne faire mourir à certain tams: au tref-renommé Docteur an Medecine, M. PIERRE PER REA V,le ieune. C'et le dernier Parad. de la 2. De cade. Ombien que vous puiffiez beaucoup plus propremant & plus exactemant expliquer ce doute,trefdocte PERRE A V, toutesfois puis qu'il vous plait d'an ouyr auffi mon auis, fur la limitacion & efficace des venins à iour prefis, ie vous diray an brief ca que i'an panfe.I'ay bien touiours eftimé absurde & ridicule, ce qu'on affirme vulgairemant, que les venins foint limitez des ampoifonneurs à certain tams. Car comme ainfi foit, que des medicamans, voire qui font vtiles, la vettu (de la notice de laquelle on limite à chacun fa quantité & dofe) ne peut etre apprife, que par longue & frequante experiance, & icelle etant cognue, ne nous laiffe ancor vn art certain, ains coniectural: ie ne voy point par quelle raifon, les ampoifonneurs ayet vn tams prefcrit à l'efficace de leurs venins. Car il n'et pas loifible de les eprouuer fans danger, ne mefme fans punicion, tout ainfi qu'on experimante l'action des medicamans falubres. l'ay opinion qu'ils effayet les leurs fur des beftes, chiens, porceaus, & oifeaus: & que de là ils fe conftituet des reigles, ayant obferué diuers tams de mourir, felon la nature des venins. Comme fi les natures, de l'homme (le plus tamperé des animaus) & des autres, n'etoint fort differantes. Outre ce, qu'il et beaucoup plus facile, qu'vne heure certaine & precife de l'euenemant, auiene aus bestes, qu'aus hommes.Car les animaus priuez de raison, ont fort peu de diuerfité chacun an fon efpece, paiffans le mefme pafturage, & n'etans adonnez à diuers etudes (ou occupacions.) Dont il fanfuit, que des mefmes chofes les bestes andurent prefque famblable paffion. Mais les hommes, ia-foit qu'ils conuiennet an vne espece, toutesfois ils font tant differans, que iamais vous n'an trouuerez deus famblables de face.] Et de diuerfes complexions, condicions, & occupacions, combien de milliers an trouue l'on? Certainemant ie panfe, qu'an la feule efpece des hommes, il y ha autant de differance antre les particuliers, qu'il y ha d'efpeces diuerfes au refte du geanre des animaus, Et pourtant il faut eftimer totallemant abufiue & non ferme, la coniecture des ampoisonneurs: comme il et aifé à antandre, de ce que ray à dire incontinant. Commansons donc nottre befogne. се << «С "c ་ <8 66 СС Plufieurs cuidet & tiennet, que Theophrafte (tref-graue & approuué Philofophe) foit auteur de cette opinion, parce qu'il ecrit ainfi de l'Aconit. On dit, qu'on le compose de tel le forte, qu'il peut faire mourir à certain tams: fauoir et, dans deus mois, trois mois, fis mois, vn an antier, & quelque fois an deus ans.Et dit-on, que ceus-là meurent plus miferablemant,qui y peuuet plus long tams resister. Car il faut que leur cors tranfiffe petit à petit, pe riffant d'vne langueur diuturne: & ceus qui meuret foudain,ont la mort plus facile. Mais l'autorité de Theophrafte ne nous doit rien emouuoir, veu qu'il ecrit cela, plus de l'opinion d'autruy que de la fienne, comme les mots recitez declaret tref-cuidammant. Et fi quelqu'vn requiert la caufe de cette perfuafion, il la trouuera double. La premiere et l'aftuce des hommes, qui fe flatet trop, & mignardet leurs vices. Car combien an trouuera l'on, qui ne portet plus paciammant, qu'on leur reproche vn mal auenu de caufe externe, que fi on le difoit auoir eu fource de la mauuaife tamperature de leur cors (ou de leur intamperance.) Car ia-foit que nul puiffe etre dit caufe de fa premiere conftitucion, & que par confequant le reproche de fon imperfection ne touche pas à luy,toutesfois parce qu'elle et nottre, nous la couurons, & luy fauorisons outre mesure: tellemant que fil arriue quelque faute de la part de nottre imperfection, nous craignons qu'elle nous foit reprochee. Dont il auient, que nous accordons plus volontiers, la caufe du mal proceder de quelque chofe externe, que de l'interieur. Les examples an font plus manifeftes, an ceus qui ont moins de fauoir, ignorans les bons ars & fiances, tranfportez du L'ignoră- fimple iugemant de l'amour de foy-mefme. ce des cau Comme font les vieus, & le furplas des idiots: fes intro- auquels on ne peut rien dire de tant receuaduit fort ble,que fi on rapporte la caufe de leur mal, ou à fouuant, vn faint, ou à la poifon fecrettemant donnee, lefans fou ou à l'afpet forceleus d'vne vielhe. De là propfon le poi cedet les plaintes, defquelles Virgile an dit fon, & forcelerie vne: Je ne fay pas quel regard mal-veulhant, Va mes agneaus tandre anforcelant. Car ne pouuans mantir probablemant, que prefantemant, ou vn peu au parauant on ait donné de la poifon, on controuue plus feuremant, qu'on l'ha balhee long tams y a. L'autre caufe de cette opinion et, la deprauee interpretacion des theoremes aftronomiques. Car comme ainfi foit, que les Aftrologiens conftituet (ce qui et vray) les diuerfes manieres des affections ou paffions des cors inferieurs, etre de la diuerfe conionction, oppoficion, & afper rechangé des fuperieurs, le vulgaire ignorant ha prins de la occafion, d'etablir & fonder la varieté des effais, fur les moindres differances bes cueillies la ve S.Ian. qu'il peut obferuer aus cors celeftes. Comme quand il conftitue, quelque plante auoir effi- cace à l'ancontre des ficures, pourueu qu'elle foit cueillie auant Soleil leué. Or cet erreur et allé fort auant. Car non feulemant de ces differances (certainemant fort legieres) les hommes conftruiset communemant la diuer- fité des effais an efpece, ains auffi veulet que lhe de lo les accidans de ces effais foit diuers, pour la mesme raison : comme et, le tams de manife- fter l'efficace des poifons. La reuerie dequels ecriuant Theophrafte dit, que la mort furuient " en autant de tams, que la plante ha cré cueil. « lie. Recherchons danc la vraye folucion de ce probleme par raifon, plutoft que par la rela- cion ou temoignage d'aucun. Ce que nous fe- rons tref-commodemant (fi ie ne m'abuse) commanceans par la definicion de venin ou poifon à celle fin qu'on antande plus aife- mant, qu'et ce dequoy nous antreprenons la difpure. Nous difons propremant etre venin, tout ce que prins dans le cors, repugne tellemant à la nature du cors, qu'il n'an peut etre furmonté: ains au contraire, il change le cors, ainfi que le cors change coutumieremant fes viandes. De tous venins il y a deus fonueraines differances. Car, ou ils font annemis de la nature humaine, à raifon de leur qualité manifell, ou ils luy font aduerfaires de toute leur T Ainfi et il des her fuftance. D'auantage, les vns peuuet tuer plu toft,les autres plu- tard, de leur propre naturel. Ceus tuet foudain & an peu de iours, ou dans peu d'heures, qui font incontinant portez au profond du cœur, Tels venins font extrememant chaus, & pour la plu-part corrofifs ou putrefactifs,des grecs nommez septiques, douez de parties tref-fubtiles. Car les frois & groffiers font pareffeus,& finfinuent tard aus veines & arteres. Il y an ha qui infectet & detruiset noz cors de leur feule vapeur, ou exhalacion inuifible: autres lequels tiennet le principal lieu d'atrocité & malice, certains venins artificiels, qui ont la vertu tant futile, qu'an ayant oint ou frotté les etrieus, ils penetret les bottes de l'homme à cheual, iufques à paruenir aus plantes des piés nues : & de là antrans au cors, par les foupirals de la peau, corrompet tous les mambres. On an infecte auffi les felles & brides des cheuans: & font depuis introduits de la chaleur naturelle, aus veines & arteres de celuy qui et à cheual, par les pores des mains & des cuiffes. Finalemant on an ampoifonne les abilhemans, lits & couuertutes. A ce geanre peuuet etre rapportez ceus qui tuet par la feule veuë, ou par l'odorat, & qui feulemant goutez (fens etre aualez) foudain precipitet l'homme an ruine,fans aucun retardemant. Tous ces venins apportet auecques eus vne mort prefante: de forte qu'il ne refte aucun tams de fecours aus miferables qui tirer à la mort. l'antans que telles poifons font an frequát vfage aus Turcs, & autres nations fauuages. De ceus-ey differet les venins groffiers, qui font plus pareffeus & tardifs à faire lear action: mais an fin ils brulet bien fort,ronget, manget,tourmantet, & du seiour aquieret plus grandes forces & plus de malefice. Or il n'y a pas feulemant differante efficace ez poifons de diuers geanre, mais aufli il leur auient grande varieté du terme de nuire, felon la conftitucion & tamperamant de ceus qui an ont pris. C'et, que les vns fantet plutoft ou plu-tard la nuifance, que les autres, accablez de la poifon : quelques vns auffi an echapet. Car il auient aucunesfois, que la force venimeule et mitiguee & vaincue, de la complexion de celuy qui ha prins le venin: ou qu'elle foit de foy assez robuste, ou qu'elle foit ranforcee par le moyen de la contrepoifon. Ainfi de ceus qui habitent an vn maime air peftilant, il y an ha qui ne font attains de pefte: & de ceus qui an font malades, les vns meuret foudain, les autres plu-tard, les autres an fin an rechapet. S'il et ainfi, il famble totallemant ridicule ce qu'on afficine, qu'il foit poflible de balher de la poifon, laquelle à iour prefis & an certain tams faffe mourir : & que ce foit de la condicion du venin. Auquel erreur famble fauorir vn autre, que nous auons ranuerfé dez long tams: fauoir et, que les medicamans pre Decad.1. net de nottre chaleur, le commancemant de leur mutacion,comme Galen anfegne. Dont il fanfuit,qu'etant preffez groffieremant, ils produifer plus tard leur effait. Mais ancor que ie leur accordaffe cela, toutesfois ils n'auiendront pas à ce qu'ils affermet icy, fi ce n'et capticufemant. Car fi quelqu'vn argumante ainfi Cette drogue deploye fes forces plus tard que cette-la, donques il le fera à certain tams : l'argumantacion fera fauffe, & eft nommee d'Ariftote, Elanche au confequant. Ne plus ne moins que fi quelqu'vn difoit, La chieure et vne befte,donques la Chieure et vn Ane. Car faire tard & faire à certain tams, font efpeces diucrfes de ce qui fait fes actions an quelque tams. Or que telles ians ne regardet qu'à la feule condicion des poifons, cecy le preuue affez, que vous ne les oyez faire aucune diftinction des cors, ains feulemant feindre l'efpece de la poison, à laquelle ils mettet la limitacion du tams, & nompas de la complexion des hommes. Mais on ha veu fouuant, qu'ayant balhé d'vne poison au maime pois, & à maime heure, à plufieurs qui banquetoint anfamble, les vns moururet foudain,les autres apres quelques iours,&qu'à aucuns elle ne fit guieres de mal. Nous voyons tous les jours auenir le famblable des medicamans purgatifs: lefquels etant donnez an maime tams, maime mefure, & parelhe preparacion,à diuerfes personnes,ils vuidet les vns fort vite,les autres tard: & les vns bien fort, les au- tres peu on rien: & outre ce,les vns vuidet fans facherie, les autres auec grande difficulté, gric- ues tranchees, & frequante foibleffe de cœur. Et qu'et il de befoin alleguer diuers hommes, quand à vn maime le maime medicamant ne produit toujours maimes effais? Puis donc que felon la diuerfe & nomparelhe comple- xion & conformacion des cors, nous voyons telles chofes auenir pour la plu-part: & ́ď'a- lheurs qu'on ne peut iuflemant comprandre la propre tamperature de chaque homme: commant faura quelqu'vn,combien de tams pourra la chaleur naturelle refifter au venin? Quand l'accorderois bien, que quelqu'vn fut fi expert anpoisonneur, qu'il pefat d'vn cer- tain iugemant le ponúoir dé fa poifon, autant exquisemant qu'on pese le mufe à la balance: « touttesfois ie n'admettray iamais, qu'on la puiffe tant exactemant limiter, au naturel de celuy qui la doit prandre, qu'elle ne falhe au- : cunemant de la fin, ou du terme qui luy ete propofé. Car la Medecine maimes et tenue pour (fiance) fondce an coniectures, quant et de preferire à chaque homme la quantité & la propre qualité de fes remedes. D'autant que on ne fauroit aucunemant ecrire ou dire le in- ftemant propre, comme dit Galen, au troisieme de la methode, troifieme chapitre. Et vn peu pres: An l'art de Medecine il n'y a chofe, ou THj 1 remede (dit il) qu'on ne puiffe nommer an efpece: mais ce qu'on ne peut dire,n'ecrire, ne ,, ordonner antieremant,c'et la quantité pour vn chacun. Il repete cela bien fouuant aus propos qui fanfuiuet, anfegnant que chaque homme ha fa propre curacion, & que la propriété naturelle et indicible, & incomprehanfible d'vne exacte fiance. Le vulgaire des medecins ap pelle Idiosyncrafie, la proprieté naturelle, comme Galen remoutre. Et parce que tous confeffet, qu'on ne la peur comprandie, on attribue le vray art de medecine à Afculape & Apollon. Car le principe, & comme fondemant, de la Medecine parfaite ou accomplie, & infaillible(laquelle Galen nõme,l'art de vraye medecine) et la particuliere cognoiffance des naturels. Dont il ajoure: Si ie fauois recognoitre iuftemant la nature de chacun an particulier,ie panferois vray emant etre tel que ie confoy an mon antandemant auoir eté Afculape. Mais d'au,, tant qu'il ne fe peut faire, i'ay deliberé de m'e,,xercer tant, que i'an approche le plus pres que ,, peut l'homme: & i'exhorte les autres de faire , comme moy. Donques fi la medecine et conjecturelle, & non certaine, de la partie qui ordonne à chacun fes remedes, & que cela ne peut etre aperfu, finon finalemant par vne longue obferuacion & experiance, qui fe pourra perfuader cela des venins? Car fi an l'art de medecine l'experiance et dangereufe, comme fa ?? " F gemant nous auertit Hippocras:il et aifé à pan- Aph.1. fer combien et incertaine la preuue des poi- Lin., fons: parce qu'il n'et pas loifible d'experiman- ter leur vertu,fans danger & fans punicion,ain- fi que des medicamans falubres,an diuerfes per- fonnes. Et ce que peut quelqu'vn auoir obferué aus bestes brutes,i'ay dit par cy deuant,qu'il et inepte de le vouloir accommoder à l'homme: d'autant que les naturels des hommes & des beftes font grandemant differans, maimes par cette preuue, que les etourneaus viuet feure- mant de la ciguë, & les calhes de l'hellebore, qui nous font medicamas & poifons. Nous pou uons an fin colliger de ces raifons, qu'il faut e- ftimer fort erronnee & peu ferme, l'art (fi art fa peut dire) & la coniecture des ampoisonneurs; veu maimemat, qu'vn venin produit fon acció, autresfois hatiue, autresfois tardiue: & ce non tant àraifon de foy, que pour la nature & com- plexion du cors,lacheté ou etroiteffe des paffa- ges, force ou foibleffe de la chaleur naturelle, & le beaucoup ou le peu des excremans fam- blables, ou diuers. Carla force du venin de- meure quelque fois vaine, ou fort rabbatue: comme ez cors de ceus qui ont les facultez de l'ame robuftes, à raison d'vne tresbonne tram- pe. Auffi Galen panfe, que le batimant & la compofition du cors, et caufe que la ciguë tue l'homme, & nourrit les atourneaus. A quoy aioute, la force de la chaleur menuifante & il Ţ iiij fubtiliante; à raifon de laquelle il panfe, qu'il auient auffi, que les venins frois demoutrent plu-toft & mieus leur force, à l'androit des natures chaudes. Ce qui pourra fambler paradoxe à plufieurs mais ayant eté tref-ouuertemant demoutré par ledit auteur, i'an omets la preuue à mon eciant. Quant au naturel des excremans,ils affoibliffent les actions des venins,re pugnantes à leurs qualitez.. Car fil y a aus antralhes de la pituite an abondance, la force du venin chaud en fera grandemant rabbatue : & au contraire, l'humeur chaud hatera l'accion de vn tel venin. Ainfi la cholere copieuse, rebouche & romt le narcotic qu'on ha prins: & la pituite le fauorit. Ce que peuuer fauoir ces mechans ampoisonneurs, n'et guere autre chose finon qu'ils cognoiffet,quels venins font mourir feulemant de l'cuidante condicion de leur qualitez, & qu'ils nuifent de toute leur fuftanc. Tels font ceus qui tuet par pourriture ou corrofion, auquels il auient de fe ranforcer auec le tams, comme dit Galen: an lieu que les autres faffoibliffet par leur retardemant. Car tous ceus-là pourriffet auec le tams, &'de tant plus, que le lieu fera plus humide & plus chaud, Donques ceus qui agiffent an pourriffant, le tams augmante leur accion: parce qu'il augmante la pourriture: & veu qu'ils ne ceffet de fe pourrir, reciproquemant ils pourriffent (le cors.) De là procede, qu'ils font mourir long tams apres, principalemant les venins qui font de fuftance groffiere & terreftre. Voila (dis ie) que les ampoisonneurs peuuet auoir apris par longue obferuacion: de forte qu'ils fachet diftinguer les venins qui 1. tuet de leurs infignes qualités d'auec les autres qui font mourir de toutte leur fuftance.. Ite, que ceus cy aportet de leur nature à quel 2 homme que le foit, vn mal plus foudain; & que ceus là ne deploy et leurs forces, finon an plus long tams. Et outre ce,que de touttes les deus 3fortes, ils tuet plutoft ou plutard (fans auoir aucun egard aus cors) felon qu'il y an ha plus 4. grand,ou moindre quantité. Ils peuuet bien auffi faire, que tous venins foint tamperés à leur plaifir, & randus plus dous, ou plus apres, à ce qu'ils tuet plus vite, ou plus tard: ce qui et fans aucun fecret ou miracle de nature. Car nous auffi coutumieremant vfons de tel artifiles plus pareffeufes, & leur donnans comme des eperons: & au contraire, retenans la trop hatiue penetration des autres,an y melat de ceus qui font naturellemant plus tardifs & groffiers. Mais qu'on limite les effais des poifons à certain iour,& à point nommé, nous panfons etre abfurde & du tout ridicule : d'autat que la nature de chaque homme ne peut etre parfaite mant cognue (ainfi que nous auons cy deffus fuffifammant demoutré) d'où proçede le tref ce aus drogues purgatiues, agtel artifi で incertain terme de chaque venin, à faire mourir l'homme. Car toutte accion naturelle rancôtre diuers effais, felon la diuerfe difpofition, tant de ce qui agit, que de ce qui andure, Et cela auient, non feulemant à raifon des qualitez euidates, ains auffi des occultes & propres: dequoy procede auffi, que a vne autre nuit beaucoup, ce que proffite à cetuy cy. Pierre dé Abano (lequel on nomme Conciliateur) là où il explique cette question, propose qu'il fe peut faire, que ayant cognu certainemant la duree de la vie d'vn homme, par la quantité mefurce de fon humeur radical, on balhe vne poifon,qui le confume an dis ans. Dont il collige,quelques vns etre ampoifonnés, qui vont toujours an deffeichant (on les appelle an vulgaire [Italien] herbati & ftrigati) & qu'on peut faire aucunesfois, que la poifon foit limitee, Mais ce qu'il prefupofe de l'Aftrologie,a-pei ne peut etre bien deuiné. Je confeffe,que tous ceus qu'on void tranfir de peu à peu,etans am poisonnez, ils ont vn mal long, mais il et pour amporter l'homme an tams à nous incertain. Pline ne dit pas vn terme plus certain, de la mort qu'apporte l'vfage du lieure marin(poif quand il dit : Les hommes qui >> " nget fantet au poiffon: & de ce premier aperfoit ce venin. Au refte, on an meurt onnt d'heures,que le lieure ha vecu . Car, an auta inera l'age de ce lieure, affin de qui deu 55 pou an ma fine uoir predire l'heure ordonnee à mourir? Et quand bien ie donnerois cela, qu'on peut fauoir combien de jours ha vecu le lieure, toutesfois ie n'accorderay pas, que tous hommes. an meuret à maime tams, veu qu'vne maime poifon agit fort diuerfemant, felon la diuerfité des cors, ainfi qu'il ha eté plus que affez prouué. Tellemant qu'il ha eté dit plus veritablemant (ce que le maime Pline ajoute) ledit venin etre à tams incertain, comme difoit Licinie Macer. C'et, PERREA V, tref-amy & tref-docte, ce que me famble deuoir etre tenu de la yerité de ce Probleme. Pardonnés moy, fi i'ay eté vn peu prolixe à l'expliquer : & fachés que ie l'ay fait,pour l'amour de quelques ecoliers an Medecine,qui par fortune font furuenus quad ie le pourpanfois. Car ils m'ont prie de leur donner la copie de ce Difcours. Ce que ne pouuant refufer honnetemant, il m'ha fallu traitter la queftion plus au long,affia de m'accommoder à leur capacité. Vous,excellant an fauoir & antandemant, euffiés facilemat.comprins an beaucoup moindre propos, mon auis là deffus,comme vous l'aués defiré, C'et le fegod Para doxe de la premiere Decade. 244 QV'IL YA RAISON, QVE QVELOVES VNS PVISSET VIVRE an fans manger, durant plufieurs iours nees: au tref-renommé Iurifconfulte, M. IAN PAPON, conseiller du Roy, luge lieutenant general au Balliage de Foreft. A Religion chretienne nous anfeigne, qu'il faut foudain 2jouter foy aus propofitions Theologales qu'on oyt reciter,& que cz chofes nullemant fujettes à preuue, la fiance & le ferme confantemát, et tref-agreable à Dieu: ! veu que c'et luy qui peut rompre les lois de nature. Mais aus difciplines, qui meritet d'etre appellces Mathemates, & vrayemất sciances,d'autat qu'elles expliquet tout par fes caufes, d'affirmer quelque chofe fans demonftration, & an ordōner comme fait vn legislateur, nous eftimons cela ridicule. Car il n'y a rien qui famble plus abfurde, que le confantemant precipité, fans cõfeil, & temeraire: anuers ceus maimemant, qui cognoiffet l'efprit humain tref-auide & tref apre à rechercher la verité. Touttesfois vous an voyez beaucoup, qui fi plufieurs autres ont dit de maime, ils n'y contredifet pas : & ne panfet point à cecy, fil et plus licite de dire vray, ou au cotraire de man tir,d'vne cause commune. O qu'il vaudroit bie micus farreter là, & douter des chofes que l'efprit ne peut comprandre! Ce que i'ay accoutumé de faire: & à raison de cela,plufieurs qui font de temeraire confantemant,m'appellet incredule. Car ie me fuis propofé dez long. tams, n'admettre aucune chofe comme vraye, de celles qu'on peut comprandre par raifon & difcours, pour grade que foit l'autorité de celuy qui la propofe. Ie cófefle bien, que la caufe de tout ce que l'experiance nous temogne, n'et pas ancores trouuee & cognue de nous: comine auffi ie ties pour tref-vrayes plufieurs opinions, qui font Paradoxes au commun, n'etant ancor perfuadees. Mais commeie ne veus pas, q l'on croye aus miennes fans raison, ainsi me foit il permis de n'accorder les autres,auất quei aye aprins de leurs auteurs les caufes de teis effais, ou que ie les puiffe comprandre an raifonnant moymaime. Qu'il foit libre à tous, de n'ajouter foy aus propos fans demonftracion. Car ceus-là famblet peu auifez & (que plus et) fort Jourdaus, qui reffoiuet les admirables affirmacions, emeus de quelque vaine opinion du difeur. Telle et celle que ie propofois hier,tref-renommé Prefidat: que quel ques vns peuuet viure fans manger, non feulemant plufieurs iours, ains plufieurs mois & annees. Vous auez prudammant dit, que vous ne la receuriez pas, ains que ie l'eufle prou uee: d'autant qu'elle vous famble la plus para doxe, de touttes celles qu'aues ouy de moy. Touttesfois ell' et tref-veritable, cõme les autres, & deformais vous n'y côtredirés pas: Car vous ne douterés point de venir an mon opinion, veu qu'ell' ha pour fōdemất des raifons tref-euidantes,prifes des chofes naturelles. Ie ne diray pas de l'auoir obferué, mais ie confirmeray qu'il fe peut faire. S'il falhoit prouuer le fait par temoins, nous an produirions quelques vns, irreprochables & de grad' autorité. Hippocras limite à vne femaine, le iune mortel de l'homme. Mais Pline dit, qu'il n'et pas mortel d'vne semaine, veu que plufieurs ont duré plus d'onze iours. I'antans qu'il y a pour le prefant an Auignon, vn homme de foiffante ans,qui mange fort peu fouuant, & par longs interualles, de cinq, fis, dis, & plufieurs iours., Ce que Albert ecrit,et famblable:qu'il y auoit vne fame, laquelle paffoit quelque fois vint iours fans manger, & bien fouuant trante.Il dit auffi,auoir veu homme melancholique,lequel vequit fet femaines fans manger, ne beuuant Liu.z.des que de l'eau vn iour & autre non. Athenæe raconte, que la tante paternelle de Timon,fe caipnochoit touttes les annees dans vne cauerne, come les Ourfes, l'efpace de deus moys, viuant fans aucun alimant que de l'air, à demy-morte, de forte qu'à peine la pouuoit on recognoiftre. Perfonnes graues rapportet, auoir ph. eté veuë an Espagne vne filhe, qui ne mageoit rien, & antretenoit fa vie ne beuuant que de l'eau, & auoit deja vint & deus ans. Plufieurs ont veu an Languedoc vne garfe, qui demoura trois ans, & nous fauons par ce qu'an ont ecrit quelques bons & doctes personnages, qu'il y an ha eu vn'autre à Spire an Allemagne, qui vequit autant d'années fainemất,fans autre viande ou breuuage que de l'air. Guilhaume Rondelet attefte,d'an auoir vu vn'autre, qui de parelḥe maniere de viure, paruint iufqu'à dis ans: puis quad elle fut grade fe maria, & eut de beaus anfans. Ian Bocace ecrit d'vne Allemádé,laquelle vequit trant'ans,fans manger aucunemant. Pierre d'Abano (qu'on nomme Cóciliateur)racote d'vne Normande, qui ne mangea rien de dis & huit ans : & d'vn autre qui dura träte & fis ans fans manger.On tient pour certain,qu'à Romme vn praitre ve→ quit quarante ans de la feule infpiracion de l'air: cela etant bien obferué,fous la garde du Pape Leon [difieme ] & de plufieurs princes, & fidellemant temogné par Hermalao Barbaro. Mais pourquoy m'arrete-ie tant à reciter ces miracles, qui peuuct fambler pures fadaizes,iufqu'à tắt que ie les aye expliqués par raifon? Certainemant l'autorité &l'ob-feruacion des autres et de trefgrand pois:mais ce ne doit pas etre affés, là où il n'y a faute de raifon à cofirmer fon dire.Ie fuis bien aise, q vous n'ayez 7 voulu receuoir fans cela ma propofition, affin que ie puiffe commodemant exercer mon efprit,à rechercher fa caufe,ainfi que i'ay de lõg tams defiré. 1. C'et vne fantace ferme & ratifiee,que tous cors viuans,foint plantes, foint animaus, viuet à raifon de la chaleur qu'ils ont anclose an eus: au moyen de laquelle ils attiret l'alimất, le cuifet,f'an nourriffet & foutiennet,croiffet & an geandret: outre ce que les animaus fantet & fe meuuet: & tat plus parfaites font telles œuures, tant plus et abondante la vertu & la fuitance de la chaleur. Pource Ariftote, qui ha definy la mort par l'extinccion de la chaleur, ha laillé pour memoire (comme chofe fort remuée & diuulguée) que la vie et contenue de la feule chaleur : & que fan's la chaleur ne peuuet viure,ne animaus,ne plantes. A fon imitacion tous les philofophes d'vn confantemant, definiffet la vie par chaleur,& la mort par extinccion de chaleur. Car pour petite que foit la chaleur, le cors qui an ha, iouit de la vie, & produit lesdittes accións de foy, ancor qu'elles foint obfcures. Cette chaleur et nourrie & antretenue d'vn humeur gras & aëré, qui inferé dans la fustance des parties fimilaires, et du tout inuifible. C'et le premier ou principal)humeur,comun à tous viuans, auquel fied premieremất & par foy l'efprit, muny de chaleur: tellemant que ne l'esprit, ne la chaleur peuuet peuuet etre, ou durer longuemant, fans l'ayde dudit humeur. Donques la vie, & la duree des chofes animees,git au confantemant & accord de ces deus, chaleur & humidité. Cette-là et tenue pour ouuriere de toutes accions: cettecy luy et fou-mife, affin que laditte chaleur dure plus longuemant. Et tant que cette hu midité vtile & aggreable, peut nourrir la chaleur vitale, autant vit l'animal ou la plante. Dont il auient, que ceus ont plus longue vie, qui ont plus d'humeur naturel, ou iceluy plus epais & plus refiftant à diffipacion. Car il et de nature gras, huileus & gluant, affin que la chaleur (qui an etant anueloppee, an gate & confumé tout bellemant de petites porcions) l'eboiue & abforbe plu-tard. Toutesfois auất que cela auienne, l'animal rand l'ame à Nature,luy etant otee fa propre matiere, languiffans l'efprit & la chaleur. Or puis que le cors des viuans fecoule & diminue ainfi toujours, fivne fuftance famblable à l'ecoulee n'et reftituee, certainémant il feuaporera & diffipers tout. Mais il n'y a dequoy remettre, an lieu de l'humide suftantific (comme on l'appelle) confumé, ie ne dis pas antant qu'il fan diminue inceffammant, ains feulemant vn petit brin de tel. Car il ha toutte fon origine de la femance, & des principes de nottre genera cion : & nous ne voyos pas, qu'on puisse aiouV ter à noz cors aucune telle chofe. De là pro cede la mort ineuitable: parce qu'il n'y a aucun artifice de reparer, ce que feul retient la chaleur. On reftitue bien la fuftance charnue, epuifee du tranfiffemant: l'humide primitif, iamais. Et veu que fa pature etant confumee, la chaleur quand & quand, fi ell' et cause confumant' fa pature(comme certainemant ell'et) il fanfuit incontinant,que la chaleur maime et caufe de fa mort. Il nous refte feulemant,que puis qu'on ne peut totalemant detourner la caufe de nottre mort, à tout le moins nous la retardions & rebouchions, etant trop hatee & precipitante (facheminat vite de fon naturel al'yffue de la vie) affin que l'animal nef'etaigne fi toft.Ce que peut etre fait,au moyen des alimans: quand par addicion de quelque plaifante humidité, on arroufe la naturelle, affin qu'elle refifte d'auantage à la voracité de fa chaleur. Car ell' et ainfi plus long tams cóferuec,quand la chaleur naturelle ne peut libremant exercer fa force fur le fujet humide: parce qu'elle et aucunemant rebouchee, quand elle agit an la maffe charnue, & aus humeurs nourriffans, dont ce pandát elle cófume moins de l'humeur radical. Touttesfois il fan confume toujours quelque petite porcion, mais moins quand il y a de l'autre an quantité fuffifante. Et à ces fins Nature, non feulemant aus animaus,ains aus plantes auffi,ha donné dez le commancemant certaines vertus, d'appeter continuellemant ce qui leur defaut & máque, affin que tout fe preferua de mort,le plus longuemant que faire fe pourroit. Car tout ce qui et angeandré, & tient de la Nature, defire extrememant d'etre prorogé tref-longuemant, & fubfifter au monde. Pource les animaus n'ont iamais aprins d'aucun à manger, boire, & refpirer: ains dez le commancemat ils ont des facultés, qui parfont cela fans precepteur. Dequoy il appert, comme ie panfe, que l'vfage des alimas et neceffaire à tout ce qui ha vie, non pour autre chofe,que pour antretenir cet humeur interne (familiere, & vrayemant vnique pature de la chaleur naturelle) affin qu'il ne foit fi roft ebeu. Et tant que nous le pouuos faire, & que l'humidité primitiue et de refte, an fuffifante quantité pour conferuer la cha leur vitale, nous fommes autat de tams an vic. 2. De cecy on peut colliger(pour la fegonde propoficion, que nous auons à expliquer)que il ne faut beaucoup de nourriture, à ceus qui ont la chaleur moindre & plus languide: parce qu'elle ne famble auoir grad' efficace à cofumer fon humidité. Tout ainfi que le petit feu, ne peut porter beaucoup de boys, ains et de peu antretenu: mais le grad feu fetaind incotinất à faute de pature, fi vo' n'y ajoutés vn liu.1. "" "" Aph.13. grand amas de boys. Et pource les vieus anduret facilemant le iune, comme dit Hippocras: an fegond lieu,ceus qui font au plus fort de leur age: moins les adoleffans: le moins de ,, tous, les anfans, & antre autres ceus qui ont l'efprit plus vif, & font plus vigoureus. Car Aph. 14. ceus qui croiffet, ont beaucoup de chaleur na liw.I. turelle: dont ils ont befoin de beaucoup d'alimant: autremant leur cors fe confume. Les vieus ont peu de chaleur: pourtat ils n'ont befoin de grans viandes, d'autant qu'ils an fuffoqueroint. Car comme la flame des lampes(die Galen) iafoit qu'elle ayt l'huile pour alimant, touttesfois fi on l'y met tout à vn coup, cll'an fera plus etainte, que nourrie: famblablemant aus vielhes jans, & autres qui ont la chaleur plus remife,l'abondance des alimans leur nuit, an fuffoquant la chaleur, & l'accablant de fa multitude. Ceus qui ont beaucoup de chaleur (comme les anfans & les adoleffans) fe plaifet l'abondance des viures: parce que la maffe de leur corsfe confume fort, & leur chaleur vorace diffipe antieremant la naturelle humidité,fi elle n'et bridee & retenue par addicion d'vn familier fuc. Donques la proporcion & mesure des alimans et ordonnee,à raison de la chaleur, fans autre anfegnemant que de Nature. Car la faim ou l'appetit,qui fuit la neceffité naturelle des alimans, et fa reigle certaine: tel lemant que ceus ont befoin de copieus & plus frequant alimant, qui ont plus fouuat &[plus] grad appetit: ceus qui n'an ont point, ou peu, & moins fouuant, n'ont pas affaire qu'on leur donne alimant, finon fort peu, & par longs interuales. Les laboureurs,artifans, & autres qui traualhet tout le iour aus fortes befongnes, font contrains d'vfer grand' quantité de vian des, & de repas coup à coup reïterés, pour la faim qui les preffe ; d'autant que la qualité de la chaleur naturelle,deuient plus acre, & confume plus,par l'exercice: de forte que ceus qui fadonnet totallemant au traual, ne peuuet iu ner,fans trefgrand' perte de leur fanté & force. Ainli Galen remoutre, que aus picrocholes, c'et à dire bilicus,labftinace et tref-nuifante: & que deiuner longuemant, ils tõbet an tref- piquantes & tref-aiguës fieures, defquelles il et aifé de venir aus hectiques, & an outre de celles cy au marafme roty. Les fanguins anduret plus fa cilemant le iune, parce que l'humide sustantifique redonde an eus, & l'alimataire auffi. D'auantage, leur chaleur et plus remife & moins aigue, comm' etant grommee de l'humidité. S'ils ne prennet aucun plaifir à l'exercice, ains font toujours an repos, pareffeus & andormis comme glirons, ils ont peu d'appetit, & tard: ils deuiennet phlegmatics, & le plus fouuant fe mettet à manger fans neceffité, feulemat par coutume, aus heures ordonnees. Ceus-cy one vrayemant la chaleur plus remife & cōme angourdie,laquelle il feroit melheur d'exciter & aguifer par trauaus: affin qu'etant diffipee, la grand' quantité de l'humeur fuperflu, elle approchant de la moderee, fit fantir l'appetit: lequel n'et autre chofe, que naturel defir de ce qui defaut & manque à chaque particule, et l'alimant, qui foit fubftitué au lieu de la fubftance, qui fecoule perpetuellemat par la vertu de la chaleur. Quand donc il n'y a point d'appetit, il et vray famblable, que la chaleur agit an autre humidité, laquelle et excremanteufe & non naturelle: la confomption de laquelle n'etant point dommageable, qu'et-il de meruelhe, fi fans nuifance ou douleur le defapetit perfeuere, tandis que cet humeur fuperHu amaffé refifte à fa diffipacion: maimemant veu que la chaleur languiffante d'oifiuete, ne peut guieres confumer? C'et la fegonde raifon, pourquoy les vielhars portet le iune plus aifemant, & fans incommodité: fauoir et,d'autant, que outre la petiteffe & foibleffe de la chaleur, ils out à raison de cecy vn grand amas d'excremans pituiteus:& que leur cors lourd, pigre, & tardif, et tref inepte à tous mouucmans & exercices. Pourtant il leur auient, de n'auoir befoin de beaucoup d'alimas; veu que leur chaleur, par beaucoup de raifons, diffipe uer, fort peu de la maffe du cors. Or ce que nous auons anfegné etre aus vieus, cela maime conuient iuftemát aus naturels famblables: car fi quelcun et,ou de coplexion naturelle, ou de fa maniere de viure, plus humide & plus froid, il aura peu d'apetit, & fe foulera ayfemất de peu de viande: parce qu'il luy manque de la chaLeur,qui puiffe confumer grand fuftance.De là vient, que les beftes exangues (des Grecs dittes anaimes) auquels le froid et tref-offanfif, à caufe de leur petite chaleur,fe cachet tout l'hy & viuet fous terre ez lieus plus tiedes, fans alimant. Cela et aprins de l'experiance, à laquelle cõfant bien la raison. Car file befoin des alimans et,pour reparer ce que perpetuellemat fecoule,affin que l'humeur primitif(pature de la chaleur naturelle)ne foit fi toft confumé: ceus auquels rien ne fecoule, & il n'y a prefque point de chaleur (au moins par quelque tams) n'ont aucun befoin ou prouffit de la viande. Or les ferpans, laizars, & leurs famblables, font frois de nature. La chaleur qu'ils ont fort petite,ne diffipe guieres,& durat l'hyuer ancor moins q d'ordinaire:parce que adoc elle deuient plus laguiffante, de la violance du froid. Pource il n'y a come point d'effluxio ou diffipació, la peau etat epaiffie& exactemất cōftipee de la force du froid hyuernal.Et tout ce qu'il y a de fuligineus excremat,fufcité de leur amette languiffante, il famaffe au cuir : lequel an fin deuenat plus fec & plus rude,fe depoulhe & fepare de la peau fujette, fans faire mal au cors. C'et ce qu'on appelle, la depoulhe du ferpant, de laquelle il fe deuetit au milieu ou à la fin du printams. Puis quand le Soleil reuenant à nous, excite leur chaleur, ayant chaffé l'angourdiffemant, lefdittes beftes deuienet plus remuantes, & reprenet leur premiere agilité: car la chaleur conduit & fait les mouuemans. Dont Vitruve difoit: Les ferpans fe remuet terriblemant,quand la chaleur ha epuifé le froid de leur humeur. Durant les petis jours "an tams d'hyuer, ils font fans aucun mouue"mant, angourdis du froid, qui prouiết du chágemant de l'air. Que les glirons, & les rats de "montaigne [dis marmotans] non feulemant fabftiennet tout l'hyuer de manger, & ne font que dormir, ains auffi qu'ils an deuienet plus gras, il et autant meruclheus, que confirmé de vraye experiance. Delà et forty, ce que dit Martial du Gliron,an fes Distiques: Liu.6.de L'archi sect. ch.1. Durant l'hyuer ie dors, Et fuis plus gras alors, Que nourry fuis de rien, Sinon de dormir bien. Vous repondrés, que les petits animaus fe peuuet paffer quelque tams de la viande, mais. nompas les plus grans. Surquoy ie produiray le Crocodil (baite fauuage, de fort grand' ta- lhe) duquel feul on ha opinion, qu'il croit tant qu'il vit: & il vit longuemant. Or Pline ccrit, qu'il paffe touiours quatre mois de l'hyuer à iun,das fa cauerne. On affirme auffi,que l'Ours peut viure tout l'hyuer fans manger. Donques comme les vielhars, à raison de leur froideur, n'ont pas grand appetit, &n'ont befoin de gran- de nourriture: ainfi toutes les complexions,qui ont plus de froid que de chaud, duret long tams fans viande. Et qu'ont befoin de nouuel- le pafture, ceus auquels la naturelle ou l'appli- quee ne fe confume point? Et que confumera la chaleur languiffante? Si elle confume quel- que chofe, & il y ha abondance de cè qui luy resiste, on ne fantira pas ce befoin incontinant, ains apres vn long tams. A la diffipacion de l'hu meur naturel, refifte quelque fois l'alimentaire humidité, quelque fois l'excremanteufe: fur laquelle fexerceant la chaleur naturelle, & la diffipant, fait ce pandant moins de dommage à l'humeur naturel. On peut tirer d'icy la troifieme propofi. III cion, qui feruirá de preuue à la conclufion propofee: fauoir et, que la feule petite chaleur, ne rand pas l'abftinance' plus facile, ains auffi l'abondance de l'humeur fuperflu, qui amufe la chaleur naturelle. Car ce que fait l'a limant toujours epars, arroufant les parties, & abreuuant l'humeur naturel, cela maime fait quelque fois le copieus humeur excremanteus accumulé an noz cors : quand il rebouche l'acrimonie & force de la chaleur, & l'ampeche de confumer vne melheure fuftance, iceluy fe prefantant à etre confumé. Pource le vantricule etant plein de pituite (finon qu'elle fut aigre) nous n'auons point d'appetit, & dedaignons les viandes: & (à mon iugemant) nous n'auons [grand] befoin d'alimant, iufques à tant que le vantre ait digeré cette matiere-là, ou qu'il l'ait ietté autre part, Il peut bien etre, que tandis que l'eftomach refufe les viandes (parce qu'il n'ha besoin de nouuelle pature) les autres mambres anduret [leur] faim naturelle: laquelle n'et pas fanfible, dont ils languiffet & famaigriffet, fi on ne leur ottroye de la nourriture. Parquoy fouuantesfois il vaud micus, prefanter de la viande à l'eftomach, fans attandre qu'il foit venu à bout du refte. Toutesfois il vaudroit mieus au prealable (fi faire fe peut) artificiellemant auoir purgé le vantre, afin que la viande ne fy corrompe. Si tout le cors vniuerfellemant etoit plein de maime humeur que l'eftomach, chaque partie n'appeteroit nomplus que luy, & n'auroit befoin d'autre alimant, tandis que tel J. humeur fuffiroit à la chaleur. Mais l'eftomach le plus fouuant et fou, parce qu'il reffoit premier tout, & fa cauite et plus ample. Il auient moins fouuant, que tout ce geanre d'excremant fepande par tout le cors. Ce qui arriue toutesfois aus vielhars, & aus autres frois de. nature: parce que la petite chaleur ne peut digerer l'alimant ordonné à chaque partie, ains laiffe par tout beaucoup de crudité. Ces humeurs font pituiteus & dous, conuenables à nourrir la chaleur, fils font plus elaborcz. Car les Medecins anfegnet, que la pituite fe parfait de la chaleur dedans les veines, où elle fe cuic à loifir, & fe conuertit an fang louable. Car (comme ils parlent) le phlegme n'et que fang moins cuit: lequel feruira à nourrir les parties, apres qu'il aura cté fogneufemant elaboré. Il faut donc permettre, que la chaleur fexerce à vne filouable œuure: ce que la viande continuellemant aualec detourne. A cela profitet les iunes, fort fains à ceus qui ont abondance d'humeur pituiteus,ou dous,ou infipide, accumulé an tout le cors. Dont Hippocras confe- Aph.61. The bien la faim, à ceus qui ont les chairs humi liu.7. des: parce que la chaleur vfe plus plaifammant des humeurs, ancor qu'ils foint crus, que de la viande nouuellemant receue, Car la viande et beaucoup plus clognee de la forme du fang, & de la nature des parties, que n'et la pituite: & la chaleur aura plu-toft appreté l'humeur ją fait,que de la viande. Et fil ne le fait, d'autant qu'on luy fournit toujours nouuelle matiere, il et force que tout le corrompe, & que tout deuienne excremant. Lequel etant retenu au cors, par tout pullulet des maladies familieres à tel humeur,œdemes, vitiliges, alphes, fcirrhes, loupes,neus, & [autres]in finis maus de la claffe des phlegmatics: lefquels celuy euitera, qui permettra à la chaleur, de parfaire & exaccmant elaborer cet humeur froit, an ne prenant aucune viande, ou pour le moins an prenant plus tard & raremant. Car comme ainfi foit, que la chaleur fe doiue toute occuper an cet affaire, elle an et detournee par la nouuelle matiere, laquelle et inutile, & ancor dommageable. Mais quand la chaleur ha confumé, ce qu'elle ha trouue plus commode, pour l'vlage des parties qu'il falhoit nourrir, dés-lors chacune d'elles commance d'auoir bon appetit, & de faire antandre leur indigeance, par mutuelle communicacion iufques au ventricule. Toutesfois, comme nous difions par cy-deuant, quelque fois l'eftomach n'appere rien ( à caufe qu'il et plain d'humeur ) ja-foit que les au tres parties iunet: & au contraire, l'eftomach etant vuide & affamé, les autres parties peuuet etre raffafices. Adonc, etans contrains de la facheufe faim, de prandre de la viande, nous tachons par autre moyen, de decharger les autres parties de leurs humeurs, afin que la chaleur ne foit accablee de leur trop grande quantité. Mais fi la replecion et commune à tout le cors, de forte que l'on fante le vantricule, anfamble toutes les autres parties, pleines d'humcur pituiteus, lors qu'il n'y ha aucun appetit, la chaleur tamperee etant occupee an beaucoup de matiere, pandant qu'elle fait cette autre befogne, il n'y ha pas neceflité de viande. Car la chaleur ha prou befogne, & peu de force: dont elle ne fait pas cuidante confomption de l'humidité naturelle des parties, tandis qu'elle iouyt d'vne autre qui luy et tref plaifante, comme et la douce pituite. Cecy fait bien pour ceus, qui demeuret à jun trois ou quatre iours, & plus long tams. Car que faut-il prefanter des viures, quand tout le cors verfe d'humeur froid, & malaifé à diffiper, fi nous auons appetit de manger, feulemant lors que la premiere viande et depechee?Quoy?fi quel qu'vn dedaigne les viandes, & luy font mal de cœur à les voir, n'et ce pas vn certain indice, qu'il n'ha [grand] befoin de viande: de laquelle c'et Nature maime qui nous an ha donné l'appetit, fans anfegnemant de perfonne ? Et de qui pourrions-nous antandre l'heure du manger,& la quantité, voire la qualité ? An ces chofes nous fuiuons de nous-maimes, l'incli nacion naturelle, & le defir exant de toute raifon. Parquoy celuy qui abhorre totallemant là viande,il n'an ha pas [ grand ] befoin: veu que c'et vn appetit naturel, & nompas volontaire, ne qui obeille à la raifon. Il et donc ja plus que affez confirmé par noz raifons, ce que l'experiance attefte: qu'aucuns ont vecu par plufieurs iours fans manger, & ce fans aucun dommage de leurs forces & fanté : ains (que plus et) on croid, qu'ils ont preuenu des maladies qui les menaffoint, ou qu'ils font echappez des prefantes. Car les maus menacet, ceus qui font ainfi fous, & ont grande replecion de tout le cors, fi vous y mettez toujours de la viande: parce qu'il et force, que le tout fe corrompe. Aph.19. Dont Hippocras dit, tant plus tu nourriras les cors mal nets, tant plus tu les offanceras. Da mal prefant excité de cacochymie echappa la filhe Allemande, qui iuna trois ans. Car on raconte, qu'elle etoit douce & benine, taciturne, oifiue, & andormie, pleine de puftules & rognes, à raison de l'abondance de l'humeur pituiteus gros & vifqueus. Elle ayant foutenu, de fon propre mouuemant, vn fi long iune, an fin les humeurs etans confumez, & la matiere de fon mal otee, elle remise an fanté, commancea d'auoir appetit. Cecy ne doit sambler abfurde, veu que l'efprit comprand facilemant, que non feulemant il peut ainfi auenir,ains auffi qu'il fe lus.2. fait tref-fainemant. Peut etre que cela et dur,de admettre que l'action de la chaleur naturelle, perfeuere deus ans ou plus, à la confomption des humeurs vne fois affamblez.Vous accorde- riez bien, que le plus long terme de iuner, foit limité à vne femaine ou deus, ainfi qu'ont dit Hippocras & Pline. Mais ie feray, que la lon- gucur du tams ne vous retiendra pas, de venir de piés & de mains à ma fantance. Moy certai- nemant,qui fuis moins à condamner du vice de credulité, que d'aucun autre, ne me fuis perfua- dé telles chofes fans raifon. Et vous confidere- rez (fil vous plait ) d'où ie collige que cecy peut etre fait, apres que vous aurez acheué de lire, ce peu qui nous reste ancore à dire. Quand l'humeur pituiteus abreuuant le IIII cors, & foulant plaifammant les parties, et co- pieus, telle nourriture fuffit long tams: quand il et an petite quantité, la matiere an briefetant confumee,foudain l'appetit reuient. Or fi l'hu- meur n'et pas feulemant copieus,ains auffi gros & vifqueus, qui doutera ancores, que la vie ne puiffe etre prolongee longuemant, fans qu'on y aioute aucun alimant? Soit an outre, la cha- leur petite & languiffante,ou de nature,ou par accidant: elle ne pourra pas diffiper beaucoup d'humeur: & pourtant il luy resistera fort long tams. An vn vielhard, vne filhe, vn preftre, la chaleur et moindre & plus remife, à caufe de l'age,du fexe, & du repos. Et l'abondance des humeurs gluans, peut etre fi grande an iceus, que la chaleur naturelle n'an fera moins aggreablemant antretenue de fon accointance, que de l'abord d'vn autre alimant nouueau & journalier. Cela continue,tant qu'on luy fournit d'humeur an abondance: & il an et fourny longuemant, quand à raifon de fon épaiffeur, vifcofité & froideur, il an et fort peu diffipé de la chaleur laquelle n'et vehemante ny acre. Et combien qu'elle ait eté quelque fois telle, au moins elle et maintenat rebouchee. Ainfi nous auons eprouué, la Salamandre ( que l'on croid vainemant n'etre brulee du feu, commie Diofcoride dit) mife fur le feu, pouuoir longuemát chap.67. refifter à la brulure, & etaindre le feu fil eroit moindre: parce qu'elle et toute plaine d'humeur froid,epais & comme lait, an lieu de fang. De famblable matiere (à mon auis) font farcis les cors,de ceus qui abftiennet des viandes durant quelques annees. Et ie me doute auffi,que tel et le naturel du Chamæleon, fi ce qu'an eLi.8.c.33. crit Pline et vray:que luy feul d'antre tous animaus, vit la bouche touiours beante, fans manger & fans boire,n'vfer d'autre alimant que de Liu.7.c.2 l'air. Car ce que luy maime narre des Aftomes [c'et'a dire, jans fans bouche ] lefquels viuent de la feule exhalacion, & des odeurs qu'ils tiret: par le nez, fe fait par vn autre moyen, fi Vous Lis.2. rcċeuez I receuez le tref ingenieus raifonnemất de Mar Liu. 2.de file Ficin, qui et tel: On dit, qu'an certaines la triple regions chaudes,& qui flairet par tout de grand vie,c.18. odeur,plufieurs de graile ftature, & d'eftomach " debile, viuet quafi feulemant des odeurs. C'et « (parauanture}d'autant que la nature du lieu,re- «< duit an odeur prefque tous les fucs des herbes," des grains, & des fruis mols: & la maime natu- " e re refout an efpris, les humeurs des cors hu- " mains. S'il et ainfi, quel ampechemant y a-il, " qu'ils foint nourris feulemant de vapeur, veu " ļ que tout famblable et nourry du samblable? « Mais ceus qu'on ha obferuez viuans fans viande an l'Europe,ont eté pleins de fuc froid & vifqueus. Nous pouuons ajouter aus fudittes condicions, le referremant des pores de la peau, lequel Alexandre Beniuen ha cognu,auoir grand pois an cecy: quand parlant d'vn, qui à Venise juna quarante iours continuels, n'ha pas feulemant noté, qu'il fut de mambres frois, contenans au dedans du phlegme gros & cru, ains auffi que les pores du cuir etoint ferrez. Or fil m'et loifible de conduire cecy, des animaus aus plantes,i'ay an main plufieurs experiances. Car l'ognon, l'al, & le fromant, plufieurs mois apres qu'ils font feparez de la terre (qui leur fourniffoit d'alimant) non feulemant viuent,ains germet aufli: parce qu'ils ont vn humeur gros & copieus, qui refifte beaucoup au flaitrillemant X & fechereffe, antretenant la chaleur naturelle maime fans ayde d'aucun humeur nouuellemant reffu. Ainfi la Ioubarbe, herbe nommee Semperuiue,,l'Aloë [dit perroquet ] & celle qu'on appelle vulgairemant Faba inuerfa (on panfe que ce foit Telephion, des Latins nommé Illecebra, & des boutiques Craffule maieur) etans arrachees de terre & pandues [ an l'air] viuet fort E longuemant: parce qu'elles ont du ius vifquéus,& abondant an leurs feulhes bien epaiffes. Et quel befoin ont-elles de frequant ou continuel alimant, puis qu'elles ont vn fuc tant gluant, qu'à peine il peut finalemant etre confumé par les grandes chaleurs? Et afin que perfonne ne fe moque de ce difcours (par lequel ie compare les plantes aus animaus, an ce que concerne la facile abftinance des viures) ie veus bien qu'on fache, qu'il et beaucoup plus malaifé, que les plantes demeurer quelque tams viues fans nouriture, que les animaus. Car, pourquoy faut-il que les plantes foint toujours at tachees à leurs racines, finon afin qu'elles attiret continuellemant du fuc, qui leur et neceffaire à tout momant de tamps? Nature ha donné mouuemant aus animaus,parce qu'il ne leur conuenoit pas chercher des viandes", finon par quelques interualles. Et pource vous voyez, que les animaus priuez de viande, viuet aumoins quelque iours: & les plantes prefque toutes fe fletriffet, auffi toft que nouriture leur defaut : & fur tout la race des herbes. Toutesfois celles qui ont beaucoup d'humeur, & la fuftance ferree & epaiffe, font de plus grand ̈duree,& viuet quelque tams apres qu'elles font arrachees Car elles retienet yne porcion de l'humeur gluant,auquel l'ame et conferues, qui fuffic à plufieurs iours. Ainfi de plufieurs arbres les rameaus retranchez, meuret tard. Ainfi des beftes infectes, les parties decoupees fe remuet: parce que l'humeur tenace et difficile à difliper, retarde leur ame,comme anuelopee & ampetree, qu'elle ne fan voife toft. Cela maime fait,que les beftes exangues puiffet (comme cy deuaut nous auons remoutré) viure fort longuemant,fans l'vfage des viandes. Ie panse que rien n'ampeche plus, que ie V. ne conclue etre vray(comme tref-bien preuué) que telle abondance d'humeur gros & gluant, fe trouue quelque fois amaffee an vn cors froid, que la chaleur naturelle ne fera antre chose durant plufieurs annees, finon le confumer. Ce pandant le cors n'ha befoin de nouueau alimant:dequoy le fine et, qu'il n'ha point d'appetit. L'experiace nous l'ha premieremant anfegné: la raifon preuue cela maime, auec la comparaison de plufieurs chofes famblables. S'il vous plait examiner cecy plus attantiuemant,tref-renommé PAPON,vous n'y pour 5 rez plus contredire,ains foubscrirez à nottre a uis: & vous emeruclherez (comme il et bienfeant à tout homme d'efprit) commāt des principes les plus petis, & vulgairemant notoires, ie vous ay tiré à l'opinion que vous iugiez tant rejetable. C'et la force des demonftracions defquelles les Geometriens (beaucoup plus certainemant que les autres) inferet leur conclufions, de fuppoficion confeffees & cognues du vulgaire.Car ils ne parlet premieremant que de lignes, de poins, de fuperficies, quarres, anglez, cercles, & famblables: puis foudain ils deduifent tellemant l'vn de l'autre, qu'an fin fans aucune capcion ou habilité sophistique, ains de neceffaire confequance, ils conduiset de main en main leur difciple, à mesurer la grandeur des cieus,la distance des aftres, la maniere des eclypfes,& autres chofes fort cachees.Parelhemant celuy qui et expert an Physique, & és choses naturelles, fachant trouuer par certaine methode les principes & caufes de tout, peut facillemant affirmer des propofitions paradoxes(tref. veritables toutesfois) & les prouuer de ce que le fans & l'vfage confirmet.Cecy fuffira à vous, qui etes bien verfe an toute difcipline, & non tardif, pour confirmacion de mon propos : lequel du commancemant vous auez panfé, n'etre pas feulemant vray famblable. l'an debatrois auec vn autre plus au long, fi ces demon tracions ne luy faisoint rien : mais vous y confantez deja (ie le fay bien) & y aioutez vottre fuffrage. Ayant parachené cecy, i'ay rancontré forruitemant vn lieu d'Auicenne l'Arabe,qui confirme nottre opinion par le phlegme; lequel etant plus copieus, il panfe pouuoir auenir, que nous viuions longuemant fans manger, parce que telle matiere tient place de viande. Il ne nie pas auffi, que cela ne puiffe auenir aus hommes fains, le fuis bien aife, de ce qu'vn fi grand auteur approuue mon opinion,laquelle ie panfois n'auoir eté traitée de perfonne. Ce qui fanfuit et traduit de la fegonde partie des. Opufcules de M.IOVBERT. pag.136: où ilet note, pour abouter à ce Paradoxe. alucing de Rie preuoy facilemant, que deus fortes peuter emouuoir, ou feut faiet de ce difcours, ou de les preuues. Les vns font ignorans de la Philofophie naturelle, & de la Medecine, perfonnes venerables pour leur fimplicité & pieté: comme le menu peuple, & tous ceus qui n'appliquent leur etude à examiner les caufes de chaque chofe. Les autres font diaboliques, qui pourfuiuent de calomnie trefimpudante,ce qu'ils fauent etre bien dit. Je ne m'arreteray point à ceus-cy, parce qu'ils n'at tandet pas l'explicació [ de mon dire] & qu'ils deprauet & infectet de leur poifon, tout ce qui et reffu de leur panfee impure. Aus autres il me famble qu'il conuient fatisfaire benignemant & fynceremant. Ie voy qu'on me pourObiectio. roit obietter cecy : Les iunes de quarate iours antiers, lefquels IESYS CHRIST, Elie & Moyfe ont foutenu (ainfi que temognet les faintes Ecritures,dictees par le faint Efprit) ne feront plus tenus pour miracles,fi par quelque raifon naturelle on peut andurer le iune, voiReponce. re par plufieurs mois & ans. Certainemant il feroit vray, fi on ne recognoiffoit, que cela eut eté donné totalemant contre les lois de Natu re, à des hommes parfaitemant fains, par certain priuilege, comme nous croyons piemant. Car il leur fut diuinemant ottroyée, exampcion de l'infirmité de la chair pour vn tams: de forte que leur codicion étoit pour lors,autre que celle du geare humain. Mais ceus que nous auons aprins des hiftoires prophanes, auoir vecu durant quelques annees fans manger (fi elles difet vray) il faut qu'ils ayet tous cré mal fains, & pleins de beaucoup de fuc froid,duquel le cors ha pu etre nourry lóguemant: comme i'ay demoutré amplemant par ce Difcours. Ainfi nous aprenons de ce qui auientiournellemant, que plufieurs malades n'ont point d'appetit, à caufe que leur vantri cule et farcy de mauuais humeurs: & ils prenet moins de viande an vne femaine, qu'ils ne prenoint chaque iour quand ils fe portoint bien, Mais qu'vn home de cœur treffain, puiffe paffer feulemant vn iour [ou deus] faus viande, & n'auoir pas faim,cela excede les bornes de Nature,& et vn miracle diuin. Combien plus et il admirable, qu'vn tel home iune quarante iours antiers,de forte qu'il ne fante poit de faim,n'ait à combatre la conuoitife de manger,&n'appete la viade ou le breuuage, nomplus que l'vn des anges? Nous croyons que les vs CHRIST ha en le cors extrememant taperé & pur, ja-foit qu'il fut fuiet à maladies,felon la codicion de fa natu re humaine.Nous recognoiffons famblablemat, que Moyfe & Elie, quand ils fabftindret durat quarate iours de manger & de boire, ctoint parfaitemant fains, pour lors(par certaine prerogatiue) exams de la comune vie des hommes. Dequoy il fanfuit,qu'à bon droit on eftime cela il luftres miracles, par lefquels l'autorité de ces prophetes, & de IESVS CHRIST, fut etablie. Or ce n'et pas chofe nouuelle, que famblables effais auienet, par l'ordre des chofes que Dieu. tref-bon & tref-grand ha preferit à Nature, & par vn miracle cuidant côtre les lois de la maime nature.Car telles fieures,& plufieurs autres maladies,que les Sains ont guery,les medecins oter auffi. Mais les moyens defquels ils vfet, y apportet tref-grand' differace. Car les Sains de leur feule parolle,ou de leur attouchemất, defaifoint(moyennat la grace de Dieu)les caufes de tels effais, auec la neceffité impofec à Nature. Les medecins ne font autre chofe,que oppofer aus caufes naturelles d'autres famblablemant naturelles : par lefquelles, fi la vertu des remedes donnee du Createur, et plus puiffante, & qu'il ne veulhe que pour lors elle foit vaine,la cause qui fait le mal et effacec. I ES v s CHRIST guerit parfaitemat le fang mestrual inueteré,du feul attouchemant de la frange de fa robbe. Nous par art medicinal, duquel luymaime(come paire benin, ayant pitié de la codicion humaine) et auteur & vray instituteur, remedions à famblable mal par certains medicamans. Ainfi certainemant, l'humeur phleg matic plus copieus, peut induire [ naturellemat] le iune,comme il a cté aus fu-nommés fe portans bien,de la feule volonté du tres-haut Dieu. Mais outre ceus-cy, il y a infinis miracles qui excedet nottre antandemant, lesquels ne l'art humain, ne la Nature maime fait imiter en aucune maniere. Telle et la guerifon de l'aueuglemant naturel: de chaffer les efpris immondes du cors humain: reffusciter les mors ją à demy-pourris, & famblables, qui confirmet l'autorité de Dieu tout puiffant. Ie panfe qu'il appert de cecy, que les chofes qu'o dit auenir par certaine loy de Nature (ia-foit que raremant) ne reprouuet point les vrais miracles, ou ne diminuet leur certitude: & q celuy ne contredit à la foy chretienne, qui examine diligeammant les caufes de tels euenemans. Ains plu-toft: n'an confirme l'on pas mieus, la verité des miracles non fains: an otant quand & quand l'occafion des impoftures, affin qu'elles n'abufet facilemant le peuple mal expert? Car fi quelcun de ceus qui viuet fans manger, à caufe de leur intéperature froide, & l'abondance de phlegme, vouloit contrefaire le Prophete infpiré de Dieu,combien de mille hommes precipiteroit-il an tref-graues erreurs, & ruine? Certainemant celuy et impie, & ignorant de la vraye (c'et la diuine) philofophie, quiconque panfant à ces chofes, & les eftimat, prononcera etre impie & tref irreligieus, de vouloir diftinguer par raifons non fardees, les œuures & (comme les nottres parlet)miracles de Nature, des miracles diuins. Ce que tous jans de bien & de pieté cófefferont libremant, conuenir fort à vn homme de bien, religieus & notammant charitable. Ce qui et entrelaẞé au texte, par ces marques [],et de l'auteur, apres auoir recognu & ape prouué la verfion de fon fis. FIN. P. REVEILLES, SVR LE TRAITE DES ERREVRS POPV- laires, expliqués ou refutés par M.IOVBERT. Τ Vas fait, mon OVBERT, que tout le monde honore, Faifant preuve de toy, tes fi docles efcrits. Et mefme as eftonné les plus rares efprits, Dont le luftre diuin noftre fiecle decore. Ley, toufiours plus grand, ainfi comme l'Aurore Dißipe de fon taint les brouillars obfcurcia, Tu chaffes les erreurs dont le vulgaire efpris, Populaire ignorant, comme un Oracle adore. Tu fais que maintenant on voit à defcouuert, Ce qu'un mafque trompeur auoit pieça couuert, Embrouillé dans l'obfcur de mille refueries. Courage done, IOV BERT, turabbatras l'effort Du temps qui ronge tout, tu rabbatras l'enuie, Et, hofte du tombeau, viuras apres la mort, Elouangeroy bien le cours d'une riniere, Qui d'un calme fourcil, douce, se va roulants Mais ie m'embrouille alors que ie vay louangeant, Le reply mutine de l'onde mariniere. Le lou'roy bien außi la fcience ordinaire, Qui fait que le commun eft eftimé fcauant: Mais la tienne qui va les autres furpaffant, Me fait demeurer court,accablé de matiere. Car qui pourroit louer le fcauoir fi exquis, Et les graues difcours qui ornet tes efcrits, Et font qu'un feul IoVBERTfoymefme fe furpaffe? Il vaut donc mieus me taire, affin de ne fembler Vouloir de tes honneurs les louanges embler, Par un chant trop fubmis de ma rime fi basse. P.Reueilles. dus en 16 Voz plumes deformais (ingenieux efprits) Nufex, pour enrichir d'une eternelle gloire, Le nom de mon IoVBERT. Il l'ha par fes I efcripts Graué au baut du chœur du temple de memoire. 1. Heroard DV ROY, PA AR grace fpeciale & priuilege du Roy, donné à Poitiers, le 30. jour d'Aouft,1577. il eft permis à M. Laurens Joubert, premier docteur regent, & Chancellier en l'vniuerfité de Medecine à Mompellier, de choifir tel imprimeur & libraire, que luy plaira, pour imprimer touttes fes œuures & liures; auec inhibition & deffence à tous autres, de quelque qualité & condition qu'ils foient, de ne les imprimer, vendre, ne diftribuer,durant le temps & terme de dix ans, apres la premiere impreffion de chafque œuure, & liure. Le tout à peine de cõfifcation des liures, d'amende arbitraire, & de tous defpens, dommages & interefts: comme plus à plein eft contenu par les lettres patentes dudict priuilege.Signé HENRY. Et plus bas. Verifices & enregifrees au fiege prefidial d'Agenois, le 7. Nouembre, 1577. Ledit M. Laurens loubert, ha permis par fedulle fignee de fa main, à Lucas Breyer li braire, &c. d'imprimer ou faire imprimer vne feconde partie de fon ceuure des Erreurs po pulaires & propos vulgaires, touchant la me decine & le régime de fante (qui luy ha eté baillee par M. Berthemy Cabrol, chirurgien de Mompellier) pour le temps & terme de cinq ans, à conter du dernier iour de l'impreffion. Donné à Paris le moys de Feurier, 1579. Bayorische Staatsbibliother Münches T. Divinatio ex inspecto Conis abfense angroto. 2- Indiferela et ii differens purgatio Corp of crom Cole cymhillen. Esulen Antimonis, ar grute viño & opanine egy is Cacationing 3. Eventúm morbi expiculum velle polari a Medico, es impia officio Deiel nahied. 4. Pelere pharmaca ab Indoctis est credere Medicina non esse are have errore promoventillig practicas larinas in Germanica Cingium, Converhout. 3e Litramen Seven Lul·lib.ries & Comp. Matton. etus, aplimoy pharmacy Litra. tho den, nocet, et remedia Indoctis madere,idem est, as gladium Oberes. siinfand BIBLIOTHECA REGIA. MONACENSIS. Ex donat. Molliana. About this Book - From Google This is a digital copy of a book that was preserved for generations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project to make the world's books discoverable online. It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject to copyright or whose legal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover. Marks, notations and other marginalia present in the original volume may appear in this file - a reminder of this book's long journey from the publisher to a library and finally to you. Google Book Search has digitized millions of physical books and made them available online at the Google Books web site. The digitization at the most basic level is based on page images of the physical books. To make this book available as an ePub formated file we have taken those page images and extracted the text using Optical Character Recognition (or OCR for short) technology. The extraction of text from page images is a difficult engineering task. Smudges on the physical books' pages, fancy fonts, old fonts, torn pages, etc. can all lead to errors in the extracted text. Imperfect OCR is only the first challenge in the ultimate goal of moving from collections of page images to extracted-text based books. Our computer algorithms also have to automatically determine the structure of the book (what are the headers and footers, where images are placed, whether text is verse or prose, and so forth). Getting this right allows us to render the book in a way that follows the format of the original book. Despite our best efforts you may see spelling mistakes, garbage characters, extraneous images, or missing pages in this book. Based on our estimates, these errors should not prevent you from enjoying the content of the book. The technical challenges of automatically constructing a perfect book are daunting, but we continue to make enhancements to our OCR and book structure extraction technologies. We hope you'll enjoy these books as much as we do. Usage guidelines Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we have taken steps to prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying. We also ask that you: About Google Book Search Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences.