,ML P/p y^f Library of the University of Toronto Fr*. DICTIONNAIRE PORTA T I F E SANTÉ. TOME SECOND. DICTIONNAIRE PORTATIF E SANTÉ, t)A.NS LEQUEL tout Ic mônde peut prendre une connoiflancé fuffifantc de toutes les Maladies , des difFc'rents Signes qui les caradérifent chacune en particulier, des Moyens les plus sûrs pour s'en préferver , ou des Remèdes les plus efficaces pour fe guérir , & enfin de toutes les Inftructionsnéceflaires pour 6tre foi-même fon propre médecin ^ le tout recueilli des Ouvrages des Médecins les plus fameux , Se compofé d'une infinité de Recettes particulières , & de Spécifiques pour plulîeurs Maladies. l*tfr M,*** f ancien Médecin des Armées du Roi , 6" ikf. dk B*** , Médecin des Hôpitaux, Sixième Edition , revue & corrigée. * TOME SECOND. ^ A ROUEN, Chez la Veuve de Pierre duMesnil, ImprimcUJS Libraire , rue de la chaîne. M. D ce. L XXXV III. AVEC 4FF^Q84TiQN KT V EMUSSIONS è-^^-^^-^*~^i('-^*'ji^^^^-^-i^^'-^%-^*'^-^^ DICTIONNAIRE POU r^ TIF DE S A N T È. î^^^C?^"AA= MAL M AIGREUR, f. f. état dans lequel les mufcîes Sc les différentes parties du corps font émacie's. Plufieurs caufes peuvent contribuer à l'amaigriflement, comme la trop grande vivacité' du fang , les exercices trop violents , l'air vif &:fec , les aliments échaufFantSjj les liqueurs fpiritueufes , les vins dé liqueurs , le café ; les palfions de Tame , comme la triftefle , l'ennui & l'amour. On y reme'die par les aliments humectants , pris en quantité raifonnable , par les boiflbns abondantes , les bains ; la viande des jeunes animaux , comme le veau , l'agneau , le poulet ; par la ceifation totale des travaux fatigants , par le repos de l'ame & la férénité de l'efprit , &c, MALACIE, f. f. appétit contfe nature pour certains aliments qu'on defire avec un emprefTement extraordinaire, & qu'on mange avec excès. Voyei Foiblesss d'Estomac. Mal , f. m, douleur , maladie , infirmité corporelle. Mal d'Aventure. C'eft un mal qui vient au doigtr Voyei Panaris. D, de Santé. T, IL À % M A L, ^ Mal DES Ardents. Foyr( Érésipele, Mal-Caduc. Voyer^ Èpilepsie. Mal de Cœur : naufee , foulévement d'eftomaC , accompagne de de'goùt. Voye:(^ Dégoût , Nausée , Vomissement. Mal d'Enfant. Voyei Accouchement. ' Mal de Gorge gangreneux. C'eft une afFeétion de la gorge , qui eft très-rapidement fuivie de la gangrené. On reconnoît cette maladie aux fignes fuivants , aune douleur le'gere dans la gorge , qui occupe quelquefois la luette , la voûte du palais , les amygdales , la bafe de la langue , & rœfophage. Il y â peu ou point de fièvre , pour l'ordinaire. Quelquefois cependant la fièvre efttrèslente & ne laide pav que d'arrêter & de retarder les progrè de la gangrené. Quand la maladie augmente , il fe forme dans la gorge des taches blanchâtres & gangrc'neufes : l'haleineeftfort puante; la voix eftrauque: lemalade parle du nez; & la gangrené fait des progrès très-rapides. Cette maladie fe de'clare ordinairement dans les enfants par la puanteur de la bouche , le dégoût , les naufées , la difficulté' de refpirer , le de'voiement , & les déjedions vermineufes : le pouls elt extraordinairement lent & petit , & n'annonce rien de fâcheux. Noos avons trace' le diagnollic & le pronoftic de cette maladie à l'article Esquinancie gangreneuse. Voye:[ cet article. On confeille aulTi , quand la gangrené eft formc'c , d'avoir recours au gargarifme qui fuit : Prenez, D'Eaux de Grofeilles. De Rofes , de chaque deux gros. De Se! de Saturne , vingt grains , pour fe gargarifer plufieurs fois dans la journe'e ; quand cette compofition n'a pas affez de vertu , on peut y fuppléer par l.ifuivante : Prenez , D'Eaux d'Aigremoine y De Plantain , de chaque deux onces» D'Efpr''t-de~Vin , deux gros. Du Sublimé corrojif, deux grains. Mêlez , pour fe gargarifer deux ou trois fois dans la journc'e. Il faut faire ufage de ce gargarilme avec la plus grande MAL % fiîrconfpeftion , &: prendre garde cî'cn avaler , de peur de fe faire tort. Mal de Mer;je. Koy^ç Vapeurs hystériques, MaideNaples. Fojcç Vérole. Mal DE Paris. C'efb une efpece de diarrhe'e féreufe DU quelquefois dyflentérique , a laquelle font fujets la {)lupart des étrangers qui arrivent à Parisi Cette maladie s'annonce d'abord par des dégoûts , là perte de l'appe'tit , les naufées , les rapports , le défaut de digeftion. Bientôt après il furvient un dévoiement féreux , accompagné de douleur & de tranchées; infenfiblement le mal augmente ; les malades perdent totalement l'appétit ; les tranchées deviennent plus fortes; ils rendent des glaires & du fang , avec des envies continuelles d'aller à la felle. Ce fiux devient pour lors dyffentérique , & efl: fuivi de l'amaigriflement général du corps , du flux cœliaque , de la lienterie , de palpitations , de foibleifes continuelles, de convulfions &de la mort. On attribue la caufe de cette maladie à la mauvaife qualité de l'eau de la Seine , qui fait , fur ceux qui en boivent , àcs imprelfions très-nuiiibleSi On doit , en ce cas , commencer par faire celTer au ma« îadel'ufagede l'eau de rivière ; & s'il n'a point de fièvre, on lui fera boire du vin de Bourgogne vieux & pur , ou coupé avec de l'eau d'une fontaine qui ne tire pas fa jTource de la rivière. Avant fes repas, le malade prendra quelques cuillerées d'élixir de Garus , & pour tifane une infufion de fleurs d'ortie blanche & de fleurs de camomille^ au bout de quelques jours , fi le dévoiement n'eft pas û violent , on purgera le malade avec deux onces de manne &:uneortce de catholicon double. On continuera après la tifane & l'élixir ci-deflus : s'il y a de la fièvre , on tnettra le malade aux bouillons , aux crèmes de riz légères , aux lavements pendant les premiers jours ; après quoi on le purgera , & on le traitera comme ci-defTus. Pour éviter la rechute , on peut faire bouillir l'eau de rivière pendant un demi-quart d'heure , & la boire enfuite , quand elle èfl rafraîchie. De cette façon elle ne peut pas nuire au corps: au refte, il ne fautjamais la boire pure , mais la couper avec moitié vin de Bourgogne. Si toutes ces précautions font inutiles , il faut.faixî A ij 4 MAL. \oyager le malade ou le renvoyer chez lui. Voye:(^ Diarrhée , DtVOIEMENT , DySSENTERIE , FoiBLESSI d'Estomac. Mal Saint-Antoine. Voyei Erésipele, Mal Saint-Jean. Voye^ Epilepsie, Mal Saint-Main. Voye^ Gale , Lèpre , La-^ DRERIE. MALADIE aiguë. On appelle ainfi une maladie qui parcourt its temps avec rapidité' , & qui fe décide pour la mort ou pour la vie en peu de temps : telles font les fluxions de poitrine , les lièvres continues avec redoublements , les fièvres putrides malignes ; les dynenteteries , l'apoplexie , les différentes inflammations de la tête , de la poitrine & du bas-ventre. Comme toutes les maladies aiguës ne fe terminent pas aulfi promptement que les autres , on les regarde encore comme aiguës jufqu'au quarantième jour , après quoi elles deviennent chroniques. Cet owvrage étant deftiné aux médecins & chirurgiens de campagne , aux curés , aux dames de charité , & généralement à tous ceux qui, éloignés des fecours de l'art, font bien-aifesde connoître eux-mêmes leurs maladies, & la manière de mettre en ufage les moyens propres à les combattre , nous avons jugé à propos de remédier , jusqu'à un certain point , au défaut des Didionnaires, celui de préfenter des connoiffances réelles & utiles, éparfes, & fans autre ordre que celui qui eft alphabétique. On ne peut remédier à ce défaut que de deux manières , par des renvois, ou en préfentant dans des articles généraux les principes qui lient & enchaînent les connoiffances de détail. Nous avons mis en ufage , dans ce Didionnaire , l'une & l'autre manière. La dernière nous paroît d'autant plus avantageufè , que , dans un très-grand'nombre de cas , les perfonnes qui ne font pas de l'art doivent s'en tenir aux principes généraux , & tâcher d'en faire une jufte application. Les exceptions à faire , quoiqu'indiquées dans les articles particuliers , font fouvent hors de la portée du commun des lecteurs. En fuivant les principes généraux, on ne rifque pas de nuire aux malades ; au lieu qu'en s'en écartant , on s'expofe au danger de fe trom* per ; QC cette erreur leur coûte quelquefois la vie. MAL ^ Nous allons expofer dans cet article les principes de pratique qu'on doit fuivre dans le traitement des maladies aiguës : ces principes ont pour bafe robfervaition conltantc ôc non interrompue , depuis-Hippocrate julqu'à nous , & ils font confirme's par l'expérience des plus célèbres praticiens de tous les temps & de tous les lieux. Un des caraderes efTentiels aux maladies éguës , c'eft d'être accompagne'es d'une fièvre plus ou moins forte , relativement au genre de la maladie & à fes difFe'rents temps. Par exemple , dans la fièvre e'phe'mere , qui eft une maladie de peu de dure'e , la fièvre n'efl: pas auffi forte que dans la phrc'neTie , où la fièvre eli prefque pouffée à fon plus haut degré : dans la pleuréfie , la fièvre eft bien plus forte dans les premiers jours que dans le temps de l'excrétion critique par les crachats ou par toute autre voie. Pour bien faifir le génie & la marche des maladies aiguës , il faut faire une finguliere attention aux temps d'irritation ou de crudité , de codion &. d'excrétion critique. VoyeiParticle CkiSïl. On divife les maladies aiguës, àraifon de leur violence , en très-aiguës , en celles qui le font moins, & en aiguës fimplemen t. Cette divifion répandant peu de lumière fur leur méthode curative , ne mérite pas que nous nous y arrêtions long-temps. On les divife encore en bénignes &en malignes. Les maladies aiguës bénignes font celles qui ne font point accompagnées de fymptomes graves & dangereux , qui ont une marche régulière , & dont le cours n'eft point interrompu par d'autres maladies graves qui métamorphofent celles qui font bénignes de leur nature , en malignes par accident. Les maladies aiguës malignes font celles qui , dès leur invafion , font accompagnées de fymptomes effrayants , qui font craindre pour la vie du malade. Ces fymptomes (ont une proftration de forces extraordinaire , des défaillances , des fyncopes, des foubrefauts dans les tendons , des convulfions violentes , des délires furieux , des anxiétés infupportables , des cardialgies . d^s éruptions de taches pourprées , des parotides , à^ts bubons & des A iij 6 MAL charbons , enfin des alToupiflements apoplectiques. On n'obferve pas tous ces fymptomes chez tous les malades ; mais tels ou tels de ces Tymptomes le de'veloppent chez certains malades , d'autres fymptomes chez d'autres , & fervent par-ià a caradiérifer le genre de fieyre dont ils font atteints. On reconnoît d'autres fièvres malignes ; mais elles ne le font que par accident , c'eft-à-dire , que la malignité quifurvient efl occafionne'e , tantôt par un mauvais traitement, telxjue l'ufage des e'chaufFants& des violents diaphorétiqucs dans les fièvres d'un caradere inflammatoire , tantôt par une autre maladie qui fe complique avec celle qui exille de'jà depuis quelques jours , comme dans une pe'ripneumonie à laquelle il furvient une fièvre putride. La divifion des maladîes aiguës, en be'nignes, & malignes , eft importante dans la pratique , & jette beaucoup, de jour furie traitement de ces maladies. Obfervons en paflant que les maladies aiguës , malignes de leur nature, font très-dangereufes ; au lieu que celles qui le font par accident, ne le font pas au tant en effet qu'elles paroiffent l'être ; car fouvent une faignée ou l'emétique adminiftre's à propos fuffifent pour faire difparoître ces fymptomes effrayants qui n'annoncent qu'une malignité apparente. Une autre divifion des maladies aiguës efl celle qui eft tirée de la nature de la maladie. Cette divifion feroit bien préférable à toute autre , û nous pouvions nous affurer toujours de la nature du mal ; mais il arrive fouvent qu'il efl très-difficile de bien connoîtrc la nature d'une maladie , foit à caufe des fymptomes qui ne fe développent pas toujours d'une manière bien fenfible pour l'obfervateur , fur-tout dans les commencements , foit par rapport aux complications qui font très-embarraffantes. Cependant , fi l'on fait bien attention aux maladies aiguës qui arrivent le plus fréquemment, & fi en même temps on compare les différents traitements employés avec fuccès pour leur guérifon , on fe convaincra qu'on peut réduire les maladies aiguës à trois genres principaux. Le premier comprendra toutes les maladies aiguës d'un caraderç inflammatoire ; le fécond , toutes MAL 7 celles qui reconnoifTent pour caufe une faburre quelconque dans les premières voies , c'eft-à-dire , dans l'eftomac & les intefhns , ( voye:^ Inflammation & SaBURRE ) ; & le troijfieme , celles qui font produites par la diminution ou la l'uppreirion de la tranipiration , & qu'on appelle ordinairement //fvr^j citarrhalcs Ces trois genres peuvent fe compliquer l'un l'autre, & conftituer par-là différentes efpeces , qui participeront plus ou moins des maladies primitives dont elles auront e'té formées. L'inflammation e'tant de deux efpeces, l'érefîpe'Iareufe &:laphlegmoneufe, le premier genre doit ctre divifé ea deux efpeces. La première renfermera les maladies aiguës dont le caraâ:ere eiïèntiel eft une inflammation e're'fpélateufe : telle eft la maladie qu'on nomme éréfipele ; la féconde , celle dont le caractère efîentiel eft une infl;mmaticn phlegmoneufe: telle eft la petite ve'role be'nigne, La faburre elt auifi de plufieurs efpeces : tantôt elle eft aigre , comme chez les enfonts & les adultes d'un tempe'rament foible &pituiteux ; tantôt elle eftglaireufe , tantôt vermineufe , bilieufe , putride , &c. Chacune de ces efpeces de faburre produit difFe'renres maladies dont on trouvera la defcription & le traitement dans les artibles ^ Aigreurs , Pituite , Glaires , Vers, Fièvre BILIEUSE, putride , SzC, II eft aîfez rare de rencontrer une maladie inflammatoire fimple , de même qu'une maladie purement faburrale \ mais on voit fréquemment des maladies aiguës qui participent de l'un & l'autre «î^enre. Le grand point , pour les bien traiter , confifte à bien diftinguer quel eft le caraftere primitif, & quel eft celui qui n'efl que fecondaire &: de'pendant prefique toujours du premier. Prenons pour exemple une fièvre putride des premières voies , accompagnée d'inflammation aux poumons, & voyons de quelle manière on doit fc conduire pour ne pas tomber dans l'erreur. Ou l'inflammation du poumom eft vraie , ou elle eft faufTe; (voyez à l'article PÉripneumonie la defcription de l'une 6' de Vautre ). On connoîtra qu'elle eft vraie & primitive , lorfque la maladie aura com.mencé par les lymptomes d'une vraie pt'ripneumonie , que le iujet A iv 8 ^ MAL fera pléthorique , îa chaleur & la douleur confidérables , le pouls mol , la fièvre très-aiguë , & la difficulté de relpirer tiè^-grandc. Quoiqu'il y ait prefque tous les fymptomes d'une fièvre putride , comme naufées , rapports nidoreux , déjeftions puantes & abattement de forces , cependant , vu le caraftere d'une inflammation vraie, il faudra commencer le traitement par une ou deux faignées , & même davantage , fi on le jugea propos : on ne peut trop recommander d'être mode'ré lur les faigne'es dans ces fortes de cas , vu l'abattei(nent des forces , & la faburre putride des premières voies , qui ne fe gue'rit jamais par des faigne'es. Apràs la première faigne'c , on ne rifque rien de prefcrire un Amérique & même un éme'tico-cathartique au lic-u d'augmenter l'inflammation comme on pourroit le prefuqier d'après quelques the'ories errone'es , il la diminuera au contraire; &: on fera e'tonué de fon effei-, s'il y a une faburre réelle dans les premières voies. Mais il arrive très-fouvent que la péripneumonie eft fymptomatigue , ou qu'elle ell fauffe ; ce qu'on reconnoît aux fymptomes qui font les mêmes que ceux d'une péripneumonie faulfe , & qui ont paru après les fymptomes réels & caraâériftiqucs d'une fièvre putride des premières voies : alors le traitement doit être tout différent ; on doit s'abftenir des faignées , & prefcrire les i^métiques &les purgatifs, &c. En voilà affez pour fervir d'exemple & pour fe diriger dans des cas analogues. Nous avons cru ces remarques alfez importantes pour ne paslespaffer fous filence : nous allons continuer ce quç nous avons à dire fur les maladies aiguës en général. Les caufes élaignées des maladies aiguës font de deux fortes: les unes difpofent aux maladies , & les autres les pccafionncnt. Les premières s^zp^eUemprédifpofantes ,o\i proégumenes- ]esdernitrcSyOccaJïonclles,ouprocat/iartiçues. Les caufes prédifpofantes viennent de l'âge , du fexe , du tempérament , de la conftitution , du genre de vie , &:c. Les caufes occafionnelles ou procathartiques dc'pen-r dent , 10. des changements fubits de la température de l'air, de fa pefanteur , de fon élafticité & des corps hétérogènes & nuifibles qui font renfermés, tels quç à&s miafm.es putrides , &:c„ 2°. de l'inégaliti ôc du chan-? M A I ~ 9 gement des falfons : c'eft à ces deux premiers genres de caufes qu'on doit rapporter prefque toiirc.s- les maladies e'pide'miques ( voye:^' Maladies i'piD)'MiQUES ; ) 30. de l'excès de travail auquel eft expolé lur-tout le peuple de la campagne. Cet excès de travail produit fouvent l'e'puilement , defleche les folides , c'pailfit" les humeurs , & donne lieu à des maladies inflammatoires, (qui font d'autant plus dangereufes, que la nature atfoiblie par Iç travail exceffif eft incapable de les furmonter; 40. des mauvais aliments & des boilîbns nuifibles. Les aliments font mauvais , foit parce qu'ils font tire's de grains mal mûris , recueillis dans de mauvais temps , ou ergote's , foit parce que les grains n'c.nt pase'té bien conferves dans les greniers, qu'ils fefonr échauffés , ik que par-là ils ont acquis des qualités nuifibles. Les aliments font encore mauvais , ou le deviennent par les mauyaifes préparations qu'on leur fait fubir. Un pain mal levé , mal cuit , fe digère difficilement , épaiffit le fang , produit des glaires & de la m.ucolitc dans les premières voies , empâte les vifceres du bai-ventre , & difpofe par-là à des maladies fâcheufes , far-i:out chez les enfants. Les fruits cruds font très-nuifible v à certains tempéraments froids & pituiteux : ils nuifeuc à toutes fortes de perfonnes , lorfqu'on en mange avec excès. Les boiifons deviennent encore des fources de maladies. L'eau peut être de mauvaife qualité ; ce qu'on reconnoît fouvent par le goût & quelquefois par i'odeur : alors elle n'eft plusauilipropreàladigeftion ; e!!e la trou-' ble : d'où il réfulte dans les inteftins un amas de mauvais fucs,qui produifent tôt ou tard des maladies graves Se fâcheufes. L'abus des liqueurs fermentées , comme le vin, l'eau-de-vie , le cidre , la bière , toutes ces liqueurs, foit par leurs mauvaifes qualités, foit par l'excès qu'on en fait , font des caufes perpétuelles de maladies auxquelles le peuple eft fouvent expofé, Se dont les gens du bel air ne font point exempts ( voj^^Maladies d:?sGf,ns du Monde). Voilà là les caufes principales des maladies aiguës auxquelles on doit bien faire attention , afin de bien connoîrrc ia nature & le caradere de telle ou telle maladie aiguë , pour bien faifir les indications à remplir , Se la méthode curative. Pai^ fons à préfent à la defcription des çaaladits aiguss en. général. lo MAL Nou» avons diftingué trois temps dans les maladies aiguës; celui de crudité' ou d'irritation , celui de coélion, & celui de crife ou d'excrétion critique. Ces trois temps, plus ou moins longs , s'obfervent généralement dans toutes les maladies aiguës, dans l'ordre que nous venons de les nommer, II efl piefqu'inutile d'obferver que nous voulons parler des maladies aiguës , accompagnées de de fièvres; car nous avons dit plus haut que la fièvre étoit un caradere eflentiel des maladies aiguës. Nous ferons de même remarquer que , quoique nous ne nions pas qu'il ne puifle y avoir des fièvres qui fe terminent par alfimilation, comme l'on dit, ou fans aucune évacuation , cependant , s'il y en a , le nombre en eft fi petit , qu'on peut les palîër fous filence fans danger. Les maladies aiguës s'annonncent plus ou moins promptement , eu égard aux caufes quiles produifent. Celles qui proviennent d'une faburre dans les premières voies , n'arrivent pas fubitement , à moins qu'il n'y ait quelque complication. Le malade traîne pendant quelques jours" ( pour parler le langage du peuple , ) c'efl-à-dire , que l'appétit diminue , les digeftions fe font avec plus de peine , on reiTent le matin en fe levant des envies de vomir. On a des rapports ou aigres , ou d'œufs pourris. Quelquefois on relTent des pincements d'eflomac , accompagnés de douleur pefante à la tête , oix e'prouve des laifitudes & des pefanteurs dans les membres ; voilà à peu près le prélude des maladies aiguës, occafionnées par la faburre des premières voies. Les faufïès inflammations , même les vraies , quand elles ont pour unique caufe la trop grande pléthore , s'annoncent à peu près de la même manière j fi ce n'efl que , dans ces dernières , les oppreflions , la pente au iommeil , une chaleur plus grande par tout le corps , & une foibleffe apparente dans laquelle les forces font plutôt opprimées ou empêchées , qu'elles ne font réellement diminuées , précèdent prcfque toujours. Les maladies inflammatoires arrivent très-fouvent , tout d'un coup & fans qu'on s'y attende. Un froid fubit , lin coup d'eau fraîche , font capables de les déterminer dans l'inftant. Un léger friiTon auquel fucçedc tout île fuite unç MAL _ II chaleur brûlante , une douleur aiguë , avec tumeur , rougeur , ( fi l'inflammation ell externe , ) fièvre aiguë avecun pouls fort, dur , tendu , 8z plus ou moins ferre'. Quand l'inflammation efl: interne , on n'apncrçoit ni tumeur , ni rougeur ; mais tous les autres fymptomes font rès-fenfibles. C'efl: ainfi que commencent les maladies aiguës vraim.ent inflammatoires. Les maladies catarrhales s'annoncent à peu près comme celles qui font produites par la faburre des premières voies ; cependant il faut remarquer que , dans les premières , lescaufes les plus capables de diminuer ou de fupprimer la tranfpiration ont prcccdé l'invafion de la maladie , & qu'eu e'gard aux fymptomes , les maladies catarrhales font accompagnées d'une douleur obfcure de la tête , comme dans le rhume ( dont elle ne diffère que par le degré , ) d'une excrétion de férofité par la nez , de raucité & d'une toux plus ou moins feche avec difficulté d'avaler. Le temps de crudité ou d'irritation dans les maladies aiguës , c'eft-à-dire , celui où la matière morbifique eft telle par fes qualités , qu'elle ne peut pas être chaflTée ; ce temps qui arrive toujours au commencement des maladies aiguës, n'eft pas tellement inhérent à ce commencement , qu'il ne fe trouve quelquefois après une codion plus ou moins complette , 8c dans le déclin d'une maladie. On voit aflez fréquemment des efpeces de rechutes dans les maladies aiguës , occafionnées ou par la mauvaife manœuvre du médecin , ou par la négligence & l'imprudence des malades , ou enhn par les mauvais confeils des gardes , dev parents , amis, femmelettes, &c. Ces rechutes font toujours accompagnées de crudité , ou plutôt d'irritation dans leur commencement: quelquefois aufli la maladie , après avoir donné quelques fîgnes de codlion , avec diminution des fymtopm.es , recommence de nouveau avec des fignes de la plus grande crudité. Il eft extrêmement important d'avoir égard à ces changements dans la marche d'une maladie ; car c'eft d'après ces changements ou ces irrégularités bien obfervées , qu'on part pour bien placer une faignée , un émétique ou tel autre médicament. On reconnoît le temps de crudité ou d'irritation , dans il ... MAL une maladie aiguë , lorfque les fymptomcs de la maladie vont toujours en augmentant , c'eft-à-dire, que les fonctions , foit animales, foit vitales, foit naturelles, quifont Jéfees , perfiitent dans cet e'tat , ou s'e'loignent de plus en plus de l'e'tat naturel &fain ; que les fécre'tionsfont diminuées & mtme fupprime'es ; que les excrétions plus ou moins éloigne'es de Te'tar naturel , ne s'en rapprochent pas j que leventre eft toujours re(Ierré& tendu ou bien relâche', fans aucun figne de co6lion, d'où réfulte une diarrhée fymptomatique ; que les urines coulent en petite quantité, claires, limpides ou rouges; que la peau eftfeche& aride, & que toute l'habitude du corps e(l plus ou moins éloignée de l'état naturel. Mais ce qui contribue le plus à faire reconnoître ce temps d'irritation,c'efl: lorfque les fymptomes réels de la maladie augmentent & qu'en même temps les humeurs de la circulation,des fécrétions , des excrétions &: les excréments s'éloignent plus de leur étatnaturel,foit par rapport à la quantité , foit par rapport à leurs qualités fenfibles. Il eft un autre figne d'irritation ou de crudité, qui doit l'emporter fur tous les autres ; c'eft l'état du pouls qui eft très-différent de ce qu'il eft dans l'état naturel , & dans tout autre temps de la maladie. On connoît le pouls de crudité ou d'irritation par la dureté , la tenîion & la roideur de l'artère ; outre cela , ce pouls eft ordinairement rcfferré, concentré , & plus ou moins fréquent , plus ou moins inégal & plus ou moins irrcgulier , relativement à la maladie & à la partie affedée. Le temps de codion arrive à certains jours réglés , & qui fuivent entr'eux un certain ordre. ( Voye^ l'article Crise. ) Il s'annonce par une diminution réelle des fymptomes de la maladie , les forces du malade ref^ tant les mêmes , quelquefois augmentant par un ramollilfement du bas-ventre & de la peau , par des urines qui fe rapprochent de l'état naturel & qui dépofent un fédiment blanchâtre , égal & uniforme ; par des crachats épais, jaunâtres & blanchâtres, qui lortent avec facilité; par des déjedions liées & d'une confiftance de purée , par des fueurs accompagnées de la diminution des fymptomes , & enfin par le relâchement , la mollelîé , le développement du pouls ; ( voye^ l'articie Pouls : ) ce font la les fignes principaux qui annoa  MAL î5 •ent le changement de la matière morbifiquc & fa pre'paration à l'excrétion. Tous ces fignes ne paroiffent pas toujours dans toutes les maladies & chez tous les fujets. Ceux qui font tire's des excrétions ne fe rencontrent pas dans tous les cas, parce que la matière morbifique s'évacue , tantôt par une feule voie , & tantôt par plufieurs. Une remarque importante à faire , c'eft que, pourvu que les forces du malade fe foutiennent , & que le pouls fe développe & fe ramolliffe , quoique les excrétions femblent annoncer encore un état de crudité , on peut bien augurer de la maladie , & annoncer un commencement de coâion qui ne tardera pas àfe faire mieux connoître. Nous infiflons fur ces détails , parce que ce font eux qui doivent diriger dans le traitement. Le temps de crife ou d'excrétion de la matière morbifique fuit immédiatement celui de coâion ; pourvu que la nature ne foit point troublée dans fon travail. Ce temps elt celui qui termine la maladie : c'eft celui où les forces de la vie reprennent le deffus, détruifent la caufe de la maladie , & chaffent au dehors la matière morbifique ^ c'eft le temps où , félon les anciens, la maladie eft jugés en bien. Mais il arrive fouvent que la matière morbifique eft , pour ainfi dire , indomptable : alors les forces de la nature font épuifées avant que la matière puiiïe être préparée à l'évacuation ; ce qui fait fuccomber le malade dans le temps même de l'irritation , & quelquefois au commencement de celui de la codion. Mais quand la matière morbifique a été cuite , ou a fubi le changement néceffaire pour fon expullîon , il peut fc faire que cette matière ,foitpar fa quantité, foit à caufe de la voie qu'elle aura choifie pour fon iifue, demande plus de force a la nature qu'elle ne peut en fournir , ce qui fait fuccomber le malade prefqu'au moment où il alloit être guéri fi fes forces avoient été plus confidérables. De ce que nous venons de dire, il réfulte que les maladies aiguës fe terminent, en général, de deux manières , par la fanté & par la mort : à ces deux manières on peut en ajouter une troifieme, celle où elles fe terminent par uae autre maladie , ce qui eft aftez fréquent ; cette dernière terminaifon eft de deux efpe«es. La première arrive quand la matière morbifiqU'C , *4 , , , MAL n'ayant pas cre evacucfe par quelque caufc que ce foit i fe dépofe i'ur quelques parties nobles , où elle produit dei abcès & des l'uppurations. L'autre efpece a lieu quand les forces de la nature, ayant été épuifées par le travail de la coclion & de la crife , ne font pas fuffifantes pour chafTer tout-a-fait la matière morbifique ; ou fi elle a été expullée entièrement , le malade refte dans un abattemetit & une foiblefTe qui peuvent le conduire au tombeau cUirant la convalefcence , ou devenir des caufes de nouvelle!; maladies, comme hydropifie, marafme, fièvre lente , plithifie , maladie hypocondriaque , hyftérique j &c. ( voyc7 ces articles ). Voilà les différentes terminaifons funeftes àes maladies , foit par la mort , foit par d'autres maladies : paffons à celles qui font heureufes ^ & d'où refaire la fanté & le rétabliffement du malade. Toutes les maladies aiguës ne fe terminent pas de la même manière , c'eft-à-dire , que l'évacuation de la matière morbihque ne fe fait pas de la même manière , ni par les mtmes voies , dans toutes les maladies aiguës; mais ce qu'elles oiit de commun, c'eft l'évacuation , c'efi: la préparation à cette évacuation. Les maladies inflammatoires font celles qui parcourrent les trois temps d'irritation , de coélion & de crife , avec le plus de régularité , dans lefquels la co6lion pro-prement dite a le plus lieu , & qui ont des évacuations critiques plus marquées. Les maladies produites par la faburre des premières voies ne font pas regardées par un grand nombre de praticiens comme critiques , c'cll-à-d ire , dans lefquellês oii obferve !cs trois temps marqués ci-deflîis; car, difent-ils, un petit purgatif ou un émetique , donnés au commencement de ces maladies ^ les guériiïent tout de fuite , en évacuant la faburre. Il eft facile de leur répondre , i». qu'il eft très-rare de voir ces maladies fans nulle complication ; 1». que quand elles feroient pures & fimples , l'émétiquè ou les purgatifs plus ou moins répétés n'évacuent pas fi complettementles mauvaifes humeurs, qu'il n'en refte toujours un peu qui paflent dans les fécondes voies où elles font cuites & expulfées , comme on a lieu de s'en con-vaincrc , en examinant les urines du malade , & en faifant «ttention aux fueurs qui arrivent très-fréquemment , & MAL ij qifî achèvent l'excrétion de la matière morbifique. Ce qu'il importe beaucoup de connoître , c'efl la voie que la nature choifit pour évacuer la matière morbifique. Il eft très-rare qu'elle chaflè cette matière par une feule voie; elle le fait ordinairement par piufieurs; m.ais parmi celles-là , il y en a toujours une vers laquelle Teftbrt critique eft principalement dirige' : les autres ne font , pour ainfi dire , qu'auxilieres de celle-ci. Ou l'excre'tion fe fait fubirement & tout d'un coup ; ou elle fe fait fuccelfivemcnt &c par gradation , fans trouble & hns orage. Dans le premier cas , elle eft préce'dée de ce que les anciens appelloient perturbation critique , ik. que le vulgaire appelle crife tout fimplement. Voici les phe'nomenes qui précèdent l'excrétion critique qui arrive l'ubitement, & dont l'enfcmble ou la colle6tion forme la perturbation , ou Vorage critique. Après la cociion dans le temps que Ja crife a coutume d'arriver, {^voyei^ Crise, ) tout d'un coup , fans aucune caufe manifefte , le malade reflent une ftupeur dans les membres : il eft aflbupi , ou eft travaillé d'une infomnie accompagnée de délire \ il a des anxiétés ^ une difficulté de refpirer plus grande: la nuit qui précède la cr.ife eft turbulente ; il éprouve des frifTons : la partie Vers laquelle tend & aboutit l'effort eft rouge , dolorifique , avec un fentiment de pefanteur & de dureté : les yeux s'obfcurciflent , ou deviennent plus brillants que de coutume , ils répandent des larmes involontaires : \ts naufées , la chaleur , la foif, le refîerrement des hypocondres,& l'agitation convulfive de la lèvre inférieure, tourmentent le malade de telle forte qu'il paroît aux affiftants être à l'agonie. Cette fcene fa termine , tantôt par une hémorrhagie du nez , tantôt par une diarrhée , confidérable , quelquefois par des vomiiîèments , par des fueurs , par des éruptions à la peau , &c. Dans ce moment, le pouls a ordinairementjun caractère particulier, qui indique à celui qui fait le reconnoître , la voie par laquelle l'évacuation eft prête à fe faire, {voyei l'article Pouls. ) Quand les maladies ne font pas bien compliquées , quand le médecin laifte agir la nature & ne la trouble point, cette excrétion fubite , précédée de la plupart des phénomènes que nous venons da détailler , eft tê MAL airez fréquente , fur-tout dans les tempe'raments robufîés ^ comme chez les payfans Hz les gens de la campagne. Mais dans les villes où il y a plus de Ibi-dilants me'dé-" cins qui bcfongnent ^ ou les maladies font plus complique'es , &: les tempéraments moins robullev , il elt alièi rare de voir une crife fi fubite & fi prompte. Quand i'excre'fion critique n'eft pas fi ora^eufe , & qu'elle fc fait plus paifiblement , elle eit annoncée par les iignes que nous avons rapporte's plus haut. Outre les fignes gcne'raux , chaque excrétion eH: annonce'e par d'autres figncs qui lui Ibnt propres. L'hcmorragie du nez cft annonce'e par la rougeur des yeux , par l'affolblillëment de la vue , par une douleur aiguë à la partie poftérieure de la te te , parla pefanteur & la pulfation des tempes, par des larm.es involontaires, Se fur-tout par une démangeaifon des narines, & un pouls rebondilTant ou dicrote. VoY£{ Pouls. La fueur critique s'annonce par une fapprelTion fubite des urines, par un petit friffon, par la molleffe de la peau , par une chaleur douce répandue fur toute lafuperficie du corps , 8c enfin par un pouls mol & ondoyant. Le vomilfement critique eft précédé d'un pincement de l'ellomac , de vertige , de riaufée , d'une excrétion abondante de falive limpide , & d'une agitation fpafmodique de la lèvre inférieure. On connoît qu'une diarrhée critique eft fur le point d'arriver , quand le malade éprouve des borborygmes dans le ventre , ou ce qui fignifie la m.ême chofe , des grouillements , quand fon ventre fe tuméfie , & qu'il a un pouls intermittent* L'évacuation critique par les urinés s'annonce par un fentiment de pefanteur dans les hypocondreS , par un gonflement de la velfie , par la quantité des urines augmentée par un fentiment de chaleur que le malade éprouve en les rendant, & par un pouls qui approche de celui de îa fueur. VoyeiVovts. Les crachats fontauiïi très-fouvent critiques , fur-tout dans les maladies inflammatoires de la poitrine. On reconnoît que la matière morbifique prend cette voie ,• quand , vers le troifieme ou quatrième jour de lamaladie^ le malade rejette les crachats épais , reflemblants à du pus^ MAL li fJus , & mtlc's de quelques ftries fanguinoîentes , accômpagne's d'une moindre diîHculte' de refpirer , & d'une diminution des fympcomes de la maladie : ce font là les principales voies que la nature choifit pour évacuer la matière morbifique , & les fignes qui peuvent hs faire reconnoître. Quant à la terminaifôn des maladies par abcès , ou de'pôt critique , voyc^^ le's articles Inflammation , Abcès , Bubons fi- Parotides. Après avoir expofcl'hiftoire &-laitiarche des maladies aiguës , il nous rcitc à parler de leur traitement ; ce que nous allons nire le plus brièvement qu'il ndus ferapoffiblei Quand on entreprend la cure d'une maladie , on doit agir d'après les indications que peuvent noUs fournir , 1°. les forces du malade , a». les caufes éloignées & occafionnelles de fa maladie , 3°. la nature du mal , 4°. les fymptomes de la m.aladie. Mais ce qui doit principalement diriger le traitement d'une maladie aiguë , ce font lès trois temps de crudité, de cottion & de crife , que nous avons expliqués plus haur. Repréfentons-nous une maladie aiguë comme un combat \ la matière morbifique , c'ell l'ennemi ; & la nature ou les forces du corps , ou du malade , comme on voudra , eft aux prifes avec elle; Dans le temps de l'irritation , la maladie paroît avoir le deffus, èz l'a réellement : dans le temps de la codion , la nature gagne du terrein , reprend le deffus , & dans le temps de la crife , elle met fou ennemi en déroute & remporte la victoire. En coiifidérantles chofes fous ce point de vue , qui efï îe feul fous lequel elles doivent être confidérées , quel eft le devoir du médecin ou de toute perfonne qui veut entrer pour quelque chofe dans cette guerre ? C'eft d'être foeftateur attentif; d'aider , de diriger la nature , fi elle eft foible &fi elle s'écarte de la voie ; de relier oifif & fim*le fpeclatcur , quand elle eft affez forte ; de la modérer , orfqu'elle combat avec trop d'impétuofité , & qu'elle s'expofe à s'épuifer avant que fon ennemi foit vaincu. Ainfi,dans le temps de la crudité, on aura égard au régime du malade qu'on proportionnera à fes forces & à la nature du mal. On le tiendra dans un air mO' X>. de Santé, T, II, B l i8 ^ M A L ^ de'ré, ayant foin de renouveller l'air cic fa chambre: on le fera fortir de fon lit , & on tâchera de le tenir levé , pendant pluficurs heures par jour , fi fes forces le permettent. On le mettra pour cela dans un fauteuil mode're'ment couvert : on lui fera prendre une tifane adoucilTante , humedantc , rafraîchidante , faite avec une de'codion d'orge dans laquelle on fera fondre du miel , & qu'on rendra plus ou moins e'pailfe , félon que la diète du malade devra être plus ou moins rigoureufe. Les boiflbns avec la ' racine de chicore'e fauvage , de chiendent, avec les fleurs de mauve, de guimauve, dans lefquelles on fait dilFoudre cinq à fix grains de nître par pinte , font aulfi très-recommande'es , lorfqu'il s'agit de tempe'rer & de rafraîchir. On e'vitera les fudorifiques , les e'chauffants , les cordiaux ftimulants qui ne feroient qu'augmenter le mal : ces remèdes font très-fouvent capables de rendre une maladie très-grave & très-dangereufe , & qui fe feroit gue'rie promptement & facilement fans leur ufage. Le meilleur cordial qu'on puifTe donner à un malade attaqué d'une maladie aiguë , c'eft de ne pas l'étouffer par le grand nombre & la pefanteur de (es couvertures ; c'efl de ne pas laifîër croupir l'air de fa chambre , & de le renouveller fouvent -, c'eft de lui faire f)rendre des tifanes aigrelettes , dts boilTons acides , orfque la nature de fa maladie & la chaleur acre ébouillante , dont elle eft accompagnée , le demandent. En fuivant ce fimple régime , on guériroit un très-grand nombre de maladies, car la nature feroit facilement lerefte. Quant aux médicaments à prefcrire au commencement des maladies aiguës , on peut les réduire à trois genres principaux , 1 évacuation du fang , les émétiques , & les purgatifs. L'évacuation du fang fe fiut par l'ouverture des veines , par l'application des fang-fues & par les vcntoufes fcarifiées. On emploie fur-tout la première dans les commencements de plufîeurs maladies aiguës. Nous donnerons plus bas les préceptes de pratique qu'il faut obferver dans l'adminiftration des principaux médicaments ufités dans les maladies aiguës. Dans le temps de codion , û la marche de la maladie cft régulière , il ne faut rien fair»; : le meilleur eft de MAL i9 s'en tenir ail tégime indiqué ci-éefflis , mais fur-tout lorlque la nature elt prête de taire une crife fubite & prompte ; car, dans ce moment, le moindre remède donne ma!-à-propos eft capable de tuer le malade. Dans le temps de Texcre'tion critique , on doit l'aider doucement , fans violence , par da le'gers diure'tiques , fi elle fe fait par les urines ; par de légers diaphoréti» ques , fi c'eft par les fueurs : fi elle fe fait par une diarrhe'e , on donne quelques le'gers minoratifs , & ainfi des autres , toujours en agiflànt avec modération» Quand le malade entre dans la convalefcence , on lui fait prendre deux ou trois purgatifs modérés pour évacuer les matières qui pourroient être reftces; enfuite on le remet infenfiblement à fon régime ordinaire , auquel on ajoure Tufage de quelques flomachiqucs , de quelques toniques légers , pour remédier au trop grand relâchement 3ue la maladie a produit. Nous allons finir cet article , éjà trop long, par quelques préceptes relatifs à l'adminiftration des médicaments dans les maladies aiguës. De la Saignée. Quels fon t les cas où la faignée convient ? Dans quel temps de la maladie doit-on la pratiquer ? Quelle eiT: la quantité de fang qu'il faut évacuer ? Enfin, dans quel endroit la faignée doit-elle être faite ? Ce font là les principales queltions de pratique fur la faignée , auxquelles nous allons répondre en peu de motS, lo. La faignée eft indiquée toutes les fois qu'il y s pléthore , foit générale, foit particulière, ( voyei PlÉ' îHORf. ) Les maladies inflammatoires font prefque les feules où la faignée foit réellement indiquée j ds même que dans toutes celles qui font compliquées avec une vraie inflammation. En général , dans toutes les maladies aiguës , îorfque le fujet eft pléthorique > d'un tempérament fanguin , ou biliofo-fanguin , la faignée convient & produit des très-bons effets ; elle ôte une partie de îa caufe matérielle de la maladie : elle donne plus de jeu aux folides, elle en diminue la tenfion & l'irritation ; enfjn elle rend le travail delà natute plus libre. & moins orageux. a». Le temps de la faignée, dans les maladies aiguës , doit être celui de la crudité ou de l'irritation : par conféquent on doit faigner dans les premiers jours de la Bij ao MAL maladie, quand tous les fymptomcs augmentent plutôt qu'ils ne diminuent. Le temps d'irritation elt plus ou moins long i aulïï le temps de laigner n'eft point borne' par les jours de la maladie , mais par les fignes de codion ou de crife ; car fi-tôt qu'on apperçoit quelques fignes de codion ou d'une crife prochaine, il faut s'abitenir defaigner, parce qu'alors on troubleroit l'ouvrage de la nature. Mais li la maladie , après avoir donne'quelques figne» decodionoud'e'vacuation critique , recommence de nouveau , recrudefcit , c'eft-à-dire , que tous les fignes de codion ayant difparu , tous les fymptomes de crudité reparoiffent, alors on doit confidérer la maladie comme commençante, & f-igner hardiment fi les forces du malade le permettent , & fi la nature de la maladie le demande, fût-ce au douzième jour de la maladie. 3°. La quantité de fang qu'on tire doit être relative à la ple'thore du malade , à its forces re'elles , à la vigueur de la maladie. On la réite'rera plus ou moins , félon que les circonftances le demanderont. En ge'ne'ral chez les perfonnes d'un tempe'rament robufte , vigoureux & bilieux , il faut commencer par une faigne'e copieufe , de trois ou quatre poëlettes de fang, en faifant une large ouverture. Les tempe'raments délicats & foibles doivent être ménagés, lorfque la faignée leur eft nécelTaire : on doit la faire moins copieufe, de deux poëlettes tout au plus , ayant foin que l'ouverture de la veine foit plus petite, &: que le fang ne forte pas avec trop de vélocité. On fubftitue quelquefois , chez ces perfonnes délicates, à la faignée faite avec la lancette , une évacuation fanguine produite par les ventoufes fcarifiées, ou l'application des fang-fues : par ces moyens , on ne rifque pas de produire un afFailTement toujours très-dangereux , en tant qu'il diminue trop les forces , & qu'il rend par-là la nature inepte & incapable de cuire & d'expulfer la matière morbifique. 40, Sans entrer ici dans de grands détails fur la révulfion & la dérivation , nous nous contenterons dédire que l'on doit faigner du bras dans la pléthore générale , & les maladies aiguës inflammatoires générales ; que , lorfque la pléthore eft particulière , & l'inflammation locale , on doit préférer certains endroits , eu égard à MAL 2.1 la partie affeflée. Par exemple , dans tout»"? les maladies inflammatoires internes de la tête , on doit faigner plutôt à la jugulaire & au pied, ce qu'il convient aulTi de faire dans les maladies où il n'y a qu'une fimple congeftion fanguine , fans inflammation. Dans les inflammations de la poitrine , les pleurefies , les efquinancies , les fluxions de poitrine , on feigne du bras, & queli^uefois du pied. Dans celles du bas-ventre , & de la matrice, on ne doit point faigner du pied,maisfeu]emenTda bras , à moins que , dans les maladies des femmes, les règles ne pouvant avoir lieu par de'faut de ple'thore locale , ou e'tant fupprime'es fans qu'il y ait inflammation de la matrice , alors la faigne'e du pied efl: préférable à toute autre. Dans les inflammations locales externes , on doit faigner le plus près qu'il efl: polfible de la partie affedce , & préférer , en ce cas , l'application des fang-fues ou les ventoufes fcariiîées à tout autre moyen. 11 ne faut point être excelfif dans l'adminiftiratioii de ce remède. Il ne faut ni trop faigner , ni trop peu. On ne doit point prétendre étouffer les maladies par la faignée : il fuflit de faire enforte que les forces de la nature n'aient ni trop d'adivité, ni trop de langueur. Quant aux règles particulières à obferver dans les diff^érentes maladies, voyez-les chacune en fon lieu , dans les articles particuliers. Des Emétiques & des Purgatifs. Faut-il donner l'émétique au commencement des maladies aiguës ? Faut-il purger , & quand doit-on le faire ? Ce font des queflrions importantes qui demandent quelques réflexions. Dans les maladies aiguës qui dépendent de la faburre des premières voies , dans celles qui font compliquées avec cette même faburre , & dans les maladies aiguës qui ont pour caufc la diminution ou la fuppreflTion de l'infenfible tranfpiration , on doit donner l'émécique au commencement , le plutôt qu'on le peut. Quand la maladie efl: faburrale , il en ôte la caufe , & la guérit tout de fuite : quand elle eft compliquée , il ôte la complication ; il rend la maladie moins aiguë : fa marche devient plus régulière , & les forces de la nature fe diftribuent avec plus d'égalité. Lorfque la maladie dépend de l'infenfible tranfpiration diminuée oa Biij 9.% MAL fupprim^e , rien de meilleur que IVm^tique pour la rétablir ; car un de (es effets principaux eft de palFer à U peau. On s'en abftient , lorfqu'il y a inflammation à Teftomac 6c aux inteftins , lorfque les perfonncs ont la fioiirine très-foibie & très-dclicate , qu'elles ont craché e fang, & dans les maladies purement inflammatoires. Les purgatifs ne font pas d'un ufagc fi fréquent, au commencement des maladies aiguës , que l'e'me'tique : cependant , dans les maladies de'pendantes de mauvaifes humeurs amaffe'es dans les premières voies , il efl trèsfouvent à propos de donner un purgatif le même jour qu'on a donné l'émétique , ou le lurlendemair. Dans les maladies aiguës putrides , & qui ne font point régulières ; c'eft-a-dire , où Ton n'oblerve pas cxaflement les trois temps que nous avons rapportés ci-deffus , on purge dans tous les temps de la maladie , parce que la dépuration des humeurs fc faifant par les inteftins , on doit évacuer les matières à mefure qu'elles s'amafTent, Dans les maladies où il y a une véritable co6iion , telles font les maladies inflammatoires, on ne doit point purger pendant que la codion fe fait , crainte de la trouf oler : on ne doit le faire que lorfque l'évacuation de la matière morbifique fe fait par les inteftins; alors, pour aider la nature, on prefcrit de légers minoratifs , qui agiflent doucement & fans trouble, Dans les maladies aiguës de la poitrine , qui fe terminent par les crachats, on ne doit pas purger pendant qu'ils ont lieu , afin de ne pas les fupprimer. On purge encore dans la convalefcence, plus ou moins , eu égard à la maladie & à l'état du malade , pour évacuer les reftes de la matière morbifique, & les crudités occafionnées par les mauvaifes digeftions. Des Cordiaux. Il n'y a qu'un feul cas où les cor* diaux conviennent dans les maladies aiguës ; c'eft lorfque les forces manquent réellement , que le malade étant d'un tempérament lâche , & ayant des humeurs épaiffes & vifqueufes, les folides ont befoin d'un aiguillon qui les excite à l'aftion ; alors on donne des cordiaux , c'eft-à-dire , des fubltances aromatiques & fpiri-* tueufes, qui conftituent la clafle des cordiaux proprement dits. Quand la nature eft trop foible par un vrai défaut de force , ( car eJlç peut ne l'être qu'en appa  MAL 2.5 rence \ îorfque les obftacles s'oppofent à fon a£iion , dans ce dernier cas, les vrais cordiaux font ceux qui enlèvent les obftacles : s'ils viennent du fang , on prefcrit la faignée ; fi ce font des crudite's dans les premières voies, on donne l'e'métique & les purgatifs ) , on donne des mcdicaments doucement irritants & légèrement échauffants , afin de ranimer les forces. Il eft un autre cas où l'on peut encore les donner , mais avec modération; c'eft dans la convalefcence qui eft prefque toujours accompagnée d'une diminution réelle des forces. De l'Opium, & fes Préparations. L'opium convient-il dans les maladies aiguës ? On ne peut prefque point donner de règles générales fur fon ufage , parce que ce remède demande beaucoup de prudence & d'habileté. En général , l'opium convient toutes les fois que la maladie eft compliquée avec une affection fpafmodique , indépendante de la maladie , comme vapeurs , tcnfion nerveufe , &c. Mais il faut s'en abftenir même quand cette complication a lieu , Iorfque la maladie préfente des fignes de coftion & d'évacuation critique -, car, dans ce cas, il deviendroit très-dangereux, en tant qu'il fupprime prefque toutes les excrétions , dans le temps de crudité ou d'irritation , & Iorfque cette dernière eft augmentée par un défordre dans l'aftion nerveufe , capable de produire des fymptomes très-violents : on peut en faire ufage , en confultant les articles de ce Didionnaire , relatifs aux cas particuliers dont il s'agit. Des Diaphorédques & Sudorifiques. Quand les perTonnes attaquées d'une maladie aiguë font d'un tempérament robufte & vigoureux , que les forces font plus que fuffifantes , il faut s'abftenir totalement de ces remèdes; car, en voulant forcer la nature , on la dérange ; & il arrive par-là très-fouventqu'on rend une maladie maligne , de bénigne qu'elle étoit. Il n'y a qu'un cas où les fudorifiques un peu adifs peuvent convenir ; c'eft dans Tin» vafion d'une fièvre catarrhale : il eft affez ordinaire de voir chez les paylans de la campagne, que des échauffants , des diaphorétiques, des cordiaux , adminiftrés tout au commencement d'une maladie produite par une fupprelfion de tranfpiration , la rétabliffent tout de fuite \ ce qui empêche très-fouvent la maladie d'aller plus loin, B iv 14 MAI Des VéÇicatoîres. En général , on peut appliquer les çantharides , lorfque , dans une maladie aiguë, on voit qu'après quelques lignes de coftion , les forces s'aff()iblifl'ent confulc'rablement , que le malade eft d'un tempérament lâche & phlegmatique, Dans les maladies inflammatoires accompagnées de laxité , d'affailfement de forces au commencement du temps de la codion , on peut les appliquer avec beaucoup de fuccès. On doit s'en abftenir dans hs fièvres putrides , fur-tout celles qui arrivent chez un tempérament fanguin, bilieux èç mélancolique , à moins que la putridité ne foie entretenue par la laxité des folides & l'épaiffilTement des hur meurs. Quant aux règles particulières, voye^ les di^ férents articles de ce Diclionnaire. Des R.ccidives, Il arrive affez fouvent dans les mar ladies aiguës des récidives occafionnées ou par à^s rentes de matière morbifique qui n'ont point été évacués, ou par àts fautes dans le régime lorfqu'on mange trop , & plus que les forces de l'eftomac ne peuvent digérer ; alor? il s'amafîe des crudités qui renouvellent la maladie, ou qui en produifent une autre. Dans les deux cas , les récidives doivent être traitées comme une nouvelle maladie aiguë; mais il faut être plus modéré fur la faignée , à cauie de l'afFoiblilTement des forces , occafionné par la maladie antérieure. Voye^ Maladies chroniques. Maladies des Artisans. Les pauvres font fujets à une infinité de maladies qui femblent , pour la plupart , avoir àes caractères différents de celles du commun des hommes , & qui , par conféquent , exigent un traitement particulier. Cette partie du genre-humain qui eft la plus a plaindre, & qui eft livrée aux travaux les plus pénibles, mérite une confolation particulière , & exige que l'on fafte une férieufe attention aux maux qui l'affligent. La plupart des pauvres , qui tirent leur fubfiftance des différents travaux auxquels ils fe livrent, y trouvent fouvent les maux les plus funeftes. Il eft , par conféquent , très-avantageux pour ces âmes charitables, qui cherchent à foulager les malheureux dans leurs peines , de leur procurer tous les fecours néceiïàires pour pouvoir opérer ces œuvres pieufes , auxquelles elles le font deftinées. MAL ^ ^ 4$ Comme les pauvres artilans Ibnt , en ge'ne'ral » fort à l'ctroit du côte de la fortune , nous aurons l'attention (le ne prefcrire dans leurs maux que des remèdes dont Tacquifition foit facile & peu coùteufc , Se qui , pour la plupart, ne les troubleront point dans les travaux ordinaires , autant qu'il fera poffiblc de le faire. Il n'eft point d'artifans qui ne foient fujcts à des maladies particulières , qui dépendent prefque toutes du genre de vie &: de la nature de la profeifion qu'ils exercent. Nous tâcherons d'approprier le traitement à chaque efpece d'homme & de maladie. Maladies des Amidonne ers. Tout le monde fait que les Amidonniers pétrifTent le bled avec les pieds , après l'avoir fait mace'rer dans des vaiffeaux de marbre ou de bois, remplis d'eau , pour enfuite en tirer la pâte que l'on fait fe'cher au foleil. Sans cette manière d'exécuter leurs travaux, il n'eft pas douteux qu'ils feroient expofés à àcs maux bien plus grands, fur-tout s'ils fe fervoient de l'ufage des mains. Cependant , de cette maffe battue , il s'e'leve une vapeur d'un goût fade , tirant fur l'aigre ; c'eft l'impreffion de cet acide qui occafionne a ceux qui pêtriflënt l'amidon , des oppreflions , des toux fi étranges , qu'ils font, la plupart du temps, obligés d'interrompre leurs travaux , pour ne pas étouffer fur le champ. Ils font également fujets à des maux de tête , des afthmes & à des toux convulfives , à mefure que cette vapeur aci-^ de s'élève avec plus ou moins de force , & qu'elle eft plus ou moins acre & irritante. Pour éviter ces fortes de r^^ladies , les Amidonniers devroient travailler dans des lieux très-fpacieux , dans lefquels on devroit pratiquer un courant d'air continuel , qui chafsât fans cefle cette vapeur acide , à mefure qu'elle s'éleveroit. On pourroit , par exemple , pratiquer , au haut de l'endroit où ils travaillent , une fenêtre qui répondît à quelqu'autre fenêtre , ou porte , d'un côté oppofé : on ouvriroit en mêm.e temps l'une & l'autre iffue , afin d'attirer l'air en abondance. Une autre précaution que ces ouvriers pourroient prendre , ce feroit de fe mettre autour du çou une ef-a %6 MAL pece d'entonnoir de papier ,■< dont je côté le plus large fût tourne' vers la tête : par ce moyen , la direÀion de la vapeur fe trouveroit brile'e ,& ils e'viteroient cette évaporation fubite & directe de la matière âere de l'amidon. Quand , maigre' toutes ces pre'cautions , le mal les furprend , il faut d'abord leur frotter les narines avec de l'eau the'riacale , de l'eau de Luce , du fel ammoniac , qui de'rruifent fur le champ l'aflivité de cette matière acide : immédiatement après , on leur fera prendre de l'huile d'amandes douces , par cuillerées, jufqu'à ce que la toux & les efforts foient un peu calmés j on pourra auffi leur faire prendre le looch fuivant : Prenez , Dou-r^e Amandes douces pelées. Battez-les dans un mortier , en y ajoutant par degré D'Eau commune y quatre onces. De Gomme Arabique , un fcrupule. De Magnéfie en poudre , un gros. Ajoutez enfuite De Syrop de Guimauve , De Diacode, de chaque demi-once. D'huile de Noix , une once. Mêlez le tout enfemble, en remuant exaélement, pour faire un looch que vous donnerez par cuillerées, jufqu'à ce que les fymptomes ci-deflus foient appaifés. Pour boiffon , on leur fera une émulfion avec une douzaine d'amandes pelées & battues dans un mortier , fur lefqucUes on verfera une chopine d'eau de guimauve ; on paffcra le; tout, & on y ajoutera un peu de fucre candi. Quelquefois on fe contentera de faire prendre au malade un bon verre de vin , & de lui donner tous les foirs un demi-gros de jihériaque , fur-tout lorfque le mal n'eft pas fi grave -, car , quand les fymptomes font violents , il faut abfolument avoir recours à une faignée , pour diminuer l'effort de la toux , & calmer fa violence. On les purgera toutes par un lavement , avec le remède fuivant : Prenez , De Miel mercurial , deux onces. De Diaphccnic y De Diaprun , de chaque une once. Faites fondre dans une chopine d'eau. On leur donnera auifi dix-huit grains d'ipécacuanha : MAL i7 s*ils ont la langoe'chargée & quelques naufécs ou envies de vomir, on recommencera enfuite Iç lavement comme ci-deîliis. Imme'diatement après, on fera prendre au malade du firop anti-fcorbutique , avec de Teau & du vin antifcorbutique, décrit à l'article Scorbut. On pourra faire aiiîn des pilules pour terminer la gue'rilon , & pour achever de de'truire l'acide re'pandu dans le fâng. Telles font les fuivantcs : Prenez , De Savon d'AIicante , deux gms. De Safran de Mars apéritif y demi-'gros,, D'Yeux d'^Ecre-iJfes , deux fcrupules , Avec fufffan^e quan iu de Sirop d'A^fn^ke, Faites des pilules du poids de fix grains. Le m^ààç en prendra quatre à la fois , trois fois par jour, Maladies des Baigneurs, Les baigneurs & les e'tuviftes font obligés, par état, (d'être renferme's dans des lieux chauds & humides , Se de refpirer un air e'touffant , prive' d'une partie de fon refTort , chargé de la vapeur d'haleine & de la tranfpiration de gens fouvent mal-fains , qui s'y trouvent ; ce qui les expofe à des maladies qu'ils ne peuvent éviter. Les baigneurs font fujets à des étouffcments qui font quelquefois fi forts , qu'ils font obligés de fortir pour refpirer , lans quoi ils étoufFeroient. Quand ces étoufFements & ces diffici^ltés de refpirer font fi confidérables qu'ils perdent connoifTance , il faut les tranfporter fur le champ hors de la chambre » leur deflerrer leur col & leurs habits , leur faire refpirer des odeurs vives , leur frotter les bras , les mains & les pieds avec des flanelles, & tâcher de ranimer la circulation , en leur faifant avaler quelques cuillerées d'eau à: s Carmes dans de l'eau , ou un petit verre d'eau-devie ; on leur donnera enfuite le lavement fuivant ; Prenez , De Diaphanic , une once. De Cryflal minéral , deux gros. De Vin émitique trouble , une once. Faites fondre le tout dans une fuffifante quantité d'eau pour un lavement que l'on renouvellera , de quatre ea quatre heures , jufqu'à cç que la poitrine pàroille totalement dégagée. a8 MAL Pour (éviter ces attaques , les baigneurs auront Tattention , aulfi-tôt qu'ils fe fentiront oppreire's , de fortir des e'tuves , pour refpirer , afin de ne pas tomber dans des états fi fâcheux. Comme les bains fe prennent quelquefois pour des maux & des ulcères contagieux , les étuviftes & les baigneurs auront grand foin de ne pas refpirer de trop près la vapeur des eaux où font plongés les malades , ni les exhalaifons qui fortent de leurs corps ; après qu'ils auront touché au malade, ils fe frotteront les mains xvec du vinaigre , & ils refpireront de l'efîence de jafmin : ils pourront même fe frotter le vifage & les na-^ lines avec du vinaigre des quatre voleurs, décrit à l'article Préservatif. Ce que nous difons ici au fujet des bains chauds , doit auHi avoir fon application à l'égard des bains froids. On doit être attentif , quand on fort àes étuves qui font très-chaudes, à ne point entrer fubitement dans les lieux oîi font les bains froids , ni d'y plonger les mains , fans avoir auparavant pris la pre'caution de s'accoutumer à la température de l'air de la chambre. Maladies des Bateliers , des Pécheurs , des Jardi-> niers & de ceux qui cenduifent les Trains de bois. Toutes ces efpeces de gens font, comme on le voit, expofe's à vivre dans un air humide & froid , qui les morfond continuellement , joint à ce qu'ils font obligés fouvent d'avoir les mains , les pieds & quelquefois tout le corps dans l'eau. Delà la tranfpiration> fe fupprime , la circulation s'arrête dans les diffe'rentes parties du corps ; ce qui produit des demangeaifons , des dartres , des éréfîpelles , des pleuréfies , des catarrhes, des rhumatifmes , des toux , des maux de côté , qui font les maladies les plus communes, dont font attaqués ceux qui habitent les lieux humides & froids. C'eft à la tranfpiration arrêtée qu'on doit attribuer la caufe immédiate de ces maladies , & c'eft le froid qui en eft la caufe éloignée. L^s premières précautions que doivent prendre ces MAL 19 fortes de ^ens , c'ed de fe tenir fuffifamment vêtus , autanc que leur faculté le permet, de fe pourvoir de bottes ou bottines, pour marcher dans l'eau , dans un cas de ne'jelfite'. a*». Us doivent avoir toujours dans leurs poches un mélange d'eau & d'eau-de-vie , c'eft-à-dire , un poidbit d'eau-de-vie fur une pinte d'eau ; & , aulfi-tôt qu'ils fe fentent faifis de quelque froid , ils doivent y avoir recours , & en boire un grand coup : par ce moyen , ils empêcheront la tranfpiration de fe fupprimer ; ils donneront id MAL Maladie des Blatickijfeufes, Les lavandières , les leffiyeufes , les blanchifTeufes ^ comme on le fdic , ont prel'qae toujours les pieds , les mains & les jambes dans Teaa froide , dans \qs rivière^ fouvent bourbeufes & mal-faines. 11 n'en faut pas davantage pour fupprimer la tranfpiration , pour arrêter les règles , & expofer ces femmes malheureufcs aux fupprelFions , aux pâles-couleurs , à la cachexie & aux enflures des jambes. Ce qu'il y a de plus fâcheux , c'cft que le fe'jour continuel qu'elles font dans l'eau , fait une impreition fi vive fur lesfolides, qu'il en de'truit la texture , les rend parefTeux & incapables de ré Tort : c'efr pourquoi ces fortes de femmes font fu jettes aux œdèmes , à la leucophlegmacie & à l'hydropifie. Les femmes qui font la lefTive ne font point exemprrs des maux que contraftent les blanchi ;îëufes qui lavent le gros linge à la rivière : elles font de plus fujettes à d'autres incommodités. La plupart ont des nlaux de tête continuels , occafionnés par la vapeur delalelTivebouillante, dans laquelle elles plongent continuellerhent les mains , & qu'elles ont toujours fous les yeux & fous le nez ; vapeurs qui deviennent très-dangereufes , lorfqu'elles y mêlent ou fubftituent la chaux à la cendre ; aulfi font-» elles expofées aux oppreflions d'afthme & aux étoulFcments. Les blanchifTeufes de menu linge ont , pour leur part , à eflliyer des gerfures fur \ts mains , les poignets ou les bras , lefquelles font plus ou moins dartreufes , ére'fipe'lateufes & inflammatoires. Delà naiffent de fâcheufes fièvres, & des douleurs fi vives dans les parties malades, que ces femmes font oblige'es quelquefois de difcontinuef le blanchiflage. ^ Les lefTiveufes éviteront leurs maladies , en s'expofant le moins qu'elles pourront à la vapeur de leur lefTive, & en fe garantiflant le nez & la bouche par le moyen d'ua entonnoir de papier , en ne mettant point de chaux dans leur leffive , & en fe lavant fouvent le vifage & les yeux avec de l'eau. A regard de celles qui ont les mains gerfées , il ns MAL 5* faut jamais appliquer deilus rien de gra5 , comme pom* uiade , huile d'amandes douces , ou autre chofe femblable. L'eau d'orge monde' fuffit toute feule pour laver les i^ MA L L'attention que doivent avoir ces fortes de gens eft dé jetter beaucoup d'eau dans l'endroit où ils tuent leurs bœufs , de tenir continuellement les portes & les fenêtres ouvertes , d'y laifler circuler l'air librement , dé refpirer fouvcnt du vinaigre des quatre voleurs , de fe îaver les mains & le vilage avec de l'eau fraîche , de prendre fouvent l'air au dehors , & de ne point refter dans leurs boucheries , quand ils ont fini leur ouvrage. Voici une boiflbn dont les bouchers peuvent faire ufage dans les de'goùts ôc maux de cœur , auxquels ils font expole's. Prenez , De Racines d'Impéraioire ^ De Galanga , ratijfées & coupées menu y de chaque une once* De Myrrhe , un gros. De Saffran , demi gros. De (Quinquina , deux grcn D'Encens mdie , ungios. De cannelle concajfée , deux gros. Faites infuferle tout chaudement dans deux pintes de ' vin blanc fur des cendres chaudes. PafTezla liqueur , pour en prendre un petit verre dans le befoin* Comme les bouchers fe trouvent continuellement dans la vapeur du fang des animaux nouvellehient tue's , ils reçoivent par les pores abforbants des fucs extrértiement nourrifîants, qui augmentent laple'nitude de leur fang , & les tient prefque toujours dans un e'tat de ple'thorc habituelle ; auiTi voit-on prefque toujours que ces gens font forts & robufœs ^ qu'ils ont de gros membres & un embonpoint confîde'rablc : ils font aulfi fujets à l'apoplexie , au coup de fang , auxhe'morrhagies& aux e'toufFements. On évitera cesinconve'nicnts , en lesfaignant de temps Vautre, en leur faifant boire beaucoup de petit-l:.it ou d'eau de chiendent , en leur faifant prendre des lavements^ & en les purgeant deux ou trois fois par an. Maladies des Boulangers* Les boulangers , qui rempliffent une des profelHons les plus utiles à la vie , font fujers à de grands inconvénients. Ils palfent d'abord la nuit à faire le pain : ce dérangement dans leur vie les expofe aux maux qui fuiven€ ]vi  L ^ 3 j vent le dc'faut de tranfpiration. L'habitude continuelle (3vi ils font de i'cxpofcr à la chaleur de leur fbur,& de refpirer enfuite un air froid , leur occafionne des riuxions de poitrine, des pleuréfies , des rhumes, &c. La quantité' prodigieufe de farine qu'ils avalent, ne peut manquer de gêner leur refpiration j & de produire beaucoup d'afièflions de poumon. Leurs yeux expofés , à chaque inftant , à recevoir des imprclfions mal-faifantes dts flammes & du feu , & de la poullicre farineufe qui voltige , les rend chaffieux. Ils doivent donc e'virer , autant qu'ils peuvent , les Variations fubites de chaud & de froid , auxquelles ils font expofés. La nuit , comme ils font tout nus , ils ne doivent point s'expofer à la fenêtre ni à la porte : autrement ils ril'quent de fupprimcr la tranfpiration ; ce qui eft d'autant plus dangereux , qu'ils font plus échauffés par la chaleur du lieu où ils font. Ils feroiert bien auffi de fe couvrir la tête avec un mouchoir , pour éviter l'ardeur de la flùmm.e , Se l'impreffion de la poudre farineufe qui eft répandue dans l'air. Ils auront en même tem.ps la précaution de fe laver le vifage avec de l'eau, de fe gargarifcr avec de l'eau & du vinaigre, & de fe nettoyer les yeux avec moitié eau-rofc & moitié eau de plantain, ' La grande chaleur dans laquelle les boulangers font obligés de vivre , difpofe leur fang à la difîblution , & les rend fujets au fcorbut , à une efpece de cachexie, de langueur & de confomption. Ils éviteroient tous ces inconvénients , fi , après avoir fait ce qui eft de leur mihiftere , ils prenoient les précautions que nous venons de dire; f\ d'ailleurs ils avoientfoin de refpirer un air pur Se fercin , une demi-heure avartt de fe coucher ; s'ils évitoient, pendant la nuit, de boire des liqueurs fpirituèufes, comme de l'cau-de-vie , Se s'ils faifoient ufage, pourboiffon, d'un peu de vin dans beaucoup d'eau. Leurs maladies fe traitent à peu près comme les autres , excepté qu'on, doit être plus fevére fur les faignées& les boifibns, parce qu'ils font trop épuifés pour pouvoir les bien foutenir. La maladie la plus grave & la plus fâcheufe à laquelle les boulangers font expofés , c'eft celle occafionnée par la vapeur du charbon. Comme ces fortes de gens ont coutume d'éteindre leurs charbons pour en faire de U D, de SanU, T, IL C 34 ^ A '^. braife qu'ils vendent eniuitc à différents particuliers , ils font obliges de mettre leurs charbons Ibus des cloches à la cave. Quand ces hommes malheureux vont enfuite dans ces lieux pour cherclicr leur braife , fouvent la vapeur les failit & les fuffoque ; ils tombent évanouis & perdent connoilîance : l'air qui a perdu tout fon reflbrt , & qui cit chargé de la partie mal-faiiante du charbon, faifit fi vivement la refpiration, qu'il intercepte & arrétq fubitement toutes les fonctions. Le premier foin qu'on doit prendre , quand ces pauvres malheureux font tombés dans cet état , eft de les tranfporter d'abord dans un air pur, & de leur faire refpirer de la fumée de tabac , de leur donner fur le champ un bon verre d'eau-de-vie , s'ils peuvent l'avaler , &: un lavement de tabac. On leur fera , en même temps , des fridions fur tout le corps avec une flanelle trempée dans de l'efprit-de-vin ; on les pincera , on leur arrachera les poils , on excitera la circulation de toutes hs manières : quand elle fera parfaitement rétablie , on leur donnera un verre de vin avec un peu de girofle & de mufcade-, après quoi, s'ils ne font pas entièrement rétablis , on pourra les faigner au bras , leur donner des boiflbns abondantes & des lavements, & fur-tout de l'opium ou des gouttes anodines. Un moyen sur pour éviter ces fortes d'accidents, c'efl, en defcendant dans la cave, d'y jetter du papier enflammé; s'il brîile tout-à-fait, on n'a rien à rifquer de la vapeur : quand il s'éteint , il ne faut point entrer dans la cave; & il faut fe conduire de la manière qui fuit. On prend une botte de paille que l'on meta la porte de la cave ou fur les marches de l'efcalier : on y met le feu ; cette paille embrafée fert de ventoufe , & attire avec force l'air extérieur , & le fait defcendre dans la cave : on a en même temps foin d'ouvrir le foupirail de la cave , afin de donner à l'air un libre cours ; après quoi , on jette encore du papier enflammé dans la cave , & l'on voit s'il fe confume ; finon on recommence encore la même chofe que ci-defrus , jufqu'à ce que l'air de la cave foie entièrement renouvelle. Par ce moyen , les boulangers éviteront les accidents fâcheux auxquels ils font tous les jours expofés. MAI 9j Maladies des BrajfeurSè Tout le monde fait que les liqueurs qui fermentent, comme le vin , l;i bière ; le cidre , dccruircnt en partie i'clafh-ite' de i'iir , &: répandent une odeur très-malfaifante : l'orge & le houblon , lorfqu'ils font pre'parés pour faire la bicre, fe trouvent en e'tat , par leur vapeur , de nuire cxtrémenicnt aux perfonnes qui eritreroient imprudemment dans les celliers. Ce qu'on peut confeiller de meilleur à c«s fortes de gens, c'eit d'ouvrir de temps en temps les portes du cellier, & de les pratiquer de façon qu'il puiiïe y avoir un courant d'air , pour éviter ces fortes d'accidentr. Les braUeurs auront foin de plus de fe frotter les narines avec du vinaigre des quatre voleurs, ducafioréumoudel'efprit de fcl ammoniac , avant de defcendre dans leur cellier. Les autres maladies auxquelles font fujcts les braffeurs , font les ivre Tes , les maux de cœur ^ les aigreurs, occafionnées par l'ufagc qu'ils font de la bière nouvelle. Pour (fviter ces maux , ils doivent n'en boire que fobrement, ou coupe'e avec de l'eau; f 36 MAL Les autres maladies des cabaretiers viennent de l'alte'ration qu'ils donnent à leur vin , quand ils font accommode's avec la li charge , la ce'rufe , ou avec les eaux-de-vie , la fiente de pigeon , ce qui donne la colique des peintres ou àcs plombiers. Il eft vrai que les cabaretiers , qui font ces fortes de manœuvres criminelles , ont grand foin de ne point s'y expofer eux-mêmes ; mais , quand cela leur arrive par me'garde , le traitement n'elt poin*- différent de celui que nous avons indique' à l'article Colique des Peintres. Maladies des Canonniers. Les canonniefs , ou ceux qui forgent \ts canons & les battent , font à peu près dans le cas des chauderonniers : le bruit continuel qu'ils font, excite fur eux des impreffions fi vives , qu'il dérange chez eux l'organe de l'ouïe, & qu'il les rend fourds de très-bonne heure; joint à ce qu'il s'e'leve des parties me'talliques qui voltigent dans l'air qu'ils refpirent , & qui leur occafionnent èit'i afthmes, des tremblements, des e'touffements , des coliques. On peut fuivre le même traitement que pour les maladies des chauderonniers. Ils auront feulement l'attention de garnir leurs oreilles d'un peu de coton f)Our brifer la force des fons ; & ils y infinueront tous es jours un peu d'huile de lis ou d'huile de laurier , pour donner un peu de force à la membrane du tambour , qui doit être fatigue'e par le bruit continuel, A l'e'gard des autres mialadies , elles n'exigent pas un traitement diffe'rent de celui que nous avons tracé dans le cours de cet ouvrage. Maladies des Carriers, Les ouvriers qui font obligés de travailler dans les carrières, èc qui refpirent un air lourd & çroflîer, qui n'eft point renouvelle, fontexpofésà des infirmités trèsdanj^ereufes. On doit fe repréfenter aifément le contraue qui doit arriver , quand , après avoir refpiré un air pur & ferein , on fe trouve tout d'un coup tranfporté dans un air fans refîbrt. Quelle différence de poids fur leur peau & fur leur corps ! Aulfi ces fortes d'outriers font-ils fujets aux aftlimes,à la cachexie; & ils MAL 37 périment ordinairement à quarante-cinq ou cinquante ans ; car on a remarqué , en ge'ne'ral , que ceux qui l'ont oblige'sde travailler ious terre pour y faire leur profelïïon, pe'rilfent de trè abonne heure. Pour pre'venir les maux dont ces pauvres gens font menacés , ils le muniront , en defccr.dant , d'un petit fachet pendu à leur cou , dans lequel on aura renfermé une goulle ou deux d ail , pilées avec un peu de camphre : ils fe frotteront encore le nez & les tempes avec un peu d'eau-de-vie camphrée, ou quelque vin aromatique. L'ufage du tabac en fumée , ou par le nez , eft encore un préfervatif fort utile dans ces lieux fouterreins. Si , en fortant , ils fe trouvoient mal , il faut au plutôt les mettre au lit , leur faire boire beaucoup d'eau bien chaude , ou d'infufion de petite fauge. On les frottera par tout le corps avec une ferviette ; on leur lavera les bras & les jambes avec du vin chaud ou quelque vin aromatique ; on leur appliquera des ventoufes feches ; &: , fi le cas le requiert , on en viendra même à la faignée , en leur faifant avaler un gros de confedioa d'hyacinthe , avec vingt-quatre grains de poudre de la Comtelfe , dans iin verre d'eau de chardon-bénit. Au refte , ces ouvriers doivent prendre les mêmes précautions que nous avons confeillées aux braffcurs , aux boulangers, de jetter tous les matins de la paille enflammée , avant de defcendre , pour n'être point furpris de la vapeur qui s'exhale de cçs fouterreins. Ces fortes d'ouvriers font auiïi expofés à tous les maux qui viennent de la tranfpiration fupprimée , comme les rhumes , les catarrhes , les rhumatifmes : ces maladies n'exigent point un traitement différent de celui que nous avons tracé à chaque article en particulier. Maladies des Chandeliers. Ce métier , quoiqu'utile à la vie , eft fujet à bien des inconvénients , eu égard à la puanteur & à l'infedion qui l'accompagnent. La fonte des graifles ou la préparation des fuifs exalent une odeur qui porte au cœur. Les ouvriers qui travaillent manuellement la chandelle , font les premiers à en fouffrir , parce qu'ils ont à refpirer & à avaler ces vapeurs grades & animales qui C iij 38 M A L sVIevent des fuifs qui bouillent dans les vaifTcaux de cuivre ; c'efl: pourquoi ces ouvriers font fujets aux maux de cœur , aux vomilfements , aux pertes d'appétit , aux maux de ttte Se aux oppreflions. Les remèdes que l'on a trouve's contre les impreifion^; du luif, font les vomitifs préparas, fur-tout l'oximel fcillitiquc, fans pourtant donner l'exclufion a Vémétique , dont on peut aufli faire uJage , à la dofe de deux grains en lavage. On fera prendre enluite le fuc de'puré ce cerfeuil , de chicore'e fauvage , de mélifîë , par cuillere'es ; ou l'on fera avaler au malade un demi-gros de che'riaque avec le fuc d'une orange aigre. Les chandeliers auront l'attention de le frotter le nez & les temples , plufieurs fois par jour , avec du vinaigre ^es quarre voleurs , 6c de travailler leur fuif au grand air, Maladies des Charrons y Charpentiers & Mçnuijiers, Ces trois profelfions font analogues enfemble : aulfi font-elles expolées aux mcmes maux. Comme ces ouvriers font d.ns un travail continuel , & qu'ils font un grand ufage du rabot &: de la fcie , ils iont ordinaire-? ment maigres , fecs , fujets aux tremblements , aux clous ou panaris : la vapeur des bois qu'ils travaillent , qui font iouvent colore's, porte dans leurs poumons une difficulté de relpirer , 6c une gcne d^ns la circulation, Comme ils font prelque toujours dtbout, ils font expofés aux maux des jambes , aux erflures àes pieds & des parties inférieures ; les efforts conf dérable,' qu'ils font quelquefois, leur donnent des varices, des defcentes. Ces ouvriers doivent prendre à peu près les mcmes précautions que nous avons indiquées par-tout , t'eft-àdire, de rcjpirer , autant qu'ils peuvent , l'air libre , de ne point faire d'effort violent , d'éviter l'ufage de l'eaude-vie & des liqueurs fpiritueufcs. Leurs maladies, au yefte , le t|:a'tent à l'ordinaire. Maladies des Caauderonnirrs. Un autre métier de la cîafTe de ceux que l'on nomme Sédentaires , c'eft celui des chauderonniers , qui , étanj. tcxujours alfis dans leurs boutiques , battent continuelle. MAL 39 ment le cuivre avec un marteau , 6c font un bruit fi confidcrable , qu'il-v .s'étourdiiTcnt eux-mcmes, & deviennent fourds' : ce bruit continuel 8c trop violent fatigue les membranes du tympan , force le ton de fes fibre.? , & détruit fon e'iafticité. Il cfl: a'îcz difficile de reme'dier à cette maladie , parce qu'elle fc forme infenfiblcment , & qu'elle ne fe de'clare que dans un âge avance'. Un autre inconve'nient plus funeite , auquel ces ouvriers font fuicts , c'eft la vapeur du cuivre , qu'ils rcfpirent , qui , s'infinuant par les pores , par la refpiration ou par la bouche , pe'netre jufques dans les poumons & l'eflomac , ce qui leur donne des afthmes , des e'touffements , des toux feches. L'huile d'amandes douces , prifé par cuillerc'es, plufieurs fois par jour , l'orgeat , le lait d'amandes en boiffon , le lait, le petit-lait, foulagent ces malades ; mais , pour peu que leurs corps ou leurs tempe'raments foient enclins h la pulmonie , il faut abfolument qu'ils quittent le me'cier. On a obfbrvc'que ces forces d'ouvriers étoient fujets, dans leurs maladies aiguës , à avoir des tintements d'oleille , des bruifTements , quelquefois même des furdités Mais, comme ces maux prennent leur origine dans la iia' ture même de leur me'tier , on doit moins s'en effrayer Maladies des Chaux-Fourriers, La chaux peut occafionner de grands accidents à ceux qui la travaillent. Sa vertu defféchante va à un tel point fur les parties nerveufes , qu'elle donne des tremblements continuels à ces pauvres malheureux. Le poumon fe trouvant charge' de cette matière corrofive , l'afthme & la phtifie furviennent. Ces fortes d'ouvriers ne peuvent rien faire de mieux que de s'humeéler la poitrine avec de la tifane de guimauve , ou de l'eau de fleurs de ";uimauve avec lefirop de violette. Ils peuvent aulfi faire ulage , le matin , d'un verre de lait de vache, noye'dans beaucoup d'eau. Le beurre frais, le matin , étendu fur le pain , leur ell: encore très-utile, TI faut cjue ces ouvriers prennent foin de ne point s'expofcr à l'air froid , en fortant de leur four , de ne pomt trop refpirer la vapeur de la chaux , & de pren'dre l'air de temps en temps, C iv 40 MAL Maladies des Çopijfes. Les copiftes des manufcrits , qui paffent leur \ic à de'chiffrer de vieilles e'critures , ôc qui lifent habituellement d'anciens manufcrits, font cxpofés à perdre la vue, par la violente contenfion où fe trouve jour & nuit les fibres & les membranes des yeux. Ils font aufli expofe's aux catarades. Ces fortes de maladies font prefqu'incurables. Ils peuvent feulement avoir l'attention de ne point trop fe fatiguer , de faire ufagc, de bonne heure , de lunettes qui confervent , de fe frotter les yeux , foir ôc matin, avec de l'eau d'euphraife , ou avec de l'eau Se quelques gouttes d'eau-de-vie. Ces fortes de perfonnes doivent mr-tout éviter de travailler à la lumière ; ou , s'ils font oblige's de le faire, il faut qu'ils fe fervent d'un de'fenfifde taffetas vcrd , qui brife les rayons de la lumière , ôc les empêche de porter une impreffion direde fur les yeux. Les copiftes font encore çxpofe's à une autre maladie; c'eft la paralyfie du bras, & les tremblements dans les mains : la grande habitude dans laquelle ils fe trouvent M AL 41 fouliers , les rend fufccptibles des maux auxquels font cxpofcs les peintres 45. ^ M A L épic^es , qu'ils aflaifonnent leurs nourritures avec du vinaigre, & qu'ils prennent pour boifTon une chopine d'eau dans laquelle ils verferont la moitié d'un verre d'eau-de-vie. Maladies des Couteliers. Les couteliers ont des maladies qui de'pcndent de la profeflion qu'ils exercent ; les uns étant courbés & étendus au deflus de la pierre àrepalTer , les autres tournant une roue avec rapidité, ce qui donne aux uns des douleurs dans les bras &: dans les jambes, les expofe aux tremblements & aux paralyfies, &:aux autres , des maux d'eftomac , des difficultés de refpirer , des afthmes , des maux de reins & de dos, joint à ce qu'ils rcfpirent un air chaud auprès de leur forge , & qu'ils font renfermés dans un lieu où l'air , pour l'ordinaire , n'a point d'iffue. En général , on doit leur confeillcr d'éviter de refter trop long-temps dans la même poiture , de varier leurs travaux , tantôt tourner la roue , tantôt raffiner le fer, & ceflcr leur ouvrage , quand ils fentent quelque difpofition à leur maladie. Maladies des Crocheteiirs. Les fardeaux continuels que portent les crocheteurs , les efforts continuels qu'ils font, l'étrange violence qu'éprouvent toutes les parties , expofent le corps de ces pauvres malheureux à périr à chaque inftant. Les véfîcules du pouman , enflées par beaucoup d'air, lorfqu'ils veulent élever quelque fardeau confidérablc , joint à la fatigue continuelle qu'éprouve la poitrine qui efl tirée en arrière par les fangles àts crochets , les rend fujets aux crachements de fang. La ridicule vanité où ils font de faire parade de leurs forces dans des occafions où il efl: inutile de le faire , les expofe à àts efîbrts violents où ils peuvent fe brifer quelques vaiifeaux , fe rompre les anneaux du bas-ventre, 1\I A L 43 charî^e.s , fait que IVpine fe voûte & fe courbe. Le reincde a cet inconve'nient ne poarroit être que de prendre les précautions nccciraire 44 MAL toux, de.ç crachements de fiing continuels. A l'e'g^rd dis> autres qui ne difiillent que des plantes dans Teau-de-vie , ils rifquent beaucoup moins : cependant ils font expofés à des ivreîTes, à des etourdiflements, des e'hlouiflemcnts qui leur durent quelquefois pendant des mois entiers. Ce qu'on peut leur confeiller de mieux , c'clt, pendant qu'ils travaillent à diihller les eaux-de-vie , de fe priver de boire du vin , dans le temps qu'ilsfont à entonner le vin ou l'cau-de-vie , de de'tourner leur vifage , Se d'avoir foin de fc laver , de temps en temps , avec l'eau froide : enfin ils feront bien de fortir quelquefois des lieux où fe pafïent leurs ope'rations , afin de changer l'impreflion de ce manvais air. Ils refpireront de l'efprit de fel ammoniac , ils fe frotteront les narines Se les mains de vinaigre, & ils boiront de temps en temps un peu d'oxycrat. Les chymiftes font fujets de plus aux coliques , aux afthmes , aux piffements de fang , aux convulfions. Ils deviennent tremblants , chafTieu^x , afthmatiques & fans dents , tout ce mal étant caufé par la force de l'imprelTion des vapeurs ou fume'es me'taljiques. L'ufage de l'huile d'amandes douces, prife foir& matin ,1e lait de vache ou d'ârnefTe, continue' pendant long-temps, les bouillons faits avec le veau & les choux rouges, font très-efficaces dans ces maladies. Maladies des Ecrivains. Les écrivains de profelfion , qui gagnent leur vie à écrire & à copier fans ccfTe des manufcrits ou femblables ouvrages , fouvent mal écrits ou griffonnés , font expofés à perdre la vue , parce que les fibres nerveuf&s des yeux fe trouvant fatiguées par la lefture continuelle, perdent leur refTort 8c s'afFoiblilTent. Ils font également fujets à la paralyfic. Voyei ce que nous avons dit ci" dejjus dans les Maladii-s des Copistes. Maladies des Etuviftes, Ils font , ainfi que les bai.^ncurs, expofés à pafTer d'un air chaud dans un air froid ; & par conféquent , les maux qu'ils ont à redouter , viennent de la fupprelfion de la tranfpiration, Voye^ ce que nous avons dit aux Maladies des Baigneurs. / M AL 45 Maladies des Fondeurs. Les exhalaifons & les fumées qui s'e'levent des matières tjue rravaillent les fondeurs , empoifonnent leurs maifons et les rempliifent d'une vapeur très-nuifible : czs parties métalliques, partant par la refpiration , coagulent le fang , en arrêtent le mouvement , produifent des étouffements , des afthmes , des difficulte's de refpirer ; circulant enfuite avec le fang , elles caufent des coliques , des lalfitudes , des maux de tête , & des irritations nerveufes : tels font les fondeurs de cloches , de canons & de caradcres. Ils font auffi fujets à Tapoplexie , &: font ordinairement poulfifs. Lqs remèdes , en général , confident à refpirer un air pur , à éviter, autant qu'il eft polfible , ces vapeurs empoifonnées , à laiffer les fonderies toujours ouvertes , à Jeur donner de temps en temps de l'huile d'amandes douces , l'eau de guimauve , les adoucillimts , \qs bouillons au mou de veau & aux choux. A l'égard de leurs coliques , cccafjonnées par la préfence des parties métalliques qu'ils refpirent , on les traite comme la colique des peintres. Maladies des Foulons» Ce n'eft pas dans l'eau que les foulons fe mettent pour fouler les laines &: les draps , mais dans l'urine croupie & puante , dans laquelle ils font à demi nus , dans des endroits bien fermés. Un tel bain pour les pieds & les mains , àts exhalaifons aulTi infeftes que celles qui s'élèvent d'une pareille urine , les craffes huileufes des draps & des lames , qui vont frapper les narines , qui fe refpirent , & qui fe répandent fur l'habitude du corps de ces ouvriers prefque nus , font des fources de maladies prefque continuelles. Ainfi ces ouvriers font fujets aux influences de la tranfpiration fupprimée , aux démangeaifons & âcretés fur la peau , aux bouffifures , aux enflures des jambes & des pieds , aux maux de tête , de cœur & d'cftomac. Les précautions qu'ils doivent prendre confiilent a. laiffer l'endroit où ils travaillent toujours ouvert , à fe laver le corps, foir & matin , avec de l'eau fraîche , à refpirer du vinaigre , de l'efprit de fel ammoniac , plu  a6 ^ Mal heurs fois par jour , de à prendre l'air le plus qu'ils pourront , les jour.s qu'ils n'auront rien à faire. Maladies des Fourbijfeurs. Tous les ouvriers qui travaillent à fourbir" le fer Se le cuivre qui encrent dans les épc'es , refpircnt continuellement la matière qui fort de ces me'taux : aulfi pour l'ordinaire font-ils maigres & dc'charnés, cxpofe's à des mouvements de fièvre, à des ctachcments de fing , à des difficultc's de refpircr. La néceffirc dans laquelle ils font de remuer les bras pour limer différentes matières , leur donne des lalfitudes dans îe^ membres , des courbatures , des tremblements, des calus dans les mains ,& des difpofitions à la paralyfie. Ces ouvriers doivent éviter de refpirerla vapeur qui vient des me'raux qu'ils travaillent , en mettant devant eux quelque chofe capable d'en de'rourner la dircûion, A l'égard de leurs maladies , il en cft à peu près de même qne des autres états de la vie. Maladies des Graveurs^ Les graveurs, qui travaillent au burin ou à Teauforte, ont aulfi leurs maladies. Ceux qui s'exercent fur le cuivre, refpirent continuellement cette vapeur ; ce qui doit leur donner des picottements , des irritations à la poitrine , des toux , des crachements de fang , des difficultés de refpirer. AufFi font-ils ordinairement maigres & décharnés. La vie fédentaire qu'ils mènent les expofe aux maux d'eftomac , au dégoût, au défaut d'appétit, aux boutons , aux dartres Se à toutes les maladies qui viennent de la mauvaife digefdon êc de l'âcreté du fang. Ils remédieront à ces différents accidents, en prenant de l'exercice, en tâchant de ne point refpirer les vapeurs du cuivre ni de l'eau-forte, en faifantufage du lait coupé, ou de quelqu'eau de guimauve , comme nous l'avons dit cideffus. Maladies des Jardiniers* Voye^ cet article dans Us Maladies des Bateliers. M AL 47 Maladies des Imprimeurst Il eft encore une autre profelfion dans laquelle il y a des ouvriers allis habituellement, pendant que d'autres font debout ; ce font les imprimeurs , dont les uns e'tanc à la compofition, & les autres à la prefle , font prefque toujoLTs dans la mcme pofition. Ceux qui font à la caiîc , deviennent expofe's à des maux d'yeux , fur-tout à des cataractes : on voit la caufe de ces inlîrmite's dans la nccelfité où font les compofitcurs à l'imprimerie d'avoir toujours les yeux fixe's fur les caraderes noirs qu'ils ont à diltribuer ou à compofer. Cette couleur noire appefantit la vue , & trouble l'imagination dans ces ouvriers , de telle manière que ces caraderes leur demeurent préfents , & même fous leurs yeux , lorfqu'ils dorment. L'effort que fouffre la prunelle de l'œil , pendant que la vue elî: fi long-temps fixe'e, occafionne une c'trange altération dans les fibres dont font compofc's les membranes des yeux. Les ouvriers , qui font à la preffe , finirent ordinairement par des tremblements dans les membres , des efforts , des dcfcentes , des hydropifîes & des ulcères aux jambes. Quoi qu'il en foit , les maladies de ces deux fortes d'ouvriers ne viennent que des folides ; aufïi font-elles difficiles à guérir : il feroit à fouhaiter pour leur fanté , qu'ils travaillafTent alternativement à la preffe & à la cafTe ; ils remédieroient à une partie des maux auxquels ils font expofés. Au rcfte , les compofiteurs peuvent fe fervir de lunettes, ou de conferves, pour fe préferver les yeux; quand ils fe fentent la vue fiitiguée , ils doivent relier un inftant les yeux en l'air , pour les détourner de delTus le même objet : ils peuvent auffi frotter leurs yeux , foir & matin , avec de l'eau d'euphraile , ou avec de l'eau Se quelques gouttes d'eau-de-vie. Les preffiers doivent fe frotter , foir & matin , les bras avec de l'huile d'olive, éviter les débauches de vin, parce qu'elles leur font très-funeiles , Se ne point s'excéder de fatigue , en travaillant forcément un jour , pour réparer le temps qu'ils ont perdu. 48 M A L Maladies des Lavandières» Nous avons déjà dit qu'elles étoicnt fujettes aux pâJes couleurs , aux luppreliions , &:c; Voyei Maladies Dts BlANCIllSS£USESi Maladies des Lcjjlveiifesi Nous avons renfermé dans le mcme chapitre les maladies des bianchifleufes , des lavandières & des lefTiveufes; Koyej Mai ADiES des BLA^•CHISSEUSES. Maladies des Maquignons , PoJIillons & Couriersi Ceux qui mentent habituellement à cheval , comme les maquignons ou les poflillons, qui courent la polte jour & nuit, ont àts maladies qui font manifeftement & originairement les effets des états violents dans lelquels ils mettent les mufcles de leur corps pendant toute leur vie; cequilesrend fujets àdespiffements de fang, aux hémorrhoïdes, aux rhagades , aux fies, aux ulcères variqueux'^ aux maux de reins & de velfie , au crachement de fang. La contrainte perpétuelle & les états forcés dans lefj quels ces fortes de gens fe trouvent ; les différentes attitudes qu'ils font obligés de prendre pour fe tenir fur leurs chevaux , tendent tous les mufcles & tous les nerfs du corps , irritent vivement le fang & les humeurs , & expofent csi fortes de gens aux ruptures de vaifî'eaux , qui les font quelquefois périr fulMtement. Il faut que ces fortes de gens évitent , autant qu'ils peuvent , de courir la pofle ou de monter à cheval dans les grandes chaleurs ; & , quand ils font obligés de le faire , il faut qu'ils évitent le vin pur 8c l'eau-de-vie -, ils peuvent feulement faire ufage d'un demi-verre d'eau-devie dans une chopine d'eau , ou d'autant de vinaigre dans la même quantité d'eau. Au refte , ils pourront faire ufage , à l'intérieur , de l'huile d'amandes douces , de l'eau d'orgeat &: d'une décoction de racines de guimauve , & obferver un régime doux , en évitant les chairs falées j l'épicerie , & les aliments de mauvaife digeftion. Maladleâ MAL 49 Maladies des Marhriers , des Statuaires & dei Tailleurs de pierres. Les ouvriers qui ont \ tailler des pierres ou le marbre , doivent fe garder d'une poudre fine & impalpable, qui fe de'tache de ccv fortes de matériaux ; de manière que , fans qu'ils y penfent , il s'en forme des efpeces de graviers dans le poumon , dans l'eftomac & ailleurs : delà nai (lent des concrc'tions pierreufes^ qui bouciient & obftruent les canaux du fang , &: gênent la circulation ; ce qui donne des mal-aifes , des diiTiculte's de refpirer , des crachements de fang , & autres maux de cette nature. On ne fauroit trop recom.mander à ces ouvriers de boire alfidument de l'eau chaude , pendant leur travail, & même de fe mettre dans l'habitude de prendre un demi-gros de calfe cuite avant leurs repas , ou bien d'avaler de temps en temps de l'huile d'amandeS» douces , pour empêcher que cette poudre ne s'amoncclc dans l'eliomac , &: pour l'entraîner par Ita felles. Les ftatuaires, qui emploient le plâtre à faire leurs ftatues, ont quelque chofe de femblable à appréhender i car il s'élève continuellement du plâtre qu'ils mettent en œuvre, une poudre fine qu'ils refpirent , laquelle endommage leur poumon : ainfi ils ont befoiii des mêmes précautions que les marbriers & les tailleurs de pierres. Maladies des Meuniers. Les maladies des Meuniers refTemblent bien plus à celles des boulangers , depuis que l'on a inventé les moulins à vent & les moulins à eau ; ils font conti-: nuellement parmi la farine qu'ils refpirent, & qui charge leur poumon. Etant expofés de plus à porter de pefants facs de bled , ils font toujours à la veille d'avoir des defcentes. Pour y obvier , ils feront trèsbien de porter continuellement des ceintures ou des fangles très-larges, qui , les ferrant de bas en haut, leur affermiront les entrailles dans leur fituation naturelle,* Si , nonobftant cette précaution , il leur furvient quelque defcente , il leur eft de la dernière importance de ne jamais aller fans bandage , pour ne point s'expofer D. de Santé T, II, D 50 MAL à erre furprispar quelque lubit e'trangJemcnt: de boyaux, qui ne manqueroir pas de leur arriver, à caufe des efforts trop fre'quents qu'ils font en portant des facs de bled. Une autre remarque , c'eft que fouvent ils deviennent fourds , parce qu'ils ont à entendre jour & nuit le bruit des eaux & des meules de leurs moulins: on leur confeille de tenir du coton dans leurs oreilles , autant qu'ils le pourront. 11 eft encore une obfervation affez finguliere au fujet des meuniers & des boulangers ; c'eft qiie les uns & les autres font fort fujets à avoir des poux : la poulfiere de farine dont ils font couverts , en eft la caufc , & le peu de propreté de ces ouvriers y contribue. Maladies des Ouvriers fédentaires. Les arts fédentaires tiennent de bien près à ceux oii les artifans font contraints d'être debout. Les ouvriers qui exercent certaines profelFions , font obligés d'être tout à la fois debout , & , en quelque façon , affis : tels font les artifans qui travaillent aux draps , aux tapifteries , aux bouracans. Plufieurs d'entr'eux font obligés, dans leurs maladies, d'avoir recours aux charités de paroiffe , comme des gens totalement épuifés. On doit faire attention que la violence qu'il faut que ces artifans fe faflent pour tendre les jambes & les cuifles , avant de fe tenir fermes fur le fiege fur lequel pofe leur corps , leur attire les maux dont il a été fait mention à l'occafion des maladies de ceux qui travaillent debout ; mais les ouvriers , dont il eft ici queftion , ont de plus à fouffrir de grandes lalfitudes dans les bras, dans le dos & dans les jambes : ces laifitudes font bien différentes de celles qu'on appellent lajfitudes fpontanées ; car celles-ci viennent de l'épaiffilTement àts liquides , & les autres de l'effort des folides. Les fabricants de drap ou de fergefe préfentent abattus de lalTitude, de maux de pieds ou de jambes -, d'autres d'entr'eux ont mal aux yeux , parce que le duvet qui s'élève de la laine qu'ils emploient, & la vapeur de l'huile qui eft dans ces laines , leur enflamment les yeux. Une autre forte d'ouvriers, qui achèvent de façonner les draps, font les tondeurs qui coctradent, parce qu'ils MAL ... ^* font debout , les maî^-dies propres aux artifarts qui gardent Cette fituation ; & en même temps le poids des cifeaux avec refquels ils tondent les draps , les laide dans l'e'tat violent que foufti-ent leurs bras & leurs mains. Tous ces ouvriers ont befoin de fe rcpofer un oit deux jours de la fcmaine, ou de ne travailler que fix ou fept heures par jour; autrement ils rifquent dépérir tres-jeunes. Les faignées font contraires à toutes ces fortes d'ouvriers ; les aliments nourriflants , les crèmes de riz leur conviennent ; &: ils peuvent prendre aulft de l'huile d'amande > douces, des tifanes de guimauve, de graine de lin, & c'viter fur-tout les liqueurs & les de'bauches qui leur font extrêmement funeftes. Maladies des Pécheurs, tes pécheurs foit fuiets aux maladies occafionnées par la fup^relTion de la tranfpiration , ainfi que les bateliers, yoye^ Maladies des Bateliers. Maladies des Peintres & des Broyeurs de couleurs. La plupart des peintres font obligés de faire euxmêmes la pre'paration & le mélange de leurs couleurs ; & , comme il y entre fouvent du mercure , de la litharge , de la ce'rufc , de l'orpiment , & d'autres préparations me'talliques auffi dangereuîes , il n'eft pas étonnant qu'ils foient expofés à à^s maux de cœur continuels , à des douleurs d'eftomac & ?i des coliques vio-» lentes. Les parties métalliques , qui font dans les couleurs qu'ils broient ou qu'ils manient, s'infmuent à travers les vaiifeaux abforbants , par le moyen de la refpiration , & caufent , par-tout où elles s'attachent , des: douleurs très-vives , des picotements à la poitrine , des toux, des crachements de fang ; mais ce qu'il y a de particulier, c'efl: que leur ficge principal eft prefque toujours dans le ventre : auîTi voit-on les peintres, \ts broyeurs de couleurs, ceux qui préparent les talons pour femmes , & généralement tous ceux qui emploient les métaux avec les couleurs , porter un vifage pâle & défiguré , un corps itc & décharné, le dos toujours courbe, pour dimi" nuer en partie les douleurs du ventre. Dij 5a MAL La faign^e eft regardée , dans ces maladies , comme inutile ou pernicieufe ; les douleurs , qui s'excitent dans le corps , ne font point inflammatoires , comme on pourroit le l'imaginer ; & les boiilbns délayantes & ratVaichirantes ne t'ont qu'augmenter la difficulté' qu'il y a de de'barrafler les inteltins de ces parties aftives qui y font engagées. Voici le traitement qu'on peut fuivre. On donnera d'abord un lavement compolé de feuilles de pariétaire, de mauve , de guimauve , avec fuffifante quantité d'huile, pour laver les entrailles, & entraîner les excréments , qui pourroient y ctre engagés ; après quoi, on donnera le lavement fuivant : Prenez , Une pomme de Coloquinte , que vous ferez bouillir avec une ciîopine d'eau. Ajoutez-y enfuite De D'apk'Pnic y une once. De Crvfial minéral , deux gros, PafTez le tout pour un lavement. On répète ce lavement quatre ou cinq jours de fuite , jufqu'à ce que les dou'eurs foient un peu calmées ; après quoi , on fera prendre au malade quatre grains d'émétique en lavage. Chaque foir où l'on prefcrira des lavements purgatifs ou de l'émétique , on donnera au malade un demigros de thériaque , pour calmer les efforts des muscles & des vifcere*:. On répète l'ufage des lavements & du vomitif, jufqu'à ce que les douleurs foient totalement ceflees. On finira par prendre la tifane fuivante : Prenez , De Squine , demi-once. De Séné , deux gros. Faites bouillir dans cinq demi-feptiers d'eau réduits a chcpine ; faites infufer enfuite deux gros de cannelle^ on en boira une pinte par jour. Ces fortes de coliques font fujettesà dégénérer en paralyfie. Voyei Colique des Peintres. Maladies des Perruquiers. Les perruquiers font fujets aux maladies occafionnécs par la poudre qu'ils refpirent continuellement , & par la mal-propreté dans laquelle ils vivent j cette MAL 53 poufTicrc extrêmement fine , dans laquelle ils font , paffant par la rclpiration , gêne les conduits des poumons, ôz peut à la longue les obftruer ; ce qui leur 54 M A r. apartemcnts nouvellement conftruits; joint à ce que^ le plâtre a la vertu de fe gonfler , comme on le voit aux bâtiments ; ce qui fait que les vaifieaux du poumon doivent être dilkndus , tandis que les tuyaux nerveux font comprime's , & que la circulation des cfprits fe trouve î.rrctce , ou du moins extrêmement génc'e. Aulfi les plâtriers deviennent-ils afthmatiqncs , cache£liques , & enfn meurent mifêrablement. Quelques-uns confeiilent de faire ufage , dans cette profeilion , d'une de'coclion de cendre de farment , comme un pre'fervatif contre les effets du plâtre. Çc qu'on peut faire de mieux , c'eit de laver beaucoup fon lang , de ne jamais boire ni eau-de-vie ni vin pur; de faire ufage de quelques cuillerées d'huile d'amandes douces tous les matins, pour ttnir le ventre libre , & 4 une tifane de guimauve , pour adoucir les entrailles & les endroits où le plâtre fe trouve engagé. Le lait de vache , noyé dans beaucoup d'eau , eft aulfi un remède qui leuf convient très-fort. Maladies des Plombiers , des Potiers d'Etain o" de Terre, Ce font à peu près les mêmes vapeurs , les exhalaifons ou fumées métalliques , foit mercurielles , vitrioliques ou nitreufes, qui , s'élevant des matières que travaillent ces ouvriers , leur occafionnent leurs maux. La chaleur du feu continuel , où ils fe trouvent , jointe aux parties mal-faifantes qui fe détachent des métaux, leur donnent les coliques que nous avons décrites "à l'article Maladies des Peintres , & les font tomber dans des paralyfies qui les tiennent eftropiés pour le refce de leur vie : ils deviennent bouffis, & cachediques. Une autre maladie qui prend aux potiers de terre & d'étain , ce font des vertiges qui attaquent allez fouvent ceux qui travaillent à la roue. Ces efpeces d'étourdiffements font ordinairement fuivis d'afFedions épileptiques , quelquefois même d'apoplexie. Les coliques & les tranchées de ces ouvriers fe traitent comme la colique ûqs peintres. A l'égard des vertiges , comme ils font également produits par cts partif^ métalliques , les faignéçs y font totalement inuti-; MAL 55 les : il vaur mieux avoif recours aux lavements purgatifs , aux e'me'nques , & entretenir un écoulement par le ventre , pour dégager ces matières qui fe font porte'es dans leur cerveau. Maladies des Poijfonniers. La puanteur horrible , qui accompagne ces états , rend ceux qui les font , fufceptiblcs des impreiïions mal-faines qui s'exhalent de la viande pourrie qu'ils remuent tous les jours. Cette matière putrefcible , mêlée avec leur fi\ng , les difpofe à la putréfadion , aux maladies gangréneufes , à la diffblution. La partie huileufe de ces poifTons , qui s'exhale , s'attache fur la peau, la pique , l'irrite , & produit des boutons, des demangeaifons , des âcretés. Ces fortes de gens doivent affaifonner tous leurs aliments avec du vinaigre , boire beaucoup de limonnade , mâcher quelquefois des écorces de citron , fe laver deux fois par jour le vifage & les mains avec de l'eau fraîche , éviter de mettre le nez fur les baquets , dans lefquels fe trouve leur poiflbn corrompu , tâcher de donner de l'air aux endroits qu'ils habitent , & refpirer un air pur , en fe promenant les jours où ils auront la liberté de le fciire. Maladies des Porteurs de chaifes. Les porteurs de chaifes font un autre genre d'hommes que le poids de leur profeffion accable : chez eux ce font principalement les poumons qui ont à fouffrir, parce que l'art de porter plus légèrement la chaife , confiftant à tenir , le plus qu'il eft polîible , le corps ou l'épine du dos dans fa ligne naturelle de diredion , les poumons des porteurs de chaifes , qui ont à fe dilater louvent par leur travail , ne le font qu'avec peine , parce que ce vifcere trouve d'autant moins d'efpace dans la poitrine , que le corps fe conferve plus droit; les maux de poitrine , les opprelfions , les maux de côtés , & les crachements de fang , qui prennent fi fouvent aux porteurs de chaifes , n'ont point d'autre caufe que l'embarras dans lequel tombe la circulation du fang dans les poumons de ces pauvres gens, & dans les D iv $8 MAI inufcles de la refpiration ou de la poitrine. Que fi l'on ajoute à ces inconvénients l'habitude où font les porteurs de chaifes de s'enivrer de vin & d'eau-de-vie, l'on faura la raifon pourquoi le fan|j fouffrant par h turgefcence , ou trop rare'fié, paflè alors difficilement par le poumon. Le comble du mal , c'eft lorfque la chaleur, ou la foif extrême , les oblige à boire de l'eau froide; car, le fang n'ayant jamais plus de difpofition h s'c'paiffir par l'adion du froid , que quand il cft bien e'chauffë, faut-il s'e'tonner fi les fluxions de poitrine , dont font «ffede's les porteurs de chaifes , font accompagnées de fièvres fi aiguës , & les mettent bientôt au tombeau ? Les fairaées multipliées conviennent dans ces fortes de maladies -, car comme ces hommes font plus forts oue les autres, que leurs maladies font plus aiguës, ils hjpportent auiïi plus aifément la perte de leur fang. II faut pourtant obferver de ne pas trop les noyer dé boilfons ni de lavem.ents , parce que ces fortes de gens font accoutumés à boire de Teau-de-vie ; ce qui jetteroit leurs fibres dans un relâchement &' une foibleffe confidérable. Les premiers jours de leur maladie , on leur donnera pour boi'ron de l'eau dans laquelle on jettera une cuillerée ou deux de vinaigre ; & par la fuite on leur permettra une boiilbn faite avec quatre cuillerées d'eau-.-de-vie dans une chopine d'eau. Quand leurs maladies font occafionnées par un froid îbbit qui les a faifis , il ne faut point leur donner pour boilTon de vinaigre ni d'eau-de-vie , parce que ces liqueurs coaguleroient encore plus leur fang & s'oppoferoient à leur guérifon. Il vaut mieux leur faire une tifane de chiendent , de réglille & de bourrache. Maladies des Porteurs d'eau. Les porteurs d'eau font des porte-faix qui , en effet , font cxpofés aux mêmes maladies que les porteurs de chaifes ; mais deux circonflances aggravent les dangers ou les inconvénients de cette pénible profeffion ; l'un , c*efl qu'étant toujours dans le maniement de l'eau, .MAL 57 confîance regarde les femmes qui ne craignent pas de fc taire portcufes d'eau. Cependant , comme elles peuvent encore être en âge d'avoir des enfants , à combien de malheurs ne s'expolent-clles pas en portant de l'eau, dans le temps que peut-être elles commencent d'être grofles ? C'eft donc s'expofer à des faulfes-couches ou a des avortements. Quoi , en effet, déplus capable de pre'cipifer un accoucbement , que le poids d'une charge de deux féaux pleins d'eau, Icfquels dirigeant la ligne du centre de gravite' vers les parties baffes, occalionnent le re lâchement de ces parties , d'où s'enfuit la perte de l'enfant? Le remède à tous ces malheurs eft d'abord , pour les femmes , de quitter ce me'tier , quand elles font embarraffces , pour ne point s'expofer aux avortement.^. A l'e'gard des hommes 6z des filles, il convient qu'ils fe tiennent toujours couverts , du mieux qu'il leur eft poffible _, pour e'viter les imprelfions du froid & du chaud , les fuppreffions , la cachexie , la bouffiffure , la toux , les engelures , & ge'ne'ralement tous les maux qui viennent de la tranfpiration fupprime'e. Au refte , les maladies vives des porteurs d'eau font les mêmes que celles des porteurs de chaifes, & n'exigent point un traitement diffe'rent. Maladies des Pofîi lions. Ces fortes de gens font expofe's aux mêmes mala^ dies que les couriers & les maquignons, ainfi que les fiacres & les cochers. Ce font ordinairement des defcences occafionne'es par le cahot des voitures & du cheval , qui fe gue'riflent même très-difficilement , parce qu'elles fe font formées par un relâchement infenfiblc des anneaux des mufcles. Voye^ Descentes & Maladies DES Maquignons, JUaladies des Soldais. La vie militaire eft fujette à de grandes & fre'quentes incommoditt's , qui font inféparables de cet état : elles y font telles, que fouvent elles font de grands dégâts , fans épargner même les corps les plus robuftes. On a obfervé que les maladies qui régnent le plus comITiunément parmi les troupes , fcait les toux , les maux. 5« MAL de gorge ou angine , la pleureTie , la pe'ripneumonie , ]e rhumatifme , la fièvre intermittente , les fièvres intermittentes-printanicres & automnales , & la fièvre quarte. Les fbldats fiant fouvent attaque's delà jaunifle, de l'hydropifie , du vomiffement , du choîe'ra-morbus , des maux ve'ne'ricns, de la gale. Ils fiant aulîi fi-ijets à la diarrhée, à la dyfTenrerie, à avoir les inteftins enflamme's , à la phre'neTie , à l'he'morrhagie du nez , au fcorbut & aux vers. Chacune de ces maladies eft traite'e à fian article : ainfi il fi.iffit d'ajouter ici quelques obforvations, au moyen defiquelles on pourra pre'venir les maladies & conferver la fanté du foîdat, L'on n'ignore point que la guerre ne permet pas toujouts de fuivre à la lettre cç qu'on va dire -, mais il n'eft pas pour cela inutile de connoître ce qui eft le plus avantageux , afin qu'on puifle du moins s'en fisrvir, lorfique les circonftances le permettront. I. Le fialdat nouvellement enrôlé , & arraché tout-àcoup à fias parents , ne perd , pour ainfi dire , pas plutôt de vue le clocher de fian village , qu'il tombe dans la mélancolie -, & , laboureur robufte , il fiautient cependant à peine les fiitigues & les incommodités de la vie militaire. Il feroit à defirer qu'on put l'accoutumer peuà-peu à ce nouveau genre de vie ; mais , en attendant , rien n'eft mieux que de lui procurer tous les moyens qui peuvent le divertir & le diftraire. II. Les herbages, les légumes frais fiant pour le foldat une nourriture fiiine : les fruits mûrs lui font également bons , ils ne nuifent jamais que par l'abus que l'on en fait ; mais les fruits qui ne font point à leur maturité , & qui font âpres , font très-nuifibles. Au refte, l'ufage des mêmes légumes & des fruits garantit du fcorbut , & guérit même ceux qui eu font atteints. III. Il eft effentiel de faire choix de l'eau la plus pure qui fe puilfe trouver: on n'en trouve point d'abfolument pure ; mais on doit donner la préférence à celle qui a le moins de parties hétérogènes. Il eft , au furplus , très-aifé de diftinguer l'eau plus pure , d'avec celle qui l'eft moins, au moyen de l'huile de tartre par défaillance. En faifant tomber dans un verre cjuelques gouttes de cette huile, l'eau moins purç devient fur MAL 59 le champ trouble , tandis qu'il ne fc forme qu'un léger nuac;e dans celle qui eft plus pure. Si l'on fe fert d'eau de 1 ivierc , il faut ne la point puifer près des bords , l'eau du milieu e'tant toujours meilleure. On fe trouve quelquefois dans la trifte ne'ceffité de îî'avoir pour boiflbn que de mauvaifes eaux ; dans ce cas on les corrigera beaucoup , fi l'on y mêle une certaine quantité' de vinaigre. On peut, par exemple, en mêler fix onces dans trois pots d'eau : la boiflbn en devient même plus agre'ablc. L'on rendra aulfi l'eau beaucoup moins nuifible , en y mettant quelques rouelles de racines de la plante nommée calamus aromaticus : cette racine fe trouve par-tout , & principalement dans les endroits maréca-r geux , où d'ordinaire les eaux font les plus mauvaifes. IV. Il faut donner au foldat un bon habit , & qui le couvre bien ; que fes fouliers foient d'un cuir e'pais & fort , & que le fil dont ils font coufus foit bien enduit de poix : il fera même très-bien d'en enduire toutes les coutures du foulier ; cela empêche l'eau de pénétrer. V. On doit , autant qu'il eft poffible, choifir pour les camps un terrein fec. Celui qui paroît tel , ne l'eft quelquefois point du tout , parce que les eaux font à peu de diftance de la furface : il eft au refte fort facile de s'en inftruire , en creufant la terre ; &, fans qu'il en foit même befoin , on n'a fimplement qu'à examiner les puits à portée; àes villages. Si l'eau eft élevée dans ces puits , le terreiu eft humide : fi elle y eft bafie , le terrein eft fec, Il convient même d'éviter le voifinage d'épaifles forêts : elles empêchent le vent de pénétrer , & rendent dans leurs environs l'air humide & croupiffant. Si cependant la nécelfité oblige de camper dans un terrein humide , il faut alors changer plus fouvent que de coutume la paille des foldats. Quant aux officiers, ils fe trouveront très-bien d'une toile cirée , étendue aii ^cflbus de leur lit. Dans des temps de pluie, plusles tentes font tendues , moins elle y pénet/e : de petits fofles, creufés autour des tentes rendent aulfi moins humide l'endroit où le foldat couche , parce qu'ils recueillent l'eau qui tombe du ciel, yi, Lorfqu'une arnjiéc féjourne long-tenips dans le €o MAL mcme camp , les mauvaifev cxhalaifons de tant de corps occafionncnt toujours des maladies , à moins qu'il ne furvienne des vents forts & fréquents; & elles font furtout à craindre , fi l'on refpire un air chaud ôc humide. Les changements de camp contribuent donc à la fanté du foldat , fur-tout quand la dysenterie règne : il naît M AL 6t elles ne permettent point que l'on faffe faire aux malades beaucoup de mouvement :c'eft pourquoi il faut tâcher d'avoir des hôpitaux àporte'e , & û l'e'tat de la maladie le demande , faigner le malade , avant de le îranfporter , le retardement pouvant entraîner des fuites fâcheufes. Les fièvres intermittentes régnent aulfi quelquefois pendant cette faifon ; mais , toutes chofes e'gales , elles font moins opiniârres que celles qui régnent en automne. Au printemps , elles font prefque toujours tierces, ou quotidiennes , & rarement quartes , à moins que ce ne loit dans des fujets qui en ont e'té attaque's pendant l'hiver j ce qui , à proprement parler , n'efl: qu'une rechute. Maladies des Potiers d'étain & des Potiers de terre. Voyei Maladies des Plombiers. Maladies des Statua'res. Voyei Maladies des Marbriers. Maladies des Tailleurs d'habits. L'habitude dans laquelle font ces fortes d'ouvriers d'avoir toujours le dos courbé , les rend ordinairement bolfus. Ce font des afFedions qui d él UAL Faîtescuireletoutjurqu'àconlbmption desfierbes. Coulez enluitc , en exprimant. Dilfolvez dans l'exprelfion, De Baume du Pérou , une once. De l'Huile de Tétrolc , De Lr.vandc , de chacune deuxgros. Mêlez pour un baume , ou Uniment , dont il faut frotter l'épine du dos. Les tailleurs font fujets encore à avoir les jambes tories, par l'habitude qu'ils contraélent. de \ts avoir toujours croife'es : la circulation fe trouvant gtne'e & arréte'e par cette pofture finguliere , il en remlte des maux de jambes , des douleurs vagues dans les membres , des taches noirâtres & fcorbutiques , & quelquefois des bouffiiTures. Pour éviter ces inconvénients, il faut qu'ils exercent fouvent leurs jambes , qu'ils s'y falTent des fripions avec une flanelle ; &: , quand ils fentiront des engourdiffements dans les membres , il faut qu'ils fe remuent & quHls agitent leur corps , pour éviter que le fanp? ne s'accumule dans cette partie. Maladies des Tailtcurs de pierresi Voyei Maladies des Marbriers. Maladies des Tanneurs, Les tanneurs fon»- toujours fur les peaux des betei mortes , fur la chaux , Se femblables ingrédients qu'ils emploient pour habiller les cuirs. Leur manœuvre eft à peu près la même que celle des corroyeurs : ils foulent aux pieds ces cuirs qu'ils ont fait macérer dans l'eau remplie de chaux , de noix de galle & d'écorce de chêne , & enfin ils hs frottent Se inibibent de fuif. Il ft'eft pas étonnant, après cela , qu'ils foient fujets à avoir ie vifage bouffi Se cachedique , & qu'ils deviennent ordinairement poulfifs , parce que les odeurs qui fortent de ces travaux , font d'une infedion épouvantable. ■ Ces ouvriers doivent prendre les mêmes précautions que les corroyeurs, c'eft-à-dire , laver fouvent leurs boutiques, en y jettant de l'eau plufieurs fois par jour^ MAL 63 ouvrir les portes pour laiilbr toujours un libre courant d'air , & refpirer plufieurs fois par jour du vinaigre* Les autres maladies auxquelles font fujets les tanneurs , font toutes celles qui font produites par la fupprellion de tranfpiiation ; comme ils ont continuellement les mains & les pieds dans l'eau , ils font expofe's aux bouffifllires , aux œdèmes , aux boutons , âcrete's & demangeaifons, Voye\ ce que nous avons dit à ce fujct dans les Maladies des Bateliers. Maladies des Teinturiers. Les ouvriers qui font expofe's à manier l'eau continuellement pour leurs travaux , font fujets aux maladies occafionne'es par la fuppreffion de tranfpiration. Voye^ ce que nous avons dit à ce fujet à l'article Maladies DES Bateliers. Les teinturiers font encore ftijets à refpirer des odeurs fortes, fur-tout celles qui s'exhalent des difFe'rents mordants qu'ils emploient ; il faut qu'ils e'vitent de mettre le nez fur ces fortes d'odeurs ; qu'ils refpirent plufieurs fois par jour de l'eau thériacale ou du vinaigre des quatre voleurs ; qu'il fe donnent de l'air le plus qu'ils pourront. Ils ont aulfi quelques atteintes de colique des peintres. Voyei Coliques des Peintres» Maladies des Tijferands. Voyei Maladies des Ouvriers sédentaires. Maladies des Tondeurs de draps. Voyei Maladies des Ouvriers sédentaires. Maladies des Verriers & de ceisx qui travaillent aux Manufactures des glaces. La nécelTité où font cts fortes d'ouvriers d'être toujours dans une chaleur exceffive , ne leur donne qu'un air raréfié, extrém.ement chaud, qui deffeche tous leurs fucs , qui gène leur refpiration , empêche la liberté de la circulation dans les poumons , & produit des afthmes, des difficultés de refpirer , des crachements de fang, des maux de poitrine , des vertiges , des éblouiffements, quelquefois même des apoplexies. 64 . Ivî A L Le premier foin qu'ils doivent prendre , c'efi: d'e'vitef' foigneufement l'eau-de-vie ëc le vin : ce font des poifons pour eux. Ils peuvent faire ufage, tous les jours, d'eau de guimauve , pour laver continuellement leur fang , & le tenir dans un e'tat de fluidité': au refte , il faut qu'ils aient l'attention, de temps en temps, de fortir de la verrerie , pour refpirer l'air ôc pour rafraîchir leurs poumons. Les autres maladies qui tourmentent ces fortes d'ouvriers , font celles qui font occafionnces par la fuppreffion de la tranfpiration , comme les rhumes , la toux, les fluxions , les dyffenteries^ Comme ces hommes ont toujours fort chaud , & qu'ils font prefque tout nuds , ils courent rifque , en s'expofant à l'air, d'être faifis des maladies que nous venons d'indiquer : ainfi , il faut qu'ils aient l'attention de fe bien couvrir & de s'accoutumer par degrés à l'air froid. A l'égard de ceux qui travaillent aux manufadures de glaces , comme ils manient perpétuellement le mercure ^ ce métal volatil & fubtil s'infinue par la refpira-* tion, fe porte à la tête , & leur occafionne des éblouiffements ,des maux de tére, des vertiges, des tintements d'oreilles , des attaques de vapeurs, de tremblements , de paralyfie , d'épilepfie , &: généralement tous les maux qui viennentdel'aUération des nerfs: ils font également fujetS aux coliques des peintres , quand ce métal s'arrête dans le bas-ventre , & y occafionne des douleurs.Il faut fuivre dans toutes ces maladies le même traitement que dans celles des peintres. Maladies dei Vuidangeurs , Cureurs de puits & d'égouts. Les ouvriers qui travaillent à curer les égouts & les cloaques, & principalement ceux qui font établis pour nettoyer les latrines , méritent une attention particulière. En effet , ce feroit une injuflice bien criante, que de manquer d'égards pour des pauvres malheureux qui hafardent leur lanté & leur vie pour la commodité du genre humain. Les premières incommodités auxquelles ils font expofés , font des douleurs cuifantes qu'ils refTentent dans lés MAL ^ é$. hs veux ; ce qui va m:me quelquefois jufqu'à leur faire perdre hi vue. La vAoeur qui s'e'leve des ordures qu'ils nettoient , s'attache principalement à leurs yeux , fans jntdreiî'er aucunement le cerveau ni la poitrine. On doit recommander à ces fjrtes de gens de terminer leur befogne le plus vite qu'ils le pourront , de fe retirer enfuite dans un lieu obfcur , & de laver leurs yeux avec de l'eau tiède ou avec du lait ti'^de , & ils pourroîcnt faire ufage d'un collyre fait avec du vin blanc bien vieux j dans lequel on fait infufer une pince'e d'euphraife. Ils pourroient , avant de defcendre dans la foflè ^ fe frotter les paupières avec de la crème douce & bien nouvelle , afin d'cmoulfcr l'aflion mordicante des fels qui s'élcvent de ces fortes de vapeurs. Une autre maladie à laquelle font fujets ces ouvriers de baifes-œuvres ^ eft le plomb , dont les effets font terribles ; lorfque ces malheureux defccndent dans des latrines ou dans des puifards, dont les ventoufes n'ont pas é:é foigneufement tenues ouvertes , la lumière qu'ils portent toujours avec eux, pour s'e'clairer , enflamme cette vapeur qui les fufFoque dans l'inflant. Ceux qu'oti retire allez vite , échappent quelquefois à ce fa^-al accident ^ mais la brûlure univerfelle de leur peau leur fait: foufFrir des douleurs cruelles , & les prive fouvent de l'ufage de pîufieurs de leurs membres. Ces vapeurs agiffent quelquefois d'une façon plus lente , mais toujours e'gaiement funefte pour ces pauvre ^ ouvriers , en leur coupant peu-à-peu la rpfpiration , & leur appefantiffant la tête d'une manière infenfible, au point qu'ils tombent ^ comme s'ils e'.oient frappe's d'apoplexie. Il eft bien diScile de remédier aux accidents de ces vapeurs qui s'eaflamment avec explofion : la mort qu'elles caufent eftfubite, & comparable à celle de ceux qui font frappés du tonnerre. On a prefqué toujours trouvé leur poumon flétri, contus d': lacéré, avec épanchement ichoreux Se i^nguinolent dans la poitrine ; effet de la commotion fubite , & auquel il n'y a pas de remède. Ceux que Ton a tirés afTez-tôt pour les fauver de ce funefte accident, & qui ont eu le corps tout brûlé, avoient pour leur plus fâcheux fymptoms une grande n. de Santé T. IL ' E 66 MAL difficulté de refpirer , coirir.c s'ils eu/Tent été attaqués d'une pleuréfie fcche ; & il a fcillu les traiter en conféquence pour les réchapper : ce qui a le mieux réuffi , pour guérir leurs brûlures , a été l'onguent populéum , dans lequel on a préalablement fait bouillir une bonne quantité de la plante appeîlée ftramonium f'erax. Mais il y a un moyen trc^-fimple de prévenir ces accidents ; c'efl: de jetter dans la fofie ou dans le puifard quelques poignées de paille enflammée , avant que d'y defcendre ; c'eft le moyen d'épuifer cette vapeur qui fe dilFipe à mefure qu'elle s'enflamme , & qui ne ceiTe ordinairement de brûler , que lorfqu'elle eft entièrement confuraéc. 11 eft à remarquer que la plupart de ces vapeurs ne prenant feu que lorfqu'on leur préfente de la flamme , le charbon n'agilfant pas fur elles , on doit au moins Jaifîèr pafler vingt-quatre heures , avant que de defcendre dans le puits, & s'afTurer , en répétant l'expérience , s'il ne s'eft pas reproduit de nouvelles vapeurs. Avec cette précaution , on n'aura rien à craindre de ces terribles effets. On préviendra d'une manière toute aufli fimple les effets de l'autre efpece de vapeurs , qui fuffbaue d'une manière infcn^ble ; elles ont cette propriété que la flamme s'y éteint, àhs qu'elle y eft expofée quelques fécondes , comm.e elle fait dans la machine pneumatique , où on ôtc l'air qui l'environne : c'eft pourquoi il eft à propos , avant que de defcendre dans ces fortes d'endroits , d'éprouver , par le moyen d'une chandelle attachée au haut d'une corde , s'il n'y a point quelques vapeurs de cette nature. L'ouvrier ne riiqueroit rien , s'il avoit la précaution , lorfque fa chandelle commence à moins éclairer , de retourner fur fes pas : il ne faut pas de lampe à l'huile pour ces efpeces de travaux ; la flamme ne s'éteint , pour ainfi dire, qu'avec la vie du conduifleur. Lors donc qu'il eft impoifible d'habiter dans ces fouterreins , il faut tâcher d'établir une circulation d'air ; ce que l'on obtient , en laidant defcendre jufques vers la moitié de la foflTe un grand réchaud plein de feu , le renouvellant quand il s'éteint, & continuant ainli jufqu'à ce que la vapeur fait entièrement fortie. MAL ^7 Mais s'il arrive qae , faute de ces précautions , quelque pauvre ouvrier fe trouve dans VeÇ^^ce d'apoplexie caufe'e par ces vapeurs, le mal n'elt pas ablolument fans remède. On aura d'abord recours aux fripions des hrc.s , des jambes & de toutes les parties du corps , pour tâcher d'y ranimer la circulation interrompue , Se entretenir la chaleur & la fluidité' du fang : on excitera principalement les organes de la refpiration par l'e'ternument , par l'odeur des efprits volatils , pre'fentés cependant avec pre'caution , en eiïayant de faire avaler un peu d'oxymel fcillitique , pour exciter une petite toux ; enfin on aura recours à la fumée de tabac , qu'on fera entrer par le nez dans la bouche m;îme , en même temps qu'on donnera des lavements de la de'codion de la même plante : il ne faudra pas cefler d'agiter le corps jusqu'à ce qu'on appcrçoive la refpiration rétablie ; alors on fera avaler quelque léger cordial au malade, comme une cuillerée ou deux d'eau de méliîîe compofée , délayée dans un peu d'eau de cannelle fimple : ce cordial ne manquera pas de ranimer les forces, & d'achever de rétablir la circulation qui aura été fufpendue. Les faignées, dans ces fortes de cas , font très-dangereufes: il vaut mieux commencer par faire des fric* tions fur tout le corps , & faire tout ce que nous avons prefcrit ci-deiïiis , avant de pratiquer la faignée. Maladies produites par les Vapeurs des mines» Tous les ouvriers qui travaillent fous terre , font attaqués des maux qui viennent de la tranfpiration fupprimée, comme les rhumes, lesrhumatifmcs, la goutte, les catarrhes : ils font tourmentés par les maladies qui viennent d'un air épais (k groflier, qui n'a point de reffbrt : tels font les maux de cœur , les foiblefïés , l'afthme , les étourdifTements , les ébiouiiTements , les opprejfions & les crachements de fang. On remédie à tous ces maux difficilement ; on peuc cependant employer les mêmes précautions que nous; avons indiquées dans les Maladies des Vuidangeurs. Ce que les mineurs ont le plus à craindre , eft l'impreflion de la vapeur de ces lieux fouterreins : il y en a quelquefois qui font faifis fi vivem.ent , qu'ils en péEii 68 MAL rilFent fur le champ \ ceux qui en rc'chappent fc traitent comme nous l'avons dit dans les Maladies des Vuidangeurs. MALADIES CHRONIQUES. C'eft le nom que l'on donne aux maladies dont la marche eft lente , &z dont les effets ne font point pre'cipite's , ni pour la mort , ni pour la vie : telles font les pâles couleurs , la cachexie , la phthifie, la paralyfie , le fcorbut , hs e'crouelles. Ainfi, quand une maladie dure quarante , cinquante , foixante jours & plus , elle devient chronique. C'eft pourquoi l'on voit tous les jouri des fièvres aiguës de'ge'nérer en maladies chroniques. Les maladies chroniques ont une marche bien différente de celle des mUadies aiguës. Les temps d'irritation , de coction 6c d'évacuation critique , qu'on obferve dans ces dernières , ne fe rencontrent que trèsimparfaitement dans les maladies chroniques. Cependant à la rigueur , & en obfervant de très-près la marche dts maladies chroniques , on peut facilement retrouver dans celles-ci les trois temps que nous avons remarque'sdins les aiguës, avec cette différence que , dans les chroniques , le temps d'irritation eft très-long & occupe prefque toute la durée d'une maladie chronique. Les trois quarts de ces maladies fe terminent par une coftion & une évacuation critique , lorfqu'ellcs fe terminent en bien. Il y a plufieurs genres de maladies chroniques; mais, en général , celles qui font les plus fréquentes , font celles qui ont pour caufe le vice des digeftions, la foibleffe de Teftom.ac , & les crudités qui s'amafîènt dans les premières voies. Après celles-ci , les plus fréquentes dans le fiecle où nous vivons , font les Maladies nerveufes , hypocondriaques 6c hyftériques, ( Voye^ ces articles). l\ eft une troifieme claffe de maladies chroniques; ce font celles qui ont pour caufe une maladie aiguë antérieure : elles peuvent être divifées en plufieurs genres. 1°. Lorfque la matière morbiiiquc n'eft pas évacuée & qu'elle fe porte fur un vifcere important à la vie , ou fur toute autre partie , elle y produit ou dés abcès, d'où il réfulte des fuppurations internes ( Voye^ Suppuration interne ) ; ou cette matière fe durcit, & produit un fquirrhe qui gêne plus ou moins les fonc  MAL 6 7ô M A t chroniques , il faut faire une grande attention , non-feulement au tempérament particulier du malade, mais encore à l'e'tat des folides &: a. celui des humeurs. Les folides font fouvent trè.s"-tendus , très-fcndbies , dans un état de crifpation cjni peut produire des effets fcmblables à ceux qui réfultent d'un trop grand relâchement : c'cft pourquoi , il on n'cft pas bien attentif à faifirles fignes qui font reconnoitre cette tenfion , cette crifpation des iolides , on s'expofc à commencer le traitement d'une maladie par où il auroit fallu le finir, à faire précéder les toniques, lesftimulants; aulieu qu'ils doivent feulement fuivrc l'ufage des adouciiTants , des délayants , des relâchants : par-là on renverfe tout le traitement , &z on augmente plutôt le mal , qu'on n'y remédie. On doit faire la même attention , lorfqu'il s'agit de commencer tout de fuite par les toniques & les fti^ mulants. C'efl par-là qu'on doit corr.mencer lorfque les folides font dans un étai: de rchkhtment , & les humeurs dans un épailnîTemcnt vifqueux. Cet épaiiïiffcment des humeurs qui cft tantôt vifqueux ou gîutineux, & tantôt fec, denfc & dur , fe trouve toujours accompagné d'un état des folides , analogue au fien ; de manière que répaiflifîemient fec eft accompagne de tenfon & de rigidité dans les folides , & celui qui eft vifqueux de telâchement. Si on a égard à ces différents états des folides & des humeurs, on évitera bien des fautes, qu'il çft très-facile de commettre fans cela. Maladies des Enfants. Voye^ Enfants. Maladies des FCiMMES. Voyei Filles , Femmes grosses , Femmes en couche. Maladies des Femmes en couche. Voye^ Fem-» MES FN couche. Maladies des Femmes grosses. Voye^ Femmes CROSSES. Maladifs dfs Fiit-ES. Vnyer^ Filles, MALADIES DES GENS DE LETTRES. Les gens de lettres pèchent ordinairement par un excès oppofé à ceux qui travaillent du corps : ils ont l'ciprit conrinucilcment tendu ik. occupé ^ ce qui tend tous les nerfs , rend les fon(^lions languilTantes, l'eftojn^c parçlfeux , la digefHon lentç ; c'cfl: donc Iç genrç MAL 71 nerveux , ou les efprirs , qui fournilTcnt principalement aux frais c'c ce travail qui eic d'aufaut plus infidieux , qu'il flatte par le plaifir qu'il procure de de'couvrir la ve'rité. Cependant les nerfs portés au delà de leur ton naturel , parce que les cfprits s'en dérobent , fe de'rangent ôc s'aîterent. Il n'ed guère de fource d^^ maladie plus dangereufe , & cependant moins fufceptible de guérifon : telles font les afreclions mélancoliques & hypocondriaques; les coliques, les infomnies , les indigellions , les hcmorrhoïdes , les maux de tête & raigraines, les attaques de coliques , de ne'phrétiques & de goutte , les veilles & les infomnies. La première chofe que doivent éviter les favants & les gens ftudieux eft de ne pas travailler la nuit; car autrement les cfprits accoutumés avec les nerfs à demeurer tendus , relient dans cette difpofition la plu,^ contraire à la fanré, ce qui augmente le mouvement des folides, râcreté des humeurs, produit l'épaillilTemcnt de la lymphe , Se jette le malade dans une foibleile continuelle : ainfi , pour éviter de tomber dans cet état, il ne faut point poufîèr fon travail au delà des bornes du jour. La preuve la plus complette que l'on a trop travaillé, c'efl: lorfqu'on eft trop afFoibli , énervé, lourd, pelant, que l'on fent des bâillements, qu'on a le vifage rouge & enflammé, vc que l'on ne fent aucune difpofition au fommeil ; ainfi toutes les perfonnes de cabinet doivent, pour entrenir leur fanté , prendre le foir quelques heures de promenade & de dilfipation , & fur-tout éviter de trop fouper. Les affections fpafmodiques & mélancoliques , auxquelles les gens de lettres font principalement fujets, ne peuvent fe guérir que par les remèdes que nous avons indiqués dans ces différents articles : il faut feulement obferver que le repos & la tranquillité d'efprit , le bon air , & l'ufagc des potions calmantes , fuffifent pour la guérifon de ces maux. Un bon régime , des aliments propres , tels que la foupe , les crèmes de riz , d'orge , de gruau , les viandes bouillies & rôties , le grand ufage des boiiïbns aqueufes , rétabliffent le bon ordre dérangé dans la machine, fur-tout lorfqu'on les accompagne de la diiripation d'efprit , de l'ulage habituel des E iv 71 MAL potions calmantes , décrites aux articles Vapeurs 9f Spasme. Il faut e'vitcr fur-tout les aliments échauffants , l'ufage du vin & dc,^ liqueur^: fpiritueufes , le café , le chocol.it à la vanille , l'air froid & fcc , ou chaud ôc fcc , le- exercices. 8c le travail force,'. , lev veilles conrinuelles & la contention d'efprir, l'ufage des purgatifs, les remèdes chaud & brûlants: il faut, au contraire, délayer l'intérieir par l'ufage continu du petit-lait MAL , 7J délies avec lefquelles ils travaillent , & de la vivacité de la lumière qui afFeéle leurs yeux : ainli , autant qu'ils peuvent , il faut qu'ils Te fervent de quelqu'inftrument propre à garantir leurs yeux , & , autant qu'ils peuvent , ils doivent e'viter de travailler à la chandelle : il vaut mieux qu'ils fe fervent de bougie , parce qu'ils rifquent beaucoup moins pour leur tempe'rament. Au relie, comme nous l'avons dit plus haut, le re'gime, la dillipation , l'exercice contribuent beaucoup à maintenir la lante' des gens de lettres : ils deviennent même indilpenfables pour eux , par rapport à la vie laborieufe qu'ils mènent. MALADIES DES GENSDU MONDE. Le luxe ou l'augmentation des befoins fadices , avec la recherche des moyens de les fatisfaire , en nous ôtant la manière fimple de vivre de nos ancêtres , nous a privés (de tous les avantages qui en réfultent. Le moral & le phyfique en ont fouffei^t confide'rablcment : nos vices fe font augmentés ; nos maladies , nos infirmités fe font multitipliées ; notre conftitution s'eft afFoiblie ; en un mot, notre extérieur, au lieu d'annoncer une ame forte dans un corps fain , n'annonce plus qu'un efprit foible , lâche & pufillanime , dans un corps efféminé , dont tous lesrefibrts font fans énergie & fans vigueur. Le luxe , en introduisant les richeffes dans une grande ville , y amené avec elles le libertinage & l'oifiveté , deux fources fécondes de maladies. Le libertinage mine la nature humaine dans fon principe ; ôc l'oifiveté en affoibîit les refforts par les obftacles qu'elle oppofe fans ceflè au libre exercice de fes fonctions. Nous fommes aujourd'hui affligés de maladies inconnues a nos pères : on ignoroit autrefois dans les villes ce que c'étoit que le fcorbut ; à préfent , rien de fi commun que le vice fcorbutique. Autrefois les médecins rencontroient , dans leur pra-rtique , des maladies bien moins compliquées & d'une nature plus bénigne : à préfent, prefque toutes les maladies; foit aiguës, foit chroniques, font compliquées ou de virus vérolique . ou de fcorbut, ou enfin d'affe6lions nerveufes, ^ quelquefois de ces trois vices enfemble. Nos pères reccvoient une éducation moins molle ^ 74 . , . , M A' r inoin M A t ^ 7$ iiere de dérangement dans fa fanté. Après un tel fouper qui a duré une partie de la nuit , il en confume le refte dans le jeu, ou l'ufage immodéré des femmes; enfuite le jour arrive : il rentre chez lui , fe livre à un fommeil plein de trouble & d'agitation , interrompu par le^ reftes de fon fouper mal digérés , & fe réveille avec des douleurs de tête , àes naufées , des tremblements de nerfs , & plufieurs autres incommodités. Il en faut dire autant de nos dames du bon ton , chez lefquclles les effets de cette mauvaife manière de vivre font encore plus fenfibles & plus graves. Mais, quelle eft la caufe de cette foule de maladies nerveufes , d'affedions hypocondriaques, hyftériques , dont les gens du monde font affeflés ? Ne la cherchons pas ailleurs que dans les palfions de l'ame. Les hommes du grand monde ont, pour la plupart, une ambition effrénée, une avarice infatiable qui , par les obflacles qu'elles rencontrent , deviennent une caufe trèsforte de ces hypocondriacies û difficiles à détruire , (î incommodes aux autres & à foi-même. Les obftruc-^ tions, les fièvres malignes, les fièvres putrides, les inflammations d'un mauvais genre , font les triftes effets du mauvais régime des gens du monde , & de l'excès de leurs palTions. Les femmes , par ce même régime , par leurs intrigues perpétuelles , & leur fureur pour le jeu , par leur excès dans les plaifirs de l'amour, donnent lieu à ces vapeurs , à ces maux hyftériques qui les rendent ou folles ou imbéciiles. N'efl-ce pas de caufes pareilles que procèdent ces irrégularités dans leurs règles , ces fleurs blanches fi dégoûtantes , qui font fouvent accompagnées de quelques virus ou cancéreux , ou vérolique , ou fcorbutique , ces fauffes couches fi fréquentes , ces accouchements laborieux , ces dépôts laiteux, enfin fi difficiles à guérir & fi fouvent incurables? Heureux le laboureur ! trop heureux s'il fait l'être ! Il nous fufîît , dans cet article , d'avoir préfenté les maladies les plus fréquentes aux gens du monde , les caufes qui y donnent lieu , & le tableau de la vie physique d'un Grand , afin d'en infpirçr de l'horreur à celui 7^, , MAL qui feroit tenté de rimirer^Ceux qui ont une fois acquis l'habitucle d'une telle vie , font incorrigibles. Quoique puais fans cciîe de leurs de're'glements , ils ne laiflent pas que de s'y livrer aveuglement : le feul profit que la fociéte' en retire , c'ell qu'ils abrègent une vie qui eit à charge à leurs femblables. Maladifs des Humeurs. Voye^ Humeurs. Maladies inflammatoires. V. inflammation. Maladies du Lait. Voye[ Lait. Maladies df, la Luette. Voyei Luette. Maladies de la Lymphe. Vuye^ Lymphe. Maladie noire. Voye^ HÉmorrhagie des Intestins. AIaladie du Pays. C'efl: un defir immode're de retourner dans fa patrie. Cette maladie eft accompagne'e de triftefîe & d'un ennui mortel. Quand on parle aux malades de leur pays , ils le mettent au defTus de tous les autres , ôc en font des e'ioges ridicules : moins ils font dans la pofllbilite' d'exécuter leur defir, plus il s'irrite, & plus les malades en ont des tourments. Les fonctions font troublées , l'appétit eft perdu , la digeftion cft viciée , le pouls eil; fiévreux & irrégulicr , les urines & les felles îe fuppriment , & les malades tombent (dans l'amaigriffement & le marafme. Cette maladie attaque fur-tout ceux qui font d'un tempérament fcnfible , élevés dans la mollefle , & qui , depuis qu'ils font fortis de leur patrie , ont éprouvé de la peine èz de la fatigue. La caufe prochaine de cette maladie vient de l'imagination , ce que l'événement juftifie tous les jours; car auïïi-tôt que ces fortes de malades retournent chez eux, tous leurs maux fe guériffent : il arrive cependant quelquefois que la pléthore , la mauvaife digeftion , la lièvre produifent cet état de mifanthropie , dont on n'eft plus le m.aître. Comme on connoît la caufe de cette maladie , il eft aifé d'y porter remède , en renvoyant les malades prendre l'air natal , après les avoir cependant faignés & purgés , leur avoir fait prendre à leur repas quelques coups de vin vieux pur , & leur avoir conieillé la diffi  MAL .77 pation , un régime doux & beaucoup d'exercice. Maladies de la Pkau.Lh peau , conruicre'e dan.s fc» membranes &: fes vailfeaiix , eft fiijctrç à une infinité de maladies qui lui viennent de caufes externes & internes. Parmi ces maladies , on place la îepre des Arabes , la lèpre des Grecs , la gale , les croûtes & les e'ruptions cutane'cs des enfants , les dartres , l'éréfipele , la petite vérole , les éruptions cutanées qui arrivent dans les fièvres malignes , le c'-^arbon & le cancer , la tranfpiration fenfible & infenfible fupprimée , les changements de la couleur de la peau, les taches & marques différentes imprimées fur la peau du fœtus , la chute des cheveux, la teigne, la maladie pédiculaire , les maladies qui attaquent la peau du vifage , telles que la goutre-rofe , les puftules , les boutons , les taches de roufieurs , &c. les maladies qui attaquent la peau des mains & des pieds, comme les verrues , les cors & les porreaux , les maladies du prépuce, les hémorrhoïdes , les échymofes ou contufions, les plaies &les ulcères de la peau, les brûlures, les bJcfllires faites par les morfures des bétes vcnimeufes , & celles qui font faites par les infedes & les infcrumcnts venimeux. Nous avons traité de toutes ces différentes maladies, chacune à leur article. De la Lèpre des Arabes, Comme nous avons traité très au long de cette maladie , nous nous contenterons de rapporter quelque chofe au fujet de fon traitement. Quelques médecins ont prétendu que la caflration fe faifoit avecTuccès pour guérir cette maladie : d'autres recommandent les bainsfroids ; quelques-uns vantent beaucoup la préparation fuivante : Prenez , De l'Ecorce interne d'Orme récente y quatre onces. Faites-les cuire dans trois chopines d'eau de fontaine, jufqu'à la diminution d'un tiers. Ajoutez à la colature , Du Sirop de Framhoife^ , De Meures , de chaque une demionee. 7« MAL Mêlez le tout , pour en prendre trois verres par jour de quatre en quatre heures. Un me'decin fameux , qui a eu beaucoup de maladies à traiter , après la laignée & la purgation , ordonnoit le remède fuivant : Prenez, De Racines de Polypodc de Chêne y De Chardon-Roland , de chaque une demi-once. De Séné y deux gros. De la Rhubarbe , De Méchoacan , de chaque demi-once. Du Santal cii-rin, deux gros. Du Sel de Tartre , un gros 6' demi. LaifTez infufer ces matières à froid , pendant trois jours , dans un vaifleau de verre , avec trois chopines de vin blanc, &une chopine d'eau de iiireau : pafTez la liqueur, dont vous prendrez un petit verre tous les matins. Si l'eftomac s'accommode du petit-lait , le malade en boira trois chopines par jour , pendant vingt jours; au bout de ce temps , on pourra y faire infufer de la fumeterre , de la chicore'e & des fommités de patience. Quand le petit-lait produit un mauvais effet, on peut y fuppléer avec la tifane qui fuit : Prenez , De la Sciure de bois de Saule , une demilivre. De la E^acine de Salfepareille , quatre onces. Du Santal blanc , Du Bois de Lentifque , de chacun deux onces. Des Sciures d'Ivoire, De Corne-de-Cerf, dechaque fix gros. De VEtain , D'Antimoine crud , enfermé dans un nouet, de chaque quatre onces. De la Réçl'ffe, une once. Faites infufer & enfuite cuire ces matières dans cinq pintes d'eau de fontaine , jufqu'à la diminution du tiers, pour en prendre deux verres par jour , un le matin & l'autre le foir. On fera prendre en même temps au malade de l'électuairc fuivant : MAL y^ Frejiei. , Dt: lu Conferve Je Racine Je Patience , que tre onces, Des Yeux J'Ecrei'iJJ'es t . De Corail rouge ^ Je chaqu» deux gros, De V Ivoire , un gros. Du Santal citrin, un gros & demi. De Sel de Prunelle , deux gros. Du Vitriol Je Mars , un gros. Formez de toutes ces matières mifes en poudre , un dleduaire , avec une fuHlfante quantité' de firop de limon, pour en prendre ungros,foir & matin, avant la tifane ci-deflus. On ne négligera pas en même temps les bains ôc le liniment fuivant : Prenez, D^ Huile de Tartre par défaillance ^ D'Amandes douces , parties égales^ dont vous vous îcrvirez deux fois par jour , mêle'es enfemble. On en frottera toutes les parties malades avec un liasse. Pour boiiïbn ordinaire , on donnera au malade la de'codion fuivante : Prenez , De la Racine d'Ofeille , trois onces. De Sajjûfras , une once. De Raifins fecs , quatre onces. Faites-en une de'codion dans trois chopines d'eau , pour re'duirc à pinte. De la Gale. . On peut voir la deicription de cette maladie à fou article. Voici quelques recettes qui paroident appropriées à cette maladie : Prenez , De la Thériaqnc de Vcnife , un demi-^ros. De VEleBuaire d^CEuf , vingt-quatre grains. De la Racine de Serpentaire en poudre , quin'^e grains» Du Be^oart oriental , quatre grains. Du Sirop de Citron , une fufjifante quantité , pour faire deux bols, dont un le matin, & l'autre le îoij , en buvant par deilUs la potion fuivante : 96 MAL Prenez , De l'Eau de Càardon-be'nit , quatre onces. Des Eaux épidémiques , Théri a cales yde chacune deux onces é Du Sirop d'Œillet , une once. Mêlez le tout pour deux prifes. Le topique fuivaur fait aufTi-bien des merveilles fur la peau i Prenez , Des Racines de Patience fauvage , D'Année verte y de chaque une demi-livre. De la Craijfc de Porc , quatre onces. Broyez les racines : faites-les cuire dans la graiife ; & exprimez le tout fortement , pour en faire un linimenr. Voyez ce que nous avons dit de cette maladie à/on article. Des Croûtes & des Eruptions cutanées des EnfantSé Parmi les maladies des enfants , il n'y en a guère auxquelles ils foicnt plus fujets qu'aux e'ruptions galeufes ou puftuleufes dans difFe'ren'-es parties du corps , comme les it^ts , mais plus particulièrement le front , les fourcils & autres endroits du vifage , que nous leur voyons fouvent couverts de croûtes ieches. 11 faut bien fe donner de garde de diffiper ces maladies avec la litharge , le mercure, le foufre , comme c'eft la coutume des femmelettes & des charlatans : il fuffit de faire prendre à l'enfant du petit-lait , d'empê-» cher que la nourrice ne faifc ufage de ce qui peut e'chauffer ou enflammer fon fang , & de la faire purger de temps en temps. On peut purger l'enfintavec le lirop de chicorée compofe'e , à la dofe d'une once , avec celui de rofe folutif , à la dofe de demi-once; on peut ordonner en même temps les poudres abforbantes , comme les yeux d'e'crevilfes , les perles pre'parées : on donnera aulfi , avec fuccès , aux enfants deux ou trois grains de mercure doux , avec un peu de fucre. Que les nourrices fe gardent donc bien dp deflTe'cher les e'coulements qui fe font derrière les oreille^: ; qu'elles les rétabliffent au contraire , s'ils viennent à difparoître fubitement , par l'application d'un morceau de toile cirée , en forme d'emplâtre , ou par de l'emplâtre compofé d'un gros d'emplâtre de cérufe & d'un demi-gros d'emplâtre M A I. St 81 MAL moyen efl de n'ufer d'aucune application fur le vifage , parce que les huiles & les liniments ne font que retarder la chute des croûtes qui tombent aflez d'elles-mêmes, quand le malade commence à être mieux. Ceux qui , après la chute parfaite des croûtes , voudront fe fervir de quelques remèdes , pour adoucir la peau , ôc recouvrer leur teint , peuvent employer les remèdes fuivants : Prenez , De la Cire blanche , deux onces. De l'Huile d'ylmandes amer es , trois onces. Du Blanc de Baleine y demi-once. De la Cérufe lavée dans VEan-Rofe ,fix gros. De Camphre , deux gros. Mêlez le tout enfemble , pour en frotter les parties le'gércment. "Les autres t'ruptions qui furviennent dans les fièvres malignes, aux bras, auxcuiffes, à la poitrine & au dos, dépendent eîî'cntiellement de la maladie à laquelle elles font jointes j & le traitement eft le même. Foye^ Fièvre MALIGKE, PESTILENTIELLE. Du Charbon & du Cancer, Nous renfermons cts deux maladies fous le même titre , non pas tant à caufe de leur affinité' , quoiqu'elles paroiflent l'une & l'autre participer du plus haut degré de corrofion , que par la railbn qu'elles ne font pas proprement des affections de la peau ; car il cil: rare qu'elles attaquent la peau, fans fe communiquer aux autres membranes &: aux parties mufcuieufes. Voici des topiques que l'on recommande dans le charbon. Frenez , Du Sel commun , demi-gros. Du Poivre, un gros. De Fleurs de Rhue , une poignée. Du vieux Levain , une once. Figues grajfes , trois. Pilez & mêlez ces matières, renouvellant deux fois par jour l'application de ce remède. La compofition fuivante eft propre pour hâter la fuppuration ; Prenez , De la vieille Thériaque , Du Mithridate , de chaque une demi-once. Du Levain , De la Térébenthine , de chaque deux onces MAL . ^3 Du Mid-Rofat , une once S* deràie. 2)u Beurre frais , deux onces. De Vitriol blanc , une once^ De la Suie de cheminée , une once & dcinicé Du Savon noir , trois onces. De Safran , deux onces. Jaunes d'Œuf's , trois. Mêlez le tout pour un caraphfme. Le beurre d'antimoine , appliqué tout autour de la tumeur , en arrête la malignité. A l'égard du cancer, L^ cure confifte à tenir , autant qu'il eft polfible , la partie nette , & défendue contre la corrofion , par des topiques doux & fimples , tels que le pompholyx , l'eau de plantain , celle de frai de grenouille , avec le fucre de Saturne. Les femmes dont les cancers ne font point ulcérés, doivent obferver que rien n'irrite, ne comprime ou n'offenfe la partie ; entin elles doivent éviter toute application externe, & être en garde contre les promeflcs des empiriques & des charlatans . Des Tranfpirations fenfihles & infcnfihîes fupprims'es, Lorfque la tranfpiration eft arrêtée par le rclFerrement des pores , occafionné par l'air froid , le fang acquiert plus de chaleur , à raifon des vapeurs & des férofités retenues , dont une grande quantité fe portant fur les glandes de la gorge , attire quelquefois des catarrhes qui produifent l'angine , la pleurefîe & le rhumitifme. La tranfpiration fenflble, ou la fueur , dépend plutôt, dans le cas de maladie , du tiffu vicié ou de la colliquation du fang , que de la trop grande ouverture àes pores de la peau ; c'eft ce que l'on voit arriver dans le fcorbut , la phthifie , &c. On doit s'attacher fur-tout à corriger la conftitution particulière des humeurs, avant de faire attention à la peau ou à {es pores : par exemple, fi la férofité eft furabondante, les hydragogues pourront être employés, dans la vue de la détourner des pores de la peau, & de l'évacuer par des palfages plus convenables ; tels font un demigros de jalap & un demi-gros de crème de tartre. On diminue les fueurs immodérées , en tenant le F ij 84 MAL malade légèrement couvert 6c vêtu , en e'vitant to-i' : les lels volatils ou acides l\-)iritiieiix , comme le vinaigre , en lui faifant prendre des fubilanccv abrorbantcs, comme la craie , le corail , re'Ieftuaire fuivanî: *. Prenez , De la Conferve de Rofes , deux onces. De la ConfeSîon d'Hyacinthe , un. gros. Du Diafcordinm , deux gros. Du. Corail rouje préparé y deux once. De Sirop de Myrte , une quantité fu^fante, pour faire un élc6iuaire , dont le malade prendra de la grofleur d'une noix mufcade , cleux fois par jou;. Dans les fueiirs des fcorbutiques & des perfonnes attaque'es de confomption , toute l'attention du médecin doit fe tourner du côre' des maladies donc ces fueurs font les fym.ptomes. Qjant à la diète , le lait , les crèmes d'orge , d'avoine , oifrent de bons fecours, fi rien ne s'oppofe à leur ufage. Les indications curatives fe re'duifent, dans ces cas , à corriger la miâiTc du fang , à refTerrer mode're'ment les pores cutane's trop ouverts , à de'terminer la fe'rofite' Se les excréments aqueux vers les reins. Dans cette vue , on peut employer les bouillons anti-fcorbutiques , les poudres nitreufcs & abforbantcs -, on peut cnfuite faire oindre le corps avec l'huile rofit Se celle de myrrhe, 6c donner le julep fuivant : Prenez,' D'Eau diflilltc de Nénuphar, quatre onces. De Niùre pur'fié , quinr^e grains. De Jîrop de Limon , (ix gros. Mêlez le tout pour une potion. Il faut éviter le vin & toutes les friclions de la peau, & on répandra dans le lit du malade la poudre fuivante : Prenez , Des Fleurs de Nénuphar , De Rofes rouges, de chaque trois onces. Du , Laudanum , demi-once. Du Styrax, deux onces. De la Graine de Sumac , une once & demie, Réduifez le tout en poudre , pour l'ufage ci-dcflTus. Quand les pores font trop ouverts , on les difpofe au rcffèrrement & à la contradion , en détournant les férofités de la peau par les diurétiques & les purgatifs. MAL 8^ «6 Al A L linges qae l'on met fous les ailTelles , avec la poiulre de tuthie & de pierre-ponce , les cendres de cuivre , les fcories ôz la limaille de fer. Mais ceux qui voudront fe fervir de ces remèdes, doivent faire attention à ce qui a de'jà été dit ; car cette évacuation garantilTant de plufieurs maladies , on dcvroit plutôt Tentretenir que de lui donner la moindre atteinte , a moins que , par quelques cautères ou quelques tifanes ape'ritives , on ne fupple'ât tous les jours au de'faut de ces e'vacuations. Des changements de la couleur de la Peau. Pyrmi les maladies qui aîterciit la couleur de toute l'habitude du corps , noms avons choifi les pâles-couleurs & la jauaiffc , comme les deux plus communes. On f^.it que ces deux maladies produifent un changement confidérable à la peau , en la pâliffant ou en la jaunifTant; mais comme cette altération dépend du vice particulier des hum.eurs , en attaquant leur caufe , on détruit auffî ce fym.ptome qui difparoit par les mêmes remèdes qui emportent la maladie. Des taches & des marques différentes imprimées fur la peau du Fcrtus^ Quoiqu'il ne foit pas vraifem.blable que l'imagination de la femme puifle apporter aucun changement à la peau du fœtus, il efl: cependant vrai que les nouveaux-nés font expofés à porter , en venant au monde j ces fortes de difformités. On confeille de frotter ces taches avec le fang de l'arriere-faix ; mais ce remède ne paroît point avoir d'efficacité : la meilleure manière d'en venir à bout eft: par la fedion. Ceci regarde fimplement les tumeurs & les excroifiances : auxquels cas , il faut appeller un chirurgien habile. On tenteroit en vain d'emporter les décolorements de la peau , telle que la rougeur occafionnéc par l'envie du vin : la cicatrice qui réfulteroit de la cure feroit plus difforme que la marque même. La deftruclion des grandes excroiffances reffemblantes à des fruits ou à des viandes que la femme enceinte a defirfcs , fans les avoir obtenus , tire fcuvent à confé  MAL 87 qnence , & cela , non-feulement parce que ces excroiflances font difpofe'es à de'générer en ulcères malins, mais encore à caufe de rhémorrhagie, qui peut être occafionnée dans l'extirpation , par le grand nombre de vailleaux qu'elles reçoivent : d'ailleurs , fi elles ne font pas entie'rement de'racinees , elles paroîtront de nouveau , & feront plus rebelles & plus incommodes qu'auparavant; en forie qu'avant de les entreprendre, il faut bien examiner les parties où elles font fituées , celles où elles joignent & ou elles communiquent , les vailfeaux qui les nourrilîent , leur étendue , leur profondeur, enfin , fi elles peuvent être brùle'es avec sûreté par le cautère aftuel ou potentiel , ou coupe'es avec le biftouri. Le temps de l'extirpation eil la faifon qu'elles paroiffent les plus pâles , les plus molles , les plus plates & les moins incommodes ; car quelques-unes de ces envies , comme les fruits auxquels elles relfemblcnt , ont leurs temps de maturité & de fle'triiTure , quoiqu'elles ne tombent, ni ne meurent jamais entie'rement d'elles-mêmes. Si elles ne tiennent que par une pe'dicule, nousconfeillons la ligature , avec la pre'caution , après la chute de l'excroifTance , de de'truire la racine avec le cautère ou quelque caullique; autrement c'efl: un hafard,{i elle ne reparoît pas la faifon prochaine. Il faut avoir la même attention , fi la tumeur eft emportée par le biftouri ; après quoi , il faut appliquer fur l'endroit un petit cautère pointu , qui pre'vient l'hémorrhagie , détruit les petites fibres qui lioient l'excroiffànce , & corrige la malignité , s'il y en a. La plaie fe traite enfuite comme unç brûlure ordinaire. De la chute des cheveux & de leurs autres Maladies» L'alopécie ou la chute des cheveux qu'on appelle auffi pelade , eft une maladie à laquelle les vieillards font fujets. Les caufes , en général , font une lymphe corrofive , qui ronge & confume les racines des poils , les champignons vénéneux, les poifons , le mal vénérien, la petite vérole , tout ce qui ronge & corrode extérieurement les racines des poils. La mauvaife conformation des pores cutanés, qui leur donnent palfage, font les caufes éloignées, F iv 88 MAL Cette maladie eft évidente à la vue feule ; mais il y a , félon quelques-uns, cette diftinclion à fnire, que, fi les poils tombent feuls, ils lailfent la peau faine & entière, c'efl: une alopécie fimple ; au lieu que fi l'e'pidcrme fe fe'pare avec eux , ou fi la peau elt excoriée , c'eit un ophifiafis. La cure exige la faignée , une purgation & une diète convenable ; il faut faire mâcher d^ la pyretre , faire refpirer du tabac & de la bétoine : quant aux topiques , sprès avoir rafé les cheveux qui reitent fur la partie chauve, on doit fe fervir de fomentations de difierentes cfpeces , félon les diiiérentcs indications ; ou bien on peut laver la tête avec une lelfive où l'on a fait bouillir les racines d'iris de Florence ]M A L 39 d'Oie y Je chaque demi-once. Suffi farde quantité de Cire, pour un linimenc , comme ci-deiTu.'?. Après l'ufage continue également pendant huit jours àc celui-ci , on le fervira du fuivant : Prenez , De l'Euphorbe , De In Férule , De l'Huile de Laurier , de chaque deux gros. Du Soufre vif. De r Ellébore noir & blanc , de chaque un gros. De la Cire , fuffifante quantité, pour faire un liniment. L'ufage de tous ces remèdes demandent , comme nous l'avons de'jà dit , de la circonfpection , non-feulement eu égard à îeur force , mais au temps de leur continuation , qui ne doit pas s'e'tendre au delà du moment que la partie paroit rouge , ou que le malade fe plaint d'une chaleur incommode & doulourcufe : c'efl: ce qui doit nous porter à être attentifs à regarder fouvent , chez les enfants, fi les parties paroilfent irrite'cs ou enflamme'es ; & , dans ce cas , on doit hs frotter avec l'huile-rofat , ou celle d'aneth, La barbe , qui efl un ornement arbitraire , efl cependant un ô.(is apanages de l'homme ; de façon que l'on regarde comme ett'cmJne's ceux en qui elle ne poulTe pas, ou en qui elle pouffe trop lentement. Voici ce qu'il fiut faire pour la fiiire croître. Il faut , après avoir rafe' le poil follet , frotter doucement la partie avec un linge , dans la vue d'en ouvrir les porcs , & d'y attirer la nourriture , on la frotte enfuite avec l'onguent fuivant , eiî fe mettant au Ut : Prenez , De l'Huile , dans laquelle on aura fait bouillir d'Eau-Rofe une once. De la Cendre d'Abeille , ou de Guêpe , un gros 6' demi. De la Fiente de Rat , un demi-gros. Du Miel , une once. Du Laudanum , trois gros. De Graijfc d'Ours , fuffifante quantité , pour en faire un Uniment , en faiiant fondre le tout fur le feu, $d MAL On lavera fréquemment la partie avec une décoflicn d'auronc , de capillaire , depolirric & de romarin. Quand les fourcils tombent , on peut le fervirdu remède fiiivant : Prenez _, De PEncensbrulé^-réduiten fuie , deux gros. Du Majîic f De la Réfinc , de chaque un gros. Incorporez le tout dans fufiifante quantité' de graiffe d'ours, pour en faire un liniment dont on frotte les fourcils. Les cheveux font encore fujets à fe fendre & àfc fourcher dans leur extrémité. On confeille alors d'en frotter le bout avec du fiel , & de les laver enfuite avec une décodion de capillaire , ou des racines & des feuilles d'aurone; ou on fe ferviradc la compofition faivante : Prenez j Du Fiel de Bœufy une once. Du fort V inaigre i une demi-livre. De L'Ail , De la petite Centaurée y de chaque une pincé c. Faite.î une décoction , dont vous laverez la tête plufieurs fois. Il y a une autre efpece de maladie de cheveux où ils tombent, après avoir été rongés &: détruits par de petits vers qui font femblables à des mittes. Pour détruite cette vermine, on fe fert du remède fuivant : Prenez , De la Racine de Genêt , deux onces. De la Myrrhe en poudre , deux gros. DelaSemence d'Ortie en poudre j troisgros^ De l'Ail , un gros. De Vinaigre y une chopine. Faites cuire légércmenj: toutes ces drogues fur un feu doux : paffez la liqueur, &: fervez-vous-en pour frotter la tête dans les endroits où font les vers. Quant à la couleur des cheveux , nous remarquerons que les cheveux gris des vieillards doivent être abandonnés à eux-mêmes , parce que cette couleur ne vient que du produit naturel des fucs froids & phlegmatiques qui bouchent les pores , & privenr les cheveux de toute nourriture. Mais fi la chauveté eft prématurée, on peut employer les remèdes déjà décrits ci-delTus. Si les cheveux deviennent gris dans la jeunelTe , on peut quelquefois les noircir. M AL 91 La malctlie contraire à la chute des cheveux eft leur trop grande abondance , ou leur naifîance dans des endroits où ils ne doivent pas venir. Parmi les remèdes que l'on peut employer pour les de'truire , les plus doux l'ont l'eau de perfil , le lue d'acacia , la gomme de liere , les œufs de fourmis, ou le dépilatoire qui fuit : Prenez , De la Gomme de Lierre , une once. De Vopment , Des Œufs de Fourmis , | De la Gomme Arabique , de chaque un gros, Reduifcz le tout en poudre , & faites-en un liniment avec fufFifante quantité de vinaigre. Mais la prudence exige qu'on ne tente aucun des dépilatoires, fans être bien attentif à laver la peau immédiatement après. Voye^ Alopécie , Dépilatoire. Quant au Morbus pilaris proprement dit , il vient de ce que les poils poulTés trop foiblement contre la peau , y font retenus ; ce qui arrive fur-tout au dos des enfants, où ces poils, piquant par leurs extrémités les filaments nerveux , font pouffer aux enfants des cris continuels. Ces poils forment quelquefois une petite tumeur à la furface de la peau , femblable à un petit abcès ; alors on doit les arracher avec des pincettes, ou fomenter la peau avec de l'eau tiède , & appliquer enfuite un onguent compofé avec le miel & la farine de froment. Les poils font encore fujets à d'autres accidents; ou ils fe trouvent hors de leur (ituation & de leur ordre naturel , comme dans le trichiafis , où les cils font repliés dans l'cei! ; dans le diftrichiafis, où ils forment un double rang; dans la phalangofis, où il y a deux ou trois rangs de poils à la paupière fupérieure ou à l'inférieure. Nous ne nous arrêterons point à ces différents articles qui exigent un traitement particulier : il faut feulement humecter la maffe du fang , tempérer l'âcretc des humeurs , & baffmcr les yeux avec de l'eau tiède tous les jours. La dernière maladie qui attaque les cheveux eft le PilCA PoLOKiCA. V~Qye[ cet article. De la Teigne. Cette maladie eft commune aux nourriffons & aux entants ; la fanie qui coule ^^s trous qui font forme's à 91 M A L la penu , les a fait nommer adores. ( Voyei Teigne 6' ACHOUES ). De la Maladie pédlculaire. Tout le monde convient qu'il s'engendre des poux de différentes efpeccs fur la tête ou fur les autres parties du corps àzs enfants & des adultes, Voye\ Maladie pÉdiculaire. Des Maladies qui attaquent la peau du vifage , telles que la gouttc-rofe , les pufiules , les boutons , Us taches de roujfeur y f-'c. Le vifage eft fujet à devenir rouge ou boutonné , ce que Ton appelle gouttc-rofe ; ce font de petites gouttes rouges , ou ces tubercules couleur de feu , répandues çà & là fur le vifage , oc principalement fur le nez. Quelques - uns nomment cet accident rubedo maculofa. Les parties du vifage font quelquefois fi remplies de ces taches, qu'elles les rendent d'un afpeft affreux. On diltinguc trois degrés dans cette maladie , qui font la rougeur limplc , la rougeur puftuleufe , & la rougeur ulctreufc. La caufe eft un fang échauffé , vifqueux & épais , qui , porté par les artères capillaires à la peau du vifage , s'y arrête, à raifon de fa vifcofité , & y produit la rougeur. Ce fang retenu fous la cuticule , élevé celle-ci , y forme de petits tubercules , &c l'ulcère enfin. La cure de cette maladie eft douteufe; mais le mal n'eft point dangereux. Si la maladie eft fimple , récente , & attaque un bon tempérament , il y a grande efpérance de guérifon ; mais fi elle eft invétérée ou maligne , elle eft à peine curable : elle admet tout au plus le traitement palliatif. Il eft certain qu'elle ne doit pas toujours fon origine aux excès du vin &: des liqueurs fpiritueufes , paifqu'on remarque qu'elle attaque quelquefois les perfonnes les plus îeniperées. Cependant les grands buveurs font les plus fujets à cette maladie. On doit , dans la cure de cette maladie , corriger l'intempérie des vifceres , & détruire les obftru£lions, tandis qu'on travaille en même temps à évacuer & à MAL 93 iîétourner les humeurs des parties .ifFeclées , par la faignée , les veTicatoires , les ventoufes , les cautères ce les doux purgatifs , fouvent re'pe'tcs. La diète doit être humedlante ik. rafraîchiirante : le malade doit "fe priver du vin , des liqueurs fortes , & de toutes les fubllances fale'cs , épice'es ou de haut goût. Il peut ufer pour boiflbn , d'une émulfion faite avec les quatre fcmences froides, ou d'un mélange de lait & d'eau, ou du petitlait clarifie', La laitue, ie pourpier, l'ofeille & les épinards font fouvent prcfcrits comme aliments. Enfin tout le régime doit être le même que dans l'EryfipcIe , la Gale & le Scorbut. Voye-^ ces différents articles. Cette méthode rafraîchiffante & tempérante demande cependant beaucoup de prudence ; car, fi Ton ôtoit toutà-coup les liqueurs fortes au malade , & qu'on ne lui accordât pour boiflbn que du pecit-lait ou du lait avec de l'eau , on poiirroit à la vérité, le guérir de la couperofe ; mais on rifqueroit de le priver bientôt après de la vie , en étouffant trop fubitement la chaleur animale , détruifcint l'appétit, & occafionnnnt par-là la leucophlegmatie ou l'hydropifie : en peut leur permettre un peu de vin & d'eau. Il y a aulfi beaucoup de précautions à prendre à l'égard des topiques. Si la rougeur eft fi mple , récente & fans pullule , les rafraîchiiîlmts peuvent être mis en ufages , tels que Je petit-lait, les lavements & la fomentation fuivan'e : Prenez, De la Racine de Sceau de Salomon , deux onces. Des Fleurs de Sureau, deux onces. De Tartre blanc , une once & demie. Du Vin blanc , deux pintes. De Camphre , deux gros, Laiffez infufcr ces matières pendant dix jours, àc les diflillez enfuite , pour vous fervir de l'eau qui en réfultera. Si la maladie eft rebelle , &z les tubercules durcis , ou d6it commencer par les émollients en fomentation Se en onguent , comme la déco6iion de mauve , de bouillon-blanc , de fceau de Salomon , & de graine de lin. Lts tubercules fuppures doivent être ouverts pour donner ifliie à la matière , & les refies de l'humeur 94 MAL dilfipés par l'application de ces mêmes remcdes mêles avec les fleurs lic fureau , de romarin Se de genêt ; après quoi , pour dcirecher & consolider la peau , on fc fervira du remède qui fuit : Prenez , Du Jus de Citron , trois onces. De la Ccrufe , fuffi faute quantité , pour épaiflir ce lue ; De l'JEtluops minéral, demi- gros. Incorporez bien le tout , & formez-en un onguentLa de'co£lion de fon dans le vinaigre & l'eaii-rofe eft un bon remède dans la rougeur fimple du vifage. On fera prendre en même temps à l'intérieur l'antimoine diaphorccique tous les jours, à la dofe d'un demi-gros , avec cinq à fix grains de fleurs de benjoin. On fera en même temps des bouillons rafraîchiflànts , que l'on continuera pendant huit jours , tels que ceux que nous avons de'crits dans les articles Acretk, Acrimonie , 6'. BoUILLONKEMliNT DES HuMEURS. On faignera &on purgera îe malade de temps en temps : on lui fera prendre à&s lavements , quand il aura le ventre ferré ; & on aura foin de purifier l'intérieur ^ avant de pafler aux topiques. La peau eft fujette quelquefois a être hâlée : le remède fuivant fuffit pour le détruire. Prenez , Une Grappe de Raijîn verte. Mouillez-îa , & la faupoudrez d'alun & de fel : enveloppez-la enfiiite dans du papior , & faites-la cuire fous des cendres chaudes ; exprimez-en enfuite le jus dont vous vous laverez le vifage pendant deux ou trois jours. Cette liqueur emporte îe hâlc admirablem.ent bien. Le fel de tartre , de nître & de faturne , mêlés à la dofe d'un demi-gros chaque , avec de la pommade , fait le même effet. II y a pîufieurs autres taches & difformités auxquelles la peau du vifage eft plus fu-ertc que celle des autres parties du corps , non-feulemcnt h caufc de fa texture plus fine & plus délicate , mais far-rout , parce qu'étant plus expofée à l'air froid & à la chaleur du foleil , les humeurs s'y dilfipent plus cirticilcment, à raifon du rederrement des pores , que dans les parties qui font tenues chaudes & couvertes ;, mais ia plus grande par  MAL 95 rie de ces taches ne diffère guère des puftules ordinaires ou des tubercules : ainfî on peut fuivre le même traitement que nous avons donné. Les taches de rouffeur , nomme'es lentilles , font des petites taches rondes, de niveau avec la peau, d'une couleur jaunâtre ou tanne'e, répandue ge'ne'ralement fur le vifage , mais lur-tout fur le front , parce que la peau de cette partie fe trouvant plus denfe , permet moins i'évaporation des humeurs. Les lentilles attaquent auffi quelquefois le col & les mains , expofe's comme le vifage à la chaleau du foleil. On dit qu'elles font produites par la bile cxtravafée &: condenfe'e fous l'cpiderme, enforme de petites gouttes ou taches jaunes. C'eft une remarque certaine , que ceux qui ont les cheveux roux , font commune'ment fujets aux tache'i de rouffeur ; voici les remèdes qui leur font propres. Prenez , Des Eaux de Fleurs de Sureau , De Fèves , de chacune parties égales. Mêlez pour une lotion ; après quoi , vous vous fervirez de la fuivante : Prenez , De Fiel de Chèvre , De Bour ou de Vache , demi'oncs, Mêlez-Ies avec de la poudre de vers extrêmement fine , pour un Uniment ; fi ces remèdes ne re'uiïiiïenc pas , on pafiera aux fuivants : Prenez , De la Gomme de Cerifier , trois gros. Diflblvez-la dans trois onces de fort vinaigre , & mêlez-la avec tant foit peu de farine d'avoine ; pafTez le tout , pour en baffiner la partie. Le remède qui fuit guérit aulîi très-prompteraent les touffeurs. Prenez , Des Racines d'Iris , D'Ellébore blanc vulvérifées , de chaque un gros. De Miel commun , demi-once. Incorporez-les enfemble , & frottez-en les lentilles. ' Le fuc de fcabieufe , mêlé avec du borax & du camphre, produit le même effet, Voyei Lînthies. 96 Ivl A L Des Maladies qui attaquent la peau des mains & des pieds. Tels font les panaris , les engelures , les porreaux ^ Jes cors , les fentes , les crevalfes & quelques afleftions des ongles. Nous avons traite' du panaris , des engelures , des cors & des porreaux , chacun à leur article. Nous ne parlerons point ici de la duretd calleufc de la peau des paumes des mains ce dss plantes des pieds, chez les perfonnes expofe'es à la fatigue Se au travail. Il fuflira de faire obferver que le bain de la partie durcie , ainfi que les e'mollients conviennent ici; mais , maigre' ces fecours , & quoiqu'on ait eniporte' tout ce qu'il y avoit de dur dans la peau, elle revient dans le même état , dès que la perfonne retourne à fon travaiL Pour les crevafTes & la rudeffe de la peau des mains , fervez-vous de i'iiuile de froment & de la pâte qui fuit : Prenez , Des Amandes douces , Des Amandes ameres , Des Noyaux de Pécke , de chaque une o'nce & demie. Des Farines d'Avoine ^ De Lupin , de chacune douie gros. De la Poudre de Racine de Guimauve y De la Corne-de-Cerf calcinée à blancheur y Des Graines de Courte mondées , de chacune fix gros. De la Semence de Pavot hUnc , dix gros. Pilez ces matières dans un mortier de marbre , eà y verfant pcu-a-peu ce qu'il faut de fuc de citron ou d'orange ; enfin ajoutez-y Une p/fTifante quantité de Miel de ISJarbonne, pour former une pâte de molle confiftance. On fe frotte les mains , deux fois par jour , avec cette pâte. Ce feroit ici le lieu de dire quelque chofe des vices des ongles des doigts , des mains ^ des pieds , coitime leurs inégalite's, leur e'paiffeur trop grande , leurs afpe* rite's, leur changement de couleur, leur inflexion, leurs fentes (Se kur chute ; mais nous nous étendrons peu fur cette matière , attendu qu'il y a , dans ces cas , peu T\I A L 97 peu de tonds à faire fur les remèdes, & qu'ordinairement les cifeaux , le canif, la lime ou un morceau de verre fuffifenc pour polir les ongles ëc leur donner une meilleure forme : mais on doit en ufer avec la dernière pre'caution , de crainte qu'allant jufqu'au vif, ou touchant leur infertion nerveufe, il n'arrivât quelques accidents femblables à ceux des cors &z des verrues. Lorfquc les ongles tombent ^ certains médecins recommandent un emplâtre de cire vierge ; d'autres , la poudre de racine d'iris de Florence , méle'e avec du vin , ou une compofition avec le fuif de daim , la re'fme & l'huile de myrte. 11 faut , pour prévenir leur mauvaife forme , les garantir de toute comprelfion externe , jufqu'h leur parfaite induration. Leurs taches ou couleurs différentes fe dilfipent d'elles-mêmes , ou croiflent avec l'ongle : on les enlporte enfuite aifément , en raclant ou en coupante Des Maladies du Prépuce, La première efl appelle'e Pkimoifis , la féconde Pàaphimoifis ; confultez ces deux articles.] Des Hémorrhoïdss. Quoique cette incommodité ne foit pas proprement une aftedion de la peau , cependant elle y confine de û près( fur-tout lorfque les hémorrhoïdes débordent audelà de l'anus , & forment diverfes excroifllinces touc autour fur la peau même ) , que l'on peut les ranger parmi les maladies de la peau. Nous avons traité amplement de cette matière à l'article HÉxMorrhoïdes. Des Parties du corps re'unies ou féparées contre Vintert-' tien de la nature , dès la première confortriation , ou par accident, 11 arrive très-frcqucmmcnt que les partiesquidevroienc être unies , fe trouvent fcparées, Qz d'autres fois , quoique plus rarement , que celles qui devroient être féparées ou ouvertes, font jointes ou fermées: la maladie clt , dans ces deux cas , originaire ou accidentelle. Nous voyons un exemple , dans le bec-de-lieyre , D, de Santé. T. IL G 98 M A K des parties originairement fe'parces, qui devroient être jointes ; & chaque plaie nous en fournit un de celles qui font divife'es accidentellement. Nous en avons de celles qui font ordinairement jointes , contre l'ordre de la nature, dans les perfonnes qui nailfent fans aucun pailage, du moins naturel, pour les excréments ou pour l'urine : nous obfervons enfin des exemples de celles qui font accidentellement unies dans ceux qui , en confe'quence de queiqu'accident , comme la brûlure, ont les doigts jjoints enîemble, ou les oreilles colle'es contre la tête : enfin les excoriations du vagin , des lèvres, des narines , &c. traite'es fans l'attention requife , occafionnent la jondion de ces parties. Four remédier à ces imperfeftions , on doit avoir recours au chirurgien. De quelques autres accidents qui aff'ecîent indifféremment les parties du corps. La peau cfl expofe'e à quelques autres accidents in-r ternes , tels que lescontufions, les plaies , les ulcères , la brûlure , les morfures des bétes venimeufes : on trouvera le traitement de toutes cts maladies h leurs articles particuliers. Maladie pÉdiculaire. Voye^ Pédiculaire. Maladie DU Plomb. Voye:('PLOMB. Maladie du Poil. Voye^ Poil. Maladies des Vieillards. Fojr^ Vieillards. MANIE, f. f. de'lire perpc'tuel &furieux, fans fièvre. Ceux qui font attaque's de cette maladie, fe jettent fur tout ce qui fe prëfente , brifent tout , maltraitent ceux qu'ils peuvent attraper ; en forte qu'on elt obligé de les enchaîner : encore rompent-ils leurs liens. Les maniaques ont le regard audacieux, les yeux enflammés & le vifage pâle , toujours prêts à faire du mal aux autres; & ils font d'une force & d'une chaleur fi grande , qu'ils viennent à bout de l'homme le plus robufte , & qu'ils ne craignent point les froids \f^s plus violents : ils fe mettent aifément en colère , quoiqu'ils foient ordinairement gais : ils font agités de vifions pendant le fommcil ; ils aiment les femmes avec fureur. Ce font ordinairement les hommes colériques, mé  M A N ^ 99 kncoliques , qui ont les yeux égares, le vlfage pâle , qui font les plus lujets à cette maladie. La caufe prochaine de la manie cft une trop grande fenfibilité dans les nerfs , & leur difpofition à s'enflammer ; la fupprefïïon àes mois & des htfmorrhoïdes , les vers, l'ivrelfe ; les pairions de l'ame , comme les chagrins fubits. L'ufage des liqueurs fpiritueufes occafionne cette maladie. Il faut commencer par faigner le malade au pied , félon la force de fon tempe'rament & de fon fâge ; ce qu'on re'pétera, même pKilieurs fois; on lui fera pren-* dre enfuite l'e'metique en lavage , pour dégager l'eftomac qui eft prefque toujours embarrafle dans cette maîadic. Il prendra beaucoup de lavements , les bains froids pendant quelques jours, Se pour boiilbn , une décodion faite avec une poigne'e de feuilles de mouron dans une chopinc d'eau, ou, û l'on aime mieux, on fera bouillir une demi -pincée de baies de raifin de renard dans la même quaniité d'eau : on peut aulli leur faire prendre le petit-lait clarifié en grande abondance , en y ajoutant vingt grains de fel de nitre par chopine. Tous les huit jours, on purgera les m.aniaques , en leur faifant prendre le foir fix gros de fifop diacode. On leur appliquera fur la tête des comprefles trempées dans de l'eau froide , dans laquelle on aura mis un tiers d'eaudc^vic. La poudre tempérante de Stahl, prife à la dofe d'un demi-gros, foir & matin , peut être très-falutaire. Le camphre fait auffi de grands biens dans cette maladie -, on peut donner , par exemple , i'opiat qui fuit : Prenez , De Confervs de Coings , une once. D'Extrait de Bourrache , demi-oncct De Sel Sédatif , un gros, D'Opium , dou^e grains. De Camphre dijfous dans l'huile , un gros. Mêlez le tout enfemble , pour en faire un opiat , dont la dofe fera d'un demi-gros, foir & matin. On pourra , tous It^ foirs , donner au malade la potion fuivante : Prenez , D'Eaux dijlilUes de Cerife noire ^ De 'Nénuphar , de chaque deux occcs^ G ij loo M A N De Teinture de Cafioréum , vingt gouttes. De Liqueur minérale anodine d'Hoffmann , trente gouttes. De Sirop de Karnlé , demi-once. Mêlez le tout , pour prendre en une dofe , à l'heure du fommeil. On doit obferver cependant de ne point faire un grand ufage de l'opium dans cette maladie , parce qu'il peut augmenter la fureur & la manie : ce n'eft qu'après avoir employé' les faigae'es , les délayants & la diète , qu'il peut ttre de quclqu'utilité. Pour e'vicer la rechute de cette maladie qui revient prefque toujours périodiquement , il faut faire faigner & purger le m.ilade tous les deux mois , lui faire prendre les bains d^ns la belle faifon , l'engager à faire de l'exercice & à prendre de la diinpation , & lui faire obferver un régime exa61:, en ne lui permettant que des aliments doux & de facile digePcion , de l'eau rougie à fcs repas , ck fur-tout en lui confeiîlant d'éviter les veilles immodérée, les grandes peines d'cfprit & de corps. MARA.SME, f. m. amaigriiTement & confomption de tout le corp^. Celui qui ell attaqué du m.arafme paroît comme un fqueîette , la peau collée fur les os, le ventre creux, & comme attaché an dos , le vifage pâle & terreux , hs yeux enfon;és & les temples abattues : c'eft le dernier degré de l'atrophie. Le marafme eft eflentiel ou accidentel, univerfel ou particulier. Le marafme eiïentiel eft celui qui vient de la difpofition du fang ou ô,zs efprirs animaux , & qui n'eft TefFet d'aucune maladie précédente. Le marafme accidentel eft celui q'ji dépend de quelque maladie particulière, comme de la dépravation de l'eftomac ou de la Aippuration des poumons. On reconnoît le marafme, en général, parles figues fuivants: le vifage eft pâle & défiguré , l'appétit fe perd , les forces diminuent tous les jours, les urines font rouges & neu abondantes ; enfin le malade tombe dans un amaigriffement & un defîechement affreux. Les caufe du marafme , en général , font d'abord la M A R TOI ^^pravation du fuc nourricier & l'altération de? fibres du corps-, les caufcs qui difpofent à cette maladie four les violentes paifions de l'ame , l'ufage immode'ré des liqueurs fpiritueufes &: des aliments écliauffants, la laim &c la foif fupportées trop long-temps, le de'taut de nourriture faine , les exercices violents & les travaux pénibles , les veilles conrinuelles & immode'rées, les évacuations longues & confidérables. On diftingue trois fortes de marafmes ; celui qui eft occafionné par le vice des folides ; celui qui provient du vice des liquides ; le dernier eft foimé par la dépravation des nerfs. • Du Marafme des folides, •On reconnok • cette efpece de marafme à une fécherefle confidérabîe fjr tout le corps, oui n'eft accompagnée d'aucun ■v-icé eflcntiel dans les fondions -, c'eft ce que l'on voit arriver dans les vieillards , &: dans les gens laborieux de la campagne , & ceux des villes qui îbnt des exercices trop violents. Les caufes du marafme des folides font les exercices violents, le grand ufage de l'eau-de-vie qui les defîéche , & qui les racornit , les veilles immodérées & la diffipation continuelle & forcée fans une réparation proportionnée : tels font les pauvres gens qui travaillent & dilfipent beaucoup , qui fe nourrilfent peu , & prennent de mauvais aliments. Pour remédier à cette maladie, (î le malade eft dans la force de l'âge , s'il n'eft point trop épuifé, on lui fera faire une ou deux faignées , félon le befoin ; prendre beaucoup de lavements , à.ts bains chauds , continués pendant long-temps, des tifanes rafraîchiffantes , avec la racine de guimauve , le bouillon-blanc , la graine de lin , l'orgeat, les boiftbns chaudes & relâchantes, comme des infuficns de fleurs de guimauve , de pas-d'âne, &c. Le malade prendra beaucoup de repos & de fommeil , des crèmes d'orge, de riz, & le lait pour toute nourture : il ne fera aucune efpece d'exercice violent \ il fe ferafaire des fridionsfur le corps, foir & matin , avec de la bonne huile d'olive ou avec du fain-doux bien frais : il évitera fur-tout le vin & les liqueurs fpiritueufes , les G iij 10% ^ M A R aliments échauffants , la grande chaleur & le grand froide Les vieillards font fujets à une espèce de marafme des folides , qui vient de l'obftrucîion de leurs vaifleaus qui s'oblitèrent par l'âge. Voye^ Vieillards. Du Marafme des liquides. On appelle Marafme des Liquides celui qui vient par leur dépravation ; c'eft ce que l'on voit arriver dans la phthife , dans le fcorbut & le cancer. Toutes les humeurs du corps de'ge'nerent , fe décompofent; les fonctions fe de'truifent , & il ne fe fait plus de nutrition ; delà vient le de'périffement , l'amaigriflement &: la con-* fomption du corps. On reconnoît cette cfpece de marafme aux maladies qui l'ont pre'ce'dé ou qui l'accompagnent : ainfi, fi c'eft un pulmoniquc , un fcorbutique qui tombe dans le ma-» rafme , il eft à préfurner que cette maladie de'pend de la première , & qu'elle n'en eft que le fymptôme ; on s'ap^ perçoit aulfi de la dépravation des liquides par l'abolition de toutes les fon6tions ; la perte de l'appétit , la digeftion viciée , ]&s urines pâles &: crues , les excréments liquides & fétides. Les caufes occafionnelles de cette maladie font un ^ir trop chaud & trop vif, Tabftinence forcée , les aliments, échauffants , les boiffons fpiritueufes , les exercices violents, les veilles immodérées , les pafTions violen-s tes -, les hémorrhagies, une goncrrhée ou des fleurs blanches , des abcès , & des ulcères , la dyffenterie ou diarrhée , le diabètes , la falivation , l'h^ dropifie, les fueurs abondantes , Se tout ce qui peut épuifer le corps. Comme cette efpece de marafme dépend toujours de quelque maladie, elle n'exige peint un traitement différent de celle à laquelle elle eft afîbciée : ainfi tous les remèdes fe bornent aux laits de vache , de chèvre , d'âncffe , aux crèmes d'orge, de riz, de gruau-, aux boiffons adcuciffcintes & calmantes , comme aux bouillons de veau , de poulet , de limaçon , de tortue , aux firops adouci liants , comme ceux de guimauve , de capillaire , de limaçon , de tortue ; aux remèdes gélatineux , comme les loochs , la gomme adragant , la gomme arabique , dilFoute dans de l'eau , & unies à ui^ M A R T03 des firops adoiiciflants ci-deffus. Nous avons traité du marafme àcs liquides en particulier , aux articles HecTisiE , Phtisie, Scorbut. Du Marafme nerveux y ou de la Confomption nerveufe. C'eft un de'pe'rilTement du corps fans aucune fièvre remarquable , fans toux & fans difficulté de refpirer , accompagné du défaut d'appétit & de digeltion , d'une foiblefle èz d'un amaigriflement univerfel. Au commencement de cette maladie, le corps devient €Edémateux & bouffi, & comme fiirci d'un chyle dénué d'cfprit \ le vifage elt pâle & défiguré : l'eltomac a de l'averfion pour toutes fortes d'aliments, excepté pour les liquides, Se les forces du malade diminuent tellement, qu'il eft réduit h garder le lit , avant que les chairs ne foient totalement confumées. Quelque forte que foit la couleur de l'urine , on ne s'apperçoit point que le malade ait la fièvre , ni à fon pouls , ni à la foif , ni à la chaleur qu'il redent; de forte que les fignes qui indiquent manifeftement cette efpece de confomption , font fort équivoques : ils fe réduifent à la diminution des forces, aux dégoîits fans fièvre , fans toux & fans gène dans la refpiration, quoiqu'il arrive quelquefois que la refpiration foit un peu gênée. La caufe prochaine de cette maladie eft un vice particulier des nerfs, qui les fait tomber dans le dépériffement. Les caufes éloignées font un air humide & chargé de parties fulfureufes, le grand ufage de la viande crue ou mal cuite , les liqueurs fpiritueufes , l'épuifement , les exercices violents , les paiFions vives & tumultueufes , les chagrins & la mélancolie. La cure confifte dans l'ufage convenable àts remèdes ftomachiques ik. propres à fortifier les nerfs, tels que les anti-lcorbutiques , les amers & les martiaux. Suppofez , par exemple , que le corps foit fort échauffe , il prendra , tous les trois ou quatre jours à fon lever , le julep fuivant : Prenez , D'Eaux difiillées de Camomille , Du Mélilot f de chaque deu£ onces, G iV ID4 M A II De Teinture de Cafloréum , vingt gouttes, D'Elixir de propriété , un gros. De Sirop d'^rmoife , une once. Mêlez le tout pour un julcp. Sa boillon ordinaire doit être taire avec de la bierc coupe'e à moitié eau ; ou, s'il l'aime mieux , avec du pctir-lait clarifie , à la dofe d'une pinte , h laquelle on njoutera une once & demie de (îrop anti-fcorbutique. Une heure avant de diner, il prendra trente gouttes d'c'lixir de proprie'te' dans un demiverre de vin d'abfmthe : on lui appliquera fur l'eftomac ces fomentations faites avec les herbes aromatiques , comme !e thym , le pouliot , le ferpolet , la fauge , la marjolaine , l'abiinthe , la menthe. Quand le malade aura continué pendant quinze jours l'ufage àcs remèdes ci-dcfTus , il prendra les pilules fuivantes : Prenez, D'Extrait CJialyhé de Mynficht ^ douie grains. De Confervede Rofes rouges , ancienne , ungros. De Baume du Pérou , fept gouttes. De poudre de RégVjfe , autant qu'il en faut j pour en faire des pilules de la grofl'eur d'un petit pois. Donnez-en deux par jour au malade , une le matin , & l'autre le foir en fe couchant. Dans les de'faillances & les attaques vives des nerfs , on donnera au malade un bol compofé de cinq gouttes de baume blanc , de quatre gouttes d'efprit de corne-decerf, dans une quantité convenable de fucre candi , on répétera ce bol deux fois par jour. Le malade tâchera de fe diitraire par l'exercice , par la fréquentation de {qs amis ; car cette maladie eft prefque toujours occafionnée par les chagrins Sz les foucis. La bonté de l'air eft extrêmement falutaire dans cette maladie ; c'efl pourquoi on doit changer de climat , & voyager , pour trouver un air plus fain. Comme l'eftomac eft- la partie principalement aîFeflée dans cette maladie, il eft eflentiel de fuivre un régime convenable , & d'obferver tout ce que nous avons prefcrit à l'article FoiBLESSE d'Estomac. Nous avons traité des autres efpcces de marafmes aux articles , Athropie , Consomption , Fièvre LENTE, HeCTISIE , PuTHISIE , ScORBUT, I M A U 105 MÂRISCE, f. m. petite excroilTance charnue, molle , fongueufe, indolente, qui vient au fondement, au périne'e, &à la partie interne fupe'rieure des cuiflej; dans le,"» femmes : c'eft ordinairement un fymptome de la grofïë \erole ; ce que l'on reconnoît , quand le malade eft attaqué de cetre maladie. Cette tumeur fe dilFipe par les remèdes propres à la vérole; fmon on la de'truit avec des cifeaux , en appliquant deflus de la pierre de vitriol. Koyej Vérole. MAUVAIS GOUT dans la bouche. C'eft un fymptome qui prouve la foiblefl[e de l'eftomac , la mauvaife difpofition de ce vifcere. Le mauvais goût eft ordinairement accompagné de la langue chargée , des rapports , du dégoût , des naufées & de tous les caractères qui dénotent la foibleflë de l'eftomac. Quand cette indifpofition eft paftagere , il fuffit de faire prendre au malade une chopine de petit-lait clarifié tous les matins , & des lavements pendant huit jours-, après quoi, on lui fera prendre une purgation douce , & on lui remettra l'eftomac avec un demi-gros d'extrait de genièvre avant fes repas. Quand le mauvais goût dans la bouche eft habituel , il prouve une foiblelfe d'eftomac marquée. Voye[ FoiBLESSE d'ESTOMAC. Au refte , il y a des perfonnnes qui font fujettes au mauvais goût le matin , parce qu'elles foupent trop le foir ; il faut pour lors fe réformer fur cet article. MAUX DE Dents. Voye^ Dent 6- Dentition. Maux de Gorge. Voye^ Esquinancif. Maux de Poitrine. Voyei Infi ammation de Poitrine, Pleurésie, Péripneumonie , Fluxion de Poitrine , Rhume , Catarrhe , Phthisie , Asthme. Maux de tête. On appelle ainfi les douleurs qui fe font fentir dans la tête. On diftingue ces maux en univerfels 8c en particuliers. Le mal de tête univerfel fe reconnoît à une douleur plus ou moins vive , qui occupe toute la partie qui eft accompagnée de chaleur , quelquefois d'élancement , de pulfation 8c de fièvre : on fent aux yeux un accablement, une pefanteur 8c une difficulté de s'occuper à la leâure , &c ^t fe mettre au grand jour. io6 M E L Le mal de tête particulier fe re'pand dans les différents endroits de Ja tête ; tels font les douleurs d'oreille , les migraines , les maux de dents & les maux des yeux. ï^oye( Fluxion sur les Oreilles , Dents , Yeux , Migraine ô'Cî.avus. Les c.Tufes qui peuvent produire le mal de tête univerfel, font la ple'nitude , la grande chaleur; ( voye{ Calenture , Coup de Soleil , ) un coup , une chute , un amas de fang dans le cerveau, une inflammation , un abcès , un corps e'tranger. Quelle que foit la caufe des maux de tête univerfels, on ne peut y remédier qu'en défempliflant les vaillèaux par les faignées au pied , les boiflbns rafraîchiflantes , l'eau à la glace , dans les cas où la chaleur eft la caufe du mal de tête, i'ufage des bains , & fur-tout des lavements pris tous les jours, foir & matin. L'application desfangiues à l'anus convient aulîi dans les cas où le mal de tête elt produit par quelque fupprelfion d'he'morrhoïdes : on peut auiTi employer ce remède aux parties naturelles des femmes , quand leurs règles font fupprime'es , & qu'elles leur occafîonnent de violents maux de tête. Après les faigne'es , I'ufage des bains , les lavements continue's pendant quelques jours , on peut appliquer fur la tête des comprelTes trempe'es dans de l'eau très-froide, & frotter la tête avec moitié eau & moitié eau-de-vie. Pour boifibn ordinaire , on peut prefcrire l'orgeat, la limonade , fi l'efîomac peut les fupporter , ou faire bouillir dans une pinte d'eau une demi-poignée de chiendent, une pomme de reinette, coupée en quatre, à laquelle on ajoutera une once de firop de nénuphar. Au bout de quelques jours de I'ufage de ces remèdes on pourra purger le malade une ou deux fois , félon la néceffué : fi le mal de tête étoit opiniâtre & violent , on pourroit appliquer les fang-fues à la partie afièétée. Il faut faire attention que tous ces remèdes ne conviennent , comme nous l'avons dit , que quand la tête eft e'galement attaquée par-tout ; car , quand il n'y a que quelques parties afFedées , il faut avoir recours aux articles qui traitent des maux de tête en particulier. MÉLANCOLIE , f. f. C'eft un délire fur certains objets particuliers , fans fureur & fans fièvre, ordinai  M E L 107 rement accompagné de crainte & de trifteiïe , fans occafion apparente. La mélancolie eft trifle ou gaie, quelquefois l'une Se l'autre. On diftingue la mélancolie de la phréneTie & du de'lire, parce qu'elle eft fans fièvre, & qu'elle fubfifte pendant très-long-temps , fans décider le malade pour la mort ni pour la fanté. On la diflingue de la manie , en ce qu'elle n'eft pas accompagne'e de la même fureur ; quoiqu'il arrive quelquefois que la mélancolie dégénère en manie. En outre , les mélancoliques font toujours attachés à un même objet fur lequel ils délirent : ils raisonnent très-fainement fur tous les autres. On reconnoît cette maladie à une certaine inquiétude d'efprit , fans caufe apparente , aux dégoûts de tout ce qui pouvoit auparavant faire plaifir,àla grande fenfibilité & à la grande facilité que l'on a à verfer des larmes : la refpiration eft profonde ëc laborieufc , le cœur palpite ; le vifage eft pâle & exténué ; le ventre eft reflerré : il furvient des feux confidérables à la tête, des lafTitudçs , des défaillances , le fommeil eft inquiet : ceux qui font attaqués de mélancolie , font triftes , abattus , chagrins , & quelquefois excefTivement gais fans aucune caufe apparente ; ils tremblent de frayeur , manquent de courage , font tourmentés d'infomnie , & aiment la folitude : ils entrent facilement en colère , paflent brufquement d'un état à un autre , & fe font rendre raifon des chofes les plus futiles ; ils ont des temps d'avarice , dans lefquels on ne peut rien leur arracher : quelquefois ils font fi prodigues , qu'ils dilTiperoient tout, fi on les lailToit faire ; tantôt ijs ne rendent point d'excréments , & tantôt ils évacuent des matières fcches , noires & enduites de glaires 6c de matières bilieufes ; leurs urines font en petite quantité, acres & bilieufes : ils ont les hypocondrgs gonflés , des vents , des rap~ ports putrides & puants ; ils rendent aulfi quelquefois une humeur acre avec la bile. Ce font ordinairement les ^ens de lettres, ceux qui font fujets aux vapeurs, qui font attaqués de cette maladie. La caufe prochaine de cette maladie eft le vice de l'imagination ^ui fe trouve afFedée de quelques idées lo8 li EL noires & funefles. La caufe matérielle eft ordinaîrement ï'épaifriflëmenc da fang, & un engorgement dans le cerveau & dans les parties nobles ; ainfi tout ce qui peut augmenter rcpailiiiTement du fang peut donner lieu à la mé'ancolie, comme les fpéculations profondes dans les fcienccs , le chagrin , la crainte , la fupprcifion du tlux hémorrhoïdal dans les hommes, & des règles dans !es femmes, les aliments, e'chaufFants, gluants, vifqueux , ie grand ufage du vin, des liqueurs fpiritueufes , des eaux glace'es , l'air épais & grolfier , le fommeil trop long , roifiveté , ou la vie douce ou tranquille qui fuccède tout -à- coup à une vie exercée & tumultueufe , les chairs falces & enfumées, les fruits verds, lesfarineux non-fermentés, les médicaments aftringents , coagulants , les poifons lents , les fièvres chaudes & opiniâtres. ..Quand la mélancolie vient d'an efprit foiblc & troublé, ce que l'on connoit à la foibleffe naturelle de l'efprit du malade , à quelques révolutions fubites qui peuvent l'avoir bouleverfé , & à l'égalité & la facilité avec laquelle toutes les fondions s'exercent , on y remédie par une converfation agréable , beaucoup de diifipation , de complaifance , &c jamais de contrariété , par une liberté entière , par l'exercice à cheval & en caroli'e , & en inventant tous les jours des plaifirs nouveaux qui puilfent diftraire ou charmer les inquiétudes naturelles du malade ; par un air humide & chaud , des lavements, des narcotiques , tel qu'un demi -gros de thériaque tous les foirs. Tous les remèdes du malade feront tirés de fon régime qui doit être doux & humectant : les crèmes de riz , d'orge, de gruau , les légers favonneux, les fruits mûrs , les légumes bien cuits , le potage au gras , le bœuf, le mouton , la volaille, bouillis ou rôtis, & le pain cuit deux fois, font les feuls aliments dont il doit fe nourrir ; pour boKfon , de l'eau coupée avec du vin , & quelquefois du vin pur, pourvu qu'il foit vieux : pour tifane , on peut faire bouillir deux onces de miel dans deux pintes d'eau , pour réduire à trois chopines. Cette efpece de mélancolie eft fujette à former des embarras & des engorgements ('ans les vifceres ; elle dégénère pour lors en mélancolie hypocondriaque : ce MAL 109 une l'on connoît aux pefanteurs de tête , aux embarrasdans la mtmoire , dans l'imagination & dans le jugement , aux fre'qntnts maux de tête 6c aux chaleurs de cette partie , aux tumeurs vers le foie ou la rate, aux ffonflements de l'eltomac , aux vents & aux rapports: il faut pour lors fuivre le traitement que nous avons indique' dans les vapeurs hypocondriaques. Les remèdes confiilent dans les lavements fréquents, dans les faignc'es faites au pied ou au bras , félon la partie aftefle'e, aux boiifons adoucilKintes & calmantes, aux bains tiedes , aux remèdes propres à faire couler le fang ôz les humeurs , comme les eaux ferrugineufes de Forges & de Paliy ; & enfuite prefcrirc les remèdes propres à calmer les accidents qui fe multiplient à l'infini. Voye^ Vapeurs hypocondriaques. MEMBRES RETIRÉS. On peut fe fervir , dans ce cas , le ron[!;uenL qui fuit : Prenez , De la Graijfe humaine , une once. De l'Huile de Vers , De la Moelle de l'os de la cuijfe du Boeufs de chacun Jix gros. De Térébenthine , Du Styrax liquide , Du Blanc de Baleine , de chacun deux gros. De l'EJfence d'Anis , dou^e gouttes. Faites un onguent , dont il faut frotter , foir 3z matin , les parties midades. On prendra en racme temps une infufion de menthe de jardin , en guife de tifane. Si l'on n'eilpas en e'tat de fe procurer cet onguent, on fera faire ufagc au malade des bains d'eau de tripes: on mettra dans l'eau de tripes le membre retire', pluficursfois par jour, £c on l'y laiiTera le plus de temps qu'il elt poinble ; & , quand le malade fortira de ce bain , on laifTera fur la partie aiFede'e , ou des décofïions (fmollienies , ou le catapîafme avec la mie de pain & le lait. Il faut continuer CCS remèdes , du temps , fi l'on veut gue'rir. On peut encore cxpofer , plufieurs fois par jour, le membre retiré à la vapeur d'une décoûion d'herbes cmolliente'^. MENSTRUES, (, fup^refion des ) F'oyf{ Règles , Suppression, lio MER MERCURE, f. m. C'eft une fubftance à demîmétallique , liquide , froide au toucher , d'une couleur argentée. Il ell très-pefant , très-volatil j il s'attache aux me'taux , & particulie'rement à l'of. Le mercure eft le plus pefant de tous les métaux , à l'exception de l'or, qui eft à peu près au mercure, comme quatre à trois. Le mercure s'unit & s'amalgame avec tous les métaux , à l'exception de l'antimoine & du fer , auxquels il s'unit plus difficilement. Les anciens croyoientque le mercure étoit un poifon : cependant , depuis deux cents ans , on l'a fait fervir aux ufages intérieurs, quoique l'on crût que ce fût un poifon. A préfent on eft revenu de cette erreur , & on s'en ferc plus communément dans les maladies. Il faut pourtant avouer qu'il n'eft pas fans aucun rifque; car ceux qui le tirent des mines , quoiqu'ils foient d'un tempérament très-robufte, a peine palTent-ils quatre ans, fans être attaqués de tremblements dans les membres & de paralyfie. De même, quand ce médicament eft mal adminiftré,il peut être d'un ufage très-dangereux; mais il devient falutaire , quand on le place à propos. Le mercure a la vertu d'ouvrir les pores & les glandes, & de les défobftruer : c'eft pourquoi, dans les tumeurs des glandes , dans les fquirrhes de la rate , du méfentere & du foie , dans les ganglions & les écrouellcs , on s'en fert avec avantage ; il n'eft pas moins efficace dans les tumeurs , les bubons, les ulcères vénériens, les puftules de la peau & la gale ; car , comme toutes ces maladies prennent leur fource dans une lymphe épailfe & vifqucufc , il faut un médicament puifTant pour pouvoir la divifer: il n'en eft point qui réuffiTè mieux que le mercure , â caufe de fa liquidité & de fa pcl^mteur : aufli faut-il prendre garde de le donner inconfldérément , parce qu'il porte dans le fang de l'agitation & du feu. On doit toujours faire précéder les faignées , les bains , Jes délayants & les purgatifs, afin d'empêcher qu'il ne iaffe quelque ravage dans le corps. L'effet du mercure , quand il eft pris à l'intérieur pai* ia bouche, ou quand il eft infinué par les pores de la peau , pouffe à la tranfpiration ; & quand il eft amaffé dans une certaine quantité, il excite un écoulement \ MER îiî abouiiant de faîive ^paifTe & fcticle, accompagnife de douleur , de gontlements dans la bouche \ c'cfl ce qu'on appelle la falivation. La première préparation que l'on donne au mercure, c'elt de le purifier , en le flùfant diftilicr dans une retorte , avec de la chaux vive , afin de le dégager de toutes les ordures auxquelles il ell uni ; & quelquefois on le pa^Ie à travers une peau de chamois. On f"e fert du mercure crud pour détruire les vers, en l'uniflant avec du lucre dans un mortier, & en ajoutant quelquesgouttesd'huiled'amandes douces. On en metaufîi dans un nouetde veiFie de porc , que l'on fut bouillir pendant demi-heure , à la dofe d'une demi-livre , dans trois pintes d'eau. On donne également le mercure crud dans la palfion iliaque , quand les inteftins font rentres les uns dans les autres , afin de les dégager par le poids de ce demi-métal. Dans la Gale on en fait aUiTi des ceintures que nous avons décrites à cet article , & dont on fe fert , avec avantage , dans cette maladie. Les préparations de mercure qui font les plusenufage , font le précipité rouge, le précipité blanc & le précipité jaune ; l'a^thiops minéral, le cinabre factice , le fuhlimécorrofif , le mercure doux & la panacée mercurielle. Nous avons donné les ufages & les dofes de toutes c&s préparations dans les différents articles que nous avons eus à traiter. Parmi les vertus que l'on reconnoît au mercure, la principale eft celle de détruire le virus vénérien. Les uns s'en fervent pour donner la falivation par le moyen des fumigations; d'autres ont recours aux frictions , quelques-uns aux emplâtres & aux onguens , Se \ts derniers le font prendre par la bouche. Voici la manière de faire les fumigations. Après avoir faigné le malade , une ou deux fois félon le befoin , lui avoir fait prendre les bains pendant douze ou quinze jours & du petit-lait , on le place tout nud dans une chambre échauffée par un poêle, & on jette enfuite, fur un réchaud plein de feu , deux ou trois gros de cinabre , qui venant à s'évaporer, s'infinue par les pores de la peau, pénètre jufqu'aux plus petits vaiffeaux du corps, & excite une fucur plus ou moins abondante. Iix MER Quelquefois on renferme le rc'chaud & le lîialade foiK une couverture , en lui laillant la tête libre , pour forcer les particules du mercure à s'infinuer plus promptementdan^i la peau. On donne ces fumigations, de deux jours l'un jufqu'à ce que les gencives fe tume'iient , qu'il s'y forme des ulcères , & que la falive ait coule' en fuffifante quantité'. Les fridions fc donnent de la manière fuivante : On pre'pare d'abord le malade , comme nous l'avons dit cidelllis ; enfuite on le place dans un endroit chaud : on iui frotte le corps à plufieurs reprifes , jufqu'à ce que les parties commencent à rougir. Alors on fait quelques friciions avec l'onguent mercurici ; on commence par les pieds , les jambes & les genoux : le fécond jour, on pafTe aux cuiîl'es & aux aines ; le troifieme , aux fefies & aux lombes ; le quatrième , aux poignets , aux bras & à l'avant-bras ; ce que l'on continue de deux jours en deux jours , félon les forces du malade, &z jufqu'à ce qu'il furvienne une falivation abondante , qui doit être de deux ou trois livres par jour. Il faut faire les frictions dans un lieu chaud , & ne pas fe mettre trop près du feu, de peur que la chaleur ne faiTe dilHoer le mercure trop promptement. Le premier jour , les frictions doi^ vent être faites avec deux gros d'onguent; & on augmente toutes les fois d'un gros , jufqu'à la dofe d'une once. On fe fervira , pour cet effet , de l'onguent mercuriel de'crit à l'article Onguent. Il efl elîentiel , en donnant la falivation , d'obferver tous les jours l'état de la bouche , d'examiner s'il ne s'y forme point des tumeurs , fi le malade n'y fent point de la douleur , fi les gencives ne font point gonfle'cs ^ auquel cas , il ne faudroit point augmenter davantage la dofe de l'onguent , de peur de rendre la falivation trop forte, & d'occafionner des fymptomes fâcheux. C'clt ce que l'on voit arriver tous les jours aux gens fans ex-* pe'rience, qui s'ingèrent de manier un remède aulTi dan«^ereux. On pourra s'afTurer que la falivation viendra , fi après la quatrième ou la cinquième fridlion , la bouche s'e'chaufFe & devient fechc , fi les gencives & les glandes falivaires fe gonflent, fi le malade crache fréquemment , fi les vaiffeaux falivaires s'enflamment, & s'il fe forme de petits ulcères qui augmentent tous les joars MER ir} de' grofTeur. Si l'on ne voit aucun de ces figncs dans la bouche , on doit être rcTervé fur l'adminilh-ation de ce remède, parce qu'il y a des gens qui ne falivcnc jamais, quelque dofe de mercure qu'on leur donne. Quand la falivation eft trop abondante , que l'on s'apperçoit que le malade en ell aftbibli , Se qu'il foufïl"e des douleurs de ttte très-violentes , il faut lui faire mâcher un gros de camphre , dans la journe'e , en plufieurs prifes. Il faudra en même temps purger le malade avec l'eau de calfe qui fuit : Prenez, De Cajfc en bâton ^ quatre onces. De Sel Je Glaiiber , trois gros. Faites bouillir le tout dans une pinte d'eau, pour réduire aux deux tiers. Paflez la liqueur , & ajoutez-y De Manne y- deux onces i' demie y pour prendre en deux ou trois verres , à une heure & demie de diilance l'un de l'autre. On prefcrira en nitme temps , foir & matin , àzs lavements avec la caife , ou avec deux onces de le'nitif fin , & deux gros de cryilal minéral. On fera en même temps, fur toute la peau , des fri-ftions avec une flanelle , pour exciter la tranfpiration ; & on fera mettre le malade chaudement dans fon lit. Cette manière de donner la falivation eftîaplus ufitc'e; mais c'cil en même temps la m.éfchode la plus dangereufe qu'on ait imagine'e pour gue'rir la vérole; car, outre les douleurs & l'afibibliflement confidérabie qu'on éprouve , toutes les dents fe trouvent ébranlées , les nerfs dans un tremblement & des agitations convulfives; & il refle fouvent des affeftions à la tête & à la poitrine. Il vaut donc mieux , s'il eft polfible , l'éviter; ce que l'on peut faire , en donnant les frictions de loin en loin , te en purgeant tous les quatre ou cinq jours le malade, ou, ce qui eft préférable , en fe fervant du mercure qui fuit : Prenez , Mercure révivifié trcs-exa3cment deux ou trois fois du Cinckre y & lavé plusieurs fois dans le Vinaigre chargé de Limaille de fer , deux onces. Eteignez-le exadement avec le fuc de fauge : lorf-, qu'il fera éteint, ajoutez Deux gros de Camphre msléavsc un peu de Sucre D. de Santé. T, II, H ÏI4 MER Agitez-le doucement , jufqu'à ce qu'il foit parfaitement mêlé avec le mercure e'teint. Ajoutez enfuite Deux onces de Graijfe de Porc , fraîche , pour faire la pommade félon l'art. Quoique ce remède air la vertu d'enchaîner la fiilivation , on ne doit cependant commencer à le donner qu'à petites dofes , afin qu'e'tant infinué peu-à-peu dans les vailTcaux , il pre'pare les voies, l'dns violence , à une plus grande quantité' de mercure , qui ne doit jamais cependant exce'der une demi-once , ou cinq gros. On mec quelquefois un jour d'intervalle entre chaque fri^iion , quelquefois deux , & même davantage , félon les forces du m.alade & la diiTe'rence des tempe'raments. Il y a encore une autre façon de donner le m.ercure ; c'cft de le prefcrire fous la forme de panace'e. On commence d'abord par faire une ou deux faignees , comme nous l'avons dit : on purge enfuite le malade , & on lui fait prendre les bains, après quoi, on lui donne, le premier jour au matin , dix grains de panace'e , & le foir , cinq autres grains. On laiiTe un jour d'intervalle; après quoi , en en prefcrin quinze grains le matin , & douze lé foir. On le laiffe encore repofer un autre jour ; & le lendemain on lui donne vingt grains le matin , & dix le foir ; ce que l'on continue de deux jours l'un , jufqu'à ce que la falivation foit établie. Quand on donne la falivation par quelque route que ce ibit , on ne doit la celfer que quand on voit les fymptomes calmés : linon on recommence les remèdes , comme ci-dcfTus , jufqu'à parfaite guérifon. Pendant tout le courant de la falivation , il vaut mieux nourrir le malade avec des bouillons , des œufs frais , des panades, qu'avec des alim.ents folides. Une heure après chaque friftion , le malade peut prendre un bouillon; mais il doit s'abitenir, pendant trois heures , de toute nourriture. Quand la falivation exterminée, on doit purger le malade deux ou trois fois , & le mettre à l'ufage des crèmes de riz, d'orge, de gruau, & au lait, pour toute nourriture. On ne doit jamais donner la falivation à un malade qui a la poitrine délicate , ou qui efi: menacé de tomber en heâifie. M î G Ï15 Cette méthode de gue'rifon efl: également dangereufe dans le fcorbiit , dans les aîFections hypocor.dr-iaques ik dans la diiroîution du fang ; car le mercure ne peut qu'augmenter l'achivité des humeurs , ëc les faire tomber en colliquation. On voit , après tout ce que nous venons de dire , que le, mercure eit un remède très-utile , mais en même temps, dont l'admmiftration eft très-difficile ; il faut beaucoup de jugement & de prudence pour pouvoir appliquer ce rem.ede félon les circoiiftances. De toutes ces me'rhodes , celle que nous confeilîons de fuivre eft celle par laquelle on peut éviter la falivation j& nous ne voyons point de circonfrances ou les autres puiffent lui être préfére'es, à caufe des accidents funeftes qui peuvent réfuîter de la falivation qui efl quelquefois ft violente , qu'on ne peut l'arrêter avec aucun remède. Les fridions mercurielles peuvent & doivent être regardées aujourd'hui comme le moyen le plus sûr de guérir la vérole , û elles font adminiftrées com.me il convient. Il ne faut pas croire cependant qu'elles guériiïent cette maladie d'une façon exclufive à toute autre préparation mercurielle, ou , ce qui eft la m.ême chofe, a toute autre manière de donner le mercure. Il y a plus ; on rencontre des véroles qui réfiftent avec opiniâtreté aux fridions bien conduites. Il faut alors changer de batterie , & donner le mercure fous une autre forme , foit qu'on fe décide pour la panacée , ou pour d'autre préparation. Voyc^ l'article VÉroie. MÉTÉORISME. Foyer Tympakite. MIGRAINE, f. f. douleur aiguë qui afflige une partie de la tête , foit du côté droit , foit du côté gauche : quelquefois elle n'en occupe que le devant , le derrière , ou le fommct. Par cette feule définition . on peut diftinguer la mjgraine du mal de tète en général , puifqu'elle n'afF^61:c que quelques parties de la tête , au lieu que le mal de tête eft beaucoup plus étendu. La migraine eft prefque toujours accompagnée de foibleffe d'eftomac , de fuppreifion des règles ou des hémorrhoîdes , & prefque toujours faivie de quelques envies de vomir ; ce qui n'arrive point dans le mal de tête ordinaire. Hij ii6 M ï G On rcconnoitla migraine à des douleurs pulfatives, lancinantes, opiniâtres , & quelquefois fi violentes, que les malades s'imaginent qu'on leur fend , qu'on leur arrache la tête. Cette douleur occupe ordinairement la moitié de la tête du côté gauche , 8c s'étend quelquefois jufqu'aux yeux & jufqu'aux dents : le col & les bras quelquefois ne font point épargnés. Dans certains fujets , la migraine occupe une partie du crâne ,fi petite, qu'il leur femble qu'on veut leur enfoncer un clou dans cette partie. Le pouls eft ferré, & tout le corps efl dans un état convulfif : le malade ne peut fupportcr ni le bruit ni la lumière ; fon urine eft crue dans le commencement de l'accès , & rouge iur la fin -, le ventre eft ordinairement reiferré , &: le malade refient des naufées & des envies de vomir. Les femmes font plus fujettes à cette maladie que les hommes , & fur-tout les filles d'un tempérament lànguiii & fort échauffé, qui ont l'cftomac foible & délicat. La caufe prochaine de cette maladie eft l'irritation des nerfs & le gonflement des vai'feaux de la tcte : ainh tout ce qui peutoccafionner la plénitude, excite la migraine , comme la fupprelfion des évacuations naturelles , telles que les règles & les hémorrhoïdes , l'oubli des évacuations artificielles, comme la faignée Se les fcarifications,le vice de l'eftomac & des premières voies , le changement d'une vie laborieufe en une vie fédentaire , l'excès du vin & des liqueurs fpiritueufes , la trop grande chaleur, les aliments pernicieux ou de difficile digeftion , comme la falade , les pâtiiîcries , les chairs falées, les mets épicés & de haut goût ; les paifions vives , comme la colère. Dans l'accès de la migraine, on doit , avant tout, û elle n'eft point occafionnée par la fupprelïion des règles, àss hémorrhoïdes ou des faignées habituelles , faire prendre au malade l'émétique en -ravage, des lavements d'eau de rivière plufieurs fois par jour , & le fuivant , tous les matins. Prenez , Des Racines de Mauve , De Guimauve , de chaque une once. Dt Feu 'lies de Pariétaire , De Bouillon blanc , de chaque une demi-poignée. M I Cx 117 Des Sommités d'Origan , une pincée. Des Semences d'Anis , De Carvif de chaque un demi-gros. Faites bouillir le tour fucceirivement dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-ieptiers. Ajoutez alors , D'EleSuarre îinitif , une once. De SeUGemme , D'Huile d'Anetk , de chaque deux gros , pour un lavement. On prefcrira au malade la poudre tempérante de Stalil , à la dofe d'un demi-gros, toutes les quatre heures. Pour boiiTon ordinaire , on fera bouillir une poignée de bourrache , & autant de buglofe dans une pinte d'eau , pour re'duire à trois dcmi-feptiers, &: on y ajourera quinze grains de niire puriiîc. Tous les foirs , en fe couchant , le malade prendra quatre grains de pilules de cynogloile. A l'exte'rieiir , on appliquera l'efprit-de-vin camphré, Teau de la reine d'Hongrie , l'eau de lavande , les feuilles de verveine , bouillies dans le vinaigre, & un emplâtre d'opium : on fera prendre au malade les bains aux pieds ; on fera des ft-iftions fur les parties inférieures ; on appliquera les fang-fues à l'anus. Le malade pourra auili refpirer fortement par le nez du fuc de betterave cuite fous la cendre , plufteurs fois par jour. Quand l'accès fera paiTé , on purgera le malade une ou deux fois , félon le befoin; & on le mettra à l'ufage de la tifane fuivante : Prenez , D'Ecorce de Cafcarilîe , trois gros. De ISliire purifié , quinze grains. Faites bouillir le tout dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-feptiers que le malade prendra en quatre verres dans la journée, à diftance égale , ce qu'il continuera pendant huit jours. L'élixir de propriété, celui de Garus font très-cincaces en ce cas. V^oyei FoiBLFSSE d'Estomac. Si l'on s'apperçoit qu'il y ait des marques de plénitude , il f.tudra pratiquer la faignée , Se obferver une diète exa6le,tant dans l'accès qu'après l'accès ; c'eftce que l'on doit obferver dans les migraines occ.lionnées H iij ii8 M O R par la fiipprclTion des menftrues, des h;struf.s. 11 cO: elîentiel d'obferver un re'o;ime cxad , d'éviter les ragoùis, les pâtiffcries, les alimcncs crud'i , comme la falade , la vie oifivc & parefTeufe , le fommeil trop long , les chagrins , la triftcllè, ce le travail de cabinet , trop fuivi. Quand la migraine eft pe'riodiqufi, & qu'elle ne dépend point des règles ni der^ hcmorrhoïdes , la dietc que nous avons prcfcrire ci-deîFus y remédie parfaitement bien ; & une dccoclion de deux gros de quinquina dans une chopine d'eau , continuée pendant huit jours , en fe purgeant avant & après, achevé la guérifon. MISERERE , f. m. paifion iliaque , efpece de colique dans laquelle on rend les excréments par la bouche. Voye7 Cor.iQUE DE MisfrÉrf. MCECONIUM. ( maladie par le) Voyc{ Maeadik DES Enfants. MOIS , f. m. écoulement de fang par les parties naturelles, auquel les femmes font fujettes : on lui a donné ce nom , parce qu'il revient tous les mois. Voye^:^ RÈGLES , Suppression des Menstrues. MORIBONDS , f. m. On appelle ainfi ceux qui font drais un état fî défefpéré , qu'ils ne doivent attendre à chaque inftant que la mort. Voici un julep qui convient pour eux : Prenez , Deux Jaunes d'oeufs frais. De Sucre candi blanc, demi-ance. De' PEjfence de Cannelle , trois gouttes. De Vin d'Efpagne , fix cnces. Mêlez bien le tout ; c'eft un excellent confortant , qu'on prendra en une ou deux fois. Ce remède n'efl: point fait pour guérir le malade ; c'eft fimplement pour le tirer de l'état fâcheux dans lequel il eft , & pour donner par-là la facilité de placer les autres remèdes. MORPIONS , f. m. plur. petits infeftes reffemblants à des poux , qui s'attachent aux parties naturelles, aux aiflclies & aux aines de l'homme & de la fem.me. ïls font ordinairement fi petits dans le commenceI M O R 119 ment , qu'on a de la peine à les appercevoir : ils caufenc des demangeaifons infupportables , des rougeurs , des cuiiTons , & ils s'attachent fi fortement à la peau , qu'on ne peut pas les en de'facher. Quelquefois même ils s'infinucnt fous l'épiderme, & y produifent des demangeaifons très-vives. Nous avons donné la manière de détruire ces infeéles. Voye^ Maladie pÉdiculaire. MORSURE , f. f. foluîion de continuité' , faite à la peau par les dents de quelqu'animal irrité. Souvent ces fortes de morfures ne font fuivies d'autre accident , que de douleur , de rougeur & d'une légère inflammation , comme on l'éprouve tous les jours dans les morfures des chats, âcs chiens, des perroquets; ces fortes de hledures fe traitent comme des contufions ou âes plaies fimples. II n'en eft pas de mcmc àts morfjres occafionnées par âcr, animaux venimeux ou enragés ; car elles produifent des accidents très-fâcheux , & quelquefois même la mort. Les morfures d'un animal en colère , en fureur , foit homme , foit béte , ont fouvent produit des effets terribles , & qui refîembloient à ceux qui fuivcnt les morfures d'animaux enragé?. Quelques médecins penfent que la colère & la fureur peuvent produire fur la falive un changement & une altération telle , qu'elle ne diffère pas alors de celle d'un animal enragé : il eft donc à propos , quand on efl appelle pour voir une perfonne mordue , de s'inftruire de toutes les circonftanccs. De la Morfure des chiens , des chats & autres animaux enragés. Les chiens font beaucoup plus fujets à la rage que les chats & les autres animaux -, & , quand ils font attaqués de cette maladie , ils ont la fureur de mordre indiftinfleraent tout le monde. Leurs morfures , qui font fuivies & accompagnées d'accidents très-fâcheux, font traitées dans un article particulier. Voye^ Rage. De la Morfure du ferpent à fonnettes , du fcorpion & de Vafpic, La piquure de ces animaux eft ordinairement fuivie d'une douleur très-violente dans la partie , avec froid, H iv iio M O R tenfion , engourdiflement , fueur froide autour de la plaie & par "tout le corps. Ceux qui en font pique's aux parties inférieures , font aliènes d'enflures aux aines : fi la plaie a été faite aux parties fupérieures , & qu'elle foit légère , il fe forme une tumeur fous les aifielles ; mais fi la piquure eft confidérable , la partie eft afFedée d'une chaleur pareille à celle que caufe la brûlure : il paroît des meurtrilfures accompagnées de demangeaiibns autour des lèvres de la plaie , aufli-hien que fur tout le corps , fi bien qu'il femble que le malade ait été frappé delà grêle : il a le vifage contrefait; il s'amaffe des matières gluantes autour des yeux: les larmes font vifqueufes; les jointures perdent leur mouvement; & cet accident eft accompagné de la chute du fondement , & d'un defir continuel d'aller à la felle. Le malade écume de la bouche , vomit beaucoup , eft attaqué du hoquet , & tombe dans des convulfions qui tiennent de l'opifthotonos. On remédie à ces accidents , en prenant intérieurement de la racine d'althsa & de panais. Cette dernière eft un remède excellent , foit qu'on la mange verte , ou qu'on la prenne en poudre. Les femences de panais fauvage êc les noifettes produifent auifi de très-bons effets. Voici un antidote excellent pour la morfure de ces animaux : Prenez , De Caftoréum , De Poivre , de chaque demi-once. De Coflus , De Spica-nard , De Safran , De Suc de Centaurée , de chaque deux gro^ , De Miel clarifié ,fuffifante quantité pour en faire un opiat. On en prend la groffeur d'une noifette trempée dans du vin , pour la piquure de fcorpion , Se dans du vinaigre , pour celle de l'afpic & du ferpent à fonnettes. Cet antidote attire le venin , biçn qu'il ait été digéré» fc qu'il fe foit fixé dans les articulations. L'ail pilé feul , ou avec du fel , la rhue fauvage , ou la plante appellee fcorpiurus , produifent aoffi de bons effets , quand on les applique fur la plaie. On peut fubftituer a ces remèdes le cataplafme fait avec un gros de rhue fauvage. M O R m pilde avec du vinaigre , une once de cire , un quarc d'once de re'fine de pin , & quelque peu d'huile. Si l'on ne peut pas fe procurer de Topiat de'crit cidefius , on pourra y fupple'er par la thcriaque ; on eu fera infufer un demi-gros dans un verre de bon vin. De la Morfure de la tarentule. La tarentule eft une efpece d'araignée qui fe multiplie dans le territoire de la Fouille , & dont la morfure eft très-dangcreufe. Voyei^ Tarentisme. De la Morfure de la vipère. La vipère elt une efpece de ferpent qui a la gueule arme'e de deux dents incifives , place'es imme'diatement fur une poche membraneufe , pleine d'une matière venimeufe , extrêmement fubtile. Auifi-tôt que l'animal eft irrité , il drelfe fes deux dents , &: comprime la poche venimeufe ; ce qui fait que le venin s'e'chappe, coule à travers les dents qui font creufc'es, & s'infinue de cette manière dans le fang. . C'eft par ces deux dents & par cette poche qu'on diftingue la vipère des autres ferpents , comme la couleuvre , &c. Cet animal fe trouve commune'ment dans les bois , fur les bords des ruiiTeaux , dans les endroits mare'cageux Se fur le bord des c'tangs. AufTi-tôt -qu'on a e'té mordu de la vipère , on fent une douleur vive,fuivie d'un engourdilîëment dans la partie , d'un gonflement & d'une efpece de boufRifure. înfenfîblemcnt la partie fe tume'fie , devient totalement engourdie , &: mcme quelquefois paralyfe'e. L'enflure gagne infenfiblement des pieds aux jambes & aux cuiP les , des mains aux bras & à l'avanc-bras. Il furvient des défaillances , des maux de cœur , des affoiblilfcments dans la vue , des vertiges , des palpitations de cœur , des fueurs froides , des convujfions & la mort. On a propofé jufqu'à préfent une infinité de remèdes , pour guérir de la morfure de la vipère. On commençoit anciennement par fcarifier la partie , par y appliquer du fel , du poivre & des matières très-irritantes ; enfuite de quoi on faifoit avakr au malade un verre de vin chargé de cannelle & d'un gros de théria  m M O R que : quelquefois on fe contentoit de fucer Ja partie, & d'appliquer delTus, le foie ou la tête de la vipère. On faifoit prendre au malade des tifanes avec les racines de domtc-vcnin , de fcorfonere & de fcordium , le bezoard , le lirop d'reillet. On faifoit des ligatures dans les différentes parties du corps , pour empêcher l'enflure ; mais toutes ces me'thodes prouvoien t bien qu'on c'toit encore loin du remède propre à cette maladie. Quelques expériences , qui ont e'te' faites en Angleterre & en France , ont prouvé que les alkalis volatils étoient le véritable contre-poifon de cette maladie. On a fait d'abord ces épreuves fur des chiens , fur des chats qui avoient été mordus de la vipère, & qui ont été guéris enfuite par l'ufage de ces remèdes. Parmi ces alkalis volatils , on place le fel ammoniac, le fel volatil d'Angleterre, celui de corne-decerf, l'efprit volatil de iel ammoniac, de cochléaria & de corne-de-cerf. Enfin celui de tous ces remèdes, qui paroît agir avec le plus d'efficacité , eft l'eau de Luce , dont voici la compofition ; Mettez dans un flacon de cryftal quelques gouttes d'huile blanche de karabé , rcdifiée : vcrfez deiTus le double de bon efprit volatil de fel ammoniac ; bouchez le flacon avec fon bouchon de cryftal , & tenez-le dans la poche de la culotte , pendant quelques jours : la plus grande partie de l'huile fe diHbudra ; ajoutez-y pour lors une pareille quantité du même efprit volatil de fel ammoniac ; & , après avoir laiiïe le tout en digeftion à la même chaleur, pendant quelques jours encore , a'OUS trouverez l'huile de karabé entièrement combinée avec l'alkali volatil ,fous la forme & la confifcance d'un lait clair, de couleur jaunâtre. Confcrvez-le exadement ferme dans le même flacon. Pour faire l'eau de Luce , il fuffit de verfer quelque? gouttes de favon fucciné fur de l'efprit volatil de fel ammoniac bien vigoureux : on y en jijoute plus ou moins , fuivant la blancheur & l'odeur de karabé qu'on reuc donner à l'eau. Voici une autre manière de faire l'eau de Luce. Prenez , Trois gros d'Alkali /?xe de Tartre. Un gros 6' demi d'Huile de Succin , rectifiée à la chaux. M O R 12.J DifToIvcz le tout avec qu.itre onces d'cfprit-de-vin dans un mortier de verre avec un pilon de cette même matière. La diiTolution une fois faite , mettez le tout dans une bouteille Ic'gerement bouchée , que vous placerez fur des cendres chaudes, afin que l'union foit plus parfaite. Au bout d'un quart d'heure , coulez la liqueur. Le produit, qui re'fultc de ce mélange , fert à faire l'eau de Luce , en verfant quelques gouttes de cette dilfolution far Tcfprit volatil de fel ammoniac , fait avec de la chaux vive. On conferve cette liqueur dans un flacon bien ferme , pour le befoin. Quand quelqu'un a été mordu d'un ferpent , & qu'il fur vient quelqu'accident , il faut d'abord s'afTurer par les fignes que nous avons dit ci-deiTus , û l'animal eft une vipère , auquel cas , on verfera fur le champ cinq à fix gouttes d'eau de Luce dans un verre d'eau ôc de vin que l'on fera avaler au malade. On réitérera cette boilTon , de quart d'heure en quart d'heure , félon que les fy mptomes font plus ou moins violents, & jufqu'à ce qu'ils foient totalement calmés. A l'extérieur, on frottera la plaie avec quelques gouttes de cette eau de Luce. 11 ne faut point s'effrayer de l'ardeur 8c de la chaleur que porte ce remède dans le corps. Il paroît que le poifon de la vipère n'agit qu'en jettant les nerfs dans l'infenfibilité ; il faut , par confe% quent, des remèdes adlifs, pour les tirer de l'état dans lequel ils font. Si l'on s'apperccvoit que l'on eût donné au malade une grande quantité d'eau de Luce, & que les fymptomes fubnftafîént toujours, on pourroit fe fervir d'un moyen pour empêcher cette eau volatile de fediîliper; ce feroit de lui frotter tout le corps avec de l'huile d'olive , pour boucher les pores de la peau & enchaîner ce remède. On doit, fur le champ , lors de la morfure , donner àes dofes fréquentes de ce remède ; 6c on les diminue d'heurq en heure, de jour en jour , jufqu'à parfaire guérifon. Tous les curés de village devroient fe munir d'une bouteille de cette eau, pour pouvoir rendre fervice à tous les pauvres malheureux de la campagne, qui ne font que trop e::p,ofés à cet accident. 114 M O R Si par malheur quelqu'un a e'té mordu , & qu'on n'ait pas de ce remède , on pourroit y fubftituer le fel volatil d'Angleterre, celui de come-de-cerf,ou le fel ammoniac , que l'on feroit diflToudre dans du vin & de l'eau. Si l'on e'toit dans une campagne où il ne fût pas poilibie de trouver aucun des remèdes ci-deifus , on prendroit de la racine de raifort , de la graine de navet & de moudarde , du crelTon , du cochlearia , ûe l'ail ; on e'craferoit le tout enfemble , pour en faire avaler le fuc au malade , en attendant qu'on pût fe procurer les fecours ci-delTus. L'huile d'olive, applique'e fur la morfure de la vipère, a produit de bons effets ; & c'eft un remède qu'on ne doit pas négliger , quand on manque d'eau de Lace. Ce remède a été public , comme un fpéciiique , par la Société royale de Londres. On a fait différentes expériences fur des pigeons ; & les réfulrats en ont été très-agréab!es. Ces mêmes expériences , répétées par TAcadémie des Sciences , n'ont pas eu les mêmes fuccès. Il y a eu des pigeons mordus par la A'ipere , ôc frottés d'huile , comme le recommande la Société , qui n'ont pas furvécu à l'expérience -, & le remède a été ainfi abandonné : cependant il ne le méritoit pas ; & , tout récemment , on vient de publier quatre cures opérées par l'application de l'huile d'olive , dont on frotte la partie bleffee : on l'enveloppe & on la laifiè dans ces compreffes trempées d'huile , qu'on a foin de renouveller de temps en temps. On peut aider l'adtion de l'huile par quelques potions cordiales , ou quelques boiffons diaphorétiques , telle qu'une infufion de méliffe. MORT SUBITE. Il n'y a rien de plus certain que la mort ; mais les fignes de la mort font incertains. Il faut donc , quand une perfonne paffe en peu d'inftants de la vie à la mort , ou plutôt à la privation de mouvement, de fenîiment,' de respiration , être fur {es garcles , & m.etrre en œuvre tous les moyens imaginables , pour favoir fi elle eft réellement morte, fi elle n'a que les apparences de la mort , enfin s'il n'eft pas poffible de la ranpeller à la vie ; car , quel reproche n'a-t-on pas à fe faire, fi on a laide enterrer comme mort quelqu'un qu'on trouvera , par la fuite , dans fon cercueil , débarraffc de fon fuaire , & avec les marques qui démontrenc M O R laj qu'il a vécu dans fon tombeau ? Ces exemples malheureufement ne font pas rares : nous n'en citerons que deux ou trois des plus frappants &.des plus authentiques. Ils ne feront pas de'place*; dans un Diclionnaire aujourd'hui entre les mains des perfonnes capables d'empêcher ces accidents, foit en diffc'rant les enterrements, Ibit en faifant obferver les règlements faits à cet e'gard. Paul Zacchias, célèbre médecin de Rome , raconte que, dans l'hôpital du S. Efprit , un jeune homme, attaqué de la pelîc , tomba , par la violence de la maladie , dans une fyncope fi parfaite , qu'on le crut mort. Son corps fut mis au nombre de ceux qui , étant morts de la même maladie , dévoient être inceiTam.ment enterrés. Dans le temps qu'on tranfportoic ces cadavres fur le Tibre , dans la barque deflinée à cet office , le jeune homme donna des lignes de vie ; ce qui le fit rapporter à l'hôpital. Deux jours après, il retomba dans une pareille fyncope ; ôc fon corps , pour cette fois rcpiiLé more f:.ns- retour, fut mis, fans balancer, au nombre de ceux qu'on devoit enterrer. Dans ces circonlhnces , il revint encore à lui ; on lui donna de nouveaux foins : il a guéri & vécu encore bien des années depuis. Tout le monde fait l'hiftoire arrivée , il y a quelques années , à Orléans. Une dame ayant été enterrée , avec une bague au doigt , dans le cimetière public d'Orléans., la nuit fuivante, un domeftique attiré par l'appas du gain, d'écouvrit le cercueil. Se , ne pouvant venir à bout de couler la bague hors du doigt , prit le parti de le couper. L'ébranlement violent que la bleffure caufa dans les nerfs , rnpp'^ila la femme à ellemtm.e , & un cri violent , que lui arracha la douleur, faifit le voleur d'effroi & le mit en fuite. Cependant la femme fe débarralTa du linceul dont elle étoic enveloppée. Elle retourna chez elle, furvécut à fon mari, & lui donna un héritier dans les dix ans de vie qu'elle eut depuis cet événement. En'in perfonne n'ignore la trifte fin de Jean Duns , furnommé Scot , qui fe rongea les bras dans fon tombeau. Il ne faut donc pas fe hâter de quitter un mahde, ou fe difpenfer de le voir, à la première nouvelle qu'on donne de fa mort , & cela doit être fur-tout obfervé ia6 M O R pour les pcrfonnes qui meurent en peu de moments , & fans c.iufe maniferte. On doii , d^ins ces cas , faire venir le médecin , maigre' le proverbe -, & alors il fera garder le malade dans le lit , le fera frotter , chauffer : on appliquera des linges chauds -, on pourra lui irriter le nez avec un crin ou un chalumeau. Il fera bon de lui mettre fur la langue du fel , d'appliquer les veficatoires en plusieurs endroits , & de faire pre'ce'der leur application de celle des ventoufes , dont l'effet eft plus prompt. On n'e'pargne pas encore les fcarifications. La fumée de tabac, introduire dans l'anus, a réveillé le mouvement des inteftins , & la machine a étéremifeen action pluficurs fois par ce moyen ; peut-être même pourroit-on infinuer l'air dans la poitrine , par d'autres m.oycns. S'il s'agit d'une femme hyltérique , le cafloréam , raffa-fœtida feront bien ; enfin un remède qui a rendu à la vie des perfonnes réputées mortes , chez lefquelles on ne fentoit ni le mouvement , ni celui de la refpiration , qui avoient réfiflé à l'empreinte de la cire d'efpagne , à cette méthode qui a la confiance dos gardesmalades , c'eft l'efprit volatil de fel ammoniac , avalé pur , ou jette dans le nez , à une dofe afîez forte. Si le fujet refle tranquille à tous ces remèdes , & qu'il ne donne aucune marque de fentiment , il ne faudra pas , pour cela , fe hâter de l'enterrer -, on pourra enfuite tenter l'application d'un fer chaud a la plante des pieds , ou fur la poitrine, vers la pointe du cœur. L'ouverture du cadavre , qu'on ne devroit jamais manquer d'ordonner, fera retardée; & il ne fera enfin enterré, que quand il donnera des marques de putréfaction , feul figne certain d'une mort certaine , figne qu'il faut attendre dans les morts fubites , û l'on ne veut pas avoir à fe reprocher d'avoir enterré vivantes des perfonnes qu'on croyoit mortes. , , S^J-C^^/»^ ■■ . ^^^Jk Mî=r: N A U NAUSÉE , f. f. envie de vomir, accompagnée de degoût, d'anxiété d'eflom.ac & de falive à la bouche. On diflingue les naufces , àts vomiffements , en ce N E R IÎ7 ^ qu'elles forment le premier degré' du vomifTcmenr, & qu'elles ne l'ont point acconipagne'cs de fyinptomei -Uiri graves. Vuyci Dégoût, VoMissi-MiiNT. NEPHRETIQUE, (^colique) C'cll une aiTecTion inI flammatoire des reins , une douleur confidcrable dans ' les uretères , qui rc'pond quelquefois dans tout le basventre. Voye7^ Colique néphrétique. NERFS, {foihlejje des) C'eft un relâchement dans ces parties , qui les rend incapables d'exe'cuter leurs fon(^ions à l'ordinaire , & qui diminue la force 8c le mouvement dans la partie. Quand cette maladie efl une fuite de la vérole, du fjorbut , t-es e'crouelles , ou de la mélancolie hypocondriaque, on y reme'die en ôtant la caufe qui l'a produite. Il n:; s'agit ici que de la tbibledè des nerfs , caufe'e I par quelqu'ctFort ou quelques le'geres obi'cruclions dans ' la partie : on peut alors appliquer le remède fuivant: Prenez, Des Feuilles dHyebUy D'Armoife^de chaque une once, Faires-lcs bouillir dans une pinte de lie de vin ; on en frotte la partie , & on y applique le marc. Le baume fuivant e(l encore d'une grande efficacité' dans ce cas : Prenez , Des Feuilles d'Eylfope , De Romarin , De Thym y De Baume , De Lavande , De Laurier ^ de chaque une ■poignée. Des Vers de terre , Des Grains de Ge.^'^vre , de chacun quatre onces. Quatre petits Chiens nouveaux nés. Coupez les chiens par morceaux ; haclicz \zs herbes & les vers de terre; concafiez \q.s graines de genièvre, & faites bouillir le tout fur un petit feu , pendant demi!icare , avec De Beurre frais , D'Huile d'Olive , De Graijfe humaine , de chaque une demi-livre:. De Cire jaune , un quarteron. iiS N O C Paîfez cet onguent avec une forte expreffion ; hattez-Ie bien enfuiie , jufqu'à ce qu'il foit froid. On le fait chauffer, quand on veut s'en fervir. On peut faire en même temps l'opiat qui fuit : Prenez , De Ccnferve de Fleurs d'Orange , une once, D'Extrait à'Enula-Campana , une demi'once. De la Rapurc de Gayac , De SaJJafras , De Squine , de chaque deu£ gros. De Ici Racine de Serpentaire de Virginie , pulvérifée , trois gros. De Confeâion Alhermes , deux gros. Mêlez le tout avec fuffifimtc quantité de teinture de bois fudorifique , pour en faire un opiat , dont la dofe fera d'un demi-gros le foir & le matin. La boilfon fera d'une tifane avec la fquine & le fafîafra5. Prenez , De Squine , deux gros. Faites-la bouillir dans une pinte d'eau , que vous réduirez à trois demi-feptiers ; ajoutez-y alors , De Sa'Jafras , demi-gros. & retirez auiïï-tôt votre vaifleau du feu ; & après demiheure d'infufion , vous palTerez cette liqueur, pour en boire quelques verres, dans la matine'e à jeun , & aux repas avec le vin. NIDOREUX ( rapports ). On appelle ainfi ceux qui ont une odeur & un goût de pourri , de brûlé & d'œufs couvés. Nous avons traité de cette maladie à l'article Alkali. Vnyer^ Rapport, Dégout, Nausée, Vomissement. NOCTAMBULES, f. m. On appelle ainfi ceux qui ont l'imagination iéfée , qui fe lèvent la nuit, & fe promènent en dormant. Quelques-uns de ceux qui font attaqués de cette m.iîadie , répètent pendant la nuit ce qu'ils font pendant le jour. D'autres fe promènent dans des endroits trèsdangereux. On les appelle auili lunatiques. Cette maladie tire fon origine du vice de l'imagination qui eli excitée par la plénitude des vaiffeaux du cerveau. On N O U 119 On faignera le malade une ou deux fois du pied , félon fes forces & l'e'tat de la maladie ; on lui fera mettre' les pieds dans l'eau chaude Se prendre les bains. On le purgera enfuite avec une médecine douce , que l'on re'pétera , à deux jours de diftance. On lui fera prendre les eaux e'pure'es de Palfy , ou celles de Balaruc , pendant une quinzaine de jours. Pour tiiane, on le mettra à l'ufage d'une de'codion de bourrache & de bu2;lofe v & , fur chaque chopine , on ajoutera quinze forains de nitre purifie' ; ou on lui fera prendre du petite lait en abondance. A l'extérieur , on jettera de l'eau froide au malade, quand il fortira de fon lit; on mettra un vafe plein d'eau au pied de fon lit , pour qu'il fc jette dedans, quand il s'éveillera. Si ces remèdes ne réuffifTent pas, on le tiendra aifujetti, avec des liens, dans fon lit pendant la nuit ; on pourroit encore le tenir éveillé plufieur.s nuits de fuite , ou le lailfer dormir dans la journée. NOLI ME Tyf.vGERE, fignifîe : Ne me touckeipas. On appelle ainfi le cancer ulcéré qui attaque le vifage , le nez , la bouche , le menton. En voulant le guérir , on l'irrite davantage ; & on avance la mort du malade: c'efl: delà que lui vient fon nom. Voye'f Canxer. NOUEURE DES Enfants , maladie chronique , qui confifte dans une nutrition inégale , avec un amaigriffement de toutes les parties du corps , & un accroiffement prodigieux de la tére , accompagné d'une courbure de l'épine & de la plupart des os longs , d'un gonflement des os fpongieux , des nœuds qui fe forment aux articulations, d'un relâchement des jointures , d'une déprelfion Ats côtes , &;c. Cette maladie ell prefque particulière aux enfants. On remarque que ceux qui en font attaqués ont Tefprit plus vif & plus pénétrant que les autres ; qu'ils mangent beaucoup , & qu'ils ont le foie & là rate d'un volume confidérabîe. Quand cette maladie ell dans fon commencement, il furvient des engorgements, des nœuds aux extrémités des os -, le ventre fe gonfle & fe durcit : on dit pouf lors que les enfants font noués , & c'ed ce qu'on appelle la noueure. Quand la maladie augmente , les os D. de S.nté, J, //. 1 130 N O U s'amolUfTent , fe courbent & forment pour lors ce qu'on appelle le rachitis. Cette maladie attaque les enfants aux environs de leur neuvième mois , ou plus tard , félon que l'irre'gulajiié s'introduit plus ou moins promptement entre les différentes parties du corps. La peau eft lâche ; il y a tumeur flalque au vifage , à la tête & au bas-ventre : les autres parties font maigres , mais fur-tout les mufc\qs ; il y a des grofleurs aux environs des jointures : infenfiblement les os ne peuvent plus foutenir le corps, l'e'pine fe courbe ; le malade ne marche plus qu'avec peine , ou ne peut plus fe mouvoir aucunement-, les artères de la gorge lont gonfle'es ; la tête s'enfle , & , comme le col eft foible , elle branle & tom.be en devant. Les enfants qui en font attaqués ont la proitrinc étroite & comprime'e late'ralement, le fternum en pointe , & les extrémite's Ats côtes nouées. A mefure que la maladie augmentera , il furviendra une fièvre lente , une difficulté de refpirer , & autres fympcomes qui conduifent à la mort. La caufe immédiate de cette maladie eft l'épaiffiflement de la lymphe ; on fait que c'eft la lymphe qui préfide à la formation du fœtus : c'eft elle qui fait la première nourriture àts os ; & , quand elle eft altérée , elle devient la caufe ou le fondement de cette fâcheufc maladie. Les nœuds qui fe forment dans les épiphyfes des os , les arcs qu'ils figurent , & particulièrement dans l'épine du dos , font des fignes réels d'une lymphe furabondante , qui , s'accumulant dans les fibres des os par fon épaifliffement , produit toutes fortes de difformités: cet amas de fucs lymphatiques fruftrant les parties mufculeufes & charnues du fuc nerveux, qui doit entrer dans la nutrition &: faire l'afFermiffement des fibres mufculeufes , produit ramaigriiïcment & la molleffe de toutes les fiorey \ tandis que le cerveau , le foie & le méfentere le gorgent & fe farciffent de fucs lymphatiques ; c'eft ce qui fait le volume extraordinaire de la tête , & !a groPeur contre nature du bas-ventre , que l'on remarque dans les enfants qui font en chartre , & que le peuple appelle noués. Ils naifTent avec des membres crochus ,\ & comme difloqués , par le trop d'am  ^ O V 13Ï plitude que prennent les os dans les boëtes faites pour recevoir leurs têtes ; c'eit par où fe termine aifez heureufement cette maladie , comme on l'obferve dans ceux qui l'urvivent ; car ilsreftent comme vacillants dans leur marche , boiteux des deux hanches, &très-embarraflës dans leurs mouvements, ayant cependant de groffes têtes, Ôc le relie du corps petit , raccourci & amaigri. Les caufes éloignées de cette maladie font toutes celles qui peuvent e'paiiïir la lymphe , comme un air épais & marécageux , des vents chauds & humides , comme ceux du fud 8c de fud-oucft , des aliments épais , grolfiers , vifqueux , comme la bouillie , le fromage ; ôc ceux qui font propres à rendre la lymphe vifqueuie , comme les fruits verds , le vin , le vinaigre & généralement tout ce oui peut s'aigrir dans le corps des enfants; la gourmandiie &: la trop grande voracité , le repos continuel, le défaut d'exercice , le fomnieil trop long, le défaut d'uriner, la fupprelfion de quelqu'éruption, comme les croûtes de lait , les gales que l'on aura fait rentrer imprudemment, un vice vénérien , fcorbutique, cancéreux , écrouelleux ; telles font toutes les caufes en général , qui peuvent favorifer répaiffiffement de la lymphe. On doit ajouter a cela un air nébuleux & chargé de mauvaifes exhalaifons , celui des lieux maritimes , ou qui eft rempli des particules falines ou fulfureufes ; la coutume extravagante qu'ont les nourrices de promener fur leurs bras les enfants emmaillottés ; & enfin la pernicieufe habitude dans laquelle on ert d'emmaillotter les enfants & de leur faire porter des corps à baleines , qui , gênant la circulation , empêchent la diftribution exade desfucs nourriciers , & en font refluer une partie dans l'intérieur , ou dans les endroits du corps , qui ne font point gênés , comme la tête , les bras & les jambes ; qui deviennent d'une longueur & d'une groffeur monftrueufe , tandis que le tronc refîe petit & étroit. Dans le traitement de la noueure des enfants , on doit diftinguer deux temps -, celui où la chartre commence à fe déclarer ; c'eft-à-dire , lorfque le ventre grolTit , que les jointures fe tuméfient , & qu'il fe fait des nœuds dans les différentes parties du corps ; l'autre , quand le mal attaque les os , Se que le raclàtis eft formé. 131 N 0 U La cure de cette maîadie varie félon les caufes qui l'ont produite. Si c'eft un air épais, des aliments indigeftes, le trop peu d'exercice, occ. il faut prendre une route tout-à-fait contraire. Dans le premier temps de la noueure , on commencera par faire prendre à l'enfant un demi-feptier ou une chopine de petit-lait , pendant dix ou douze jours , auquel on ajoutera une once de firop de lierre terreftre par chopine: après cela, on purgera l'enfant, s'il n'a pas paiîe l'âge de deux ans , avec une demi-once de firop de pomme compofe', fix grains de rhubarbe en poudre , & quatre grains de crème de tartre. On aura foin d'augmenter la rhubarbe & la crème de tartre , à proportion de l'âge & de la force des enfants. Imme'diatement après , on fera prendre à Tenfant , plufieurs fois par jour , Topiat qui fuit : Prenez , D'Ipécacuanha en poudre , doiii^e grains. De Cinabre naturel , demi-gros. De Mercure doux , quatre grains. De Safran de Mars apéritifs trente grains. Mêlez le tout avec fuffifante quantité' de firop des cinq racines , pour un opiat , dont l'enfant prendra quatre grains à la fois dans un peu de marmelade d'abricot ; ce que l'on réite'rera trois fois par jour pour un enfant de deux ans , quatre fois pour un enfant de trois , & fix pour un enfant de quatre. On aura foin de frotter les enfants , toutes les fois qu'on les changera , avec une flanelle ou des linges chauds, au dos , aux jambes & aux bras, avec des fumigations de parties e'gales d'encens, d'ambre, de maftic & d'oliban, dont on recevra la fumée fur des cendres chaudes ; après quoi , on fera les frictions comme ci-defliis. Après l'ufagc de cet opiat & de ces fritlions, on repurgera l'enfant , comm.e ci-deiïus ; & on lui fera prendre le lendemain , deux fois le jour , deux ou trois gouttes de la teinture fuivante , dans une demi-cuillerée d'eau de cannelle. Prenez , De Rouille de Fer , De Crème, de Tartre ^ de chaque demi-once. Faites-les bouillir dans deux pintes d'eau , pendant une heure j pallez par un linge , & filtrez par le papitr. I N 0 U ^ 133 gris. Faites enfuite évaporer jufqu'à confiftance de hrop , dont on donnera à l'enfant , deux , trois ou quatre fois par jour , félon fa force Éc la grandeur du mal. Si l'enfant elt dans un âge plus avance', on pourra lui faire faire ufage de l'elixir fuivant : prenez, Des Sommités d'Abfinthe, De petite Centaurée y de cha.' que deux pincées, D'A la es , un demi-gros. De Myrrhe , De Gomme Ammoniac , de chaque un gros. De Safran , un demi-gros. Faites infufer le %§\.it fur des cendres chaudes dans une chopine de vin d'Efpagne , pendant vingt-quatre heures ; palFez la liqueur , pour en donner une cuillerc'e à bouche à l'enfant malade , trois fois par jour. On ohfcrvera de le purger tous les huit jours , & de le mettre , pendant dix à douze jours , à l'opiat que nous avons de'crit ci-deiîus. Dans le fécond temps de la noueure , c'eft-à-dire , quand les os font courbe's , & qu'il y a un embarras ge'nc'ral dans la lymphe , il faut alors employer des remèdes plus efficaces que ceux que nous venons d'indiquer. On commencera d'abord , par faire prendre à l'enfant du petit-lait clarifie' , pour boiflbn ordinaire , pendant huit jours. Après quoi , on ajoutera une once de firop anti-icorbutique par chopine , ce que l'on continuera pendant huit autres jours. Enfuite l'on paiFera a l'ufage de l'opiat fiiivant : Prenez , De Savon de Venife , deux gros, D'Antimoine pulvérifé , vingt grains. De Mercure doux , dix grains. Pilez le tout dans un mortier , pour en faire , avec fuffifante quantité' d'huile d'amandes douces , des pilules du poids de deux grains. On en donnera une toutes les deux heures à l'enfant , dans une cerife confite , ou dans la marmelade d'abricot, On lui fera , en même temps , des fri£lions fur l'e'pine , le dos , les bras , les jambes , & fur toutes les jointures , avec l'onguent fuivant : Prenez , De la Graijjfe humaine , I iij 134^ N O U De V Huile exprimée de Mufcade , de chacune une demi-once. De Baume du Pérou , un gros. De l'Huile de Mue , De Lavande , De l'Huile de Girofte^de chaque trente gouttes. Mêlez le tout pour faire un liniment qu'on fera chauffer , & dont on frottera les parties. Comme cet onguent pourroit être trop cher pour certaines perfonnes , on fubftituera le fuivant : Prenez , De la Moële de Bœuf, De l'Urine de Perfonne en faute , De Vin rouge , de chaque deux ences. Faites cuire le tout à un feu tr?^-lent , jufqu'à l'evaporation de prefque toute l'humidité : coulez , & ajou-» tez à ce mélange chaud De l'Huile de Vers de terre , une demi-once. De Blanc de Baleine , deux gros. De l'Huile de Noix Mufcade , un gros. Mêlez le tout enfemble pour un liniment , dont on frottera les parties afFede'es. Nonobftant tous ces remèdes , on mettra l'enfant à l'ufage de la poudre qui fuit : Prenez , De la Poudre de Feuilles de Lierre en arhre ou grimpant , un demi-gros. Mettez infufer cette poudre dans une tafle de thé, ou dans un petit bouillon , pour prendre tous les matins , jufqu'à parfaite guérifon. Un foin très-eflentie! dans cette maladie , c'eft , après avoir employé les remèdes ci-deiïus, de donner aux fibres du corps de la force ou de la vigueur : on y réuffira par les bains aromatiques, dans lefquels on plongera l'en-^ Tant une demi-heure , deux fois par jour , & on l'y tien-» dra fufpendu par les bras ou par la tête , l'efpace de trois ou quatre minutes , pour donner , par cette manœuvre, la facilité aux ligaments & aux jointures de s'étendre, pendant le temps qu'à l'extérieur la vapeur des bains les fortiiîera ; ( voj€{ Bains aromatiques : •) on les continuera pendant une quinzaine de jours. La boifTon ordinaire du malade feroit une forte dç biçrç faite de 1^ manière fuivante ; N O U 135 Prenez , De Racines de Fougère fleurie y on Fougère mâle , De RéglijTe, De Bois de Saffafras , de chaque une once» D'Ecorce de Frêne , De Lierre en arbre ^ de chaque une demi-once. De Sommite's de Tamarifc , De Feuilles de Scolopendre , de chaque quatre poignées. De Cloportes vivants , deux cent cinquante. De Raijins fecs , quatre onces. Faites infufer toutes ces efpeces dans dix pintes de bière de Paris , pendant huit ou dix jours , ayant foin de la remuer plufieurs fois dans la journe'e : pafTcz enfuite ; &: cette liqueur , coupée avec autant d'eau , fera la boilfon du malade. On pourroit , s'il s'en dcgoùtoit , dans la même quantité de bière , faire infufer de la même manière huit onces de fommite's de pin. On fera enfuite à l'enfant des matelas , des traveriins & des oreillers , avec des plantes aromatiques féchées, afin que la vapeur pe'netre plus intimement fes chairs , & coopère par-là à la gue'rifon. Quand les os & les jointures feront dégagés , & qu'on aura détruit le vice de la lymphe, on mettra l'enfant au lait pour toute nourriture , pendant un mois ou deux , en obfervant de le purger tous les quinze jours. Pendant tout le traitement, on profcrira les maillots, les corps à baleines , les bottines & hs cuiffarts de fer qui ne fervent le plus fouvent qu'à déranger la texture des os , & à accélérer la difformité. A regard du régime , il doit être des plus exaâs. L'enfant ne mangera que du pain bien fermenté 8c du bifcuit , dont la pâte aura été pétrie avec un peu de mufcade & de cannelle , des crèmes de riz , d'orge , de gruau ; de la volaille , du mouton & du bœuf; de l'eau pour fa boiflbn , & avoir grand foin que le lait , s'il tette , foit bon ; autrement il faut changer de nourrice : on lui fera prendre en même temps les exercices liv 136 N O Y qui conviendront à fon âge. Quand il n'ira pas à h lelle tous lei deux jours , on lui donnera un demi laveiTienr ; on le tranfportera daas un air pur , éloigné de la mer & des rivières ; on dirigera fon Ibmmeil , de façon cju'il veille autant qu'il dorme. Si le rachitis ou la noucure vient d'un vice véroîique , fcropliuleux , fcorbutique , ce que l'on reconnoîtra par les lignes qui caradérifent en particulier chacune de ces maladies, on aura recours aux remèdes qui leur font propres. Voyer^ Can'cer, Ecrouelle , Scorbut , Vérole. NOURRICE {choix d'une). Voyci l'Indroduaion au Diftionnaire de Santé. NOYÉ. Les m.alheurs qui arrivent en fe baignant ne font que trop fre'quents , fur-tout dans les villes où la jeu/zefTe trop hardie s'expofe aux dangers les plus grands ; c'eft ce qui fait que l'on perd tous les jours une infinité de fujets que l'on pourroit fauver , lorfqu'on en prendroit foin. Pluficurs perfonnes fe font imaginées qu'on mouroit dans l'eau , par le trop de boilTon qu'on avaloit ; mais ce fentiment eft toralemenr détruit par l'expérience , qui prouve , qu'après avoir ouvert les noyés , on ne trouve point d'eau dans leur eftomac. Ce n'eft donc que la fupprelfion totale de la refpiration , jointe au froid fubit & à la peur, qui eft la caufe de la mort promptç & inévitable de ceux qui fe noient , & fi la reipiration pouvoit fe continuer dans l'eau , ainfi que la circulation , on n'y périroit pas. Auiu-tôt que l'on tire quelqu'un de l'eau , la premierç précaution que l'on doit prendre , c'eft de le tranfportcr fur le champ dr.ns un lieu chaud , de l'étendre fur une couverture double , de l'approcher du feu , .pourvu qu'il ne foit pas trop fort , de lui faire des friftions fur le corps avec des flanelles &: des fbrviettes chaudes , de lui faire refpirer de la fumée de tabac , & de lui donner des lavements avec la décoflion de cette plante , de lui mettre également fous le nez de l'eau de Luce , de l'cfprit volatil de fel d'Angleterre ou de corne-decerf, de le placer cnfuite dans un lit bien balliné , & d'y exciter par degrés une chaleur plus forte , par le moyen N O Y 137 dfi plufieurs fers châuds , répandus dans le lit , & des couvertures qu'on augmente. Si le noyé' donne quelques fignes de vie , il faut augmenter les fridions , lui continuer fous le nez des fumigations comme ci-delfus , & lui foire prendre enfuite un bon verre de vin avec de la cannelle & du fucre , en continuant toujours de le tenir chaudement. Le lendemain , s'il furvient de la fièvre, on pratiquera une faigne'e : celle de la jugulaire paroît préfe'rable , enfuite celle que l'on fait au pied ; & on lui fera prendre des de'layants , & même l'e'me'tique en lavage. Voici une autre méthode que l'on peut mettre en ufage pour fauver les noye's : il faut e'galement les tranfporter , le plutôt qu'on peut , dans un endroit chaud, & faire , dans la chambre un lit de cendres de genêt ou de farment , fur lequel on les couchera , en enveloppant totalement leur corps de cendre , par deffus laquelle on mettra des fers chauds, pour tâcher d'échauffer la cendre ; & on laiflera le noyé de cette façon jufqu'à ce qu'il donne quelques fignes de vie ; après quoi on !e traitera comme ci-delTus. Au refte , on ne doit tenter ces remèdes que lorfqu'on eft sûr que les noyés n'ont pas refté long-temps dans l'eau : tel eftl'efpace, depuis cinq ou fix minutes jufqu'à un quart d'heure. Quand ils fonc livides , qu'ils ont le ventre gonflé , il elt à propos de ne tenter aucun remède , parce qu'il feroit inutile : il vaut mieux cependant faire tous ces reniedes inutilement que de les négliger, quand ils pourroient devenir falutaires , parce qu'on ne court aucun rifque en les faifant , & qu'en ne les faifant pas , il eft impofïïble de fauver les pauvres malheureux qui ont été noyés, Il ne faut pas non plus précipiter l'enterrement des noyés , & on doit fe conduire dans ce cas comme nous avons confeillé de le faire dans les morts fubites , c'eft-à-dire , qu'il eft important d'attendre les marques de putréfadion , & , en attendant , garder le cadavre , & employer tous les moyens que nous venons d'indiquer , & ceux dont il a été fait mention à î'article Mort subite. 138 O B s OBSTRUCTION , f. f. C'eft un engorgement & un embarras d'humeurs , qui fe fait dans la cavité des vaifTeaux , & qui forme un obftacle à la circulation des liquides : ainfi , toutes les fois que le fang ou les humeurs s'engorgeront dans quelques vaifleaux , de façon qu'ils y feront alre're's, & qu'il furviendra un gonflement dans la partie , on dira qu'elle eft obftruée. Les obftrudions diife'rent félon l'âge, le tempe'rament, & la nature de l'humeur qui les forme. Dans le basâge , c'eft ordinairement la réte qui eft attaque'e ; chez les adultes , c'eft la poitrine ; & , chez les vieillards , le bas-ventre. Quelquefois l'humeur qui forme l'obftruction devient vifqueufe , purulente , fanieufe; dans quelques perfonnes , ce ne lont que les glandes qui font obftrue'es ; & quelques autres font fujettes aux engorgements du fang dans les principaux vifceres du corps. On reconnoît les obftruâions, d'abord à un gonflement & une tenfion à la partie , un fentiment de ple'nitude & de pefanteur ; des douleurs aiguës , lancinantes ; un relferrement & un amaigriflement des parties éloigne'es ; aux laflitudes fpontane'es & à la diminution de forces qu'éprouve le malade. Le vifage eft pâle & bouffi, fur-tout en fe levant : quelquefois les pieds font enflés le foir ; l'appétit fe perd : il s'engendre des crudités dans les premières voies ; & les digeftions font très-imparfaites ; le pouls eft lent & foible j les urines font décolorées ; on rend fouvent des glaires mêlées avec les felles ; on a de la difficulté à refpirer , & on eft fujet aux palpitations de cœur. ' Les caufes prochaines des obftrudions viennent du reflerrement de la capacité des vaifTeaux, ou de l'embarras de l'humeur qui y pafte. Les caufes éloignées font tout ce qui peut rétrécir les vaifleaux , & épailfir le fang ^ les humeurs. Toutes les fois qu'il y a une augmentation de refTort dans les fibres, la capacité des vaifTeaux diminue , O B s 139 comme dans le chagrin , les paflions vives , les exercices violents & habituels. Il en eft de même de la diminution de la caufe , qui dilate les vaiffeaux , foit inaction ou inanition : l'augmentation de l'e'paiffeur des membranes des vaifTeaux efl aufli regardée comme une des caufes des obftrudions ; ce qui arrive , quand il y a quelques tumeurs , des callofités membraneufes , cartiJagineufes , ofTeufes, "d s'y forment. Les vaiflTeaux peuvent être e'galement comprimés par toutes fortes de tumeurs , par la fracture , la luxation , la diftorfion , la diftradion des parties dures, par tout ce qui tiraille trop , & allonge les vaifleaux ; par des vêtements étroits , des bandages ; par le poids du corps tranquillement couche fur une partie , par des ligatures , le mouvement , le frottement & le travail. L'embarras des liquides vient de l'augmentation de la malfe des humeurs , comme dans la plénitude de leur épaifliflement, ainfi qu'un air lourd & épais -, des aliments grolTiers & vifqueux, le défaut d'exercice , le fommeil trop long ; des évacuations fupprimées , comme les hémorrhoïdes , les règles , la pituite ; les pafTions vives de l'ame , qui diffipent la partie liquide du fang & l'épaiffiflent ; le chagrin , la trifteife , la peur , qui condenfent les liquides & les obftruent ; les liqueurs fpiritueufes , qui deiïechent les fibres & coagulent les liquides. On diftingue les obftructions félon la nature de l'humeur qui eft obftruée : quand c'eft le fang qui eft arrêté dans les vaifleaux , il forme des obftrudions fanguines, ( Voyei Inflammation ). Quand la lymphe eft embarraflee dans les vaifleaux , ce font des obftrudions lymphatiques : on diftingue aufli les obftrudions , félon hs différents vifceres qui font attaqués ; telles font les obftructions au foie , à la rate , au méfentere , aux reins , aux poumons , aux mamelles , &:c. On diftingue encore l'obftrudion par fes différents degrés , quand elle ne fait que commencer , c'eft-à-dire , lorfqu'il n'y a qu'un léger gonflement & un amas d'humeur dans la partie , on l'appelle Congeftion : quand l'embarras eft plus confidérable , & que les vaifleaux font farcis d'une humeur qui y féjournc & s'y e'paiflTit , on donne à cette maladie le nom d'Obftruétion ; &: I40 O B S lorfque les liquides font fi épaiflîs , que la partie ed dure au toucher , cela forme le fquirrhe. La faigne'e ne convient point dans les obftrudions ; elle n'en efl point le remède : on peut cependant quelquefois le tenter , quand l'obftrudion ne fait que commencer , & quand la force & l'âge du malade le permettent. Les obftruftions produites par l'arrêt du fang ne font point dans ce cas -, car cO' n'en vient à bout que par les faignées multiplie'es : nous en avons traité à l'article Inflammation. 11 vaut mieux avoir recours aux de'layants', aux lavements e'mollients , aux bains , aux boiffons aqueufes continue'es pendant long-temps : c'eft une des principales attentions que l'on doit avoir dans les obftrudions ; & fouventon ne re'ulfit point à les guérir, faute d'avoir alfez délayé & détrempé la matière engagée dans les vaiffeaux : ainfi , en général , on doit toujours mettre le malade , pendant quinze jours ou trois femaines , à l'ufage des délayants & des bains , avant de commencer aucune autre efpece de remède. Il faut même , pendant toute la cure , faire prendre au malade des lavements , foir & matin , afin de tenir les fibres dans un état de foupleflé , & d'éviter l'épailfiifement des liquides , que l'on doit toujours craindre dans cette maladie. Après ces remèdes , on peut employer les tifanes apéritives , propres à fondre & à diifoudre les humeurs : les apozemes de cette nature font aulfi très-efficaces. Les différentes préparations de mercure , telles que l'sthiops minéral , à la dofe d'un demi-gros ; le mercure doux , à la dofe d'un ou deux grains ; la panacée mercurielle , à deux ou trois grains ; le fafran de mars apéritif , à vingt-quatre grains ; la gomme ammoniac , à un demi-gros ; l'antimoine crud , à deux ou trois grains -, le benjoin , à la dofe de vingt-quatre grains ; le fel de mars de Rivière, à un gros • le tartre martial foluble , à la même dofe; la terre foliée de tartre , à demi-gros ; les cloportes , à vingt-quatre grains ; les favons , le fel marin , le fel gemme , le fel ammoniac , le nitre , le borax , l'arcanum-duplicatum , & tous les fels neutres , à la dofe d'un gros , les eaux minérales ferrugineufes , comme celles de Forges , de Palfy , dé  O B s 14* purées , dans lefquelles on ajoute un gros de fel de Glauber par pinte , font , en ge'ne'ral , tous les remèdes dont on peut faire ufagc pour guérir les oblîrudions. On peut auiïi appliquer à Texte'rieur des emplâtres fondants : tel efl notre emplâtre anodin , dilculBf , l'emplâtre de gomme, de ciguë , de Vigo cum Mercurio , de diabotanum. Voye^ Emplâtre. Ohflruaion aux Poumons, Le poumon eft un des vifceres du corps le plus fujet aux obftruclions : comme il eft compofé d'une infinité de vaifTeaux d'un tifTu lâche & fpongieux , les humeurs y fcjournent plus aifém.ent , & y forment des embarras. On reconnoît l'obftruclion aux poumons par une difficulté de refpirer , une efpece de fifUement qui accompagne la refpiration , par l'haleine qui devient plus courte , par une petite toux , un fentiment de mal-aife & de douleur à la poitrine , & par un fentiment de gonflernenr. La caufe prochaine eft la molIelTe & le relâchement des vaiifeaux qui compofent le tifTu des poumons , l'abord continuel qui s'y fait des liquides de tout le corps. Les caufes éloignées font tout ce qui peut épaiffir le fang & les humeurs , & , en particulier , un vice vérolique , fcrophuleux , fcorbutique , le trop grand ufage des acides, àc^i liqueurs fpiritueufes , des fruits qui ne font point en maturité. Nous traiterons de cette maladie à l'article Phthisie pulmonaire. OhflruSion au Foie. De toutes les obftru6iions , celle-ci efl la plus commune & la plus dangereufe. On diitingue l'obftrudion au foie, du fquirrhe , parle degré: l'une n'eft que commençante, & n'attaque ce vifcere qu'en partie , au lieu que l'autre afïefle tout le foie : on peut aulfi en juger , parce que le fquirrlie du foie eft prefque toujours accompagné d'hydropifie & d'hectifie. On reconnoît l'obftrudion du foie à un refTerremenc autour des hypocondres , qui rend la refpiration lourde &: difficile , à une douleur gravative & obcufe , qui ré  141 ^ O B S pond à la refpiration , à des feux qui montent à la tétc , avec rougeur au vifage , &: de la chaleur dans la paume des mains, à une foif vague, de la fe'chereire &: de l'amertume à la bouche , une falive épaiire , une toux feche , la perte de l'appe'tit , des lalfitudes Ôc des pefanteurs dans les membres, un fommeil inquiet & agité , une conftitution molle & flafque : les urines au commencement font claires , & fur la fin très-rouges ; quand on touche à la re'gion du foie , on fent une plus vive douleur , & fouvent une tumeur d'une grolfeur fenfible : ordinairement le ventre eft relTerré , & les excre'ments font blancs ou grisâtres. La caufe e'ioigne'e eft la ple'thorc avec re'pailTilTement du fang. La caufe imme'diate & prochaine eft la conftridion & le relferrement du foie ; ce qui peut être occafionne' par la fuppreiîion des he'morrhagies , telles que les règles de les he'morrhoïdes , l'oubli des faigne'es habituelles, l'arrêt du fang dans les hypocondres par quelques tumeurs, la fuppreftion de quelques fièvres mal traite'es , le mauvais ufage des vomitifs , la colère &c les partions vives , les aliments vifqueux & le peu de boiftbn , le grand ufage de l'eau froide , quand on a chaud , l'abus des acides & des aftringents. Pour reme'dier à l'obftrudion du foie, il faut d'abord examiner la caufe qui l'a produire ; en fécond lieu , fi l'obftruftion eft nouvelle ou ancienne , fi le tem.pe'rament du malade eft afFoibli , e'puifé, ou s'il y a encore de la relfource ; auquel cas , il faut fe conduire prudemment au fujet des faignées , des boilTons &: des délayants. Quand l'obftrudion du foie eft occafîonnée par quelques chagrins vifs , Se qu'elle eft encore récente , il faffit de faire prendre des bains tiedes au malade , pendant une quinzaine de jours, quelques lavements, & de le mettre enfuite à l'ufagc de la tifane qui fuit : Prenez » Des Racines de Chiendent épluchées & concajjëes y une àemi-poignée, D*Arrête-Bauf, De CharJnn-Roland, de chaque demi-once. Faites bouilHr le tout dans trois chopines d'eau , O B s r43 ^ue vous réduirez à une pinte ; ajoutez-y fur la fin De la Réglijfe effilée , deux gros, & faites fondre dans la liqueur , après l'avoir paflee , De Sel de Mars de Rivière , un gros , pour en prendre trois verres tiedes , tous les jours. Au bout de cin,q jours de l'ufage de cette tifane, on purgera le malade avec un purgation fimple , & il continuera encore fa tifane pendant huit jours ; après quoi, on le repurgera , comme ci-deffus , & on le mettra à J'ufage des eaux de'pure'es de Palfy , qu'il continuera f>endant quinze jours , en obfervant de fe purger tous es huit jours. Quand i'obftrudion du foie eft invétérée , & qu'elle a fait des progrès confidérables , il faut préalablement employer les bains , les lavements & les boiiTons délayantes , pendant une quinzaine de jours , a moins que le malade ne foit hydropique, eu en heclifie ; après quoi , on le mettra à l'ufage de la tifane qui fuit : Prenez , De la Racine d^Ofeille , De Fraijîer, De PiJTenlit , De Chicorée fauvage lavées l ratiffees&coupéesparmoiceaux, de chaque une demionce. Faites les bouillir avec une demi-livre de rouelle d« veau , dans trois chopines d'eau , que vous réduirez à deux bouiflons. Ajoutez à la dernière demi-heure, Des Feuilles de Scolopendre , D'Aigremoine, de chaque une demi-poignée. Paflez la liqueur ; partagez-la en deux bouillons , pour en prendre , un le matin à jeun , & l'autre furies cinq heures du foir. On fera fondre dans chaque , vingtquatre grains de terre foliée de tartre : on continuera cette boiiïbn pendant huit jours ; après quoi , on paffera à la fuivante : Prenez , Du Séné mondé , une once. Des Racines de Polipode de Chêne , De Garance ^de chaque une once* 144 0 B S /?d Feuilles de Scolopendre , une poignée. De Marrhuhe blanc , deux pincées. Coupez les racines par morceaux , & mettez enfuitè le tout infufer dans deux pintes de vin blanc , que vous laifferez, pendant vingt-quatre heures, fur des cendres chaudes : paiïez ce vin , pour en prendr^e deux verres le matin, à une heure & demie de diftance l'un de l'autre -, ce qu'il faut continuer pendant trois jours , après lefquels , on reprendra la tifane ci-dei'fu.v pendant huit jours ; & on fe mettra , pendant trois autres jours , à l'ufage du vin purgatif, que nous venons de prefcrirc. Pour tifane ordinaire , le malade fera ufage d'une infufion de racine de chicore'e fauvagc , à la dofe d'une once, dans une pinte d'eau, à laquelle on ajoutera quinze grains de nitre. Après avoir mis en ufage les rerriedeS ci-deîTus indique's , on pafTera à l'opiat fuivant : Prenez , D'Extrait de Fumeterre , demi-once. D' Enida-campana , trois gros, D'Yeux d'EcreviJfes , deux gros. •■ D'Antimoine crud ^ mis en poudre fine ^ une demi-once. D'jEtkiops martial, deux gros. De Comme Ammoniac , trois gros. De ^Cloportes pulvérifées , deux gros. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop des cinq racines , pour faire un opiat de molle confiftance , dont le malade prendra un demi-gros, le matin à jeun, & un demi-gros fur les cinq heures du foir , en buvant par deiTus un coup de tifane. On aura foin de purger le malade tous les huit jours ; & , s'il fe trouve échauffe' par l'ufage des remèdes , on les fufpendra , &z on lui fera prendre par jour une pinte de petit-lait clarifié , dans laquelle on fera fondre une once de firop des cinq racines : quand la chaleur fera dilTipée, on recommencera l'ufage de l'opiat ci-defîus. A l'extérieur , on appliquera , dans les commencements , des cataplafmes avec les plantes émollientes , ( voyei Cataplasme ) i ce que l'on continuera pendant O B s 145 pendant huit jours ; après quoi , on fe fervira de l'cmpUrre que nous alions d'e'crire: Prenez , D'Huile de mucilage yfept onces & demie. De Refîne de Fin , trois onces. De Tel éhenthine , une once. Faites fondre le tout dans l'huile/ur le feu ; & , quandt il fera refroidi , ajoutez De Gomme ammoniac , De Galbanum , D'Opopanax en poudre , de chaque une demi* once. De Safran pulvérifé , deux gros. De Savon de Venife , dijfous dans une fuffifan^e quantité d'eau , demi-once. De Cire jaune liquide , fuffifantc quantité. Faites du tout un emplâtre , en le remuant continuellement fur le feu , avec une fpatule de bois , jufqu'à ce qu'il ait acqu's une confiftance d'emplâtre ; on en e'tend fur une pcau que l'on applique fur la re'gion du foie , & on le renouvelle tous les jours. 11 ariive quelquefois que l'obUruciion du foie fe trouve compliquée avec la toux; pour lors il faut moins appuyer fur les remèdes échauffants , & prefcrire ceux qui conviennent dans la toux. Tous ces remèdes deviendroient inutiles , fi l'on n'obfervoit un régime exact , fi l'on n'évitoit toutes Ie> caufes qui peuvent produire répaiinifement du fang , fi l'on ne fuyoit le chagrin & la trifleffe , fi l'on n'évicoic les purgatifs acres , les liqueurs fpiritueufes , & généralement tout ce qui peut enflammer le fang. De r0bjlru3ion â la Rate. On reconnoît cette obftrudîlion à un gonflcm'înt ati eôté gauche fous les fauffes côtes , accompagnée de douleur , de tenfion '. ces fymptomes durent pendant un ou deux jours , & fe calment tout d'un coup. La refpiration cft di.ficile : on fent des anxiétés au vcifi ■ nage du cœur , une toux feche , périodique , un abattement confidéràble des forces , une triftefle Se un accablement, point d'appétit; Teltomac produit con,D,dcSaaté,I.U, K 145 O B S tinuellement des rapports : on fent des palpitations au cœur , & quelquefois nréme à la re'gion de la rate. Les hommes font plus fujets à cette maladie que les femmes , fur-tout ceux qui font d'un tempérament mélancolique , qui mènent une vie fédentaire , qui font fujets aux inquiétudes & aux chagrins. La caufc prochaine de cette maladie eft l'embarras du fanç & des humeurs dans la rate , occafionné par la plénitude 8z répaiffifTement du fang , & par la mollelfe des vaifleaux de ce vifcere. Les caufes éloignées font l'oifiveté , la vie fédentaire &ftudieufe,les aliments grofliers & le défaut de boiflbns ; la conftipation , la fuppreflion des évacuations , les froids violents que l'on eCTuie a différentes parties du corps, la difpofition naturelle , «Scies palTionsde l'ame. On commencera le traitement de cette maladie par une faignée ou deux , félon la force du malade & la gravité de la maladie , en rappellant l'évacuation fupprimée,par le moyen des fang-fues appliquées aux hémorrhoïdes ou à la vulve on préparera enfuite le malade , comme nous l'avons dit ci-deffus dans l'Obftruction en général ; & on le mettra enfuite à l'ufage de la tifane qui fuit : Prenez , Des Racines de Dompte-venin , D'Année , de chaque une once. Des Feuilles de petite Centaurée , D^Abfîntke , de chaque une pincée. Des Feuilles de Beccabunga , De Cochléaria , de chaque une poignée. De Tartre vitriolé , un gros. Faite bouillir les racines, pendant un quart d'heure , dans trois chopines d'eau : ajoutez enfuite les feuilles & le fel que vous tiendrez chaudement auprès du feu , pendant une demi-heure , en couvrant bien le vaifleau ; vous pafîèrez la liqueur, pour en prendre quatre verres par jour , deux le matin , & deux l'après-midi. On purgera enfuite le malade avec une purgation Hmple , & on pourra le mettre à l'ufage de l'opiat qui fuit : O B s 147 Prenez , D'Extrait d'Ellébore noir , De Fumeterre , de chaque une (fiice. De Feuilles' de Séné pulvérifces , demi-once» De Gomme Ammoniaque , De Sagapcnum^ De Galbdnum , De Myrrhe , De Succin , de chaque un gros^ De Safran de Mars apéritif, demi-once. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop de chicore'e , compofé de rhubarbe , pour faire un opiat de molle confiftance. Le malade en prendra un demi-gros le matin à jeun , & autant fur les cinq heures du foir. Les pilules Tuivantes font aulFi recommande'es dans l'obftrudion de la rate , comme un très-bon remède. Prenez , De Racines en poudre i^'Afarum ou Cabaret , deuxgros. De Gomme Ammoniac , un gros, D'Aloès-Socotrin , demi-gros. De Mercure doux , vingt grains, D'Mthiops martial , un gros. Mêlez le tout enfemble avec fuffifante. quantité de firop d'abfmthe , pour faire des pilules du poids de dix grains , dont le malade prendra trois le matin à jeun , & trois l'après-midi. Après l'ufage de cqs pilules , on fera prendre au malade les eaux , telles que celles de Bareges , de Cauteretz , de Vichy. On a obfervé que la preuve de la réfolution de l'obftruilion de la rate étoit manifefte , quand il furvenoit une fièvre aiguë , accompagnée d'éruption , & qu'on rendoit par le fondement un lang noir & fétide. On peut faire ufage , à l'extérieur , des emplâtres que nous avons indiqués dans l'Obftrudion au Foie , éc de l'emplâtre favonneux de Barbette , du diachilon ; &on peut faire des frictions avec les huiles de câprier , de camomille & de méliot. S'il y avoit quelques menaces d'enflure ou de phthifie, il faudroit être circonfpe6l fur l'ufage des remèdes ci-deffus , parce qu'ils augmenteroient la diffolution du fjing. Kij 148 , ^ O B s La diète doit être choifie : il faut e'vîter, parconféquent , les aliments épais, prendre beaucoup de boiflbns aqueules , fe donner beaucoup de mouvement , monter à cheval ,• aller en carroffe , prendre des aliments légèrement aromatife's avec un peu de cannelle , fe donner beaucoup de diiïipation & delà tranquillité d'ame. Obflruâion au Pancréas. Le pancréas cft fujet aux obftrudions, ainfi que les autres vifceres. On reconnoît cette efpece d'obftruftion a. une tumeur , un gonflement à la région de l'eftomac , à un fentiment de pefanteur à cette partie , à un embarras dans la refpiration , à la perte d'appétit, & aux rapports qui arrivent après la digeftion ; à l'abondance confidérable d'eaux falées ôc acides que l'on vomit le matin en fe levant, & à une difficulté que l'on fent dans îepaffage des aliments. Lescaufes font les mêmes que celles des obftrudions en général : telles font l'epaifTifTement de l'humeur pancréatique , occalionné par toutes les caufes que nous avons décrites ci-defTus à l'article Obflruâion en général. Quand cette maladie efl: récente , elle eft très-difficile à connoître & on ne s'en apperçoit ordinairement que quand le mal eft devenu très-difficile à guérir: on peut fuîvre à peu près le même traitement que nous venons d'indiquer dans l'Obftrudion à la Rate; on peut feulement , pour tifane ordinaire , prefcrire au malade !a fuivante : Prenez , De Mie de Vain tres-hïanc, écrafée, deux onces. Fa^^es-la bouillir dans trois pintes d'eau commune, jufqu'à laréduftion du tiers: ajoutez pour lors Demi-once d'Eau de Fleurs d'Orange, Deux onces de Sirop de Guimauve. Mêlez le tout pour une boiilbn , dont on prendra une pinte par jour en plufieurs verres. Comme le pancréas vient s'aboucher dans l'eftomac par un conduit particulier, il arrive fouvent que l'obftruflion fe communique jufqu'à l'eftomac , & que l'orifice inférieur de ce vifcere fe trouve bouche' de façon O B s .149 que les aliments ne peuvent plus pafler dans les inteftins. Il faut e'viter, en ce cas , tous les aliments gluants & vifqueux, les acides, les matières acres, les fruits qui ne font point mîjrs, les vins aigres , les éméciques, & géne'ralement tout ce qui peut refTerrer le calibre des vaiCféaux , &z augmenter par-là l'obftruction : il feroit même à propos de ne boire que de l'eau , & d'éviter généralement tout ce qui peut échauffer & enflammer le fang, Obfiruâions au Méfentere. Le méfentere eft cette partie membraneufe qui fert d'attache aux boyaux. Comme elle eft parfemée d'une infinité de petites glandes , elles font fort fujettes aux obfiru£l:ions. On reconnoît l'obftruflion du méfentere à la grofleur confidérable du ventre , & la maigreur de tout le refte du corps, à la perte de l'appétit, aux felles qui font fétides, & fouvent parfemées de chyle qui , ne pouvant pafTer dans le fang , à caufe de l'obftrudtion des glandes , fe fait un palfage par le bas-ventre. Cette maladie eft communément accompagnée de fièvre lente , d'une difficulté de refpirer , & d'une déperdition confidérable àts forces. Nous avons diftingué les caufes & le traitement de cette maladie aux articles Carreau, Noueure. Voye{ ces Jeux articles. Objirudion à la Matrice & aux Ovaires. La matrice & les ovaires font quelquefois expofés aux obftrudions. On reconnoît cette maladie au gonflement dans la partie , à la pefanteur & au poids qu'on y reffent, à la douleur qu'on y éprouve , fur-tout lorfqu'pn y touche, à l'augmentation des règles dans les femmes , qui dégénèrent en perte. Les caufes de cette maladie font toutes celles des obftruclions en général. On y remédie parles lavements , les bains, les délayants , les injections faites avec l'eau de guimauve , pendant les premiers jours ; & enfuite avec l'eau de fureau , par les tifanes apéritives , continuées pendant long-temps , les opiats Ixsndants j tels font les remèdes Kiij ijo O B s que nous avons décrits aux articles préce'dents : on peut feulement donner pour tifane , en ce cas , une infufion de feuilles d'armoile & de marrube blanc. Les ovaires font à peu près dans le même cas que la matrice , Se ne différent point dans le traitement : il faut feulement obferver que , quand il y a des pertes fréquentes , que le malade eft d'un tempe'rament fec & échauffé , il faut faire plus d'ufage des délayants , comme le petitlait clarifié , à la dofe d'une pinte , dans lequel on ajoute un demi-gros d'œthiops martial, ou fimplement de l'eau ferrée légère , faite avec du fer qu'on laiflé diffoudre dans l'eau pendant plufieurs jours. On obfervera du relie le régime que nous avons prefcrit ci-deffus, ObftruBion aux Reins, On reconnoît l'obflrudion des reins aux douleurs qu'on éprouve dans ces parties , à l'urine qui vient en petite quantité, qui eft rouge & remplie de glaires , aux attaques fréquentes de colique néphrétique , que l'on a éprouvées , aux fables que l'on trouve quelquefois dans les urines, & enfin aux pefanteurs & aux douleurs vives que l'on relient dans ces vifceres. Quelquefois ces obft'rudions font occalionnées par la prélence des pierres que l'on trouve dans les urines , laquelle s'annonce par des attaques vives de néphrétique. Nous avons traité de cette indifpofition aux articles Pierre , Gravelle , Sable. • Quand l'obftrudion des reins eft produite par la même caulequi forme l'obftrudion en général , on fuit la même curation que celle que nous avons tracée dans les articles Obstruction au Foie 6" a la rate. ObJIrucIion aux Glandes du Corps, Nous avons traité de cette affediion dans les articles Ecrouelles , Humeurs & Tumeurs froides. Depuis la première édition de cet ouvrage , un médecin Allemand , M. Storck , a publié , pour bien des maladies regardées jufqu'ici comme incurables , & principalement pour l'obftruLtion , un remède dont il a eu beaucoup à fe louer. Les Journaux, & celui de Médecine fur-»  O D O . ^5^ tout, en ont fait mention. Ce remède efl; Textrait de ciguë : on prend la plante entière , à l'exception de la racine ; on la pile ; on en tire tout le jus : on le fait enfuite évaporer aubain-marie , jufqu'àcc qu'il ait acquis la confiflancerequife dans un extrait ; on en forme enfuite des pilules dupoidsde deux grains: onfefert, pour les former , de la poudre des feuilles de ciguë. On donne de ces pilules au malade , en commençant par deux grains; de on peut aller fans rifque jufqu'a la dofe de deux gros. Au refte , on fe conduit par degrés: on applique fur la glande oblîruée un emplâtre faitavecle même extrait. On a déjà fait en France beaucoup d'ufage de ce remède ; & il a réuffi dans plufieurs circonitances. Nous pouvons le recommander avec d'autant plus de sûreté , que jufqu'ici il n'a produit aucun mal , de que ion ufage n'exige pas de grandes précautions, ni de la part du malade , nidelapart du médecin. ODONTALGIE, f. f. douleur de dents , qui eft quelquefois plus ou moins cruelle , félon la force de l'inflammation , & félon les différentes parties qui font attaquées. On reconnoît cette maladie à la douleur vive qui l'accompagne , à la rougeur du vifage , à la tenfion & à l'inflammation des vaiffeaux , à la variété de la douleur qui tantôt eft accompagnée de tenfion , tantôt d'élancement , Se quelquefois de frémiffement. La douleur ne s'étend pas feulement jufqu'aux gencives , mais à toute la capacité de l'oreille. On diftino;ue deux fortes d'odontalgie, l'une qui dépend de la carie des dents, & l'autre qui ell occafionnée parla congeftion des humeurs ,1 ou par quelques fluxions : on s'aflure aifément de la nature de ces deux odontalgies par l'infpedion. La caufe prochaine d'odontalgie efl la carie]des dents. Les caufes occafionnelles font l'âcreté du fang & des humeurs , une haleine puante , des matières corrompues qui ■s'amafTent dans la bouche , un levain fcorbutique , vérolique ou cancéreux, l'abus que l'on fait des poudres acres pour nétoyer les dents. La caufe prochainç de Todontalgie fans carie , eft Kiv 151 O D O la tongeftion des humeurs & leur fluxion, tes caufes éloignées font a ple'rhore , une matière acre , un froid viol nt , qu'on peu- avoir éprouvé, une humeur goutteufe , qui s'eft portée fur cette partie , ou celle des règles & des hémorrhoïdey , qui aura été fupprimée , des vers qui font caché", dan^ la racine des dents. Dans l'odont.Jgie produite par carie , il faut commencer par la dciruire , en cautérifant la dent avec un fer roupie ou avec le cautère potentiel , comme l'huile de vitriol , l'huile d"œillet , la poudre de racine de pyretre & d'ariiloloche , l'efTcnce de fuccin ; &r, fi ces remèdes n'operciu point , il faut arracher la dent. Pour calmer les douleurs , on peut appliquer dans l'inrérieur de la dent un grain d'opiam , quatre ou cinq grains de philonium-romanum , de la femcnce de julquiame , mclée avec un peu de cire , & coulée dans la dent : quelque^ grains de nitre purifié font auffi le même effet. Les huiles eiïentielîes de girofle , de cannelle , dan, le^q'ielles on trempe un peu de coton , foulagent beaucoup les douleurs. Voye^ Dentition. Quand le- douleurs ne fe calment point par ces remèdes , on fait prendre au malade , toutes les demi-heures , vingt -quatre grains de poudre tempérante de Stahl : ou , (i Ton aime mieux , on donnera au malade quatre grains de pilule de cynoglofle , deux fois par jour , pour appaifer les douleur*^. Quand l'odontalgic eft occafîonnée par une congef» tion ou un amas d'humeurs dans les gencives, & qu'il y a rougeur, douleur vive, élancement , pulfation & les autres Agnes de l'inflammation , on aura recours aux faignées , aux délayants , aux lavements , aux gargarifnies faits d'abord avec l'eau d'orge, le lait chaud , &c. après quoi , on paîfera aux fuivanrs : Prenez, D'Ecu deVleurs t^e Sureau ^ quatre onces. De Sel de Saturne , un gros. D'Eau-de-vie , une once. Mêlez le tout pour un gargarifme : il faut bien prendre garde d'en avalçr. A^l'extérieur , on peut appliquer des comprcfles ou du coton trempés di.ns Terprit-de-vin camphré , on aura foin, en même temps, de purger le malade plufieurs 1^4 t^6 O N A enflée , on pourroît mettre delTus éies bandes que l'on ferreroit plus ou moins fort , félon c^ue la partie feroit f>lus ou moins lâche & molle ; & on hniroit la cure par a de'codion fuivante : Prenez , De Racines de Polipode de Chêne , De Valériane , de chaque une once. De Sçuine , une demi-once. De Sel d\4hfmthe , deux gros. Faites bouillir le tout dans trois chopines d'eau pour jre'duire à pinte , en couvrant bien le vaifleau. Ajoutez-y De Salfcpareille coupée par morceaux , une demi-once. De CreJfon.de Fontaine, deux poignées. De Myrrhe , un gros. LaifTez infufer le tout chaudement pendant demiheure , pour en prendre trois verres , dans la journe'e, de quatre en quatre heures. On aura foin de faire faire de l'exercice au malade , de re'gler fa nourriture , de le mettre à un re'gime exaft, &de lui faire mâcher douze grains de rhubarbe avant fes repas , pendant quelques jours. Au refte , on aura foin de faire prendre au malade pour boiffon , pendant toute la cure , une infufion légère de chama:drys ou petit-chêne. L'ufdge des eaux ne convient prefque point dans cet état , parce qu'elles n'ont point , pour la plupart, aflez d'action pour fondre ces efpeces de tumeurs. On a coutume, à l'exte'rieur, de fe fervir de l'eau de chaux féconde , dont on frotte la partie, ce remède fuffit dans ]es œdèmes qui ne fontpoint produits par des caufes internes i mais, dans tous les autres cas , il a befoin d'être aide' p.ir tous ceux que nous venons de prefcrire. ONANISME , i". m. crime d'Onan ; maladie qui vient de l'e'puifement qu'occafionne la déperdition trop fréquente de la femence dans les deux fexes. On l'appelle ainfi , parce qu'Onan , fils de Juda & de Sué , ctoit fort fujet a ce vice , & qu'il en fut puni de Dieu. Voye^ Pollution & T^bes dorsalis. ONGUENT , f. m. médicament externe , on£lueux , ONG 157 de confiftance moyenne , entre l'empMtre & le Uniment. Il eft compole d'huile de graille , de cire , de mucilage, de fuif , de moelle ou d'autres matières femblables , auxquelles on ajoute fouvent des ve'gétaux , des animaux, des mine'raux. Les onguents font fort en ufage pour les tumeurs , les plaies , les ulcères , & pour oindre les parties externes» Onguent adoucijfaat , ou Populéum. Prenez , Des Boutons de Peuplier concajfés^ une livre & demie. De Graijfe de Fore récente , trois livres. De Feuilles concajjees de Pavot noir , De Bella-donna , De Jufouiame , De Laitue, De Bardane , De Violette, De Senekay D''Anacampferos t dit Or pin y Des Sommités de Ronces , de chaque troiâ onces» De Solanum de Boutique, Jîx onces. Il faut cueillir les boutons de peuplier, quand ils commencent à s'ouvrir : on les e'crafera bien dans un mortier; on les mettra dans un pot de terre : on verfera deflus la grailFe de porc fondue ; on couvrira le pot , & on gardera le tout jufqu'à ce que les plantes fufdites foienc venues en leur vigueur ; on les pilera dans un mortier , & on les fera cuire avec les boutons de peuplier, à petit feu , jufqu'à confommation de l'humidicé aqueule : on coulera alors l'onguent qui doit être verd ; on le paflera à la preflfe : on le fc'parcra de fon marc , & on le laiffera repofer pour le befoin. Cet onguent adoucit, tempère les inflammations , empêche les douleurs de tête : e'tant appliqué fur le front, il excire le fommcil. On s'en fert heureufement pour Us he'morrhoïdes , pour les brûlures , pour dilîipec le lait des mamelles , & on en frotte les parties 158 ONG malades : ce remède ne convient , dans la brûlure fcche . que quand elle vient d'être faite. Onguent réfolutif ou d'Arthanita, Prenez , DeSucoM d'une décoâionforte d'Arthanita, une livre & demie. De Suc de Concombre fauvage , De Beurre , de chaque une demi-livre. D^Huile d'Iris ou de Glayeul , une livre. De Coloquinte , deux onces. De Polipode , trois onces. Concaflez la racine ; mondez la coloquinte ; mettezles dans un pot de terre vernifl'é, & verfez delRis ces fucs nouvellement tirés par exprefTion , l'huile d'iris & le beurre fondu : on brouillera le tout enfemble , & l'on couvrira le pot ; on laiflera la matière en macération , pendant huit jours , à la chaleur du fumier : on la fera bouillir enfuite doucement , en la remuant fouvent avec une fpatule de bois , jufqu'à diffipation de prefque toute l'humidité aqueufe ; puis on la coulera avec expreflion , & on y ajoutera De Fiel de Taureau épaijfî , une demi-once. De Cire fondue , deux onces & demie» De Scammonée , De Turbith , De Coloquinte mondée &coupéepar morceaux^ De Baies ou de Feuilles de Thimelea , de chaque trois gros & demi. D'Alohy D'Euphorbe , De Sel-Gemme pulvérifé , deux gros. De Poivre long, De Myrrhe y De Gingembre , De Fleurs de Camomille^de chaque demi-gros. On mêlera toutes ces poudres avec la matière à demi-refroidie dans la balfine , pour faire un onguent qu'on gardera au befoin. Il eft propre pour ramollir les duretés, les obftructions , les fquirrhes , les humeurs froides , les tumeurs écrouelleufes : il purge par bas , fi l'on en frotte le bas  ONG 159 ventre; il eft bon pour l'hydropifie : il tue les vers j c'eft un puiffant fondant. Onguent fuppuratif ou de la Mère, Prenez , JDe Graljfe Je Porc , De Beurre frais , De Cire jaune , Du Suif de Bélier , de chaque hait onces. Mettez le tout fondre dans une baffine fur le feu, & mêlez-y enfuite De la Litharge d'or en poudre , huit onceSm De l'Huile d'Olive , une livre. Remuez toujours avec une fpatule de bois : il ne faut ajouter la litharge , que lorfque les graifTes feront fondues , pour incorporer le tout enfemble. On connoîtra que l'onguent eft cuit , quand , de gris , il deviendra noir. Cet onguent eft très-propre pour faire fiippurer le^ abcès , pour attirer les humeurs dans la partie , pour exciter une inflammation : on s'en fert dans tous les cas où on veut faire aboutir une tumeur; on l'étend fur de la peau ; il eft d'un très-grand ufage. Onguent bafilicum ou fuppuratif. Prenez , De Réjîne de Pin , De Poix navale , de chaque Jîx onces. De Cire jaune , D'Huile d'OlivCyde chaque une once Sr demie. On coupera par morceaux la cire : on concaflera la réfinc & la poix : on mettra fondre le tout dans l'huile fur un feu médiocre ; on coulera la matière fondue , & on y mêlera un peu de térébenthine pour faire un onguent. Cet onguent digère les humeurs ; il avance la fuppuration , étant appliqué fur les humeurs : on s'en fert, après avoir employé l'onguent delà Mère. Onguent digeftif. Prenez , De la Térébenthine claire , De V onguent BafiUcum, de chaque une demionce. De Miel Ko fat , gro^ deux. De l'Huile de Mille-pertuis , un gros. Un Jaune d'Qluf l6o ONG Mêlez le tout cnfemble , en le remuant bien , pour en faire un onguent digellif. On s'en fert pour nettoyer & déterger les plaies , 8c pour les faire fiippurer : on i'e'tend fur des plumafleaux, dont on panfe les plaies qui doivent fuppurer. Onguent dejjîcatif. Prenez, D'Huile-Rofat ^ feiie onces. De Cire blanche , çuatre onces. Faites-les fondre enfemble : tirez la balïïne du feu , $c ajoutez De Pierre Caîaminaire en poudre , DeBolcommunpulvérifé,deckaçuc troisonccs^ , De Litharge , De Plomb blanc préparé , de chaque deux onces & demie. De Camphre , un gros. Mêlez le tout enfemble , en l'agitant avec une fpatule de bois , jufqa'à ce qu'il ait acquis la confitlance d'un onguent. Cet onguent eft propre pour defTcfcher & gucrir les plaies , quand elles ont fufîilamment fuppuré , & pour re'tablir la cicatrice : on s'en fert aufli , fur la lin des brûlures, & dans les écorchures de la peau. Onguent pour la Bûlure, prenez , De Fien'e de Poule , une demi-livre. De FeuiV.es de S 'Uge , une livre. De S .ire au , D'Eccrce de Sure iu , de chaque deux onces. De Vinhlanc , deux livres. De Grarffe de Porc , trois livres. Faites fondre le tout dans une baffine, fur un feu doux, en remuant avec une Ipatule de bois, jufqu'à ce q.iil ait acquis une confillance d'onguent. Paffez-le à la prefîe ; de'pouillez-le de fon marc , & gardez-le pour le bcfoin. Cet onguent convient dans toutes les brûlures où la peau efl: enrame'e , où il y a douleur , inflammation > rougeur, où il fuinre une humeur acre & corrofive : il calme la douleur , & appaife en peu de temps l'inflammation. On ONG i5i On peut appliquer àla fuite l'onguent defTicatifci-delTus, Autre Onguent contre la Brûlure. Preirez , De la meilleure Huile d'Olive , une once ôr demie. De Cire vierge , une once. Le Jaune de deux Œufs durcis. Faites fondre la cire fur un feu doux , & ajoutez-y enfuite l'huile «Se les jaunes d'œufs , en remuant le tout , jufqu'à ce qu'il, ait acquis la confiftance d'un onguent, qu'on gardera pour l'ufage. On en e'tend un peu fur du linge , qu'on applique fur la partie brûlée j ce que l'on* re'pe'tera deux fois par jour. Cet onguent a les mêmes vertus que le pre'cédent : on peut en tenter l'effet , quand l'autre ne réulfit point. Onguent de Styrax ou contre la Gangrené, Prenez , D'Huile de Noix , douiçe onces. De Colopkone , quin-^e onces. De Styrax liquide , De Gomme-Elémi , De Cire jaune y de ckaquz fept onces & demie. Mettez d'abord dans une baifme fîir le feu la colophone , la gomme e'iémi , & la cire jaune. Lorfque ces matières feront fondues , ajoutez-y le ftyrax &: l'huile de noix , faifant cuire le tout en confiftance d'onguent , le remuant continuellement avec une fpatule de bois» Quand cet onguent eft cuit , on le retire du feu , on le pafle au travers d'un linge , & on continue de le remuer , jafqu'à ce qu'il foit entie'remerit refroidi : il faut mener le feu bien doucement ; car cet onguent eft fujet à fe gonfler , & à fortir des parois du vailîêau. Cet onguent eft merveUleux pour diifiper les grandes contufions , pour de'tacher les parties gangrenées , & pour arrêter les progrès de ce mal. Onguent ou Baume d'Arcœus, Prenez , De la Gomme-Elémi , trois livres. De Suif de Mouton , De Sain-doux , de chaque deux livres. De l'Huile de MilU-pertuis , une livre» D, de Santé, T, U. L i6a O P H De la Térébenthine , trois livres» De V Or canette , une demi-poignée. On jnettra fondre toutes les drogues enfemble , dans une balTine , fur un feu me'diocre ; & l'on paffera la matière fondue , par un linge , pour en fe'parer \ts impurete's qui fe trouvent dans la gomme éle'mi : on laifîera refroidir le tout , qu'on gardera pour le befoin. . Cet onguent eft un à^s plus ufite's en Chirurgie : on s'en fert pour faire confolider les plaies , fur-tout celles de la tête , pour les piquures', pour les contufions , pour les diflocations , & pour fortifier les nefs. Onguent Mercuriel, Prçnez , De Graijje de Porc lavée , De Mercurecrud , de chaque une once. Broyez-les exadement dans un mortier , jufqa'à ce que le mercure foit tout-à-fait e'reint dans la graiife , & qu'on n'apperçoiv e plus du tout de petits grains brillants. On fe fert de cet onguent , dans les maladies ve'ne'riennes , pour faii;e des friiftions fur le corps. ( Voye^ VÉROLE. ( Il convient aulfi pour la vermine , comme les poux , les morpions ; on en frotte les parties , qui font ordinairement les aiirelles Se les aines ; la dofe eft d'un gros ou deux tous les jours. Voy. le Dict. de Chirurgie. OPHTALMIE , f. f. maladie des yeux , inflammation de la conjondive , accompagne'e de rougeur , de chaleurs & de douleurs. On diftingue l'ophtalmie en vraie Se en fauffe ; l'une que l'on appelle fanguine , & l'autre féreufe. On reconnoît l'ophtalmie à la rougeur à^s yeux , aux gonflements , à la chaleur, à la demangeaifon , à la douleur inflammatoire brûlante , lancinante , qui affecte les yeux , & quelquefois toute la ttte , à la difficulté que l'on a de foutenir la lumière, & à l'efFufion des larmes , qui l'accompagne ; ce qui eft plus commun dans l'ophtalmie fe'reufe. La caufe prochaine eft la fluxion du fang ou à^s humeurs acres fur les yeux. Les caufes éloignc'es forft la ple'thore ou la chaleur confidérable àts humeurs. Les caufes occafionnelles font l'habitude dans laquelle on eft d'avoir de ces fortes de fluxions , la fupprelfion d'une O P H 1^5 franfpiratïon acre , un air humide , TuTige immodéré i64 G P H le gonflement durable, & tràs-difEcile à guérir. Si le collyre ci-dcîuis ne réufTifToit point , oa pourroit faire touler dans l'œil un peu de fang de pigeon , nouvelle- , ment e'gorgé ; ce que l'on re'ite'rera deux fois par jour. Si tous ces remèdes ne re'ullilîent pas , que Toeil relie toujours engorge' , on appliquera les fang-fues fur les paupières : on pourra encore les dégorger avec le fcarificateur de M. Woolhoufe , qui n'eft autre chofe que des barbes de feigle , dont on fait un petit pinceau, avec lequel on frotte les paupières , dont on exprime alors du fang. Quand les douleurs font fort vives , & que l'inflammation eft moindre , on peut ufer de la fomentation fui vante : Prenez , Des Têtes de Pavots blancs brifés ^ deux onces. Faites-les bouillir dans, une pinte d'eau , re'duite à moitié'; pafTez la liqueur, & dilfolvez-y De Trockifques blancs de Rhajîs, demi-once» De l'Efprit- de-Vin camphré ^ deux gros. Du Sel de Saturne , un gros. On en étuve chaudement les yeux enflamme's ; (l cependant cette fomentation e'toit trop aâive , on pourroit l'adoucir avec de l'eau. Outre ces remèdes exte'rieurs , fi l'inflammation fubfiftoit toujours , il faudroit faire appliquer les fang-fues à l'anus ou à la nuque. Sur la fin du traitement , on donnera au malade , pour fa boiiTon , une dc'coclion le'gere de mille-feuilles. Dans l'inflammation fe'reufe , on doit beaucoup moins faire de faigne'es , purger le malade tous les*quatre ou cinq jours , faire prendre beaucoup de lavements , & lui donner pour boiiïbn une tifane faite avec une pincée d'euphraife & autant de fleurs de fureau j on mettra enfuire en ufage le collyre 'fuivant : Prenez , D'Eau Rofe , De Gratte-cu , de chaque deux onces. D'Alun , un gro O P H i6$ Quand l'ophtalmie réfifte à ces remèdes , 8c commence à devenir ancienne , il f\iur appliquer à la nuque un emplâtre ve'lîcatoire. On recommande beaucoup le fuivant dans ces fortes de cas. Prenez , De la Poix de Bourgogne y deux gros 6' demi. Du Galbanum , 'De la Térébenthine de Venife , de chaque demi-gros. De la Semence de Moutarde, Du Poivre noir , Du Sel volatil Ammoniac pulvérifé ^ de chaque demi-fcrupule. Faire fondre fur un feu doux la poix , le galbanum & la tére'lienthine , en remuait avec une fpatule de bois , & ajoutez enfuite les autres ingre'dients pour un emplâtre que l'on appliquera à Ma nuque , & que l'on renouvellera tous les jours. Il faut, en même-temps, faire ufige du collyre fuivant : Prenez , D'Eau de chaux féconde , une chopine. De Sel Ammoniac puhérifé , deux gros. Mêlez bien le tout enfemble , & laiffez-le en repos chaudement , pendant une nuit -j'paflez la liqueur, & fervez-vous-en pour baffiner les yeux deux fois par jour. Quand le malade eft hors de l'accès , & que l'ophtalmie a ce'de' aux remèdes , il faut metfre en ufage tout ce qui peut diminuer la quantité' du fang 6c des humeurs , en adoucir l'âcrete', & empêcher leur fluxion fur ces parties. On mettra en ufage ^ pour cet effet, les faignées , l'application des fang-fues, les de'layants, les lavements, les tifanes rafraîchiflantes & le'ge'rement ape'ritives , faites avec une ojice de racine de patience fauvage , autant de celle de piffenli.t',.& une poigne'e de feuilles de bourrache , bouillies dans cinq dcmi-feptiers d'eau , re'duits à pmte. On aura foin de purger aulfi le malade , tous les deux ou trois mois , & de le mettre enfuite au lait , pouf adoucir & tempe'rer l'âcrete' de ces humeurs. S'il eft fujet aux ophtalmies fanguines , on lui fera prendre beaucoup de petit-lait , les bains de temps en temps , quelques tifanes royales purgatives -, & on lui prefcrira les aliments humedants , beaucoup d'exercice , peu de fommeil, L iij i6^ O P I Le O P I 1^7 gonflées, la refpiration difficile : il furvient àes naufe'es , oes vomilTements , des convulfions , des fyncopes , des fucurs froides , & la mort. Ceux qui ne pe'rillcnt point dans cet érat , font.ordinairement délivrés par des fueurs copieufes , ou par un dévoiement abondant. Le remède le plus prompt, dans cet état fâcheux, eft de faire d'abord donner au malade un lavement compofé de la manière fuivante : Prenez j Une Pomme de Coloquinte , coupée en quatre. De Séné , deux gros. Faites bouillir le tout dans une pinte d'eau , pour réduire à chopipe ; pafîez le tout, & ajoutez-y Un Verre de Vinaigre , pour un lavement. ' On fera prendra en même temps au malade cinq ou fix grains d'émécique délayés dans une chopine d'eau , pour tâcher de le faire vomir, s'il n'y a pas long temps que l'opium eft avalé ; finon , on fe contentera de lui faire boire de la limonnade en grande quantité, du jus de citron & du firop d'épine-vinette par cuillerées, ou , fi l'on aime mieux, un petit»verre de vinaigre. On réitérera au bout de trois heures le lavement ci-deifus \ & on continuera la limonnade pour boiiïbn ; & firauoupiffement eft fi confidérable qu'on ne puiiTe pas en retirer le malade, on lui fera flairer de l'eau de Luce : on l'agitera vivement , on lui appliquera les véficatoires , & on lui fera des fcarifications dans les différentes parties du cgrps, dans lefquelles on infinuera du vinaigre & du fel ; on pourra même tenter la faignée , fi le pouls eit fort , & s'il n'y a point de fueur froide ni de fyncope. Au refte , l'opium eft un remède auquel il ne faut point s'habituer, parce qu'il diiïbut le fang, qu'il relâche les fibres du corps j qu'il rend languiflant & paref^ feux , & l'efprit hébété ; il Ô6e l'appéric , il conduit à l'hydropifie, au tremblement des membres, & il accélère la vieilîefTe. Voici plufieurs recettes d'opium , dont on peut faire ufage dans les différents cas qui l'exigent. Prenez , D'Opium , depuis un grain jufiju'à trois , enveloppé dans du pain à chanter , le foir en fe couchant. Quoique cette dofe foit la plus commune & la feule L iv i68 O P I à laquelle on doive s'aftreindre au fujct de ce femede ; cependant, quand on y eft habitué, il ne fait plus le même effet , & il faut Taugmênter infenfiblement : il y a des perfonnes mtme qui en ont pris de cette manière, jufqu'à cent grains à la foi''. L'extrait d'opium , ou de laudanum , fe prend depuis un grain jufqu'à deux. Les gouttes anodines 3e Sydenham , depuis quinze jufqu'à vingt , dans une potion , ou fimplement dans de l'eau de fleurs d'orange. Le laudanum liquide fe prend à la même dofe. Une tête de pavot coupée par morceaux , & bouillie dans une chopine d'eau , jufqu'à la rédudion de la moitié, produit le même eff'et. On peut prendre aulFi la thériaque récente, à la ddfe d'un demi-gros -, Les pilules de cynoglofîe , depuis trois jufqu'à lix grains ; Le firop diacode , depuis demi-once jufqu'à une once ; Le firop de Karabé , depuis un gros jufqu'à demi^ once. Voilà à peu près les préparations d'opium les plus ufitée-. L'opium efl utile dans tous les cas où les malades fouffi'ent de violentes douleurs qui ne leur donnent point de relâche. C'eft par cette raifon qu'il convient dans les "cours de ventre , les dyffenteries , les coliques acco^npagnées de douleurs vives , dans les cancers, les ulcères , les rhumatifmes univerfels, les convulfions & hs fpafmes violents , les accès de vapeur hyflerique , pourvu cependant que le malade n'ait point trop de fang , n'ait pas les fibres trop feclies, & qu'il ne foit pas d'un tempérament trop irritable.. On ne doit jamais donner ce remède dans les fluxions de poitrine , lorfqu'il y a oppreflion ; que les crachats font épais , collants .& glaireux , parce qu'il empêche qu'on ne puiffc les expectorer. Les perfonnes trop foibles & trop délicates ne doivent prendre de l'opium que dans un grand befoin. Les filles ou femmes qui ont leurs règles , ou celles O P P . . ï^9 qui viennent d'accoucher , doivent s'en ïibflenir , à moins qu'il n'y ait une douleur exceïïivement vive , qu'il n'y ait point de marque de ple'nitude ; pour lors on pourra unir les remèdes propres aux règles , avec l'opium. On pourroit,par exemple, dans ce cas , prefcrire une once d'eau de menthe , vingt gouttes de laudanum liquide , fée une once de firop d'armoife ; cela donne quelquefois du relâche , en calmant la douleur ; &c les évacuations fe font plus librement. On doit e'viter de prefcrire l'opium aux malades qui font dans l'afloupilTement , qui ont été attaqués d'apoplexie , de léthargie , d'engourdilfement ou de fûiblelfe dans les membres, Se d'hydropifie. L'opium eft également contraire aux pulmoniques , dont il fupprime les crachats , ^ augmente les étouffements. On ne doit jamais donner l'opium que trois ou quatre • heures après avoir mangé; & on ne doit prendre de la nourriture , que deux heures après , à moins que ce ne foit un bouillon que l'on peut prendre au bout d'une heure. OPPRESSION, f. f. fe dit communément d'un refferrement à la poitrine , accompagné de difficulté de refpirer ,• d'une gène particulière à la poitrine , & d'un mal-aife univerfel. Cet état eft moins une maladie qu'un fymptome : il accompagne l'afthme , les fluxions de poitrine , la pulmonie , les maladies aiguës , l'épaiffiflement du fang. On y 'remédie communément par les remèdes propres aux maux que l'oppreffion accompagne ; tels font les faignées , les délayants , les lavements , les purgations. Il y a une efpece d'oppreffion qui furvient à certaines perfonnes après leur repas : elles fentent une difficulté confidérable de refpirer , & comme un poids qui leur comprime la poitrine. Quand cet accident vient du trop de nourriture , ou de ce que l'on mange avec trop de précipitation , on peut aifément y remédier en mangeant plus fobrement Se avec moins de promptitude. Quand cette maladie , au cpntraire , furvient à des perfonnes qui mansjent peu ^ lentement , elle dépend de la foiblelfe de l'éflomac , lyo O P P & fouvent même du foie , qui ne fait pas bien fes fonctions, qui eft le'ge'rement engorge', &: qui tire par fon poids la diaphragme , & produit une efpece d'oppref(iôn. Le bouillon fuivant convient très-bien dans ces fortes de ca.'^. Prenez , De Rouelle de Veau , trois quarterons. De. Racines de Polipode de chêne , une once. Qu.Hre Travers ratijfés & coupés, De Feuilles de Bourrache , une poignée. Faîtes bouillir le tout dans trois pintes d'eau, pour réduire à deux : paflez pour huit bouillons dans chacun defquels on fera fondre quinze grains d'a^thiops martial , pour prendre un bouillon le matin à jeun , & l'autre fur les fix heures du foir , pendant huit jours ; après quoi , le malade fe purgera doucement , & fuivra le traitement indiqué dans la Foiblefle d'Eftomac. Une autre efpece d'oppreffion qui n'eft pas moins commune , eft celle qui arrive aux perfonncs vaporeufes, , & qui dépend de l'irritation des nerfs. Quand cette maladie ne vient point après le repas , &: que les tempéraments qui en font attaqués font fujets aux viipcurs , il fufîit d'employer les remèdes propres à calmer les nerfs ; telle eft la potion fuivante : Prenez , D'eau de Cerifes noires , De Fleurs de Tilleul , de chaque deux onces. De Gouttes anodines , çuin^e gouttes. De Sirop de Stcechas , une or.ce. Faites une potion pour prendre en deux dofes , à deux heures de diftance l'une de l'autre. Beaucoup ie perlonnes , dans les temps chauds & d'orage , éprouvent àts opprelfions de poitrine , furrout lorfqu'il y a beaucoup de nuages, &: que l'air eft comme renfermé, 6c qu'il n'cft agité.par aucun vent. Il faut , dans ce cas , tâcher de fe mettre au frais , lailfer les portes & les fenêtres ouvertes , pour donner un libre cours à l'air , & boire un verre ou deux d'eau à la glace pour condenfer les liquides qui font trop raréfiés. Les glaces au citron font aufli très-utiles en ce cas. Il faut avoir foin , au refte , de fe mettre à fon aife , en defîerjant , fi ce font àts femmes , leurs corps & leurs cor  O Z E 171 fets; 6c (\ ce font des hommes ^ en défaifant tout ce qui gcne le mouvement de la circulation. ORiilLLONS, nu Grillons, f. m. plur. On appelle dinfi les tumeurs qui font aux parotides , parce que ces i^landes font fituees auprès' des oreilles. Voye^ Parotides. ORG\SME, f. m. gonflement, agitation & mouvemenc impe'rueux des humeurs dans le corps humain. VoY^' Effervessence. ORTHOPNEE , f. f. C'efl une oppreflion fi grande , qu'on lie peut refpirer que debout ou alfis , & en tenant les e'paules fort éleve'es ; c'eft un degré de l'afthme : les malades qui en font attaqués ne peuvent refpirer que trè -difficilement , & ils font dans le rifque d'étouffer. Voyci; Asthme. OZENE , f. m. ulcère putride du nez , qui exhale une odeur très-puante , & qui eft caufc'e par une humeur fi acre & fi corrofive , qu'elle ronge quelquefois les narines. On appelle punais , ceux qui en font attaqués ; & c'eft fouvent un fymptome de la groffe vérole. On diltingue l'ozene en fimple , qui n'eft qu'une légère ulcération, accompagnée d'une petite douleur qui laide après Técoulement une croûte noirâtre; & en putride, dans laquelle on reffent des douleurs très-vives, avec écoulement d'une matière extrêmement' puante , qui fort àts narines. La caufe prochaine de cette maladie eft l'âcreté des humeurs qui rongent, détruifent les narines, & les ulcèrent. La caufe éloignée eft la congeltion des humeurs , produire par des fluxions acres , la fupprelfion de quelqu'évacuation , l'abus des fternutatoires , comme de la bécoine,une humeur fcorbutique, cancéreufe ou vérolique , les narines écrafées qui empêchent l'écoulement de l'humeur muqueufe , qui fe putréfie dans cette partie. Quand l'ozene eft fimple, il fuffit de faigner & purger le malade , & de lui faire enfuite refpirer la vapeur du lait chaud ou d'une déco61:ion d'orge , ou de lui appliquer deîfus quelques gouttes d'huile d'amandes douces. Quand la croûte fera tombée d'elle-même , ou qu'on l'aura décachée doucement , on pourra feringuer dan^ 1721 O Z E les narines un peu d'eair d'orge avec du miel rofat , pour de'terger l'ulcère; apr.ès quoi , on peut appliquer deJTus un coton chargé de hlanc-raifin. Quand l'ulcère du nez eft putride , il exige un traitement plus fuivi : il faut, comme ci-dellus , commencer par la faigne'e , les lavements , le petit-lait , continués pendant quelques jours; après quoi, on purgera le malade doucement : on fera refpirer enfuite, comme cideiïuSjla vapeur d'une déco6lion émolliente, fùte avec la mauve , la guimauve & le bouillon-blanc. On appliquera enfuite un peu de grailTe d'oie, de poule , ou du beurre bien frais , pour tâcher de faire tomber la croûte d'elle-même ; après quoi , on fera ufage de la compofîtion îuivante : Prenez , D'Orge, une poignée. De Feuilles d'Aigremoine, une poignée, • ' De petite Centaurée ^ une poignée. De Rofes rouges , demi pincée. Faites bouillir le tout dans trois chopines d'eau ferrée , pour réduire à pinte. Ajoutez enfuite Deux onces de Miel Rofat. PafTez le tout , & fervez-vous-en pour en renifler fouvent dans la journée. Quand on aura fait ufage , pendant cinq à fix jours, de cette décodion, on paflera à la fuivante : Prenez , De Balauftes , D'Ecorce de Grenade , de chaque deux onces. De Feuilles de Plantin , De Queue de cheval f De Filofelle y De Turquette , de chaque une demi-poignée. D'Alun crud , une demi-once. Faites bouillir le tout dans deux pintes d'eau , jufqu'à confomption dutiers; paiïez la liqueur, &fervez-vous-cn pour imbiber des comprelîes que l'on infinuc dans les narines., de deux heures en deux heures. On peut fe contentée des balauftes & de l'écorce de grenade avec l'alun crud , pour faire cette décodion , ..PAL I7J fi on n'a pas le facilité de fe procurer les autres plantes. Après quoi, on de'tergera l'ulcère , en le fcrvant de partie e'gale d'onguent xgyptiac & de blanc-raifin : quand il lera fufufammenc de'terge' , on pçurra faire recevoir au malade des fumigations compofees de la raanicre fui vante : Prenez , De Myrrhe p'ulvérifée , deux gros. De l'Encens , deux gros. Mettez le tout en poudre , Se faites-en des trochifques, avec fuiftfante quantité de térébenthine; on les infinuera dans les narines. 11 ne faut point oublier le régime propre à corriger l'âcreté des humeurs. Voye^ Régime adoucissant. L'ozene reconnoit quelquefois pour caufe un polype ou un corps qui peut s'extraire ; il faut alors recourir à l'opération. Voye^ le Diétionnaire de Chirurgie au mot Polype» Quand l'ozene eft produit par une humeur véroîique , fcorbutique , il faut attaquer ce mal par les remèdes propres à ces maladies. Voye^ Vérole & Scorbut. =?>J;=Oi=^=== » PAL Px\LES-COULEURS : fièvres lentes , irrégulieres , prefqu'infenfibles , accompagnées d'une couleur pâle , livide, verdâtre , avec un cercle violet audeflbus des yeux. Les pâles-couleurs ne différent de la cachexie que par le degré , quoique ce foit à peu près la même maladie. Nous allons cependant en donner ici un traitement particulier. On reconnoît les pâles-couleurs aux fignes fuivants. Les filles ou femmes qui en font aftaquées deviennent bouffies : leur corps s'appefantit ; leur tête eft douloureufe, de même que le cou , les aiîTelles Se les lombes; elles font oppreffées de la poitrine , incapables du plus léger exercice , & fu jet tes à des goûts dépravés : les urines dans cet état deviennent épaiffes , troubles , rou  174 . ' . 'P ^^ ges & quelquefois noirâtres : elles reffentent des frifTons , un peu de fièvre accompagnée de de'goi'its & de fre'quentes envies de vomir. Les caufes .des pâles-couleurs font d'abord l'embarras de la lymphe dans hs différents couloirs dd corps ; ce qui peut être produit par l'épaiffiJernenc occafionne' pir la foiblelTe des fibres , les aliments e'pai.s & grofliers , l'eau chaude prife en grande abondance , le deTaut de mouvement & d'exercice, le fommeil trop long; les e'vacuations fupprime'es , comme celles des règles , des fleurs blanches , un air humide & grollier , les liqueurs chaudes & ardentes, l'ufage des remèdes aftringents, comme le vinaigre j une gale rentrée , des douleurs de goutfe fupprimées par quelques remèdes topiques , le chagrin , la triflefîe , l'amour , &c. Pour reme'dier à cette maladie , on commencera par s'informer de la caufe qui peut l'avoir produite ; après quoi , on fera prendre à la malade , pendant huit jours, ^es lavements , & une pinte de la tifane fuivante : Prenez, De Racines de Patience fauvage ^ une once. De Feuilles de Bourrache , une demi poignée. De Vêtit- Chêne , une pincée. Faites bouillir la racine dans une pinte d'eau , pendant un demi-quart d'heure; ajourez enfuite les feuilles que vous ferez bouillir encore un demi-quart d'heure, Paffez le tout pour prendre dans la journée. Après l'ufage de cette tifane , on prefcrira à la malade une potion purgative (impie ; après quoi , elle prendra pour boiffon , pendant cinq ou fîx jours, une tifane faite avec une pincée de véronique & deux pincées de petitchéne , infiifées dans une chopine d'eau bouillante. En faifant ufage de cette tifane , on lui fera prendre en même temps le vin qui fuit : Prenez , De Racines d'Aunée , D'Iris de Florence , de chaque une once. De Garance , deix onces» De Feuilles d'Ahfinthe , une poignée, D'Ecorce de Citron , une demi-once, Verfez deffus trois chopines de bon vin blanc ; & faites macérer le tout à chaud , pendant vingt-quatre PAL 175 hc'.ires dans un vaifTeau ferme , fur des cendres chaudes. La dofe eft de deux verres le matin à jeun , à une heure de diftance l'un de l'autre. On repurgeri la malade imme'diatemenc après l'r.fage de ce vin ; on lai fera continuer fa tifane ordinaire de véronique & de petit-chêne, & on lui fera prendre l'opiat fuivanr: Prenez , D'Extrait de Fumeterre , D'Ellébore noir, de chaque Jeux gros. D' Enuld-Campana , un gros. De Safran de Mars apéritif , demi-once, D'Alohs focotrin , un^ demi- gros. De Rhubarbe en poudre , De Myrrhe \ D'Yeux d'EcreviJfeSf De Cannelle en poudre , de chaque un gros. Mêlez le tout avec fuffifante quantité' de firop dVofinche , pour en faire un opiat , dont la dofe fera d'un demi-gros deux fois par jour , le matin , une heure avant de manger , & le foir fur les fept heures. On peut fubiîituer à cet opiat une vingtain'e de prifes d'œthiops martirJ , avec fuffifante quantité' d'extrait de fumeterre en forme de bol : chaque prife fera de quatre à cinq grains. On obfervera de purger la malade , à la fin de Popiar, avec une purgation fimple ; on terminera le traitement par l'ufage du vin fuivant : Prenez , De Feuilles d'AbJlnthe , De petite Centaurée ^ de chaque une demi-poignée, D'Eccrce de Quinquina concajfée , une demionce. D'Ecerce d'Orange , deux gros. De Myrrhe , De Safran , De GojTtjne Ammoniac , de chaque un gros. D'Aloèsj un demi-gros, Verfez fur le tour ceux pintes de vin blanc , & laiflezle , pendant vingt-quatre heures, fur des cendres chaudes , jufqu'à ce qu'il foie re'duit à trois chopines. Pafle» le tout , & ajoutez-y 176 PAL . Une once & demie de Thériaque > que vous ferez diflbudre dans ce vin. La Hofe eft de deux cuiilere'es , trois fois par jour , jufqu'à parfaite guérifon*. Quand on n'eft pas à portée de fe procurer ces remèdes , on peut y luppléer par un bol qu'on prendra , matin & foir , fait de la manière fuivante : Prenez , De Safran orïen':al , huit grains. De Limaille d'Acier porphyrifée & préparée à Veau , De Cannelle en poudre , de chaque quatre grains. Faites du tout un 'bol avec fuffifante quantité de (irop d'abfinthe ou des cinq racijres ; par delfus, on avalera une tafle d'une infufion de fommités de marrhube blanc ; & la boiffbn ordinaire de la malade fera une eau ferrée , faite de la manière fuivante : Prenez , Une poignée de petits clous ; jettez-les dans l'eau, & expofez-les enfuiteàl'air, pour qu'ils fe chargent de rouille ; alors vous les jetterez dans une cruche d'eau , qui fera la boiHbn ordinaire de la malade. PALPITATION, f. f. mouvement du cœur, violent, fréquent , convulfif, accompagné d'opprelïïen , de difficulté de refpirer, d'abattement des forces & de défaillance. On reconnoît la palpitation à une pulfation violente du cœur contre les parties folides , à l'augmentation du battement des artères du cou , à une anxiété & des fueurs forcées , à la langueur , à la pâleur du vifage , à la difficulté de refpirer , & aux foiblefîes fréquentes.* Les caufes de la palpitation viennent de la pléthore ou de répaiffiflTement du fang; d'un polype au cœur, d'un fquirrhe au poumon , d'une. matière acre qui irrite le cœur , & le force à fe contraéter. Les caufes occafîonnelles font les paffions de l'ame, comme une terreur fiibite qui reiïerre tous les vaiffeaux , ik ôte la liberté au fang de circuler; le chagrin , l'amour , la fureur, peuvent également exciter des palpitations ; la fuppreffion des évacuations accoutumées , comme àts règles , des hémorrhoïdes, des hémorrhagies par le nez, la vie fédenraire , la trop grande chère , un air froid , un fommeil trop long PAL 177 long ou des veilles forcées. Les perfonnes d'un tempérament mélancolique , fcorbutique , hypocondriaque , l'ont plus fujettes que les autres aux palpitations. On commencera le traitement par faigner le malade au bras , fi l'on s'apperçoit qu'il ne foit point trop affoibli , & fi les palpitations ne furviennent point après une longue diète , des fièvres lentes ou hectiques , ou quelques pafTions de l'ame , vives & tumultueufes ; auxquels cas , il faudroit s'abftenir de la laignée. On fera prendre, immédiatement après au malade , des tifanes faites avec quelques plantes rafraîchilfantes , comme la bourrache , la buglofe , la pimprenelle , l'oxys ou alléluia ; ou , fi l'on aime mieux , on mettra le malade à l'ufage du perit-lait clarifié, dans lequel on ajoutera quinze grains de nitre par pinte. On aura foin en mente temps de prefcrire les lavements avec la mauve , la guimauve , la pa* riétaire, le bouillon-blanc & un quarteron de beurre -, ce que l'on réitérera plufieurs fois par jour : on fera prendre aulFi les bains tiedes des pieds, deux fois par jour- 3c on appliquera fur la région du cœur la compofition fuivante î Prenez , Des Feuilles de Menthe , De Mélijfe , De Bourrache , de chaque une poignée. Faites bouillir le tout dans un demi-feptier d'eau-rofe & autant de vinaigre. Appliquez le marc chaudement fur la région du cœur, & renouveliez deux fois par jour, A l'intérieur , on fera prendre au malade la poudre fuivante : Prenez, D'Yeux d'EctevijJes , deux gros» De Cinabre naturel , demi-gros. De Tartre vitriolé , un gros. Mêlez le tout enfemble pour une poudre dont on prendra vingt-quatre grains , trois fois par jour. On purgera le malade , avec une purgation fimple , quand on verra que fon fang fera fuffifamment délayé , & que les accidents feront calmés". Ga recommandera au malade de fe tenir dans un lieu paifible & tranquille , de ne faire aucun mouvement ; & on le mettra à l'ufage des bouillons fuivants : Prenez , Un Poulet maigre , D. de Santé, T, IJ, M 178 PAL que vous ferez bouillir dans trois pintes d'eau , jufqu'a ce que le bouillon foit fait. Pour lors , vous ajouterez Des Racines de Raifort fauvage j ratijfees 6f coupées , une once. Des Feuilles de Cochléaria , De Crejfon de Fontaine , de chaque une poignée. LailTez infufer le tout chaudement dans le bouillon , dont le malade prendra deux verres par jour , après les avoir paffe's. Quand les palpitations font occafionnées par une ple'nitude de fang , ce que l'on reconnoît par les (ignés de la ple'nitude , on en vient aife'ment à bout par les faigne'es , les de'layants , les lavements & la diète. Si les palpitations font occafionne'es par un épaiflîflement dans le fang , ce que l'on reconnoît aux fignes qui carafte'rifent l'épaiflilTement , on fe donnera bien de garde d'employer la faigne'e ; car elle augmenteroit les palpitations , & produiroit des accidents fâcheux. Il luffit de faire prendre beaucoup de petit-lait , des lavements , ce que l'on continuera pendant huit jours; après quoi , on prefcrira une infufion légère de fleurs de fureau , fur chaque verre de laquelle on mettra une cuillere'e à bouche de fîrop anti-fcorbutique. On terminera le traitement par l'ufage continué , pendant trèsïong-temps , d'une infufion de la boule de mars dans de l'eau , comme du thé. Si les palpitations font occafionnées par quelques chagrins vifs , & fi elles furviennent dans les tempéraments vaporeux , il faut également délayer le fang avec les lavements , le petit-lait & les potions indiquées dans les vapeurs. ( Voyez Vapeurs. ) Les eaux dépurées de PafTy , prifes pendant quelque temps , font très-bien indiquées daiis ce cas. Si les palpitations furviennent après âit^ hémorrhagies confidérables , à la fuite de quelques grandes maladies , après des exercices violents , où le corps a été épuifé , les faigne'es font mortelles ; il faut , en ce cas, ranimer les forces avec des cordiaux légers , comme le ■vin d'Alicante , le vin de Rota , par cuillerées , l'élixir de Garus à la même dofe , ou la potion fuivante : I P A N î79 Prenez , D'Eau de Scabieufe, De Scorfonere , de chaque deux onces.. De Confeâion d'Hyacinthe , deux gros, D'Eau de Cannelle , demi-oncct De Sirop d'(Eillet , une once. Mêlez le tout pour une potion à prendre ert trois prifcs , à une heure de diftancé l'une de l'autre. On aura foin de prefcrire au malade des bouillons faits avec la chair des vieux animaux , pour réparer fes forces plus promptement* En ge'ne'ral , dans toutes les palpitations , il faut obferver un re'gime doux , humedant ; calmer les partions de l'ame , demeurer dans fon lit tranquillement , tant que l'accès dure -, après l'accès , fe donner du mouve-* ment , refpirer un air frais & fain ; prendre pendant quelque temps des lavements & des boiflbns délayantes , & tempérer la chaleur de fon fang par une vie douce & tranquille. PANARIS , f. m. tumeur phlegmoneufe qui vient à l'extrémité des doigts , ou à la racine , ou au côté des ongles. On diftingue le panaris en bénin & malin. Le pre-^ mier fc dit , quand la peau ell feulement attaquée , ainlî que les parties adjacentes , les tendons & les mufcles , ou quand la lymphe acre , contenue entre la gaine du tendon , excite une inflammation , ou quand le mal eft plus profond , & qu'il occupe le périofte avec l'os. On l'appelle panaris malin , quand l'inflammation ne tourne pas bien , & qu'il fe forme un ulcère chancreux j qui ronge & détruit les os. Les fignes du panaris font la chaleur & l'ardeur avec des douleurs , des tenfions dans la partie & quelquefois dans tout le bras ; fouvent il furvient de la lièvre , Sc dans les fujets fenfibles , des convulfions , des délires & des foibleiïes. La caufe prochaine de cet accident vient d'un embarras de la lymphe dans cette partie , & de l'irritation qu'elle fait fur les nerfs ; ce qui occafionne des douleurs fi viveSi Les caufes occafionnelles font les fréquents changements du froid & du chaud , l'oubli des évacuations habituelles , une humeur fcorbutique , vérolique M ij i8ô ^ PAN ou cancéreufe , des épines , des e'pingles qui font entrées dans le doigt , ou quelque coup qu'on y a reçu. Quand l'intiammation eft vive , quand les douleurs font fortes & continuelles , il faut commencer par faire faigner le malade une ou deux fois , félon le befoin ; il faut lui donner enfuite un lavement anodin , en lui faifant prendre en même temps beaucoup de petit-lait pour laver fon fang , & en le mettant à l'ufage de la poudre tempe'rante de Stal , à la dofe de vingt-quatre grains , trois fois par jour. On fera tremper plufieurs fois le doigt du malade dans l'eau chaude ou dans l'efprit-de-vin, dans lequel on aura mis du camphre & du fafran en infufion. Si Ton ne vient point a bout , avec ces remèdes , de réfoudre le panaris , & qu'on s'apperçoive qu'il y ait toujours inflammation & douleur, on appliquera deîTus de l'onguent de la Mère , que l'on continuera pendant s un jour ou deux , & on appliquera enfuite le cataplaf- 'M me fuivant : Prenez , De Farine de Lin , une poignée. Faites-lacuire en confiftancc de bouillie. Vous ajouterez enfuite Deux Oignons cuits fous la cendre. Paflez le tout à travers un linge épais , & ajôutez-y Un gros d'Huile de Lis, Faites du tout un cataplafme que l'on appliquera fur le doigt plufieurs fois par jour. Quand on s'appercevra que la tumeur fera élevée en pointe , qu'elle fera blanche , qu'on y fentira un petit mouvement de flu6tuation , on appliquera deffus un emplâtre de diachylon gommé , pour procurer l'ouverture ; finon on aura recours à un Chirurgien habile , qui la fera avec le biftouri.Quand l'ouverture fera faite , on appliquera deflus de la charpie chargée de notre onguent digeftif , & on aura foin de garnir les parties voifines avec des compreflcs trempées dans l'efprit-de-vin camphré. "Nous ne nous étendrons pas davantage fur cet article , parce qu'il eft en partie du relîbrt de la Chirurgie. Voye-{ le Diâionn.de Chirurgie au mot Panaris. PARALYSIE , f. f. C'eft une privation ou diminution confidérable du fentiment & du mouvement vo  PAR i8i lontaire , ou de l'un des deux , en confe'quence du relâchement des nerfs , ou de leur compreffion. La différence de la paralyfie à rhe'miple'gie vient de ce que , dans la première , tout le corps elt affede' : dans la féconde, au contraire , il n'y a que la moitié' du corps qui foit prife. La paralyfie diffère par le degré ; Tune qui eft légère , dans laquelle il refte encore un ftntiment obfcur , & la partie eft médiocrement enflée. L'autre eft totale , & détruit le fentiment & le mouvement en entier -, ce qui fait que le membre eft prodigieufement gonflé , à caufe du fang qui y aborde en abondance. La première de ces deux paralyfies eft ordinaire* ment fuivie de fécherefTe , & la dernière de fphacele. La paralyfie vraie fe diflingue de la fauîfe , ou fcorbutique , en ce que , quoique le membre foit deflitué de mouvement, il conferve un fens très-exquis , ôc il furvient même quelquefois des douleurs tenfives , gravatives & lancinantes. On doit auffi diftinguer la paralyfie vraie , de celle où le malade peut bien remuer fes membres , mais où il y a privation de fentiment , & où il ne refte qu'une efpece de ftupeur. Il y a une autre efpece de paralyfie qui furvient après la colique de Poitou , ou celle des Plombiers , dans laquelle , après avoir foufFert pendant long-temps de la colique , il furvient un relâchement dans tous les membres , & une impuifîànce au mouvement. Les fignes de la paralyfie font l'abolition du fentiment & du mouvement dans la partie , foit dans une petite partie , comme dans le fphinûer 'de l'anus, ce qui fait que les malades ne peuvent retenir leurs excréments , foit dans le fphindter de la vefFie , auquel cas l'urine coule goutte-à-goutte , foit dans les mufcles de la langue ; delà vient le bégaiement ou l'impuifîànce à la parole , enfin dans les mufcles du larynx , d'où vient la difficulté d'avaler les folides & les liquides, La paralyfie complette détruit , comme nous l'avons déjà dit , le mouvement & le fentiment , & laiffe un gonflement confidérable dans la partie : quand la paM iij ï8x PAR ralyfie eft incomplette , elle lailTe quelque Hger mou» vement dans la partie, Les fignes de l'he'mipl^gie font les fuivants : cette paralyfie attaque la moitié du corps, tantôt du côté gauche , tantôt du côté droit ; fouvçnt ç'eft un bras , une cuifTe & une janibç qui font attaqués , quelquefois même des vifceres. La voix eft attaquée en total ou en particulier'; dans le côté fain , il arrive quelquefois àes mouvements convulfifs , des fpafmes & la diltorfion de la bouche. Le côté affçdé eft d'une couleur livide, & fouvent dégénère en fphacele. Les enfants font affez fujets à la paralyfie , fur-tout à la fuite de quelque gale rentrée , ou de quelque petite vérole mal traitée. Dans l'âge viril , la paralyfie furvient après des mouvç-» ïTients fpafmodiques & des convulfions épileptiques. Dans la vieillefle , la paralyfie eft aflçz commune par l'obftruflion des nerfs , ou par leur compreflîon. Au refte , cette maladie attaque les hommes foibles,^ oififs , qui aiment le fommeil , le vin , les liqueurs fpiritueufes , & qui font colériques : les perfonnes fanguines y font auffi fort expofées. A l'égard de l'hémiplé-r gie , elle fuccede ordinairement à l'apoplexie ou 3ux attaques goutteufes, La caufe prochaine de la paralyfie vient de l'altéra-? tion des nerfs & des elprits animaux , dont le mouvement eft intercepté par quelque caufe que ce foit ; en général, un air humide & grojfier , des aliments épais, gluants , échauffants , des liqueurs fpiritueufes , un gran4 ufage du vin , le défaut d'exercice , le fommeil ; les palfions triftes , comme le chagrin , les exercices violents, fur-tout ceux que l'on fait avec les femmes, la grande humidité du fang , le defféchement des fibres , l'abondance du fang & de la pituite. Les caufes de l'hémiplégie font les mêmes que pelles de la paralyfie : la plus fréquente cependant vient de la compreflion ou de l'altération qui fe fait dans les nerfs du cerveau , après une attaque d'apoplexie. Le traitement de la paralyfie confifte à employer tous les remèdes qui peuvenç d'étendre les vaiflçaux Sç. ^éjgjajger les nerfj, PAR 1S5 Quand la paralyfie furvient dans un tempérament fanguin , dans la fleur de l'âge , & après des évacuations: fupprimées , comme les règles, les hémorrhoides ou les faignées habituelles , il faut commencer par faigner au bras le malade une ou deux fois, félon fes forces, & le faigner enfuite au pied ; après quoi , on lui donnera trois grains d'émétique en lavage , dans une chopine d'eau. On lui fera prendre d'abord , après la première faignée , un lavement compofé de la manière fuivante : Prenez , De Séné , demi-once. De Cryjlal minéral , deux gros. Faites bouillir le tout dans trois demi-feptiers d'eau, pour réduire à chopine. Ajoutez-y D^Hiéra-picra y une once, pour un lavement. On fera prendre , immédiatement après , au malade , la décodion fuivante : Prenez , De Bois de Buis , De Genévrier f De Séné ^ de chaque une demi-onee. De Sajfafras , un gros, ConcaflTez les bois par petits morceaux , & vcrfez fur le tout trois chopines d'eau bouillante. Laiiïez infufer chaudement , pendant trois heures , fur des cendres chaudes , faites-lui jetter enfuite quelques bouillons , & ajoutez pour lors De Tartre émétique , trois grains. De Sel de Seignette , demi- once. De Sirop de Nerprun , une once & demie , pour en prendre trois verres le matin , à deux heures de diftance l'un de l'autre , pendant deux jours. On donnera , tous les jours loir & matin , un lavement compofé de deux onces de lénitif , & deux onces de vin émétique trouble. A l'extérieur, on frottera la partie afFedée avec des linges chauds , qu'on aura trempés dans Tefprit-de-vin : on agitera les membres du malade ; on les lui frottera avec des orties. On fera des cataplafmes avec de la graine de moutarde, de la racine de pyretre,àla dofe M iv x84 PAR d'une once , concaflee & bouillie dans le vinaigre. On appliquera Jes véficatoires à la nuque & aux cuillès ; on fera même des fcarifications dans les difFe'rentes parties du corps , fi le fentiment eft totalement détruit, L'on ■ emploiera aulFi le liniment fuivant : Prenez , D'Huile de Renard , De Vers y de chaque une once, D'Huile ejjentielle de Romarin , deux gros, D'Eau-de-vie yfuffifante quantité. On fera diflToudre une partie de ce liniment dans î'eau-de-vie : on l'appliquera fur des linges , dont on frottera toute l'épine & les parties afïedlées. Si l'on aime mieux , on aura recours à l'onguent fuivant : Prenez , De Suc de S cille , quatre onces. De Concombre fauvage y De Suc de Rhue , de chaque une once^ D'Euphorbe , De Cafloréum^ ^ De S agapénum , De S el Ammoniac dijfous dans If Vinaigre , dâ chaque un gros & démit De Myrrhe , De Safran , _ De Pyretre , de chaque un gros. Faite cuire le tout fur le feu ; paflTez-Ie fortement i travers d'un linge épais , & ajoutez-y Une fuffifante quantité de Cire fondue , que vous remuerez toujours fur le feu , jufqu'à ce qu'il ait acquis une conliftance d'onguent : on s'en fervira pour frotter les parties deux fois par jour. Tous les trois ou quatre jours , on purgera le malade avec la décoftion que nous avons décrite ci-deffus , en obfervant de continuer toujours les lavements , comme nous les avons prefcrits \ après quoi , on mettra îe malade à l'ufage de la boilfon fuivante. Prenez, De la Racine de Raifort fauvage ^ ratijfée & coupée par morceaux, deux onces. De Squine , f)e Salfepareille coupée bien, jnenue , de chaque demi-once. PAR 18^ De Semence de Moutarde contufe , UM once & demie. De Racine d'Arum en poudre , trois gros. De Sel Ammoniac , demi-once. Yerfei fur le tout trois chopines de vin blanc , Si laifTez-le infufer , pendant vingt-quatre heures, fur des cendres chaudes , dans un vaiffeau bien couvert. Paffez la liqueur. La dofe eft de deux verres tiedes par jour , un le matin à jeun , & l'autre fur les ciiiq heures du foir. Après l'ufage de cette décoction ,' que l'on continuera pendant huit jours , on fera prendre au malade les eaux de Balaruc , celles de Bagneres ou de Cranfac , à la dofe de deux pintes par jour ; & on les aiguifera, de trois jours l'un , avec une dcrai-once de fel de Seignette par pinte. On finira la cure par l'opiat fuivanr. Prenez, De Conferve d'Ecorce d^ Or ange , une once» D'Extrait de Fumeterre , une demi-once. De Racine de Salfepareille , De Bois de Sajfafras pulvérifé , de chaque une demi-once, D'Efprit volatil de Corne-de-Cerf deux gros. De Gomme Ammoniac , trois gros, D'JEthiops minéral ^ demi- once. Mêlez le tout avec fuffifante quantité' de teinture de bois fudorifique , ou , à fa place , du firop d'oeillet , pour en faire un opiat de molle confiftance , dont le malade prendra un gros le matin, & un gros fur les cinq heures du foir , en buvant par deffus un verre de fes eaux. Si ces remèdes ne re'ufbfTent point , . il faudra envoyer le malade aux eaux , pour lui faire prendre les douches. La paralyfie piruiteufe , ou celle qui furvient dans un tempe'rament fujet à la pituite , n'exige point que l'on fafle des faigne'es fi copieufes que dans la précédente. Il fuffit d'abord de ..faire prendre au malade quelques grains d'émétique en lavage , comme ci-defTus , enfuite un lavement compofé d'une once de diaphœnix , de deux onces de vin émétique trouble , & de trois gros de cryftal minéral. Immédiatement après , on fera des i85 PAR fridions fur toutes les parties du corps , comme nous avons prefcrit ci deffus; on appliquera les véficatoires , & on fera prendre enfuite au malade une infufion de bourgeons de fapin , comme du thé, avec la de'coâion fui vante : Prenez, De Racines de Patience fauvage , i De Fraijiery de chaque deux onces. De Bois de Gayac , une once. De Racine d'Impératoire , une demi- once. De Feuilles de Marjolaine , une demi-poignée. De Fleurs de Camomille , De Mélilot , de chaque une pincée. Faites bouillir le'ge'rement le tout dans un vaifleau bien fermé, & laifTez-le enfuite infufer chaudement pendant une demi-heure. Paflez le tout , pour en prendre un verre , toutes les quatre heures. On aura foin, en même temps, de frotter le malade, comme nous l'avons indiqué ci-deflus dans la paralyfie fanguine ; ou , fi l'on aime mieux , l'on aura recours à l'huile de laurier , dont on frottera l'épine , ou l'on aura recours au baume fuivant : Prenez , De la Graijfe humaine , quatre onces. De Graifes d'Oie , De Chapon , de chacune trois onces. De l'Huile de Laurier , deux onces. De Feuilles de Sauge , De Marjolaine y De Sureau , D'Yeble, De Calament , D'Origan , De Lavande , de chaque une poignée. Faites cuire le tout jufqu'à confomption des herbes; paflez enfuite la liqueur , en l'exprimant. Diflblvez-y après , Du Baume du Pérou , une once» De l'Huile de Pétrole , De Lavande , de chaque deux gros. PAR 187 M^lez le tout pour un baume , dont on frottera IVpine du dos , deux fois par jour. On aura foin de purger le malade tous les huit jours, & on terminera la cure par les eaux & l'opiat que nous avons prefcrits ci-deffus. L'e'mipl<5gie n'exige point un traitement différent de la paralyfie complette, fi ce n'eft qu'il faut être plus réfervé fur l'ufage des remèdes , & fur-tout fur celui des faigne'es. Nous avons traité de la paralyfie qui furvientàla fuite des coliques , à l'article Colique de Poitou. De la Paralyfie de la Langue, On reconnoît que la langue eft paralyfe'e , quand on 3 de la difficulté' à la remuer , qu'elle paroît épaiiTe & lourde , que l'on balbutie en parlant , & qu'on a de la peine à faire agir fes mufcles. On commencera d'abord par faire prendre au malade le lavement fuivant : Prenez , Des Feuilles d'Origan , De Mélijfe , de chaque une poignée, 3?aites-Ies infufer dans une chopine d'eau bouillante, Ajoutez^y Une once & demie d'Eleâuaire diaphœnix. Trois gros de Sel-Gemme , pour un lavement. Imme'diacement après , on faignera le malade au pied ; ce que l'on répe'tera félon la force & l'abondance de fon fang. On lui prefcrira enfuitç trois grains d'émétique dans une chopine d'eau , en plufieurs verres ; & on le purgera , le furlendemain , avec la décoûion fuivante : Prenez , Des Racines de Patience fauvage , De Polipodede Chêne ^ ratijféea & coupées par tranches , de chacune une once» De Séné y une demi-once. De Sel de Glauher , trois gros» D'Aloès y une demi- gros, Verfez deflus trois chopines d'eau bouillante : lailTer infufer Iç tout fur des cendres chaudes , pendant vingt  188 PAR quatre heures ; paflez la liqueur , pour en prendre trois verres le matin , à deux heures de PAR 189 Prenez , Des Vers de terre en poudre , quatre onces» De la Racine de Calamus-aromaticus , une once & demie. Du Galanga , fix gros, D'Huilt d'Olive , De Cire , fuffifante quantité' , pour en faire un onguent , en faifant fondre le tout fur le feu , & en le remuant avec une fpatule de bois , jufqu'à ce qu'il ait acquis la confiftance ne'cefTaire : fervez-vous-en pour en frotter la partie. L'onguent qui fuie eft très-efficace dans ces fortes de cas. Prenez , De l'Onguent ci dejfhs, De l'EJfence de Mufcade , De Girofle j de chaque un gros 6r demi. De l'Huile de Mtlle-pertuis , une demi-once. De l'Efprit de Sel , un gros. Mêlez le tout , & frottez-en la partie afFeélée , que vous couvrirez enfuite d'un morceau de drap. Toutes ces efpeces de paralyfies font fujettes à des rechûtes : pour les éviter , il faut avoir recours aux faignées & aux purgations, trois ou quatre fois par an, & prendre enfuite les eaux de Balaruc, pendant un mois, en obfervant de fe purger avant & après les eaux. Il faut avoir attention auflî , après avoir fait tous ces remèdes, d'obfcrver un re'gime exadl , d'éviter le vin 'pur , les liqueurs fpiritueufes, le fommeil trop long , les exercices violents , les palfions vives, faire de l'exercice , prendre de la dilFipation , & fur-tout de remuer beaucoup & de mettre en mouvement les parties fujettes à la paralyfie. Si c'efl: le bras , il faut tirer des armes, tourner une roue , tirer quelque chofe de fort, en un mot , l'exercer de toutes les manières : fi ce font les jambes qui font attaquées , l'exercice de la promenade convient le mieux; car l'exercice fait fouvent plus que les remèdes les mieux indiqués. PARAPHYMOSTS , f. m. maladie dans laquelle le prépuce eft renverfé , & fi gonflé , qu'on ne peut le rabattre , pour couvrir le gland. Cette conftitution gêne tellement la circulation du fang dans le gland , que non-feulement il en furvient une tumeur avec des in  190 PAR flammations violentes & les douleurs Us plus aiguës ^ mais même un fphacele. Ceux qui ont naturellement le pre'puce trop étroit, ou qui ont trouvé trop de difficulté dans .le coït, font fujets au paraphymofis. Les jeunes maris font quelquefois étrangement furpris de fe trouver attaqués de cette maladie , au fortir des bras de leur nouvelle époufe. Il leur vient alors des foupçons fort défavantageux & fort injuftes fur la fageffe de leur femme, au lieu que le mal qu'ils ont eft une preuve qui parle , pour ainli dire , en leur faveur ; car il ne provient que de l'étroitefle naturelle à celles qui n'ont point encore connu d'homme. Le paraphymofis eft encore une maladie qui furvienc aux jeunes libertins , qui , ayant le prépuce fort étroit , le tiennent retiré au defTous du gland , tandis que le pénil eft flafque : par ce moyen , lorfque l'éreftion furvient, le gland fe gonfle, & le prépuce fle peut plus reprendre fa place. Il faut faigner le malade, une ou deux fois, le plonger fur le champ dans un bain d'eau très-froide , Jetter* fur la partie de l'eau fraîche , & le frotter enfuite d'huile d'olive ou de beurre , & tâcher infenfiblement de rame-' ner le prépuce par deffus le gland :' quand ces remèdes ne fuffifent point , il faut avoir recours au Chirurgien* Voyei le Didionnaire de Chirurgie au mot ParaphyMOSIS. PARAPHRÉNÉSIE , f. f. efpece de phrénéfie , ^onC les anciens attribuoient la caufe à l'inflammation du diaphragme. Ils l'appelloient auffi faujfe-pkrénéjîe , phré* néfie fywpatkique y pour la diftinguer de la véritable phrénéfie. On diftingue la paraphrénéfie de la phrénéfie , par la différence du lieu qui eft afFedé ; dans la. phrénéfie, ce font les membranes du cerveau , & dafls la paraphrénéfie , c'eft le diaphragme. On reconnoît la paraphrénéfie aux gonflements autour du cœur , à une cardialgie fi vive , que le malade ne peut fouffrir le moindre contad. L'eiprit eft égaré ; & le malade prononce des difcours entrecoupés , qui ne font point accompagnés de la même fureur que dans la phrénéfie : la rtfpiration eft interrompue & pleine de PAR I5»i foupirs. Quelquefois il y a des fanglots , quelquefois un vomilîement de matière noire. Le malade eft tourmenté d'une toux feche , de palpitations douloureufes aux hypocondres : le gofier eft fec & la langue blanche. La caufe prochaine de cette maladie eft l'engorgement du fang dans le diaphragme, qui produit une irritation qui fe communique par fympathie jufqu'au cerveau. Les caufes occafionnelles font , i°. le tranfport d'une matière fébrile au diaphragme , la fupprelTioa des e'vacuations naturelles , ou des faigne'es habituelles, les liqueurs glace'es , prifes , quand on avoit fort chaud, l'ufage des e'métiques , des purgatifs violents , les poifons ; une bleflure faite avec une épe'e ou avec une arme tranchante. On remédie à cette maladie par les faigne'es faites en abondance au bras , par les lavements , le petit-lait. pris en grande quantité , les poudres tempérantes , faites avec un demi-gros d'yeux d'écreviffes , vingt grains de tartre vitriolé & dix grains de cinabre , mêlés enfemble pour deux prifes , toutes les quatre heures. Comme cette afFedion eft inflammatoire , & que l'eftomac , par communication , eft vivement affeclé, il ne faut employer les purgatifs , que quand on aura fuffifamment faigné , & fait prendre des délayants ; après quoi , on pourra donner une once & demie de tamarin dans du petit-lait , avec deux onces de manne , fi le cas l'exige. On appliquera fur la partie des cataplafmes émollients avec la pariétaire , la mauve , la guimauve , &c. ; Se, trois jours après, on appliquera le fuivant : Prenez , De Farine de Lin , une poignée. Faites-la cuire dans une chopine de lait, en confiftance de bouillie. Ajoutez-y Un gros de Camphre , que l'on fera diffoudre dans Trois gros de Baume tranquille , pour un cataplafme , que l'on renouvellera deux fois par jour. On fera des friâions fur tout le corps, & , en particulier, fur la région de l'eftomac, avec une flanelle douce: 191 PAR on continuera la tifane & les lavements comme cï-* delTus ; & a on i"e rebute du petit-lait , on aura recours à une boiHbn faite avec une pincée de tteurs de guimauve, bouillies dans l'eau , à laquelle on ajoutera du fyrop de violette, & fi la chaleur elt grande , on y verfera vingt gouttes d'efprit-de-vitriol par pinte. Koye{ PhrénÉsie. PARAPLEGIE , f. f. paralylie qui fuccede à l'apoplexie. Elle fe dit de la paralyfie particulière d'une ou plufieurs parties qui font prive'es du mouvement & du îentiment. Voye^ Paralysie & Hémiplégie. PARASQUINANCIE , f. f. elpcce d'eiquinancie dans les muicles externes de la gorge , qui font enflamme's. Nous avons traité de l'eiquinancie en général ; celle-ci n'exige point un traitement différent, fi ce n'eft qu'il faut appuyer davantage fur les cataplafmes : ainfi, après une ou deux faignées faites au bras , après beaucoup de lavements & beaucoup de boiifons , on appli' quera le cataplafme fuivant : Prenez , Un Nid entier d'Hirondelles, Faites-le frire dans du beurre frais non falé ; &, après l'avoir mis entre deux linges , appliquez-le fur la gorge , en raflujettifTant avec un bandage ; fi ce cataplafme ne réufTit point , on aura recours au fuivant : Prenez, Une livre d'Eau de Scabieufe ^ mélez-y Une once d^Enu-de-Vie ; & appliquez chaudement des linges imbibés autour de \z gorge, les renouvellant d'heure en heure. On fe gargarife , en même temps avec la décoction fuivance : Prenez , Une poignée de Plantain, Autant d'Aigremoine. Autant de Feuilles de Ronces, Faites bouillir le tout dans deux pintes d'eau , pendant demi-heure -, ajoutez à la fin Deux gros d'Alun en poudre. Deux onces de Sirop de Mûres , pour fe gargarifer pendant toute la journée. Kojd^EsQUiNANCir:. PARESIË , f. f. C'eft la même chofe que la paralyfie. Voyez Paralysie, PARESSE PAR 19$ PARESSE DU Ventre. C'efl une difficullé que Ton éprouve quand on elt conftipé. On reconnoîr que le ventre ell parefleux, quand on eft deux ou trois jours fans aller à la fellc , quand les excre'ments que l'on rend font extrêmement durs âc folides , quand on e'prouve dQS feux qui montent au vifage , des vents, des rapports, des mai-aifes, une difficulté' de rcfpirer, La caufe prochaine de cet accident vient de la fe'chereiTe des entrailles , & de ce que les glandes , qui font re'pandues dans les boyaux , n'y verfent point une affez grande quantité de fucs propres à lubréfier le canal par où palTcnt les excre'ments : ainfi tout ce qui peut augmenter la chaleur du corps , comme les aliments e'chauffants , les liqueurs fpiritueufes , les exercices violents , les veilles forcées , les palfions vives &: tumultueufes , l'ufige trop fréquent des purgarifs , le défaut d'acl:ivité delà part de la bile, qui ne peut pas irriter les glandes , & leur faire vuider leur fuc , fjnt autant de caufes propres à entretenir la parelfe du ventre. Les mélancoliques , les hypocondriaques , les femmes fujettes aux vapeurs , les perfonnes fludicufes , Se qui mènent une. vie fédentaire ; celles qui font fujettes aux chagrins & aux méditations profondes , font plus expofées à cette maladie que les autres. On y remédie , en failant d'abord une faignée au bras , en faifant prendre des lavements , foir & matin , avec une décoftion de graine de lin , de fon , h laquelle on ajoute du beurre frais , ou , fi l'on aime mieux , on fera bouillir des feuilles de pariétaire , de mauve , de bouillon-blanc, de mercuriale, de chaque une poignée, dans trois demi-feptiers d'eau, pour réduire à chopine. Si ces remèdes ne lâchoient point le ventre , oa pourroit en donner avec une once de lénitif & un groî de cryftal minéral. Tous les matins , le malade fera ufage d'une chopine de petit-lait clarifié-, ce qu'il continuera pendant quinze jours , en plufieurs verres , dans la m.atinée ; après quoi, il fe purgera avec la médecine fuivante : Prenez, De Tamarins , une once. De Follicule de Séné , un gros & demi. ' De Sel de Glauber j deux gros. V. de Santé. T. II, N 194 PAR Faites bouillir le tout dans un demi-feptier d'eau, pendant deux minutes , laiflez-le infuler chaudement pendant une demi-heure. Ajoutez-y De Manne , deux onces. De Sirop de Fomme compofé , deux onces, PafTez le tout , pour prendre en une dofe , le matin à jeun. Après cette me'decine , on continuera l'ufage des lavements tous les jours ; & , tous les trois jours , on fera ufage d'un gros de cafTe cuite , que l'on avalera en plufieurs prifes , le foir en fe couchant. Au refte , on doit e'viter toutes les caufes qui entretiennent la parefTe du ventre , réformer fa nourriture & fa boiiîbn , faire un exercice mode're' , ne pas trop dormir , prendre de la dilFipation , e'viter les paffions , le chagrin , l'e'tude force'e , la vie iëdentaire , quitter la ville pour aller à la campagne , &c fe promener le plus fouvent qu'il fera poifible. PAR.ONYCHIE , (. f. tumeur qui vient ordinairement à l'extrémité' des doigts , qui eft accompagnée de douleur vive , d'inflammation , & fouvent de fuppuration : c'efl: la même chofe que le panaris. PAROTIDE, f. f. C'eft une tumeur contre nature, qui occupe les glandes ficue'es au deffous àts oreilles , entre l'angle pofte'rieur de la mâchoire infe'rieure & l'apophyfe naftoïde. On diftingue cette tumeur en be'nigne & en maligne, La première furvient fans aucune caufe fenfible : l'autre fe de'clare .après les fièvres malignes , comme on le voit arriver fouvent , & fur-tout dans la pelle. On connoît cette maladie au gonflement des glandes que nou.-î venons de dc'crire. On y fent d'abord un fentiment le'ger de douleur; Ja. tumeur grolfit infenfiblesient , & acquiert plus ou moins de volume : quand elle eft bénigne , fon progrès eft plus lent. La parotide maligne , au contraire , fe déclare avec plus de violence & de précipitation. Quelquefois cette tumeur eft inflammatoire , c'eft-àdire , qu'elle eft produite par un engorgement de fang dans cette partie ; c'eft ce que l'on voit arriver dans les PAR T95 fièvres malignes , & après la pefte : quelquefois aulli cette glande ne contient que de la lymphe qui e(l embarrallee dans fon mouvement. La caufe prochaine de cette maladie vient de l'engorgement du fang & de la lymphe ; ainfi tout ce qui peut augmenter la quantité' du iang & des humeurs, ou leur épailhirement, peut occafionncr les parotides , joint à la difpofition naturelle de ces glandes , un air chaud & humide , chaud ik fec , froid & humide , les aliments épais , gluants , vifqueux , les boiflbns e'chaufFantes , le grand ulage des boitions aqueufes ou des boiilbns trop froides , le fommeil trop long , le défaut d'exercice , les évacuations fanguines ou pituiteufes fupprime'es ; les palpions de l'amc , comme le chagrin , la trifteffe , la mélancolie ; les levains acides , comme ceux de la vérole , du fcorbut , des écrouelles , du câncer , font les caufes les plus communes de ces fortes de maladies. Quand la parotide eft bénigne , elle n'elt ordinairement précédée d'aucune mahidie ; le progrès en ell plus lent ; les douleurs font moins vives : c'eft ce que Ton voit arriver fouvent dans l'enfance , quand la lymphe nourricière eft trop abondante , & qu'elle s'arrête dans les glandes du cou ; c'eft ce que l'on obferve aulfi communément , quand les premiers froids de l'hiver furviennent : la tranfpiration fe fupprime , & la lymphe s'arrcre dans cetre partie. •II faut commencer par faire une faignée au bras ; après quoi , on fait boire au malade beaucoup de petitlait , .ou une décoction légère de fleurs de bouillonblanc & de guimauve : on fait prend'"e , en même temps, des lavements , tous les jours foir & matin , avec une décoction de graine de lin , de fon & du beurre frais ; on appliquera fur la tumeur un catapiafme fait avec de la mie de pain , bouillie dans du lait , à laquelle oa ajoutera une pincée de fafran. Quelques jours après , quand la chaleur fera tombée , & que le mal fera moins confidérable , on fera ufage de. la tifane fuivante : Prenez, De Racim de Chardon-Roland , une once. De Feuilles de Bourrache & de Buglofe^ dé chaque une poignée. N ij Î9Ô PAR Faites bouillir îe tout dans deux pintes d'eau , pour réduire à trois chopines : le malade en boira un coup , toutes les deux heures , ôc il appliquera fur la tumeur un cataplafme fait avec les fleurs de fureau , bouillies dans le vinaigre ; après quoi , on le purgera avec la me'decine iuivante : Prenez , De Feuilles de Chicorée fauvage , De Cerfeuil f de chaque une poignée. De Follicules de Séné ^ demi-once. De Sel de Glauber , trois gros. Faites bouillir le tout dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-feptiers. Ajoutez-y Trois onces de Manne, Un citron coupé en quatre. PaiTez le tout , pour en prendre deux petits verres , le matin à jeun , pendant trois jours , à une heure de diftance l'un de l'autre ; on pailcra enfuite aux pilules fui van tes ; Prenez, D'Extrait d'Enula-Campan ? , deux gros. De Gomme Ammoniac , un gros. D'j^thiops martial , demi-gros. D'Antimoine crud pulvérifé , vingt grains. De Mercure doux , dix grains. Mêlez le tout avec fu^Rfante quantité de Sirop des cinq racines , pour en faire des pilules du poids de dix grains , dont on prendra trois par jour , à quatre heures de diflance l'une de l'autre. Les parotides qui furviennent aux enfants , & qui prouvent leur croiiîance , fe diiîipent d'elles-mêmes: il fuffit de les tenir chaudement, avec une flanelle, de leur faire prendre àzs lavements ; d'éviter les aliments vifqueux & gluants , comme la bouillie , & de leur faire faire beaucoup d'exercice. Quand les parotides font malignes , elles font infl.:mmatoires ou froides. Quand les parotides font froides , ce que l'on reconnoîr par la lenteur de leur croi'Tance , par le peu de douleur qu'elles occafionnent, par l'infpection du tempérament qui eft mou , lâche , par un vifage pâle & PAR 197 par riiabitudc dans laquelle elt le malade d'avoir de ces fortes de tumeurs , on les traite pour lors comme les tumeurs froides. Voye^ Ecroueli.es. Quand les parotides font inflammatoires , qu'elles font accompagne'es d'une fièvre vive , de douleur violente , qu'il y a rougeur , chaleur , ardeur à la partie , que le malade même y fent des e'iancements qui s'étendent par toute la ttte , on y remédie par les faigne'es multiplie'es, les boifTons abondantes, les lavements e'mollients, les cataplalmes adoucilfants , tels que ceux que nous avons de'crits ci-deffus. Il faut remarquer que , quand les parotides inflammatoires fuccedent à la f evre maligne , ou furviennent à la peftc , il faut fe donner de garde de vouloir faire réfoudre ces tumeurs par les faigne'es abondantes «Se les relâchantes : il faut , au contraire , tâcher de les faire fuppurer ; car la matière qui eft renferme'e dans ce'i tumeurs cil un tranfport de l'humeur qui a formé la fièvre maligne , & qui cauferoit encore de grands dommages , fi elle étoit retenue dans le corps : c'eft pourquoi , après les premières faignces , les lavements & les boiffons , on appliquera fur ces tumeurs un cataplafme , fait avec la farine de lin èc de fève , de chaque crois onces , que l'on fera bouillir dans l'eau de guimauve ; on ajoutera enfuite le fuc de trois oignons cuits fous Ja cendre , & l'on fera du tout un cataplafme , que l'on appliquera fur la partie deux fois par jour. Après qu'on aura préparé la tumeur de cette manière , on aura recours à l'emplâtre fuppuratif que nous avons décrit à l'article EmphUre , ou on fe fervira fimplement de l'onguent de la Mère , ou du diachiion ' gommé. Si la tumeur tourne en abcès , on l'ouvrira au plutôt , pour éviter que l'humeur fe jette fur quelques parties ; & on traitera cette plaie , comme un abcès ou un ulcère. TI y a deux manières d'ouvrir une parotide ; la première , c'eft de le faire avec l'inflrument tranchant ou le biftouri ; la deuxième , avec les cauftiques. Cette dernière méthode ell la meilleure , en ce qu'elle a l'avantage de mûrir la tumeur ; & d'attirer a l'extérieur les humeurs : auffi c'eft celle à laquelle les bons médecins donnent la préférence, N iij 198 PAR Nous obferverons encore que la flu(?luation fe fait difficilement fentir dans ces fortes de tumeurs , & qu'on auroit tort de ne fe^déterminer à l'opération que quand "on la fent : l'ope'ration fcroit le plus fouvent inutile, & nous découvriroit la carie dans les paràes voifines, Voye^ Accès , Ulcère , & le Dictionnaire de Chirurgie, PAROXYSME , f. m. accès , redoublement , temps le plus violent de la maladie , auquel la caufe morbihque exerce le plus fes forces par des fymptomes plus forts ou plu"^ nombreux. Les paroxyfn:,es font pe'riodiques ou irréguliers. Les premiers fc rencontrent dans les accès de fièvre intermittente , les redoublements des fièvres continues : les féconds s'obfervent dans l'afthmc , la paffion hyfte'rique , les accès de la rage , de la folie , Se autres femblablés attaques , qui prennent fubitement , & qui ceffent & reviennent fans période. Aififi toutes les maladies , qui viennent Naturellement , forment un accès , & celles qui reviennent par des intervalles réglés , fe nomment périodiques. Comme les accès ou les.paroxyfmes font les temps les plus fâcheux des maladies , c'eft aulTi dans ces inftants qu'on doit le plus appuyer fur les remèdes , comme les faignées , les lavements : c'elt toujours dans le redoublement que l'on place ces fortes de remèdes pour diminuer la force & l'aâivité du pouls , pour mettre l&s. artères plus à l'aife , & pour donner plus de facilité à la nature de travailler la matière de la fièvre : il eft cependant quelquefois dangereux de faigner dans les accès &c les redoublements , comme on le voit dans les fièvres intermittentes , où une faignée faite dans l'accès fait quelquefois dégénérer le mal en fièvre continue. Quelquefois auffi , dans les redoublements des fièvres continues , une faignée faite mal-à-propos eft capable d'arrêter l'effort de la fièvre, & d'empêcher, par conféquent , l'altération de la matière morbifique : c'eft la force du tempérament , l'âge du malade & la nature de la maladie qui doivent décider de la manière dont on doit placer la faignée. Au refte , c'eft dans l'accès que l'on doit donner beaucoup de boiiTons aqueufes au malade , des Jave  P E D 199 mcnts , prefque point de bouillon , à moins qu'il ne foit coupe', ou que le malade foir très-foible , parce que c'cft rinftant où la nature eft occupée à travailler la matière de la fièvre : la nourriture qu'on pourroit lai donner partageroit fts forces , Se nuiroit à l'accomplilTement de fon projet. PASSION CŒLIAQUE. Voye:^ Cceliaque. Passion hypocondriaque. Voye^ Vapeurs HYPOCONDRIAQUES. Passion hystérique. Voyei Vapeurs hystériques. Passion iliaque. Voye[ Iliaque ou Colique DE MisÉrÉrÉ. PÉDICULAIRE. {maladie) C'eft une mauvaife difpofition du corps , dans laquelle 'il s'engendre une grande quantité de poux. Les enfants & les vieillards font fort fuicts à cette maladie. Les perfonnes mal-propres , qui n'ont pas foin de leur tête , ni de leur corps , & qui laificnt amaffer fur leur peau une craiTe e'paiile , qui ne changent point de linge fouvent , & qui n'ont aucun foin de leur perfonne , font expofces à cette maladie. On compte quatre efpeces de poux qui inquiètent le corps humain ; i». ceux qui naillènt ordinairement fur la tête; a», les morpions qui s'attachent fous les ailTelles , aux fourcils , aux paupières &: aux parties de la ge'nération des adultes ; 3°. les gros poux qui s'engendrent dans les habits des perfonnes mal-propres : ils font gros , oblongs , e'pais , & leur tête fe termine en pointe ; 4". les citrons ou ceux qui s'engendrent, félon quelques-uns, fous l'épiderme des mains &: des pieds: ils font de figure ronde , comme les œufs de papillon , & quelquefois fi petits , qu'ils échappent à la vue ; ils excitent , en rampant fous l'épiderme , des demangeaifons infupportables : quelquefois même ils percent la peau , excitent des pullules , & le plus fouvent ils s'y tiennent cachés. Ces fortes d'infedes viennent ordinairement par malpropreté, ou par un fang chaud & humide, qui favorife leur développement : ainfi toutes les perfonnes malpropres, les crapuleux qui vivent dans le libertinage & N iv aoo FED rivrogncrie ; ceux qui ont des fueurs fétides & gluantes , un fang corrompu & vifqucux , font très-fujets à cette cfpece d'infecle. Quand les poux viennent à la tête , on commence par ia peigner avec foin , & on la lave enfuite avec la de'coflion fui vante : Prenez, D'Ahfint-hey De Staphlfaigre , De Marrkuhc , de chaque une poigne'e. De petite Centaurée , une demi-poignée. De Cendre de chêne , cinq onces. Faites-en une leiïive avec trois chopines d'eau de fontaine , dans laquelle vous ferez difibudre Deux onces Je Sel commun. On frottera enfuite la tête , avec l'onguent fuivant : Prenez, D'Huiles d'Amandes ameres , De Rliue , De Baies de Laurier ^ de chaque demi-once. De Staphlfaigre , De Myrrhe en poudre , de chaque deux gros, D'Aloès en poudre , un gros. De Lard /aie' f deux onces. Mêlez le tout enfemble , en le faifant cuire fur un feu doux , & en remuant le tout avec une fpatule de bois, jufqu'à ce qu'il ait acquis la confiftance d'un onguent : on en frottera la tête plufieurs fois par jour. On peut auifi faire ufage de la poudre de ce'vadille , ou de l'onguent napolitain , au lieu des deux compofitions précédentes , qu'il n'eft pas toujours aifé de fe procurer. Quand on eft attaqué des morpions , il fuffit de fe frotter les aiflelles, les parties génitales & tous les endroits chevelus, avec l'onguent mercuriel , décrit à l'article Onguent. On peut auffi fe fervir du favon noir , dont on fe frotte également par-tout. Ce remède eft excellent pour détruire ces fortes d'infeéles. Les autres efpeccs de poux fe détruifent de la manière fuivante. Il faut fe frotter la peau , & les parties qui en font attaquée^ , avec le linirent fuivant: i'renez, D'HuJle d'Afpic , deux gros. P E L aoi D'Amandes arriéres , demi-once. D'Onguent de Nicotiane , (îx gros. Mêlez le tout enfemble , & faites-en un Uniment , dont on fe frottera deux fois par jour. La dernière efpece de poux eft celle qui fe cache fous l'e'piderme ; elle eft difficile à reconnoître , fi ce n'eft aux demang^eaifons qu'elle caufe , & à la figure qu'ont ceux qui fortent de deffous la peau : nous en avons donne' la defcription ci-defTus. Ils fe gue'iifTent avec les mêmes remèdes que ci-delfus , en frottant d'abord la partie avec du vinaigre , & en y mettant enfuite une couche d'onguent mercuriel. Il faut obferver d'ufer , le moins qu'on peut, de remèdes mercuriaux dans les enfants & dans les tempéraments foibles & de'licats , parce qu'il en pafle toujours dans le fang une certaine quantité' , qui peut y caufer des ravages : il vaut mieux avoir recours aux remèdes ci-defTus indique's , & ne fe fervir de l'onguent mercuriel , que dans le cas où les autres remèdes ne produiroient aucun bon effet. PELADE , f f. maladie qui fait tomber les cheveux & les poils ; c'eft ce qui fait qu'on appelle h pelade. II y a deux fortes de pelade : celle qu'on appelle proprement alopécie , prend toute forte de formes , & attaque la barbe auffi-bien que les cheveux ; l'autre , que nous appelions opkiafis , commence par le derrière de la tête , & s'e'tend de la largeur de deux doigts , gagne <5uelquefois le devant de la tête jufqu'aux oreilles. On diftingue la pelade en fimple , qui vient naturellement , ou en fymptomatique , qui dépend de quelqu'autre maladie, comme on le voit dans la Vérole, le Scorbut 6c les Fièvres malignes. La caufe procliaine de la pelade vient de la féchereiïe des cheveux ou de l'altération de la peau dans laquelle ils font implantée. Les vieillards font fujcts à la première efpece , les enfants & les adultes à la féconde. C'eft ordinairement une humeur acre & dépravée , de quelque efpece que ce foit , qui attaque & ronge la racine des cheveux. Cette maladie fuccede communément à la teigne , aux achores , à la gale de la ttte. Quand la pelade eft occalionnée par un deflechement aoi P E L de la racine des cTieveux , comme on le voit dans les vieillard.s, ou dans ceux qui habitent les pays chauds, oui ont palFe' fous la zone lorride , ou qui ont foufFerc Qes exercices violents , ou des chaleurs excelîives , comme les moiffonneurs , les paveurs , &c. il eft très-difficile d'y porter remède ; tout ce que l'on peut faire , c'eft de rafer tous les jours la partie , & de la frotter avec la compofition fuivante : Prenez, De l'Aurone , De Cendres de Racine ou d'Ecorce de Rofeau , de chaque deux onces. De l'Encens , une once. De la Grai[fe de Sanglier , De l'Huile d'amandes douces , une fuffifante quantité. Faites cuire le tout le'ge'rement fur le feu , jufqu'îï ee qu'il ait acquis une confillance de Uniment : on en frottera la partie chauve plufieurs fois par jour. Quand la pelade eft occafionnéc par une humeur acre , ou par un vice dans le fang , il faut commencer par corriger la malfe du fang par la faigne'e , le petitlait, les doux purgatifs , les lavements , la diète ; & on mettra enfuite le malade à l'ufage des bouillons fuivants : Prenez , De Rouelle de Veau , trois quarterons. Faites-en du bouillon dans deux pintes d'eau. Ajoutez-y De Bourrache , De Buglofe , De Scolopendre , de chaque une poignée. De Nitre purifié , quinze grains. PafTez le tout , pour prendre deux de ces bouillons le matin , à une heure de diftance l'un de l'autre , & un fur les fix heures du foir j ce que l'on continuera pendant huit jours. On purgera enfuite le malade avec deux gros de follicules , un gros de fel de Glauber , deux onces de manne dans un demi-feptier d'eau ; après quoi , on lui fera prendre les pilules fuivantes : Prenez, D'Extrait de Genièvre , deux gros. De Gomme Ammoniac , un gros. De Mercure doux , quinze grains. P E L 203 D'Yeux d'Ecrevijfes , un gros» Mêlez le tout enfemble avec fuffifante quantité de firop d'abfinthe , pour faire des pilules du poids de dix grains ; le malade en prendra trois par jour , de quatre en qua, re heures, en buvant par delIUs un verre de la tifane qui fuit : Prenez, J[)tf la meilleure Avoine nettoyée & lavée, deux onces. De la Racine de Chicorée fauvage récente & ratijfée , une once 6' demie. Faites bouillir le tout , pendant une demi-heure , dans trois chopines d eau de rivière. Ajoutez-y fur la fin De Cryft al minéral y deux gros. Du Miel blanc , deux onces. Laiflez encore bouillir le miel , pour l'écumer une ou deux fois : paffez enfuite le tout par un linge , & laiflez-le refroidir. Après l'ufage de ces pilules , on purgera le malade , comme ci-defl"us. Enfuite on aura foin de lui faire rafer la tête tous les jours , & on la lavera avec de l'eau dans laquelle on aura fait bouillir une poigne'e de capillaire , autant de polytric & autant d'aurone. Quand on aura lavé la tête, on frottera les endroits chauves avec un linge ni trop doux ni trop dur , jufqu'à ce que la peau commence à devenir un peu rouge. Quelques jours après , on fait les fridions avec de Teau dans laquelle on aura fiiit infufer de la moutarde & du creflbn, & à laquelle on aura ajouté le fuc de quelques oignons de lis blancs. On recommande auiïi la femence de roquette , l'huile de laurier, le goudron , le foufre, la fiente de pigeon , dont on frotte la tête tous les jours, après l'avoir rafée &c lavée , comme ci-defTus. Si ces remèdes ne réulfiffoient pas , on pourroit faire ufage du fuivant : Prenez, De l'Euphorbe , De la Tapfie , De l'Huile de Laurier , de chaque deux gros. De Soufre vif\ D' Ellébore , de chacun un gros. De la Cire ,Jîx gros* ao4 P E R Fondez les ingrédients qui font folubles, & mêlez-les avec de l'huile de laurier ou de la vieille huile : ajoutez enfuite le refte , & vous aurez la compofition la plus forte de ce genre & !a plus convenable à cette maladie, îorfqu'elle eft inve'térée. Lere'gime, au refte, eft fort utile dans cette maladie: entre les aliments , on choifira ceux qui font du bon fang , & qui tempèrent les humeurs peccantes , comme les crèmes de riz , d'orge , de gruau ; les aliments farineux , comme le riz , les fèves ; la chair des vieux animaux , comme le bœuf , le mouton : on peut aufïi avoir recours à la volaille. II faut éviter le fel , les épiceries, le vin , les ratafias ; &, quand le fang aura été bien dépuré,, le malade pourra faire ufage modérément du vin vieux. Quant à l'air , le chaud eft celui qui convient le mieux à cette maladie. PÉRIPNEUMONIE , f. f. inflammation du poumon , avec fièvre aiguë, opprellion & difficulté de refpirer, accompagnée fouvent d'un crachement de fang. On diliingue trois fortes de péripneumonie ; l'une que l'on appelle-irarV, qui vient de l'engorgement du fang: c'eft la plus commune parmi les jeunes P E R 10$ On reconnoît la péripneumonie à une difficulté de refpirer , un refTerrement autour du cœur , accompagné de frilfon , de fièvre , quelquefois de crachement de fang, de toux , & de douleurs vives à la poitrine: l'urine, les premiers jours, elt rouge; quelque temps après , elle fe trouble & de'pofe beaucoup de îédiment. A ces fignes fe joignent de î'anxie'té, des inquie'tudes , une chaleur univerfelîe ; la langue devient jaune , &, par la fuite du temps , rouge : le malade eft alte'ré ; il a les yeux 6c les veines gontle's : enfin, à la douleur de côte' près , ce font les mêmes fîgnes dans la péripneumonie que dans la pleuréfie , fi ce n'efl que , dans cellelà , ils font plus modérés & plus pernicieux en même temps. En effet, dans la péripneumonie, le danger ell plus grand que la douleur n'cft fenfible -, & la maladie prend fouvent une tournure funefte , fans être annoncée par des fymptomes effrayants. La péripneumonie n'attaque point indifféremment tous les d^^es : elle fe déclare ordinairement dans la jeunelTe & dans l'âge viril , quand le fang eft dans toute fa fougue , & que la circulation efl vive ôc les palTions bouillantes & impétueufes. A l'égard de la péripneumonie fauffe , elle attaque principalement les vieillards , les tempéraments pituiteux , & ceux qui ont le fang collant & vifqueux. La péripneumonie bilieufe fe déclare ordinairement dans les tempéraments bilieux , colériques , qui font fu-f jets aux douleurs d'eftomac , & qui ont le teint jaune. La caufe immédiate de la péripneumonie eft l'engorgement du fang & des humeurs dans le poumon : les caufes éloignées font un air humide & chaud , froid & fec , trop lourd , trop pefant, des vapeurs cauftiques , coagulantes, vitrioliques, un chyle épais, vifqueux & acre ; tel eft celui qui fe forme de l'ufage des aliments lourds & pefants , des acides, des liqueurs fpiritueufes; les exercices violents, comme la courfe , la lurte, les chants , les cris forcés , les poifons avalés inrérieureîTient , les violentes palfions de l'anie , le»; évacuations fupprimées , fur-tout celles qui font habituelles, comme !a faignée , les hémcrrhoïdes , les re ao6 P E R réiie violente , une parafre'neTie , & , en géne'ral , toutes les caufes qui peuvent produire l'engorgement du fang & des humeurs. Le traitement de la pc'ripneumonie diffère , félon les caufes. En géne'ral , comme cette maladie eft produite par un engorgement du fang ou des humeurs , les faignées y font indique'es, les lavements , les boiffbns abondantes, & géne'ralement tout ce qui peut donner au poumon delà liberté', & au fang de l'aifance pour circuler. La péripneumonie vraie fe connoît aux fignes fuivants , à 1 infpediion du malade qui eft jeune & vigoureux , aux exercices violents qu'il eft accoutumé de faire , aux faignements de nez qu'il éprouve habituellement , à la fuppreftion des règles ou des hémorrhoides , qui a prc'cédé, aux douleurs qui font plus vives, &: à la qualité du fang qui eft rouge & couenneux. Quand un malade aura tous ces lignes , on commen» cera par le faire faigner au bras , felun que la douleur fera plus ou moins vive , l'engorgement plus ou moins grand : on réitérera la faignée plus ou moins promptement. Il eft extrêmement effentiel de faire les faignéeç brufques & promptes , pendant les premiers jours ; car elles font beaucoup moins utiles, quand l'engorgement eft formé: au refte , on les réitérera autant que l'état du malade paroîtra l'exiger , c'eft-à-dire , tant qu'il y aura de la douleur , de la difficulté de refpirer , que le pouls fera dur , vif, & que les crachats feront teints de fang , qu'il y aura, par conféquent , quelques preuves d'inflammation. La tifane fera faite avec une pomme de reinette , bouillie dans de l'eau ,& une pincée de fleur de guimauve : on pourra yfubftituer le perit-lait en abondance. Les bouillons feront légers les premiers jours, & il fuffira d'en donner quatre ou cinq dans la journée. Quand l'inflammation fera très-vive, & que le fujet fera vigoureux, on pourra fuppléer au bouillon par le moyen d'une décodion d'orge mondé, dont on fera boire au malade un verre de quatre en quatre heures. On ne négligera point les lavements , fur-tout les premiers jours : on les donnera , de trois en trois heures les deux premiers jours , & enfuite toutes les fix heures les autres jours. P E R 107 Pour adoucir & humecter la poitrine qui eft ordinairement dans la fe'cliereîi'e , on fera prendre par cuiilere'es au malade , routes les heures , la potion fuivante : Prenez, D'Hude d'Amandes douces tirée fans feu ^ trois onces. Du Blanc de Baleine dijfous dans l'huile , deux gros. De Sirop de Guimauve , une once. Mêlez le tout enfemble: ayez grand foin de remuer la bouteille , chaque fois qu'on en donnera au m:>!ade. Malgré cette potion , on fera prendre au malade Tapozeme qui fuit : Preaez , Des Feuilles de Bourrache , De Buglofe , De Chicorée fauvage ^ de chaque une poignée. Lavez ces herbes , & coupez-les un peu ; faites-le» bouillir enfuite dans trois chopines d'eau , que vous re'duirez à une pinte : pafîez la liqueur par un linge , & ajoutez-y Du Sirop de Violette , une once, La dofe eft d'un grand verre tiède, de quatre en quatre heures. On continuera les faigne'es , leslavements , la tifane , la potion &c Tapozeme , jufqu'à ce que les douleur-? foient calme'eS , que la poitrine foit plus libre , qu'il n'y ait plus ni toux , ni crachement de fang , ni menace d'inflammation; après quoi , on ferapren4re au malade la potion fuivante : Prenez, De Manne en larmes, deux onces. Faites-la diffoudre dans un petit verre d'eau. Ajoutez-y De Sel de Glauher , un. gros. De Sirop de Pomme compofé y une once .y pour une prife. On pourra pour lors prendre les bouillons plus forts, & en donner plus fouvent ; l'on ne paiïera cependant pas à la nourriture foîide, que la fièvre re foit totalement tombée , & que l'on n'ait fait pre'céder la purgation fuivante : Prenez , De Cajfe en bâton , quatre onces. 2o3 P E R De Sel de Glauber , deux gros. Faites bouillir le tout dans un demi-feptier d'eau. Ajoutez-y Deux onces de Manne. Une once de Sirop de Chicorée compofé , pour un verre à prendre le matin à jeun. Quand cette maladie eft totalement termine'e , le malade doit vivre , pendant quelque temps , de créms de riz , boire beaucoup de petit-lait , fe tenir chaudement, & éviter fur-tout les exercices violents, qui pourroient lui donner quelques rechutes. On reconnoit la pe'ripneumonie faufle à l'infoeûioii du tempérament qui eft pituiteux , lâche , mou , a l'âge du fujet , qui eft ordinairement vieux , ou qui n'eft pas dans la grande jeuneiTe ; à l'habitude d*is laquelle il eft d'avoir beaucoup de pituite , aux douleurs qui font moins vives , à la difficulté de refpirer qui eft plus forte , & à la nature du fang qui eft ordinairement collant & blanchâtre. On commencera d'abord par faire une faignée ou deux , fi les forces & le pouls le permettent ; mais on ne paftera pas outre, parce que ce remède n'eft point d'une grande efficacité dans cette efpece de fluxion de poitrine : il vaut mieux avoir recours aux boiifons délayantes , comme le petit-lait , les infufions des fleurs de guimauve & de bouillon - blanc , auxquelles on pourra ajouter une pincée de feuilles de lierre terreftre , pour donner au fang un peu plus d'adivité , & pour le faire circuler un peu plus librement ; on ne négligera pas les lavements , de quatre en quatre heures, les premiers jours ; & on mettra le malade à l'ufage de l'apozeme fuivant : Prenez , Des Feuilles de Bourrache , De Cerfeuil , de chaque une poignée. Faites cuire le tout dans trois chopines d'eau , pour réduire à pinte : paflez la liqueur , & ajoutez-y Une once de Sirop de Lierre terreftre , pour en prendre un verre tiède, de quatre en quatre heures. Quand la douleur fera moins vive , que l'on aura fait précéder les faignées , les boilTons & l'apozeme que P E R ^ ^û9 ue nous venons de de'crire , on pourra pafTer à l'ufage e la potion qui fuit : Prenez, D'Eau de Bourrache , quatre onces, D'Huile d'Amandes douces , deux onces. De Kermès minéral , deux grains. De Sirop d'Eryfimum , une once. Mêlez le tout pour une potion , h prendre par cuillere'es , d'heure en heure. Si la langue du malade efl charge'e , s'il a des rapports , des dégoûts , des coliques , on pourra le pur-« ger avec la me'decine qui fuit : Prenez , De Follicules de Séné , deux gros. De Sel végétal , un gros. Faites bouillir le tout le'ge'rement dans un demîfcptier d'eau. Ajoutez-y après l'avoir pafTe' , Deux onces de Manne. Une once de Sirop de Pomme , pour une dofe. Quelquefois , fur le déclin de cette efpece de fluxion de poitrine , le malade fe trouve en moiteur ; il fau c pour lors favorifer les fueurs , en lui faifant prendre le bol fuivant : Prenez , De Confeâion Alkermes , deux gros. De Kermès minéral , quatre grains. De Fleurs de Benjoin , demi-gros. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de (îrop d'œillet , pour faire des bols , du poids de vingt grains , donc le malade prendra une dofe, le matin en s'éveillant , & le foir en fe couchant , en obfervant de fe tenir dans fon lit chaudement , de boire par deifus chaque prife un verre d'infufion de coquelicot , & en changeant de linge, fi le cas le requiert. k| On reconnoît la péripneumonie bilieufe aux douleurs f qui font plus vives , au tempérament fec & bilieux du malade , à l'amertume Se aux envies de vomir qu'il éprouve , au vifage qui eft fouvent jaune , aux crachats qui font teints d'une couleur jaune , mêlés de fang , aux déjections qui font bilieufes , aux urines qui fonc très-jaunes , & au rapport du malade qui eft fujet aux maladies bilieufes. D, de Santé, T. Il, O aïo P E R Dans ces fortes de cas , il faut d'abord faigner le malade au bras , pîufieurs fois , félon la ne'cejfué -, lui faire prendre pour tifane du petit-lait en abondance , s'il peut le fupporter , fînon le mettre à l'ufage d'une tifane faite avec une décoction légère de feuilles de bourrache & de buglofe : on ne négligera point les lavements , toutes les quatre ou cinq heures. Si le malade fe plaint toujours d'amertume , de naufées & d'envies de vomir , il faut lui donner deux grains d'émétique en lavage , quand mcme il y auroic un crachement de fang , de la douleur , de la difficulté de refpirer & de la toux. Lesfaignées qu'on feroit , dans ces fortes de cas , deviendroient mortelles , parce qu'elles attireroient perpétuellement la matière bilieufe vers la poitrine, Se qu'elles augmenteroient par-là l'engorgement. Il y a de mauvais Praticiens qui ne font aucune attention à la nature de cette fluxion de poitrine ,' 6c qui faignent , dans celle-ci , autant que dans la péripneumonie inflammatoire : auffi voit-on , par cette méthode , tous les fymptomes augmenter & l'engorgement devenir prefqu'mcurable. Quand on ne pourra plus placer l'émëtique , par rapport à la foibleiTe du malade , à la violence des douleurs , on aura recours , après deux ou trois faignées , à l'apozeme fuivant : Prenez, De Chiendent , une demi-poignée. De Racine de Patience fauvage , demi-once. De Feuilles de Bourrache , De Chicorée fauvage f de chaque une poignée. De Follicules de Séné , deux gros. De Sel d'Epfom , trois gros. Faites bouillir le tout légèrement dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-feptiers : paflez la liqueur ; ajoutez-y De la Manne , deux onces. De Sirop de Chicorée compofé , une once 5' demie , pour quatre verres, à prendre, a. trois heures de diftance l'un de l'autre , en faifant donner , dans les intervalles , un lavement & de la boilTon , pour tâcher P E R 2.11 d'entraîner les matières par le bas. Si les deux premiers verres de cet apozeme ope'roient iaiïifamincnt , c'eit-à-dire , qu'ils produiliMent des e'vacutirions abondantes , on fe difpènferoit de donner le troifiemc. Le lendemain de l'ulage de cet apozeme , le malade fe mettra à l'ufage dii petit-lait avec le fîrop de violette; après quoi , il recommencera le furlendemain l'apozeme purgatif ci-deiliis ; & l'on auragrandfoin d'entretemr l'évacuation du ventre , de deux jours l'un , foit par cet apozeme ou par quelqu'autre potion purgative. Si l'on s'apperccvoit que l'émétique ou la purgation eufTent augmenté la toux , le crachement de fang , la difficulté de refpirer ; que néanmoins l'amertume fût moins confidérable h la bouche , & que les évacuations fuifent bilieufes & fétides, on ne s'effraiera point de ces accidents; on fe contentera feulement, le foir qu'on aura pris médecine , de faire ufage de la potion fuivante : Prenez , D'Eaux de Cérifcs noires. De Fleurs de Tilleul , de chaque deux onces. De la Liqueur minérale anodine ^ vingt gouttes. De Sirop de K arabe ^ une once y pour une dofe , à prendre le foir fur les dix heures. Quand on aura continué l'apozeme purgatif ci-deffus , pendant quelques jours , on purgera le malade avec la médecine qui fuit : Prenez, De Tamarins ^ une once. De Follicules de Séné , deux gros. De Sel de Glauber , un gros. Faites bouillir le tout légèrement dans un demi-feptier "d'eau , pendant un dem.i- quart d'heure : paffez la liqueur ; ajourez-y Deux onces de Manne. Une once de Sirop de Pomme compofé , pour une dofe. Après cette médecine , le malade fe mettra à l'ufage de l'apozeme qui fuit : Prenez, De Racine de Patience fauvage , une once. De Feuilles de Scolopendre, De Fimprendlc , de chaque une poignée, Oij aia P E R Faites bouillir le tout dans trois demi-feptiers d'eau , pour re'duire à chopine. Ajoutez-y Une once de Sirop de Violette , pour un apozeme , dont le malade prendra un verre toutes \ts quacre heures. Il eft bon d'obferver que , dans cette maladie , il y a des amas de bile fi confide'rables , qu'il ne faut point fe lalFer de purger , jufqu'à ce que la fièvre foit totalement tombée , & la poitrine bien de'gage'c. On finira le traitement de cette maladie par les pilules qui fui vent , pour faire couler la bile , & fortifier l'eflomac : Prenez, X)^ Savon de Venife , deux gros. De Gomme Ammoniac , un gros. De Rhubarbe , un demi-gros. De Safran de Mars apéritif, deux gros. Mêlez le tout avec fuîHfante quantité de mucilage de gomme adragant , pour faire dîs pilules du poids de huit grains : le malade en prendra une toutes les quatre heures , en buvant par delfus un verre d'infufion de chamsdrys ou petit-chéne. V. l'art. Malad. aiguës. PER.TE DE SANG. Toutes les fois que le fang vient en trop grande abondance par les différentes parties du corps , foit par les parties naturelles , l'anus ou le nez , on appelle cet écoulement perte de fang. Cette dénomination , comme l'on voit , dépend de plufieurs circonftances ; & on en juge proportionnément aux forces habituelles , &: à la nature du tempérament du fujet qui y efl expofé. Toutes les hémorrhagies s'appçllent pertes de fang z cependant ce mot eft particulièrement afîecté pour exprimer l'évacuation immodérée des règles dans les femmes ; aufTi nous ne traiterons dans cet article que de cette efpece de perte : on trouvera de quoi fc fatisfaire fur le refte à l'article Hhmoruhagie, Les femmes font fujcttes , comme on fait , pendant une grande partie de leur vie , à un écoulement de fan? par les parties naturelles. Quand cette évacuation le fait naturellement , elle eft la fource de la fanté : quand elle vient en trop petite quantité , elle forme une fupI P E R niy pTcfTion , 8c occafionne de très- grands maux dans le corps ; quand elle eit poulTe'e trop loin , elle n'eft pas moins dangereufe. Quand le Hing coule en perte , on s'en apperçoit par In vivacité' avec laquelle il coule , par l'abondance avec laquelle il vient , & par le temps que cet écoulement dure. Il y a des femmes , par exemple , dont les règles viennent & fe paiFent en un jour : l'effort du fang le fait avec vivacité' ; mais cela ne dure guère : d'autres en ont une quantité confidérable en peu de temps ; & quelques-unes gardent leurs règles pendant huit ou dix jours. Quand tous ces e'tats ne font point contre nature , & qu'ils font habituels dans le mcme fujet , on ne caraûe'rife point ces écoulements de pertes ; mais , quand une femme , habituée à avoir peu de fang dans le cours de fes règles , s'en trouve noyée ; qu'au lieu de deux jours , elles en durent huit ; qu'elle fe trouve aftbiblie , épuifée ; qu'elle reffent des foiblefîes d'eftomac , des maux de cœur , des palpitations , elle peut dire alors qu'elle a une perte. Plufieurs caufes peuvent occafionner la perte dans les femmes ; d'un côté , l'abondance & la chaleur dii fang ; d'un autre , fon âcreté & la vivacité des folides : dnfi tout ce qui peut augmenter le fang , l'enflammer , augmenter fa chaleur & la force des fibres, peut occafionner une perte -, tels font un air vif , chaud & humide , froid & fec ; les odeurs fortes , comme le mufc, l'ambre , les eaux fpiritueufes aromatiques , l'ufage du vin pur & des ratafias ; les liqueurs échauffantes , comme le café, les aliments épais , gluants , vifqueux & acres ; les exercices violents, comme la danîe forcée & la débauche avec les hommes, les veilles immodérées, paffées au jeu & à la bonne chère ; les évacuations fupprimées , comme les faignées habituelles & les faignements de nez& des hémorrhoïdes ; les paffions vives de l'arae , comme le chagrin , l'amour ôc la colère, La perte de fang peut être occafionnée par la plénitude ; ce que l'on reconnoît à un pouls plein & fort , aux pefanteurs de tête , aux faignements de nez & crachements de fang , à la jeuneflé du tempérament , à la nourriture abondante de la malade , & à la force qui O iij ai4 P E R lubfitie , malgré la perte : pour lors on fera une ou deux faignces au bras : on donnera des lavements d'eau de rivière deux fois par jour. On fera diète , en ne prenant que de la foupe & du bouillon ; & on boira beaucoup de petit-lait : avec cette méthode fimple , on verra Tc'coulement s'arrêter; il fiiut feulement avoir arteniion de fe donner du repos , & de ne faire aucun exercice pénible , ni violent. Quand la perte de fang eH: occafionnée par fa chaleur & fa fougue , on s'en apperçoit à la nature de l'air P E R ai 5 ion épaiiïifrement ou celui de la lymphe ; Se c'eft mcme la caufe la plus commune. Le Tang étant d'une nature e'paiflè & virqucufe , ne peut plus circuler librement dans les vaifTcaux de la matrice : il s'y amaflé & fc fait jour au dehors. On reconnoît la perte par cpaiîTement , à la nature du fang qui le coagule tout d'un coup dans la poëlette , & qui manque de lërofité , à la nature du pouls , qui eft lent ; à l'infpedion du tempe'rament , dont les fibres font molles , lâches ou trop roides , à la vue du fujet qui eft très-maigre ou très-replet , pâle ; à la fupprcnion de quelqu'e'vacuation pituiteufe ; ?, la nourriture épaiiïe & vifGueufe , à laquelle la malade eft habituée ; à la vivacité de Ion tempérament, aux pafhons vives dont elle eft tourmentée , & aux liqueurs échaufrantes dont elle fait grand ufage i a. la vie fédentaire , à la difpofition au fommeil , & aux pefanteurs de têtes continuelles , aux lalBtudes dans les bras ôc dans les jambes. On (aignera d'abord la malade au tras : on lui fera prendre une pinte de petit-lait par jour ; des lavements en abondance pendant quelques jours , pour tâcher de laver le fang ; & y faire couler de la férofité. On paf< fera enfuite à la tifane fuivante : Prenez , De Racines de Chardon^Roland , une once. De Patience fauvage , demi-once. De Feuilles de Scolopendre , D'Aigremuine , de chaque une de m i-p o ignée. Faites bouillir le tout dans cinq demi-feptiers d'eau, pour réduire à pinte. Ajoutez-y Un gros de Sel de Duohus , pour en prendre un verre toutes \ts trois heures, ce que l'on continuera pendant huit jours ; après quoi , on purgera la malade avec la médecine qui fuit : Prenez , Deux onces & demie de Manne ; faites-les dillbudre dans un verre d'eau chaude. Ajoutez-y De Sel de Glanher , un gros. Du Sirop de Fleurs de Pêcher ^ une oncCf pour une prife, ^ 0 iv aî6 ^ P E R ^ Après quoi , on mettra la malade à l'ufage des hcmU ions fuivants : Prenez, De Rouelle de Veau, trois quarterons. Faites-en du bouillon dans trois pintes d'eau : mettez, à la dernière demi-heure , Des Racines de Polipode de Chêne , De Patience fauvage , de cha-* que une once. Des Feuilles de Chicorée fauvage , D'Aigremoine , de chaque une demi-poignée. Retirez le tout du feu, & ajoutez-y Du Tartre martial foluble y deux gros, PafTez la liqueur , pour en donner un verre de quatre heures en quatre heures , pendant quatre jours ; après quoi , on purgera la malade , comme ci-delRis. Le lendemain de la purgation , on pallera à l'ufagç de l'opiat qui fuit : Prenez, D'Extrait de Fumeterre , D'Ellébore noir y de chaque deux gros. De Rhubarbe en poudre , un demi-gros^ De Gomme Ammoniac y De Safran de Mars apéritif y de chaque deux gros. D'Aloès fuccotrin , demi-gros, D'Yeux d'EcreviJfes , deux gros. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop d'ab-finthe , pour faire un opiat , dont on prendra un demigros le matin en fe levant , & le foir fur les fix heures , en buvant par deiïus une infulion de feuilles de ve'ronique. On peut fubftituer à cet opiat une prife de confecf tien alkermès , à la dofc d'un gros le matin , & d'un demi-gros le foir. On finira par mettre la malade a. l'ufage des eaux de Forges , en obfervant de la purger de temps en temps. Quand la perte de fang eft accompagne'e de fièvre & d'une grande foiblçffe , on ne peut pas fuivre la mé-» thqde que nous venons de tracer , qui eft trop longue ; il iuffit de faire une faignée, fi les forces le permet  P E R ÎL17 tent, &■ (l'examiner attentivement fî l'eflomac n'efi: point charge d'une matière acre & bilieufe , qui , en padant dans le fiing , y excite un bouillonnement , une efFervelcence ôc la fièvre ; auquel cas , le meilleur remède eft de pLicer l'ipe'cacuanha , à la dofe de dix -huit grains dans un bouillon , pour emporter les matières qui occafionnent tout le ravage. Au refte , il eft bon d'obferver que les pertes de fang , accompagne'es de fièvre qui ne viennent point par abondance ou par quelque coup , quelque plaie ou chute , & qui font fuivies de foiblefle confide'rable & de défiiiilance continuelle , d'envie de vomir , de maux de cœur , d'amertume à la bouche , font prefque toujours produites par les matières amaflees dans l'eftomac ; & bien loin de faigner dans ces fortes de cas , ce qui ne manque pas de faire pe'rir la malade , il faut donner des lavements, &, le lendemain de l'ipécacuanha , placer un purgatif, contme deux onces de manne, & une once de catholicon double : fi la perte eft confide'rable , & qu'on craigne pour la vie de la malade , on lui donnera , pour boilfon , du petit-lait dans lequel , par pinte , on mettra vingt gouttes d'efpriî de vitriol , & une once de firop de coings ; ou l'on fera une de'cofhion le'gere d'ortie blanche pour boifibn ; & l'on aura l'attention d'e'vacuer, comme ci-deffus , tous les deux ou trois jours, félon que les forces le permettront. On mettra la malade à l'ufage de la tifane d'orge monde' , & on lui donnera très-peu de bouillon à la viande. C'eft-là le défaut de prefque toutes les perfonnes qui gardent ces fortes de malades : ils les char^ gent de bouillon & de confommé qu'elles ne peuvent dige'rer ; ce qui rend leur maladie encore plus grave. Quand la perte de fang furvient dans la groffefte , & qu'elle eft accompagne'e de foiblefle , de douleurs , c'eft un cas difficile à réfoudre. Dans les commencements de la grofrefle , c'eft- à-dire , dans les deux premiers mois , il faut faire tenir la malade au bouillon de poulet , lui faire garder Je lit , & lui faire prendre pour tifane une de'coÔion de riz & de grande confoude. Quand la groffefTe eft plus avance'e , on peut faire ffiire une petite faigne'e, & purger la malade avec deux il8 P E R onces de manne , & une once de firop de pomme. Si , maigre' ces remèdes , la perte fubfiltoit toujours , on lui fera prendre les bols fuivants: Prenez , De Confcrve de Coings , deux gros. De Bol d^ Arménie , demi-gros. D'Yeux d'EcreviJfes, un gros. De Cochenille en poudre ^ un demi-gros. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop de coings , pour faire des bols du poids de vingt grains , dont la malade avalera une prife le matin en s'e'veillant , & l'autre fur les fix heures du foir , en buvant par deiïus un verre d'infufîon d'ortie blanche. 11 faut e'viter , en géne'ral , dans les pertes de fang, de faire ufage des remèdes qui font capables d'arrêter tout d'un coup ces écoulements. On peut être foulage pour le moment par cette méthode ; mais il en réfulte fouvent après des accidents très-fâcheux , comme des crachements de fang , des obflruclions dans le bas-ventre & aux poumons , & des difpofitions à la pulraonie. 11 faut être également attentif, dans les pertes de fang, à ne point charger les malades de bouillons forts & de nourritures folides , & à rendre les bouillons trèslégers pendant les premiers jours. Il y a encore une efpece de perte de fang qui eft produite par les obftrudions du bas-ventre , dont les vifceres fe trouvant engorgés , refufent le paflage au fang qui eft: obligé de refluer vers la matrice, & de fe faire jour au dehors. On reconnoît cette efpece de perte de fang , en s'affurant des obftrudions par le t^Û. On fuivra le même traitement qui eft indiqué à cet article dans la Perte par EpaifFiflcment , 6c celui que nous avons tracé à l'article Obstruction. Nous mettons ici à l'article Perte un remède publié depuis peu contre les fleurs blanches : il y a des espèces de pertes dans lefquelles il pourra convenir. Faites cueillir dans la faifon une livre de fleurs d'ortic blanche ( Lamium album.) Une once de Fleurs de Romarin (Rofmarinus.) Deux onces de Fleurs de Rofes pâles d fcçhis (Rofs pallids.) P E s ai9 Une demi-livre de Graine d'Ortle-grieche (Urtica iners minor folio caulem ambiente.) Une poignée de Plantain à hajfe tige , qui rampe contre terre (Plantago major.) Deux douzaines de Gland de Chêne (Glans quercina.) Deux onces de Racines d» Biftorte (Biftorta.) Pilez le tout dans un mortier , & le mettez dans quatre pintes de bon vin blanc nouveau , avec un quarteron de bonne te'rc'benrhine de Venife ; enfuite faites diftiller au bain-marie jufqu'à fec : faites brûler & calciner le marc , jjour en avoir le fel ; incorporez-le dans la liqueur diftille'e; & faites-y dilîbudrc une bonne cuillere'e d'extrait de fureau , par chaque pinte : enfuite paffez à travers un linge & remettez dans les bouteilles ; joignez à chaque pinte environ un quarteron de fucre candi re'duit en poudre. Il fe trouvera plus de quatre pintes dé cette liqueur , & autant qu'il en faut pour guérir radicalement deux perfonnes. Prenez un verre de cette liqueur tous les jours à jeun , jufqu'à la fin des deux bouteilles & de l'excédent , ( excepté pendant le temps des règles; ) manger peu & fouvent des aliments faciles à digérer. Après l'ufage de cette liqueur , prenez pendant huit jours , tous les matins à jeun , un demi-gros de bonne thériaque , dilfous dans un demi-fcptier de lait , prêt à bouillir, Obfervez fur-tout de ne manger que de bons aliments , & d'éviter toutes les crudités & les indigellions ; car l'eftomac a beaucoup de part à ce dérangement. PESANTEUR d'Estomac. Cette indifpofition furvient ordinairement une demi -heure après, avoir mangé. On fent a l'eftomac un poids , comme fi les aliments étoient trop lourds. Ce font ordinairement les eftomacs foibles , qui font cxpofés à cette maladie , ceux qui mangent beaucoup , qui avalent trop vite & ne mâchent point , ou qui font ufage d'aliments épais , vifqueux , gluants , &z groifiers. On diflingue deux cfpeces de pefanteurs d'eftomac , celle qui eft habituelle , & l'autre qui eft accidentelle. iao P E S Quand la pefanteur d'eftomac eft accidentelle , il fuffit de prendre quelques liqueurs propres à acce'le'rer la digeftion : telle eft , par exemple , un petit verre du ratafia de noix , que nous avons de'crit à la Colique venteufe , ou , fi l'on aime mieux , une taffe de café ou quelques tafles de the', pour accéle'rer la digeftion. Souvent cette pefanteur accidentelle de l'eftomac vient de ee que l'on a mangé beaucoup fans boire. Les enfants, les jeunes gens, les vieillards, les buveurs d'eau font fujets à cette indifpofition. Ils y remédieront, en détruifant la caufe qui l'a produite. Quand la pefanteur de l'eftomac vient d'avoir trop mangé , d'avoir mangé trop vite , ou de n'avoir point ailez mâché les aliments , il fuffira de prendre garde à éviter cette habitude , pour n'en être point incommodé, Voyei Indigestion. Quand la pefanteur de l'eftomac eft habituelle , elle dépend de la foiblefle ; pour lors il faut fuivre le traitement que nous avons indiqué à la Foiblesse d'Estomac. Les gens de lettres font fujets fur-tout aux pefanteurs d'eftomac ; ce qui leur arrive , parce qu'ils fe mettent au travail aufli-tôt après le repas : la dillipation &: l'exercice préviendront inrailliblement cette maladie. PESANTEUR de tête. La pefanteur de tête eft un fentiment de lourdeur que l'on fent dans cette partie , qui fe déclare dans certains temps plutôt que dans d'autres. On la diftingue en accidentelle, & en habituelle. Quand la pefanteur de tête eft accidentelle , elle vient ou de plénitude , de chaleur, de foibleiïè d'eftomac , ou de quelque coup ou chute. Le traitement eft le même que celui de ces différents articles. Quand la pefanteur de tête eft habituelle, elle prouve une difpofition à l'airoupiflèment , dans les folides ou un vice dans le fang. S'il y a plénitude , il faut pratiquer la faignéc , la diète , les lavements & la boiftbn. S'il y a épailfiflement , une faignée , fuivie de quelques tifanes apéritives, fuffit pour calmer cet accident. Voye-^ Plénitude ù Epaississement. Quand ce font les fibres qui font relâchés , qui produiient la pefanteur de tête , il faut faire beaucoup d'exercice , fe faire faire des fri(Sions fur la têtç avec P E s an «3e l'éaU (?e la feîne d'Hongrie ou de l'eau de lavande, & prendre pendant quelques jours une infufion de feuilles de ve'ronique & de petit-chêne. On fe purgera tous les huit jours , en reprenant après l'infufion que nous venons de de'crire. Quelquefois la pefanteur de tête vient de la nature du temps qui eft chaud & humide, ou froid & humide j ce qui fupprime la tranfpiration , & donne des lourdeurs & des pefanteurs confide'rables à la tête. H faut , dans ces occafions fe frotter la tête , comme nous l'avons dit ci-deiTus , avec des flanelles imbibées d'eau de la reine d'Hongrie ou de lavande ; dans les temps chauds , boire de l'eau à la çlace ; dans les temps humides , faire ufage d'un peu de vin pur. Quand la pefanteur de tête eft habituelle , elle indique prefque toujours une difpofition aux maladies foporeufes , comme à l'apoplexie , à la le'thargie ; c'efl: pour cela qu'il faut être extrêmement foigneux d'obferver un bon re'gime , de laver beaucoup fon fang , de prendre fur-tout des lavements , de deux jours l'un , & le purger de temps en temps , de faire de l'exercice, de monter à cheval , de ne jamais manger de la viande le foir , & de fouper très-peu. PESTE , f. f. maladie e'pide'mique très-maligne & très-contagieufe , le plus louvent mortelle , accompagne'e de bubons , de charbons , de parotides , de taches de pourpre , de naufées , de vomifTents , & d'une infinité' de fymptomes qui ne furviennent pas à la vérité' tous enfemble , mais qui attaquent le malade les uns après les autres. On dilîingue la pefte des autres fièvres épidémiques, premièrement par fcs fymptomes , fecondement parce qu'elle eft beaucoup plus maligne & plus funefte , & qu'elle fait un ravage trois fois plus grand. Les forces , dans le commencement, font abattues à un point extraordinaire , de façon que les malades peuvent à peine fe remuer ; le pouls eft afFoibli fenfiblement ; il furvient des foibleffes continuelles , des infomnies ; des inquiétudes d'efprit, des délires; la peau fe couvre d'exanthèmes &:d'anthrax qui caufent des douleurs inouiesc il furvient en même temps des bubons , des parotides , 2.ai P E S des taches rouges ; le malade fent une fediercfTc & une horreur dans tout le corps , accompagne'es Ibuvent de vomiflements , diarrhe'e , he'morrhagie , &c. Comme cette maladie efl une des pl'.is fâcheufes qiïf attaquent l'humanité', nous avoui cru devoir y ajourer une deîcripcion exade âxs diffe'rents fympcomes & périodes qu'elle fuit, d'aprè,'» !e-; obfervations faites par les médecins qui ont eu occafion de traiter cette maladie. A ceux qui fc portent bien , elle prend tout d'un coup , & fans que rien y donne occafion , par un grand mal de tête , avec des yeux rouges & enflammés , la langue fanglante, le gofier extrêmement rouge, une haleine infeâe, &une refpiration difficile , fuivie d'éternum.ent & d'une voix enrouée : delà defcendant dans la poitrine , elle caufe fouvcnt une toux violente. Quand elle attaque l'ellomac , elle le fait foulever, &: caule des vomifTements de bile quelquefois verte , accompagnés de très-grandes f^itigues. La plupart des malades ont un hoquet fuivi de convullions violentes , qui s'appaifent aux uns pendant la maladie , aux autres long-temps après. Le corps qui n'efi: point pâle , mais rouge Se livide , eft couvert de puftules , & ne paroît pas fort chaud au toucher ; m.ais le malade fent des chaleurs fi vives au dedans, qu'il ne peut foufFrir ni les draps ni la couverture : il eft obligé de refter tout nud , tant la chaleur intérieure le confume. Il prend un phifir infini à fe plonger dans l'eau froide : plafieurs même font fi preiïes de la foif, qu'ils fe précipiteroient dans l'eau , fi on ne les retenoit. Ces fymptomes font fuivis de veilles & d'agitations continuelles , quelquefois fans que le corps s'affoiblifTe fenfiblement ; car on réfifte au delà de toute apparence , de forte que la plupart meurent au feptieme ou au neuvième jour , de l'ardeur qui les brûle , fans que leurs forces foient beaucoup diminuées. Quelque temps après, la maladie defcend dans le ventre, ulcère les inteftins , caufe une diarrhée immodérée, qui fait mourir prefque tous les malades d'épuifement ; car la maladie attaque fuccelîivement toutes les parties du corps , en commençant par la tête; & fi l'on échappe au commencement , le mal gaorne les extrémités : il defcend. P E s ^ lij tantôt dans les bourfes , tantôt fur les doigts des pieds & des mains ; & quelques-uns en gue'riiTenr, en perdant Tufage de la vue. Quelquefois revenant en fanté , on perd la me'moire jufqu'à fe me'connoître foi -même. Quelques-uns fe trouvent le corps couvert de boutons & de puflules , & les rumeurs qui furviennent , qu'on appelle anthrax , ne font point critiques , pour l'ordinaire , à moins qu'elles ne furviennent entre le deuxième & le troifîeme jour, & qu'elles ne fuppurent très promptement. Les fymptomes dont la pefle cft accompagnée , ne font pas toujours les mêmes : ils varient félon le tempérament, les difpofitions & les circonilances. Tous ceux qui ont écrit fur la peiîc afflirent , d'un commun accord , que les perfonnes d'une habitude fpongieufe , poreufe , & grafle , d'un tem.pérament fanguin & phlegmatique , les femmes , les jeunes gens & les enfants, ceux qui font d'un naturel timide , les pauvres, & ceux qui fuivent un régime mal-fain , les perfonnes adonnées à la crapule , ceux qui paflTent les nuits dans la débauche, font plus promptement & plus dangereufement attaqués de cette maladie , que ceux qui ont un naturel courageux & intrépide , qui font d'une complexion maigre & nerveufe , qui ont de plus gros vaifîeaux que les adultes. Enfin les vieillards , ceux qui font fujets aux hémorrhoïdcs , ou qui ont des ulcères ou des cautères ouverts , y font communément fort expofés. La caufe m^atérielle de la pefte eft un miafme fubtil des vapeurs putrides qui fe répandent dans la mafl'e du fang, & caufent tous les ravages nue nous venons de décrire. La caufe prochaine eft l'altération des efprits vitaux , & de toutes les fondions du corps. Les caufes éloignéesfont les tremblements de terre, qui envoient des cxhalaifons putrides ; le défaut de fépulture des cadavrer après quelque bataille ; la mauvaife nourriture , comme, la chair des chevaux, des chiens, le bled gâte , auxquels on eft obligé d'avoir recours quelquefois , comme il arrive dans les fieges & dans le temps de famine. Quand la maladie commence par une inquiétude & un abattement d'efprit confidérable , elle devient plus giave j moins les fymptomes , comme la foif , la cha  114 P E S leur, la douleur font confidérables j plus on doit craindre de la pelte. On a oblerve' depuis long-temps , que la pefte fe terminoit en bien , de trois manières , par des fueurs confide'rables dans le commencement , par des bubons , & enfin par des anthrax , pourvu cependant qu'ils fe dé* datent promptement , 8c qu'ils viennent très-vite en maturité. On a remarque' , au contraire, que ceux qui n'éprouvent aucune éruption , & dans lefqnels les tumeurs paroiffent & difparoiffent , & qui éprouvent des diarrhées, des urines décolorées, des vomillements , des naufées, des hémorrhagies, des pleuréfies , des angines , n^en réchappent point. Quand il arrive des puftules peftilentielies livides en abondance , quelquefois elles tiennent lieu des bubons ; rarement cependant elles y fuppléent totalement. La pefte , comme l'on fait , ne naît point dans nos climats : elle y eft apportée des pays orientaux. C'eft par cette raifon qu'on doit éviter la contagion , autant qu'il eft polfible , & c'eft pour cette raifon que les Souverains ont grand foin de faire faire la quarantaine à tous les vaifleaux qui arrivent du pays où la pefte eft habituelle. Il faut, dans un temps de pefte, vivre très-fobrcment, éviter toutes fortes d'excès dans le boire &c dans le manger , fe garantir des palfions vives , ne pas boire des liqueurs fpiritueufes , mais éviter auffi l'eau pure. On peut auffi faire ufage d'un coup de vin pur après fon repas : il faut dormir peu , fe fiire des fri£lions fur tout le corps, avec une flanelle , le matin en fe levant , & le foir en fe couchant ; faire de l'exercice ; ne point trop s'enfermer dans les maifons , & far-tout s'armer de courage , bannir la terreur & la crainte; car il eft certain que ces paffions tuent plus de monde que la pefte. Ceux qui font obligés de vivre parmi les peftiférés doivent prendre garde que le venin ne fe glifte dans leurs veines , & ne fe mêle avec les humeurs falivaires : il eft à propos, pour cet effet, de ne point avaler fa falive , de fe laver la bouche avec du vinaigre & du vin , & d'en tirer par les narines , de mâcher & de tenir dans la bouche de la racine d'angélique confite , & une tranche d'écorce de citron. On aura attention en P E s ai$ en même temps de ne fe préfenter jamais à jeun , mais de prendre un peu de nourriture , & de boire par dellus un coup de vin du Rhin ou d'Éfpagne , parce que le.s vaiHèaux fe trouvant remplis par le nouveau chyle qu'on y introduit , & la chaleur du vin excitant la tranfpiration , il fe fait une exhalaifon des parties , qui empêche rintromiiTion des miafmcs de la pelle ; au lieu qu'étant à jeun , les vailL-aux vuides attirent avec force les mole'cules peftiférées , dz les introduifent dans lefang. Plufieurs mc'decins mettent au rang des fecours extérieurs, qui font propres à garantir de la contagion , les cautères dont ils font un très-grand cas ; on peut les appliquer à la nuque , & encore mieux à la jambe. On peut aulfi faire des fumigations dans fa chambre foir & matin , avec partie égale de myrrhe , de fuccin , d'ôliban , d'encens , que l'on met en poudre , & que l'on jerte enfuite fur des cendres chaudes , ôc dont on parfume la chambre. Il faut , autant que l'on peut , ne porter fur foi aucune étoffe de laine , ni mouchoirs , ni linge de cocon , parce que les miafmes de la pefle s'y attachent plus facilement. Quand , malgré toutes ces précautions , la pefte attaque quelqu'un , voici la conduite qu'on doit tenir. Oïl commencera par donner au malade un lavem.ent foir & matin , compofé avec une décoction de graine de lin & de fon , & deux onces de lénitif dans une chopine d'eau. Si ce remède n'opère point , & que le ventre ne fe débouche pas , on introduira dans l'anus le fuppofîtoire lliivant : Prenez, De la Poudre de Jaîap , vingt-quatre grains^ Du S el commun , dou'^e grains. Mêlez le tout avec un peu de miel que vous ferez cuire en confiftance requife , pour faire un fuppofîtoire qu'on infinuera dans l'anus. On mettra le malade à 1 ufage de la limonnade , ou du firop de limon avec de l'eau. Si l'on aime mieux , l'on fera un firop de vinaigre , dont le malade boira avec de l'eau. Le fécond jour , après fon premier lavement , on lui donnera la potion fuivante : Prenez , De Suc d^ Alléluia , deux onces. De Citron , une once. D, de Santé T> U* P 7.16 P E s De Diafcordium , un çros» De Racine de Serpentaire de Virginie en poudre , deux gros. De V inaigre , une once. Mêlez le tout pour une potion en Jeux prifes , à prendre à quatre heures de diftancc l'une de l'autre. On réite'rera cette potion tous les jours , jufqu'à parfaite guérifon , le matin & le foir. On appliquera enfuite fur la région du cœur & de l'eftomac la compofition fuivante : Prenez , De Thériaque , demi-once. De Camphre , deux gros» De Safran , De Cafloréum , de chacun un gros. De Baume du Pérou , trente gouttes. D'Huile de Noix-Mufcade , un demi-gros. Mêlez le tout pour faire un liniment que l'on appliquera , comme il eft dit ci-deiTus ; & on le renouvellera tous les jours ; ou bien on fe contentera d'un fimple emplâtre de thériaque. Quand il furvient des bubons , des anthrax , ou quelques tumeurs , il faut promptement appliquer deffus des chofes propres à les attirer ; tel eil un' emplâtre compofé de la manière fuivante : Prenez, De Thériaque , demi-once. De Farine de Lin , une poignée. De Graine de Moutarde , deux onces. Deux Oignons cuits fous la cendre , dont on exprime le fuc. De Calbanum dijfcus dans le Vinaigre , deux gros. Faites cuire le tout en confiftance d'emplâtre , en y ajoutant Une quantité fuffifante d'Huile d'Olive. Et de Cire blanche. On en étend fur une peau que l'on applique fur la partie , deux fois par jour ; ou , fi l'on aime mieux , on fait ufage de l'emplâtre véficatoire que nous avons décrit. Voyei Emplâtre. Si ces emplâtres ne font point un effet prompt, & qu'on ne voie point grolfir la tumeur , il faut y faire des fcarifications , avant que l'abcès foit mûr ; & l'on y appliquera même le feu , s'il le faut ; car on doit re  P E s 117 garder ces tumeurs , comme le feul moyen de guérilon que la nature pre'pare. Quand on veut relever les forces du malade , qui font abattues , on peut fe fervir de l'eau fortifiante qui fuit : Prenez , De Moldavie , quatre poignées. De Rofes pilées avec du Sel , De Fleurs de Muguet , de chaque une poignée. D'Ecorce fraîche de Citron , une demi-once. De Cannelle , une once. De Macis , un gros. Mêlez le tout dans une pinte de vin du Rhin , & trois pintes d'eau commune , dont vous diftillerez à petit feu deux pintes & demie. On peut prendre cette eau toute feule , ou méle'e avec du firop de limon ou du firop de vinaigre : on peut prendre à fa place quelques cuillerées de vin d'Alicante. A regard des naufe'es & des vomifTements qu'éprouve le malade , on peut , quand les forces fe foutiennent , avoir recours à l'émétique en lavage , que l'on prefcrit à la dofe de deux grains , en obfervant de donner , le foir de l'émétique , la potion fuivante : Prenez, D'Eau de Chardon-hénit , quatre onces, De ISfitre purifié , vingt grains. De Thériaque , un demi-gros. De Suc de Limon , une once , pour une prife. On ne doit jamais faire ufage de la faignée dans cette maladie , à moins qu'il n'y ait des cas extraordinaires qui l'indiquent , comme un pouls dur & plein , àts hémorrhagies violentes , &c. On doit traiter avec beaucoup de foin les tumeurs critiques qui guériffent la maladie peftilentielle. Les bubons ne font point dangereux , lorfqu'ils pouffent & mùrilTent promptement , mais , lorfqu'ils rentrent d'abord , on doit appréhender la mort , ou , pour le moins , des fymptomes très-fâcheux : par exemple, fi ce font ceux des aînés , une paralyfie ou la gangrené du même côté -, fi ce font ceux du cou , l'embarras de la déglutition des aliments folides & liquides , & une efquinancie Pij aa8 P E S qui eft pour Tordinairc mortelle. Ils font plus dangereux , lorfqu'ils viennent derrière les oreilles ; trèsmauvais , lorsqu'il fe forme fur eux un charbon ; & ils annoncent la mort , lorfqu'ils font entourés d'un cercle livide. Les charbons font toujours plus mauvais que les bubons ; mais plus ils font grands , noirs & proches du cœur , plus ils font dangereux. Dans la cure de ces deux efpeces de tumeurs , les meilleurs remèdes internes font les fudorifiques , & ceux qui pouffent les humeurs vers la fuperficie du corps. Lo:fque les bubons font trop longtemps à pouffer , on peut y appliquer des remèdes attractifs , des ventoufes , Se même des véficatoires. Lorfqu'ils viennent à pouffer. , on doit hâter la fuppuration avec un cataplafme de figues , de racines de lis blanc , d'oignons cuits ious la csndre , de farine de lin , de miel & de faffan. On peut a Ufi appliquer des remedei à re'foudre , tels que l'emplâtre diachilon fimple ou avec les gommes , l'empîârre de mucilage & de me'Iilot. Lorfqu'ils ont fuppuré, on doit les ouvrir, les mondifier & les confolider avec le baume d'Arcaeus , qu'on mêlera quelquefois avec l'onguent baHlicum : on aura foin cependant de ne pas le fermer trop tôt , mais de laiffer couler pendant quelque temps la matière corrompue. Comme l'humeur des charbons efl: fort fujette à fe corrompre , on ne doit point y appliquer de fuppuratif ; mais on doit faire enforte que la croûte tombe. Pour cet effet , les médecins qui ont écrit fur la perte , ordonnent d'en oindre les bords avec un digeflif , Sz de mettre par deffus un emplâtre acre. Apr's q le la croûte efl tombée , on doit les panfer avec l'ong ent :;gyptiac , ou fimplement avec du miel rofat. Suppo e que la gangrené y foit, & qu'elle paroiffe faire des progrès , on doit l'arrêter par desfcarifications fuffifante PET . !i^9 t[ne Ton fait difToudre parfaitement dans refprit-de-vir. On doit obferver , en gdncral , à l'cgard du régime , que , (i Ton doit e'viter avec foin , dans toutes les maladies niguës exanthémateufes , la trop grande chaleur du lit & de la chambre , parce qu'elle eft extrêmement nuifibîe , il le faut encore plus dans la fièvre peftilentielle. On doit pareillement fe garantir du froid , de peur qu'il n'empêche l'e'ruption des tumeurs , & que la matière fubtiîe & ve'néneufe ne puifTe point s'exhr,ler à travers les pores de la peau : en un mot , on doit faire enforte que tout foit tempéré, puifque les deux extrêmes font vicieux. On trouvera , à l'article Préservatif , tous les moyens de garantir de la pefte , & les règlements de police à ce fujet. PÉTÉCHIES , f. f. plur. efpece de pourpre , ou taches femblables à des morfures de puces , qui s'élèvent fur la peau dans les fièvres malignes , épidcmiques , peftilentielles. On adonné, en général, le nom d'exanthèmes aux pétéchies. Comme ces fortes de maladies font prefque toujours accompagnées de fièvre , nous allons décrire la fièvre pétéchiale. Les malades fe plaignent , dès le commencement , d'une grande foiblefle & d'un grand épuifement de forces ; de forte qu'ils peuvent à peine fe tenir debout , & tombent auffi-tôt en défaillance , quoique , dans les maladies aiguës & continues , on ne remarque une pareille foibleîTe que dans l'état & la force de la maladie. Le malade eft encore attaqué , dans le commencement , d'une violente douleur & pefanteur de tête ; l'efprit eft abattu , inquiet & chagrin. Il défefpere de fa vie, &ne préfage rien que de funefte : l'infomnie eft continuelle ; l'appétit cefle entièrement ; le vifage eft abattu : le pouls eft languiflant , foible & inégal. La fituation du malade dans le lit eft tout-à-fait extraordinaire ; fon corps eft ramaflé &z dans une agitation continuelle : il eft faifi d'une oppreffion de poitrine , & fouvent d'une toux feche ; les fibres des mufcles tombent dans un tremblement & dans un mouvement d'ondulation : les tendons fe contradent & ont des trefTailIements. Beaucoup de P iij a3o PET malades ne relTcntent aucune altération , aucune chaleur , aucune douleur ni aucune inquie'tude , & ne fc plaignent d'autre chofe que d'un abattement extraordinaire & d'une inforanie continuelle. L'urine qu'ils rendent au commencement eft très-légère , &: entièrement femblable à celle des perfonnes qui fe portent bien. Le Quatrième , le cinquième , ou même le feptieme jour , es taches commencent à paroître , principalement fur le dos & les reins : elles font plus ou moins abondantes, & de différentes couleurs ; mais elles n'apportent , pour l'ordinaire , aucun foulagement ; ce qui fait qu'on doit plutôt les regarder comme fymptomatiques que comme critiques. La caufe prochaine de ces fièvres pernicieufes confifte dans une difTolution putride du fang& dans une colliquation des fucs vitaux , & fur-tout dans une corruption vicieufe de la lymphe. Les caufes éloignées font les miafmes répandues dans l'air , qui infeftent la maffe du fang , & y portent la diflblution. Ce venin contagieux fe mêle fur- tout avec la falive ; delà vient que l'eitomac elt principalement affedé par des maux di: cœur , des naufées , des cours de ventre , des dégoûts pour les aliments , & d'un vomifTement de matières glaireufes. En effet , lorfque l'air eft humide & pluvieux , rempli de brouillard , que le vent foufîle du niidi , qu'il eft chargé d'exhalaifons putrides des cadavres qu'on n'a pas eu le foin d'enterrer , il eft très-propre a produire cette efpece de fièvre : il en eft de même de l'air des prifons , de celui qui eft aux environs des lieux où les eaux croupifTent , comme les endroits bas & ma' écageux , où l'air ne circule point librement , & eft continuellement chargé de parties corrompues. L'air n'eft pas la feule caufe qui produit ces fortes de maladies ; on peut y joindre la difpofition qu'ont les corps à donner accès a cette corruption. Il eft conftant que les perfonnes d'un tempérament phlegmatique & fanguin , d'une complexion Jâche & fpongieufe , d'un naturel craintif & chagrin, &c dont les forces font entièrement épuifées par les excès , la débauche , & par un trop grand ufage d'aliments mal-fains , par l'ivrognerie , la faim , une trifteffe de trop longue durée , les veilles , PET 131 la fatigue &: les he'morrhagies , font plus facilement attaqués de cette maladie , & en échappent plus difficilement, parce que leur corps étant plus foible & rempli d'une plus grande quantité d'impuretés , il ell extrêmement difpofé à la corruption. Les femmes cachediqiies, & dont les règles font fupprimées , auffi-bien que ceux qui ont la vérole , ou qui n'en ont pas été bien guéris , fcnt aifément attaqués de cette maladie , & n'en échappent qu'avec beaucoup de peine. Il arrive fouvent que la petite vérole , la rougeole , la fièvre pourprée, ou miliaire, dégénèrent en fièvre pétéchiale , pat l'abus des cordiaux qu'on donne aux malades , & fuir-tout par l'ufage du vin , de la cannelle &c du fucre. Pour fe garantir de ces fortes de maladies , il faut e'vitcr avec foin tous les lieux où l'air eft renfermé , où il n'a pas une libre circulation , êc où il' eft rempli de vapeurs & d'exhalaifons nuifibles , & entièrement privé d'élafticité. Il convient aulfi d'éviter tout ce qui eft nuifible aux forces, c'eft-à-dire, toute émotion violente , la triftefTe , la frayeur , le chagrin , les études trop aiïidues, les veilles exceftives , & l'ufage immodéré des femmes. Il faut fe garantir du froid pendant la nuit , manger peu , & des aliments fains , ne point prendre trop de café ni de liqueurs fpiritueufes. De tous les fecours propres à écarter ces maladies , quand on y eft expofé, comme dans hs prifons & les lieux marécageux , c'eft de boire le matin un coup de vin pur , & fur-tout du vin du Rhin , & faire ufage le foir de la potion fuivante. Prenez, Des Eaux de Nénuphar, De Laitue , de chaque deux onces» De Nitre purifié , vingt grains» D'Eau de Cannelle orgée, deux gros. De Sirop de Limon , une once , pour une dofe , le foir en fe couchant. Quand , malgré ces précautions , on eft attaqué de la fièvre pétéchiale , voici la route que l'on doit fiivre pour la guérir : Cn commencera par donner au malade le lavement qui fuit: P iv 1}^ PET Prenez , Des Feuilles de Mau^e ," De Guimauve f de chaque une poignée. De Son f De Graine de Lin , de chaque demi-poignée^ Faites bouillir le tour dans trois demi-feptiers d'eau, pour réduire à chopine. Paiïez le tour. Ajoutez-y De PEleBuaire Diaph'^nic , une once. Si le malade fenr quelques envies de vomir , on lui -donnera la potion fuivanre : Prenez , D'Enu de fcabreuCe^ çuatre onces, D'Oxymcl fci'îitigue , deux onces. Mêlez le tout enfemble pour une prifc , ayant foin de boire beaucoup d'eau tiède , tant que le remède fera fon effet. Le foir , on donnera fur les fix heures ïa potion qui fuit ; Pienez,/?e fuc d' Alléluia ^ oa de celui d*Ofeille ^ trois onces. De Diafcorditim , dem '^ros* De Jîrop de Limon , ur,e once. Mêlez le tout enfemble pour une potion , à prendre en une dofe le foir. Pour tifane, on donnera au malade de la limonnade 5 de l'orgeat, ou fimplement du f.rop de vinaigre dans de l'eau. On fera prendre en mcmc temps, tous les jours, deux prifes de la poudre fuivante : Prenez, D'Ve x a'Ecevifes préparés , deux gros. De Nitre purifié , un gros. De Cinabre naturel y demi-gros, D'Antimoine diaphorétiçue , un gros. Mêlez le tout pour en faire une poudre fine , dont on prendra un demi-gros le matin fur les neuf heures , & autant le foir fur les dix heures. On continuera à maintenir la liberté du ventre , en répétant les lavements ci-defTus, Quand la fièvre fera un peu calmée , que la chaleur intérieure fera moindre , on pourra purger le n.a.adç de la manière fui van :e : Prenez , De Tamarins , deux onces. PET 233 De FoUIcuîfs de Séné , Jeux gros. De fel de Glauber , un gros. Faites bouillir le tout le'gérement dans un bon demifepMcr d'eau , pour re'duire à un verre. Ajoutez enfuite Deux onces de Manne. Vne demi-or.ce d\au de Fleurs d'Orange ^ pour prendre en un verre. Le fuir de la me'decine , on prefcrira le julep fuivan t : Prenez , D'Eau de Prime- ver e , De Cerifes noires, de chaque deux onces. De "Nitre pur/fié , vingt grains. De firop Diacode , fix gro^. Mêlez le tout , pour une prife en fe couchant. On re'itërera la purgation ci-defTus, deux jours après ; car ces fortes de fièvres ne fe terminent heureufement , qu'autant qu'on évacue confiderablement parle ventre. Après la gue'rilon , le malade continuera pendant quelques jours l'ufage falutaire des boiifons acides. Quand les pe'téchies fe déclarent dans la petite vérole ou dans quelques maladies éruptives , elles font ordinairement d'un très-mauvais préfage ; elles indiquent ou que la nature a trop d'adion ou de vivacité dans l'effort qu'elle fait , ou qu'on l'a trop forcée avec les cordiaux & la chaleur extérieure du corps. Il f^iut bien fe donner de garde de vouloir poufTcr au dehors ces fortes d'éruptions ; il faut, au contraire, chercher à tempérer le mouvement du fang par les boilTons rafraîchiflantes , comme l'eau avec le firop d'orgeat , ou l'eau d'amandes-douces , les bouillons de poulet , les liqueurs rafraichilîantes , comme l'eau glacée ; faire tenir le malade fur fon féant ; lui ôter une parties de fes couvertures ; les lui ôter toutes même , s'il le faut , & ouvrir les fenêtres ou les portes , fi le fang ne fe calme point. Si toutes ces précautions ne fuffiioient point pour tempérer la fougue du fang , &z qu'au bout de deux ou trois heures le malade ne fût point calmé & rafraîchi , on feroit ufage de la potion iuivante ; 134 PET Prenez, D'Eau de Laitue , De Pourpier ^ de chaque deux onces» De Nitrc purifié , quinze grains. De Liqueur minérale anodine d'Hoffmann , un demi-gros. De firop de Ni uphar ^ une once ^ pour prendre en une dofe. On traitera enfuite ces maladies cruptives , comme il eft indiqué dans ces différents articles. PETITE VÉROLE , éruption de petits boutons d'abord rouges , difperfés par toute la peau , qui groiïiffent infenfiblcment pendant fix à fept jours ; enfuite ils viennent à fuppuration , & fe deflechent. Cette maladie étoit inconnue du temps d'Hippocrate & de l'ancienne médecine. Elle parut d'abord en Egypte , du temps d'Omar , fucceffeur de Mahomet. Puifque les Grecs n'en avoient aucune connoiffance , il falloit que les Arabes l'eufTent apportée de leur propre pays ; & peut-être eux-mêmes l'avoient-ils reçue originairement de quelques régions orientales plus éloignées. On diflingue la petite vérole en difcrete &: en confluente : dans la première efpece , les grains font diftinds & féparés les uns des autres ; quand les accidents font peu confidérables , on l'appelle petite vérole difcrete : dans la féconde efpece , ou dans la confluente , les puftules fe joignent enfemble , fe confondent, ou font entaffées les unes fur les autres. On diftingue encore la petite vérole en épidémique , & en endémique ; la première vient dans certains temps , fe répand fur le peuple , & attaque un grand nombre de fujets ^ la féconde dure toute l'année , & règne parmi le peuple , comme la fluxion de poitrine , & les autres maladies qui n'ont point de temps limité. Symptômes de la Petite Vérole difcrete. On reconnoît la petite vérole difcrete à un frifTon & un tremblement qui eft immédiatement fuivi d'une chaleur très-forte , d'un mal de tête violent , & de douleur dans le dos, de vom'fTements, de fueurs abondantes dans les adultes , de douleurs dans les parties fituées immédiatement au deffous du creux de l'eftomac, quand on le prelfe PET 135 avec la main ; d'afToupifTement & de ftupeur , fur-tout dans les enfants , quelquefois de convulnons. La petite ve'role difcrete fe déclare, pour l'ordinaire, le quatrième jour inclufivement , à compter de celui que le malade fe trouvoit mal , quelquefois un peu après , mais rarement plutôt, & pour lors les fymptomes diminuent , ou même difparoifîent tout-à-fait, de manière que le malade fe trouve paflablement bien : il y a quelquefois dans les enfants & les adultes des fueur.s qui contmuent jufqu'à ce que les puftules commencent à mûrir. Dans l'éruption , il s'élève de petites puftules d'un rouge pâle , & aufli groffes que la tête d'une épingle , fur !a face , le cou , la poitrine , & enfuite fur tout le corps. Pendant ce temps-là , le malade eft faifi d'un mal de gorge qui augmente à mefure que les puftules grofllflent ; ceci arrive vers le huitième jour de toute la maladie ; pour lors l'intervalle que les puftules laifTent , & qui auparavant étoit d'un blanc pâle , commence à devenir rouge & à s'enfler , à proportion du nombre des puftules. On y fent de la douleur & comme une efpece de déchirement qui augmente de plus en plus , accélère l'inflammation & l'enflure , fi bien . qu'à mefure que la maladie fait plus de progrès , les paupières fe diftendent , au point que le malade ne peut plus jouir de la lumière ; elles deviennent luifantes, & Semblables à une veffie enflée ; les yeux fe ferment quelquefois plutôt : le vifage , les mains & les doigts s'enftent ; les puftules du vifage deviennent rudes & blanchâtres ; & à mefure qu'elles deviennent plus jaunes en mûrifïànt , celles des mains & des autres parties paroilfent plus unies & plus blanches. L'onzième jour , l'enflure & l'inflammation diminuent confidérablement , & les puftules du vifage & du refte du corps fe deffechent , & tombent par écailles. Elles difparoiffent ordinairement le quatorzième & le quinzième jour : les éruptions des mains font ordinairement plus opiniâtres , & ne fe fechent que deux ou trois jours après les autres. Il refte ordinairement fous la peau , des fofîes , ou marques , qui paroiiTent à mefure que les croûtes fe détachent. 1^6 PET Symptômes de la Petite Vérole confluente. Les fymptomes de la petite vérole confluence font à peu près les mtmes que ceux de la difcrete ; ils font feulement plus violents. La pe'iite ve'roie conflucnte fe de'clare , pour l'ordinaire, le troifieme jour. Les puftules font plus ferre'es: le malade reflent une douleur aiguë dans les reins & dans les lombes , un point de côte' , de même que dans la pleure'fie, quelquefois des douleurs dans les membres , comme dans le rhumatifme , enfin des maux de cœur, des vomiflements & des douleurs à l'eftomac. A mefure que la maladie augmente , les puftules , furtout celles du vifage , ne grolfifTent point , comme dans la petite ve'roie difcrete ; mais elles fe joignent enfcmble , & ne forment qu'une feule puftule rouge , continue, qui couvre entièrement le vifage, & le fait plutôt enfler que dans la difcrete , tant qu'à la fin toutes ces pultules paroifTent comme une pellicule blanche & mince qui tient forcement à cette partie , & s'élève un peu plus haut que la faperficie de la peau. Après le huitième jour, cette pellicule devient infenfiblement plus rude au toucher, & tire fur le brun , & non fur le jaune , comme dans la petite vérole difcrete. La peau devient tous les jours plus rude & plus colorée , & à la fin la pellicule fe détache par écailles. Mais , lorfque la maladie a été violente , elle ne fe fépare entièrement qu'au bout de vingt jours. Après que îa pellicule , ou croûte qui couvroit le vifage , cft tombée , il ne refte aucune inégalité fur la peau ; mais il fe forme fur le champ des écailles farineufes d'une nature très-corrofive , qui non-feulement laiffcnt des marques beaucoup plus profondes que celle- de la petite vérole difcrete, mais encore des efcarres qui défigurent le vifage, La petite vérole conflucnte eft accompagnée de deux autres fymptomes confidérables , de la falivation dans les adultes , du flux de ventre dans les enfants. La falivation commence quelquefois en même temps que l'éruption , & quelquefois un ou deux jours après. Cette falivation reffemblc à celle que le mercure excite ; elle eft feulement moins fétide ; dès l'onzième jour, la falive PET ^37 devient plus gluante , elle fort avec peine ; le malade til altéré, & toufle en buvant : il rend la boiflbn par le nez ; la falivation ceife , pour l'ordinaire , ce jour-là même : en mtme temps l'enflure du vifage commence à diminuer ; mais les mains s'enflent , ou du moins doivent s'enfler. La diarrhée , à laquelle les enfants font fujets , cft ordinairement plus tardive que la falivation : auffi duret-elle plus long-temps ; car elle ne finit ordinairement qu'avec la maladie , à moins qu'on ne l'arrête. Dans ces deux efpeces de petite vérole , la fièvre efl toujours très-violente , jufqu'au jour de l'éruption: elle diminue enfuite , jufqu'à ce que la fuppuration com.mence à fe faire v après quoi , elle cefTe tout-à-faif, La petite vérole attaque principalement les enfants, & fur-tout au printemps, & en automne. Les adultes en font quelquefois attaqués , mais beaucoup plus ra* rement. On peut établir pouf règle générale , que la petite vérole eft d'autant plus bénigne & plus difcrete , qu'elle tarde plus long-temps a paroître , & que la première manière de compter les jours eft trop équivoque pour pouvoir s'y fier. Si l'éruption paroît dans les premières vingt-quatre heures , on peut compter qu'elle fera trèsfuneltc , fi elle fe manifefte trente oa trente-cinq heures après la première indifpofîtion , elle fera extrémemenc dangercufe ; elle l'efl beaucoup moins , lorfqu'eîie paroît au bout de quarante-fept ou quarante-huit heures ; l'on doit cependant s'attendre qu'elle fera de l'efpece confluente. Elle eft , pour l'ordinaire , difcrete , quand elle ne fe manifefle qu'au bout de foixante-dix , quatrevingt heures:. Les tempéraments bilieux , ceux qui font accoutumés à i'ufage ô.çs liqueurs fpiritueufes , des aliments échauffants, qui mènent une vie extrêmement exercée , ont beaucoup plus à craindre de la petite vérole , que ceux qui mènent une vie oppofée. Ceux qui ont le fang infedé de quelque virus véroîique ou cancéreux, en font plus maltraités que hs autres. La caufe prochaine de la petite vérole eft un miafme fubtil , répandu dans l'air , qui fe communique ou par l'atmofphçre , ou par le contact immédiat avec qusl  ^3» PET qu'un qui cft attaqué de cette maladie. II femble même que nous portons dans le fang , en venant au monde, une impreifion particulière qui nous rend plus ou moins fufceptibles des effets de ce venin j & , quand une fois nous avons payé ce tribut , nous en fommes débarrafTés pour toujours : cependant il y a des fujets qui l'ont plufieurs fois ; mais cela elt rare. La cure de la petite vérole fe réduit à deux points, à prévenir la trop prompte afBmilation de la matière vaiiolique dès le commencement , & à calmer le mouvement tumultueux des efprits , que l'inflammation des parties externes occafionne. Ainfi , quand la fièvre eft trop forte , que l'ébullition du fang eft confidérable , qu'il y a de violents maux de tête , il faut commencer par pratiquer la faignée au bras -, & fi le mal de tête fublifte , on en fera une autre au pied , félon la force & l'âge du malade. Immédiatement après , on lui fera prendre deux grains d'émétique en lavao;e , pour tâcher de débarrafler l'eftomac : on lui fera boire en même temps une tifane faite avec une décodlion légère de racine de fcorfonere. Si hs douleurs des reins font vives, on peut lui donner un lavement pour débarraffer ces parties, 8c pour leur donner plus de foupleffe. Quand la petite vérole eft bénigne ou difcrete , elle n'exige aucun remède particulier; il fuffit de faire prendre la tifane que nous venons d'indiquer, & de donner de temps en temps quelques coups de vin & d'eau avec un peu de fucre. Cette maladie eft fi facile à traiter , que les gardes mêmes fuffifent dans ces fortes de cas. Quand cette maladie s'annonce par une forte fièvre , des maux de reins , des envies de vomir , & une chaleur confidérable dans tout le corps, l'on commencera par faire faigner le malade au bras ; on réitérera même la faignée dans le même jour , fi les accidents font toujours aufli violents. Immédiatement après , on fera prendre deux grains d'émétique en lavage , pour vuider l'eftomac : pour tifane , on prefcrira une boiiïbn faite avec une décoction d'orge mondée , ou avec une chopine d'eau , dans laquelle on mettra un demi-fepticr de bière , la moins amere qu'on pourra trouver. On continuera cette boilfon , jufqu'à ce que les fymptomes PET 439 foient calmés , que la violence de la fièvre foit tombe'e, & que les douleurs , tant de la tête que des reins, foient appaile'es. On pourra même , fi les douleurs des reins font vives , lâcher le ventre avec le lavement fuivant : Prenez , De Son, De Graine de Lin , de chaque une poignée. Faites-les bouillir dans une chopine d'eau , & ajoutez-y Un quarteron de Beurre frais. Quand les douleurs & les accidents feront diminués , on fera prendre au malade pour boiflbn une tifane faite avec une once de fcorfonere , bouillie dans une pinte d'eau , avec une pincée de lentilles. Si l'on s'apperçoit que l'éruption fefafle troppromptement, que la chaleur foit confidérable , on fera fortir du lit le malade : on le laifTera promener dans fa chambre , & on s'en tiendra à quelques verres de fa tifane par jour , & à du bouillon ; car tout le myftere de cette maladie confifte à bien féparer la matière variolique durefte du fang; ce que la nature ne pourra point exécuter ,fi l'on précipite le mouvement du fang , & fi l'on bouleverfe toutes les humeurs. Ainfi , bien-loin d'accabler les malades de couvertures, de les tenir chaudement dans leur lit , de faire grand feu , & de leur faire boire du vin , avec de la cannelle , ou quelques autres liqueurs échauffantes , il faut chercher à les rafraîchir de toute façon. Quand l'éruption commence à fe faire , que l'on voit que les boutons femblent pointer & s'arrondir , que la ncvre n'eft point trop forte , on fait continuer au malade la tifane ci-defllis , & on lui fait prendre toutes les deux heures une cuillerée de la potion fuivante : Prenez , Des Eaux de Scahieufe , De Scorfonere , de chaque deux onces. De Mélijje /impie , une once. De Confection d'Hyacinthe , un gros. D'Eau de Fleurs d'Orange , deux gros. Defiropd'Œillet, De Limon , de chaque demi'jnce. Mêlez le tout , pour donner par cuillerées , comme nous l'avons dit ci-d,efliis. ft4o . ? ^ "^ On continuera la tifane , & cette potion , jufqu'à ce que l'e'ruption foie totalement faite ; ce qu'on appercevra , quand les boutons commenceront à blanchir. Cependant , comme il furvient alors une efpece de petite nevre que l'on appelle fecondaire,i\ faut être beaucoup plus réierve' fur l'ufage des cordiaux ; on fe concentera pour lors de donner de la tifane à l'ordinaire , & la décoflion fuivaute : Prenez, De Quinquina concajfé ^ deux gros. Faites-les bouillir dans trois chopines d'eau , pour le réduire à pinte. Ajoutez-y De Nitre purifié , quinze grains» De firop d'' Œillet , une enc):. Le malade prendra un verre de cette boilTon , de trois heures en trois heures : le quinquina qui la compofe, efl: très-propre pour exciter la fuppuration , &, par confe'quenr , pour faire mîirir les boutons. On continuera cette boiTon jufqu'au moment de l'exficcation, où l'on verra les pullules tomber par écailles. Comme dans la fuppuration la fièvre eft quelquefois violente , que le malade eft agité d'infomnie , qu'il fouffre beaucoup de demangeaifons & d'ardeur de la part de la matière purulente qui fe forme dans les boutons , il faut donner , tous les foirs , tant que la fuppuration dure , le iulep fuivant : Prenez , D'Eau d'ftiJfée de Ce'ifesnoires, troisonces. De Sel féda * 'f , demi-gr o s . De Jîrop de Pa-<>nt, fîx gros. Mêlez le tout pour un julep , pour prendre le foir en une dofe. Cette potion calme les douleurs , relâche la peau, favorife l'abord delà matière vers les boutons, & fait ordinairement très-bien dans ces circonftances. Quand la peau s'élève par écailles , que la fuppuration eft terminée , qu'il n'y a plus de fièvre ni d'accidents, on purge le malade avec la médecine fuivante: Prenez , De Follicules de Séné , deux gros. De Rhubarbe concaffée , demi-gros. Du fel d'Epfom , trois gros. Faites bouillir le tout légèrement dans un grand demifeptier d'eau, FalTcz PET a4i PdfTez la liqueur , & ajoutez-y Deux onces 6' demie de Manne , pour prendre en un verre le matin à jeun. On re'pe'tera cette purgation le furlendemain. Le malade s'accoutumera enfuite infenfiblemcnt à l'air & à la nourriture , jufqu'à ce que l'on vifage & fon corps foient totalement nettoyc's. Quand la petite vérole elt conflucntc , ce que l'on connoît aux fymptomes que nous avons de'crits cidelTus , comme la lièvre eft bien plus violente , les douleurs des reins bien plus confide'rables , les vomifïements plus fre'quents , il faut faigner le malade fur le champ au bras , & pratiquer enfuite la faigne'e au pied , donner immédiatement après , ou le lendemain matin , l'émétique en lavage , à la dofe de deux grains. Pour tifane , le malade ne prendra que du pctit-laic clarifié , les premiers jours , ou une boiffon faite avec une pincée d* chiendent , deux gros de régliffe effilée , & une poignée de feuilles de bourrache bouillies dans une pinte d'eau. Si le malade fe plaint de douleurs vives dans les reins , d'épreintes , d'envie d'aller à la felle , on lui donnera le lavement fuivant : Prenez, De feuilles de Pariétaire y De Guimauve , de chaque une poignée. Faites-les bouillir dans trois demi-feptiers d'eau , pour réduire à chopine. Ajoutez-y Deux onces de Miel mercuriel , pour un lavement que l'on réitérera dans la journée , s'il eft nécelTaire. On aura foin de faire tenir le malade toujours alfis dans fon lit , de le faire lever deux ou trois heures par jour , de ne point faire de feu dans fa chambre , à moins qu'il n'y fît trop froid, & de laiffer petit-à-petit la nature faire l'éruption qu'elle médite avec tant d'appareil. Si , malgré toutes ces précautions , la fièvre étoit toujours violente , & que l'éruption ne fe fit pas , on fcroit une troifieme faignée , & on mettroit le malade àl'ufage de la limonnade extrêmement légère pour boifD. de Santé. T. II. Q a4a PET fon ; Se on fera lever le malade le plus fouvent qu'il fera poiTible , comme nous l'avons dit ci deflus. Quand la fièvre de l'e'ruption fera tombe'e , & qu'une partie des accidents fera diminue'e , on pourra pour lors mettre le malade à l'ufage de la tifane fuivante : Prenez , De Racines de Scabieufe mondées & coupées par morceaux , une once. De Scorfonere , une demi-once. Faites-les bouillir dans trois chopines d'eau réduites à pinte : faites-y infufer enfuite J)e Réglijje , deux gros , pour en prendre cinq ou fix verres par jour. Si l'e'ruption étoit trop lente , on pourvoit l'aider , en appliquant aux cuifles deux larges (mpiâtres ve'ficatoires ; & on pourroit placer le malade, pendant une heure , tous les jours , dans un bain d'eau chaude : rien ne relâche la peau avec plus de prompti ude , & n'attire la matière variolique avec plus de nireté , que les bains ; on feroit prendre en mcme temps au malade dans le bain , deux ou trois cuillerées delà potion qui fuit : Prenez, D'Eaux difiillées de Schienfe ^ De Chardon-hénit , de chu' que deux onces. De Menthe , une once. De Cannelle orgée , trois gros. De Sirop d'Œilîet , une once. Mêlez le tout pour une potion. On doit bien faire attention que dans les conflucnte^ , il y a prefque toujours dans l'eftomac un vice particulier d'une matière fahurrale , qui s'unit avec celle de la petite ve'role , en palTant dans le fang , & qui tra*verfe l'éruption ; on en voit des preuves par la langue qui eft chargée , par les mauvais goûts dans la bouche , par les envies de vom.ir, les vomifîements ou la diarrhée : il faut abfolument , dans ce cas , employer l'émétique en lavage , comme ci-deffus ; autrement il eft à craindre que l'éruprion fe faTe toujours mal , & qu'il y en ait une partie qui fuccede à l'autre , & qui dérange par confe'quent le cours de la nature. P E T ;• 0.43 Quand lYruprion eft faite , il furviertt ordinairement une tievre confide'rable qui déclare le temps de la fuppuration. On doit pour lors , fi la tievre ell forte , ne point laifler fubfilter les ve'ficatoires qui pourroient animer le feu de la fièvre : on fe difpenfefa de les ôter , quand la fièvre fera moindre ; on continuera la tifane , comme ci-deiTus , & on fera prendre au malade la potion fuivante : Prenez , De Quinçuina concaffé , un gros £' demi. Faites-le bouillir dans trois demi-feptiers d'eau , réduits à chopine ; paflez la liqueur» Ajoutez-y De Nitre purifié , quirf^e grains^ De Sirop de Limon , une once , pour prendre un verre toutes les quatre heures j on donnera en même temps la poudre qui fuit : Prenez , D'Yeux d Ecrevijfes , 'D'Antimoine diaphorétique ^ de chaque deux gros. De Nitre purifié , demi-gros. Mêlez le tout enfemble , pour en prendre douze grains toutes les heures , en buvant par defTus chaque prife un petit verre de tifane ordinaire. Silos maux de cœur, les vomiiïèments ou la diarrhée fubfiflent pendant la fuppuration , il faudra e'vacuer le malade , de deux jours l'un , avec deux grains d'e'me'tique en lavage. Tous les foirs du jour où l'on donnera l'émétique dans la fuppuration , ou toutes les fois qu'il y aura des douleurs vives , des demangeaifons infupportables , des maux de tête violents, on prefcrira le julep qui fuit: Prenez, D'Eau de Laitue^ * D'Eau de Pourpier , de chaque deux onces» De Sirop Diacode yfix gros y pour une prife. Quand la fuppuration fera terminée , & que le malade n'aura plus de fièvre ni de douleur , on continuera les remèdes que nous venons de prefcrire , jufqu'à ce que la peau devenue plus foupie fe relâche , que les boutons fe deffechent , & tombent par écailles ; après quoi , on purgera le malade trois ou quatre fois , comme nous l'avons dit dans l'article à^UPçtite Vérole difcrete. 144 • PET Deux fymptomes , qui accompagnent les petites véroles confluentes , font la falivation dans les adultes, 6c la dianliee dans les entants : ils méritent une attention continuelle , parce que , quand ils s'arrêtent , &: qu'ils fe fuppriment tout d'un coup , le malade elt bientôt emporte'. Il faut , autant que l'on peut , favojifer la lortie de la falive & de l'humeur des glandes inteftinales qui coule par le ventre. Dans les adultes quelquefois la falivation fe fupprime ; mais les mains fe gonflent & fc bourfouff.ent : ce nouveau fymptome empêche les effets funeftes de la fupprclfion de la falivation. ïl vaut beaucoup mieux cependant que l'humeur p'-enne fon cours par les glandes falivaires , parce qu'elle fe fait plus aife'ment jour au dehors : ainfi il faut e'viter'de donner des narcotiques , quand cette e'vacuation eft arrête'e ; tel eft le julep que nous avons prefcrit tous les foirs , qui a la proprie'té , ainfi que toutes les pre'parations d'opium , de fupprimer toutes les évacuations ; ce qui , par conféquent , empcchcroit ï'e'coulement de cette humeur abondante & falutaire. Il en eft de même de la diarrhe'e des enfants , que l'on doit plutôt favorifer par les lavements , les e'métiques & les purgatifs , que de l'arrêter par les potions calmantes & narcotiques. Quand la falivation fe fupprime , il faut la rappeller, en mettant àes véfjcatoires à la nuque ou proche les oreilles ; & il faut gargarifer le malade fouvent dans la journée , avec le mélange fuivant : Prenez , De Suc de Creffon de fontaine , De Suéde Trèfle d'Eau y de chaque deuxonces^ D'Efprit de Cochléaria , quinze gouttes. De Sirop anti-fcorbutiçue , une once. Mêlez le tout enfemble pour un gargarifme dont on mettra deux cuillerées dans un verre d'eau , pour fe gargarifer fouvent dans la journée. On pourra faire ufage , en même temps , de la poudre qui fuit, fi la fièvre n'eft point violente : Prenez , D'Yeux d'EcrevifJes , deux gros. D'Antimoine diaphorétique , un gros, v De Mercure doux , Jïx grains. De Sel de Duohus , un gros & demi. PET 14$ Mêlez le tout enfemble , pour faire une poudre dont le malade prendra vingt-quatre grains toutes les deux heures. Quand la falivation eft trop abondante , & qu'il eft à craindre que la fuppuration ne Ibit trop foible , & que le malade n'en foie pas mieux , on peut la de'tourner , en lui faifant prendre un verre ou deux de la tifane fuivante : Prenez , De Caffe en bâton , quatre onces. De Se! de Glauher , un gros. Faites- les bouillir légèrement dans une chopine d'eau : pafFez la liqueur , pour en prendre deux ou trois verres , h deux heures de diltance l'un de l'autre. Au refte , la falivation & la diarrhée font des fymptomes toujours très-graves ; & on ne fauroit mieux faire dans ces fortes de cas , que d'appeller un médecin fage Sz prudent , qui dirige les remèdes néceîfaircs. Nonobftant la divifion que nous avons faite de la petite vérole , en difcrete & en confluente , il y en a encore d'autres efpeces : telles font la difcrete fimple , la difcrete maligne , la confluente fimple , & la confluente maligne. De la Difcrete Jïmple, Elle diffère de l'autre , en ce que tous les accidents qui la devancent , celfent aulfi-tôt après l'éruption. Ces accidents font , pour l'ordinaire , un grand abattement , une fièvre vive , des afibupilfements , des maux de tête , des douleurs dans la région des reins, des envies de vomir, & des vomilfements. Le médecin doit d'abord fiire faigner le malade au bras , en cas qu'il foit appelle de bonne heure ; finon il fera faire la faignée au pied : il prefcrira aulli au malade une grande quantité de tifane légère , faite avec la racine de fcorfonere , le chiendent & la réglilTe : il lui fera donner des lavements d'eau fimple , fi la fièvre eft vive , ou compofée d'une décofiion émolliente , avec le lénitif , ou la cafle mondée ; on fera les bouillons avec le veau & la volaille. Lorfque le redoublement fera fur fa fin , on donnera un vomitif : fuppofé qu'il n'ait pas produit des éva Qiij a46 PET cuarions fuffifantes , on aura foiu de les foutenir par quelque purgatif doux. Dans cetre efpece de difcrete fîmple , on doit foutenir les malades par une nourriture plus forte & plus abondante que dans les autres efpeccs ; on rendra les bouillons plus fucculents , en y ajoutant du bœuf : on y mêlera du riz padi^ ; & on leur permettra même i'ufage des potages , Jorfqu'il n'y aura point de fièvre. Si l'on voir que les boutons ne fe remplirent pas, comme ils le devroient , fi le cercle de la bafe devient de couleur pâle , 6z le pouls petit & fre'quent, il y aura lieu de croire que le fang s'eft e'pailli j pour lors on lui fera prendre la potion fuivante : Prenez, JDes Eaux dijîillées de Scorfonere, De Bourrache , de cka» que deux onces, D'Antimoine diapkorétiçue ^ D Yeux d'EcreviJJes , de chaque demi-gros. De Nitrf purifie' , vingt grains. De Conjeclion d'Hyacin*he , deux gros. De Sirop d'ŒilIet , une once. Mêlez le tout pour une potion à prendre par cuillere'es , d'heure en heure. Suppofé que le ventre ne foit pas libre , on fera prendre quelques lavements au malade ; quapd il fera fort agite' , on lui prefcrira fîx gros de firop diacode ; du refte , c'efl le mcme traitement que nous avons indiqué ci-delfus dani la petite ve'role difcrete. De la Difcrete maligne. Dans la féconde efpece qui eft celle des petites véroles difcretes malignes , les accidents font en ^rand nombre , & dangereux -, le malade cft agiré d'une fièvre ardente ôc continue : il tombe dans un extrcme accablement ; fa peau devient kche & brûlante ; on lui trouve un abattement confidérable dans les arreres carotides , & beaucoup de roideur dans les tendons ; les yeux font anime's , brillants ; & l'on apperçoit fur la conjondive plufieurs vaifTeaux lymphatique- , qui paroifîent être remplis de fang : il fouffre une douleur confidérable dans les reins , un mal de tête ou violçnt. PET ^ 147 ou mt'diocre , le plus fouvencfans rêverie , fans aifoupillement & uns envie de dormir; tels font les fymptomcs qui , dans cette efpece de petite ve'role , naiffent ordinairement avec l'cruprion. Cts fymptomes cefient ordinairemenr après l'éruption ; mais la lièvre , dont Pardeur avoit paru d'abord fe mode'rer , fe rallume bientôt après , & eft mafquée , fur-tout en tierce , p.ir àcs redoublements violents : elle ne difcontinue point ; elle entretient les accidents les plus confidérahlc.s, & en attire fouvcnt de nouveaux : en effet les malades éprouvent alors àcs infomnies cruelles , des rêveries le'geres , des inquie'tudes , des faignements de liez , principalement dans les redoublements , Se fouvcnt des fueurs très-ahondantcs qui n'empcchcnt pas néanmoins fi peau d'être toujours brûlante vc d'une chaleur âpre & feche. La fièvre & les autres accidents augmentent dans le temps de la fuppuration ; & pour lors les malades tom.bcnt dans de grandes agitations , dans des rêveries violentes & dans des mouvements convuififs : cependant les grûins ou boutons ne laiffent pas de refier toujours élevés , & de conferver un bon caradere. On com.mencera la curation par la faignée au bras , fi on eft appelle dans les premiers moments de l'éruption , & avant l'éruption même ; finon on fera celle au pied. On fera boire au malade une tifane faite avec la racine de chicorée fauvage , le chiendent & la réglifie : on lui fera prendre , de trois en trois heures , des apozemes délayants , & on débarra'Jera les inteftins par quelques lavements convenables. Sur la fin du r^doubiement , on placera deux grains d'émétique en lavage , û l'évacuation n'eft pas afiez abondante : on foutiendra l'action du vomitif par le fecours d'un purgatif doux; & on donnera , de trois en trois heures , la potion abforbante décrite à l'article ci-defîus. Si l'on découvre qu'il y ait encore néceïïité de provoquer le vomiflement , pour éviter les fueurs abondantes & colliquatives , les violents redoublements de la fièvre, les hémorrhagies, les fupprdfions d'urine , & les autres accidents qui furviennent par cette efpece de petite vérole maligne: Q iv 148. PET Si rhiimeur paroît f» porter au cerveau avec violence , on peut faire une faigne'e au pied. Au refte , dan.i tous les temps de la petite vérole difcrete maligne, & pendant la fuppuration même, lorfque le malade a le ventre bouffi , qu'il y fent des grouillements , on doit lui donner des lavements d'eau fimple , lui faire prendre de la tifane de fcorfonere en abondance , & fe conduire , dans le refte du traitement , comment nous l'avons dit au fujet de la petite vérole difcrete fimplc. De la Petite Vérole confluente fimple, La petite vérole confluente fimple eft celle dans laquelle la fièvre &: les autres fymptomes cefTent toutà-fait, ou diminuent confidérablement après l'éruption , mais reviennent avec violence , dans le temps de la fuppuration , & quelquefois avec inflammation. Quelque difficile qu'il foit de connoître dès le commencement de la maladie , s'il fe fait quelqu'engorgement dans les vaiffeaux lymphatiques, voici cependant quelques fignes qui peuvent le faire conjecturer : Si le malade n'a pas d'abord été faigné fuffifamment , & s'il a pris des cordiaux vifs & briilants ; Si , après l'éruption , il eft plus aftbupi qu'il ne devroit l'être -, S'il fent un bourdonnement & un bruit continuel dans les oreilles ; Si , pendant les airoupiffements , il lui furvient des rêveries légères & fréquentes ; S'il eft fort inquiet & fort agité ; Si le ventre eft bouffi & gonflé, quoiqu'on l'ait débarrafle par les lavements ; Si la langue eft fort feche ; Si les urines coulent en très-petite quantité , & fi elles font fort colorées ; Si les boutons ne s'élèvent point affez , c'eft-à-dire , s'ils font plats ou enfoncés dans leur centre. La première précaution qu'on doit prendre contre les accidents de cette maladie , c'eft la faignce répétée une ou deux fois au bras , félon le befoin , enfuite palfer 3 çdh au pied. Les purgatifs & les vomitifs doivent PET a49 être prefcrîts , comme nous l'avons dit ci-defTus : on rendra le fang fluide par la tifane prife en abondance , éc par les apozemcs délayants 8z apéritifs , avec la bourrache , la buglofe , la fcolopendre & la chicorée fauvage , auxquels on ajoutera fur chaque pinte deux grains! de tartre ftibie'. Pendant tout le cours de la maladie , on ne donnera que des bouillons faits avec le veau , le poulet & autres volailles : on pourra y mêler quelques cuillerées de crème de riz. Dans les premiers jours de l'éruption , il arrive quelquefois que les boutons font moins élevés qu'ils ne dcvroient l'être : pour lors , au lieu d'émétiquc , on y mettra l'antimoine diaphorétique , à la dofe d'un gros fur une pinte ; ou l'on fera une compofition de la manière fuivante ; Prenez, De Confeâion d'Hyacinthe , un gros. D'Antimoine diaphorétique , demi-gros. D'Yeux d'EcreviJfes , vingt-quatre grains. De Kermès mine'ral y deux grains. Mêlez le tout enfemble pour trois prifes , à quatre heures de diftance l'une de l'autre. Si les urines fe fuppriment , on ajoutera dans l'apo2eme , au lieu d'antimoine diaphorétique , vingt grains de nitre. Les lavements font aulTi très-utiles dans cette petite vérole , fur-tout lorfqu'on fent des tranchées , des bouillonnements, des coliques & des flux de ventre, J)e la petite Vérole confluente maligne , appellée Cryftalline. Cette maladie eft précédée d'une fièvre affez vive , d'un dévoiement féreux très-confidérable , de maux de tête , d'une très-grande altération : la peau eft d'un blanc pâle , & toutes les parties légèrement bouffies. Quand l'éruption commence , les boutons paroifTent d'un rouge pâle ; ils s'élèvent plus vite & plus haut ; ils deviennent plus gros que dans les autres efpeces. Le cercle qui clt à la bafe de chaque bouton , conferve toujours une couleur plus pâle : la pellicule qui renferme l'humeur eft très-mince. Pluficurs grains fe joignent fouvent enfemble , ôc forment une grande velTie remplie de férofité : lorfqu'on la perce , & qu'on en fait Ibrtir l'humeur féreufe , la peau qui eft deflbus paroît ajo PET pâle , ainfi que le cercle des boutons ; toutes les parties fe gonflent excraordinairement , & même participent de l'œdème , enfin la fièvre maligne qui furvient quelquefois , fe manifefte par des convulfions , des déKires & des aflbupiifements. Un des principaux accidents qui paroiTent , dès le commencement des petites ve'roles cryftallines , eft un dévoiement où les matières font crues , fe'reufes ou d'une couleur verdâtre ou blanchâtre. On corameecera par faire vomir le malade , avec la potion fuivante : Prenez , D'Eau Je Méliffe , Le Menthe , Je chaque Jeux onces, D'Tpe'cacuanha , Jlx-huit grains. De Jïrop Mag'ftral , une once, Mfckz le tout pour une prife. Lorfque le malade aura été' fufïîfamment évacua pat ce vomitif, on lui fera prendre les bols qui fuivent : Prenez , De Confeclinn d'Hyacinthe , un gros. D'rciixd'Ecrex'-fcs, D'Antimoine diaphorétiquCy de chaque demigros. De Corne-de Cerf ^ philofopkiquement prépare'e , un gros. Mêlez le tout avec fufïifante quantité de firop de fleurs de pécher , pour en faire des bols du poids de douze grains : on en donnera un avant chaque bouillon , que l'on prendra de trois en trois heures. Le jour fiaivant , on purgera le malade de la manière qui fuit : Prenez, r)e CàthoUconduulle y deux onces. De /trop de Chicorée compoj'é de Rhubarbe , une once. Faites fondre le tout dans trois onces d'eau de mcnt're , pour une prife. On prefcrira , quelques heures après l'effet du purgat f , la potion fuivanre : Prenez, D'Eau de Flantain , quatre onces. De Menthe , une once. De Fleurs d'Orange , demi-once. De Craie de Briançon , un gros. De Cachou en poudre , demi gros» De firop de Limon , une once , PET 1^1 pour prendre par cuillere'es , de demi-heure en demiheure. On ne doit pas regarder le de'voiement comme un mal , pourvu cependant qu'il ne foit pas trop violent , ou il n'empêche pas les boutons de s'élever ou de groflir, & qu'il ne fade point naître d'autres accidents. S'il venoit a ceiïer tout-à-fait ou à diminuer même confidc'rablemcnt , enforte que le ventre devînt bouffi, il faudroit le rappeller par des lavements doux , & retrancher tous les remèdes qui pourroient lui faire obitacle. On continuera ce traitement , jufques & pendant la fuppuration ; mais , lorfqu'clle fera fur fa fin , fi la fièvre paroît , ou fi le de'voiement continue , on aura recours aux purgatifs convenables : il faudra cependant les diffe'rer plus long-temps que dans les autres efpeces de petites ve'rolcs , parce que, dans celle-ci, l'humeur renferme'e dans les boutons s'épaifiit toujours plus lentement : enfin, pour empêcher qu'elle n'entretienne la fièvre , en fe mêlant avec la mafle du fang , on aura foin , dès que la fuppuration fera toute acheve'e, de couper les boutons de tout le corps , à l'exception de ceux du vifage. On terminera le traitement par faire prendre au malade des crèmes de riz, d'orge, de gruau, & par un ufage continué , pendant long-temps , de la poudre fiiivante : Prenez , D'Yeux d'EcreviJJes , deux gros. De Ni're purifié , un gros. De Farine de Ri^ , deux gros. Mêlez le tout , pour en prendre vingt grains toutes les quatre heures , en buvant par delfiis le bouillon fuivant : Prenez , De Tranche de Baufy une livre. Un vieux Coq, Faites bouillir le tout dans trois pintes d'eau , pour en faire du bouillon : ajoutez-y à la dernière demihçure , De Ri:^ , deux cuillere'es. De Racine de Guimauve , deux onces. De Feuilles d^ Bourrache , De Chicorée fauvage y de chaque une demi-poignée» ^^1 PET PafTez le tout , pour en faire du bouillon , dont le malade prendra une tailè après fa poudre. Comme , dans cette efpece de maladie , le fang efl extrtmement diiTous ; qu'il tourne tout en eau , & que , par confcquent , il eft à craindre qu'il ne furvienne quelqu'hydropifie , diabètes ou fièvre colliquative, on prefcrira au malade le bouillon qui fuit , qu'il continuera pendant huit jours. Prenez , De Rouelle de Veau , une livre. Des Limaçons que l'on aura, fait dégorger dans l'eau , dou^e. Faites bouillir le tout dans deux pintes & demie d'eau : ajoutez , à la dernière demie-heure , Des Feuilles de Bouillon-hlanc , De Guimauve f de chaque une poignée. PafTez le tout , & ajoutez dans chaque bouillon une cuillere'e de crème de riz , que l'on aura fait cuire dans de l'eau. Le malade prendra trois de ces bouillons par jour , à quatre heures de diftance l'un de l'autre. Manière de remédier aux fymptomes fâcheux qui arrivent dans toutes les Petites Véroles. Dans rébullition , la fièvre ardente & vive , une peau fechc , dure & douloureufe , le battement des artères carotides , l'inflammation des yeux , les vomiffements violents , les coliques & les tranche'es confide'rables font des fignes très-fâcheux: on y remédie par les faigne'es faites au bras & au pied , par les boiiïbns de'layantes , comme le petit-lait ; par l'ufage de l'e'métiquc placé à propos , par les lavements , & généralement par tous les remèdes qui conviennent dans l'inflammation. Dans le temps de l'éruption , fi elle fe fait trop promptement , comme dans l'efpace de vingt-quatre ou trente heures ; fi le gonflement du vifage & de la tête font confidérables , que les tendons foient roides & fans mouvement, les fueurs abondantes ; que les boutons foient plats , & qu'ils laifTent dans leur intervalle une éruption éréfipélateufe \ que les urines foient troubles ou épaiflès 5 on peut dire que la maladie fera très-dangeI \ PET 253 reufe. Le pdril n'en cft nas moins grand, lorfque les boutons fur le vifagc font (i confluents , qu'ils ne paroilient former qu'un feu! grain , &: lorlque la falivation , qui doit furvcnir les premiers jours de re'ruption , ne fournit que des crachats épais & gluants. ]1 faut , en ce cas , comme nous l'avons déjà dit , faire lever le malade , tempérer fon fang par les boilfons & les lavements , lui donner les poudres abforbantes, que nous avons prefcrites ci-deflus -, &, s'il y a quelques preuves que l'eftomac foit chargé de glaires ou de matière putride , on évacuera le malade par le moyen de l'émécique. Dans la fuppuracion , fi les fymptomes , qui avoienc difparu après l'éruption , fc renouvellent tout-à-coup dans le temps de la fuppurarion ; (i leur violence efb encore confidérable , le malade fera dans un extrême danger. Quand l'humeur renfermée dans les boutnns eft trop claire , il eft à craindre qu'il ne refte dans le fang une partie du pus , qui le faffe tourner en dilTolution. La noirceur des boutons eft le plus fouvent un fign j trèsfunefte : il en eft de même , quand ils s'applatifTent tout d'un coup. Dans hs dévoiements qui furviennenr, fi les évacuations font fort féreufes & verdâtres , on ne peut en tirer qu'un pronoftic peu favorable; mais, ii elles fontépaifîes , bilieufes , & femblables à une efpecc de purée , elles ne font que falutaires , pourvu qu'on ne voie point alors les boutons s'applatir. Quand la falivation s'arrête brufquement , que les glandes de la falive s'engorgent & fe tuméfient, & que les mains ne fe gonflent point , la vie du malade eft en grand danger. Quand tous ces accidents fubfiftent pendant la fuppuration , il faut redoubler l'attention , & empioyer rous les remèdes que nous avons indiqués dans toutes ces circonftances , comme de' placer l'émétique à propos, de rappeller la falivation par les gargarifmes, les cataplafmes & les véficatoires , ou de la détourner par le bas , par le moyen des lavements & des purgatifs doux. Si la fuppuration fe fait lentement , on mettra en ufage la tifane de quinquina , décrite ci-deTus. Dans le dévoiemcnt on donnera les poudres abforbantes , & les potions calmantes , dont nous avons donné Î154 . P ^ '^ les compofitions ; &: on fera prendre au malade beaU'* coup de boiflbn avec la tifane de fcorfonere & le nitre. Rarement la déification produit des accidents funeftes : néanmoins il arrive quelquefois que les boutons font fi ferrés les uns contre les autres , qu'il fc forme fur la peau une croûte épaiffe , que la matière varioleufe ne peut percer, ce qui occafionne la rétention du pus, ce qui fait qu'il creufe & produit des cavités difformes , & que le malade reffent quelquefois des tiraillements & des douleurs cruelles : il faut en ce cas , faire une faignée au bras , mettre le malade dans les bains chauds , & lui faire prendre , même le foir , une once de firop diacode pour détendre la peau , ik. faciliter la fortie du rc(te de la matière contenue dans les boutons. Plan de conduite dans les Petites Véroles mal traitées. Le préjucjé eft fi grand parmi le peuple , au fujet des cordiaux , dans la petite vérole , qu'on les donne fans jugement & fans intelligence à tous ceux qui font attaqués de cette maladie : auffi arrive-t-il que l'on pouffe à la peau la matière varioleufe , lorfqu'elle eft encore crue , & qu'elle n'a fubi aucune coction. Le fang , déjà trop échauffé par la vivacité de la fièvre , fe difîbut & fe préfente à la peau , fous la forme d'éruption miliaire ou pétéchiale ; ce qui eft d'un très-mauvais préfage : d'un autre côté , la partie féreufe du fang , pouflée par les cordiaux vers la peau & les urines, rend les humeurs épaiffes & vifqueufes, trouble l'effort de la nature , & l'empêche de féparer du fang la matière varioleufe , comme elle auroit pu le faire. On reconnoît que la petite vérole a été poufféc trop vite , quand on voit que la peau eft couverte de taches rouges ou noirâtres , que les boutons font petits , grisât très ou lymphatiques , quand le pouls eft petit , étouffé: en peut auffi s'en affurer, en s'informant de la manière dont on a conduit le malade, & en demandant fi l'on a fait grand feu dans fa chambre , fi on Ta chargé de couvertures le premier iour , fi on lui a fait bo're du vin & de la cannelle , ou des eaux fpiritueufes , s'il eft d'un tempérament bilieux , s'il eft dans la jeuneffe & fujec PET 15$ aux palTions vives , & fi cniin l'éruption a été fiiite avant les deuxième ou troifieme jour. 11 ne faut point balancer pour lors de rafraîchir l'air de la chambre par degrés , doter les couvertures au malade , de lui donner les lavements rafraîchiflants , de cefTer fur le champ l'ufage des cordiaux , & de lui donner pour boilTon de l'orgeat , ou même de la limonnade; de le faire fortir de fon lit, s'il peut refter debout ou allis ; d'éviter foigncufement les narcotiques , comme très-funeftes dans cette occafion , parce qu'ils diiïolvcnc le fang , & en augmentent l'acrimonie. Quand , par les remèdes que nous venons d'indiquer , ou aura calmé les principaux accidents , qu'on verra les boutons s'arrondir & s'élever, que la cii.iieur brûlante du corps fe dilfipcra , que les taches rouges qui étoient fur la peau difparoîtront, que le niouvement du fang fera plus doux & plus tranquille , en un mot , que l'éruption fe fera paifiblement , on quittera le régime rafraîchiirant, pour faire prendre au malade une tifane de fcorfonere Se de lentille : on fe conduira cnfuire, dans le relte de la maladie , comme nous l'avons dit en traitant de la curation de la petite vérole. On s'abftiendra , pendant tout le temps que l'on prc'^ crira les rafraîchiflants, de donner des bouillons épais & fucculents : on fe contentera de prefcrire de l'eau de poulet ; on paiïera enfuite à l'ufage des bouillons plus reftaurants. Il arrive quelquefois , quoique plus rarement , que les faignées multipliées , les lavements , Se la diète faite mal-à-propos , font un tort confidérabîe à l'éruption de la petite vérole , parce que , quoiqu'il faille tempérer le fang Se calmer la fièvre , il faut cependant fe donner bien-de garde de trop rafraîchir , parce que Ton ciminueroit pour lors l'effort né'.e.T..ire de la fièvre , qui ne pourroit plus porter à la peau cette matière varioleufe, qui doit y être poufTéc. On reconnoît que le malade a été trop rafraî-hioar l'examen de la conduite que l'on a tenue , par l'infpection du tempérament du malade qui efl: foibîe , lâche , efféminé ; par fon âge , fi c'eft un enfant , paf exemple j ou par fon fexe , fi c'eft une femme -, enfin p.ir la ^56 PET qualité du pouls qui eft mou & foible , 8c par le calcul que l'on fait du jour où s'clt faite l'e'ruption , qui eft, en ce cas, trop tardive, comme après le cinquième, le lîxieme ôc le feptieme jour. II faut pour lors prendre un chemin tout oppofé à celui que nous venons d'indiquer , mettre le malade dans ion lit , le bien couvrir , faire grand feu dans fa chambre , lui donner pour boiflbn une tifane faite de la manière fuivante : Prenez , Des Racines de Scabieufe , De Scorjonere , de chaque une once. De Lentilles , deux cuillerées. De Fleurs de Coquelicot , une pincée, Faites bouillir le tout lége'rement dans une pinte d'eau; laifTez-le enfuite infufer chaudement près du feu, pendant une demi-heure , en couvrant le vaifTeau exactement: on en prendra un verre toutes les heures. On prefcrira en même-temps la potion fuivante : Prenez , Des Eaux de MéliJJe ^ De Chardon-hénit , de chacune deux onces & demie. De Cannelle fpiritueufe , demionce. De Confeâion Alkermhs ^ deux gros, D'E/prit volatil de Corne-de-Cerf , trente gouttes. De Lilium de Varacelfe , demi-gros. De jlrnp d'CEillet , une once. Mêlez le tout pour une potion à prendre par cuillere'es , de demi-heure en demi-heure, jufqu'à ce que l'éruption fe faiïe. On appliquera en même temps fur les cuifTes les ve'lîcatoires , & on plongera le malade dans le bain, en tenant l'eau auffi chaude qu'il pourra la fupporter. Quand l'e'ruption commencera à paroître , on achèvera le traitement , comme nous l'avons dit ci deffus. Quand la petite vérole s'annonce par des convulfions violentes ( ce que l'on voit ordinairement dans les enfants qui ont trop fait ufage des cordiaux ) , il faudra les rafraîchir par quelques lavements, & leur donner la poudre fuivante : Prenez, PET 257 Prenez , De Craie de Briançon , deux gros. D'Antimoine diapkorétique , un gros» De Verre de terre , trente-fix grains. Mêlez le tout enfemble , pour en donner dix grains à l'enfant, d'heure en heure , en lui fail'anc prendre la potion fuivante : Prenez, D'Eau de Cerifes noires , deux onces» De Sel fédatif , demi-gros. De Sirop de Stcechas , une once , pour prendre en deux dofes , à trois heures de diftancc l'une de l'autre. Quand les enfants auront des de'voiements de matières verdâtres , accompagnés de tranche'es & de douleurs vives, on prefcrira la poudre ci-deiTus. Collyre contre l'inflammation des yeux dans la Pttite Vérole. Prenez , De la pulpe de pomme cuite devant le feu. De'layez-Ia dans un peu de lait, & ajoutez-y Une demi-pincée de Fleurs de Safran y pour appliquer chaudement fur les yeux malades ; ou , m l'on aime mieux , on fe fervira d'une de'codion d'une once de racine de guimauve dans une pinte de lait. Gargarifme contre la chaleur de la gnrge dans la Petite Vérole, Prenez , De l'Orge entier , deux pincées. Faites-le bouillir dans trois demi-feptiers d'eau commune , qne vous réduirez à une chopine ; coulez le tout , & ajoutez-y Du Sirop de Mûre , une once & demie. De Cryjlal minéral , un gros , pour un gargarifme , dont on fe fervira plufieurs fois par jour. Quand les maux de gorge feront violents , il faudra faire avaler au malade , le fixieme ou le feptieme jour de l'éruption , quelques morceaux de croûte de pain , qu'il ne fera que brifer & mâcher à demi , afin que , paflant par le canal du gofier , il puifTe faire crever les puftules. D. de Santé. T. II. R i$8 PET Remède contre le bouchement du ne^* Lorfque le malade a le nez bouché par les grains deiléchés de la petite vérole , qu'il ne peut pas refpirer librement , iorfqu'il y Cent de la douleur caufée par le gonflement , on peut appliquer deiTus un peu d'huile ou d'onguent rofat ; enfuite de quoi , quand les croiites feront ramollies , on débouchera les narines avec un cure-oreiIle. Précautions contre les imprejjions de la Petite Vérole fur le vif âge. Une attention nécelFaire , fur-tout pour les filles & les femmes , fera de prévenir le ravage que fait ordinairement la petite vérole fur le vifage , par les trous qu'elle y creufe , o:: par la difformité des cicatrices qu'elle y lailTe. AufTi-tôt que les grains de la petite vérole commenceront à blanchir , on baffinera le vifage , foir & matin , avec l'eau d'orge tiède & l'huile d'amandes douces : ce Uniment appaifera la demangeaifon , fans empêcher néannloins que les grains parviennent à un jufle degré de maturité. On pourra aulfi avoir recours à la pommade qui fuit : Prenez, D'Huile des quatre Semences froides , deux onces. ' De Blanc de Baleine bien choifi , deux gros» De Cire vierge , trois gros. Faites fondre le tout au bain-marie , & le paffez. Enfuite vous le mêlerez avec une cuiller de bois , S: vous le m.ettrez par petits morceaux très-minces dans un mortier de marbre. Battez le tout , pendant trois ou quatre heures, avec un pilon de bois , en y verfant de temps en temps , un peu d'eau de fontaine bien claire. . Ajoutez-y enfuite Quelques cuillerées d'Eau de Fleurs d'Orange. Lorfqu'il fera temps d'employer cette pommade , il faut en prendre au bout d'une plume , & frotter légèrement tous les boutons du vifage : on doit en commencer l'ufage , dès que la plus grande partie des bou  PET 159 tons ayant achevé de fuppurer , paroîtra toute blanche , ce qui arrive ordinairement à la fin du feptieme jour : cependant il n'y auroit aucun danger de s'en fervir avant la fin même de la luppuration. Ce linimcnt fe réitère plufieurs fiaispar jour, & doit être appliqué toutes les fiais que le vifage deviendra fec : on ell: pour lorsnécelTairement obligé de le renouveller , pour empêcher , autant qu'il eft polfibie , que la pellicule extérieure du bouton ne fe deiïeche , & ne fi: durcilFe trop vite* Le fi3in le plus effentiel , pour bien préparer cettd pommade , eft de la battre très-long-temps, dans la vue de bien incorporer toutes les drogues qui la compofisnt , & de la rendre très-blanche & très-légère. Elle peut fe confcrver piufieurs jours, fans fe corrompre , pourvu qu'on la tienne dans un lieu frais. Suppofé qu'elle vînt à trop s'épailfir , il faudra la battre une féconde fois dans le mortier , obfervant d'y mêler , de temps en temps , quelques gouttes d'eau ; mais fi elle devient jaune , & qu'elle contrafte quelque mauvaife odeur , on ne pourra fe difpenfer d'en faire de la nouvelle , pour en ufer ainfi que de la première. Après s'en être fervi jufqu'au huitième ou neuvième jour , on appliquera fur tout le vifage une purée de lentilles , de l'épailfeur d'un écu : on l'y laiiTera jufqu'à ce qu'elle fe deffeche , & tombe d'elle-même par écailles ; ce qui arrivera dans l'efpace de vingt-quatre heures oii de deux fois vingt-quatre heures. Cette purée fait de trèsbons effets , en ce que , fe chargeant de pus , elle fait tomber les puftules plus promptement : elle empêche aufli que la matière ne faiïe impreffion fur les chairs , ne les creufe & n'y laiffe des marques défagréables & difformes. On peut encore prendre une autre précaution qui n'eft pas moins utile que toutes celles que nous venons de prefcrire; c'eft , quand les boutons font fort gros, & quand le pus qu'ils contiennent ne peut pas fe faire jour au dehors , de les ouvrir avec des cifeaux , pour empêcher que le pus ne creufe davantage. Cette méthode cfl quelquefois fi utile , qu'elle fuffit pour appaifer les douleurs , pour diminuer la fièvre & accélérer le delTéchement. PHAGÉDÉNIQUE ; ( ulcère ) épithete qu'on Rij a5o PHI donne â des ulcères malins qui mangent & rongent les chairs voifines. Voyez Ulcères. PHIMOSIS , f. m. maladie du prépuce , qui confifte dans un rcflerrcment fi conf.dcrable , qu'il ne peut fe rcnverfer pour de'couvrir le gland ; c'eft un vice oppof« au paraphimofis. Cette maladie efl ordinairem.ent accorapagne'e de douleurs vives , de rougeur , de tumeur , de chaleur & de tous les fignes qui caraftérifent l'inflammation. Les jeunes gens , ceux qui n'ont point encore e'prouvé l'acte vc'ne'rien , qui ont des e'reftions fr(fquenîes & confidérables , font fujets au phimoiis. Cette maladie prend fa fourcc ou d'une tumeur qui s'eft forme'e à la verge , ou d'une mauvaife conformation du prépuce , qui ,efl trop e'troit : quelquefois aulfi il ert occafionné par quelques maux vénériens , qui gonflent la verge extraordinairemcnt. Le phimofis eft quelquefois i\ peu de chofe , qu'il n'exige aucune ope'ration : il ne faut fimplement qu'infinuer un peu d'huile ou de beurre pour donner à ces parties de la fouplelTe & de la flexibilité. Quand le phimofis eft produit par quelque tumeur vénérienne , on y remédie par les remèdes convenables; & , pour l'opération , l'on a recours au chirurgien, Voyei le Dictionnaire de Chirurgie à l'article Phimosis. FHLÉBOTOMIE , f. f. faignéc , ou l'art de faigner , en ouvrant la veine. Voye:^ Saignée. PHLEGMON , f. m. inflammation ou tumeur inflammatoire , arrondie , tendue , ferme , accompagnée de douleur , de rougeur , & de pulfation , caufée par une abondance de fang , arrêtée & accumulée par fluxion dans une partie , & qui occupe non-feulement hs téguments , mais aulfi les rnufcles. On reconnoît le phlegmon , lorfque la tumeur eft plus profonde , plus large , plus rouge ; extrêmement chaude & moins élevée : on fent à la circonférence des douleurs fpaftiques & lancinantes. Cette efpece d'inflammation dure plus long-temps que l'éryfipele. Cette tumeur n'efl: pas propre à tourner en pus , Se dégénère aifément en ulcère fiftuleux. Elle eft accompagnée & P H R i6i précédée foiivent de mouvement fe'briîe , de friffon , d'ardeur & de chaleur : elle liirvient ordinairement dans les parties charnues & fpongieufes. Ce qui eft trèsdigne de remarque , c'eft qu'elle a fon fiege principalement dans le bras , l'avant-bras , la jambe &la cuilî'e. Au relie , cette efpece d'inflammation fe traite par les faigne'es , les de'Iayants, les lavements, les fomentations , les cataplafmes , & ge'ne'ralement tout ce qui peut de'tendre & relâcher. Voye^ Inflammation PHLEGM0NEUS£. Voye^ le Diflionnaire de Chirurgie. PHLOGOSE,r. f. inflammation interne ou externe, ardeur & chaleur contre nature , fans tumeur : c'eft le premier degré' de l'inllammation. Cette maladie eft de très-peu de confc'quence -, & n'exige prefque point de remède : quand elle eft afï'cz confide'rable pour exciter un de'rangement dans le corps , elle fe traite comme l'inflammation. PHLYCTENES , f. f. pi. puftules ou petites veflles •|ui s'e'ievent fur la fuperf.cie de la peau , qui contiennent une fe'rofite' ou lanie fe'reufe , jaunâtre , blanchâtre ou fanguinolentc : telles font les velFies qui furviennent à la gangrené & aux briilures. C'eft ordinairement une humeur acre & cauftique qui produit ces efpeces de veiïies , comme on le voit dans l'Eryfipele , dans la Brûlure. Voyei ce qui: nous avons dit dans ces différents urticles ^ oii l'un trouve le traitement des Phlyâenes. PHRÉNÉSIE, f. f. délire continuel & furieux , accompagné de lièvre aiguë , d'inflammation du cerveau & oe fes membranes , &: d'infomnie. La phrénéfie diffère de la paiaphrénéfie , en ce que, dans celle-ci , les vailfeaux du diaphragme font enflammés , & que le délire fubfifte par la fympathie du nerf de la huitième paire. La phrénéf e eft appellée idiopathique , lorfque la fièvre & l'inflammation fe déclarent en même temps ; c'eft i'efpece la plus rare : en la nomme fymptomatique y quand elle vient à la fuite de quelque tievre aiguë ou maligne. On reconnoît la phrénéfie commençante aux infomnies continuelles , à un fommeil inquiet dz troublé par R iij agi P H R des idées phantafliques , àes douleurs aiguës & conrtantes au fommet & derrière la tête , une grande chaleur fans foif , une refpiration grande & profonde , un pouls petit & lent , quelquefois vif & fréquent ; une fuppreffion d'urine , un oubli de tout ce qu'on a fait & dit auparavant, Les fignes de la phre'ne'flc décidée font les fuivants. Les veines de la tête fe gonflent , & on fent un battement confidérable aux temples & au cou : les yeux deviennent brillants & furieux ; tout ce que le malade dit eft dépourvu de raifon : il veut s'élancer avec violence fur ceux qui font à côté de lui ; ce qui revient par accès : la langue cft fechc , âpre , jaunâtre & noire ; les extrémités font froides : le malade cfl: prêt à fe mettre en colère à chaque inftant : il grince les dents : fon urine eft claire & limpide ; & il tâche , avec fes mains trem'jLntes , de ramaiïer autour de lui tout ce qu'il trouve : au refte , le malade eft , dans ces moments , d'une force , & d*une violence inexprimable \ il change, à tout moment , de pofture dans fon lit ; & fa tête eft dans une agitation continuelle. Ce font ordinairement les hommes d'un tempérament colérique , ceux qui font prompts à fe mettre en colère , qui éprouvent les effets de cette violente maladie. Ceux qui vivent d'aliments chauds & de boiffons échauffantes , qui font expofés aux ardeurs du foleil , aux veilles continuelles , qui font tourmentés de violents maux de tête , & qui , depuis quelque temps , n'ont point reffenti les hémorrhagies auxquelles ils font fujets , qui ont reçu quelque coup violent , ou fait quelques chûtes confidén.bîes fur la tête , qui ont négligé les faignées auxquelles ils font accoutumés , font les plus fujets à cette maladie : la fuppreffion à^s règles ou des hémorrhoïdes produit auili le même effet. Quand la phrénéfie eft fymptomatique , elle furvient dans les fièvres aiguës , fur-tout lorfqu'ellesfont traitées par des faignées mal placées , par des remèdes & un régime échauffant , ou enfin quand on fupprime de^ fueurs utiles, La caufe prochaine de la phrénéfie eft l'irritation excitée dans les membranes du cerveau par l'eno^orgeîTient du lang , ou par une matière acre & mordicante. I Les caufcs éloignées font le trop grande ufage du vin , les veilles excejfives , une expofî.tion au foleil de trop longue dure'e, Tincondance naturelle de refprit,la colère , & la foibleire du cerveau , caufe'e par l'e'tude & la jcuneflè ; les paffions vives de l'ame , comme l'amour , la haine , la fupprelHon du flux menftruel de he'morrhoïdal , auin-hien que celle des vuidanges dans les femmes en couche , les blcffures , les contufions à la tête , les faigne'es habituelles ne'glige'es , ou les faigne'es mal faites , & un re'gime échauffant dans les fièvres malignes , qui pouffe vers la tête une matière acre & bilieuie , qui caufe un très-grand ravage dans le cerveau. On a donc raifon de divifer la phre'ne'iîe en idiopathique , & fymptoniatique ; l'une & l'autre font véritablement accompagnées d'une fièvre aiguë , mais avec cette différence que la fièvre précède la féconde , au lieu qu'elle accompagne la première. L'idiopathique eft fort rare dans les climats tempérés ; & la fymptomatique y eft fort commune. Comme l'inflammation des membranes du cerveau eft la caufe des fymptomes fâcheux & funeftes qui accompagnent la phrcnéfie , le principal foin du médecin doit être d'employer les préfervatifs néceffaires pour la prévenir , & de la guérir , lorfqu'elle eft arrivée. La faignée eft le remède qui a le plus d'efficacité , qu'on répète au bras , au pied & à la jugulaire , fouvent & promptement, jufqu'à ce qu'on ait épuifé le malade , & qu'on lui ait ôté une partie de fes forces. On lui fera boire enfuite la limonnade en abondance , le petit-lait , ou une tifane faite avec l'ofeille ou l'alleluia , dans laquelle on verfera vingt gouttes d'efprit de vitriol. On peut faire auffi une boiffon avec une décoction d'orge , dans laquelle on ajoutera la moitié d'un citron exprimé, Oa plongera enfuite le malade dans les bains froids , pendant deux heures chaque fois , deux ou trois fois par jour , & on lui fera prendra la poudre fuivante : Prenez, D'Yeux d'EcrevijJes , deux gros. De Poudre de Guttete , un gros. De l'Utre purifié , deux gros. De Cinabre ncturd f demi-gros, R iv a64 , . P H R Reduifcz le tout en une poudre très-fine, pour en prendre vingt grains , toutes les demi-heures. On fera boire , en mtme temps , au malade l'emulfion fui van te : Prenez, 2?f.T quatre Semences froides majeures^ une demi-once. Des Amandes douces , pelées dans Veau chaude , une demi douTaine, Pilez le tout dans un mortier de pierre ou de marbre , en verfant deiïiis peu-à-pcu une pinre de décoc* tion d'orgs monde'. PalFez enfuite par un linge , & ajoutez De S el fédatif y un gros» De Sirop de Nénuphar , une once. On donnera un verre de cette boiflbn , toutes les trois heures , au malade. A l'extérieur, on appliquera fur la tête, au front, à la ruqie & aux temples, des comprefTes trempe'es dans Tefprit-de-vin camphré; ou l'on fera ufage , à chaque inftant , de ferviettes trempées dans de l'eau trèsfroide , dont on lui couvrira la tête, & que Ton renouvellera à tout moment. On fera des fridions fur les pieds & les jambes; on y appliquera les véficatoires , ou le cataplafme fuivant : Prenez, De E.acines de Pyretre , De Poivre long ^ de chaque demi-once. De Houblon , De Rhue , de chaque une poignée» De Goujfes d'Ail, De Crejfcn, de chaque une once» De Graine de Moutarde , De Fiente de Pigeon , De Levain y de chaque demi-once» Battez le tout dans un mortier , en verfant une fuffifante quantité de vinaigre , jufqu'à ce qu'il foit imbibé & réduit en malle liquide. Vous ôterez pour lors les racines, & appliquerez le refte chaudement fur les jambes & les pieds. On fera ufage , en mc'me temps , des fang-fues appliquées aux hémorrhoiVe.s ; & on renouvellera la faignée au pied, ou à la gorge, félon le befoin. P H R 16^ On aura , en même temps , l'attention de ne point tenir les malades dans leur lit , de ne point fermer leurs rideaux , ni les charger de couvertures : il faudra , au contraire, leur procurer un air frais & renouvelle. La chambre du malade doit être plutôt claire qu'o'ofcure , afin qu'il puifle reconnoître les objets auxquels il eft accoutume'. Il eft à propos qu'il ait auprès de lui quelqu'un de {es plus intimes amis , qui le reprenne pour les fautes qu'il fait , afin qu'il craigne de les commettre une autre fois. On ne doit point laifTer entrer dms fon appartement aucun domeftique , ni aucune perfonne dont la vue puiiïe lui caufer du chagrin , ou le mettre en colère , parce que cela elt capable de l'irriter , & de lui de'ranger encore plus l'efprit. On ne doit pas non plus recevoir un trop grand nombre de perfonnes dans fa chambre , parce que les grandes affemblées ne font propres qu'à caufer du tumulte , & à rendre l'air plus épais. Ceux qui ont foin de l'aififter , doivent lui tenir les membres fans aucune violence , & les frotter Ic'ge'rement , fur-tout ceux des extrémités inférieures ; & , lorfqu'il tombe dans des convulfions , il eft à propos de le lier ; car cela attire la matière vers les parties inférieures , & appaife les mouvements convulfifs. Suppofé que les phrénétiques ne veuillent point fc laifl'er faigner , comme il arrive très-fouvent , il n'y a qu'à leur enfoncer avec violence, & dans le temps qu'ils y penfent le moins , une plume ou une paille dans le nez : par ce moyen , on fait couler le fang en abondance ; ce qui foulage beaucoup. Il faut prendre garde , au refte, en les faignant à la gorge , de porter la lancette de travers , fur-tout lorfqu'ils font très-furieux ; ce qui eft fort ordinaire. La phrénéfie fymptomatique ne fe traite point par les mêmes remèdes que celle-ci : elle furvient prefque toujours à la fuite de quelque fièvre aiguë , çomm^ les fièvres putrides , malignes , & autres de ceite efpece. Comme cette efpece de phrénéfie ne vient point , dans ces fortes de cas , de l'engorgement du fang dans le cerveau , mais d'une matière acre , bilieufe , qui eft portée par les voies de la circulation , on n'y remédie nullement ft66 P H R ^ par la faignée , qui ne fert, au contraire , qu'à attirer plus fortement la matière bilieufe vers le cerveau , & qui aug-. mente , par confe'quent , l'irritation & la maladie. Il vaut mieux employer les lavements &: la boiflbn purgative qui fuit : Prenez , De cajfe en hâton , quatre onces. Faites-les bouillir dans trois demi-feptiers d'eau, pour réduire à chopine. Ajoutez-y De Sel de Glauher , deux gros, Paflcz le tout , & faites-y fondre Deux grains de Ta'-trejîibie' , pour en donner un verre au malade , de deux heures en deux heures. On lui donnera , le foir de cette purga{ion , le julep qui fuit : Prenez , D'Eau de Nénuphar , quatre onces. De Liqueur minérale anodine d'Hoffmann » vingt goutte P H T 167 prenez , De Tartre vitriolé , De Nitre purifié , de chaque trois gros. De Cinabre natif préparé , deux fcrupules. Faites-en une poudre très-fine, dont on donnera au malade vingt grains , toutes les (juatre heures. On re'itérera , de deux ou trois jours l'un , la boifTon purgative que nous avons décrite ci-dclFus , avec la cafîe & remet ique. Si , malgré tous ces remèdes , la phrénéfie réfiftoit , on feroitdes fri£tions fur les pieds & fur les jambes: on feroit ufage du cataplafme que nous avons décrit dans la Phrénéfie idiopathique. On appliquera les fang-fues à l'anus , & les veTicatoires aux cuifîes ou aux jambes, Comme cette efpece de phrénéfie accompagne toujours une fièvre aiguë , de quelqu'efpece qu'elle foit , on aura grand foin d'aflbrtir les remèdes de Tune avec ceux de l'autre. Ce font ordinairement des lavements , les purgations répétées , les émétiques , les bains & fomentations, qui réufTifTent dans cette maladie. On doit cependant remarquer , au fujet des véfica^^ires, qu'il faut bien fe donner de garde de les appliquer dans la phrénéfie , quand il y a fécherefle à la langue , un pouls vif & dur , que les yeux font rouges & enflammés : il vaut mieux , en ce cas , employer les lavements , les bains , les boilTons , les applications extérieures , émollientes & adouciffantes , que de faire uface d'un remède auffi irritant que les véficatoires. Pour empêcher l'a^lion des véficatoires fur la vefTic , il fera bon de les faupoudrer avec quelques grains de camphre. PHTHTRIASIS , f. m. maladie pédiculaire , dans laquelle il s'engendre une grande quantité de poux. Vriye7 PÉdiculairk. {maladie^ PHTHISIE , f. f. efpece de maigreur & de confomption du corps. En ce fens , ce terme convient avec i'atrophie , 1? chartre , l'heftifie & le marafmc. De la Ththifie pulmonaire. Nous entendrons cependant ici , en particulier , par Phrhifie , un amaigrifTement , ou une confomption colliquative de tout le corps , caufé par un ulcère ou par a68 P H T àes tubercules ulce're's dans le poumon , accompagné d'une fièvre lente qui redouble le foir & après le repas, d'une fueur notlurne , principalement à la poitrine , d'une le'gerç di.Ticulte' de refpirer , d'une toux qui augmente le foir Se le matin, vers la pointe du jour,& dans laquelle on rend des crachats , d'abord fanguinolenrs j.enfuite purulents. On diflingue la phrifie par le degré , quand l'uIcere eil formé , ou quand il efl: près de fe former. On diflingue la pluifie de la fièvre heftique du basventre ou de la noueure , en ce que la noueure e(l toujours accompagnée de fièvre: la phthifie eft quelquefois fans fièvre, au moins fenfible. Quand on tire une rcfpiration profonde , on fent une douleur & une oppreflion a la poitrine ; ce qui n'arrive pas dans la noueure. De plus , la phthifie arrive depuis vingt-cinq jufqu'à trente ans • & la noueure fe déclare dans l'enfance. La phthifie diffère de la vomique des poumons , en ce que i'un eit un ulcère , & celle-ci un abcès. L'uIcere de la phthifie fe fiùt dans les parties humides, mollalTes & blanches .-l'abcès vient, au contraire,dansles parties charnues. La vomique parcourt ordinairement fcs temps avec beaucoup plus de vîtcfîè que la phthifie ; & , quoique ces deux afFe extraordinaire , une difpofuion à la colère , à la triftefTc. Quand le malade î"e couche fur un côte , il toullc davantage que quand il eft fur l'autre. La fièvre fe déclare; l'urine commence à rougir : il furvient des veilles , de la chaleur dans les extrémite's ; & enfin les parties" charnues fe deflechent & tombent en confomption. Infenfiblement il furvient une fièvre heâicue , accompagne'e de douleur à la poitrine , & de redoublement ; la toux devient plus fréquente ; la peau commence à devenir humide. Il furvient des aphthes à la bouche : les crachats deviennent épais Se viiqueux , les urines plus rouges , ramaigriflèment plus confidérable. Le malade crache du fang : quelquefois le corps tombe dans une maigreur confidérable ; ce qui démontre que la phthifie eft bien confirmée. Enfin la fièvre devient aiguë , la peau extrêmement feche : les fueurs font très-abondantes , le dévoiemcnt violent , & les matières , qui forcent par cette voie , font d'une fétidité infupportabîe : les crachats font purulents. Se exhalent une odeur très-puante ; les urines font écumeufes , & reftent long-temps dans cet état. Le malade eft dans àts foiblelïes continuelles : les cheveux lui tombent par poignées -, tout fon corps eft comme un fquelette : ks 3'eux fe creufent & fe retirent ; fes ongles deviennent crochus -, & bientôt après il périr. Les perfonnes , qui font le plus expofées à cette maladie , font les hcrames pléthoriques, fains , colériques, qui font accoutumés à des hémorrhagies fréquentes , à de violents maux de tète , qui crachent fouvent du fang. Les femmes en font plus fouvent attaquées que les hommes. Les vieillards tombent difficilement en phthifie, ainfi que les enfants. C'eft la maladie des jeunes gens , depuis vin^c jufqu'à trente-cinq ans : ceux qui ont la poitrine étroite & plate , les épaules élevées en ailes de chauve-fouris, font: ordinairement viflimes de cette maladie. La caufe immédiate de la phthifie pulmonaire eft l'ulcère des poumons , qui vient de la congeftion du fang & de la lymphe dans les vaiifeaux de ce vifcere : ainfi l'abondance ou répaiirifièment du fang , un amas confidérable de matière pituireufe Se glaireufe , un air humide Se chaud , des levains acides , des vapeurs vi  Vjo P H T trioliques répandues dans l'air , les aliments & Us boiffons échauffantes , les veilles & les exercices continuels , la fuppreffion des hémorrlioïdes ou des règles ; les paflions de l'ame , comme la tridelFe , la crainte ^ la haine & la jaloufie ; un coup ou une chute violente , faite à la poitrine , une toux trop forte , une gale rentrée , ou des ulcères malins répercutés ; l'ufage des boiflbns à la glace , quand le corps eft en fueur : quand , après des plcuréfies , des péripneumonies , des vomiques , des écrouejles , des petites véroles , des rougeoles , la ma» tiere fe porte aux poumons , la phthifie s'enfuit. L'abus que l'on peut faire de l'exercice vénérien , le mauvais traitement des fièvres que l'on a arrêtées , ik. enfin h difpofition héréditaire du fujet , font les caufes de la phthifie les plus communes. Comme nous avons diftingué deux fortes de pulmonies , l'une feche, & l'autre humide , iious diftinguerons aulfi deux efpeces de traitements. La phthifie feche fe reconnoît au tempérament du malade, qui eft fec & bilieux, qui eft jeune, vif & impétueux ,• qui eft accoutumé aux exercices violents,» l'ufage des liqueurs fpiritueufes , aux aliments échauffants , aux pallions de l'ame les plus vives & les plus tumultueufes , & qui , avant d'être attaqué de la phthifie , étoit maigre & fec , d'une taille déliée & effilée , & ayant la poitrine étroite & le cou long. Si , par les fignes que nous avons dit ci-deffus , la phthifie eft commençante , on pourra faire une faignée au bras , & mettre le malade à l'ufage de la tifane fui vante : Prenez , De la Racine de Guimauve tavée , une demi-' once. De la Graine de Lin , Des Fleurs de TuJJilage , De Mauve , de chaque une pincée* De la PJgliffe , deux gros. Verfezfurle tout une pinte d'eau bouillante ; &, après ïme demi-heure d'infufion , pafîéz la liqueur, pour en prendre un verre toutes les heures , pour boiïïbn ordinaire , pendant tout le traitement de la maladie. On lui fera prendre en même temps l*émuIfion fui vante : P H T 271 Prenez , Des quatre Semences froides majeures , un gros & demi. Dou^e Amandes douces , pelées dans l'eau chaude. Pilez le .tout dans un mortier de marbre , en verfant doucement deflus un demi-feptier d'infufion d'une pincée de fleurs de bouillon-blanc. PafTez la liqueur. Ajoutez-y Une once de Sirop de Violette , pour prendre , le matin à jeun , & le foir en fe couchant. Au bout de huit jours de l'ufage de cette boiflbn 8c de cette éniulfion , on purgera le malade avec deux onces de manne , & une once de • firop de pomme compofe' , pour prendre en un verre. On palFera enfuite à l'ufage du bouillon qui fuit: Prenez , Un Mou de Veau. Des Feuilles de Pulmonaire hachées , De Choux rouges , de chaque deux poignées. Des Feuilles de Bourrache ^ De Buglofe , de chaque une poignée. De Chicorée blanche frifée , une demi-poignée. Faites bouillir le tout dans trois pintes d'eau , pour réduire à quatre bouillons: paflèz la liqueur, & partagez-la en quatre dofes à prendre en deux jours , une le matin à jeun, & l'autre furies cinq heures du foir, en continuant pendant quinze jours. Le malade prendra en même temps un lavement, de deux jours l'un , & , fi la toUx cft confide'rable , il l'hunie£l:era avec la potion fuivante , par cuillerées : Prenez , D'Huile d'Amandes douces , deux onces. De Blanc de Baleine , que l'on fera dijjbudrs dans P Huile , un gros. De firop de Guimauve , une once , pour prendre par cuillere'es ; Ou le looch qui fuit ; Prenez , De Foudre de Réglijfe , demi-eros, Verfez deflus aya P H T D^Eait commune bouillante « quatre onees. Laiiïez-Ia infufer pendant un quart d'heure : pilez enfuite dans un mortier douze amandes douces pele'es , & verfcz deluis , par degre's , rinfufion de re'glifle , pour en faire une émulfion. Ajoutez alors De Gomme Adragant en poudre très-fine , dix-huit grains. De Sirop Diacode , De Guimauve , de chaque demi^ once. D'Huile d'Amendes douces , une once. D'Eau de Fleurs d'Orange , deux gros. Méîez le tout pour un looch que l'on pren.^ra par cuillere'es , comme la potion ci-defîus. Le malade pourra , en même temps , mettre dans fa bouche, plufieurs fois dans la journe'e , de la pâte de guimauve, ou du jus de re'glifTe. On le mettra à l'ufage des crèmes de riz , de gruau , de la femoule. Il ne boira point de vin , mangera peu de viande à dîner , comme poulet , mouton & bœuf. Le foir , il ne vivra que de loupe : le matin, il pourra prendre une tafTe de chocolat fans vanille. Il e'virera les liqueurs fpiritueufes & échauffantes , comme le ratafia &: le café. Il prendra de la diflipation le plus qu'il pourra : il recommencera fes bouillons au mou de veau , pendant quinze jours ; Se il finira par fe mettre au lait de vac' e , s'il peut le fupporter. Quand la phthifie feche efl: confirmée , on fera ufage à peu près des mêmes remèdes que ci-delfus ; on pourra de plus donner au malade les bols fuivants : Prenez , De Beurre de Cacao , deux gros. D'Yeux d^Ecreviffes , un gros. De Fleurs de TuJJllage ^fechées S' pulvérifées ^ un demi-gros. De Blanc de Baleine , un gros. Faites-en des bols du poids de douze grains , avec une fuffifante quantité de firop de guimauve. Le ma-» lade en prendra un, le matin en fe levant, & l'autre fur les fix heures du foir. Si le dévoiemeiit fe déclare avec force , & qu'il épuife le malade , on lui fera prendre un tifane faire avec deux cuillerées de riz , un gros de raclure P H T a73 taclure de corne-de-cerf, & une demi-once de racine de grande conlbude , bouillie dans cinq demi-feptiers d'eau , pour réduire à pinte. Le malade prendra trois ou quatre verres de cette boiiron par jour. Quand la fièvre eft extrêmement forte , qu'elle defleche ëc mine le corps , il faut faire prendre au malade des lavements d'eau de rivière , des boiflons abondantes & la potion fuivante : Vtenez, D'Eau de Scahieufe, De Cerfeuil , de chaque quatre onces» De Tartre vitriolé^ D'Yeux d'EcreviJfes , de chaque demi-once. De Nitre purifié , un demi-gros. Mêlez le tout enfemble pour une potion : agitez bien la bouteille , toutes les fois que vous voudrez vous en fcrvir ; & prenez-en une cuillere'e , toutes les demiheures. Si , maigre' ces remèdes , la fièvre fubfifte encore , on fera prendre au malade , le matin à jeun , deux onces & demie de manne ; après quoi , on recommencera la potion ci-dcfTus. Quand la foiblelfe eft confidérable , & que les accidents augmentent avec violence , on prefcrira le bouillon fuivant : Prenez, Un vieux Coq. Après l'avoir nettoyé & vuidé de fes entrailles , farcilTez-Ie d'orge mondé, de riz ou de gruau. Huit Ecrevijfes de Rivière , lavées & concajfées. Dow^e Limaçons , bien lavés & dégorgés dans Veau chaude. Faites cuire le tout, pendant trois ou quatre heures , dans quatre pintes d'eau ; paffez la liqueur : la dofe eft d'un bouillon , le matin fur les neuf heures , & d'un autre fur les fix heures du foir ; ce que l'on continuera pendant huit jours. Si la fuppuration eft abondante , & que les crachats viennent avec force , on prefcrira au malade le bouillon fuivant , après qu'on aura fut précéder tous les remèdes que nous avons indiqués ci-defTus. Prenez , Vingt Ecrevijfes de Rivière ^ bien layéis & conca\fées. D. de Santé. T. II» S a74 . ï* " "^ Des Feuilles de Sanicle , de Bugle ^d: Lierre terrejlre , de chaque une poignée. Faites infufer le tout dans trois chopines d'eau réduites à pinte ; la dofe elt d'un petit bouillon , trois fois par jour , en prenant auparavant hs pilules qui fui vent : . Prenez , Des Feuilles fécke'es&pilées de Mille-Ftuilles, De Sanicle , de chaque demigros. De Safran de . Mars aftringent , quarante grains. De Baume de Canada , trente gouttes. Mêlez le tout avec fuftifante quantité' de firop balfamique de Tolu , pour en faire des pilules du poids de fix grains. Le malade en prendra un avant chaque bouillon. Si l'on aime mieux , on aura recours au mélange fuivant : Prenez , De Baume du Pérou , un fcrupule. De Gomme de Genièvre , De Âiafliches ckoijïes , réduites en poudre très- fine , de chaque un gros, r D* Amandes douces pelées , trente. Pilez-les dans un mortier , en ajoutant peu-à-peu De l'Eau de Bouillon-blanc. Mêlez le tout enfemble avec une fuffifante quantité de fucre candi , pour lui donner un goût agréable. La dofe ell d'une cuillere'e toutes les deux heures. Cette efpece d'émulfion eft pre'férable au bouillon & aux bols ci-deiTus , à moins que le crachement du pus ne foit extrêmement violent , & qu'il foit accompagné de fan g. Si l'infomnie efc confidérable , on y remédiera , en prefcrivant , le foir , fix gros de firop diacode , ou , ce qui vaut encore mieux , quatre grains de pilules de cyiiogloflTe. Il faut cependant faire attention de ne point habituer les pulmoniques à ces fortes de remèdes , parce qu'ils fuppriment les crachats & toutes hs autres évacuations , à l'exception de la fueur , & qu'ils peuvent , par conféquent , augraeater les étouffements Se P H T 175 les antres accidents. On doit avoir la même attention , au fujet des pilules & du bouillon ci-deiiiis , qui ne doi- , •vent fe donner qu'avec circonfpe6lion. Au refte , comme le mal eft extrêmement grave dans cet e'tat , on doit obferver un re'gime des plus exa6ls , comme nous l'avons prefcrit ci-dellus ; faire très-peu d'exercice , calmer fes paiPions , ne point s'expofer à des veilles tbrce'es, ni à des travaux pe'nibles , & tâcher de fe donner de la difllpation , le plus qu'il e(t poifible. Le dernier e'tat de la phthifie feche eft: le marafme. Le de'voiement & les lueurs colliquatives , qui accompagnent cet e'tat , font fi confide'rables , qu'il ell prefqu'impolfible d'y porter remède. Au refte , on doit fuivre le traitement que nous avons tracé ci-delTus. La phthifie humide fe reconnoît au tempérament gras & pituiteux du malade , à la lenteur de fon pouls 6c de fes adions , à l'ufage immodéré qu'il a fait des boidbns aquéufes & relâchantes , des lavements ; à l'air qu'il a refpiré toute fa vie , qui étoit froid & humide -, à la couleur blanche & à la molleîTe de fa peau , aux fucurs auxquelles il eft habitué , au défaut d'exercice & au repos , aux palïïons de l'ame , comme la trifte^fe & la mélancolie , aux aliments , & à la diète humedante à laquelle il eft habitué. Quoiqu'en général la phthifie pulmonaire ne foit produite que par les tubercules du poumon , cependant la féchereiïe ou la mollelle des fibres peut contribuer a. ces fortes d'obftru£cions. Toutes les fois que les fibres feront relâchées , & qu'il y aura un amas confidérable de pituite ou de glaires qui s'cpaifTiront dans les poumons , il s'y formera des obftruftions , & bientôt après la phthifie. Cette efpece de phthifie eft la plus commune \ & , quand on la traite de la mùne manière que la précédente , on fait périr infailliblement le malade. Il faut donc prendre une route toute oppofée ; &, comme il eft vraifemblable que , d'un côté, c'eft le relâchement des fibres , de l'autre l'épaiftiTement de la lymphe , qui font la caufe de cette efpece de pulmoiiie , il faut laver & fondre , abforber & détruire toutes les matières qui peuvent donner à la lymphe plus d'cpailfifrement. Comme on voit , dans cette efpece de pulmonie. ayô P H T les huileux , les relâchants , les adouciflants ne conviennent nullement : e'tant très-probable que c'efl: une matière aigre & acide qui fixe la lymphe dans le poumon , il faut avoir recours aux abforbants, aux apéritifs , aux ilomachiques, pour venir à bout de cette maladie. On commencera par faire prendre au malade la tifane fuivante : Prenez , Des Fleurs & Sommités bien nettes & récentes De Bétoine , De Mille-Pertuis , De Bouillon-blanc , De Véronique mâle , de chaque une demipincée. Mettez le tout infufer dans une pinte d'eau chaude , l'efpace d'une demi-heure , dans un vaifleau bien fermé. Ajoutez-y enfuite Du miel de Narhonne , une once & demie. On fe fer vira , avec fuccès , de cet hydromel , en en buvant cinq ou fix verres par jour , & en prenant là poudre fuivanre. Prenez , De MagnéJIe blanche , deux gros. D'Arcanum-duplicatum, un gros. Mêlez le tout enfemble , pour en faire une poudre dont le malade prendra vingt-quatre grains , trois fois par jour , à trois heures de diftance l'une de l'autre. Il continuera cette poudre & la tifane pendant huit jours ; après quoi , on lui fera prendre deux onces de manne , & une once de fîrop de pomme , en un verre. Il recommencera enfuite fa tifane , comme ci-defliis , en prenant l'opiat qui fuit : Prenez, D'Extrait de Fumeterre , D'Enula - Campana , de chaque demi-once. De Pilules balfamiques de Morton , deux gros. D'Yeux d'EcreviJfes préparées , trois gros. De Mercure doux , un gros. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop d'abfinthe , pour prendre le matin à jeun , & le foir en fe couchant , à la dofe d'un demi-gros dans du pain à chanter; ou i fi on l'aime mieux , on aura recours à l'opiat qui fuit : P H T a77 Prenez , De la Racine récente de Chardon à foulon , une once, Pilez-la , après l'avoir hvée. De Magnifie blanche , deux gros. De Fleurs de Soufre , un gros, D'j^tiaps minéral ^ De Safran de Mars apéritif , de chaque deux gros. Incorporez le tout: avec fuffifante quantité' de miel de Narbonne , pour former un opiat à prendre , deux fois le jour , à la dofe d'un gros & demi dans du pain à chanter , en buvant par delRis un verre de la tifane dont nous venons de donner la defcription. Au milieu 6c à la fin de cet opiat , on aura foin de purger le malade, pour empêcher qne les abforbants , dont on y fait grand ufage , ne fallcnt dans l'eftomac un poids confide'rable, & ne bouchent les vaiiïeaux laclcs. Quand le malade aura pris tout ce que nous venons d'indiquer , on le mettra à l'ufage de l'eau de chaux , d'e'cailles d'huîtres , toute pure , dont il prendra , tous les jours , cinq ou fix verres , en recommençant l'ufage de Topiat ci-defllis. Il prendra, en même temps , pour boilfon ordinaire , une infufion légère de véronique ou de petit chêne. 11 aura grand foin de faire beaucoup d'exercice , d'aller en carroffe & de monter à cheval ; ce qui eft quelquefois préférable à tous les remèdes du monde. Sidenham dit avoir ^uéri plufieurs malades attaqués de pulmonie , par le ftul exercice du cheval. Les fecoufîes réitérées que l'on donne au poumon , jointes à l'aie frais qu'on reijjire, chaflent de la poitrine la matière purulente , donnent plus d'adivité aux remèdes , broient & divifent les liqueurs , & la lymphe épaiiïie dans la texture molle & flafque àes poumons ; ce qui produit quelquefois la réfolution des tubercules , & la guerifon. Tout le traitement que nous venons d'indiquer , convient dans la phthifie humide , commençante & confirmée ; mais elle devient inutile dans le marafme , où les remèdes les mieux indiqués font fans fuccès. Il ne faut fonger, dans ce dernier inftant, qu'à établir un traitement palliatif, c'eft-à-dire, à remédier aux fympS ii} ayS P H T tomes les plus urgents , comme les devoiements , les fueurs & les foihle'res continuelles. Dans le dévoiement , on fera prendre au malade la tifane lui van te : Prenez , De Riz mondé ^ une demi-cuillerée» Une Té'^e de Pavnt , coupé* en quatre. Des Raclures de Corne-de-Cerj' un demi-gros. Faites bouillir le tout dans trois demi-fepcicrs d'eau pour re'duire à chopine. Pafïez la liqueur, pour en donner au malade quatre verres par jour, de trois ,heures en troi": heures. Quand les foibleiïes font confîdifrables , & que la vie du malade eft en danger , on peut faire ufage de la potion fuivante : Prenez, DŒau de Scahieufe , De Chardon-^hénit , de chaque deux onces. De Meliffe (impie ^ une once. De Fleurs d'Orange , demi-once. De Confeâion Alkermes , deux gros. De Lilium de Paracel/e, trente gouttes. De Jirop d'Œillet , une once. Mêlez le tout pour une potion à prendre par cuillere'es. Si les fueurs font fi fortes , qu'on ait lieu d'appréhender que le malade ne pe'rillè de foibleffe, on le tiendra le moins chaudement qu'il eft poflible \ & on lui fera prendre le bouillon fuivant : Prenez, Un poulet maigre , que vous ferez bouillir a.vec une douzaine de limaçons dégorgés. Des quatre Semences froides majeures , deux onces. Faites bouillir le tout dans trois pintes d'eau , pour réduire à deux, Paflèz le tout , pour partager en quatre bouillons , dont le malade prendra deux par jour , à cinq heures de diftance l'un de l'autre. On pourra faire ufage aufli de la compofition fuivante : Prenez , De Cnrifeâinn d'Hyacinthe , demi-gros. De Nitre purifié , quinze grains, Ds Laudanum , demi-^grain. P H T a79 Partagez le tout pour deux prifes , à trois heures ds diftance l'une de l'autre. Dans le crachement de lang confidcrable , on prefcrira le bouillon fuivant : Prenez, La moitié d'un Mou de Vcau^ Une cuillerée de Ri{j De la Racine de grande Confoude ratijfée , une once. De Feuilles d'Ortic-Griéche , De Plantain , de chaque une demipoignée. Faites bouillir le tout dans trois chopines d'eau, que vous réduirez à deux bouillons que vous paflerez, & dont vous prendrez, l'un le matin à jeun, 6î l'autre fur îes cinq heures du foir. Cure palliative de la Vhthifie, Nous avons donne' jufqu'ici le traitement médicinal de la phthifie pulmonaire : nous allons à preTent dire ce tju'il faut (aire pour empêcher les progrès des fymptomes les plus graves , quand le mal n'a point de remède. Quand les phthifiques ftntent , par exemple , une chaleur violente , qui les confume , & qui augmente la fièvre & tous les autres fymptomes, on peut leur faire faire ufage des bouillons au mou de veau , aux écreviiïes , aux limaçons, aux grenouilles, que nous avons indique's ci-deiîiis. Le lait d'ânelfe eft pareillement utile en pareil cas, quand il peut bien fe dige'rer. Les émulfions des quatre femences froides , de pavot blanc , les décocHons d'orge , les poudres abforbante;s fatisfont à la même indication. Quand la féchercfle eft confidérable , & que le malade ftnt des mouvements convulfifs ou des fpafmes , on lui fera faire ufage des bains d'eau douce tiède , méle'c avec un tiers de lait \ & on lui fera prendre la poudre tempérante de Stahl , à la dofe d'un demi-gros , trois fois par jour, Lorfque les poumons font affeâés d'un ulcère calleux & invéte'ré , & que l'expedoration journalière des crachats purulents épuife le malade , il faut employer les infufions de lierre rampant, de coftus , de cerfeuil, S iv a8o P H T de véronique , de fcabieiife , de tufTiIage & de pulmonaire. Une de'coclion de raifin fec eft aulfi fort utile , en ajoutant dans chaque verre deux gros de fucre rofat. Nous avons donné , dans les traitements particuliers; de la phthifie feche & humide , les remèdes palliatifs , qui conviennent dans ces différentes circonflances, .P^oye^ les articles ci dejfus. Méthode préfervative. Voyons à préfent ce qu'il faut faire pour préferver de la phthifie ceux qui pourroient en être menacés. La mérhodc préfervative confifte à garantir de la phthifie ceux qui y font difpofés par la nature , l'âge , l'habitude ou le mauvais régime, en détruifant de bonne heure les caufes qui peuvent la produire. Nous avons déjà fait voir que les perfonnes d'un tempérament fanguin & colérique , d'une corpulence fluette ou fort replette , hautes en couleur , font fujettes, depuis l'âge de dix-huit ans jufqu'à celui de trente-cinq, à un crachement de pus , accompagné d'une toux violente , &: d'une difficulté de refpircr ; ce qui eft produit par un crachement de fang qui revient encore (brt fouvent : pour lors la principale attention du médecin doit être d'arrêter ce crachement de fang , ou du moins , de le diminuer fi fort , qu'il ne puifTe plus dégénérer en phthifie. La faignée eft le remède le plus sûr & le plus efficace qu'on puiflé employer pour arrêter ces efpeces de crachements de fang. Il faut , en outre, que ces fortes de malades foient en garde contre les palfions , qu'ils s'abftiennent de tout exercice violent, de l'ufage des liqueurs fpiritueufes , & de tout ce qui peut enflammer le fang. Comme le crachement de fang augmente , quand ,on le traite mal-à-propos avec de forts aftrincrents , il faut s'abftenir de tous ces remèdes , comme d'un poi-^ fon : il vaut mieux , dans un pareil cas , ufcr de lait 8c d'eau , pour boiffon ordinaire , de légers laxatifs préparés, la manne & le féné,des poudres propres à calmer la fermentation du fang , comme les coquillages , la nacre de perle , les yeux d'écrevifles & le nitre. Le remède le plus efficace pour prévenir la phthifie , eft un régime convenable. Si les forces du malade le P H T aSr permettent , il doit entreprendre un voyage de long cours , & pafTer d'un air denfe dans un autre moins épais ; car rien n'eft plus falutaire qu'un pareil changement d'athmofphere. Il convient que ceux qui tombent malades en Italie , par exemple , voyagent en France ou en Angleterre ; & , fuppofé que quelques circonftances les empêchent de marcher , ou de monter à cheval , il faut qu'ils fc faiïent porter en litière. Ils doivent aulTi renoncer à toutes fortes d'affaires Se à tout ce qui peut les inquie'ter , fe livrer au fommeil , autant qu'ils pourront, fe garantir des fluxions, de peur qu'après avoir reçu quelque foulagement , ils ne tombent dans un e'tat plus fâcheux que le préce'dent. Il leur convient , pour cet effet , de fe garantir de tout ce qui peut engendrer des crudite's , comme les fruits , les le'gumes , la falade , les confitures , les fucreries , le vin , les chairs falées , & celles qui ne font point encore venues en maturité , comme le veau , l'agneau & le cochon de lait. Ils e'viteront la grande chaleur & la rigueur du froid : ils doivent tenir leur bouche & leur gorge couvertes ; appaifer la toux qui les tourmente , avec les remèdes que nous avons indiqués pour cette maladie , & n'avoir d'autre boiffbn que de l'eau & du lait. On recommande en même temps l'exercice , le mouvement & la dilfipation , comme des remèdes excellents contre la phthifie : au refte , il faut approprier la diète, le régime & les remèdes au tempérament & à l'efpece de phrhifie que l'on a à traiter. La phthifie eft fouvent contagieufe : elle efl au moins telle dans les pays chauds ^ & il y a des exemples qui prouvent que, îi elle ne l'efi: pas aufïï fouvent ici , elJe Pefl au moins quelquefois; qu'un commerce avec un phthifique donne la maladie : ainfi,il eft à propos de ne pas fe vêtir des habits de ceux qui font morts phthifiques ; & cette attention doit être encore plus grande, fi les habits font de laine : on fera bien alors de les faire blanchir & palier au foufre. Quant au linge , la précaution fera bonne de ne s'en fervir qu'après deux ou trois lefîives. Les Italiens ont grand foin , au moins dans quelques endroits , de faire brûler tout ce qui a fervi a un malade mort de phthifie. Us en ont même fait une loi obfervée aSi ^ ï*, H T régulièrement ; & les me'decins & chirurgiens font tenus de donner avis au magiftrat des malades qui meurent phthifiques , afin qu'il fade brûler ce qui leur a appartenu , & que perfonne ne s'en ferve. De la Fhthijie ecrouelleufe. Une àts phtlnfies les plus communes , cft celle que Ton appelle phtkifie ecrouelleufe. On reconnoît cette efpece de phthifie à la difpofition naturelle du fujet aux e'crouelles , aux différentes glandes tuméfiées qu'il porte au cou & aux aifTelIes , à l'ophthalmie & à la gale qui reviennent par intervalle, aux douleurs de poitrine , qui font moindres ; de façon que les tubercules font plus long-temps à s'enflammer & à tourner en pus , que dans la phthifie ordinaire ; à une toux continuelle, qui vient la nuit & le jour, l'été & l'hiver , avec une refpiration difficile , fans fièvre fenfible cependant, & à tous les fignes qui caradérifent les écrouelles. Cette efpece de pulmonie demande à être traitée par les remèdes propres ajx écrouelles -, tels font le petit-lait pris en abondance , pendant huit ou dix jours , les lavements & la tifane fuivante : Prenez , De Miel de Narbonne , deux onces. De Fil/pendule , De Scrophulaire , de chaque une poignée. Faites bouillir le tout dans cinq demi-feptiers d'eau, pour réduire à pinte ; paffez la liqueur, pour en prendre cinq ou fix verres par jour : on fuivra enfuite le traitement que nous avons indiqué dans les écrouelles , en obfervant toujours de ne placer ces remèdes que dans la phthif.e commençante , & non dans le marafme , où l'on ne doit fuivre , comme nous l'avons déjà dit , qu'une cure palliative. On doit éviter bien foigneufement le kit dans cette maladie , comme le remède le plus contraire à la guérifon , parce qu'il augmente l'épaiiïiffement , & favorife par-là l'embarras dans les glandes : on n'oubliera point le régime & la cure palliative que nous avons indiqués ci-deffus. On pourroit dans la phthifie ecrouelleufe , donner, à petites dofes, des pilules faites avec l'extrait de ciguë ; on fait qu'on P H T 185 !es emploie utilement contre les humeurs froides : c'eîl un reTolutif doux , qui ne peut produire aucun de'fordre , même dans les fuiets les plus foibles , fi on commence à le donner d'abord à petites dofes , & qu'on aille enfuite en augmentant par degre'^. Voye-r fur les façons de préparer cet extrait, le mot Obstruction, . De la Phthifie fcorbutiçue. Les malades attaqués de cette efpecc de phthifie n'ont point une toux auiTi forte & aulli feche qu'à l'ordinaire , quoiqu'elle foit auffi continuelle : ils font fujets à une efpece d'éruption exanthémateufe, qui reTemble à une herbe miliaire , & a un crachement continuel , fur- tout le matin, d'une pituite falée ; joint à cela que l'on peut juger , par l'infpedion de la bouche & par les taches répandues fur le corps , 6c par tous les fignes du fcorbut , que cette phthifie eft fcorbutique. On commencera par faire prendre au malade les bouillons qui fuivent : Prenez , Un poulet maigre , que vous ferez bouillir dans trois pintes d'eau , pour réduire à deux. Ajoutez enfuite Des Racines de Raifort fauvage , De Coftus , de chaque une once. Des Feuilles de Cochléaria , De Creffhn de Fontaine , de chaque une poignée. Coupez les racines bien menues, & laiffez infufer le tout chaudement , pendant une demi-heure , dans un vailfeau fermé : pafléz la liqueur, pour en prendre trois bouillons par jour , à quatre heures de dirtance l'un de l'autre, ce que l'on continuera pendant quinze jours; sprès quoi , on pailéra à l'ufage de l'opiat fuivant : Prenez , D'Extrait de Fumeterre , De Cochle'ariûy de chaque demi-once. De Cloportes en poudre , De Gnmnfie Aivunniac , De Safran de Mars apéritifs de chaque un gros. De graine de Moutarde , deux gros. Dejîiop d'EryJimum ^fu^fante quantité. a84 P H T Mêlez le tout pour un opiat , dont on prendra trn demi-gros le matin à jeun , & un autre fur les fix heures du foir. Pour tifane, on donnera au malade une infufion de fommite's de pin ou de feuilles de lierre terreftre. Les eaux de Paffy dépurées, & les eaux de Forges , font trèsbonnes dans cette efpece de pulmonie. Le lait ne convient point*^ en général , à ces fortes de pulmonies, ni Popium , qui rend encore la falive plus épaifle & plus vifqueufe. Dans cette efpece de phthifie , on évitera les anti-fcorbutiques chauds , tels que ceux qui entrent dans le vin anti-fcorbutique : on s'en tiendra aux plus doux , & à ceux dont la force de l'alkali ell comme bridée & tempérée par une partie mucilagineufe. Les légumes frais feront la nourriture du malade. Voye[ Scorbut. De la Fhthifie afthmatique. On reconnoît cette efpece de pulmonie à un refTerrement fpafmodique , & à une oppreffion plus confidérable que dans toutes les autres eipeces ; à des crachats plus épais & plus vifqueux , à une efpece de fifflement continuel que le malade reiïent , fur - tout le matin, quand il fe levé , & à tous les autres fignes qui caradérifent la difpofition afthmatique. On fera prendre au malade , pour boiffon , une décoction de miel & de lierre terreftre, ou une infufion d'une pincée de feuilles d'hyftbpe dans une pinte d'eau , en ajoutant fur chaque verre une cuillerée de firop d'éryCmum ; & on fuivra le traitement que nous avons indiqué à l'Afthme humide. Dans les accès d'étoufFement confidérable où les crachats font fupprimés , on pourra donner la potion fui van te : Prenez , D'Eau diftiîlée de Lierre terreftre , quatre onces. D'Oxymel fcillitique , deux onces. De Kermès minéral y un ^rain 6' demi. De Safran de Mars apéritifs deux gros. De Jirop d'HyJf'ope , une once. Mêlez le tout pour une potion à prendre par cuillerées. I P H T 18^ On doit éviter le lait , dans cette phthifle , ainfi que l'opium. L'exercice , le mouvement, la dilfipation , le changement d'air conviennent très-fort dans cette maladie. De la Phtkifie hypocondriaque S' hyflériqus. Les afFedions hypocondriaques & hyfceriques font quelquefois fujettes à tourner en phthifie. On la reconnoît à la toux continuelle , aux irritations fre'quentes de la poitrine , aux anxie'te's , fufFocations & ooprellions confide'rables qu'on y reîTent ; à l'infpeflion du temptframent , & à l'examen des fignes qui caracîe'rifent les paflions hypocondriaques & hyftériques , fur-tout à une trifteiïe & une mélancolie des plus grandes , & à des fymptomes nerveux & fpafmodiques , qui accompagnent cette efpece de puimonie. Le traitement efl: à peu près le même que celui de la phrhifie ordinaire, fi ce n'eft qu'on doit rendre les remèdes moins adifs , à caufe de la fenfibiiite' trèv-grande du genre nerveux : en même temps , on doit prefcrire les potions anti-fpafmodiques , propres à calmer l'effet des nerfs, & à diminuer leur irritation ; car , fans l'ufage de ces remèdes , on ne peut venir à bout d'appaifer ni la toux ni les fymptomes. Les eaux ferrugineufes font ici très-utiles , pourvu qu'elles foient donne'es dans les ■ com.mencements de cette maladie. Le lait ne convient nullement : il en eft de même des vomitifs & des purgatifs qui mettent le fang en mouvement & augmentent l'irritabilité des nerfs. Il n'y a point de puimonie où l'opium foit mieux indiqué que dans celle-ci , auiïi faut-il toujours le joindre avec les potions anti-fpafmodiques. De la Phthijîe vénérienne. Il n'efl: pas rare , fur-tout dans le temps où nous fommes , de trouver des pulmonies produites par un refte de virus vénérien ; car , toutes les fois qu'il fe répand dans le fang , il épaiffit la lymphe , & peut , par conféquent , produire des obftruftions dans le poumon ; ce que l'on reconnoît , fur-tout quand le malade a attrapé quelque maladie vénérienne , qui a été guérie par des i86 P H T charlatans , ou qu'il a éprouvé un froid violent dans le fueur ou la falivation , qui a fait rentrer le viru.s dans la maffe du fang , & l'a fait jetter fur la poitrine. Les crachats font ordinairement vifqueux ; & la difficulté de refpirer eft beaucoup plus grande que la toux , on s'en apperçoit de plus à tous les autres fignes qui caradénfent la vérole. ■ Quand la maladie n'eft point encore bien avancée , & que les forces des malades ne font point épuifées , le plus court eft de les faire paifer parles remèdes-, &, comme ils ne font point en état de foutenir la falivation , il vaut mieux cherchei à divifer cette humeur par degrés , en employant les fondants mercuriaux, comme nous l'avons indiqué à l'article Vérole, Si , au contraire , les forces des malades font épuifées , & qu'ils ne foient pas en état de foutenir ces remèdes , on les mettra au lait pour toute nourriture; & , foir & matin , ils prendront dix grains de pilules balfamiques de Alorton , auxquelles on ajoutera deux grains de mercure doux fur chaque pilule ; ce que l'on continuera pendant un mois ou cinq femaines ; après quoi , on paiïera à l'ufage de la déco6tion fuivante : Prenez, Des Racines de Patience fauvage. De PolipoJe de Chine , de cha-* que une once. De Squine , deux gros» De SalÇepa-eilh , demi once. Des Feuillei de Bourrache , De Fulmonaire , de chaque une poignée. ' Faites bouillir le tout dans trois chopines d'eau , réduites à une pinte : paifez la liqueur , pour en prendre trois verres par jour , de quatre en quatre heures ; ce que l'on continuera conjointement avec le lait , jufqu'à parfaite guérifon. De la Phthijîe produite par les crachements de fango Le crachement de fang auquel plufieurs perfonnes font fujettes , dès la plus tendre jeuneTe , dégénère fouvent en phthifie. Ainfi , toutes les fois que l'on crache du fang par période & par intervalle , & que ce P H T 1^7 fang vient de la poitrine , on doit toujours craindre qu'il ne s'y forme quelque luppuracion. La fièvre putride he61:ique ell: prelque toujours unie à cette elpece de pliihifie, & la rend , par cette railon , plus dangereufe. On doit, par les faignées, les délayants , les e'mulfions , les purgatifs légers , reme'dier à cgc inconvénient; mais, ce qui elt fur-tout eilentiel , quand la tievre elt un peu caîme'e, & que le paroxyfme efl: diffipé, on peut donner une de'cociion de quinquina dans une chopine d'eau , dont le malade prendra deux ou. trois verres par jour, h trois heures de dilîance l'un de l'autre ; on mettra le malade au lait pour toute nourriture , aux. crèmes de riz , d'orge & de gruau. Lts eaux mine'raîes chalybees , comme celles de Forges &: de Palfy , font d'une grande efikacite' dans cette efpece de phthifie ; ôz on peut les joindre avec la diète laéle'e 8c î'ufage continué de la de'codion de quinquina. Au refte , quand les fympromcs font violents , & que la pluliifie eft confirmée , il faut en venir aux adouciffanis 8c aux remèdes que nous avons indiqués dans ces différents cas. De la Vkthijle à la fuite de la Péripneumonîe , Fleuréjîe & Vomique. La péripneumonie & pleuréfie peuvent dégénérer en phthifie , quand le malade lui-même efl déjà difpofé à la diffolution du fang ; ce qui augmente par la nature de ces fièvres , ou quand on n'a point fait les faignées néceffaires pour éviter l'inflammation & la fuppuration qui fe déclarent dans les poumon,*;. Le trop grand ufage des faignées produitlaméme chofe ,en rafraichilTant trop le fang, & en empêchant la réfolution de iinilammation. Cette phthifie efl prefque toujours aiguë, parce qu'elle dépend d'une maladie de cette nature. Le mal fai: infcnfiblement des progrès , & ne fe déclare ouvertement , que quand le malade efl: dans le marafme. On donnera , dans ce cas , les remèdes béchiques , les déterfifs & les juleps propres à tempérer & à calmer le fang : on fera , par exemoîe, une tifane avec une infufîcn de fieurs de pied-de-CiKit & de tuiîilagej &L on fera prendre au malade Fapozeme fuivant ; a88 P H T Prenez , i5 P H T a89, p..irtles éfgalcs de véronique mâle S: de lierre terreftrci li prendra enfuite la boilfon fuivante : Prenez, De Térébenthine de Vtnife , deux gros. Un jaune d'CSuf. Battez le tout enfemble dans un mortier , jufqu'à ce qu'il foit dilFous , & ajoutez-y par* degre's , Une pinte d'Eau de Miel , pour prendre trois verres par jour , à quatre heures de diltance l'un de l'autre, L'ufage du lait , les crèmes de riz , de gruau , font ici très-necefîaires , ainfi que les eaux de Cauterets , que l'on peut prendre , pendant un mois ou cinq femaines à la campagne , en prenant l'air , & en faifant le plus d'exercice qu'il fera polfible. De la Fkthifie nerveufet C'Êfl: une cohfomption de tout le corps , faris fièvre apparente , ni toux , ni opprelTion , avec perte d'appétit & dépravation de la digelcion : le corps tombe en, langueur & dans le marafme. Cette maladie efl: cornitiune en Angleterre. Au commencement de cette maladie , le corps eft cedémateux , le vifage pâle , & le malade a un dégoiiC univerfel , excepté pour la boiflbn. Les forces font fi abattues , que le malade peut à peine fe foutenir , & refte toujours fixé dans le lit. Toutes les chairs fe confument , & il ne refte plus que la peau & les os. L'urine eft quelquefois d'une couleur très-rouge , quelque» fois très-pâle &: abondante. Il n'y a point de fièvre apparente , dont on puiffe juger par l'état du pouls , la foif & la chaleur -, de façon que les fignes caraâériftiques de cette maladie font la langueur , la perte d'appétit & le marafme. Il paroît que la caufe de cette maladie vient dd genre nerveux , &: de la dépravation des efprits animaux, hts caufes éloignées font les païïions vives de l'ame , l'ufage des liqueurs fpiritueufes , Tair épais & humide , la gourmandife & l'excès des viandes , fur-tout noiïes. Cette maladie eft très-difticile à guérir , parce qu'elle fc déclare , dans les com.mencements , avec des fymp-» tomes fi doux , qu'elle en impofe au malade & au mé*» D, de Santé. T. IL T 190 P H T decin que l'on appelle fouvent trop tard. Ordinairemenc elle dégénère en hydropifie ; auquel cas , il ne refte que très-peu d'efpe'rance. Le malade fe mettra à l'ufage de la boiflbn fuivante: Prenez, Des Feuilhs de Menthe , De Mélijje citronelîe , de chaque une demi-poignée. De Cochléaria , De Beccahunga , de chaque une poignée, Verfez fur le tout une pinte de bière , & laiflTez-Ia înfufer , pendant fix heures , dans un vailîeau bien ferme' : paflez la liqueur que le malade coupera avec de l'eau pour fa boifibn. Le malade prendra , avant fon dîner , un demi-gros d'élixir de propriété dans un verre de vin blanc d'abfinthe. Tous les foirs , on prefcrira au malade la potion fuivante : Prenez , D'Eau de Fleurs de Tilleul , De Caille- lait , de chaque deux onces. De Teinture de Cafloréum , trente gouttes» De poudre de Guttete , demi-gros. De Sirop de Stccchas , une once. Mêlez le tout pour une potion , à prendre à l'heure du fommeil. Au bout de huit jours de l'ufage de ce remède , il paflera aux bols fuivants : Prenez, De Mu/cy quinze grains. De Poudre de Guttete , vingt grains» De Cinabre d'Antimoine , dou^e grains. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop balfamique de Tolu , pour en faire une maffe que l'on divifera en quatre prifes : on en prendra deux par jour , une le matin , & l'autre le foir , en continuant toujours la potion ci-defTus. On fera des fomentations fur le ventre avec l'abfinthe , la racine de galanga , la zédoaire , la cannelle , le macis infufés dans le vin rouge r-on confeillera en même temps au malade l'ufage des eaux de Forges, ou de Cauteréts , pendant l'été. Le malade ne fe nourrira que de crèmes de riz , de PIE a9i trcmes d'orge & de gruau : il mangera très-peu de •viande , fi ce n'ell du poulet ; il fera de l'exercice , & prendra beaucoup de dilfipation : il changera d'air le plus fouvent qu'il pourra ; & , comme l'cltomac efî fingUiie'rement affedé dans cette maladie , il aura foin d'e'viter tous les aliments de difficile digcflion. PICA , f. m. appcti?: de'rcglé , qui fait defirer de manger des chofev infipidcs oc iiicapables de nourrir, comme de la terre , de la craie , de la chaux , du plâtre , des charbons , des cendres , du Tel , du vinaigre , & autres chofes femblables , qui re font que l'effet d'un goût déprave'i Les femmes grolles & les filles attaque'es des pâles couleurs y font fujettes. Voye\ Boulijîie & Faim canine. Au refte , on remédie difficilement à cet accident qui de'pend prefque roujoi?rs de l'c'tat de la falive qui ell de'pravée , & de celui des folides qui font mal difpofe's. Les purgations re'péte'es , l'ab^incnce des chofes nuifibles & pernicieufes , & le traitement de 3a maladio à laquelle lepica eft joint , font les feuK' moyens d'y rc'uflir, PIEDS ENFLÉS. Nous avons appelle' œdème un amas de fe'rofités dans les mcnbres du corps : ainfi , toutes les fois qu''on aura les bras , les mains ou les pieds enflés , on aura des aftedlions œdémateufe.'?. De toutes les parties du corps , les pieds font celles qui font les plus fujettes à l'enflure , tant par rapport à la fîtuarion des vaiffeaux , qui efl perpendiculaire , & dans lefquels le fang & les humeurs ont peine à remonter , que par la fatigue continue'îe que ces parties éprouvent ; ce qui les relâche & les rend plus fjfceptibles d'enflure. Cet état arrive ordinairement dans \(^s obftrut^lions invétérées , les maladies de la poitrine , toutes les ma-^ ladies longues , les pâles couleurs , la fuppreffion écs règles & la cachexie. Nous avons dit , aux articles Anasarque , AsciTE , Hydropisie , LeucophlecMATiE , (Edeme , ce que l'on devoit faire dans ces fortes de cas : on peut corifulter ces différents articles. L'enflure de? pieds furvient quelquefois dans la convalefcence , à la fuite d'une maladie longue & fâcheufe, par le grand ufige des faignées & des boiffons qui ont T ij aga P ï E relâcha les vaifTeaux du corps , & produit ctttc cfpcce de bouniirure. Cette maladie n'eft point de grande confe'quence : elle le difTipe ordinairement par l'exercice , en prenant lobrement de la nourriture , en faifant des tridions le'geres fur les jambei, avec une flanelle , & en donnant quelques flomachiques ou cordiaux , comme le vin d'ablinthc , l'e'lixir de propriété , & autres remèdes de cette nature. Les perfonnes qui font fujettes aux veilles , comme les gardes de malades, & celles qui partent des nuits, font expofccs à avoir les pieds enflés ; ce qui vient également du relâchem.ent , de la fûibleffe des vaiîleaux , & de la rcTiftance que le fang & les humeurs trouvent à remonter. Il fuiîit , dans ce cas , d'ôter les jarretières & tout ce qui peut géncr le mouvement du fang , & de fe tenir dans une pofition horizontale. Se la tête baffe , afin de donner la facilité aux humeurs de reprendre leur cours. PIERRE , f. f. ou Calcul. On entend communément par ce mot la pierre qui s'engendre dans les reins ou dans la velfie : ce n'efl: pas qu'il ne puiflé s'en former dans toutes les parties du corps ; mais c'eft que cette efpece eft la plus commune , & celle à laquelle on a réfervé le nom de pierre. Le calcul des reins diffère de celui de la veflle par les lignes fuivants. Celui des reins excède rarement la groffeur d'un pois , au lieu que celui de la veffie elt quelquefois plus gros qu'un œuf de poule. La pierre des reins eft ordinairement pleine d'afpéntés ; celle de la velfie eft plus douce , & comme formée de plufieurs lames les unes fur les autres. Celle des reins eft ordinairement friable ; celle de la veffie eft fort dure : on trouve beaucoup de ces pierres dans hs reins ; on en trouve peu dm s la veflie. Les f gnes qui caraclérifent le calcul des reins, font des douleurs dans le côté &: dans les lombes. Cette, douleur eft profonde , accompagnée de tenfon , de preflion : quand le corps eft tranquille , la douleur diminue ; elle eft forte & vive , quand on fe remue. Les malades relTentent des frilfons & des mouvements fpafmodiques violents dans la partie -, & , quand l'accès leur prend , ils font ordinairement courbés : quelquefois ils. PIE 193 font tourmentés de mouvements convulfifs ; le ventre eft ordinairement trèi - reîièrré. Quand la pierre t'ait effort pour defcendrc par l'uretcrc , on lent une douleur vive vers l'os ile'um. Ceux dans Jefqucls la pierre fe trouve d'un côté , rcfïencent une Itupeur à la cuiile & un rctirement des telticule.s du mèm-e cote'. Le malade éprouve de plus des vomilièmcnts , àcs coliques -, un de'taut d'appe'tit ; & quelquefois les urines font teintes de ling. Souvent on relient une dyfurie , une ifchurie ou une flrangurie : les urines fe trouvent charge'es de fable , de gravier , ou de glaires. ■ On reconnoît le calcul de la veffie aux douleurs atroces que l'on refTent dans cette partie , accompagnées de flrangurie , & d'un poids confidérable au périnée , quand le malade le levé ; ce qui augmente , quand l'urine eil écoulée. L'urine dépofe ordinairement une mucolité qui reilém.ble à du Ion : on reconnoît fur-tout la préfence du calcul aux douleurs fpailiques que l'on -éprouve à l'?.nus & aux parties génitales ; mais le figne le plus certain ell l'examen que l'on en fait par le moyen de la fonde. Les perfonnes d'un tempérament fanguin , Lâche , fpongieux , font fujettes au calcul des reins. Les jeunes gens iSc les enfants plus que les adultes, les veillards en font très-fouvent tourmentés : if en eft de même de ceux qui ont un flux hcmorrhoïdal habituel j les goutteux , les hommes plutôt que les femmes. Le calcul de la velTie fe déc'are plus fréquemment dans l'enfance & dans un âge très-avancé. Cette affection doit ordinairement fon origine au calcul des reins. La caufe prochaine du calcul dts reins eft la lymphe gîutineufe qui s'amaffe dans les reins , Se qui fe durcit &. fe convertit en pierre : les caufes éloignées font les «louvements violents du corps , foit à cheval ou en voiture , un coup ou une chute fur les lombes , l'abus du vin & de l'exercice vénérien , le mauvais ufage des diurétiques chauds , la colère , la crainte avec la difpo-» fition héréditaire du fujet. La caule prochaine du calcul de la vcffie dépend , comme nous l'avons dit , d'un épaillifFement particuHer de la mucofité , ou du mucilage qui fert à lubréfier Tiij l'intérieur de !a velTis : les caufes éloignées font les all-r ments épais & grolTiers , les liqueurs fpiritueufes ; les vins tartareux , comme ceux de Champagne , du Rhin , les exercices violents , les veilles continuées , les pallions violcnrcs , la dilpolition héréditaire. On traite de la mtme manière le calcul des reins Se celui de la velFie. Dan^ l'accès , on commencera par donner au malade un lavement d'eau de rivière ; après quoi, on lui donnera le fuivant : Prenez , Des feiiillcs de Mauve , De Pariétaire , de chaque une poignée. De Véronique , une demi-poignée^ Faites bopiliir Je tout dans trois demi-fepticrs d'caUjj pour réduire à cliopijie. Ajoutez-y (Quatre onces d'Huile d'Olive , pour un lavement ; on donnera en même temps la pou? fire fui van te : Prenez , De Nitre purifié , De Tartre vitriolé , de chaque deux gros. D'Yeux d'Ecrevi'fes , futures de Suc de Citron , De Sang de Bouciin , de chaque un gros. Mêlez le tout enfemble , pour en donner vingt-quatre grains toutes les deux heures , en faifant boire par^effus une décodion d'orge , ou une infufion de graine de lin. On renouvellera le lavement , comme ci-deflus, Tous les foirs , on donnera au malade quatre grains de pilules de cynogloffe. Si l'on voit que les remèdes ne produifent aucun effet , & qu'il y ait pléthore réelle , on pratiquera la faignée que l'on réitérera deux ou trois fois, félon le befoin. On appliquera fur le ventre des fomentations avec les racines de guimauve &: de mauve, les feuilles de violette, de pariétaire & de branche-urfine , que l'on fera bouillir dans du lait , &z que l'on appliquera chaudement fur la partie; on fera ufagcaulfi d'huile de vers terreftres, d'huile {le lis : les bains d'eau tiède font aulîi très-falutaircs ; les PIE a9î injeftions faites avec du lait chaud , ou de l'eau de guimauve , appaifcnt aulfi la douleur : enfin on aura recours à la potion fuivante , pour donner du relâche aux parrics , & de la facilité h la pierre de fortir. Prenez, D'Eau de feuilles de Tilleul , De Nénuphar , de chaque deux onces, D^Huile animale de Dipel , dix gouttes. De Liqueur minérale anodine , un demi-gros^ De Sirop Diacode , une demi-once. Mêlez le tout pour une potion , à prendre le foir pac cuillerées. On réitérera les lavements , les bains , les fomentations , jufqu'à ce que l'on trouve du foulagement. Quand l'accès fera pafle , on aura foin de faigiicr & purger le malade , tous les trois mois; de lui faire prendre habituellement une infufion de verge d'or pour boilfon , «Se de lui faire avaler , tous les matins , un demi-gros de favon en pilule. La diète doit être exa6le , c'efl-à-dire , qu'on doit éviter les aliments mucilagineux , gluants , vifqueux , les vives palTions de l'ame , l'exercice vénérien , les vins acides , les mouvements violents : la boiiïbn doit être toujours chaude ; & on doit fe procurer un aie ferein , & faire prendre au malade les eaux favonneufes , comme celles de Bourbon & de PalTy, Remède contre la Pierre, On a cherché depuis long-temps à tenter toutes forte» de remèdes pour la guérifon de la pierre ; & on a été forcé fouvent , après en avoir eiïayé , d'en venir à l'opération de la taille : on a cependant obfervé que le favon pris en grande quantité pouvoit quelquefois appaifer les douleurs ,.& em.pécher la pierre de grofiir, C'eft , en partie , de cette matière qu'étoit compofé le remède de mademoifelle Stcphens , qui a fait tant de bruit en Angleterre , pendant fi long-temps. Quoique ces vertus ne foient point aufli grandes qu'on prétend l'infmuer , nous allons cependant en donner la recette, telle qu'on l'a publiée en Angleterre , en faveur des pçrfonnes qui voudront en faire l'épreuve. T iv ayé PIE Prenez , T>e Savon d*Alicante , huit onces. De Chaux vive , éteinte & réduite en poudre ^ une once. De Sel de Tartre , ou dç Fotûjfe , purifié , un gros. Râpez le favon , & mêlez-le avec la chaux & le fel ; puis battez le tout avec un peu de gomme adragant , difToute dans l'eau, pour en faire une efpece de pâte, dont on prendra deux ou trois onces par jour , en en formant de petites pilules ; ce qu'il fi\ut continuer pendant un mois ou lîx femaines : fi cependant on fe trouvoit échauffe' par fon ufage , on le fufpendra pour fe mettre au lait , pendant une quinzaine de jours ; après quoi , on recommencera , comme ci-defTus. Voici un autre remède que l'on confeille , pour guérir de la pierre. Prenez, D'eau d'Alkckenge , De Pariétaire ou de Noix fimple , de chaque deux onces. Ajoutez-y D'Efprit de Nitre dulcifié , dix gouttes , pour en prendre la moitié en fe levant , & le refte en ie couchant. La liqueur fuivante eft d'un grand fecours , pour diminuer les graviers & les pierres qui font dans les reins & la velTie : Prenez , Des Sucs de Forreaux , D'Oignons y De Raifort, de chaque deux livres. De Citrons ou Limons ^ De feuilles de Pariétaire , de chaque demilivre, Laiffez le tout enfcmblc en digeflion , pendant vingtquatre heures. Ajoutez enfuite De Cryfial calciné , une once. De Fiente de Pigeon , deux onces. Diftillcz le tout au bain-marie. On en donne une once & demie tous \ç.s matins , oc l'on en fait des injedions dans îa velfie , en coupant la liqueur avec de l'eau. De tous les remèdes dont on célèbre la vertu pour cette maladie , il n'en eft point dont les éloges foient PIE 197 plus jugement mérités que l'eau de chaux d'écaillés d'huître. On a fait en Angleterre des expériences qui prouvent que cette eau , en pafliint dans le fang , dilTout la pierre : voici ce qu'il faut que les malades falTent. Ilj prendront, tous les matins, une once de favon d'Aîicante : ils boiront par defTus trois chopines d'eau de chaux , faite avec des écailles d'huître ou des coquilles de pétoncle. Le malade partagera fon favon en trois dofes , dont il prendra la plus forte , le matin à jeun , de meilleure heure qu'il pourra -, la féconde à midi , & ia troifieme à fept heures de foir , buvant par deffus chaque dofe un grand verre d'eau de chaux ; il prendra le refle , avant fes repas , dans la journée. Si le malade efl délicat , il commencera par des dofes inférieures : il ne prendra , par exemple , qu'une demi-once de favon par jour, & une chopine d'eau de chaux , qu'il augmentera par degrés. Le malade fera fa boiifon ordinaire de lait coupé avec de l'eau , ou d'une tifane faite avec les racines de guimauve , de perfil & de réglilfe ; & il fera bien , en général , de ne prendre d'autre boilTon que l'eau de chaux , s'il peut la fupporter. Le moyen de rendre l'eau de chaux moins défagréable eft de la compofer de la manière fuivante : fïGnez, D'Eau de Chaux d'Ecaillés d'Uuître , une ckcpine. De Lait de Vache , deux onces, D'Eau de Fleurs d'Orange , trois gros. De Sirop de Guimauve ^ une demi-once. Mêlez le tout enfemble , pour prendre en trois ou • quatre verres , comme il eft prefcrit ci-deflus. Il eft bon d'obferver que l'eau de chaux de pierre n'eft pas , à beaucoup près , auili falutaire que l'eau de chaux d'c.cail!es d'huître : ainfi il faut prendre le double de l'eau , pour avoir le même effet. Le moyen d'accélérer la dilfolution de la pierre dans la veiïïe eft d'injeéler , tous les jours, quatre ou cinq onces d'eau de chaux d'écailles d'huître , & de la faire garder au malade le plus qu'il pourra. Il faut , pour cet effet , qu'il rende fon urine avant de faire l'injedion. Pour rendre ces injections plus douces & moins dou  2.98 P I Q loureufes, on peut délayer un gros d'empois dans fisc ou huit onces d'eau de chaux d'ecailles d'huître , qu'on mettra fjr le feu , jufqu'à ce que l'eau commence à bouillir, ayant foin de remuer continuellement : on peut fe fervir de cette eau pour Its injeélions. L'eau de chaux fe fait de la manière fuivante : On prend une quantité' d'e'cailles d'huître que ToiJ place dans un four à chaux ou dans un fourneau àe réverbère , en mettant une couche de charbons & une couche d'écaillés d'huître : on poufle ce feu à la plus grande violence, jufqu'à ce que les écailles foient totalement calcinées ; ce qui exige ordinairement un feu de vingt-quatre heures. On s'appcrçoit qu'elles font fuffifamment calcinées , quand elles fe réduifent aifément en poudre fine & extrêmement blanche ; car , quand il refte des grains gris ou noirs , c'eft une preuve que la calcination n'a point été aîTez forte ; il faut pour lors recommencer de nouveau le feu. Quand les écailles font réduites en poudre rrès-fine & très-blanche , on verfc defliis de l'eau que l'on laide , pendant vingtquatre heures , à la dofe d'environ deux pintes fur une livre : on pafTe cette eau à travers un linge fin , & on la donne au malade , de la manière que nous avons prefcritc ci-delliis, A l'égard des injections que l'on fait de cette eau dans la vcffie , il ell très-difficile de les renouvcllcr plufîeurs fois par jour , à caufe des douleurs que produit la fonde , quand on l'introduit : il faut pour lors confulter un habile chirurgien qui puiiïe vous donner les moyens nécefTaires pour faire ces forces d'injeclions. Au refte , on ne doit rien craindre de l'ufage de l'eau de chaux à l'intérieur ; elle ne porte aucun préjudice au corps , & ne fait , au contraire , que beaucoup de bien : ainfi l'on ne doit pas appréhender d'en continuer long-temps Tufa^^e. C'eft le feul moyen d'éviter l'opération qui eft toujours cruelle & douloureufe , & quelquefois funefte. Voye^ le Didionnaire de Chirurgie. PIQUURE, f. f. C'eft ainfi qu'on appelle une folution de continuité , faite dans les chairs par quelqu'inftrument pointu ou par la morfurc de quelques animaux. I P I Q »9f Tiqwire de l'Aponévrofe, II efl plus ordinaire de piquer l'aponevrofe du mufcle biceps , que fon tendon. Le chirurgien s'en apperçoit par la réfiltance qu'il fent à la pointe de la lancette, qui en eft quelquefois e'moufTéc , & par la douleur que le malade e'prouve au moment de la Ihigne'e. Cet accident eft ordinairement fuivi d'une douleur vive au bras & à l'avant-bras , de gonflement , de tenfion , d'inflammation , & quelquefois d'un abcès fous l'aponevrofe. On faignera d'abord le malade plufieurs fois , félon le befoin : on appliquera fur la partie des cataplafmes tmollients , & fur-tout notre cataplafme anodin & émolîient : on fera boire au malade beaucoup de tifane rafraîchiflante , comme le petit-lait. On lui donnera beaucoup de lavements. On le fera refter dans fon lit , & on l'obligera à ne faire aucun mouvement. Quand on aura appliqué , pendant quelques jours , notre cataplafme émollient , on fera ufage du cataplafme re'folutif , que l'on trouvera dans le même article. Si , maigre' tous ces remèdes , on ne vient point \ bout de réfoudre la tumeur , il faut néceflairement en faire l'ouverture , & débrider l'aponevrofe, s'il eft tendu. Voyei^ Saignée , & le Di61:ionnaire de Chirurgie, De la Piquure de V Artère. Quelques précautions que l'on prenne pour faire la faignée au bras , la veine bafiliquc fe trouve fituée fi proche de l'a^^tere , qu'il arrive quelquefois au plus habile chirurgien de s'y laifîer prendre : c'eft un accident des plus graves ; & l'on ne fauroit trop recommander à ceux qui fe mêlent de faire la faignée , de s'alfurer auparavant de la pulfiuion de l'artere , afin de pouvoir placer la lancette dans l'endroit où la veine fc fépare le plus de l'artere. Cette précaution eft d'autant plus eilentielle , que la veine du bras n'a point toujours une marche uniforme dans tous \qs fujets. Quand on a le malheur de piquer l'artere , fi l'on ne fait que l'effleurer , & que Ton n'ait divifé que quelques unes de fes membranes , le cas eft moins grave j 500 1» I Q mais il arrive quelquefois que la lancette les travcrfe toutes ; ce qui rend cet accident plus fâcheux. Lorfque l'artère n'ell qu'effleurée , & qu'il y a une de fes membranes qui a reçu la moindre atteinte , clic devient plus foible par ce côte' , & moins capable de réfiftcr à l'effort du fang ; ce qui fait qu'elle cède infenfiblement au fang qui la poulfe , qu'elle fe dilate , fe gonfle & forme une tumeur plus ou moins confidérable , que l'on appelle Vanévrifme vrai : c'eft le plus commun. On ne s'en apperçoit point dans le moment de la faigne'e , parce que l'effort du fang ne fe fait que petit-à-petit , & que la tumeur ne fe forme que par degre's. Voye^ l'article AnÉvrisme. Cette tumeur , dans le commencement , eft û petite , qu'elle ne change pas la couleur de la peau ; on y fent fimplement un mouvement de pulfation femblable à celui de l'artère : elle difparoît , quand on la comprime; mais elle revient , quand la comprelfion cefle , fouvenc même avec un petit bruit. Cette efpece d'anévrifme eft moins dangereufe , 8c fe gue'rit quelquefois par les faigne'es & par une compreffion que l'on fait lur la tumeur avec une plaque de plomb , des compreffes & des bandes : quelquefois aufîi , malgré la comprelfion , la tumeur augmente ; & on eft obligé d'en venir a l'opération. Lorfque la lancette que l'on a introduite a ouvert totalement l'artère , on s'en apperçoit aifément aux (ignés qui fuivent. D'abord le fang fort avec impétuofité , en arcade & par jet : il e(t d'une couleur beaucoup plus rouge & plus vermeille que le fang des vei* ncs. Quand on comprime l'avant-bras , le fang coule toujours ; ce qui n'àrriveroit pas , s'il venoit de la veine : quand on com.prime le bras , & qu'on y fait «ne ligature , le fang coule moins ; ce qui démontre que le fang vient de l'artère. Dès qu'on reconnoît que le fang vient de l'artère, il faut le lailTer couler , jufqu'à ce que le malade tombe en fyncope , & qu'il s'arrête de lui-même : cependant , fi c'étoit à une femme groiîe que cet accident fût arrivé , ou à quelqu'un qui tombât difficilement en foiblcffe , il ne feroit pas prudent de l'attendre. Dans co P I Q , 30Î «•«s , lorfque le malade a perdu une certaine portion de fang , on prend le parti de l'arrêter. Il y a encore un autre cas où il ne faut pas attendre que le malade tombe en foiblclfe pour arrtter le fang ; c'eft lorfqu'il fe fait un e'panchement aux environs de l'artère ; comme quand l'ouverture des téguments n'eft pas vis-à-vis de l'artère , il forme alors un anévrifme faux , ou par épanchement ; & il ne refte point d'autre parti à prendre que celui de ferrer fortement la ligature , ou de faire une efpece de tourniquet pour arrêter l'e'coulement du fang. Lorfqu'il ne coule plus» on met fur l'ouverture un petit morceau de papier mâché , & exprime' , de la groffeur d'une noifctte ou d'un bouton : on applique enfuite une petite comprelîe de la largeur d'un ongle , &: fur celle-ci plufîeurs autres graduées, autant qu'il en cft befoin , pour furpalfcr le niveau du bras , & faire une compreffion plus exade. On fait le bandage ordinaire de la faignée , mais avec une bande plus longue : on delTcrrc peu-à-peu la ligature ou le tourniquet, &: on met fur le trajet des vaifleaux une comprefTe longitudinale épaiffe , que l'on foutient avec une bande , dont on ferre plus les tours qui font proches de l'ouverture , que ceux qui en font plus éloignés. Par ce moyen , on ralentit le mouvement du fang , & on empêche qu'il n'aille heurter trop fortement fur l'ouverture : on met le bras en écharpe ; on recommande au malade de ne point le remuer : on le faigne de l'autre bras , & on lui fait obferver un régime exaft. Il faut avoir attention que les compreîFes graduées fafTent fur l'ouverture la comprefllon la plus exafte qu'il eft poiïible, & que la bande foit fuiFifamment ferrée, fans ty.cïs , de crainte d'attirer la mortification. Ces appareil doit être continué long-temps, afin de donner lieu à l'artère de fe réunir. Pour que la compreifion foit plus exaéle , on fait fléchir l'avant-bras,, afin de relâcher l'aponévrofe du mufcle hiceps , qui recouvre l'artère : il faut auffi que les comprefles graduées foient plus élevées que le niveau dU bras , afin que la compreffion fe fiifTe uniquement fur l'ouverture , & non fur \zs parties latérales. Si , malgré rattention qu'on a eue de faire une bonne 302 V I Q comprelTioû , on remarque que îe fang s'cïtrâvafe & s'infiltre dans les cellules graiîeufes, le Icul parti qui relie à prendre eit Je fiiire l'opération qu'on appelle de VAnévrifme. Voye^ le Diclionriaire de Chirurgie. De la Piquure du PérioJIe, C'cfi: principalement en ouvrant au pied la veine que l'on appelle faphene , que l'on court rifque de piquer le périofle , fi le malade remue fon pied , ou fi l'on plonge la lancette trop avant : on a aulTi le mc'me danger à craindre , lorfqu'on ouvre la cubitale ou la radiale vers le poignet , ou l'artère ôc la veine temporale. On connoît que l'on a pique' le périofte , par la xéfiftance que l'on fent à la pointe de la lancette , qui s'en trouve émouffée , par la douleur , la tenfion & l'inflammation qui s'étendent le long de l'os , dont le période eft piqué, & qui en font ordinairem.erit les fuites. Si ces accidents font légers , on y remédie par quelques comprclTes trempées dans une cinquième partie d'eau-de-vie & quatre parties d'eau. Lorfque l'infiamm:.tion eftdifiipée , on met un emplâtre d'onguent delà Mère fur l'ouverture , pour en faire fuppurer les bords. Si les accidents font confidérables , on applique fur la partie notre cataplafme anodin , & un peu de l'onguent fuppuratif que nous avons décrit à l'article Onguent , afin de l'entretenir ouverte , & d'exciter un petit fuintement & une légère fuppuration. Quand la douleur & l'inflammation font diflipées , on met fur la plaie un emplâtre d'onguent de la Mère ; & on la defleche enfuite avec l'onguent de cérufe ou de pompholyx. Si ces accidents perfifloient, & que le périofle, dr= meurant fort étendu & enflammé, m.cnacât de tomber en mortification , il faudroit néceffairement le débrider par quelques incifîons , & panfer enfuite la plaie méthodiquement. Voyei le Diélionnaire de Chirurgie. De la Piquure du tendon. Il peut arriver, en faignant la médiane, que l'or! pique le tendon du mufcle biceps , qui efl: fitu^ dclTous ^ îbit parce qu'on aura trop enfoncé h lancette , ou que le malade aura remué le bras y cet accident efl des plu» fâcheux pour le malade , &: des plus mortifiants pour le chirurgien. On .connoît qu'on a blefle le tendon , par la re'fiftance que l'on fent à la pointe de la lancette, 6c par la douleur vive que le malade reflent au moment de la piquure , qui s'e'tend tout le long du bras , depuis l'acromion , jufqu'au bout des doigts, Lorfque la piquure a e'te' le'gere , cette douleur paflc quelquefois ; mais , fi elle continue , elle efl: bientôt luivie de gonflement , de tenfion , d'inflammation de toute la partie , de fièvre , de mouvements convuififs , de dépôt , de gangrené , en un mot , de tous les accidents des plaies des parties tendineufes. Si-tôt qu'on apperçoit qu'on a eu le malheur de piquer le tendon , rien n'eft plus prefle que de faire de fréquentes faignées à l'autre bras , afin d'empêcher le progrès du mal ; on prefcrit au malade une diète exaéle , délayante & rafraîchiffante : on couvre toute la partie de notre cataplafme émoHient ou anodin , pour calmer la douleur & les autres accidents ; û ces moyens ne fuffifent pas, on dilate la plaie , & l'on découvre le tendon piqué , fur lequel on applique un plumaceau trempé dans de l'huile jaune ou rouge de térébenthine , diftillée plufieurs fois au bain de cendre, avec de l'eau commune, pour enlever les parties acrimonieufes : c'eft un remède excellent pour les plaies àes tendons. Au défaut de cette huile , on emploie l'efÎ)rit de térébenthine ou la térébenthine même , la coophone , les baumes de Copahu ou du Pérou , mêlçs avec l'huile d'œufs , & par deflus le tout des catapîafmes émollients & anodins. Si , malgré tous ces remèdes , la mortification furvenoit , il n'y auroit point d'autre reflburce , pour fauver le bras , que de couper tout-à-fait le tendon. Voye\ le Diflionnaire de Chirurgie. De la Piquure d'infecies venirrtfux. Il y a plufieurs efpeces d'infectes , dont la morftire cft à craindre pour le corps humain ; ce n'eft pas qu'ils foient tous venimeux , mais c'eft qu'ils portent avec eux une humeur cauftique qu'ils infinuent dans la plaie 504 P I S Qu'ils font , qui caufe des douleurs Se dss tranchée.^ très-vives ; telles font les guêpes , les chenilles , les mouches à miel , ôzc. qui incommodent , fur-tout à là campagne , fur le bord des c'tangs , Ôc dans les endroits mare'cageux. Ces fortes de piquures font ordinairement accompagne'es de rougeur , de douleur , chaleur & ardeur , & d'une cuiffbn û confide'rable , qu'on eft obligé de fe gratter ; ce qui fait rougir toute la partie. Il faut appliquer fur le champ , aulfi-tôt que la pi«i quure eft: faite , quelques gouttes d'eau-de-vie fur l'endroit où eft la veiïic ; on peut auiïi y appliquer une feuille de fauge battue le'gérement ^ fi l'on aime mieux, i'I fuffit de frotter la partie avec le lait de figuier , pourvu cependant que ce foit quand les figues font mûres : quelques feuilles de creffon & de rhue , pilées enfemble , & appliquées fur l'endroit où s'eft faite la morfure , foulagent beaucoup. Au refte , il faut , autant que l'on peut , ne point le gratter , ni mettre dedlis la morfure de la falive , du lait chaud ou de l'eau tiède ; car les adoucifîiirtts augmentent beaucoup le mal : on peut aulfi , fi l'on veut, approcher la partie tout près du feu , & la tenir le plus chaudement qu'il eft polfible dans l'inftant de la morfure. Il y a d'autres animaux , comme la vipère , ie ferpent àfonnettes, le fcorpion, la tarentule, qui font des morfures mortelles ou du moins très-funeftes. Foye:^ Morsure. PISSEMENT DE Sang. C'eft une évacuation ds fang par les urines; Le pillement de fang eft fimple ou compliqué : le premier vient par la plénitude ou la chaleur; le deuxième eft: produit par quelques cauies particulières, comme la pierre dans ceux qui en font attaqués. Les fignes du piftement de fang fpontané font une pefanteur dans le bas-ventre , âcs douleurs fpaftiques dans les lombes , les aînés & les reins , accompagnée'î d'un engourdifiement dans tout le corps , & d'une conftipation confidérablc. Les fignes du piifcrrient de fang , ()roduit parle calcul, font d'abord une douleur extrcmement vive : le fang eft fleuri j &: avec le temps , il tombe î> I s 305 combe dans le fond du vafe , Se l'urine devient claire & limpide : quelquefois même , il fort fous la forme de filaments , avec des ardeurs ëc des douleurs cruelles. De plus , le malade rend de petits graviers , & fe plaint de douleurs vives dans la partie. Les vieillards font en particulier fujets à cette forte de maladie , ainfi que ceux qui font à la ilcur de l'âge , qui mènent une vie extrêmement exerce'e , & qui i'ont l'a'jets aux he'morrhagies habituelles. Au refte , les femmes font beaucoup moins expofees à cet accident , que les hommes. La caufe prochaine du pifTement de fang eft la rupture des vaiiTeaux fanguins , occafionnée par la ple'thore vraie ou faufTe , ou par l'âcrete'. Les caufes éloignées font le mauvais ulage des aliments chauds & des remèdes adifs , comme les diurétiques chauds & fur-tout l'ufage des cancharides ; le mouvement violent du corps , comme de monter à cheval ; un coup ou une cliùte fiir les reins ; le trop d'ufage des plaiiirs de l'amour ; les palTions vives de l'ame, comme la colère , les évacuations fupprimces , un ulcère & le calcul. Quand le pifTenient de fang ell occafionné par la pléthore , ce que l'on connoît par les fignes qui la caraftérifent , on y remédie par les faignées , les boiffons abondantes , le petit-lait , les bains , la diète , les lavements , le repos , la tranquillité. On pourroit faire des émulfions au m.alade , de la manière fuivantc : Prenez , Dou^e Amandes douces , pelées. Des quatre femences froides , demi-'once. Pilez le tout dans un mortier de marbre , en verfant defflis , par degrés , une pinte d'eau commune. Paflez la liqueur , & ajoutez-y Une once de Sirop de Limon , pour boiflbn ordinaire. On fera prendre en même temps au malade un demî^ gros de diafcordium , le foir en fe couchant. Au relie, cette efpece de pifTement de fang n'efl point dangereufe , à moins qu'il ne foit extrêmement violent ; auquel cas , il dégénère en hémorrhagie , & exige le même traitement. Voye^ Hémorrhagie. Quand le pifTement de fang efi occafionné par la D, de Santé. T. II, V 5o5 FIS f)rcfcnce d'une pierre , ce que l'on connoît par les doueurs vagues que l'on relient dans les reins , dans les lombes , dans les aînés , par les envies de vomir , par les coliques , par les conitipations & par les autres fignes qui caracte'rifent la pierre , on fuit pour lors le même traitement. Voye^ Pierre. Si le pifTement de fang eft occafionné par l'âcrete' des humeurs , on le reconnoît par un tempérament fec, bilieux , à des fueurs & une haleine fétides , à des urines très-colorées & puantes, par des felles d'une odeur infupportabîe , par un pouls vifs & ferré , des demangeaifons dans quelques parties du corps, à des picotements de poitrine , &c. Il faut commencer par faigner le malade au bras, lui faire prendre des lavements & du petit-lait en abondance. Immédiatement après , on lui fera prendre la boilîbn fuivante : Prenez , De Racines de grande Confonde , une demionce. De Ri^ i une cuillerée. Faites bouillir le tout dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-feptiers. Paffez la liqueur , & ajoutez-y Vingt gouttes d'Efprit de Vitriol , pour en prendre cinq ou fix verres par jour. On donnera en même temps au malade trois ou quatre cuillerées par jour de fuc d'ortie-grieche , & un demigros , matin & foir , de poudre tempérante de Stahl ; après quoi , on pafTera à l'ufage de la poudre fuivante : Prenez , D'Yeux d'Ecrevi^es , trois gros. De Cachou , un gros. De Safran Je Mars apéritif y demi- gros. Mêlez le tout , & réduifez-le en poudre fine. On en donnera vingt-quatre grains , toutes les heures au malade, en lui faifant boire par defTus , un verre d'infuf on de mille-feuilles , ou un verre de décoftion d'aigremoine ou de fleurs de grande confoude : on recommande aufli le fuc de plantain ou celui de pourpier. Il eft bien effentiel d'obferver de ne point faire ufage de ces derniers remèdes , avant qu'on ait fait précéder les faignées , les lavements , les boiffons j car autrement P I T 307 «n pourroir fupprimer le piflement de fang , & occafionner quelques maux plus funeftcs. Quand le pilTement de fang cil occafionné par quelqu'ulcere , ce que Ton reconnoît par l'e'coulement d'une ianie purulente qui e(t mêle'e avec le fang dans les urines , on peut faire ufage des tifanes faites avec le lierre terreftre ; ou , fi l'on aime mieux , la racine de verge d'or , à la dofe d'une once dans une pinte d'eau. Le meilleur remède eft de faire prendre au malade le lait coupé avec de la crème d'orge , ou avec de la crème de riz. On peut en même temps donner quelques gouttes de baume du Pérou , & fuivre le traitement que nous avons indiqué à l'article Ulcère. PITUITE , f. f. La pituite eu une humeur épaifTe , gluante & vifqueufe , qui vient de la partie lymphatique du fang , épailfie , qui s'amaffe en abondancç dans le corps , & que l'on rejette par la falive. Les gens maigres & i'ecs, les vieillards , les perfonnes qui mangent &: boivent beaucoup , font fujettes à avoir beaucoup d^f^ituite , & les hommes plutôt que les femmes. Les caufes de la pituite font l'épaifTiffement de la partie lymphatique du fang , produit d'un côté par l'a» creté des humeurs , & de l'autre par quelque vice particulier acide , qui fige & coagule la lymphe. Les caufes éloignées font un air épais , froid & humide ; les aliments gluants , vifiqueux ; le trop de nourriture , l'ufagc immodéré du vin & des liqueurs fpiritueiifes , le trop d'exercice & le trop grand repos ; le fommcil trop long , la tranfpiration fupprimée , les paCfions de l'ame , comme la trifteiïe , la mélancolie , la Jaloufie , &c. Le traitement de la pituite diffère félon les caufes qui l'ont produite : c'eft à peu près le même que celui de répaifiilfement de la lymphe. Il confifte , en général , à éviter tous les aliments mucilagineux & gluants, à refpirer un air frais & fain , à ne boire que de l'eau, ou très-peu de vin , à faire un exercice modéré; à fe couvrir de façon à ne rien craindre de la fuppreffion de la tranfpiration , & à prendre beaucoup de diflipation. Vij 3o8 P I T Au refte , on remédie à la pituite , en purgeant le malade de temps en temps , en laifant ufage des tifanes le'ge'rement ape'ritives. TeUe cil la fuivante. Prenez , De Racine de Chardon-Roland , demi-once. De Cerfeuil , De Chicorée fauvage , de chaque une demipoignée. Faites bouillir le tout dans cinq demi-feptiers d'eau , pour réduire à pinte ; pailez la liqueur , pour en boire cinq ou fix verres par jour. Quand on aura pris cette tifane pendant fept ou huit jours , on fe purgera de la manière fuivante : Prenez, Des Feuilles de Chicorée fauvage , une poignée. De Follicules de Séné , trois gros. De Rhubarbe , demi-gros. De Sel d'Epfom , demi-once. Faites légèrement bouillir le tout dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-feptiers. PalFez la liqueur : ajoutez-y Le Sac d'un Citron coupé par tranches. De Sirop de Pomme compofé , une once , pour prendre en trois verres , à une heure & demie de diftance l'un de l'autre. On pafïera enfuite à l'ufage des eaux de PafTy dépurées , dont on prendra deux pintes par jour , pendant un mois : on réitérera ce traitement deux ou trois fois par an j '& on pafTera enfuite à l'uf.;ge de l'opiat qui fuit : Prenez, D'Extrait d'Enula-Campana , demi-once. D'Yeux d'Ecrevijfes y De Safran de Mars apéritif ^ de chaque un gros. De Gemme Ammoniac , De Myrrhe , de chaque un gros & demi. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop d'écorce de citron , pour faire un opiat , dont on prendra un demi-gros avant fes repas , foir & matin , en buvant par deffus un verre d'infufion de véronique. Dans le temps où on ne fera point de remède , on fe contentera , foir & matin , de mâcher un peu de tabac , ou un morceau de racine de pyretre , pour donner iffue à la pituite qui i'amaiîe dans le corps : on P L É 309 fera uHige , en mcme temps , des lavements-quc l'on prendra de deux jours l'un. PLAIE , f. f. folution de continuité' rdcenre , faite aux parties molles du corps, par un initrument piquant, tranchant ou contondant. Elles font fimpies , quand il n'y a point de fracture , d'he'morrhagie , de piquure de tendon , de de'chirement d'artère , qu'elles ne pe'nétrcnt point dans le bas-ventre. Elles font compliquées , quand elles re'unidènt tous , ou quelques-uns de ces accidents. Foyejle Didionnaire de Chirurgie , article Plaie. PLÉNITUDE , f. f. abondance de fang &: d'humeur : c'eit la même chofe que ple'thore. PLÉTHORE, f. f. C'elt , en ge'néral , une plénitude, une abondance de fang confidérable dans les vaifTeaux , qui détruit l'harmonie des fonctions , & devient la fource de plufieurs maladies. On diftingue trois fortes de pléthore , la vraie , la faufle , & la troifieme qu'on appelle pléchore ad vires. La pléthore vraie efh celle qui vient de l'abondance du fang dans toute la capacité des artères tk des veines. La pléthore faulfe e(l produite par le gonflement ëc h dilatation du fang , qui occupe un volume plus confidérable que dans l'état naturel. On appelle pléthore ad vires , celle qui ell accompagnée de lafTitude dans les membres , de douleurs vagues dans tout le corps , & d'une grande diminution de force. On diftingue encore la pléthore en fimple & en compliquée : la première arrive , quand le fang eft en trop grande quantité , & quand il n'eft point encore dépravé : la féconde ell: ordinairement fuivie d'un épaiffiffement confidérable , de la cacochymip ou de la dépravation des humeurs. Les lignes de la pléthore , en général-, font les fuivants ; une conftitution forte & athlétique , de gros os , des membres charnus , des mufcles forts & vigoureux , un vifage rouge &: fanguin , des vaifleaux gonflés , un pouls grand & plein , un grand appétit , la facilité avec laquelle on fait toutes iortes d'exercices , 6c on fupporte toutes fortes de fatigues & d'excès , la pefanteur & la lalfitude dans les bras & dans les jambes, la propenlion au fommeil , les éblouifleraents , V vij 310 P L E & les ^tourdiiïemcnts. L'âge & la façon de vivre du malade font encore juger de cette difpofition. Les jeunes gens qui travaillent peu , & mangent beaucoup , ceux qui font accoutumés à des e'vacuations de fang périodiques, qui fe fuppriment , & ceux qui , après avoir beaucoup travaille', & s'être beaucoup dilfipés , changent tout d'un coup de façon de vivre, & reftent fans rien faire. On reconnoît auïïi la ple'thore fauflè au tempérament échauffé du malade , à la nature du climat qu'il habite , à la chaleur qu'il y fait , au fréquent ufage qu'il fait des aliments chauds & des liqueurs fpiritueuJes , à un pouls vif, grand & plein , &c. La cauf-i prochaine de la pléthore vient de la force des vaifî'eaux , qui altèrent & préparent beaucoup plus vite la nourriture , & la tournent toute en fuc. Les caufes éloignées font toutes celles que nous avons dites , comme la jeuneffe , l'abondance de la nourriture , le trop peu d'exercice , les paffions trilles de l'ame , comme la grande dilfipation & la fupprefïïon éts évacuations habituelles. Le traitement de la pléthore vraie eft très-facile t il confifte à faire faigner le malade au bras dans la jeuneffe , & au pied dans la vieilleffe , dans le temps des cquinoxcs ; de diminuer la nourriture ; de faire faire un exercice continuel , mais modéré ; de faire prendre au malade beaucoup de lavements & de boiffons , & de le purger trois ou quatre fois par an ; à la fuite de quoi , on peut lui faire prendre les eaux de Paffy , de Forges , pendant quelque temps. Le traitement de la pléthore fauffe confifte également dans les faignées qui doivent cependant être moins abondantes que dans la pléthore vraie. On confeillera au malade l'ufage des lavements , des bains froids , des eaux glacées , de l'eau d'orgeat , de la limonnade -, de refpirer , autant qu'il fe pourra , un air frais; de faire modérément de l'exercice , de manger peu & de ^oire beaucoup de petit- lait dans lequel on mettra par'pihte une once de firop de limon & vingt gouttes d'efprit de vitriol. On aura fur-tout foin d'éviter le laitage , les aliments vifqueux , glaireux , échauffants , les palfions violentes & tout ce qui peut échauffer le fang. P L E 311 La pléthore ad vires n'exige pas un traitement dific'rent de la ple'thore vraie ; car elles rentrent l'une dans l'autre , & font à peu près la même chofe. On ne doit regarder celle-ci que comme un degré' plus grand de la première , auffi dcmande-t-clle des remèdes continués plus long-temps , & une diète plus févere. Cette cfpece de pléthore n'elt point ordinaire aux gens forts 6c robuftes : elle arrive plutôt chez ceux qui font plus délicats, & dont les vaiffeaux plus mous & plus lâches réfiftent difficilement à l'impulfion du fang. L'ufage des eaux ferrugineufes à la fuite des faignées , des délayants & des lavements , la diète régulière , les bains, les fri£lions faites fur tout le corps , la modération dans les palfions & dans toutes les chofes de la vie , en font les vrais remèdes. Au refte , quand cette efpece de pléthore continue pendant quelque temps , elle dégénère bientôt en d'autres maladies , comme l'apoplexie, la paralyfie, l'hydropific , & bien d'autres maladies que nous avons décrites chacune à leur article. Quelquefois la pléthore fe trouve compliquée avec la cacochymie ; & la dépravation n'attaque pas feulement le fang , mais même \ts humeurs : pour lors, il faut réunir enfemble les remèdes de ces deux maladies, &: commencer le traitement de la cacochymie par la faignée , la diète & les délayants. Cette efpece de complication eft fort rare , parce que , quand la cacochymie fubfifle pendant quelque temps , elle fait bientôt dégénérer la mafle du fang , détruit les forces & l'appétit , & delà , par conféquent , la pléthore. PLEÎJRÉSIE , 1. f. douleur de côté piquante & trèsviolente , caufée par l'inflammation de la plèvre , fouvent aufli de la partie externe du poumon , accompagnée de fièvre aiguë , de difficulté de refpirer , & ordinairement de toux & de crachats fanguinolents. Cette maladie fe fait connoîtrc d'une manière à ne s'y pas méprendre : on ne refpire que très-difficilement ; la fièvre eft continue; le pouls eft toujours fréquent,, dur & ferré , quelquefois inégal , & médiocrement grand; le vifage eft enflammé, la toux eft fréquente & feche , fur-tout les premiers jours : les crachats font mêlés Az fang ; mais ce qui caradérife le plus cette V iv 3ri 1» L E maladie , c'efl: une douleur de coté aiguë & pongitive , lemblable , en quelque forte , au fentiment qu'on e'prouveroit , fi on enfonçoit une ^pine dani le côte'. Il faut pourtant fe bien donner de garde de confondre cette efpece de pleure'fie avec les différents points de côté que Ton peut reflentir. Ainfi ce n'eft f>oint , comme le pcnfent quelques mauvais praticiens, e point de côte' , le crachement de fang & la fièvre qui carafle'rifent effentiellement la pleuréfic ; car il y a des pieurcfies fans crachement de fang & fans toux. On ne doit donc juger de la préfence de cette maladie , que par un pouls dur & ferré, un point de côté & la fiCvre réunis enfembJe , quoique le plus fouvent la difficulté de refpirer , le crachement de fang Se la toux accorr|pagnent les autres fignes. On diltingue deux fortes de pleuréfics , l'une que l'on appelle fecke , inflammatoire , ou vraie ■ l'autre que Ton nomme , humide , lymphatique , ou faujje. Dans la pleure'fie vraie , les malades fentent d'abord un frifibn qui augmente par degrés jufqu'à la douleur & au vomillement : bientôt après , il furvient une chaleur confidérable par-tout le corps , accompagnée de foif Sz de douleur de tête, d'un reflerrement à la poitrine & de difficulté de refpirer. Les malades fentent de plus une douleur vers la mamelle droite ou gauche, fixe , piquante & très-douloureufe , fur-tout lorfqu'ils refpirent , qu'ils crachent ou qu'ils touffeUt. L'urine les premiers jours , eft rouge ; quand elle eft repofée , elle laiflë un fédimsnt abondant. Cette efpece de maladie attaque principalement les jeunes gens d'un tempérament fanguin , les hommes plutôt que hs femmes ; & elle fe déclare au printemps & en été, plutôt que dans d'autres temps. Les fignes de la pleuréfie faufie font à peu près les mêmes que ceux de la pleure'fie vraie , fi ce n'eft que le pouls efl moins dur , moins vif & moins prompt : les malades ne reffentent point des douleurs aulfi aiguës au côté ; les crachats qu'ils rendent font plus épais : le fang qu'on leur tire ne contient prefque point de parties rouges , & fe réduit en une mafîè gluante & vifqueufe. On juge encore de la préfence de cette ma-* P L E 3^3 îadie, par l'infpeélion du tempérament du malade, qui e(t ordinairement pituiteux, d'un âge avance, & par la faifon dans laquelle ces maladies fc de'clarent. Elles paroiffent plutôt en automne & en hiver, dans un temps humide , que dans un temps froid & fec , ou chaud & fec. La caufe prochaine de cette pleuréfie vraie eft l'engorgement du fang dans les vaifleaux de la plèvre & de la poitrine. Les caufes éloigne'es font les aliments & les boiffons e'chauffantes , un air chaud , fec & froid, les exercices violents, les veilles continuelles, les paflïons vives de l'ame , les he'morrhagies fupprimccs , les fre'quents changements d'un air chaud a un air très-froid , & généralement tout ce qui peut enflammer le fang. La caufe prochaine de la pleuréfie faufle eft l'engorgement de la partie blanche du fang dans les vaiffeaux de la plèvre & des parties voifines. Les caufes e'ioi^ne'es font les aliments vifqueux & les liqueurs échauffantes , les mets alfaifonnés & aromatifés ; la fuppreffion de quelques évacuations par la bouche , ou par la peau ; les exercices violents , les veilles & les travaux forcés , & le changement fubit du froid au chaud. Le traitement de la pleuréfie vraie doit commencer par les faignées multipliées , fuivant les forces du malade. On prefcrira , pour boifTon ordinaire , la tifanc fuivante : Prenez , De la Racine de Guimauve lavée , demi-once. De la graine de Lin, renfermée dans un nouet , Des Fleurs de Bouillon-blanc j de chaque une pincée. De la KégUjfe , deux gros, Verfez fur le tout une pinte d'eau bouillante ; & , après une demi-heure d'inrufion , paflez la liqueur , pour en donner un verre légèrement dégourdi , toutes les heures. On donnera des lavements , de quatre heures en quatre heures ; & on prefcrira l'apozeme qui fuit : Prenez, Des Feuilles de Bourrache , De Buglofe, De Boinllon-bîane , de chaque une poignée. 3^4 P L E Faites-les bouillir dans trois chopincs d'eau, pour réduire à pinte. Paflez la liqueur , & ajoutez-y De firop de Violette , une once & demie. La dofe eft d'un grand verre tiède , toutes les trois heures. On re'ite'rera les faignées , quelquefois mémo au pied, fi les douleurs de tête femblent l'exiger. On continuera le même traitement , jufqu'à ce que la fièvre & les fymptomes foient calme's. A Texte'rieur on appliquera , dans le commencement , le cataplafme fuivant : Prenez, Un pot de terre neuve , qui contienne un peu plus de demi-feptier. Mettez-y un demi-feptier de bon vin rouge ; faites-y infufer enfuite fur des cendres chaudes, pendant deux heures , Quatre onces de Tabac ordinaire. Puis retirez le pot , & ajoutez-y La grojfeur d'un auf, de Poix de Bourgogne. Remettez le tout fur des cendres chaudes , pendant demi-heure , en remuant toujours avec un petit bâton. La manière de fe fervir de ce remède eft de l'étendre fur de la filaffe , & de l'appliquer fur le côté douloureux , raffujettiflant par une compreffe & une ferviette. On le laifTe vingt-quatre heures , en continuant les remèdes ci-defllis. Quand les accidents feront calmés , on purgera le malade de la manière fuivante : Prenez, De l'Ortie grieche , la plus fraîche y deux ou trois poignées. Pilez-la légèrement , & faites-la bouillir avec deux onces de bonne huile d'olive & un verre de vin , à la réduction d'un bon gobelet. Ajoutez-y Une once de firop de Fleurs de pêcher. PafTez le tout , & faites-le prendre le matin à jeun au malade que l'on repurgera enfuite , deux jours après, avec une purgation fimple. La pleuréfie faufle n'exige pas , à beaucoup près , P L E .511 autant de faîgnees que l'autre : il fuffit d'en faire une ou deux ; ce remède même nuit beaucoup , quand oft pafTe ce nombre. En même temps , on fera faire au malade , pour rifane, une infufion le'gere de bouillon-blanc & de chicore'e fauvage , que l'on continuera pendant deux jours, après laquelle on pafl'era à la fuivantc : Prenez, D'Eau bouillante , une pinte. Ajoutez-y De Miel de Narbonne , une once fir demie» Faites écumer plufieurs fois le miel , & ajoutez-y Des Feuilles de Lierre terreftre , une pincée. Paflez le tout , pour en donner un petit verre toutes les heures au malade. On lui prefcrira en même temps l'apozemc & le looch fuivants : Prenez, De Racine de Patience fauvage , demi'Once, De Feuilles de Bourrache , De Capillaire , de chaque une demi-poignée. Faites bouillir le tout dans deux pintes d'eau commune , que vous réduirez à trois chopines, Paflez la liqueur , & ajoutez-y Une once & demie de firop de Lierre ter* refire , pour prendre un verre tiède , toutes les quatre heures, en prenant par cuillerées le looch ci-*deflbus : Prenez , D 'Huile d'Amandes douces récentes , une once & demie. De Sirop Violât , De Miel de Narbonne , de chaque une demi^ once. Le Jaune d'un ceuf frais. Mêlez le tout pour un looch à prendre par cuillerée, de deux heures en deux heures. On appliquera fur la partie malade le cataplafme fuivant : Prenez , Du Poivre long , Du Gingembre pulvérifé, de chaque une demionce. Mêlez css deux poudres avec fuffifante quantité de blanc d'œuf ; faites-en un cataplafme qu'il faudra mettre fur des étoupes , & appliquer enfuite tout chaud 3i6 ^ ^ P L E iur le côté où eft la douleur ; on le renouvellera toute* les vingt-quatre heures. Quand la douleur, la fièvre & les fymptomes delà maladie feront calme's , on pourra faire faire ufage au malade d'une rifane faite avec parties e'gales de fleurs de coquelicot oc de feuilles d'hyirope , en faifant prendre auparavant le bol qui fuit: Prenez , D'Extrait de Fumeterre , D'Enula-Campana , de chaque deux gros. D'Antimoine diaphorétique , un gros. De Kermès minéral , trois grains. De poudre de Vipère , vingt gtains. Mêlez le tout enfemble , pour en faire des bols, avec fuffifante quantité' de firop d'œillet dont le poids fera de vingt grains. Le malade en prendra deux par jour , en fe tenant chaudement dans fon lit , & en buvant un verre bien chaud de la tifane ci-defilis. On n'oubliera point de purger le malade avant & après l'ufage de ce bol. Voye^ l'art. Maladies aiguës. Il y a une autre efpece de pleuréfie que l'en appelle ■fymptomatique , parce qu'elle n'eft point effentielle , & qu'elle de'pend de quelqu'autre maladie à laquelle elle -eft unie; c'cft ce qu'on voit arriver tous les jours dans \ts maladies épide'miques , dans quelques fièvres putrides & malignes. On reconnoît la pleure'fie fymptomatique à un embarras confide'rabîe vers la poitrine , à des naufe'es & des envies de vomir fre'quentes , à un pouls petit , vif, ou grand & mou , à une amertume & un très-mauvais goiit dans la bouche ,- à l'examen du temps dans lequel il r'egn'e des maladies épidémiques , au peu de foulagemenr que les malades rerirent des faigne'es , aux foiblelfes èz aux" anxie'tés continuelles qu'ils éprouvent. Cette efpece de pleure'fie eft occafionne'e par l'irritation des nerfs de la plèvre, produite par îine matière acre, ime bile exaltée qui fe porte de l'eftomac à la poitrine, & cccafîonne le point de côté, Toppreflion ,> le crachement de fang , & les autres accidents de la maladie. ■"■-On doit commencer, en pareil cas , par faire faire ^u malade une petite faignée, pour défemplir les vaifI P L E .317 féaux ; & on ne doit point s'effrayer de voir tous les fymptomes augmenter : on donnera au malade , toutes Jes trois heures , un lavement d'eau de rivière , ou une dc'coiiîtion de graine de lin Se de fon avec du beurre frais ; on continuera les lavements , de trois en trois heures , les quatre premiers jours. Quatre ou cinq heures après la faignée , on fera prendre au malade deux grains d'éme'tique dans une chopine d'eau; & on favoriiera fon effet par beaucoup d'eau chaude. On fera furpris de voir, par l'effet de ce remède , qui eft affez violent , diminuer le crachement de fang , la fièvre fe calmer , ik. tous les fymptomes s'adoucir. Le lendemain de l'émétique , on prefcrira l'apozeme fuivanr : Prenez , De Feuilles de Bourrache, De Buglofe , De Chicorée fnuvage f de chaque une poignée. De Follicules de Séné , trois gros. De Sel de Glauber , trois gros. Faites bouillir le'gdremcnt le tout dans trois demifeptiers d'eau , pour re'duire à chopine : paflèz la liqueur. Ajoutez-y De Manne, deux onces. De Tartre émétique , deux grains , pour en prendre un verre de trois en trois heures , en buvant , dans les intervalles , de la tifane faite avec une pince'e de fleurs de chicorée fauvage. Au rette , comme cette efpece de pleureTie de'pend toujours de quelque maladie , on traitera la maladie effentielle , comm.e elle l'exige , fans s'embarraffer nullement de la pleureTie ni des autres fymptomes de la poitrine , à moins qu'ils ne fuffent trop violents , comm.e dans un crachement de fang confide'rable ; auquel cas , il faudroit faire prendre beaucoup de boilfon au malade , avant de pafler aux remèdes que nous venons de prefcrire. PLEUROFNEUMONIE , f. f. c^^tzz de pîeurélle compofe'e d'une vraie pleureTie & d'une pe'ripneumonie. On recoonoît cette maladie aux fignes compofe's de w8 , P ^ ï la pleuréfie Se de la péripneurttonic : tels font les fuivants ; une opprelfion de poitrine & une difficulté con(ide'rable de refpirer ; une fièvre aiguë , un pouls ferré & dur; un point de côte', la toux , le crachement de fang , & un embarras géne'ral dans toutes les parties de la poitrine , tant intérieures qu'extérieures. Les caufes de cette maladie Ibnt les mêmes que celles de la péripneumonie & de la pleuréfie , c'eft-à-dire , un embarras du fang ou de la lymphe dans les vaiffeaux du poumon , occafionné par hs aliments échauf-fants, les boiflbns fpiritueufes, les veilles, les mouvements violents , les évacuations fupprimées , les paifions de l'ame & les révolutions de l'athmofphere. Le traitement de cette maladie eft le même que celui de la pleuréfie ; il s'agit feulement de conftater fi la pjeuropneumonie eft vraie ou faufle , ce que l'on peut aifément connoître par les fignes que nous avons rapportés dans la pleuréfie , qui font hs mêmes que ceux de la pleuropneumonie. PLICA-POLONICA , f. f. maladie dans laquelle les cheveux font fi entortillés & entrelacés les uns dans les autres , qu'on ne fauroit les démêler -, & lorfqu'on les coupe, ou qu'ils fe rompent, ils répandent du fang. Cette maladie ne fe rencontre prelque jamais dans ce pays-ci ; elle eft commune en Pologne : delà vient qu'on l'appelle Plica-Polonica , ou Plique Polonoifc. Cette maladie attaque fur-tout les Juifs qui vivent dans ces contrées. Le malade eft attaqué de fièvre , de maux de tête horribles : fa vue s'affoiblit ; fes cheveux fe hériffent, s'entrelacent enfemble , & fe colent de façon qu'on ne peut plus les féparer ; quand on les coupe , ils répandent ordinairement du fang. Rien ne contribue plus à la production de cette maladie , que la mal-propreté dans laquelle ces peuples vivent ; car ils fe peignent rarement : ils habitent des lieux bas & humides , & ils boivent de l'eau-de-vie avec excès. La caufe de cette maladie réfide aulfi dans certaines eaux de Pologne, dont l'ufage , foit en forme de boilTon ou de bain , produit la plique. Joignez à cts caufes un défaut héréditaire qui palfe des pères aux P L O 3Î9 enfants , & qui confifte dans la trop grande ouverture des pores & des poils bulbeux , qui lont loge's fous la peau du crâne j ce qui t'ait que le fuc nourricier , épais & gluant, qui eft produit parles aliments groffiers & les eaux impures , eft poufîe , au moyen de la chaleur qu'excite l'ufage de l'eau-de-vie , dans les cavite's des cheveux, & fuintant par leurs pores , produit cette terrible maladie. Lorfqu'on vient à couper cette plique , le malade perd la vue , & eft attaque' de plufieurs autres fymptomes terribles, non point, comme quelquesuns croient , à caufe que la tête demeure expofe'e au froid , puilqu'il eft aifé de s'en garantir , à l'aide d'un bonnet , m.ais parce que la fubftance dans laquelle la nature avoir accoutumé de loger la matière peccante , eft emportée ; ce qui empêche les évacuations des humeurs putrides. Il arrive dans cette maladie la même chofe que dans les ulcères invétérés , qu'on ne peut confolider , fans mettre la vie du malade en danger, à moins qu'on n'ait eu le foin de purger le corps auparavant. Il n'eft pas sur non plus de fermer des cautères qui ont demeuré ouverts pendant un temps confidérable. Après que la matière peccante a été évacuée , la plique fe guérit d'elle-même ; ôc lorfqu'on eft une fois aftiiré qu'elle n'eft plus logée dans le corps , ce qu'il eft difficile de connoître,on ne court plus de rifque à couper la plique. La purgation & la faignée nuifent à ceux qui font attaqués de cette maladie , à caufe que ces remèdes , au lieu de corriger & de furmonter les humeurs , les jettent d.ins une agitation plus violente , & les obligent à fe diftribuer par tout le corps ; au moyen de quoi , il vient des douleurs aiguës par tous les membres. Il eft plus sûr & plus efficace d'attirer , le plutôt qu'il eft poftible , la matière morbifique fur les cheveux oïl elle tend naturellement ; & l'expérience nous apprend que rien ne fatisfait plus parfaitement à cette indication , que de fe laver fréquemment la tête & les cheveux , avec une décoîtion de branche-urfine. PLOMB (^ le ) , f . m. maladie dont les vuidangeurs font quelquefois attaqués , lorfqu'ils defcendent dans des latrines , ou puifards, &: qu'ils font furpris parla 3ao P L O vapeur qui en fort. Voyei Maladies des Vuidawo GEURS. PODAGRE, f. f. goutte qui attaque les pieds. Voye^ Goutte. POIL , f. m. maladie des mamelles , accompagne'e de douleur & de rougeur , de tumeur inflammatoire , & quelquefois d'abcès. Cette maladie eft produite par le grumelement du lait. Voyei Lait grumelé. POISONS , f. m. plur. On entend par Poifon tout ce qui peut occafionner dans le corps un de'rangement coniide'rable , & qui n'eft pas propre à nous nourrir. On voit que , dans ce fens, on appelle Poifon tout ce qui , e'tant pris en grande quantité , de'truit l'ordre & l'harmonie des parties inférieures : c'eft ainfi que le vin , quoiqu'une boiffon agre'able & utile , tourne fouvent en poifon , quand on en abufe. Il y a cependant des fubftances qui font despoifons, proprement dits , comme l'arfenic , le fublimé corrofif. &c. Ceux-ci agilTcr^t à plus petite dofe , (Se p.roduifent des effets terribles. Nous donnerons les remèdes propres aux diifFe'rents poifons , à l'article Préservatif. POLLUTION nocturne. C'eft un écoulement involontaire de femence qui arrive pendant le fommeil. On diftingue cette affedlion de la gonorrhée , par les fignes qui l'accompagnent, & par la nature & la qualité de l'humeur : on la diftingue au/fi par les différents degrés dont elle eft fufceptible. Quelquefois elle fe déclare toutes les nuits , & quelquefois toutes les femaines. Ce font , en général , les jeunes gens , les perfonnes pléthoriques qui mènent une vie oifive , qui mangent beaucoup , & qui vivent de mets fucculents , qui font les plus expofés à cette maladie. Quand la pollution noélurne n'arrive que r;irement , elle ne dérange point le corps , & n'altère point la fanîé. Mais , quand cet accident arrive toutes les nuits , ou du moins trèsfouvent, le corps maigrit, la couLeur du vifage fe dilfipe , les yeux deviennent rouges : il P 0 L 311 il furvient des catarrhes , & on a le teint livide & plombé ; enfin cette maladie de'ge'nere en gonorrhe'e. Quand cet accident n'eft pas fiéquent , qu'il vient après une nourriture abondante & fucculente ou dans les tempe'ramcnts ple'thoriques , on ne doit en rien craindre : il fuffit , fi cela vient trop fre'quemment , de faire faire au malade une faigne'e au bras , lui faire prendre les bains , lui prefcrire la diète , du repos , de la tranquillité' de corps & d'efprit , & d'éloigner de fon imagination tous les objets qui peuvent difpofer à cette maladie. Quand cet accident eft fréquent , & que le malade maigrit , perd l'appétit , & que fa fant^ s'altère , il faut pour lors commencer par lui faire prendre , tous les jours, une pinte de petit-lait , dans laquelle on ajoutera une once de firop de nénuphar , ce qu'il continuera pendant quinze jours. Il prendra, en même temps, des lavements , tous les matins , & des bains tiedes. Le foir , en* fe couchant , il fera ufage de la poudre fuivante : Prenez, D'Yeux d'EcreviJfes , un gros. De Selfédatify demi-gros» De "Nitre purifié , un gros. Mêlez le tout enfemble , & réduifez-le en poudre fine , pour en prendre la moitié , à l'heure du fommeil , en buvant , une demi-heure après , la moitié de la potion fuivante : Prenez , D'Eau diftillée de Semence d'Agnus-Caflus , quatre onces. De Nitre purifié , un gros. De Sirop de Nénuphar , une once. Partagez le tout en deux prifes , pour prendre en deux fois. On aura foin d'éviter toutes les ledures , les con* verfations , les compagnies amoureufes , afin de no fioint donner matière à l'efprit de fe concentrer dans e même objet : il faudra en même temps éviter les ragoûts épicés & falés , vivre de crème de riz , & même de laitage , que l'on prendra pour toute nourriture , fi l'eftomac peut le fupporter. On évitera également les chofes aigres , comme le ci;ron & le vinaigre : on ne fera aucun ufage du vin ni des ratafias : 09 D. de Santé. T. J/, X 311 P O L fera très-peu d'exercice , & on mènera la vie la plus tranquille que l'on pourra. Quand on aura obfervé ce régime & ces remèdes, on palièra à l'ufage des eaux de FalJy dépurées , ou de Forges , pour fondre & brifer la partie lymphatique du lang , & pour le faire circuler plus librement. On commencera d'abord par une chopine , & l'on continuera félon que l'on en éprouvera de bons ou de mauvais effets. 11 faut bien fe donner de garde de prendre des remèdes propres à arrêter cette évacuation , comme tous les remèdes aftringents : il faut également éviter les remèdes extérieurs , capables d'arrêter cette matière qui veut fe faire jour au dehors , parce qu'elle fe pcrteroit dans les bourfes ou dans l'aine , •&: y occafionneroit des tumeurs ou des dépôts. 11 arrive quelquefois que la pollution noclurne eft occafionnée par le relâchement des parties génitales ; ce qui vient de ce qu'elles font, ou ont été trop exercées , ou de ce que le corps lui-même eft tombé dans ]e marafme , par un tempérament gras & replet , par une difpofition continuelle au fomm.eil &: au repos , par l'ufage des aliments doux & des boiflbns aqueufes en grande abondance ; ce que l'on connoît par un pouls ferré , & par l'imagination pailîble du malade qui n'eft nullement occupé de l'amour. On doit , dans ce cas , faire prendre le petit-lait , pendant deux ou trois jours , dans lequel on plongera après un fer rouge , a. plufieurs reprifes , pour donner plus de force à cette boifTon. On fera prendre les bains froids au malade , Sa on le mettra à l'ufage de l'opiat qui fdit : Prenez , De Conferve de Coings , une once. De Rhubarbe en poudre , demi-gros. De Bol d^ Arménie , un gros. De Safran de Mars aftringent , deux gros. De Corail en poudre , un gros. Mêlez le tout enfemble avec fuffifante quantité de firop d'écorce de citron , pour en prendre un demigros, avant le repas , en buvant par deflus un verre d'infufion de mille-feuilles. P O L 313 "POLLUTION voLONTAïuE. C'eft un écoulement volontaire de lemence , produit par une manœuvre dételKible que l'Etre luprëme a puni autrefois dans la perfonne d'Onam, Il ell rare que cet écoulement forcé"" do la femence ne foit pas fuivi d'accidents funeftes, parce que ceux qui ont le malheur d'y être fujets , au bout d'un certain temps , ne connoilîènt plus de bornes dans cette abominable habitude. Les effets qui en reTultent ont lieu , par rapport au corps dont les fondions fe de'rangent de plus en plus ; & , par rapport à l'ame dont les facultés fe de'te'riorent a la longue , 8c finifïént par être détruites en partie. Lafanté, dans les commencements, n'eft pas toujours léfée d'une manière bien fenfible , à moins que le fujet ne foit encore dans un âge fort tendre. Chez les adultes, les forces étant plus grandes, le corps d'ailleurs ayant prefque pris toute fa croillance , eft plus en état de fupporter cette déperdition de femence. Cependant , comme certe habitude s'enracine toujours de plus en plus , par les actes répétés, quand on s'apperçoit du délabrement de fa fanté , il eft très-difficile de s'abftenir de s'y livrer , tant la nature a de penchant & de facilité pour cela ; de forte que, l'habitude prenant de nouvelles forces , le corps dépérit infenfiblement , & tombe dans la confomption & le marafme. Les perfonnes des deux fexes fouffrent également , quand elles ont le malheur de fe livrer à ces plaifirs. C'efI: bien ici le vrai fruit défendu. Malheur à ceux qui y touchent ! Toc ou tard ils en font bien punis. Mais voyons plus en détail le tableau des maux occafionnés par cette infâme habitude , fi commune dans ce fiecle corrompu. La trop fréquente émiifion de femence relâche , iiffoiblit , defléche les nerfs ; d'où il réfulte une infinité de maux , des apoplexies , des léthargies , des épilepfies , des affoupifTements , des pertes de vue , des tremblements , des paralyfîes , des fpafmes , ^es maladies hyftériques & hypocondriaques , & enfin toutes les efneces de gouttes les plus douloureufes. Tous les maux que je viens de rapporter , font précédés de douleurs vagues & irrégulieres , d'infomnies , de dérangement dans les digeftions , de céphajalXij 3^4 P O L gies. Le vifagc devient maigre , pâle ; les yeux éteints ; toutes les faculte's de l'ame s'affbibliflent ; la me'moire diminue ; l'imagination fe refroidit. A la gaieté' fuccédent les chagrins , les de'goùts & les ennuis. Les remords ne ceflent de tourmenter les viélimes de cette débauche. Un corps afFoibli à la longue par cette habitude efl: en proie à toutes les caufes des maladies. A peine eftil en état de réliller à la plus légère : au premier choc, il fuccombe. Les maladies qui attaquent le plus communément les corps même les plus fains , & chez lefquels elles font ordinairement bénignes & faciles à guérir , deviennent malignes , & très-fouvent incurables. Nous remarquerons ici une chofe qui a échappé à prefque tous les médecins qui ont parlé des fuites funeftes de cette habitude ; c'eft que l'imagination , étant fans celfe occupée à feindre des objets capables d'exciter de plus en plus les organes de la génération , acquiert d'autant plus de force & d'aftivité pour cela , que les autres parties du corps en perdent ; de manière que la fanté fe délabrant de plus en plus , l'imagination ne ceffe d'agir , & de fortifier le penchant à ces excès : auiïi voit-on que les jeunes gens qui , dans les commencements , ne fe polluent qu'une fois par jour , parviennent à le faire , par la fuite , trois , quatre & même cinq fois. Il eft facile , après cela , de comprendre comment le corps peut être réduit à un tel degré de foiblefiè , qu'il devienne incapable de furmonrer la plus légère maladie. Il n'eft pas facile de remédier aux fuites funeftes de cette habitude , fur-tout lorfqu'elle eft invétérée , & que la fanté eft déjà notablement léfée. On peut confidérer les maux qu'elle produit ordinairement , comme ayant plufieurs degrés. Dans les commencements , fi la perfonne eft parvenue à l'âge de puberté , 6c qu'elle foit douée d'une bonne conftitution , elle ne s'appercevra pas tout de fuite du dérangement de fa fanté , quoiqu'il fût à fouhaiter que cela fût : du moins pourroit-elle plus facilement s'abftenir de s'y livrer. Mais , raalheureufement cela n'eft pas ; & très-fouvent on ne fent tous les inconvénients de cette habitude , que lorfqu'on ne peut plus , pour ainfi dire , y apporter des remèdes. P O L 325 Dans le premier degré' du mal , on reffent feulement de le'geres incommodités. La digeltion ne fe fait pas fi bien , le fommeil n'eft plus û tranquille. La tête devient lourde ik. pefante. La vue s'attbiblit un peu , & les oreilles ne font plus fi bonnes. Dans le fécond degré', les incommodités du premier augmentent. A celles-là fe joignent ramaigrilfement , la pâleur du vifage , les maux d'eftomac. On e'prouve , de temps à autre , quelques mouvements de fièvre pre'ce'dés de rrilfon : tout le corps maigrit confide'rablemenc , & devient incapable du plus le'gcr exercice. Si la poitrine eft foible , il furvient des crashements de fang , qui de'ge'nerent en phthifie. Si ce font les reins , alors le malade eft tourmenté de colique néphrétique , de maux de reins infupportables. Dans ce degré , les maladies hyftériques & hypocondriaques fe déclarent avec plus de lorce que dans toute autre occafion. Dans le troifieme degré , aux maux décrits ci-deflus fuccedent le marafme , la confomption , la fièvre lente , les fourmillements le long de l'épine , les tremblements, les paralyfies. Les uns perdent la vue : les autres deviennent fourds, Plufieurs perdent totalement la mémoire , & deviennent fous : enfin la plupart font attaqués d'épilepfies & de convulfions dans lefquelles ils fuccombent de la manière la plus miférable & la plus cruelle. Le crime de cette infâme habitude efl puni , dès cette vie , d'une façon qui devroit bien corriger ceux qui auroient quelque penchant à s'y livrer. Il n'eft aucuns de ces degrés auxquels on puiffe remédier , fi l'on ne commence par s'abftenir totalement de cette infâme manœuvre. Pères & mères , vous ne fauriez trop veiller fur vos enfants , vers l'âge où la nature commence à leur faire fentir l'aiguillon de la chair, Domeftiques , valets , femmes-de-chambre , le diraije ? précepteurs , gouvernantes même , font fouvent capables , par leurs mœurs corrompues , de corrompre ces jeunes plantes , & de les deffécher avant le temps. Si vous vous appercevez que quelqu'un de vos enfants , foit garçon , foit fille , ait eontradé une telle habitude , employez tout pour l'en délivrer ; non les châtiments ni les aigreurs quiferoient inutiles; mais, fans Xiij 3i6 P O L faire femblant que vous vous en êtes apperçu , ne le quittez pas de vue ; foyez avec lui nuit & jour; tâchez de faire enforte qu'il dorme à vos côtés. Si vos occupations ou vos aftaires ne peuvent s'accorder avec ces foins, chargez-en une perfonne de confiance, & dont les mœurs foient à l'abri de tout foupçon. Sans cela, votre enfant eft perdu ; &il eit à craindre que jamais il ne fe corrige. Les autres moyens font d'e'viter toutes les occafions capables d'exciter dans l'imagination des idées obfcenes , comme converfations , Ipedacles , lecture de mauvais livres, fréquentation des femmes. Le feul moyen de le faire efl de procurer une diverfion à (es idées , en s'occupant entièrement de fon état , de fes études , & en s'y livrant fans réferve. Rien ne contribue tant à la deftrudion de cette habitude , que d'avoir fans ceffe l'efprit occupé de bonnes chofes. Quant aux moyens de remédier aux incommodités & aux fuites funeftes de cette pollution volontaire , je vais les indiquer en peu de mots. Dans le premier degré, il fuffit , en s'abftenant toutà-fait de ces plaifirs illicites, de fuivre un bon régime, de prendre de l'exercice , de ne pas furcharger fon eftomac , &: de fe nourrir fur-tout de légumes & de laitage ; d'éviter les boiiïbns fpiritueufes , le vin & les liqueurs , & de ne point faire ufage de ragoûts , d'aromates & de viandes falées. Dans le fécond degré , on fuivra le régime indiqué plus haut. On fera de plus , ufage de crème de riz , de gruau , ôc de chocolat fans vanille. Quant aux remèdes , il er eft qu'on ne doit point employer , & d'autres dont il eft bon de faire ufage. , En général , la faignée eft très-nuifiblc , a moins qu'il n'y ait une indication très-preffante de la pratiquer. On doit être très-réfervé fur l'ufige de l'opium , à moins que les fpafmes & les convulfions ne foient confidérables. Si les premières voies font remplies d'humeurs , ce qui eft aflez commun , à caufe des mauvaifes digeftions , il faut alors prefcrire un purgatif fort doux , comme dix grains de jalap mêlés avec le double de fucrç , & bien triturés enfemble , de manière à çn faire 4 P O L yj] une poudre prefqu'lmpalpable. Il e(h bon de ne pas trop infifter liir Tulagc des purgatifs , à caufe de la foiblelfè & de l'atonie des vifceres. Le grand point , dans cts cas , efl de redonner des forces au malade fans trop irriter. Le nombre des remèdes , qui peuvent fatisfaire à ces indications , n'eft pas grand. Les meilleurs auteurs de pratique n'en reconnoilfent guère que deux qui foient capables de produire un tel effet ; le quinquina , &: les bains froids. Le quinquina s'emploie en fubftance ou en de'coction. On le donne, fous cette dernière forme , à la dofe d'une once fur douze onces d'eau ou de vin. rouge, félon que le cas l'exige , cuit pendant deux îieures. La dofe de cette décoàion eft de trois onces à prendre trois fois le jour. En fubitance , on peut le donner de la manière fuivante : Prenez, De bon Quinquina ^ une once. De Sel d'Ahfinthe , Des Yeux d'Ecrevijfes préparés , de chaque un gros. Pulvérifez ce qui doit l'être , &: incorporez le tout dans une fuffiiante quantité de firop de capillaire. La dofe eft d'un gros , le matin à jeun , dans du pain à chanter. En même temps que l'on prend le quinquina , de la manière ci-de(T"us, il faut faire ufage des bains froids, le foir , lorfque la digeftion du dîner eft entièrement finie , pendant huit , dix ou douze minutes , & enfuite fe mettre au lit. Le mars eft encore très-employé dans les cas de foiblefîe occafionne'e par la même caufe : on l'allie avec le quinquina : on peut le faire encrer dans la formule ci-delTus , à la dofe d'un gros. On donne la préférence à la limaille d'acier porphyrifée , ou à l'zthiops martial. Les eaux de Spa , qui l'ont ferrugineufes , lorfqu'on efl: à portée d'en faire ufage , font très-bonnes. On peut les mêler avec le lait , qui n'en pafte que mieux. On doit continuer ces remèdes , plus ou moins longtemps , eu égard au degré du mal , & au foulagement que le malade en retire. Quant au régime , nous en avons parlé plus hauti II X iv 318 P O L luffira d'ajouter que le fommeil ne doit pas être long. Il faut tâcher de fc lever du matin , & de prendre de l'exercice imniédiatement après fon lever , dans un air {>ur (Se fec. L'on ne fauroit trop recommander aux malades a dillipation , afin de chafTer leur mélancolie ; mais il eft très-importantd'ttre extrêmement mode'rédansfespaiïions^ Quant au troifieme degré de la maladie , il eft prefqu'incurable , vu la grande foiblefTe & l'afFailTement de toute la machine. Les apoplexies , les épilepfies , les léthargies , les paralyfies & les convulfions qui l'accompagnent , fe traitent comme on l'a indiqué dans les articles de ce Didionnaire^ mais il faut bien faire attention à la caufe qui les a produites. Dans ce cas-ci, elles demandent , dans leur traitement , beaucoup de précautions. En général , il faut éviter les médicaments trop adifs ; & , comme la débilité des nerfs eft une des principales indications, on peut, dans ce cas, mettre en ufage les remèdes indiqués plus haut , qui rempliftent parfaitement l'indication de fortifier fans irriter. POLYPE , f. m, excroiiïance charnue , molle , ordinairement rouge , quelquefois livide ou blanchâtre , oui prend naifTance du fond des narines , par une bafe étroite , qui fe divife en plufieurs branches. Cette tumeur eft quelquefois fi longue & fi groffe, qu'elle fort hors de la narine qu'elle occupe , ou defcend dans la bouche, par les foffes nafales , & remplit piefque toute la gorge; ce qui gène très-fort la refpiration & le paflage des aliments. Ces différentes branches font comme autant de pieds, par lefquels cette tumeur repréfente un poiffon de mer appelle polype , qui lui ont fait donner ce nom. Cette maladie eft totalement chirurgicale , & n'exige aucun traitement particulier. Il fe forme auffi fort fouvent dans le cœur , particulièrement dans le ventricule droit , à&s amas de fang , femblables à des filaments rouges , qui fe jettent delà dans les gros vaifTeaux qui fortent du cœur. On appelle ces fortes de concrétions des polypes. On reconnoît la préfence des polypes au cœur , par un pouls lourd & embarraffé , intermittent ; par une anxiété & un mal-aife autour du cceur , par des palpita  P O R jaf rions prefque continuelles , & fur-tout par l'augmentation de ces fymptomes , quand le malade prend des aliment» vifqueux , e'chaufFants , ou des boiflbns fpiritueufes. On gue'rit difficilement de cette efpece de maladie ; & le re'gime y peut beaucoup plus que les remèdes, II faut refpirer un air frais & fain , ne point prendre d'aliments gluants , de mets falés & épicés , éviter le vin & les liqueurs ; faire de l'exercice le plus qu'il fera poffible , dormir peu ; modérer fes paîfions , comme la colère , l'amour , la haine , & prendre habituellement , tous les matins , trois ou quatre verres d'infufion de la boule de Mars médicamenteufe dans de l'eau, ou des eaux ferrugineufes , comme celles de Forge & de PafTy ; les bains pris dans la faifon font auffi très-utiles. PORREAU , f. m. petite excroiffance charnue , dure , indolente , fans changement de couleur , e'ieve'e fur la peau , comme un petit pois : il en vient plus ordinairement aux mains qu'aux autres parties du corps. On diftingue les porreaux en plusieurs efpeces : il y en a de ronds , de plats & de pendants. Les ronds, qui font les plus ordinaires, ont la tête femblable à celle d'un petit porreau , &c tiennent à la peau par des filets qui imitent les fibres de la racine de cette plante. Les plats font peu élevés , & leur bafe eft large. Les pendants font plus élevés fur la peau ; leur bafe efl étroite comme une queue ; leur tête eft ronde & oblongue. Ce font ordinairement les gens habitués au travail des mains , qui font fujets aux porreaux. Les fucs nourriciers lymphatiques des fibres fe trouvent comprimés , & ils contractent , par leur fixation , un caraflere plus ou moins malin , qui fait le fond de ces fortes d'excroilTances. On diftingue les cors aux pieds , des porreaux , en ce que les derniers ont des racines plus profondes & plus tendineufes ; que les porreaux tiennent fouvent à un pédicule qui eft mince & plus ou moins gros ; au lieu que les cors ont des bafes plus larges , & qu'ils tiennent par plus de racines. On fait les accidents cruels, qui font arrivés à nombre de perfonnes qui fe font couper indifcrettement ces fortes d'excroiffances. Combien n'y a-t-il pas de 530 -POU pauvres domeftiques , de gens de journe'c de l'un on l'autre fexe , aux champ* ou à la ville, qui , e'cant incommodés de verrues aux mains, jufques-Ià qu'elles les empêchent de travailler , fe fervent de cauftiques qui les rendent edropie's? Il ne faut point tourmenter ces fortes de tumeurs , en ■voulant les gue'rir trop promptement ; il ne faut que les couper fuperficiellement , & tenir continuellement appliquées defius , en manière d'un petit cataplafme , des feuilles d'ofeilles broye'es & bien pilées avec du fuif : il s'en forme un onguent très-mou, dont on fait une cfpece de calotte fur le porreau , que l'on affujettit par le moyen d'un petit bandage. On peut aulli le frotter avec le fuc de feuilles de fouci , ou appliquer deffus àcs tleurs de fouci mace'rées dans le vinaigre diftilîé, ou bien les couvrir de feuilles vertes de chèvrefeuille pile'es , les frotter avec le lait ou les feuilles de figuier ; ou , fi Ton aime mieux , on peut tremper le porreau tous les jours dans de l'eau tiède , le de'raciner petit-à-petit fans douleur ; &, quand on verra qu'il fera îuffifarament amolli , on le coupera le'gérement & fuperficiellement, & on appliquera deflus quelques gouttes d'eau de vitriol. POULAIN , f. m. C'eft un bubon , ou une tumeur qui vient dans l'aine , & qui eft produite par une caufe vénérienne. Cette tumeur eft ordinairement douloureufe , dure , rénitente : elle vient difficilement à fuppuration ; elle eft produite médiatement ou immédiatement par un commerce impur. Ceux qui font expofés à ce mal , à ]a fuite d'un coït impur , reflentcnt , quelques heures sprès l'aciion , en marchant, une légère douleur dans les glandes d'un côté ou des deux côtés des aines. Ces glandes paroiiTent gonflées au loucher : elles augmentent de volume , plus ou moins vite ; & elles deviennent dures, tendues , rénitentes & douloureufes : cependant la peau , qui les couvre conferve fa couleur naturelle ; mais on marche avec plus de peine : enfin le poulain fe manifefte. li eft plus ou moins élevé , d'une figure ronde , oblongue , ou cylindrique ; tantôt gros comme un œuf de pigeon ou de poule , & tantôt comme le poing. POU 53Î On diflingne trois efpeces de poulains. Les uns viennent uniquement & imnie'diatement d'un commerce impur. Les autres furviennent à une gonorrhée virulente , ou qui coule peu , ou bien à des chancres de la verge : d'autres arrivent d'eux-mêmes , fans qu'il y ait eu depuis long-temps aucun mauvais commerce , & c'eft alors un figne d'une ve'role cache'e. Dans les uns , il y a beaucoup de chaleur , de pulfation & de re'nitence ; & on les nomme phlegmoneux. Dans les autres , la douleur , la chaleur , la pulfation & la re'nitence font me'diocres ; la tumeur en eft même fi peu dure , qu'elle conferve l'imprellion que le doigt y fait en la comprimant ; on les appelle œdémateux : d'autres enfin font fans douleur , fans chaleur & fans pulfation, quoique fort re'nitents; on les nomme fyuirrheux. La caufe prochaine du bubon vénérien eft l'épaiffiflement de la lymphe dans les glandes inguinales : la caufe éloignée eft le virus vérolique , infinué dans le corps, & qui, étant d'une nature acide, coagule la lymphe. Il paroît que c'eft par le moyen des vaiffeaux lymphatiques , qui aboutifîent aux glandes inguinales , que fe communique ce virus. Les bubons vénériens reffemblent aux bubons fimples, peftilentiels , fcorbutiques & écrouelleux , par leur fituation & par leur figure ; mais il eft aifé de les diftinguer d'avec ces fortes de bubons , par des fignes particuliers , favoir : i». dans les bubons fimples & dans les bubons peftilentiels , la peau eft rouge & enflammée ; ce qui n'arrive pas dans les bubons vénériens : a», les bubons fcorbutiques ou écrouelleux font accompagnés de lignes manifeftes d'écrouelle ou de fcorbut : 3". les bubons vénériens fe diftinguent encore plus certainement de tous les autres , par le rapport du malade qui s'accufe d'un commerce impur ou fufpecl, ou qui avoue qu'il a eu une gonorrhée , ou des chancres , &c. On peut quelquefois confondre les bubons vénériens avec la hernie inguinale , qu'on appelle entérocele ; mais , de quelqu'efpece qu'elle foit , il eft facile de la diftinguer d'avec le poulain , par les fignes fuivants : i». La fuperficie de Tentérocele eft unie : la figure en eft prefque ronde j & , quoique le volume en foit 53^ POU confiderable , la bafe eft fort mince , répond à l'ouverture du trou par où fort l'inteflin , & fert à la tumeur comme de pédicule ; au lieu que !a fuperficie du poulain efl: ine'gale , la figure le plus fouvent oblongue , & la bafe large. a». La tumeur de l'ente'rocele cède aifément à la preirion ; mais elle fe relevé dès qu'on ôtc le doigt : c'eft le contraire dans le poulain ; car celui qui eft phlegmoneux ou fquirrheux réfifte à la preffion ; &z celui qui eft œde'mateux ou qui eft fuppuré, conferve la marque du doigt dont il a reçu l'impreffion. 3". En touchant l'entérocele qui fe comprime facilement , & fe relevé promptement , on connoît que toute la tumeur contient des vents qui font ou feuh , ou mêlés avec quelques matières liquides : dans le poulain , au contraire , il n'y a point de vents ; & fi une fluctuation obfcure y fait découvrir quelques matières liquides , elle eft en petite quantité , fituée profondément , & n'occupe que le milieu de la tumeur , comme il arrive dans le poulain qui fuppure. 40. L'entérocele produit de fâcheux fymptomcs , favoir , la fièvre , la douleur de colique , la fupprefjQon des felles , le vomiflement des matières fécales , la paftion iliaque , &c. ; au lieu que le poulain ne produit jamais rien de femblable : d'ailleurs, il eft rare qu'un commerce impur & fufped , capable de caufer le poulain, fe rencontre fi jufte avec une chute, avec un coup au ventre ou avec un mouvement violent , qui peuvent caufer l'entérocele ; qu'après un examen férieux , on puilîe demeurer dans le doute fur la nature & fur la caufe de la tumeur qu'on obferve dans l'aine. Au refte , quand on eft une fois bien afTuré qu'il y a un poulain , il eft aifé d'en diftinguer les différences par les lignes qui ont été propofés ci-deflus ; car , fi la douleur , la chaleur, la pulfation & laréfiftance y font fort grandes, c'eft évidemment un poulain phlegmoneux. Si tous ces accidents ne font que médiocres , & m^me fi la tumeur eft molle , & qu'en la comprimant , la marque du doigt y refte , c'eft un poulain œdémateux : enfin , s'il y a peu de chaleur , de douleur & de pulfation , mais beaucoup de rénitence , c'eft un poulain fquirrheux. POU m Pour le traitement du poulain , il faut diftinguer trois différents cas ; i". lorfque le poulain vient ians caufe manif'cfte ; a^. lorfqu'il eft joint à une gonorrhe'e virulente ou à des chancres de la verge -, 3°. lorfqu'il arrive fcul , & peu de temps après un commerce impur. Dans le premier cas , le poulain indique une ve'role cache'e ; & , pour gue'rir radicalement Tune & l'autre maladie , il faut en venir fans de'lai aux fridions mercuriolles. Voye? Vkrole. Il en eft de même dans le fécond cas , excepté qu'il faut y joindre les remèdes propres a la Gonorrhe'e & aux Chancres. Voye^ ces deux articles. Dans le troifieme cas , on emploiera les remèdes fuivants : on doit faigner dès le commencement , afin de diminuer l'engorgement des glandes , & de prévenir la trop grande intlammation. Si le poulain eft phlegmoneux , on en tirera plus de fang : on en tirera moins, s'il eft œdémateux ou fquirreux ; il faut purger enfuite le malade avec la médecine fuivante : Prenez , De Mercure doux , quin'^e grains. De Jalcp en poudre , Jour^e grains. De pulpe de caffe , deux gros. Mêlez le tout enfemble , pour prendre en deux jours en quatre dofes. Si le poulain eft œdémateux ou fquirreux , on purgera le malade de la manière fuivante : Prenez , De Mercure doux , vingt grains. De Jalap , De Diagrede y de chaque douT^e grains. Faites-en un bol avec fuffifante quantité de confervc de rofe , pour une prife le matin. On paîîera enfuite à l'ufage du mercure que l'on donnera en friction , de la manière que nous l'avons dit à l'article Mercure. Pendant tout le temps du traitement , le malade gardera la chambre , fe tiendra chaudement : autrement il feroit à craindre que !e froid de l'air, en arrêtant toutà-coup la tranfpiration & les mouvements de la falivation , par le reflerrement fubit des glandes cutanées & falivaircs, ne causât quelque fâcheux dépôt fur la poitrine ou dans le cerveau. Le malade fe nourrira d'aliments légers , délayants ^ 334 POU humeftants , de foupe , de panade , de crème de rîz , de gele'e , de bouillon , & tout au plus d'œufs frais , s'abftenant de toutes fortes de viandes , même de la plus facile à dige'rer, telles que le poulet & les poulardes, ou du moins n'en mangeant que peu. Il faut qu'il e'vite avec la même attention l'ufage des femmes, les exercices, l'application d'efprit, & fur-tout le vin, & qu'il fe re'duife à l'ufage de la tifane dont il boira abondamment, afin que le mercure puilTe mieux fe mêler avec le fang , & divifer plus efficacement la lymphe trop e'paiffie. Quand on aura pratiqué les faigne'es , les purgations , les lavements & les bains , fi l'on s'apperçoit que la tumeur s'amolUlfe , & qu'elle fe pre'pare à tourner en fuppuration , il faut mettre en ufage le traitement externe , expofé dans le Didionnaire de Chirurgie , article Poulain ou Bubon vÉnÉrikn. Il eft à propos qu'il s'abftienne , durant tout le traitement , du vin , des femmes , des exercices violents , des aliments falés , poivrés , difficiles à digérer & de mauvais fuc , & même qu'il ne s'expofe que rarement , & avec précaution , à l'air froid , fur-tout pendant qu'il fait ufage intérieurement des préparations mercurielles. Il réfulte de tout ceci , que le moyen le plus fimple pour détruire le poulain , quand il ne fait que commencer , eft de tenter de le réfoudre. Quand il eft ancien , & que toute la mafTe des humeurs fe trouve infeélée du virus vénérien , la fuppuration eft la feule mériiode qu'on doive fuivre , en faifant cependant prendre à l'intérieur les fondants mercuricls , comme nous l'avons dit ci-deftus. POULS. C'eft le battement des artères. Nous le confidérerons ici comme un figne diagnoftic & pronoftic , dont la connoiliknce eft très-importante dans le traitement de toutes les maladies , fur-tout dans Iqs maladies aiguës & critiques. ( Vnve:( ce que nous en avons déjà dit aux morî Crises , Crudités ; & Maladies AIGUËS ). Le pouls , dans l'état de fanté , chez les adultes , d'un tempérament robufte , eft mollet , fouple , libre ; point fréquent , point lent ^ fans paroître faire aucun Pou 33$ effort. Ses pulfations font égales , de même que l'intervalle qui les fe'pare. Voilà les qualite's & les caractères qui font reconnoître le pouls d.ms l'e'tat fain , & auxquels on doit rapporter comme à une règle commune les variations qu'il éprouve dans l'état de maladie ; de manière qu'il elt d'autant moins naturel qu'il s'éloigne davantage de cet état. 11 faut remarquer que le pouls varie jufqu'à un certain point, dans l'écat de lanté, cliez les perfonnes d'un tempérament différent , que le pouls de l'homme eft plus fort , plus dur' & plus roide que celui de la femme ; que , chez les enfants , il eft plus fréquent & plus petit que chez les adultes & les vieillards ; que, chez ces derniers, le pouls eft plus lent, plus; concentré & moins égal , quelquefois même intermittent , quoiqu'ils fe portent bien d'ailleurs. Il faut remarquer , en fécond lieu , qu'il y a certains individus qui , quoiqu'en bonne fanté, ne laiflcnt pas que d'avoir un pouls contre nature, c'eft-à-dire , femblable au pouls de ceux qui font malades. Ainfi , pour bien juger du pouls de quelqu'un , il faut auparavant s'informer s'il n'a pas un caradere qui lui foit particulier dans l'état de fanté. Le pouls , dans l'état de maladie , eft plus ou moins dérangé , eu égard au genre de la maladie , au temps de cette même maladie , & à la conftitution du malade. Dans les maladies fans aucune malignité, le pouls eft d'un plus ou moins mauvais préfage , félon qu'il s'approche ou s'éloigne davantage du pouls dans l'état de fanté ; mais dans les maladies accompagnées de quelque malignité , le pouls eft quelquefois fans aucune variation ni aucun changement : dans ces forte:; de cas , on Lit plus d'atrention aux autres fymptomes, qu'au pouls. En général , on peut , d'après les obfervations âcs plus grands médedins de tous les temps, diviferle pouls, d?.ns l'état de maladie , en deux genres , & chacun de ces genres en plufieurs efpeces déterminées par un expérience confiante. Le pouls du premier genre eft un pouls qui accompagne , pour ainfi dire , toutes les maladies, dans le c^mps 336 POU qu'elles font le plus éloignées de leur gue'rifon. On rappelle pouls d'irritation, pouls organique. Les anciens Tappelloient pouls de crudité. On l'appelle encore pouls avec érétkifme ou dureté ^ ou tenjïon de Vartere Le caradere de ce pouls eft d^être vif, ferre', convulfif , dur , fec & prelfé. 11 n'eft pas d'un mauvais augure , au commencement des maladies . à moins qu'il ne dure trop longtemps , fur-tout dans les maladies aiguës ; alors il indique que la nature n'a pas alfez de force pour faire la coclion , & la crife ,( voye{ Maladies aiguës, ) ou que la caufe de la maladie eft très-puiflante. Ce pouls , félon l'obfervation de plufieurs me'decins modernes , outre ce caradere géne'ral , en a encore de particuliers, relativement à l'organe afFedé, de manière que , fi on a le tad affez fin pour faifir ces caraderes particuliers , on peut par ce moyen reconnoître l'organe ou le vifcere qui eft afFede' dans telle ou telle maladie. Il eft prefqu'impolEble -de décrire ces caraderes particuliers , d'autant plus que chaque explorateur du pouls s'en fait de propres, & qu'il fait reconnoître , dans les diffe'rents cas, avec plus ou moins de facilite', félon qu'il a plus d'habileté', & d'expérience. Comme cette dodrine des pouls organiques , qui indiquent la léfion de telle ou telle partie , eft nouvelle , & qu'elle demande à être confirmée par des obfervations ultérieures , nous n'en avons fait mention que pour mettre le ledeur en état d'eflayer par lui-même , s'il pourroit parvenir à reconnoître les différents pouls d'irritation. >' Ceux qui voudront s'inftruire plus en détail fur cette >' matière peuvent confulter l'ouvrage curieux que M. j' Bordeu , célèbre praticien de Paris , a publié fur ce s> fujet , fous le titre de Recherches fur le Pouls a. Le fécond genre de pouls , dans l'état de maladie , eft celui qui accompagne les maladies, dans le temps que la codion de la matière morbifique fe fait , ou qui indique par fon changement , que la maladie eft prête de fe terminer en bien. Le caradere de ce pouls eft déterminé par les qualités fuivantes. Il fe dilate infenfiblejnent , devient plus plein , plus fort, plus développé, c'eft-à-dire, qu'il quitte le caradere du pouls d'irritation , pour fe rapprocher de celui de l'état de fanté. Ce pouls i* O U 337 pouls eft d'un très-favorable auj^urc , Se annonce que Ja matière morbifique ell domptée par les forces de la nature , & qu'elle ne tardera pas à être cxpulfée au dehors. ( Voye{ l'article Maladies aiguës.) Ce pouls eft appelle' par les modernes , pouls critique. Outre c&s fignes gëne'raux , auxquels on reconnoît le pouls critique, il y en a encore de particuliers, d'après Icfquels on a e'tabli plufieurs efpeces de pouls critiques. Nous allons parler de celles qui font généralement avouées des médecins praticiens. Ces différentes efpeces de pouls indiquent l'organe par lequel la nature tend à produire l'excrétion de la matière morbifique. Cette excrécion fe fait , ou par une hémorrhagie , foit du nez , foit par les hémorrhoïdes , (Sec. ou par dei crachats d'une matière blanche , épaidé , d'une confiftance uniforme , & tirant un peu fur le jaune , ou par un dévoiement , ou par des fueurs , ou par les urines. Voye^ l'article Crise. Le pouls qui indique l'hémorrhagie , outre le cara6ler» général du pouls critique , fe reconnoît par un rebondiffement où l'artère femble bondir ou s'élever davantage , de manière qu'on fent deux battements , coup fur coup. On fent ordinairement ce rebondiffement toutes" les quatre à cinq pulfations , fi l'hémorrhagie eft prochaine ; mais le nombre des pulfations intermédiaires augmente plus ou moins , félon que l'hémorrhagie eft plus ou m.oins éloignée , ou , fi elle a lieu , qu'elle eft près ou plus éloignée de fa fin. Les anciens , & furtout Galien , ont appelle ce pouls dicrotc. Le rebondiffement eft plus fenlible dans l'hémorrliagie du nez, que dans toute autre. C'eft aufli le pouls qui annonce l'évacuation menftruelle ou les règles chez les femmes ; évacuation qui ne doit être confidérée que comme une hémorrhagie critique. Le pouls, qui annonce les* "crachats, n'eft différent du pouls critique en général , que par plus de molleffe dans l'artère; au lieu que le pouls rebondilfant eftplusdur. Le dévoiement critique eft très-fouvent accompagné de l'intermitence dans le pouls : il n'eft pas autant développé que le pouls nafal ou le pouîs des crachats. D. dç Santé, T, ïh Y 338 POU Le pouls qui indique la fueur eft ondulant : les puîfations font molles & s'élèvent les unes au deffus des autres : de manière qu'il y a une pullation qui elt très-petite , puis une plus grande , & ainfi , en montant , jufqu'à la quatrième. Il revient , comme tous les autres pouls critiques , après un plus ou moins grand nombre de pulfations régulières. Le pouls des urines eft l'inverfe de celui de la fueur : les pulfations , au lieu de monter , defcendent. Ces deux pouls font une efpece de gaine entr'eux. Voilà ce qu'il y a de plus folide , de plus certain , & de plus important à connoître fur les différents pouli. On ne fauroit faire trop d'attention aux différentes efpeces de pouls , & aux indu6tions qu'on en peut tirer , foit pour mieux connoître le flege de la maladie , fuit pour s'affiirer avec plus de pfécifion du temps où elle fe trouve , & de fes différents pe'riodes , foit pour diriger fon pronoftic , foit enfin pour adminiltrer les différents remèdes à propos , & connoître les vues de la nature , afin de s'y conformer, POURPRE , f. m. e'ruption cutanée de plufieur.s taches malignes , ou exanthèmes , femblables à des morfures de puce , ou a des grains de millet , qui font de couleur de pourpre , violet ou azuré , quelquefois livides ou noires , & qui s'élèvent fur la peau , en conféquencc d'une fièvre maligne. On diftingue deux fortes de pourpre ; l'un qu'on appelle fimplement pourpre ; & l'autre , pourpre bhnc. Le pourpre blanc eft ordinairement malin & compliqué avec les fièvres péréchiales. Le pourpre rouge eft plus bénin , pour l'ordinaire. On diftingue le pourpre de la f evre fcarlatine , en ce que dans celle-ci les taches ou exanthèmes font trèslarges & d'un rouge très- vif. Le pourpre diffère des pétéchies , en ce que celles-ci font plus profondes que les autres. Les taches fcorbutiques différent du pourpre, par la couleur qui eft jaune ou livide : la rougeole enfin produit des exanthèmes plus larges que dans le pourpre. Le pourpre blanc fe déclare ordinairement avec un frifibn & une anxiété auteur du cœur , avec une chaleur & UH froid qui fe fuccedent alternativement. Avant POU 559 Teruption , les malades fe plaignent d'une demangeaiIbn confiddrable fous la peau : vers le quatrième jour j les exanthèmes pouffent au cou & à la poitrine , & enfuite au refte du corps. Quelquefois l'éruption efi: retardée jufqu'aux feptieme , onzième & quatorzième jours'i La fuperhcie de la peau paroît d'abord rouge ; mais, au milieu de chaque tache e'ruptive , on voit des puftules blanches , en fi grande quantité' , qu'elles fe touchent prefque toutes. Ordinairenient ces fymptomes font accompagne's d'une fièvre aiguë. Les pullules font diaphanes , & contiennent une eaa limpide : elles durent pendant quatre ou cinq jours , fe deifechent enfuite & tombent par e'caillcs. On reconnoît le pourpre ordinaire aux mêmes fignes qui accompagnent le blanc. Il y a cependant une tenfion & une prejfion dans le dos, une anxiété' plus vive autour du cœur , & de la toux. Vers le quatrième ou le feptieme jour , on voit pouffer les exanthém»s qui reffemblent à des grains de millet. La fièvre n'efb pas fi vive : elle eft accompagnc'e de fueurs très-fétides. Quelquefois les malades fentent des maux de tête ^ des alfoupifTements : au bout de quelques jours , les exanthèmes tombent , comme nous l'avons ditci-deffus. Le pourpre blanc attaque ordinairement les femmes en couche ; & , quand il y a des fièvres pétéchiales épidemiques , il règne aulTi des* pourpres blancs. Le pourpre rouge affefte le plus fouvent les gens fanguins ou pléthoriques & colériques , les femmes fujettes aux vapeurs hyftériques. La caufe prochaine de cette maladie eft un levain acre , qui fe porte à la peau , & qui produit les demangeaifons , la chaleur , la douleur & tous les autres fymptomes. Les caufes occafionnelles font une conftitution épidémique , les fueurs fupprimées , ou poufloès trop vivement par le moyen des remèdes cordiaux , les rhumatifmes & les fièvres maltraitées , des évacuations fupprimées , comme celle des lochies , des règles , àes hémorrhoïdes , ou les faignées habituelles négligées. On doit , dans le pourpre , bannir prefqu'à jamais tous les médicaments chauds , & capables de porter le feu dans le fang j il faut , au contraire, tâcher de temp^Tij 340 POU rer la chaleur intérieure des humeurs. On emploiera , pour cet cft'ct , le petit-lait en abondance, les lavements, les tifanes avec la bourrache , la buglofe & la chicor POU 341 dons qui reviennent en difFe'rents intervalles , des taches , des demangeaifons qui fe font fentir à la peau , à l'ufage du vin , des liqueurs fpiritueufes , de la viande noire ; à l'âge qui ert plus ou moins avancé , comme l'enfance & la vieilleife , à des fièvres intermittentes , qui fe fuccedent par accès , & à 1a répugnance que l'on a pour le bouillon , la viande & les aliments de cette nature. On remédie à la pourriture par les acides , comme la limonnade , le firop de grofeille , le firop de vinaigre , &c. par les purgations repérées , par l'ufage des végétaux , & fur-tout des légumes frais & des fruits bien mûrs , comme la pêche & la poire. Quand la pourriture eft répandue dans le fang , on l'attaque avec les mêmes remèdes que nous venons d'indiquer : il faut feulement obferver de les continuer beaucoup plus long-temps , d'obferver un régime plus exad , & prendre de la diifipation & de l'exercice , de refpirer un air frais , & de fuivre le traitement que nous avons indiqué aux articles AcretÉ , Ai.kali , Alkalescf,n-ce. Il y a une certaine humeur qui fe ramafTe dans les doigts , que l'on appelle vulgairement pourriture ; c'efl une humeur rongeante , maligne , qui rode de doigt en doigt , par manière de contagion. Ce font des elpeces de phlidenes ou brûlures qui durent très-long-temps : ce n'eft , fi Ton veut , qu'une incommodité ; mais les perfonnes , qui en font atteintes , paflfent quelquefois des mois , des années même , à ne pouvoir prefque fe fervir d'une de leurs mains , dont tous les doigts , les uns après les autres , contradent ces pourritures. Cette longueur de douleur ne vient que delà mauvaife manière dont on traite ces pourritures. Ce font des onguents , des baumes & des emplâtres qu'on emploie ; au lieu qu'il ne faut que des adouciffants qui aident à la tranfpiration. La crème toute fimple , la bouillie avec le lait , la farine 8c un peu de fafran , ou bien de l'eau de morelle , les fucs de joubarbe , de plantain , &c. font des fecours convenables & fuffifants , pourvu qu'en même temps l'on dégage la circulation du fang par quelques faignées. Il eft remarquable que ces accidents arriY iij 341 PRE vent aux femmes , vers Tâge de quarante ans , par rapr port à la fLipprelfion de leurs règles , & parce qu'elles ne font point les remèdes convenables pour éviter le? fuites de ces fuppreifions. POUX , f. m, efpece de vermine qui s'engendre dans différentes parties du corps , qui y caufe de la douleur , de la rougeur & une granoe demangeaifon. Voye[ Maladie pÉdiculaihe. PRESERTATIFS , f. m. pi. On appelle ainfi tous les remèdes dont on fe fert pour préferver les corps des différents poifons qui peuvent l'attaquer. Pour pouvoir bien appliquer le préfervatif aux différents poifons, il faut parfaitement bien connoître leur napre , leur façon d'agir &: les maux qui en peuvent réfulter. Des Poifons, On diiîingue plufieurs efpeces de poifons ; les uns des animaux , les autres des végétaux , les troifiemes des minéraux. Parmi les premiers , font le fcorpion , la ■vipère , la tarentule , &:c. Parmi les végétaux , on range la cufcute , la mandragore , la bella-dona , la jufquiame , Ôcc. Enfin ceux qui font tirés des minéraux jont Tàrfcnic , l'orpin , le fublimé corrofif, l'eau-forte & hs vapeurs minérales. On diftingue encore les poifons par la manière dont ils fe communiquent au corps. Les uns ne produifent leurs effets que quand ils font pris par la bouche. Les autres n'ont befoin que du contad immédiat. On reconnoît les poifons qui ont été pris à l'intérieur , par les fignes fuivants. Le malade éorouve des naufées & des vomiffements accompagnés d'efforts & de mouvements convulfifs. Il fent des angoiffes & une luîîbcation autour du ccsur , un feu & des douleurs continuelles , depuis la bouche jufqu'aux inteftins , accompagnées de fueurs froides , de hoquets , de palpitations 6c de convulfions. Le pouls cft vif, ferré & petit : le ventre eft ordinairement gonflé , les extrémités font froides , & les membres font tremblants : l'urine upprimée ne fort qu'avec de grandes ardeurs ; les feux font enflés & les veines gonflées • il furvient des yçrtiges j la vue fç perd j le pouls s'affaiffe , & le ma-? PRÉ 343 lade périt dans des Gonvulfions cruelles. Quand les poifons fe communiquent par l'extérieur , ils produifent différents fymptonies : tels font ceux du ferpentà fonnettes, du fcorpion & de la vipère. Voye^ Morsure. Les vapeurs arfe'nicales produifent des cardialgies , des fyncopes , des lyporhymies , des douleurs d'efto* mac , des vomiflements e'normes , l'enflure du ventre , des tranchées très-vives dans les intestins , ôits de'jections par bas , brûlantes & corrofives , & enfin des convulfions. Les vapeurs mcrcurielles produifent àz% affections afthmatiques , des catarrhes fuffoquants , des tremblements dans les nerfs , des envies de vomir, des cardia^ gies , des te'nefmes , des diarrhe'es & des douleurs énormes dans le ventre. Les vapeurs des fources mine'rales excitent des fuffocations mortelles , des aflhmes fecs & convulfî.fs , & enfin la phthifie. Les vapeurs du charbon donnent des douleurs de tête , des vertiges , des foiblefî'es , & quelquefois la mort. L'odeur qui s'exhale du vin, de la bière & du miel en fermentation , attaque principalement la poitrine , donne des e'tranglements , des fpafmes , des difiiculte's de relpirer , & quelquefois occafionne une mort fubite, La caufe prochaine des poifons eft une matière corrofive , qui porte fon effet fur les nerfs ou fur le fang -, & tous les fymptomes qui fe de'clarent dans ces occafions font autant d'efforts que fait la nature pour furmonter l'ennemi qu'elle a h vaincre , & pour le chafl'er hors du corps. Les caufes e'ioignt'cs des poifons font toutes celles que nous venons de rapporter , foit qu'ils foient pris intérieurement ou communique's extérieurement. On voit par ce que nous venons de dire , que tout ce qui produit fur le corps un effet violent & fubit , doit être regardé comme un poifon. Dans ce fens , les aliments les plus fains , pris en grande quantité, fe tournent en poifon ; & il eil vraifemblable que toutes les fuUftances ne différent entr'elles des poifons , que parce Y iv 344 / ^^ ^ , qu'elles contiennent, fous un plus ou moins grand volume , une plus ou moins grande portion de parties corrollves. Tout le monde fait quç l'effet des poifons eft û rapide, que, fi l'on n'y porte pas très-promptement les remèdes , c'en eft bientôt fait du malade , parce qu'il furvient des accidents dont on n'eft plus le maître. Quand on s'apperçoit , par les fignes que nous avons tracés ci-delfus , que quelqu'un eft empoifonné, il faut fur le champ tâcher de s'informer de la nature du poifon ; s'il eft tire' des ve'ge'taux ou des mine'raux , parce qu'ils exigent un traitement diffe'rent, Des Poifons minéraux^ Si la pcrfonne empoifonne'e a avale' de l'arfenic , du fublimé corrofif, de l'eau-forte ou autres fubftances femblables , il faut commencer par lui faire avaler de l'huile en grande abondance , &z lui donner continuel-» kment des lavements de la même matière. Si l'on s'apperçoit que le pouls foit fort , qu'il y ait des douleurs violentes , & que le malade ne tombe point encore en foiblefle , on lui fera f^iire une faignée au bras : on lui fera prendre , avant l'ufage de l'huile , de l'eau tiède en abondance , & on l'excitera au vomiffement , avec les doigts ou avec une plume ; & fi l'on ne peut point en venir à bout , on y fupple'era par l'huile que l'on donnera à grande dofe : ou , fi Ton aime mieux , on fera prendre du lait au malade, en grande quantité', pour tâcher d'empâter la matière venimeufe , & l'empêcher de porter fon effet fur les vifceres. Si l'on manquoit d'huile ou de lait , on pourroir faire ufage de beurre frais ou d'une forte de'codion d'orge & d'avoine, prife légalement en grande quantité' : on continuera les lavements , comme nous l'avons dit ci-deffus. On peut 3uffi faire ufage , avec fuccès, du looch fuivant, qui eft très-efïicace pour abforber les particules acres du poi-. ion , comme le font l'eau-forte , l'arfenic , le fublimé porrofif, & pour rétablir le velouté de l'eftomac, Prçnçz, D'Huile d'amendes douces , trois onces. P'^cailUs d'îiuttres préparées f trois gros^ PRE W De Gomme Adragant dijfoute dans de l'eau , demi'Once , & battue avec deux jaunes d'acuj's. De Sirop de Guimauve , une once. Mêlez ]e tout enfemble , pour faire un looch ; & l'on aura foin de bien remuer la bouteille, chaque fois qu'on en fera prendre au malade deux ou trois cuillere'es. Quand les principaux accidents des poifons feront calmés , que le pouls fe re'tablira , & que \ts forces commenceront à revenir , on pourra pratiquer une faignée au bras , pour empêcher les engorgements Se les accidents qui pourroient re'fulter des efforts du vomilfement. On continuera en même temps les de'codions d'orge & d'avoine , auxquelles on ajoutera fur chaque pinte une once de racine de dompte-venin & une demionce de racine de fcorfonere. On fera prendre en même temps , tous les foirs , un demi-gros de thériaque , & dans la journe'e la potion fuivante : Prenez, D'Eau dijîilUe de Menthe y trois onces, D'Yeux d'Ecrevijfes , un gros. De Nitre purifie , quinze grains. De Sirop de Nénuphar , une once , fiQur une potion que l'on prendra en deux dofes , dans a journe'e , à quatre heures de diftance l'une de l'autre. On continuera , de temps en temps , les lavements , la the'riaque tous les jours, & la tifane ci-deflus, jufqu'à parfaite gue'rifon. Quand la gorge fe trouve rongée , & à demi-brule'e , on peut faire un gargarifme avec le miel rofat dans de Teau , & un peu de firop de limon. Lorfque les douleurs du bas-ventre font vives , on redouble les lavements dans lefquels on peut joindre un ?ieu de the'riaque : on applique des fomentations émoiientes & calmantes , telles que les fuivantes. Prenez , De Thériaque , deux gros. D'Huile de Lis , De Camomille , de chaque un gros. De Fenouil f demi-gros. De Camphre , un gros. Mêlez le tout enfemble , pour en frotter le ventre , de demi-heure en demi-heure. 34^ PRE On ne doit permettre au malade l'ufage du \In & de la viande , que long-temps après fa guérifon ; car il faut qu'il continue l'ufage du lait , pendant quinze jours, ou un mois , après fon accident. Des Poifons végétaux. Les poifons tire's des ve'ge'taux , comme la jufquiame, la bella - dona , la mandragore , l'opium , produifent auifi des eftëts très-violents dans le corps , comme des envies de vomir, des maux de cœur , des vomiflements, des diarrhées, des douleurs d'entrailles, & fur-tout àes foibleffes , des cardialgies , des convulfions , des délires , & enfin la mort. Il faut , dans ce cas , faire faigner le malade , fi les forces le permettent , & lui faire prendre trois grains d'e'métique en lavage , pour vuider par en haut , ou par en bas , une partie du poifon ; après quoi , on lui fera boire beaucoup de limonnade ou de l'eau avec du firop de vinaigre : on peut même, fi les fymptomes font bien \io!enfs , lui faire boire un verre de vinaigre à la fois ; c'efi: le meilleur contre-poifon que l'on ait trouvé jufqu'à préfent , pour détruire les trfets de ces fortes de fubftances, 11 ne faut point donner ici la thériaque , ni les remèdes calmants , parce qu'ils augmenteroient l'effet du poifon ^ il vaut mieux prefcrire la potion fuivante : Prenez, D'Eau Je Menthe difiUlée , trois onces. D'^Euu de Fleurs d'Orange , demi-once* De Nitre purifié , vingt grains. De Sirop de Limon , une once. Mêlez le tout enfemble , pour prendre en deux dofes , à trois heures de diltance l'une de l'autre. On n'oubliera pas en même temps les lavements avec le petit-lait & le firop de vinaigre, auxquels on pourra ajouter quelques cuillerées d'huile , s'il y a un reflerrement dans les boyaux , & qu'il ne fe falîe point d'écoulement par le ventre. Des Vapeurs minérales vénéneufes, tes vapeurs métalliques de mercure , de foufre , fe traitent de la manière fuivante. Il faut d'abord exciter P R E ^ 347 îe vomiffemcnt avec quelque émétiquc ; telle cft la compoficion fuivante : Prenez , De Tartre émétique , trois grains. D^Yeux d'EcreviJfes en poudre , deux gros. De Semences de Carvi concajfëes , un gros. DifTolvez le tout dans trois chopincs d'eau; pafTez la liqueur , pour en donner un verre , de demi-heure en demi-heure , en faifant boire beaucoup d'eau d'orge ; on fera faire enfuite des potions avec l'huile d'amandes douces , le blanc de baleine , le firop de guimauve ; on fera prendra de l'huile par en haut & par en bas , &: ge'ne'ralemenr tous les adouciflants que nous avons indiquées dans le premier article. On mettra le malade dans un air frais , & fouvent renouvelle ; & , s'il eft menace' de fufFocation , on lui jettera de l'eau froide fur le vifage : on pratiquera ipéme une faigne'e , fi le pouls parole l'indiquer ; & on lui fera prendre la the'riaque le foir , la poudre abforbante , comme les yeux d'e'crevifles -, & du refte , on fuivra à peu près la même méthode que nous avons trace'e dans les poifons tirés des minéraux. Des Poifons extérieurs. Nous en avons traité à l'article Morsure des Animaux venimeux. Des Maladies épidémîques. La première règle que l'on doit obferver pour fe garantir des maladies dont l'épidémie eft régnante , c'eft de ne point abufer de fes forces naturelles , en fe donnant aux pallions , aux exercices immodérés, & en les ébranlant par des remèdes qui les dérangent ou les troublent , comme les évacuants , les purgatifs , les fudorifiques , les émétiques , les diurétiques , afin de conferver dans le corps cette vigueur & cette intégrité fi néceffaires à la nature , pour foumettre la matière venimeufe , & pour empêcher de l'emporter fur elle. Il faut feulement donner la liberté à toutes les fonctions naturelles , telle que la tranfpiration : on peut , pour cet effet , prendre tous les matins une infufion de îbmmités de romarin , de fauge , une décodion légère 4p baiis de laurier ; on peut aufli fe tenir le ventre 348 PRÉ libre avec quelques bouillons aux herbes, dans lefquels on fera fondre un demi-gros de crème de tartre. Dans les pleuréfies, on doit éviter les aliments échauffants, les liqueurs fpiritueufes , les exercices violents; prendre tous les jours une infufîon de fleurs de coquelicot, ou bien prendre cinq ou fix cuillerées par jour de fuc de bourrache. Dans les dyflénteries , on doit pareillement éviter tout ce qui peut échauffer le fang & l'enflammer : on fe contentera feulement de prendre une infufîon d'abfinthe , d'aurone ou de menthe , ou fimplement un morceau de racine de tormentille , que l'on mâche , ayant foin d'avaler fa falive. Dans les cours de ventre, on fuit à peu près le mtme traitement que ci-deffus , fi ce n'eft qu'il faut être beaucoup plus réfervé fur la nourriture , évitant de manger dts chofes mal-faines , & obfervant un régime exad. On peut mâcher tous les jours des tablettes d'yeux d'écreviffes , ou boire un peu de vin pur , dans lequel on ajoutera une once de fuc de coings, & vingt grains de limaille d'acier, fur un demi-fcptier, pour prendre en trois dofes dans la journée. Pour fe préferver des fièvres quartes, il faut avaler quelques grains de poivre entier , ou mâcher un peu de gingembre : on recommande aulfi la graine de moutarde & quelques grains de genièvre. L'ufage de l'abAnthe, de l'aurone en infufîon , ou le fuc de matricaire , pris par cuillerées , préferve de la fièvre tierce. Pour la jauniîfe , on recommande l'eau de rhubarbe par verres , ou de prendre , une ou deux fois le mois, vingt-quatre grains de favon de Venife dans du lait chaud. Le vin d'acier eft encore un préfervatif en pareil cas. Quand l'appétit manque, que l'on a- des dégoûts & des indigeftions habituelles , le fuc de crelTon , la moutarde prife dans fes repas , y remédient facilement. La toux devient aulfi épidémique : il faut entretenir la tranfpiration par un air doux 6c chaud , par des frictions légères fur tout le corps , & en prenant quelques infufions légères de fleurs de tufiilage ou de marjolaine. PRÉ 549 On peut aufTi faire avaler trois grains d'encens dans un œuf, ou bien faire une efpece d'opiat , avec parties égales de miel , de fucre & de beurre frais fondus enfemble , pour en donner un demi-gros toutes les quatre heures. Pour dilfiper les pefanteurs ou maux de tête, outre les règles ge'ne'rales de diète & de re'gime que nous avons prefcrites , il faut avaler un grain ou deux de camphre, ou bien flairer de l'efprit-de-vin où on aura fait infufer les fommités de romarin. On fe pre'ferve des douleurs rhumatifantes & fcorbutiques , en e'vitant les lieux froids & humides , en buvant un peu de vin pur , en prenant tous les jours quelques grains d'encens dans du vin ; on mangera du crelfon en falade , & de la moutarde à fes repas ; oti appliquera fur les parties fouffrantes une peau ou ua morceau de drap. Dans les fièvres malignes , exanthe'mateufes , pourprées , ou dans les petites véroles , on fe fert de la poudre fuivante : Prenez , De Bol d'Arménie préparé avec les Eaux de Rofes& d'OfeiUe, crois onces. Des Coraux rouges préparés , fix gros. De la Cannelle, demi-once. De l'Ecorce de citron , Des Santaux citrins & rouges , de chaque trois gros. De l'Ecorce d'orange , demi-once. De la Raclure d'Ivoire , trois gros. De Safran oriental , un gros. De la Corne-dc-Cerf préparée fans feu ^ trois gros ; le tout mis en poudre : la dofe eft d'un demi-gros dans l'eau de chardon-bénit. Mais le remède le plus fpécifique, en cas de préfervatif , eft la poudre fuivante : Prenez , De la Racine de Tormentille , Di Semences d'Ofeille , D'Endive , De Coriandre , De Citron , D'Orangeade chaque deux gros» 350 PRÉ Des Santaux citrins 6" rouges , Du Diâamne , de chaque un s^osi Des Coraux rouges y Du Succin blanc , De la Raclure d'Ivoire ^ Du DoronicurUy Du Cardamome ^ De la Cannelle t Du Macis y Des clous de Girofle , Du Safran oriental , De la Zédoaire , de chaque deux fcrupules. Des Sommités de Mélijfe enpoudre^ trois grosi De Fleurs de Nénuphar ^ De Buglofe , De Bourrache y De Rofes , D'Orange , de chaque demi-gros. De Camphre , dou[e grains ; îe tout bien mêlé : la dofe eft de demi-gros dans l'eau d'oxytriphyllum. Quelque chofe de plus fimple , ce font trois ou qua° tre grains de fafran dans telle boiffon qu'on voadra , ou un demi-gros de poudre de Didamne blanc ; on peut aufli faire prendre en poudre le remède qui fuit : Prenez , De la Cannelle , Du Cardamome , de chaque deux fcrupulesi Des Clous de Girofle , vingt-quatre grainSé Du Macis , deux fcrupules» Du Gingembre , De Poivre noir , de chaque demi-fcrupuleo Mêlez cette poudre , pour prendre à la dofe d'urï demi-gros. • On peut anfïï faire mâcher des e'corces d'orange ou de citron , ou bien des femences de l'un ou de l'autrci En temps de contagion , voici encore deux autres poudres dont on peut fe fervir : Prenez , Des poudres de Diâamne de Crète , De Santal citriti , de chaque demi-fcrupule. De Camphre f deux grains y PRE . 3$i pour un bol , dans la conferve de rofc ; ou bien , De la poudre de Zédoaire , vingt-quatre. grains. Six Semences , ou graines de citron. De Camphre , un grain , pour un bol dans la même conferve. Les meilleurs de tous les prtTervatifs font le can\-» phre ) le didamne , le fafran & la myrrhe. Tréfervâtifs contre la Pefte. 11 faut, dans un temps de pefle, vivre très-fobrement, & éviter toutes fortes d'excès dans l'ufage des chofes non-naturelles , & fur-tout fe garantir des palfions , & s'abftenir de tout ce qui peut détruire les forces, empêcher la tranfpi ration , & engendrer des crudite's dans les premières voies : il faut fur-tout s'armer de courage & bannir la terreur, la crainte & le de'couragement ; car il eft certain que ces pallions tuent autant de moade que la pelk même. Ceux qui font oblige's de vivre parmi les pefîiférés, doivent prendre garde que le venin ne fe mêle avec leurs humeurs. Il eft à propos , pour cet effet , de cracher & de fe faire vomir quelquefois , de fe laver la bouche avec du vinaigre & du vin , &: d'en tirer par les narines : les effets de ces liqueurs feront encore plus efficaces , fi elles font imprégne'es avec le fcordium , la rhue ou Fécorce de citron. Ces remèdes font plus sûrs que de mâcher les racines de zédoaire , d'angélique 8c d'impératoire. Il convient aulH de boire du vin du Rhin. Une tranche de citron eft auffi très-efficace en pareil cas ; & les cautères font un préfervacif excellent contre cette maladie. Quand la pléthore eft confidérable , on peut fe faire faire une faignée, prendre le foir un demi-gros de îhériaque , & le lendemain une cuillerée qu deux d'cffence de pimprenelle blanche : on fe frottera enfaire les narines , la bouche , les lèvres & les mains avec le vinaigre qui fuit , appelle ordinaireme des quatre . voleurs. 315. PRÉ Prenez , Des Sommités récentes de grande 6* de petite Abjînthe , De Romarin , De Sauge , De Menthe , De Rhue , de chaque une once & demie. De Fleurs de Lavande feches y deux onces, D'Ail , deux gros. De Calamus aromaticus , De Cannelle , D'CEillet , De Noix mufcade , de chaque deux gras» De Vinaigre très-fort , quatre pintes. Faites macérer le tout à la chaleur du foleil , pendant trois femaines , ou , fi l'on eft prefle de fon ufage , pendant deux fois vingt-quatre heures , fur des cendres chaudes , en couvrant bien le vailîeau , & le bouchant avec du lut, de peur que la liqueur ne s'évapore. Padezla à travers un linge ; exprimez-la fortement, & filtrezsîa au papier gris. Ajoutez alors D'Efprit-de-Vin camphré, une once & demie. On fc fervira de ce vinaigre , comme le préfervarif le plus expérimenté dans la pefte. On aura foin , foir & matin , de faire brûler dans fa chambre des baies de genièvre , pour corriger la mauvaife qualité de l'air. Quand on eft obligé de vivre avec les peftiférés , il faut éviter de toucher à leurs habits , & tenir dans fa bouche un morceau de racines de pimprenelle blanche, ou de dompte-venin, en obfervant de rejetter toujours fa falive. On fe frottera , comme nous l'avons dit cideiTus , avec le vinaigre des quatre voleurs , avant & après avoir touché aux peftiférés -, on fera même des fumigations dans fa chambre, avec le fuccin , la myrrhe , le benjoin & l'encens , en parties égales , fur des cendres chaudes. On frottera de vinaigre toutes les chofes dont on eft obligé de fe fervir le plus commuflément ; on en fera afiaifonner tous fes mets , & on aura foin far-tout de conferver une préfence d'efprit & u&e P R É 3f> iine tranquillité d'ame , fans laquelle tous les prefervatifs deviendroient inutiles. Le zèle ôc les lumières des me'decins feroient fans fruit ; ou , au moins , les fruits en feroient fort diiiiciles à cueillir , s'ils n'étoient feconde's des magiftrats , auin les re'glements a ce fujet font très-figes & trèsnombreux : comme ils fe trouvent dans des livres dont l'acquifition eft chère , nous croyons que nos lecteurs nous fauront gré de les avoir placés ici , au moins les principaux , qu'il eft important qu'un officier public , ainfi qu'un médecin , fâche, Rien ne contribue davantage à la pefte & à fes progrès , que la corruption de l'air : le magiicrat , qui prend alors l'avis -des médecins ^ défend tout ce qui peut contribuer à augmenter la corruption de l'air, & ordonne les chofes néceiTaires pour corriger l'air. C'efl dans cet efprit que l'on renouvelle tous les règlements qai concernent la propreté des maifons & le nettoiement des rues. Il eft enjoint à tous les propriétaires des miaifons , qui n'ont point de latrines dans leurs maifons , d'en faire faire inceffamment. Il eft défendu à tous vuidangeurs de vuider & curer les retraits -, de garder dans les maifons des eaux croupies , ou d'autres infections ; de nourrir aucuns pourceaux , lapins , oifons ou pigeons , &c. La propreté des rues , le balaiement eft ordonné ; & on éloigne de la ville tous les arts & métiers qui gâtent i'eau de la rivière , ou qui peuvent corrompre l'air , tels que les bouchers , les mcgilfiers , les pelletiers , les teinturiers , les maréchaux. Il eft défendu de tranfporter ou faire tranfporter d'une maifon ou chambre où quelqu'un feroit mort , ou auroit été malade de contagion , en autre maifon , aucua lit , couvertures , draps , laine , 8cc. On éloigne & l'on chafté les mendiants qui , fe retir.-nt en grand nombre dans des endroits fort refferrés ,■ corrompent l'air, & ontplufieurs fois occafionné, dans le voifinage de leurs logements , des maladies contagieufe*;. Eo éloignant, par toutes les voies qui viennent d'être expliquées , les caufes qui peuvent infecler & corrompre £>, de Santé, T, IL Z 314 P R é l'air , l'on cherche aulFi en même temps les moyens de le rendre plus falubre. Les deux plus généraux, & prefque les feuls qui foient en notre pouvoir , confiftent à le raréfier par les feux _, & à le rafraîchir par l'eau. L'ufage de faire des feux , pour fe garantir ou fe guérir du mal contagieux , eft fort ancien. Acron , médecin plus ancien qu'Hippocrate , n'employa point d'autre remède pour le faire cefler dans la ville d'Athènes , que de tenir toujours un bon feu allumé dans les rues. Ce remède a été connu des anciens , & employé dans les différentes maladies contagieufes qui ont régné à Paris & dans d'autres endroits de la France. On a employé dans les chaleurs exceffives le remède contraire , c'eft-à-dire , qu'on a rafraîchi l'air avec de l'eau. Un arrêt du parlement de Touloufe , du 7 Septembre 1756 , la ville étant affligée de contagion , fit un grand règlement de tout ce qui de voit être obfervé ponr remédier à cette calamité. Il ordonne , entr'autres chofes, très-exprefTément , qu'il fera fait des feux, le foir & le matin , dans toutes les rues de la ville. Une ordonnance de police du châtelet de Paris , du Ig Juillet 1596 , enjoint à tous bourgeois , chefs d'hôtel , de fournir du boi3 deux fois la femaine , favoir , le dimanche & le Jeudi , pour faire des feux dans les rues , purifier l'air & en chafîer la corruption. Par une ordonnance de l'alîemblée générale de police , tenue en la chambre de S. Louis au Palais , le 3 Août 1596 , il enjoint a toutes les perfonnes de jetter de l'eau devant fa porte , dans le ruifTeau , & de faire des feux dans les rues aux jours qui étoient ordonnés. Le Magiftrat a encore l'attention de faire brûler toutes les hardes qui ont fervi aux perfonnes mortes de la contagion , de faire nettoyer & purifier leurs maifons ; & pour cela , on diftribue 8c on donne gratuitement àcs parfums faits de la manière fuivante : Parfum pour aérer & parfumer les perfonnes , les habits , les maifons & les meubles qui ont été infeâés de la maladie contagicufe. Deux livres de Soufre, Deux livres d'Alun. * Deux livres d'Encens. PRE 155 y^uatre livres de Poix-Rejîne. Deux livres de Foudre à carton^ Dou[e onces d'Antimoine, Quatre onces de Sublinié» Dou-^e onces d'Arfenic, Quatre onces d'Orpiment, Quatre onces de Cinabrct Deux livres de Graine de Genièvre. De Lierre , ou de Laurier , quantité fufi/ant a Il faut mettre le tout en poudre , le mêler & le pafTer par le tamis , à la réferve de la poudre à canon , qui efî mile comme elle efl: , & la graine de genièvre qui eft mal-aife'e à calciner. Si l'on n'a point d'encens , il faut douber la poix-réfine , & augmenter & doubler l'antimoine. Autre Parfum, Cinquante livres de Puix-réfine» Quarante livres de Soufre. Six livres d'Antimoine. Une livre & demie de Camphre, Mettez le tout en poudre , & mêlez-le enfemble* La poudre bien pulve'rifée , méle'e avec du vinaigre , & dont on fait une forte de pare , elt un parfum fort bon pour purifier des maifons & des ruiiïeaux infedés» Manière dont on doit fe fervir des parfums , pour parfumer les meubles & les maifons infeclés. Les parfumeurs e'tant entrés dans la maifon , comrnencent par la bien balayer : ils en ôtent \ts araigne'es, & en brillant toutes les ordures avec les pailles des lits. L'on tend enfuite des cordes dans la chambre oîi ont été les malades , fur lefquellcs l'on fufpend toutes les bardes , les lits , les couvertures , les draps & les autres linges qui leur ont fervi pendant leur maladie. Si les matelas ont été gâtés par les malades , l'on fait tremper la futaine ou autre étoffe dont ils font couverts , & la laine gâtée , dans des chaudières d'eau bouillante ; finon , il funit d'ouvrir les matelas fur les côtés & au milieu , avant que de les étendre , comme les autres meubles , fur les cordes. S'il y a des coffres ou cabinets dans cette chambre, Z ij 35^ . PRE on en tire les linges ou hardes qui font dedans , que l'on étend auin fur les cordes. Dans les autres chambres & tous les autres lieux de la maifon , après qu'ils ont été nettoyés , on laiifc chaque chofe à ià place ; & s'il y a des coffres , armoires ou cabinets , on fe contente de les tenir ouverts , fans rien tirer de ce qui eft dedans. Quant aux meubles précieux , comme tableaux , or , argent , miroirs , que les parfums pourroient gâter , on les couvre de linge ou de quelqu'autre choie qui puiffe hs conlerver. Les parfumeurs mettent enfuite en chaque chambre ou autres lieux de la maifon , au milieu du plancher , cinq à fix livres de foin fec , plus ou moins , félon la grandeur du lieu. Ils l'étendenr de la rondeur d'un pied & demi de diamètre -, ils l'abaiffent & l'arrangent avec les mains ; ils l'imbibent d'une pinte de vinaigre , mcfure de Paris. Quelques-uns y ajoutent , pt)ur donner plus d'activité aux parfums , une pareille mefure d'eaude-vie : ils mettent deiTus deux livres & demie de parfum , pour une chambre de vingt pieds en quarré , & dans les autres lieux plus petits , à proportion , obfervant néanmoins d'en mettre une double , & quelquefois une triple dofe dans la chambre du malade , félon le nombre des hardes ou du linge. L'on couvre ce parfum d'une poignée de foin , & on l'arrofe encore d'une pinte de vinaigre que l'on aura gardé , & de l'eau-dcYie , fi l'on s'en eft fervi. Si les lieux font parquetés ou plancheiés , on prend de la terre a potier , ou d'autres terres glaifes , dont on fait un lit au milieu de la chambre , a V R I 357 ment , il fort du lieu & en frotte la porte. Il en fait autant dans chacun des autres lieux de la maifon , en defcendant toujours de haut en bas , jufqu'à la cave. Ils fe retirent ; &c après avoir attendu , pendant deux heures , que le parfum ait fon effet, ils rentrent dans Tune des chambres a leur choix , avec les gens de la maifon , s'il y en a quelques-uns qui K;ient fufpeds d'inîcflien , pour fe parfumer eux-mcn-.er. Lorfqu'ils y font entrés , ils fe de'shabillent , prennent chacun une chemife Ôc un caleçon blanc , fufpendent toutes leurs bardes & leurs linges dans une chambre , & allument encore deifous quelques parfums ; & comme ils ne peuvent fupporcer long-temps la fume'e du paifum , ilsfortent & rentrent enluite. Nous ne nous fommes étendus fur l'article des parfums , que parce que nous favons qœ dans les maladies contagieufes , on brûle tout ce qui a fervi au malade dans bien des pays. Nous croyons qu'on peut conferver bien des effets , avec les précautions & les attentions que nous indiquons. Les malades qui éclianpent àes maladies contagieufes , doivent , pendant un certain temps , être féparés des autres , & n'avoir pas de communication avec les perfonnes qui n'ont point été attaquées. Le médecin fait alors la loi , & ils font fequeflrés autant de temps qu'il le juge néceflaire. Le magiftrat avec lequel il a conféré, publie des ordonnances qui déterminent la durée du temps que les convalefcents doivent relier & vivre féparés des perfonnes faines. PRIAPISME , f. m. érection continuelle & douloureufe de la verge , fans aucun defir amoureux. On a donné ce nom à cette maladie , par rapport au dieu Priape , que la Fable repréfente de cette manière. Cette maladie diffère du fatyriafis , en ce que dans celle-ci l'éredion eft accompagnée d'un defir violent de l'acte vénérien. Dans cette maladie , les parties naturelles font dans une tenfion & une roideur confidérable , accompagnées de douleur , d'ardeur , de dcmangeaifons immodérées ; la raifon en efl troublée , le pouls eft prompt , la refpiration courte j on eft inquiet , on ne dort point, on Z iij 3l8 P R î tombe en délire , on a foif, on prend les aliments en dégoût , on urine difRcilement. Cet état eft accompagné de conltipaiion , quelquefois de fièvre ; il y a une contradtion générale, un fpafme dans les nerfs , & Une éjaculation involontaire de la femence : on le croie d'abord un peu foulage pai l'afle vénérien , & par la perte de la femence ; mais bientôt après le mal prend aux parties naturelles avec plus de violence : on paiç bien cher le moment de foulagement qu'on a éprouvé. Tous les fymptomes dont nous avons fait l'énumération font communs aux deux {exes , jufqu'à Térecr tion du clitoris , qui eft la même que telle de la verge dans l'homme, La caufe prochaine de cette maladie vient du fpafme & de la contraflion des nerfs des parties génitales ; les caufes éloignées font Tâcreté du fang , la tenfion exceflive des mufcles & des nerfs , les defirs violents & continuels de l'ade vénérien , & le trop grand excès qu'on a pu en faire. On doit d'abord renfermer dans un lieu chaud & loin du bruit , le malade qui aura les feffes ôz les parties nar turelles jufqu'au pubis, enveloppées de laine fine. On iui défend toute vifite de femme , dont la vue ne pourroit qu'irriter le mal , & empêcher l'efficacité des re-» medes : on lui attache les mains , pour empêcher qu'il ne les porte à fes parties ; on lui fait plufieurs faignées au bras , félon fes forces ; on lui fait prendre beaucoup de petit-lait , des lavements , les bains tiedes ; on jette •fur les parties de l'eau bien fraîche , fur lefquelles enfuite on applique un cataplafme fait avec la graine de lin , les feuilles de nénuphar bouillies dans le lait. On fait appliquer aux femmes un peffaire trempé dans de l'huile chaude , ou fimplement un cataplafmq dans toute la région des parties naturelles. Un des grands inconvénients de cette efpece de priapifme , c'ed que fon accès arrive pendant la nuit, lorfque le lit elt modérément chaud , & lorfque le malade commence à dormir : on efl: obligé de fe lever , & d'interrompre fon fommeil , d'où il arrive qu'on ne repofe point afTez ; que l'appétit & la digefiion languiflent, qu'on tombe , en peu de temps , dans une maigreur af  P U N 359 frcufe , & que l'on donneroit tout ce que l'on a de plus pre'cieux , pour obtenir un repos diiîïcile à procurer par les remèdes. On recommande dans cette maladie la poudre tempc'rante de Stahl , prifc à la dofe d'un gros, foir & matin , les potions calmantes , telle que la fuivante ; Prenez , D'Eau difiillée de Laitue , De Pourpier f de chaque deux onces. De Sel de Nitre , quinze grains. De Liqueur minérale anodine d'Hoffmann p demi-gros. De Sirop de Nénuphar , une once. Mêlez le tout pour une potion à prendre en trois dofes , à trois heures de diftance l'une de l'autre. On ne ne'gligera pas en même temps de continuer les bains, le petit-lait & les lavements, & de mettre le malade à un re'gime doux & humeélanr. Le camphre , dans les potions , fera , dans cette affedion , d'un ufage merveilleux : on peut aulfi l'appliquer exte'rieurement. On fera bien d'employer aulfi une émulfion dans laquelle on fera entrer les grains de pavot blanc, mais en petite dofe. PRURIT, f. m. demangeaifon qu'on fent à la peau; ce qui eft ordinaire dans la gale , les ébullitions & les différentes puitules qui s'y e'ievent. Voye^ Démangeaison, Ebullition. PSORA , f. m. gale accompagne'e d'afpérité à la peau & d'une grande demangeaifon : c'eft dans ce fens qu'on dit un Vice pforique. Voye^ Gale. PTYALISME , f. m. crachement fre'quent , écoulement de falive abondant. Voyei Salivation. PULMONIE , f. f. maladie du poumon que l'on prend communément pour la phthifie ; c'eft pour cette raifon que l'on appelle pulmonique un homme atteint de la maladie du poumon. Voye^ Phthisie. PUNAISIE , f. f. maladie caufée par un ulcère fétide dans le nez , qui répand une odeur infupportable. On appelle punais ceux qui font attaqués de cette efpece d'ulcère. La mauvaife odeur des narines dépend ou de quelZ iY jôo P U N "ques vapeurs putrides , produites par un ozenc , un far^ corne , ou un polype , ou par quelques humeurs cor^ rompues qui viennent du cerveau par l'os cribreux. Les humeurs le corrompent dans ces parties , quand elles y font retenues trop long-temps , fur-tout fi le tempe'rament eft chaud & humide, & fi les parties fiipe'rieures du nez font mal conforme'es , comme on le voit dans ceux qui ont le nez e'crafé. Si le malade n'a ni ozene , ni farcome , ni polype , on doit conjeclurer que cette humeur fe'tide de'coule du cerveau par l'os cribreux , auquel cas , on commence par faigner le malade ; on lui fait prendre enfuite unç me'decine douce , & on le met à l'ufage de l'apozemc iuivant : yrenez. De Racines de Chardon- Roland , une once. De Feuilles de Bourrache , De Buglofe , de chaque une poignée. Faites bouillir le tout dans trois demi-feptiers d'eau, pour re'duire à chopine. Ajoutez enfuite Une pincée de Vulnéraire Suijpe , Quinze grains de Nitre. PafTez la liqueur , pour en donner trois verres au malade dans la matine'e , à deux heures de diftancc l'un de l'autre : il continuera cet apozeme pendant huit jours. On repurgera enfuite le malade , comme ci-deflfus ; après quoi , tous les matins , il refpirera la vapeur du vin blanc chaud , dans lequel il aura fait infufer de la petite centaurée & de la méliffe ; ce qu'il continuera pendant quelques jours , & il fe fervira enfuite de la jcompofition fui van te : Prenez , Des Racines de Souchet rond , De Calamus aromaticus , de chaque une once. De Rofes rouges , une poignée. De Myrrhe , deux gros. Faites bouillir le tout le'ge'rement dans une chopine êc vin blanc , pour en e'tuvcr fouvent les narines , &ç pour en refpirer l'odeur. On peut aulfi fe fervir de P U N ^ 3^i l'onguent fiiivant qu'on infinue dans les narines, par le moyen d'une petite fonde. Prenez , Des Racines d'Iris (îe Florence , demi-gros. D'Ellébore blanc. De Poivre Innfr , de chaque dou^e grains. De Semences d'Anis , De Marjolaine féche'e & pulvérifée , de chaque vingt-quatre grains. D'Euphorbe , un grain. D'Huile de Spica-nard y De drnjle , de chaque une fu^' fan*e quantité , pour faire un onguent de molle confiftancc que l'on introduit dans le nez. L'eiïence de cannelle & de girofle , fur un peu de charpie , & poufTe'e dans les narines , eft auiïi trèsefficace. La punaifie peut être occafionne'e par un polype ou par un corps e'tranger qui fuppure dans le nez : dans ce cas, les injedions, l'ope'ration feront indiquées. On pourra confulter dans le Didtionnaire de Chirurgie , au mot Polype du nez. Us moyens qu'on peut alors mettre en ceuvre. PURGATION , f. f. aftion du purgatif, par laquelle on évacue par les felles les matières contenues dans l'eftomac & les inteflins. Les fîgnes qui indiquent la purgation en général , font la langue chargée & blanche , l'amertume & le mauvais goût dans la bouche , les rapports aigres ou amers , les dégoûts , les gonflements & les pefanteurs d'eitomac , les vents , la parelTe du ventre , les maux & les pefanteurs de tête , les coliques , les affoupiffements. Quoique ces fîgnes ne fe trouvent pas toujours réunis , il fufïit qu'il y en ait une partie , pour qu'on ait recours aux purgatifs. Les purgatifs font , de tous les remèdes de la médecine , ceux dont on fait le plus d'ufage ; ce font pourtant ceux qui font les plus difficiles à manier & à bien placer , & de l'effet defquels il peut réfulter le« plus grands maux & les plus grands avantages. 3é!t PUR On ne fauroit donc apporter trop de foin , quand on confeille à quelqu'un de fe purger , pour préparer fon corps à l'effet du purgatif; car autrement , il n'en faut fouvent pas davantage pour échauffer & enflammer les entrailles , y caufer des douleurs vives , arrêter Its fe'cre'tions de l'urine , 8c donner naiffance à des maladies dont le malade n'étoit point auparavant menace' : ainfi , il faut toujours faire pre'ce'der , pendant quelques jours , les lavements, les boifîbns & la diète , quelquefois même la faignée , pour détendre infenfiblement les folides , les rendre plus fouples , Se pour qu'ils fe prêtent plus facilement à l'aftion des purgatifs. La première précaution que l'on doit prendre , quand on fait ufage des purgatifs , eft de proportionner la dofe à la force des différents fujets. On évitera par ce moyen les évacuations trop fortes , dont les fuites font toujours fi fâcheufes. Il efl cependant bien ordinaire de voir des gens qui ne fe croient purgés qu'autant qu'ils ont des évacuations exorbitantes , & qui fe croient délivrés de tous leurs maux , parce qu'ils rendent des matières en très-grande quantité. Il vaut mieux , quand on cherche à être purgé abondamment , avoir recours à une féconde purgation, que d'être obligé de remédier aux fuites de la première , quand elle a été excelfive. Il y a trois fortes d'états où on peut placer la purgation ; dans l'état de fanté, pour prévenir quelques maladies ; dans les maladies vives & aiguës , & dans celles qui font longues & qui tirent en longueur. Des Purgatifs dans l'état de fanté. Dans l'état de fanté , on doit s'abftenir de purger ceux qui font fujets aux inflammations , aux ardeurs dans les entrailles & dans les vifceres du bas-ventre , à la toux feche , & lorfque le malade reflTent de la douleur dans le creux de l'eftomac , en y portant la main. On doit également éviter les purgatifs dans les fluxions naiffantes , dans hs ardeurs d'urine , ou lorfqu'elîes font rouges & en petite quantité , quand on eft conftipé & naturellement échauffé. Les femmes & les filles doivent s'abftenir de la purgation , dans les approches & dans le temps de leurs PUR 363 règles : elles doivent mtme attendre, pour fe purger, qu'il y ait au moins trois jours qu'elles foient entie'reinent ceire'es. Les femmes enceintes ne doivent fe purger que dans une nécelfite' abfolue , 6c pre'fe'rer , pour le faire , le milieu de leur groffelTe , le commencement & la fin ; & quand il y a des cas qui exigent les purgatifs , on doit appeller un me'decin , pour fe conduire félon fes confeil.'. Les femmes en couche ne doivent faire ufage des purgatifs qu'au bout d'un mois ou fix femaines, qui eft le temps où les fuites de la couche ont coutume de fc terminer. Quoique ce foit une règle afl'ez ge'nérale de ne purger [es femmes en couche , qu'après fix femaires , il y a cependant bien des cas où l'on doit s'éloigner de cette règle , comme chez les femmes qui ne nourrillant point , donnent lieu de craindre , tous les jours, que leur lait ne porte à la tête , fur la poitrine, ou n'aille produire des dépars. Ces accidents , qui ne font que trop fréquents , le feroient beaucoup moins , fi Ton fe purgeoit plutôt. Mais , comme ces cas exigent beaucoup d'intelligence , on ne doit pas le faire qu'on ne foit muni de l'avis d'un médecin éclairé. Les enfants qui font ordinairement fort échauffés & très-difficiles à émouvoir , à caufe des parties acides qui fe trouvent dans leur eftomac , qui s'oppofent à l'action des purgacifs, doivent toujours être préparés par du petit-lait pris pendant quelques jours , & par quelques prifes de poudre d'yeux d'écrevifTes , qui abforbent & détruifent les aigres de l'eftomac. Les adultes d'un tempérainent chaud & bouillant , exigent des précautions très-grandes dans l'adminiftration des purgatifs ; il faut toujours faire précéder les faignées , les bouillons au veau , que nous avons décrits aux articles Acreté & Acrimonie , & les lavements , afin de détendre les folides , & de les rendre plus propres à recevoir l'impreffion des purgatifs. Les perfonnes d'un âge mùr font ordinairement plus faciles à purger; cependant, comme cet âge efl le temps de la force de l'homme , èz que l'on doit rendre les purgatifs un peu plus forts , il fera toujours à propos 364 ^ P U R ^ de faire précéder une petite faignée , ou quelques jours de boiiïbn , de lavements Ôc de diète. A regard des vieillards, on ne doit hs purger qu'avec beaucoup de précaution : comme ils ont ordinairement beaucoup d'humeurs , ils font dans le cas d'avoir befoin fouvent des purgatifs ; mais comme ils ont en même temps la fibre dure & roide , elle ne fe prête que difficilement à l'effet des purgatifs; c'efl pour cette raifon qu'on doit être plus attentif à la préparation. Ceux qui ont les nerfs délicats , irritables, qui font fujets aux vapeurs , & les femmes tourmentées d'affections hyftériques , ne doivent fe purger qu'avec beaucoup de précaution ; car leur tempérament eft fi fenfibîe, que le purgatif le plus doux peut leur faire beaucoup de mal : il faut pour lors les bien préparer par les bains, les lavements, le petit-lait, & ne les purger qu'en lavage , comme avec notre tifane royale. Quand les fujets ont la fibre feche , roide 6c tendue, on efl obligé, pour les purger avec fureté, de leur f«ire prendre quelques bains domeftiques. On ne doit point purger ceux qui ont des defcentes ou des chûtes de boyaux , que dans une très-grande néceffité , & après les avoir préparés , pendant fept à huit jours, à la purgation. On doit avoir attention auffi de ne leur donner que des purgatifs fort doux, & ne fe fervir jamais d'emétique , ni de bol. Les personnes qui font fujettes au crachement de fang, aux douleurs vives de poitrine , ne doivent fe purger qu'avec beaucoup de précaution , à caufe de la iechereffe de leur poitrine & de la chaleur que portent les purgatifs , qui pourroient faire ouvrir quelques vaiffeaux , &: par-là attirer quelques fuppurations a. la poitrine. On ne doit point fe purger , quand la chaleur eft trop grande , ou le froid trop vif. Ainfi , l'on doit éviter de choifir la canicule, à moins qu'elle ne foit douce & tempérée , & que l'on ne fe purge de très-grand matin. On doit pareillement s'abftenir de tout purgatif, dans les froids violents de Phiver. Le printemps & l'automne font ordinairement les faifons que l'on choifit pour placer ces fortes de remèdes. P V R ^ 35$ Les purgatifs font nécefiaires à ceux qui font mtîiacés d'apoplexie fereufe , de le'thargie , ou qui en ont déjà eu quelques attaques. îl eft ne'ceflaire que ces perfonnes le purgent fouvent , pour pre'venir les rechûtes. Ceux qui reiïentent habituellement des dégoûts, des rapports , des naufe'es , aies de'fauts d'appétit , des courbatures, ont befoin d'avoir recours, de temps en temps , a. la purgation. Il en cfi de même de tous ceux qui ont contraflé une fois l'habitude de fe purger tous les deux ou trois mois : ils ne doivent pas cefler cet ufage , à moins qu'ils ne jouiiïent d'une parfaire fanté, & que la nature ne fc débarraîfe tous les jours d'elle-même par les urines ou les felles. Les grands mangeurs , les perfonnes riches qui fe nourrifîent d'aliments fucculents , qui font peu d'exercice, qui vivent dans la molleffe & l'oifiveté, & dans lefquelles il fe fait aifément de la graiiïe &z de l'embonpoint , ont plus befoin de purgations , que celles qui ne pèchent par aucun de ces excès. Les pauvres ont également befoin de purgation , plutôt que de tout autre remède ; comme ils fe nourriffent prefquc toujours d'aliments groiïiers & mal-fains, leurs fucs l'ont plus fujets à s'épaiflir; & on leur évite, par àcs purgations placées a propos , les cachexies , les bouffiiTures , les hydropifies , auxquelles ils font fujets , & que les faignées ne manquent pas de déclarer promptement. On doit obferver elTentiellement de garder un régime exaft , les jours que l'on aura pris médecine , c'eftà-dire , de manger beaucoup moins qu'à l'ordinaire , & très-peu de viande à dîner, tel que du poulet rôti , ou de la poule bouillie , avec du potage. Le foir , on fe contentera d'une foupe , évitr.nt la viande & toutes fortes d'aliments indigeftes ; car autrement on courroie rifque de fe donner quelqu'indigeftion , parce que l'eftomac fe trouvant dérangé par l'effet du purgatif, eft hors d'état de digérer , comme à fon ordinaire. Les perfonnes délicates & fcnfibles qui auront pris médecine , pourront prendre le foir , deux heures après ^66 PUR leur foupc , un demi-gros de thériaque , un grain de laudanum , ou quinze courtes anodines , pour calmer l'eftet du purgatif, & détruire la chaleur èc le feu qu'il auroit pu porter dans le corps. Il eft encore eiîentiel de ne pas prendre l'air , les jours qu'on a e'té purgé: les me'decins trop indulgents fur ce chapitre ont eu fouvent à fe repentir de leur complaifance à cet égard* Des Purgatifs dans les Maladies vives. 11 n'eft point aifé de déterminer en quel temps préeifcment on peut placer les purgatifs dans les maladies aiguës. La règle générale eft , qu'on ne doit jamais purger perfonne , qu'on n'ait donné auparavant de la fluidité à fes humeurs , qu'on ne les ait fuffifamment délayées, qu'on n'ait détendu les fibres , calmé l'effort de la fièvre , & qu'en un mot , on ait rendu les humeurs propres à être évacuées. Ainfi il paroîtroit conféquent de ne purger , dans les maladies aiguës , que quand on auroit fuffifamment employé les faignées , les lavements & les boifTons. Cependant il arrive quelquefois que l'indication à la purgation eft fi forte dans les maladies vives , que l'on feroit très-mal d'attendre plus long-temps à la placer, & que l'on courroit de trèsgrands rifques , en faifant ufage ùts faignées. Quand oiï -voit, par exemple , dans une fièvre putride , maligne , bilieufe , que le malade fent des dégoûts , qu'il a la bouche amere , de fréquentes envies de vomir, qu'il a eu précédemment une diarrhée, un défaut d'appétit ; il faut pour lors avoir recours à l'émétique ou à la purgation , faifant précéder, deux heures auparavant, une faignée. Cette pratique cependant ne doit point faire une loi ; car , en général , il vaut beaucoup mieux , dans les maladies aiguës , attendre qu'on ait pratiqué les faignées , fi elles font néceffaires , les lavements , les boifTons, pour placer la purgation , que de fe hâter de purger trop tôt le malade , parce qu'on ne fait que l'irriter , que les purgatifs ne font point leur effet, & qu'ils augmentent , au contraire , le f^u & l'éréthifme* Comme dans toutes les maladies aiguës il y a toujours de la fièvre , dont les redoublements font plus ou moins fréquents, il faut toujours attendre la fin de PUR 367 Taccès, pour pouvoir placer les purgatifs, foit au commencement , foit à la fin de la maladie. Sans cette pre'caiition, on rifqueroit d'agmenter le feu de la fièvre, & de n'avoir aucun effet avantageux des purgatifs. On ne doit jamais purger en bol , dans ces fortes de maladies, ni avec des purgatifs forts 8c violents : il vaut mieux même fe lervir des plus doux , étendus dans beaucoup d'eau. Au refte, on doit , tous les jours de purgation , faire toujours prendre aux malades quelques calmants, comme un demi-gros de thériaque, un grain de laudanum, quinze gouttes anodines , à moins que ce ne fut dans quelques fièvres putrides ou malignes , où l'on s'appercevroit qu'il y auroit dans l'eftomac beaucoup de faburre , & dans le refte du corps des preuves de pourriture & d'humeurs. Dans ce cas , les calmants arrêtent toutes les e'vacuations , 8c ne font point indiqués. Des Purgatifs dans les maladies longues 6r chroniques. Il n'y a point d'état où les purgatifs foient plus néceflaires que dans celui-ci. Comme les maladies font prefque toujours produites par le vice de l'eftomac & des humeurs , on ne peut venir à bout de les guérir qu'en les évacuant , a m.efure qu'on en corrige \ts vices; mais on ne doit point, dans ces maladies, pafTer aux purgations , fans avoir préparé le malade. Cette attention eîî indii'penfable ; car il n'y a prefque point de cas , dans les maladies longues , où il faille commencer par la purgation. Il faut cependant éviter di'tn faire trop ufa^^e , parce qu'on peut à la fin énerver le tempérament du malade , 8c afFoiblir fon eflomac. Dans les obftruftions du bas-ventre, accompagnées de douleur , on doit éviter Tufage des bols & des médicaaients adifs. Il faut commencer par purger en lavage, de crainte d'enflammer davantage les parties, 8c de produire àt^ maux encore plus funefles. Les maladies longues qui attaquent les reins , la vefne , exigent des précautions infinies , pour placer les purgatifs, à caufe du voifinage de ces parties avec les inteftins, & par la crainte où l'on doit être qu'elles ne foient irritée» par Us purgatifs. ■ '*» ^_^ • 358 P U R Dans tous les maux de poitrine , comme la puîmonie , l'afthme convulfif , on doit être reTervé fur i'ulkgc des purgatifs , 8c n'en donner que de très-doux ; autrement on courroit rifque d'échauffer la poitrine , d'y produire quelque crachement de fang, ou quelque événement plus funedc. Dans les maladies longues qui attaquent les bras, les jambes & les autres parties du corps , telles que 1$ cachexie, l'hydropifie , la bouffiifure , la cacochymie, il faut faire un plus grand ufage àes purgatifs , ôc les rendre même plus adcifs , parce que l'eau qui eil épanCîiée dans tout le corps , énerve les fucs , les rend moins fenfîbles aux effets des purgatifs. C'elî fur-touc dans la bouSfure généi-aîe du corps , comme l'anafarque & la Icucophlegmatie , qu'on doit rendre les purgatifs plus forts. Les praticiens qui ne font point ces attentions , réufTiiïent difficilement dans ces fortes de maladies ; les charlatans , au contraire , qui augmentent la force des purgatifs jufqu'à un point incroyable , font des cures fîngulieres , dans lefquelles les médecins eux-mêmes ont échoué. Il vaut cependant mieux être réfervé jufqu'à un certain point, que d'être trop hardi & téméraire. Dans les fièvres tierces & quartes qui durent pendant très-long-temps , & dans lefquelles on a fait trop d'ufage du quinquina, il faut, comme nous avons dit, le celler totalement , & faire ufage des purgatifs réitérés fouvent , & affbrtis même avec les différents remèdes dont on fe fert : on doit unir, en ce cas , les remèdes propres a. poufTer les urines & la tranfpiration. Il nous refte à préfent h donner différents modèles de purgations , propres à différents tempéraments , aux différents âges & aux difierentes circonftances. Purgation pour un enfant d'un an. Prenez , D'Huile d'Amandes douces , deux onces. Du Sirop de Chicorée y compofé de Rhubarbe , une once. Mêlez le tout , pour prendre par cuillerées , de quart d'heure en quart d'heure , jufqu'à ce qu'on obtienne «ne évacuation, Purffation Turgation pour un enfant de deux ou trois ans. Prenez, iJc Pruneaux de Tours, Jix. Faites-les cuire dans un demi-feotier d'eau avsc du Tucrc , jufqu'à ce qu'ils foient re'duits en firop; Ajoutez Deux gros de Follicules , cjue vous laifTerez infufer , pendant demi-heure dans ce drop , fur des cendres chaudes. Palfcz le tout, & ajourez-y encore Un peu de Sucre , pour le faire prendre à l'enfant : le firôp de Glauber , à la dofe de fix , huit , dix & douze gouttes dans un ve'hicule quelconque , purge encore fort bien les enfants. C'eft un purgatif commode , Se qu'il elt aifé de faire prendre. Potion purgative pour un enfant de quatre ou cinq ans» Prenez, .y/r A-nandes douces, pelées dans l'eau. chau ie. Battez-les dan; un mortier de m.irbre , en y ajoutant Six onces d'Eau , Délaye2; enfuite Dou^e grnns de Scammonée (impie , dans un jaune d'œuf, jufqu'à ce qu'ils foient bieii diffous. Verfez defTus l'e'mulfion. Aioutez-y Deux ^ro 370, PUR Ajoutez cnfuite , après l'avoir paflTé , De Sel de Clauber , un gros. De Sirop de Chicorée compofé , une once. D'eau de Fleurs d'Orange ^ deux gros, pour prendre en une dofc. Purgationfimple pour un adulte d'un bon tempérament. Prenez , De Follicules de Séné , deux gros. De Rhubarbe concajjée , demi-gros. De Sel d^Epfom , demi-once. Faites bouillir le tout légèrement , pendant deux ou trois minutes , dans un grand demi-feptier d'eau ; laiiïezle enfuite infufer fur des cendres chaudes pendant une "heure ; paflez la liqueur par un linge , & diffoivez-y Deux onces de Manne. Une once de Sirop de Rofes pdles. Deux gros d*Eau de Cannelle fimple , pour prendre en un verre le matin à jeun. On peut fe fervir de cette purgation , dans tous les cas où nous avons indiqué une purgation fimple , & dans tous les tempéraments ordinaires , qui ne font ni trop forts , ni trop foibles. Elle purge doucement les humeurs i elle lâche le ventre fans efforts : c'eft un purgatif qu'on peut prendre avec toute sûreté. Tifane royale pour lesperfonnes d'un tempérament délicat. Prenez, /?« Tamarins , une once. De Follicules de Séné , trois gros, D'Agaric , un gros. De Sel de Glauber , deux gros. Des Feuilles de Bourrache, De Bughfe , De Chicorée fauvage , de chaque une poignée. Faites bouillir le tout dans trois derai-fepticrs d'eau , pour réduire à chopine ; paflez la liqueur. Ajoutez De Manne , deux onces. D'Eau de Fleurs d'Orange , une Jemi-onee, Et le Suc d'un limon exprimé. On repaflera le tout , une féconde fois , à travers un linge très-fin 5 ou plutôt , on fe fervira , pour cet effet , a ï* U R 371 de la chaufTc. Le malade prendra deux verres ^ le matin à jeun , de cette tifane , a deux heures de dillance l'un de l'autre ; la dofe ell pour deux jours , en mettant un jour d'intervalle» Cette purgation convient aux perfonnes nidiancoliues , aux hypocondriaques , aux femmes attaquées e vapeurs , & ge'ne'ralement à toutes les perfonnes délicates & fenfibles. La tifane royale fuivante pourra purger fans dégoût» Prenez, De Séné mondé , deux gros. La moitié d'iin Citron coupé par tranekeSi De Régliffe , un gros & demi. D: rofes rouges , une pincée. Faites infufer le tout à froid , pendant une nuit , danJ Un grand verre d'eau , paiïez la liqueur le lendemiin , & prenez-la à jeun : fi on craignoit qu'elle nz purgeât pas fuififamment , on pourroit y ajouter un gros oU deux de fel végétal. F otion purgative pour les pauvres d'un fort tempérammté Prenez , De Séné , deux gros. De Sel de Glauher , trois gros. Faites infufer le tout fur les cendr«;s chaudes, pcn« dant deux heures, dans un grand verre d'eau boaiilances pafTez la liqueur par un linge. Ajoutez De Tablettes de Citron , une once , pour une dofe ,• à prendre tiède k matin à jeun. Cette potion évacue puiiûmment les humeurs bîlieufes & les glaires conrenues d.ins l'edomac. Elle ne convient qu'aux fujets robudes ou difficiles à émouvoir, & dans lefqiicis on foupçonne une abondance de matière propre à être évacuée. Autre médecine pour les pauvres d'un fort iimpira-nenti Dans une forte infufion de féné & de raponric , faites diiïbudre une. once de firop de nerprun; & ajoutez-y , félon les cas, deux ou trois grains d'é.nérique. Au lieu de firop de nerprun , dans les tempéraments moins forts , on mettra !e firop de rofes. Si cette médecine tarde à faire fe> effets , on fera lever le malade j & fi, malgré cette attention , elle ne A A ij 374 PUR produit aucun effet , dans le premier bouilloii on ]ztttri \ingt grains de poudre cornachine. Potion purgative pour les femmes de condition , ou pour celles qui ont une répugnance invincible pour les drogues. Prenez, De Semences de Violette ^ une demi-once. Six Amandes douces , pelé'esdans l'eau chaude. Battez le tout dans un mortier , en ajoutant infenfiblement une quantité fufnfante d'eau , pour faire un grand verre d'émulfion ; paiTez cette liqueur h travers un linge très-fii\ -, faites dilFoudre enfuite De Scamm^née , fix grains , dans le quart d'un jauie d'(Euj\ que vous verfercz enfuite dans l'e'muîfion ci-dcflus , en y ajoutant De Sirop de Rofes pâles , une once, D'Eau de Fleurs d'Orange , trois gros , pour prendre en une dofe !§ matin à jeun. Si 1 1 perfonne eft li difficile , qu'elle ne puifle pas prendre cette potion , on en ôtera le firop , pour la rendre plus ag;e'able , ou on y ajoutera Deux gros de Sucre candi. Il eft bon d'obferver que cette purgation n'a pjiK un effet aulfi falutaire que les autres, & que l'on ne doit s'en fervir que dans les cas , comme nous l'avons dit ci-deflus , où il y aune répugnince invincible pour les remèdes. Fotion purgative , en ufage pour la colique des Plombiers , dans Vhôpltal de la Charité de Paris ; elle peut fe donner , dans d'autres cas , à des fujets robujîes &■ difficiles à émouvoir. Prenez , Du Diaphonie , une demi-once» De Diapriin folunf\ deux gros» Du Sirop de "Nerprun , un.e once. Faite" fondre , & mêlez le tout dans fix onces de la tifane L-.xative fuivante : PrenîZ, De PolypodCf De l Cufcute , Du Séné , de chaque une once. De la Crème de Tartre , De la Graine d'Anis , de chaque deux gros. PUR 373 Faites bouillir le tout légèrement dans une fuffifante quantité d'eau , pour faire lix poifibns de tifane , ayant foin de n'ajouter l'anis que fur la lin de la coftion. Bûijfon purgative pour les perfonnes qui ont du dégoût pour les remèdes. Prenez, D'Eau de Vichy , deux pintes. Faites fondre dans le premier verre une demi-once de fel de Seignette , & autant dans le dernier ; ce que Ton peut répéter tous les deux ou trois jours. Cette manière de purger eft fort avantageufe dans les tempéraments délicats & fenfibles , dans les perfonnes qui ont le fang épais & les humeurs vifqueufes , ^ dans celles qui ont trop de répugnance pour les drogues. On doit éviter , dans la compofition des médecines , d'y mettre , autant qu'on le peut , de la cafle , de l'huile d'amandes douces , &: de la manne mêlées enfemble; cela produit un nitlange épais &: dégoûtant , que les malades ne peuvent fupporter , qui pefe fur leur eftomac , & qu'ils font obligés fouvcn: de vomir. Quand on eft abfolument en nécelïïté de l"aire ufage de calîé & de m^ne , il fiiut éviter de les joindre dans la même médecine , & il faut avoir l'attention d'unir quelques purgatifs amers avec les doux , comme la rhubarbe avec la manne , pour éviter le dégoût qui doit réfulter ou du trop d'amertume , ou du trop de douceur. Pilules purgatives. Prçnez , De la Poudre cornachine , une demi-once. Du Diagrede , trois gros. De la Crème de Tartre , deux gros. De la Poudre de Cloportes , un gros. Mêlez le tout , après l'avoir pulvérifé , avec le mucilage de la gomme ndragant ; formez des pilules dij poids de douze grains chacune : la dofe eft de trois pilules, ou de quatre pour un "adulte, à prendre l'une après l'autre , le matin à jeun , en avalant par deflus un gobelet de bouillon. Ces pilules purgent fans tranchées & fans violence. On peut en donner une à un enfant de dix ans , deux; g vingt ans , trois ou quatre dans un âge plus avance, A a iij 374 PUR On peut envelopper ces pilules dans du pain \ clianter : on ne doit cependant , quelqu'utiles qu'elles lont ^ en confeiller Tufage qu'aux personnes qui font dans rimpo0ibiliré de prendre des me'decines ordinaires. On doit obferver , en fe purgeant , de prendre quelques tifanes ou quelques boilfons légères , dont on boira cinq ou fix verres , plus ou moins , pour laver & détremper la médecine ; car , fans cela , elle pourroic occadonner àits douleurs vives , des tranchée.s , & ne point faire fon effet. On donne communément un bouilr ion coupé , ou un bouillon à demi-fait, deux heures après que l'on a prjs médecine ; après quoi , de fiemi-heure en demi-heure , on boit une tafTe ou de thé , ou de tifane de chiendent & de régliiïe , & une infufion de feuilles de bouillon-blanc & de guimauve. îl faut faire attention de ne point prendre de nour^ jriturc , à moins qu'il n'y ait une heure & demie ou PUS 375 De Laudanum liquide de Sydenhanif quinine gouttes. De Jîrop de Nénuphar , une once , pour prendre en une dofe. On coatinuera en même temps les lavements d'heure en heure , les bouillons de poulet ou de mou de veau, jufqu'à ce que le malade ne rcllentc plus aucune atteinte de fes douleurs , on tiendra aulFi le malade à une diète fe'vcre , pendant deux ou trois jours, en ne lui permettant que du bouillon , un peu de potage & de la crème de riz au gras. Quelquefois les purgatifs font fi violents , qu'il fe fait un étranglement dans les boyaux , que le malade ne rend rien , ou qu'il va par en haut & par en bas , avec des douleurs e'normes ; il faut lui faire prendre , en ce cas , la potion fuivante : Pirenez , Du Sel d'Abfinthe , un gros. De Suc de Limon , une once. Mêlez le tout enfemble , & verfez-le dans deux onces de menthe , pour une prife que l'on réitérera , de trois en trois heures, en y ajoutant, fi l'étranglement fubfifte toujours , Vingt gouttes anodines, La fuperpurgation arrive fouvent , parce qu'on s*eft expofé à l'air froid , & que l'humeur de la tranfpiration reflue fur les inteftins ; & comme il y a une lorte de fympathie entre la peau & les inteftins , quand les inteftins font furchargés , & qu'il y a dévoiement ou fuperpurgation , on travaillera utilement , en dirigeant les humeurs vers la peau ; & c'eft ce dont on viendra à bout par des frictions avec la flanelle ou des linges fur la peau , en tenant le malade chaudement , & en lui faifant prendre du thé. Un demi-gros de thériaque , donné à propos , fécondera les intentions du médecin , & , en rétabliffant la tranfpiration , guérira fouvent le malade. PUSTULE , f. f. On donne ce nom à toutes fortes de petites tumeurs qui s'élèvent fur la peau , foit qu'elles foient ulcérées ou non \ telles font les puftules de la petite vérole , de la rougeole , de la gale , le pourpre , ou tous les petits boutons ou élévations de la peau, Voyei Exanthème , Maladies ds la Peau. 37 QUI 377 fubftance , & réduit en poudre rrê^-fine , agit plus vite & plus efficacement , que quand on ie prend en infufion ou en de'cocnon. On a remarque' en même temps , que , quand on en faifoit des infufioiis & des de'codions dans le vin , elles agilFoient plus proînptement que celles que l'on fait dans de l'eau. Il faut aulfi faire attention , quand on donne le quin^ quina en lavement , de pafTer la liqueur , de peur que la grande quantité de cette c'corcc qui fe trouve dans l'eau , ne reflerre trop les boyaux , 6c ne produife quelqu'obftruclion dans le bas-ventre. Du Quinquina comme (îomachique. Le quinquina comme ftomachiquc peut être employé en extrait ou en fubftance. On le d )nne à la fuite àts fièvres malignes ou putrides , aprèi que l'on a fuffifamment purge' le malade , pour tacher de relever la force de l'eftomac , pour exciter l'appe'rit & pour corriger les fucs acides dont reucmac elt farci : on fe fert (dans ce cas , de l'extrait de quinquina , qui fe donne à la dofe de vingt grains avant le repas ; ce qui fortifie beaucoup l'eftomac : il faut cependant prendre garde de continuer trop long-temps l'ufage de ce remède, de crainte d'e'chaufFer le fang , & de l'enflammer. Du Quinquina pour les Fièvres intermittentes. Le quinquina eft auftl efficace pour les fièvres interjnittentes , qu'il l'ert pour fortifier l'eftomac. Comme cette fubftance a naturellement une vertu aftringente & corrobante , elle eft propre à enchaîner le levain de la fièvre, &: à en détourner les effets; & c'eft-là la raifon pour laquelle cette écorce arrête & fupprimc \ts fièvres intermittentes. Il faut cependant faire attention de ne jamais donner ce remcdc que l'on n'ait fait précéder les délayants , les rcmcdçs propres à faire couler les urines , la tranfpiratiqn & les felles , parce qu'il faut , dans le même temps que l'on fortifie l'el^ -tomac , & que l'on arrête la ficvre , détourner l'humeur par quelques endroits ; car autrement on nfque de la faire tomber fur quelque parrie noble & effençieJIe à la vie. Une faute que commettent bien des 578 , Q U I perfonnes eft de donner le quinquina trop tbt î il eft important d'abandonner la caufe matérielle de la maladie à quelques accès , après avoir mis le malade à l'abri du danger. Pluficurs médecins confeillent de faire une faignée au bras dans les fièvres intermittentes , avant de faire ufage du quinquina. Il n'y a que dans le cas de plénitude que ce remède puifTe convenir -, car il ne fert qu'à relâcher les fibres du corps , & à rendre fouvent la fièvre plus opiniâtre : il vaut mieux, par conféquent, faire précéder les lavements , les boifîbns apéritives, comme celles qui font faites avec les racines de chardon-roland , de patience fauvage , de feuilles de chicorée fauvage , de buglofe , de bourrache , que l'on continuera pendant cinq ou fix jours ; après quoi , on purgera le malade , une ou deux fois , avant de pafler à l'ufage du quinquina : on peut même quelquefois unir le quinquina aux purgatifs , pour y préparer infenfîblement l'eftomac. On doit avoir l'attention de ne donner le quinquina que quand l'accès de la fièvre eft tombé ; car comme ce remède échauffe , il augmenteroit Iç mouvement du fang, & pourroit occafîonner des accidents graves. Quand on s'apperçoit que Je quinquina produit quelqu'efïet , il faut en celTer l'ufage infenfîblement , en continuant d'en prendre quinze jours après la ceffation de la fièvre , en obfervant de purger le malade tous les jours. TI eft bien rare que cette écorce arrête les efforts de la fièvre , avant qu'elle n'ait produit quelques évacuations par les felles ou par les urines , q.uelquefois même par Içs fucurs ; de façon que la nature fe débarraffe , par cette voie , de la matière qui excitoit la fièvre ; & quand on fe trouve guéri fans augmentation des felles, àcs urines ou de la fueur, il efl vraifemblable de croire que la tranfpiration infenfible a été plus abondante , fans qu'on s'en foit apperçu ; autrement il y auroit lieu de croire que la fièvre n'eft qu'affoupic , & fiu'elle reparoîtra à la première occafion. Quand le malade eit lourd , pefant , qu'il n'a point d'appétit , que fcs forces languident après l'ufage du quinquina, il eft à préfumer qu'il n'eft point guéri; & il convient, dans ce cas, de lui faire prendre , pendant QUI 379 Buelque temps, de5 tifanes aperitives, comme nous l'avons dit ci-deflus , & de le purger par intervalle : autrement il feroit à craindre qu'il ne lui furvînt quelques maladie > plus graves, comme Thydropifie ou la cachexie. Il faut éviter avec grand foin l'ufage du quinquina, dans les fièvres bilieufes, inflammatoires, & dans toutes celles qui font accompagne'es d'une chaleur confidéraMe. Le quinquina que l'on donne en trop petite dofe dans les fièvres , ne produit que la moitié de fon eTet : il con?traint une partie de la fièvre , & il produit des mal-aifes, des anxiétés, des laflitudes,des maux de cœur , des envies de vomir ; & il laifle , en un mot , dans le corps une alté-^ ration fenfible : quand on l'a pris à trop forte dofe , il «xcire une chaleur confidéràble dans le corps ; il donne des léchereffes de poitrine , de la roux , de la difficulté de refpirer , de la féchereffe à la bouche ; & il faut enfuite , pendant long-temps, fe mettre à Tufage des délayants, pour adoucir le feu que ce médicament a excité. ^ Du (Quinquina pour la Gangrené, Quand on donne le quinquina pour la gangrené, on doit en augmenter confiderablement la dofe, parce que la nature fe trouve pour lors dans un abattement fi confidéràble , les forces font fi épuifées , les fibres fi relâchées , que ce médicament ne peut point avoir d'adion , à moins qu'il ne foit donné à une dofe confidéràble : auiTi on en prefcrit trois gros toutes les deux heures , ou on en fait bouillir une demi-livre dans trois chopines d'eau , pour réduire à pinte , dont on donne un verre toutes les trois heures. On a vu des effets merveilleux de ce remède dans la gangrené , foit qu'elle •vienne de caufe interne ou externe : on aura foin feulement d'en diminuer la dofe , à proportion de TefFec qui en réfultera. Si l'on faifoit ufage de ce remède dans toutes les gangrenés , on feroit beaucoup moins obligé d'avoir recours à l'amputation qu'on ne fait aujourd'hui. On a vu des effets fi furprenants de ce remède , qu'on ne peut les révoquer en doute. Le quinquina , qui produit de fi grands effets dans les gangrenés qui reconnoilTent pour caufe rappauvriffement du faog ôc Ja foi  38o QUI blefle des vaifTeaux , feroit nuifibîc dans les gangrènes qui arrivent par des caufes contraires. Du Quinquina pour la Suppuration, Le quinquina efl un remède fi avantageux- , que l'on j'en fert non-feulement dans la foiblefîe d'eftomac , dans les fièvres intermittentes & dans la gangrené , mais même dans la fuppuration. On l'emploie avec fuccès , dans la petite-ve'role , pour faire fuppurer les" boutons , 4ans les plaies où la fuppuration eft lente & parefleufe , & ge'ne'ralement , dans tous les cas où on veut exciter un pus louable & abondant, Il ne faut pas , dans ce uas , le donner à une dofe aulfi forte que dans la gangrené ; il fuffit feulement de- le prefcrire à deux gros , bouillis dans cinq ■ demi-fcptiers d'eau , pour re'duire à pinte. On peut dans les blelTures , après les faigne'es m.ultipliées , faire ufage des boifibns & ôqs lavements , donner habituellement aux bleffés deux ou trois verres de de'coâ:ion de quinquina par jour. Outre qu'il enchaîne la fièvre , & empêche les mauvais levains de Teftomac , il accélère la formation du pus , & produit un accès plus heureux dans la cure des plaies. Quoique le quinquina foit un remède fans égal , on ne doit point en fau'e ufage dans les tempéraments bilieux , délicats , fenfibles , ôc qui fopt naturellement échauffés. Les perfonnes fujettes aux crachements de fang, aux douleurs de poitrine , ne doivent faire ufage du quinquina que dans la plus grande nécelfité : plufieurs médecins cependant confeillent de s'en fervir à la fuite des fluxions de poitrine , & même dans la pulmonie , pour arrêter la fièvre. Nous fommes bien loin de penfer qu'on doive fuivre cette méthode , qui doit être très-incendiaire , & qui peut nuire beaucoup a la poitrine , à moins que ces maladies ne foient fymptomatiques, c'eft-à-dire, dépendantes d'une fièvre intermittente , ou occafionnées par des caufes qui demandent l'ufage de ce remède. Les perfonnes mélancoliques , les vaporeux doivent f'galement éviter l'ufage du quinquina, qui eft trop chaiî4 ^ trop aciif pour eux. Q U O . 3^' Les tempéraments fanguins , ceux qui font fujets aux faigncments du nez , aux hémorrhoidcs , aux fueurs co'nfide'rables , ne doivent employer le quinquina que dans la plus grande ne'ce/Tite'. Il en eft de ce remède , comme de tous les autres , qui font efficaces , quand on fait les placer avec intelligence , & qui font de trèsgrands ravages , quand on s'en fert indifféremment dans toutes occafions. QUOTIDIENNE (^fièvre). On appelle Fièvre quotidienne , celle dont les accès reviennent tous les jours : c'eft de toutes les fièvres intermittentes celle qui eft la plus fujette à dége'ne'rer en fièvre continue. L'accès de cette fièvre vient de grand matin , fur les quatre ou cinq heures , avec le froid & le friflbn, fans aucun tremblement : cependant elle eft accompagnée du dégoût , de la cardialgie & de l'enflure du basventre. Quelques-uns font attaques du mal de tête : d'autres tombent en défaillance : plufieurs ont un vomiflement ou un flux de ventre , ou même ces deux maladies en même temps : il furvient enfuite une chaleur lente ; la foif eft moins violente : le pouls , qui aupa» ravant étoit foible & déréglé, augmente ; il eft cependant plus, mou que dur : l'urine eft crue & d'un jaune pâle ; beaucoup de malades ont une envie de dormir prefqu'infupportable : la fueur paroît enfin , mais elle eft peu abondante ; & l'accès cefle ati bout de dix heures , laifle le corps languiflant 8c pefant , & revient le jour fuivant à la même heure. On appelle bâtarde , erratique ou annmrJe , celle qui ne conferve point ce caractère , qui vient fur le midi , vers le foir , ou dans quelqu'autre temps indéterminé. La fièvre quotidienne dont nous avons parlé , eft intermittente; c'eft pourquoi on ne doit pas la confondre avec la quotidienne continue : celle-ci vient également de très-grand matin avec le froid -, mais la "^chaleur, la langueur , le dégoût, la viteflè & la foiblelfe du pouls, & quelquefois la fueur, durent jufqu'à ce qu'elle ceffe ; fi elle dure plus long-temps, elle eft, pour l'ordinaire, funefte aux malades qui meurent dans le friffon, après que leurs forces font entièrement épuifées. On ne doit pas auflî la confondre avec la fièvre quotidienne catarrheufe ; celle-ci eft bénigne , vienc 58x Q U 0 lur le foir , avec un léger t'n.Von , ceTe le matin , & ft fait alTez connoître par les fluxions catarrheufes dont elle eft accompagnée. La fièvre quotidienne catarrheufe , au contraire , quand elle elt maligne , déiruir lur !ê champ toutes les forces : elle ne celle point entièrement ^ elle ne fait que diminuer. On diftingue aulfj la fièvre quotidienne inrermittente de la fièvre lente , en ce que cette dernière vient vers le foir , après qu'on a mangé, fans aucun friffon, & qu'elle elt accompagnée de chaleur dans les paumes de la main & dans les plantes des pied^. Elle eft auin beaucoup plus violence dans la nuit que dans le jour : elle provoque la fueur , & diminue le matin , fans cefTer tout-à-fait. La caufe prochaine de la fièvre quotidienne efll'agitarion fpafmodique des vaiTeaux du corps : la caufe éloignée eft une matière acre qui vient de reftomac qui eft dans um foiblelTe confidérable. Il eft donc évident que tout ce qui peut affbiblir les vifceres, ou engendrer dans le corps des humeurs crues & impures , eft trèspropre à caufer les fièvres quotidiennes. Elles attaquent fur-tout les perfonnes parelèufes & oifives , qui ufent fans ménagement des aliments cruds, & boivent des liqueurs fpiritucufes avec excès ; qui fe livrent tro"> au chagrin , & qui ont l'eftomac affbibli par des maladies précédentes , & par de fréquentes faignées. La faignée convient rarement dans les fièvres quo-* tidiennes, qui font déjà accompagnées de la foiblclTe d'eilomac , & ordinairement compliquées avec la cachexie ; il vaut mieux avoir recours aux tifanes apéritives , faites avec la racine de chardon-roiand , les feuilles d'aigremoin^, de fcolopendre , de bourrache , de buglofe avec le nitre purifié , l'arcanum-dupiicatum : on continuera ces tifanes , pendant huit ou dix jours; après quoi, on fe purgera plufieurs fois, & on paiïera à l'ufage de l'opiat que nous avons décrit à la fièvre quotidienne. Il faut fur-tout s'abftenir de tout remède aftringent, des fudorifiques : il faut éviter en même temps les paf{\ons , la triftelfe & Tinquiérude; ne point ufer de mauvais aliments ni de liqueurs échauffantes , & fuivre à peu près le traitement que nous avons indiqué dans la £evre quarte & la fièvre quotidienne. R A L JSJ R A L RACHITIS, f. m. La maladie , communément appelle'e rachitis , eft: une efpece de maladie chronique : elle confifte dans une nutrition ine'gaîe , en confe'quence de laquelle certaines parties font jM"ivées de la nourriture dont elles ont befoin , & dépériffent , tandis que d'autres en reçoivent plus qu'il ne leur en faut, s'accroiflent d'une manière prodigieufe ; & cet accroiCfement contre nature eft accompagné de la courbure des os &: de l'épine du dos. Nous avons donné \t$ fignes & la curation de cette maladie à l'article Noueure. RAGE , f, f. Voyei Hydrophobie. RALE , f. m. bruit qu'on entend dans la gorge der» moribonds , caufé par la coîlifion de l'air à travers une pituite , ou des phlegmes qui , fe rencontrant dans la tranchée-artere ou dans les bronches, s'oppofent à fou paflage, & rendent la refpiration difficile. Cet accident arrive ordinairement à la fuite des inflammations de la poitrine , quand on n'a pas pu détruire l'engorgement , dans les attaques d'afthme , dan» l'apoplexie & dans prefque toutes les agonies. Ce fymptome eft toujours funefte , & annonce l'affaiflement de la nature & le relâchement des vaifleaux qui ont perdu leur reflbrt. Il eft difficile de détourner cet accident , parce qu'il vient ordinairement quand il n'y a plus de reflburce : néanmoins le feul moyen d'y remédier eft de faire prendre au malade des potions cordiales & inciflves, propres à dégager les vifceres qui font engorgés , comme la fuivante : Prenez , D'Eau de Chardon-hénit, De Scabieufe y de chaque deux onces. De Menthe y De Méliffe , de chaque dem'~once, D'Oxymel fcilîitique , deux onces. De Kermès minéral , quatre grains. De Confeâion Alkermes , deux gros» De Lilium de Paracelfe , demi- 9 r os. De Sirop d'(EilUt , une once. 384 R A 1^ Méle2 le tout enîemble pour une potion à prendre par cuillerées , de quart d'heure en quart d'heure, juf-' qu'à ce qu'on e'proiive quelque changement ; on aura {oin en même temps dY'mployer les remèdes propres à la maladie dans laquelle iurvient le râle. Voyei Apoplexie & Asthme. On peut fubftituer à la potion ci-delliis, • J^es Eaux de Mentke , De MeliJJe ^ de chaque dtun onces. De Scabieufe , trois oncss , dans lefquelles on mêlera , De Lilium de Parncelfe , un dem''-^ros. De Sirop d'Œillet y une once, RAPPORT , f. m. jugement par e'crit de gens experts, nommés d'once, ou par convention , iur l'état d'un malade , d'un bleilé, d'une femme grolle , d'une fille violée , d'un cadavre , pour inftruire les juges de la qualité & du danger de la maladie , ou des blcfTures, de leurs caufes , ou du temps qu'il faut pour les guérir , de la certitude d'une groireflé ou d'un viol , ôc de la véritable caufe de la mort d'un homme. Rapport dÉnonçiatif. C'eft un rapport fait à la requifition des parties intéreflees , qui peuvent choilîr , pour faire la vifite, tels médecins j chirurgiens & matrones qu'il leur plaît. Les médecins de la Faculté de Paris , & les chirurgiens de S. Côme , ont droit de faire ces fortes de rapports ; droit coniirmé par arréc du parlement du 10 Mars 1717. Rapport en Justice , ou juridique, C'eft un rapport ordonné par les juges, & fait par des officiers de la même juftice. Les confeillers-médecins & chirurgiens ordinaires du Roi , jurés au- chârelet de Paris , ont le droit de f.iire ces efpeces de rapports , exclufivement à tous autres médecins & chirurgiens : ce droit eft confirme par l'arrêt ci-deiïlis mentionné. Les médecins & les chirurgiens royaux dan:- les autres villes', ont le droit cxclufif de faire toutes forces de rapports , tant dénonciatifs que juridiques. Foye{ le Dictionnairede Chirurgie , article Rapport. RAPPÔ-fTS , f. m. Ce mot eft employé pour fignifier les les exhalaifons qm s'elevent de reftomac Après la dîqeftion. Toutes les perfonnes de'licates , & qui pnc l'efïomac parelfeux , font fujettes aux rapports j ils annoncent prefque toujours une di^reftion lente , ou que l'on a fait ufage d'aliments indigeftes. Comme c'cft un fymptome de foiblefle d'eftomac & d'indigeftion , confultez ces deux articles. REDOUBLEMENT^ f. m. Il fignifie TAugmentation d'une fièvre continue ^ les Accès qui reviennent pe'riodiquement 'dans ces fortes de fièvres. C'eft dans le redoublement que la fièvre efl beaucoup plus forte , que les accidents augmentent , & que le malade court le plus de rifque : c'eft; aufTi ce temps que l'on choifit pour pratiquer les fjigne'ss , pour donner beaucoup de boifTons au malade , .& beaucoup de lavements , afin de calmer les efforts de la fièvre , & d'éviter les inflammations ^ les engorgements , les ruptures des vaiiïeaux , & tous les fymptomes fâcheux (Jui peuvent naître de la trop grande activité de la fievje. On doit auin avoir l'attention , pendant les redoublements , de ne point donner de bouillon aux malades , fur-tout dans les commencements de la maladie, car la nature qui occupe toutes fes forces à travailler la matière de la fièvre , & qui fo'.ileve toute la machine pour cet ouvrage , ne peut point y fuffire , lorfqu'elle efl: détournée j & qu'on partage fes forces , en lui don-» nant des aliments à broyc. Il ne hm pas non plus noyer le malade de boirons, & multiplier les faignées au point d'abattre toutes ks forces ; car ce redoublement eft nécefTaire jufqu'à un certain point , pour divifer & altérer la matière de la f- evre : ainfi , à m.oins qu'il ne furvienne des accidents très-fâcheux , on ne doit point imiter ces mauvais praticiens , qui font faire à leurs malades des faignées fi copieufcs , que tout l'ouvrage de la nature en efl: fupprimé. Il faut agir avec plus de modération & de prudence , à moins , comme nous venons de le dire , que le tempérament ne foit très-fort , la fièvre très-vive , & les fvmptomcs dangereux.. Le redoublement en général , dans les fièvres , cft £>, de Santé. T, II, JB b 386 R É G une predve manifefte de quelques humeurs acres con" tenues dans Teftomac , qui pall'ent dans le fang , & qui font la caufe de ce fymptome pe'riodique , qui vient quelquefois deux ou trois fois par jour ; ainfi , plus le redoublement eft long & violent, plus il eft fréquent, plus aulfi on doit préfumer qu'il y a de faburre dans l'eftomac , & plus il y a néceflîté d'évacuer. Quand on n'a point ces attentions , on fait de très-grandes fautes dans la pratique ,&ron voit les redoublements augmenter à proportion desfaignées qu'on y fait -, il vaudroit mieux, dans ce cas, avoir recours aux lavements donnés d'heure en heure , &: aux boifiTons , qu'aux faignées. Il ne faut jamais choifir les temps de redoublements, pour placer les purgatifs , les fibres font trop tendues, la chaleur du corps eft trop confidérable : on rifqueroic d'augmenter la fièvre , de ne point purger , & de produire des fymptomes très-fâcheux ; c'eft à la fin du redoublement qu'on doit placer les purgatifs , les émétiques , & tous les remèdes , à l'exception des faignées & des délayants. RÉGIME , f. m. C'eft une manière de vivre qui comprend ce que nous appelions proprement Diète , & tout ce qui a rapport à la confervation de la vie ; car oit ne doit pas s'imaginer qu'on n'entende par ce mot , que ce qui regarde le boii:e & le manger. La diète embrafïe généralement tout ce qui peut être avantageux au corps humain. On renferme dans cette clafle le choix de l'air que l'on refpirc , le boire & le manger, le repos & l'exercice , les bains , l'ufage des femmes , le fommeil & les veilles , les évacuations auxquelles le corps eft fujet , & enfin toutes les paffions de l'ame. On diftingue deux fortes de régimes ; celui qui con-' vient dans l'état de fanté , & celui qui eft néceffaire dans la maladie ; car , comme nous l'avons dit , ce ne font pas feulement les malades qui ont befoin de régime , mais même ceux qui fe portent bien , pour éviter qu'ils ne tombent malades. Pour bien proportionner le régime à tous les hommes en particulier , il faut les diftinguer , félon leur tempérament , leur âge , leur force , leur profeffion & le climat qu'ils habitent. R É G 387 Du Régime des Tempéraments, Tous les hommes ont chacun leur tempérament » e'eft-à-dire , qu'il y a une propordon particulière , un mélange ditiercnt des éle'ments qui compofcnt leur corps. Toute la nature e(l compofe'e des iflémes éléments ; ce n'ell: que la divcrfiré des combinaifons qui difFe'rencie les êtres entr'eux. Voyeif^ ce que nous avons dit des tempéraments 6' de la manière de les connaître , à Varticls Tempérament, Voye\ aujji l'Jntroduciion à ce Dic" iionnairc. Du Tempérament parjait. On appelle Tempérament parfait un homme qui n'eft ni trop grand ni trop petit , qui n'occupe point par fa mafTe un volume trop confidérable , dans leS mufclcs duquel on ne fent point trop de dureté, ni trop de molleffe ; une fi'aîcheur douce & humide occupe l'hahirude de fon corps ; fon efprit n'eft ni téméraire , ni timide ; il tient un jufte milieu entre la précipitation & la lenteur , la compalTion & la juftice : il aime (es amis ; il eft prudent , mange & boit modérément ; fon teint vif & animé répond du refte de fon corps : il dort peu & foutient bien les veilles ; fes cheveux blonds dans la jeuneiïe , deviennent bruns avec l'âge. Ce portrait eft bien difficile à rencontrer dans la nature hum.aine ; il y a tant de circonfîances qui s'oopofent à cette conftitution parfaite , qu'elle eft prefque imaginaire. Tous les hommes s'éloignent plus ou moins de ce point fixe ; les uns vers le chaud , les autres vers !e froid ; quelques-uns vers le fec , les autres vers l'humide. Le régime du tempérament parfait confifte \ entretenir la jufte proportion àts évacuations , fuivre les loix de la fobriété , comparer l'ufage des aliments aux degrés de l'exercice. Les aliments qui n'offrent point trop de difficulté à digérer , qui cependant exigent ua certain travail de l'eftomac , font ceux qui conviennent le mieux dans ce tempérament , comme la chair des vieux animaux , comme le bœuf, le mouton , & quelquefois celle des jeunes , comme du veau , de l'agneau : Bbij 3S8 RÉ G les légumes farineux , comme les pois , les fèves , le riz « le vin avec moitié d'eau ; il faut en même temps un exercice mode'ré , peu de veilles , des paffions douces. C'eft pourtant de tous les tempe'raments celui qui eft k plus en état de fupporter le froid & le chaud , les excès dans le boire & dans le manger , & qui peut s'accoutumer à une vie plus variée. Le tempérament parfait , qui eft celui auquel tout le monde doit afpirer , eft extrêmement rare ; & quand quelqu'un a le bonheur d'en jouir , il en eft bientôt prive , parce qu'il ne peut guère fubfifter au milieu des agitations inévitables de la vie ; c'eft pourquoi nous ne nous arrêterons point beaucoup à lui tracer des loix. Du Tempérament fan gain* De tous \ts tempéraments , celui qui approche le plus du parfait , c'eft le fanguin. Il fe trouve ordinairement , non pas dans l'enfance , mais dans l'âge qui approche de la virilité ; & il fe développe fur-tout dans les temps chauds & humides. Les conftitutions fançuines doivent ufer avec modération , pour leur nourri ure ordinaire , d'un pain bien fermenté (k. bien cuit , & des viandes qui font tirées des animaux qui vivent d'herbes & de graines , comme le bœuf, le mouton , le veau & la volaille : les ragoûts qui contiennent àes huiles brûlées , des aromates, ou trop de fel , font aufti très-dangereux dans ce tempérament ; les fruits récents lui font encore très-nuifibles ; les farineux , les légumes à filiques ne conviennent point dans ce tempérament , fur-tout lorfqu'ils font aftaifonnés avec l'huile & le beurre ; il en eft de même Aes aromates qui renferment une huile effentielle acre; les herbes potagères font , au contraire, trèsutiles aux perfonnes d'un tempérament fanguin : ils doivent boire peu de vin pur , le couper avec de l'eau , & éviter les liqueurs fpiritueufes : ils doivent faire un exercice proportionné aux aliments qu'ils prennent , & entretenir toujours la liberté de la tranfpiration , en ne s'expofant point mal-à-propos à l'alternative d'un air chaud & froid. Les gens délicats de ce tempérament I KE G .389 doivent faire ufage de l'exercice à cheval , qui ne fatigue pas les fibres , mais qui les fortifie. Les perfonnes languincs doivent e'viter la trop grande quantité de pain , les mets trop fucculents qui peuvent augmenter la quantité' de fang ; & quand elles fe trouvent dans le cas d'en avoir trop , ce qu'elles connoîtront par un pouls plein & vif, des maux de tête, des pefanteurs , des etourdiflements , des faignements de nez , il faut qu'elles fe faflènt faigner , qu'elles prennent des lavements , beaucoup d'eau &: peu de vin ; qu'elles fe nourriflent de fruits bien mûrs & d'herbes potagères ; qu'elles e'vitent en géne'tal tout ce qui peut augmenter la quantité du fang. Du Tempérament bilieux. Quand les vifceres de la digeftion font forts , les évacuations grandes , l'adion des vaifleaux violente , la fenfibilite' & la mobilité des fibres plus confidérables qu'elles ne le font commune'ment , les principes des humeurs tendent à devenir acres ; la lymphe elt moins abondante , la bile , au contraire , cil plus dominante. Comme les organes font forts & vigoureux dans ce tempérament , la digeftion fe fait proraptement , l'appétit eft vif; aufli-ces tempéraments ne peuvent foutenir le jeûne : le corps eft ordinairement maigre, quoique fort , & paroît porter à l'inflammation. • La chaleur de l'air eft fort contraire aux tempéraments bilieux ; le vin « les liqueurs fpiritueufes , les aliments échauffants , les veilles , les paftions vives de l'ame leur font très-nuifibles. Pendant l'été , les bilieux doivent humecter davantage leur corps , & fe réprimer fur toute leur conduite. En hiver ils peuvent vivre plus indifféremment. Quand les bilieux travaillent de corps , & fe fatiguent par l'exercice , il n'eft pas d'aliment mucilagineux qu'ils ne puiffent digérer. Le pain le plus dur , le moins fermenté, fe digère dans leur eC» tomac , & y fait affez de réfiftance , pour que l'eftoniac puifle s'en contenter ; la nourriture , au contraire^ qui feroit trop légère , fe dilTiperoit trop promptement , & ne fuffiroit pas à la force de ces organes. Les conftitutions bilieufes qui ne font point de grands exerciB b iij 390 R E G . ces , peuvent manger du pain bien fermenté , peu âe viande ; doivent e'virer lur-tout les poi'îbns de mer pourris , ou ceux qui tendent à le devenir : il en eft de même du gibier , dont ils ne doivent fiiire uflige que trè^-r.irement & en rdiTailonnant avec du vinaigre & du fcl. Les légumes , comme les -pois , les fèves , le riz , leur conviennent très-fort ; ils devroient prefque toujours boire de l'eau , parce que le vin & les liqueurs leur font très-contraires ; ils doivent me me faire ufage de bcillons plus abondantes que dans tout autre tempérament , parce que leurs fibres trop tendues ont befoin d'crre relâchées. Les fruits bien murs , comme les pêches, les poires , le raifm , les fraifes , leur conviennei^t particulièrement. Les le'gumes frais , comme les cardes , les choux-fleurs, les artichauts, les petites fèves font les meilleurs aliments dont ils puiiïent fe nourrir : l'exercice eft effeatiel dans ce tempe'rament , ainfi que la dilfipation & |a mode'ration dans toutes les pallions. Du Tempérament pituiteux» Dans cette efpece de tcmpéram.ent , la pituite eft furabondante ; les fibres en font relâche'es , & toutes \ts humeurs en deviennent épaifTes & vifqueufes. Les aliments qui conviennent aux pituiteux , ne font ni les farineux qui n'ont point été fermentes , ni les légumineux : le pain bien fermenté doit faire la bafe de leur nourriture ; il feroit encore meilleur , s'il étoit cuit deux fois. Dans les plantes , celles qui ont des fels qui portent aux urines ; celles qui ont un léger penchant à l'alkali volatil-, enfin celles qui contiennent un aromate gracieux , doivent fervir d'aflaifonnement à leur nourriture ; les boilTons acides, les aliments aigres, les fruits d'çté , les favonneux font dangereux dans cette conftitution. Les pituiteux ne doivent point faire ufage des plantes fraîches aqueufes , ainfi que des racines & des végétaux qui n'ont encore reçu aucune préparation , comm.e les différentes racines & les feuilles que l'on ferr fur la table, comme les épinards , la falade, la chicorée cuite ou crue. On peut leur permettre la -yiande de bœuf, de mouton , le faifan , la perdrix j R É G .351 la volaille j il faut leur interdire les jeunes animaux , comme le veau , l'agneau & le cochon de laie : la boillbn ne doit pas être abondante. Ils peuvent boire du vin pur , quelquefois même des liqueurs fermentées : il faut iur-tout avoir foin de ne pas noyer les digeltions par des lavages inutiles. Il n'y a pas de conlHtution dans le corps humain qui fupporte mieux la diète excefTive & le jeûne ; il eft même falutaire pour elle de peu manger , & de manger rarement. L'exercice leur eft extrêmement utile ; l'augmentation de mouvement & de chaleur qui en réfultent font de grands initruments pour fondre & brifer les glaires : aulTi ne voit-on point de tempe'rament pituiteux parmi les foldats , les laboureurs , & tous ceux qui font oblige's de vivre du travail de leurs mains. C'eft le tempe'rament propre de l'enfance ; il appartient plus aux femmes qu'aux hommes : il fuit i'pilivete' j & le tfavail le détruit infenfiblement. Du Tempérament mélancolique»/ Si d'un côté les humeurs font épaifTes , & les fibres dures &: roides , & de l'autre , que l'eftomac foit froid , & la digeltion lente , il en refaite une conllitution feche de froide , qu'on appelle mélancolique ; elle fe déclare fur-tout à la fm de l'été , & après l'âge viril. Le régime de ce tempérament doit être fort exa6l: : le grand art confilte à introduire dans le fang aflez de liquide , pour qu'il puiile pénétrer les parties du fang trop rapprochées. Tous les aliments de difficile digef^ tion , tous ceux qui font éloignés du term.e de l'atténuation propre aux humeurs , doivent être bannis du régime de ce tempérament : les farineux non-fermentés & les légumes ne conviennent point ici. Le pain bien fermenté , les viandes tirées des animaux qui ne vivent que d'herbes , & la jeune volaille doivent être le fond de la nourriture des mélancoliques. Les herbes potagères doivent en faire l'aifaifonnement : on peut quelquefois unir à leurs nourritures quelques aromates légers, comme la mélilTe , la cannelle , le mélilot , &c. Le petit-lait eft pour eux la boiflbn la plus convenable. le vin blanc & le'ger , la petite bière , le cidre coupe B b iv 39X H E G avec l'eau , font les meilleures boiflbns que les mélaiir coliques puiffent emjiloj'er : les fruits mûrs conviennent dans cette conftitution. Il faut aider l'adion de tous ces aliments par un exercice le'ger , en refpirant un air frais , éviter trop de diinpaîion & trop d'oifiveté. L'exercice à cheval convient beaucoup aux perfonnes de ce tempérament. Pour pouvoir juger de la nature de ces différents tempéraments , il faut d'abord confulter , comme nous l'avons dit , les lignes qui caradérifent chaque efpcce de tempérament , & adopter les règles que nous venons de prelcrire à chaque perfonne en particulier. Il y a tous les jours des complications de ces différents tempéraments les uns avec les autres , qui chan• gent les indications du régime. Le tempérament fanguin s'unit quelquefois avec le mélancolique , & le pituiteux avec le bilieux ; il faut pour lors aflbrtir enfemble les remèdes de ces deux tempéraments. Koy€{ Tempérament. J)u Régime des femmes & des différents âges de la vie, ta première différence qui fe préfente efl celle des fexcs inftirués pour la propagation de l'efpece ; mars quelque différents que foient les corps des deux fexes , à certains égards , ces différences n'influent en rien fur les loix que nous allons leur prefcrire pour leur régime. Du Régime des femmes» Le corps des femmes eft naturellement plus fluet , plus mince & plus délicat que celui des hommes. Cette texture rend la tranfpiration moins confidérable. La circulation du fang y fuit les mêmes loix ; mais l'efpace qu'il parcourt efl moins vafle , & (ts vaiffeaux font plus petits ; ce qui fait que les femmes ont ordinairement plus de chaleur que les hommes , & que les vibrations de leurs fibres font plus vives -, leur eftomac efl plus foible que celui des hommes. L'éruption des règles porte prefque toujours une atteinte aux fondions dç ce vifcere. R E G . S9Î tei femmes doivent s'obfcrver fur la nourriture encore plus que les hommes : elles doivent préfe'rer de faire plufieurs repas au lieu d'un grand ; éviter tout ce 394 R E G tra dans la bouche de l'enfant d'un cbté , & de.I'autre dans le lait , en l'engageant à s'accoutumer ainfi à fucer le lait. Ces pre'cautions ne l'ont bonnes que pour fupple'er au défaut du lait de la mcre ou de \a nourrice , qui eft toujours pre'ferable à toute au re nourriture : on aura feulement grand foin d'éviter qu'on ne lui donne du vin , du fruit , & fur-tout de la bouillie. La nourrice que l'on donne à un enfant doit éviter d'avoir les mauvaifes qualités de la mère ; la fobriété & l'exercice , les aliments aifés à digérer , pris à diffé* rents intervalles : aucune efpece de liqueurs fpiritueufes, ni trop de boiflbn , ni trop peu ; tout ce qui peut faire un chyle doux , modéré, ni trop coulant, ni trop épais , un ufage médiocre des palfions , qui ne paffe jamais en excès ; telles font les loix que doivent obferver les nourrices. Dans les premiers temps , il fuffit de nourrir l'enfant avec le lait de fa mère ; 6c quand il commence à prendre de l'accroiflement , on peut lui donner des aliments plus nourrilfants , comme la panade que nous avons décrite ci-delllis , la foupe épaillè , faite avec du bouillon de viande. Comme les enfants font d'une nature fort chaude , £c qu'ils croiflent beaucoup, ils doivent prendre de la nourriture très-fouvent , 6c faire beaucoup d'exercice ; c'eft pour cette raifon qu'on ne devroit pas les emmaillotter , ni gêner leurs mouvements. Les mucilages les mieux cuits & les mieux fermentes font ceux qu'on doit leur donner. On doit leur faire manger peu de viande , des œufs , des panades , des légumes légers , àts fruits doux ; on doit détremper leur nourriture avec de la boiiïbn , pourvu qu''elle ne foit pas trop abondante ; il faut leur interdire le vin, le tué, le café , & les boiflbns échauffantes. Il ne relie plus qu'à prefcrire aux enfants , quand ils commencent à grandir , de ne point s'habituer uniformément aux mêmes nourritures ; il faut varier & diverfifier leur régime , en leur permettant infenfiblement de manger de tout , & fur-tout ne les point contraindre , & leur laifler faire de l'exercice , prendre de la diffipation , & fuivre généralement leur volonté ^ R E G ^ 59^ pourvu qu'elle ne foit pas contraire a l'accroifTernsnc de leur corps &c de leur efprir, Du Régime de Vâge de puherté, La puberté eft le temps où les corps des deux fexes commencent à difFcfrer entr'eux. Les vifceres paroifTent acque'rir une aftion qa'ils n'avoient pas , & toute la nature femble renaître ; la force des vaifTeaux eft plus grande , la chaleur plus vive , le fang plus fougueux. On doit donc éviter à cet âge les aromates , les aliments du haut goût , les fpiritueux , les exercices violents , & fur-tout celui des femmes , qui eft extrêmement pernicieux dans cet âge , où on a befoin de toute fa force pour l'accroifTement du corps qui eft trèsconfidérable -, par la même raifon , on doit prefcrire , dans l'âge de puberté, des aliments très-nourriflants , comme les farineux , la chair des vieux animaux , le bœuf, le mouton, le pain bien fermenté & bisn cuit, & fur-tout défendre le vin pur & les liqueurs fpiritueufcs qui relferrent prodigieufement l'adlion des fibres , & empêchent leur extenfion qui eft fi nécelEiire pour raccroilfement. Tiu Régime de Vdge viril, Lorfque Thomme eft parvenu dans l'âge viril , il eft (dans toute fa force , & peut , par conféquent , fe nourrir de tous les aliments qu'on lui préfente. Il doit avoir pour règle générale de proportionner fa nourriture aux différents exercices qu'il fait, de ne s'habituer à rien en particulier, & de s'accoutumer à tout en général; il ne s'agit plus pour lors que de modifier le choix de fes aliments , félon fes forces & fon tempérament. Voye-{ ce que nous avons dit ci-dejjus , aufujet des Tempéraments» Du Régime de la vieil lejfe. Deux caufes principales rendent la vieillefTe indif* penfable -, d'un côté , le defféchement des folides ; de l'autre , le défaut d'altération des principes des liqueurs. La vieillefTe eft feche & froide , & approche , par conféquent , beaucoup de la mélancolie : ainfi on doic tâcher de retarder la vieillelfe, en entretenant 1^ fou  396 R É G plefTe des fibres ; on doit commencer par bannir du régime des vieillards toutes les fubftances qui font ca" pables d'endurcir les folides , les liqueurs fortes , les aromates , & les aliments échauffants ; on doit en exclure , par la même raifon , les exercices violents & les paflions vives. On doit donner des aliments délayants , pris à de grands intervalles & en petite quantité ; on ne doit faire ufagc que de pain bien fermenté & bien cuit ; on doit rejetter les pâtifferies & les chairs falées ; ils ne doivent prendre du yin que fobrement , & toujours coupé avec de l'eau ; les fruits favonneux , comme les pêches , les fraifes , les poires bien mûres font très-avantageux aux vieillards ; leur boiffon peut être faite avec une décoction de miel , pour fondre & divifer les liqueurs épailfies. Les exercices des vieillards doivent être doux & modérés ; ils ne doivent ni fatiguer leurs folides , ni fouetter trop leur fang ; les Îîromenades à pied , les exercices modérés , les plaiirs de la campagne leur conviennent beaucoup ; ils doivent refpirer un air pur & ferein , & faire ufage dts bains le plus qu'ils peuvent. La vieilleffe décrépite eft plutôt une efpece de maladie qui mené à la mort , qu'un état qu'on puifle appeller Santé. Ils font privés de l'exercice libre de leurs lèns ; ils ont la- digeftion lente , les folides raccourcis , les fluides vifqueux âc coulants à peine ; ce qui nourrit aîfément & en peu de volume , doit faire leur nour* riture : les panades , les foupes , le chocolat , doivent en être la bafe ; après ces légers repas , ils doivent prendre un peu de repos , & , après Je repos , un peu d'exercice dans un air plutôt humide que fec : leur boiiTon doit être un vin léger, qui contienne peu d'efprit. Les travaux de l'efprit dedechent encore plus q-ue ceux du corps, fur-tout quand ils font joints aux veilles & aux fortes méditations ; c'eft ce que les vieillards doivent éviter foigneufement , ainfi que le trop de fommeil qui rend leur fuc épais & gluant. Régime des hommes livrés aux exercices violents» Les hommes qui font livrés , par leurs états , à des exercices violents , doivent faire plus de dilfipation que R É G 397 ïe refle des hommes ; il convient, par conf^quent, qu'ils prennent plus de réparation ; & qu'ils faflent ufage d'aliments qui re'fiftent plus lorg-temps à l'adion de leurs vaifTeaux ; ainfi le pain de feigle le moins fermenté , les le'gumes , comme les pois & les fèves , doivent fervir de nourriture à cette efpece d'hommes. L'orge ^ le miel , le riz , le millet , & les autres fubftances farineufcs , fe digèrent très-bien -, les aliments légers ne leur conviendroient point : aulfi voit-on les payfans , les manœuvres , Se toutes les perfonnes occupées à des travaux pénibles , faire ufage des aliments les plus lourds & les plus groffiers préférablement aux autres. C'eft un foin efléntiel de faire fuccéder un long repos aux travaux forcés ; fans cette précaution , les fibres fatiguées pcrdroient leur reffort. Il faut encore retrancher du volume de la nourriture aux artifans & aux foldats , lorfqu'ils ont foufFert des fueurs exceffives ; il faut auiTi , quand ils changent de climat & d'aliment, qu'ils s'y habituen-t par degrés. Leur boiîTon ne doit être que de l'eau ; dans les temps chauds , on peut ajouter un tiers de vinaigre fur deux tiers d'eau , pour leur fervir de boifTon ; les citrons , les plantes acides , comme l'ofeille , leur font auiïi très-falutaires : toute l'attention qu'on doit avoir , c'cft de ne leur donner jamais d'eau croupie m mal-faine. Régime des Ardfans fédentaires. Il y a des gens qui font condamnés , par état, à mener une vie fédentaire : aulfi ont-ils la plupart le dos courbé , les jambes cagneufes , leur taille rral proportionnée ; ajoutez-y la mal-propreté ordinaire , attachée à CCS fortes d'états : tout cela rend le régime beaucoup plus effentiel. Comme ils diffipent moins , ils doivent prendre beaucoup moins de nourriture : le pain bien cuit , le fuc des viandes , les fruits bien mûrs doivent être la bafc de leur nourriture. Ils doivent fur-tout éviter l'ivrognerie, & ne faire ufage du vin qu'en médiocre quantité : ils ne doivent pas non plus boire trop d'eau , parce qu'elle relâcheroit les fibres , & les rendroit encore plus foibles. Ils peuvent de temps en temps faire ufage des plantes anti  598 R E G Icorbutiques , comme le crelibn , la moutarde , le rai-» fort, & tout ce qui peut relever le ton de leurs fibres. Du Régime des Gens de lettres. L'étude , qui fait le plus bel ornement de l'efprit ,' & qui Te'leve au delTus de celui des autres hommes ,' ne lert qu'à afFoiblir le corps , & à le rendre encore plus fujet aux maladies. Le travail d'efprit , & l'attention profonde'ment fixée fur un objet , occupent l'ame ,• & lailfent toutes les fondions du corps en fufpens. Cette diftradion des fens mené aufli à la fufpenfioa ^.es fondions \ il faut donc regarder l'étude & la méditation comme des obftacles à la fanté. L'efcomac des gens de lettres fait prefque toujours mal fes fonctions ^ leurs fécrécions font plus lentes , leurs humeurs moins travaillées ; la pofture qu'ils tiennent en étudiant nuit à l'adion du bas-ventre \ aulTi les gens de lettres font-ils aflez généralement conftipés , maigres & fujets aux infirmités. Ces fortes de perfopnes devroient faire plus d'exercice , à proportion , que les autres, pour réparer, autant qu'il eft poffible , les effets de l'inadion dans laquelle ils font habituellement : ils devroient faire ufagc des bains, fe promener fouvent, ne jamais fe mettre a l'ouvrage , pendant que Teftomac eft en digtftion ; il ne faut pas non plus qu'ils fortent ou qu'ils fail^ent de grands exercices immédiatement après leur repas : il faut que le corps & l'efprit rcucnt dans l'oifiveté ; ce n'eft que fix ou fept heures après le repas que l'on peut commencer à faire quelqu'exercice , & l'on ne doit, par conféquent , travailler que trois heures après avoir pris de la nourriture. Les heures du matin , celles qui précèdent les repas, font les plus avantageufes pour le travail d'efprit. Le choix des aliments eft aufli effentiel aux gens de lettres que l'exercice ; leur pain doit être bien fermenté & bien cuit ; ils ne doivent jamais fe nourrir d'aliments farineux , & ils doivent aflaifonr.er légèrement leur nourriture avec du fel marin , ou quelques aroma'^cs , comme la cannelle , les fruits bien mûrs ; les herbes potagères bien cuites leur font aulTi convenables : ils peuvent aufli R É G 599 faire ufage , après leur repas , d'une décoâion légère de café ^ mais la meilleure façon pour eux d'en faire ufage , ce feroit de le prendre en infufion , parce qu'autrement il contient des parties acres & échauffantes. Les gens de lettres ne doivent boire que très-pea de vin mêlé avec beaucoup d'eau : ils doivent , le matin , prendre' quelque boilfon , pour laver leur fang qui eft fujet à s'épaiflir , éviter les aliments trop poivrés ou trop vinaigrés , & avoir l'attention de modérer toujours leurs travaux d'efprit , en proportion de ceux de leur corps. Du Régime des Maladies aiguïs. Les maladies aiguës font celles qui parcourent leur temps avec rapidité , & qui fe terminent par la vie ou par la mort du malade , dans un efpace très-court : le régime de vivre y eft effentiel ; & la moindre erreur qu'on y commet , peut éloigner la guérifon , ou même hâter la mort. Comme ces fortes de maladies font en partie commifcs à la nature , le grand point confifte à ne pas oppofer d'obftacles a. fes efforts. Si la nourriture efl donnée à propos , elle devient une fource de force pour la nature ; finon c'eft un fardeau pénible qu'on lui impofe , qui l'accable plutôt que de la foulager. La fièvre , qui n'eft autre chofe qu'un effort de la nature , pour broyer & divifer la matière de la maladie , eft le fymptome principal que l'on doit avoir en vue dans les maladies aiguës. Quand la fièvre eft trop vive , il faut en arrêter les efforts , en donnant beaucoup de boiîTons aqueufes , des lavements pour détendre les fibres & diminuer leurs forces , & trèspeu de nourriture ; car autrement on partageroit les forces de la nature, qui feroit occupée à travailler la nourriture , tandis qu'elle doit réunir fes forces pour chaffer la matière morbifîque. On ne doit donc pas fuivre l'exemple des gardes de malades , ou des mauvais praticiens , qui font prendre beaucoup de bouillon dans les premiers jours des maladies aiguës : la ^evre qui eft aans toute fa force , fe 400 R E G trouve détournée par la nourriture; & fes effets font retarde's , & même quelquefois deviennent inutiles. AulH-tôt que la fièvre a paru , il faut retrancher toutes nourritures folides , & ne prendre , pendant les trois premiers Jours , que du bouillon coupé avec les tifanes ordinaires ; la boilTon qui convient le mieux en ce cas eft une de'coclion le'gere d'orge monde' , qui fert au malade de nourriture & de boiiïbn. A mefure que les fymptomes de la maladie deviennent moins violents, on peut augmenter la nourriture liquide , & donner un peu plus de bouillon. Quand les fymptomes augmentent , que les forces font occupées à combattre la fièvre , il faut diminuer beaucoup la nourriture ; car c'eft le temps où elle peut être le plus nuifible. Bientôt après, Its fymptomes de la maladie de'clinent ; il faut alors augmenter la nourriture , jufqu'à parfaite guérifon. En général , on doit fouftraire la nourriture dans toutes les maladies aiguës , au commencement des accès , fur-tout s'ils font longs. L'aliment qui compofe la diète ordinaire dans les maladies aiguës , eft la tifane ; pour faire cette tifane , les anciens prenoient de l'orge qu'ils dépouilloient de fon écorce , & enfuite ils le faifoient cuire dans l'eau à un feu très-lent, jufqu'à ce qu'il fut réduit en bouillie , quelquefois même ils le faifoient rôtir fur une pelle rouge , avant de le faire cuire. Cette tifane eft légère, agréable , humeclante ; elle lave & relâche les fibres , & elle ne produit aucun gonflement dans le ventre. Cette tifane convient fur-tout dans les premiers moments de la fièvre , pour être fubftituée au bouillon ; mais quand les fymptom.cs augmentent, alors la tifane de chiendent & de réglifte doit être plus abondante , & on doit ne faire que très-peu d'ufage de l'eau d'orge. Quand la fièvre commence à de'croître , on doit donner plus abondamment l'eau d'orge , & le bouillon à la viande. Dans les maladies du poumon , on doit avoir plus d'attention pour la nourriture , & obferver un "régime plus exaft. Comme c'eft dans le poumon que fe fait le changement du chyle en fang, on conçoit aifément ^ué R é G 4ot ^ue lorfque cette partie eft atfeftife , elle eft beaucoup» inouïs propre à digérer les aliments que l'on prend : ainfi dans les fluxions de poitrine & les pleure'lies , la diète doit être extrêmement févere , par les raifons que nous venons de dire. Les maladies aiguës qui affectent l'eftoniac & les inteftins , doivent , par la même raifon , être accompagne'es d'un re'gime très-cxaft. Les inflammations du bas-ventre , les plaies faites à l'eftomac , au foie , aux inteftins ou aux autres parties néceffaires à la di^eftion , rendent l'altération de la nourriture très-difficile; aufïï ne faut-il , dans les premiers jours de ces maladies , nourrir les. malades qu'avec les eaux de poulet ou oe veau , & ne leur permettre que les boiflbns aqueufes : ce pre'cepte eft de la dernière importance; car fans cela , on ne peut cfpérer aucune forte de guérifon. Les enfants 6c les vieillards font moins fujets à la diète , pendant les maladies aiguës , que les adultes : il en eft de même des pcrfonnes délicates , valétudinaires. En général , plus la fièvre eft forte , moins il faut nourrir. En fuivant ce précepte , on rifque beaucoup moins de prolonger les maladies , qu'en prenant une route oppofée : ainfi il eft plus prudent de donner à un malade , qui eft attaqué vivement , des décodions de veau & de poulet , que des bouillons de bœuf & de mouton ; on peut même quelquefois , dans les commencements des maladies aiguës , y ajouter des plantes rafraîchiflantes , comme la laitue , le pourpier , ou des femences froides que l'on met en décoction avec les viandes. Il réfulte donc que , dans quelque cas que î'ori fe trouve , on doit toujours nourrir médiocrement dans les commencements àes maladies aiguës , m.oins dans la force , raugmentatioïk& les redoublements , & finir ïa maladie , en augmenrant petic-à-petit la nourriture , & en la joignant à des ftomachiques propres a fortifier les fibres'. On doit faire une attention particulière à ces préceptes ; car , en les négligeant , on devient la caufe de la mort du malade. D. de Santé, T. JL C c 401 R E G Régime des Maladies chroniques» On appelle Maladies chroniques toutes celles quî paflent le terme de quarante jours : ainfi il arrive fouvent que les maladies aiguës de'génerent en chroniques. De ce genre font tous les ulcères , tant inte'rieurs qu'exte'rieurs , foit qu'ils foient occafionne's par des caufes de'pendantes du michanifme du corps , foit qu'ils foient produits par quelqu'operation chirurgicale. Une autre claife des maladies chroniques eft celle de la goutte , des rhumatifmes & des autres maux douloureux , mais très-longs ; les maladies de la peau , comme les dartres , les e're'fipeles. Toutes ces m.aladies chroniques que nous appelions actives , prouvent la vigueur de la nature qui cherche par quelque crife à fe de'barraffer de la matière qui l'incommode \ les unes font accompagnées de fièvre ; les autres font fans fièvre de'cidée : ainfi , après avoir de'terminé le degré' de nourriture qui eft néceflàire , proportionnellement à l'e'cat de la fièvre , à la force & à la dure'e des fympromes , on peut prefcrire la viande de poulet , de mouton , de volaille, le bouillon des vieux animaux dont on fait ufage, quand la fièvre ne permet pas de fe nourrir de viande. Les poiflbns îe'gers , péchés fur le bord de la mer , donnent une nourriture faine : on doit fur-tout prefcrire du pain bien fermenté & bien léger , des confitures de fruits en hiver , dts fruits bien mûrs en été. La boiffon ne doit pas être abondante , & elle doit être compofée d'eau fimple , ou de très-peu de vin pris avec beaucoup d'eau : au refte , on doit prendre de la nourriture , à proportion de l'exercice que l'on fait. Dans les maladies chroniques aftives , où la fièvre eft fymptomatique , & dépend de quelque miafme ou partie étrangère qui l'a produite, cette fièvre augmente la fource du mal , & y nuit Aitinuellement. Dans ce cas , il faut donner des alimentsTiumedants , comme les crèmes de riz , d'orge , le lait même , s'il peut palTer ; c'eft de toutes les nourrritures la plus convenable. On doit éviter le vin , les liqueurs fpiritueufes , les ragoûts échauftants , les gibiers & tous les aliments capables de porter le feu dans le fang. R É G 405 tes maladies chroniques fans fievfe , telles que les douleurs de goutte , les rhumatifmes , les dartres , !a gale , exigent des aliments de bon lue , tirés des ve'ge'taux fermentas, & des viandes de digeftion aiîëe , & dont la pre'paration les rende encore plus falutaires. Les vége'taux frais , pre'pards fans beurre , le lait pour toute nourriture , les décoctions d'orge , les crcmes de riz , de gruau , conviennent beaucoup dans ces états. Il y a une féconde clafTe de maladies chroniques , ique nous appelions pajjîvcs , dans lefquelles la nature paroît être oifive. Il le fait une altération dans quelques-unes des fondions du corps. Les efforts que fait la nature s'étendent fur des produits nouveaux du mal , & non fur le mal lui-même ; telles font toutes les maladies qui dépendent de la foiblcffe des fibres & de la mauvaife qualité des liqueurs \ telles font les fquirrhes, les hydropifies , la cachexie & toutes \qs maladies accompagnées de langueur. Les aliments plus corroborants que nourrifTants , les vins les plus forts , donnés cependant aux intervalles marques , les légumes échauffants conviennent dans ces états : on ne doit point fe départir de ce principe , qui eft de donner moins de nourriture que les forces apparentes n'en exigent , de ne prefcrire que des aliments aifés a digérer , comme le pain bien fermenté & bien cuit , la viande des vieux animaux , les bouillons , les œufs , & de ne permettre aucune nourriture lourde & mal-faifante. On doit , furtout , dans ces maladies , fe procurer un air pur & ferein ; faire beaucoup d'exercice , s'il eft pofTible ; prendre de la diffipation , & bannir le chagrin & l'inquiétude. On trouvera , au relie ', à la lin de chaque article des maladies longues , un abrégé de la diète qu'en doic y fuivre. Du Régime kumeclant. Nous avons fouvent renvoyé à cet article dans les différentes maladies que nous avons eues à traiter ; nous entendons par ce mot tout ce qui peut hum.eder le fang & les humeurs , & relâcher doucement les fibres ;. tels font un air frais & humide , une boifTon abondante, *ks aliments humedants, corrjne la foupe , les légumes, C c jj 404 .^ ^ Ç les herbes potagères cuites ou' crues , l'ufage des lavements , des bains tiedes , un exercice modère' , un fommeil long & tranquille , de la dilfipation , point de chagrin ni d'inquie'tude : il eft eflentiel fur-tout d'éviter les liqueurs fpiritueufes , les exercices violents , les paflions tumultueufes Se les aliments e'chauffants. Du Régime adoucrjfant. On entend pr.r ce régime tout ce qui peut adoucie !e fang, & en détruire lâcreté , tels l'ont les aliments mucilagineux & adouciflants , comme les crèmes de riz , d'orge , de gruau , les gelées de viande , le lait des différents animaux , fur-tout celui de vache , le petitlait pris en boiiTon tous les matins , les lavements, l'eau avec très-peu de vin , un air frais , un exercice doux & modéré , des pallions douces , un fommeil paifible , 6c généralement tout ce qui peut mettre le calme dans la machine. REGLES , f. f. pi. On donne ce nom à l'écoulement de fang , qui i'e fait tous les mois par les parties naturelle^ des femmes , & qui reparoît régulièrement , tant qu'elles font fécondes. C'efl ordinairement depuis l'âge de quatorze ou quinze ans jufqu'à quarante-cinq , que les règles fe foutiennent , a moins qu'il ne furvienne une grodèlTe ou quelque dérangement dans la machine. Quoique ce temps foit celui que la nature a deftiné pour l'éruption dts règles , il y a cependant des fujets dans lefquels cette évacuation fe déclare plutôt , ou finit plus tard. On a vu des filles de huit ou dix ans , & des femmes de cinquante qui étoient réglées. Quand cette évacuation fe fait naturellement , & qu'elle ne caufe aucun dérangement dans la machine , elle elt plutôt une preuve de fanté que de maladie : quelques-uns même prétendent que c'efl un figne de fécondité. Quand cette évacuation eft dérangée , elle devient la fource d'une infinité de maladies : ainfi cet écoulement peut pécher de deux manières différentes , par fa quantité ou par fa qualité. Les règles peuvent être augmentées ou diminuées , ou même fupprimées ; çlles peuvent être aulTi d'une mauvaife qualité , comme R E G 405 «n le voit dans les fleurs blanches , qui font quelquefois teintes de lang. De la Diminution ou SuppreJJion des B.eglcs. II aifé de juger de la fuppreirion des règles , quand on a paire le temps ordinaire , fans avoir cet e'coulement. On juge plus difficilement de la diminution , parce qu'il n'eft pas aifé d'en faire la comparaifon avec l'écoulement que l'on a habituellement. Quand la fupprelfion des régies vient dans une femme mariée , ou dans quelques hlles qui fe font expofées à avoir des entants , on doit d'abord examiner s'il y a quelqu'akération dans le corps , ou s'il furvient quelqu'incommodité , comme àcs pefanteurs dans les bras , dans les jambes • des maux de tére , des coliques , la fièvre ; auquel cas , on ne peut point préfumer de groffelfe ; on doit obferver enfuite fi les incommodités qui réfultent de la fuppreilion àçs règles ne font pas les fignes de la groflélle ; auquel cas , il ne faudroit tenter, aucune efpece de remèdes qui deviendrpient même dangereux. Voye^ Grossessf. Si la fupprelfion vient fans que la femme ait aucun foupçon de groflbiTe , on peut pour lors regarder cet état contre-nature , & on doit travailler à y porter remède . à moins que la fupprelfion ne foit fuivie d'aucun accident ; car il arrive quelquefois que les femmes perdent leurs règles pendant très-long-temps , fans en ttre incommodées. Comme nous avons dit ci-deflus , les règles peuvent ou diminuer , ou s'arrêter tout-à-fait. Les fignes de la fupprelfion des règles font différents mouvements fpafmodiques vers le méfentere , le foie , la rate , l'eftomac & les inteftins ; la pefanteur dans les membres , la difficulté de refpirer , le refferrement à la poitrine , la perte de l'appétit \ l'urine , tantôt pâle , trouble & épailfe , & tantôt rouge ou enflammée ; un fommeil inquiet & agité, une difpofition à pleurer, le vifage pâle , les lèvres livides , & tout le corps boufiî ; les yeux font ternes & environnés d'un cercle livide ; les paupières font gonflées. Les filles d'un tempérament phlegmatique & mélanC c iij 4o5 R É G colique , d'une vie trifte & fédentaire jt font fujcttes à la fupprellion de règles. La caufe prochaine de la fuppreflion eft ou l'épaiffifîen-icnt ou la diminution du fang ; les caufes e'ioigne'es font la crainte , la colère , un air e'pais & lourd , les aliments cruds & grolTiers , les œufs durs pris en grande quantité, l'eau froide, l'ufage des acides & des fruits çjui ne font pas mûrs , la neceilité où l'on ell d'habiter des lieux humides & froids , la vie fe'dentaire & oifive, les fueurs copieufes , l'abus que l'on peut faire des aftringents & àes remèdes propres à les arrêter , les faigne'es faites en abondance , & fans ntceilité. ■ Les maux qui re'fultent de la fuppreifion des règles font infinis ; mais quand ils dége'nerent en quelque maladie particulière; , comme en ca^chexie , hydropifie , afthme , &:c. on fuit le traitement que nous avons in^ diqué dans ces difre'rentes maladies. Mais quand la fuppreffion des règles n'a pas encore produit des maux aulli graves , & qu'il n'en réfulte que ÛQs indifpofitioas ge'nérales dans la machine , il faut pour lors fuivre la rae'thode que nous allons prefcrire. Avant que de tenter aucun remède dans la fuppreffion des règles, il faut commencer par examiner l'âge, îa façon de vivre ôc l'état de la malade ; fi , par exemple , elle a paffé quarante-cinq ans , ou qu'elle en approche , on doit être très-réfervé fur les remèdes , parce qu'il eft vraifemblabie que cette évacuation eft prête à céder naturellement ; fi la m.alade eft mariée , ou fi c'eft une fille , il faut tâcher de reconnoître de toutes les façons , fi elle eft groile , en comparant les fignes que nous avons rapportés à l'article Grossfssk; auquel cas , on doit profcrire tous les remèdes. Mais s'il n'y a aucun figne de groîïèfie , & que d'ailleurs la malade refténte différentes incommodités , comme maux: de tête , mouvement de fièvre , douleur d'eftomac , colique , dii'iiculté de refpirer, Szc. on peut pour lors tenter quelques remèdes. La fuppreifion des règles vient , comme nous l'avons dit , de l'épailfifTement du fang ou de fa diminution ; on reconnoît la diminution du fang a un pouls lent & f çtit , à un vifage pâle , à àçs chairs molles & flaf  R E G 407 qucs , aux règles qui fe font lupprimeos par degrés , êc pendant Icfqucllcs la malade rendoit très-peu de fang , au peu d'appétit qu'elle a , & au grand ufage qu'elle fait des boiflbns aqueufes. Quand la fuppreJlion des règles vient de cette caufe , elle produit rarement des accidents fâcheux , d'autant plus qu'il eft à preTumer que la nature n'eft point furcharge'e de fang, puifqu'clle n'en évacue point : il fuffic feulement d'oblerver un bon régime , de faire de l'exercice , de manger peu , & de ne fe nourrir que de cliofes faines , & de facile digeftion. Quand la fupprelïïon des règles eft produite par l'épaiinflement du fang , ce que l'on reconnoît à un pouls lent & grand , à des douleurs vagues dans tout le corps , à une abondance de matières glaireufes que l'on rend par les felles Se les urines , à une efpece de couenne qui fe trouve dans la poëlette , quand on a faigné la malade , à un air lourd & groiïier qu'elle refpire , aux aliments épais & gluants dont elle fe nourrit , à l'ufage qu'elle peut faire du vin , des liqueurs fpiritueufes , ou au défaut des boiflbns aqueufes , au fommeil trop long, aux urines & aux fueurs abondantes qu'elle éprouve , & au chagrin & à la triftelfe à laquelle elle eft fujette. On fera pour lors faigner la malade au bras ; après quoi , on la mettra à l'ufage du petit-lait clarifié, dont elle prendra trois demi-feptiers par jour , pendant quatre ou cinq jours : on pourra fuppléer au petit-lait par une infufion de bourrache & de buglofe , à la dofe d'une demi-poignée de chaque dans une pinte d'eau , en y ajoutant quinze grains de nitre ; après quoi , on paflera à l'apozeme fuivant : Prenez ,Des Racines de Garance. De Chardon- Roland , de chaque une once. Des Feuilles de Capillaire de Canada , une demi-poignée. Faites bouillir le tout dans trois chopines d'eau , pour réduire à pinte : ajoutez alors Des Feuilles de Petit-Chêne. De Marruhe blanc , de chaque une pincée» D'Arcanum-dupU-catum , un ^os. C c 17 4q8 . î^ E g Paflez le tout , & faites-y fondre une once (îe (irop des cinq racines , pour en prendre un verre toutes les quatre heures : on continuera cet apozeme pendant quatre jours ; après quoi , on purgera la malade avec notre tifime royale , pendant douze jours , & on la niettra , immédiatement après , à l'ufage de l'opiat qui fuit ; TrcneZy D'Excrait de Fumeterre f D''Enula~Campana , de chaque deux gros. X)e Racines d'Arifloîoche ronde pulvérifée ^ un gros. De Gomme Ammoniac, De Safran de Mars apéritifs dç chaque deux gros. De Tartre vitriolé , un gros, Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop d'abfinthe , pour faire un opiat , dont on prendra un gros dans la journée -, la moitié avant dîner , & la moitié avant fouper. La malade boira dans la journée une mfufion d'une égale quantité de feuilles de véronique & de petit-chêne. On peut , au lieu de l'opiat ci-delTus, prefcrire l'ufage de l'sthiops m.artial , pendant quinze ou vingt jours , à la dole de cinq ou fix grains par jour , dans un peu de cpnferve 0" œnuîa-campana. Si ces remèdes ne réulfnTent point , on fera prendre îes demi-bains d'eau tiède , dans lefquels la malade reftera , pendant deux heures , tous les jours ; on lui appliquera enfuite les fang-fues aux parties naturelles , en obfervant de les appliquer tous les mois , dans le temps où les règles devrôient couler , afin de mieux féconder les efforts de la nature. On pourra en même temps prefcrire, pour boiiïbn à la malade , une infufion de la boule de mars dans de l'eau , dont elle boira pinq ou fix coups par jour , en obfervant de fe purger tous les quinze jours, & en fuivant un régime humedant. Quand les règles ne font point totalement fupprîjnées , & qu'elles ne font que diminuées, on doit fuivre à peu près le même traitement que nous venons d'indiquer , excepté qu'on doit continuer les remèdes moins long-temps , pour en obtenir la guérifon. Les règle*, peuvent pécher encore par l?ur mauvaife 4 R E L 409 qualité , c'eft-à-dire , qu'elles peuvent être accompa^ gnees de ma'ieres glaireiifes , comme on le voit dans Je^ Fleurs blanches & dans la Cachexie. Voye\ ces deux arr'ules où l'on trouvera le traitement qui convient aux règles qui pèchent par leur mauva'fe qualité, Mous devons ici recommander d'être bien attentif dans le choix des emme'nagogues ; les remèdes chauds occafionnent conftriélion & refferrement des vaifTeaux ; il eft ne'celfaire que leur ufage foit pre'çe'dé de bains continués long-temps. RELACHEMENT de l'Anus. L'anus eft fujet \ fe relâcher , comme pref'que toutes les autres parties du corps; c'eft ce que Ton voit arriver quelquefois , après les efforts violents que l'on fait pour aller à la felle , après les hémorrhoïdes qui flucnt , & après l'ufage immode're' des lavements. On reconnoît le relâchement de l'anus à une foiblelfe que l'on fent à la partie , qui fort & tombe extérieurement en allant à la fel'e 5 à la difficulté que l'on a de retenir fes excréments qui s'échappent d'euxmêmes , & à un certain poids & une pefanteur quç l'on fent dans la partie. Les caufes du relâchement de l'anus font la foibleffe des folides , occafionnée par l'â^e , la délicateffe du tempérament , l'ufage immodéré à^ts bains , des lavements , de l'eau chaude & des boilfons tiedes , par des exercices violents &: continuels , par un fomçieil trop long, par l'ufage fréquent des faignées , ou l'écoulement abondant des hémorrhoïdes , par les pafr lions vives de l'ame , & par une vie îuxurieufe & débauchée. On peut également regarder comme caufe de cette maladie un ulcère qui les ronge & en affoiblit la texture , ou quelqu'effort violent & fubit. Le relâchement de l'anus peut être effentiel ou acci(dentel ; le premier dépend du tempérament , & fe guérit très-difficilement ; le fécond eft ordinairement occalionné par quelque caufe extraordinaire , comme quelou'efFort , quelque chute , abcès , ou tumeur , qui fç forment dans la partie. La cure du relâchement de l'amis effentiel eft affèz difficile à obtenir , parce que les fibres ayant pe^du 410 ^ Il E L par degrés leur reffort, ne peuvent le recouvrer qu'avec très-grande peine : voici néanmoins la conduite qu'on doit tenir , pour y re'ufiir. S'il y a tumeur & gonflement dans la partie , on commencera par faire laigner le malade au bras , ôc par lui faire prendre tous les matins une infufion le'gere de fanicle, dont il prendra cinq ou fix verres par jour. Il continuera cette boiflbn , pendant cinq ou fix jours ; après quoi , on lui appliquera à l'anus les fang-fues , pour dégorger & dégonfler la partie plus fùrement. Après l'ufage des fang-fiies , continué pendant cinq pu fix jours, le malade prendra la tifane fuivante : Prenez , De Racine de grande Confonde , une once. De feuilles de Vencke , De Tervenche , de çhaquç une demi-poignée. De Cachou en poudre , De Corail , de chaque un gros» Faites bouillir le tout dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-feptiers ; paflez la liqueur pour en prendre une chopine par jour en plufieurs verres. Immédiatement après l'ufage de cette tifane , continué pendant huit jours , on purgera le malade avec un demi-gros de rhubarbe infufc dans un verre d'eau , ^ans lequel on ajoutera , après l'avoir palTé , Une once de Sirop Magifral. Une once de Catholicon double. On appliquera fur la partie des fomentations propres à lui donner du relîbrt , comme celles qui font faites avec le cerfeuil , la fanicle , la mille-feuille , bouillis dans du vin rouge ; on expofera la partie à la vapeur de cette fomentation , & on appliquera defflis , plufieurs fois par jour , des compreffes trempées dans cette liqueur. On paîTera , immédiatement après , à l'opiat que nous avons décrit à l'article Chute de l'Anus. Quand cette maladie eft accidentelle , & qu'elle vient de quelqu'efFort , il fuffit d'avoir recours à un chirurgien qui puilTe en faire la réduction , & appliquer 4eflus un bandage convenable. Si le relâchement de l'anus eft caufé par quelqu'he'  R E M^ 4ir ïnorrhoïde , il faut remédier à la caufe première , avant que de fuivre la route que nous venons de tracer, Voyei HÉmorrhoÏde. Les enfants font fort fujctsà cette maladie ; on vient à bout de les guérir , en leur appliquant au fondement , après avoir réduit l'inteftin , une éponge trempée dans une décoction de rofes de Provins , faite avec le vin rouge, ou feulement dans une eau dans laquelle on aura éteint un fer rouge. RELACHEMENT de la Luette. Voye:^ Luette, RÉMISSION , f. f. terme dont on fe fert pour exprimer la modération ou le relâchement d'une fièvre continue , qui arrive entre les redoublements & \ 4ia R H U pefanteur & de fatigue ; la partie efl: légèrement enflée & diftendue ; elle a de la peine à exécuter fes mouvements, par rapport aux douleurs vives qu'elle fait éprouver : on y fent de plus une chaleur qui eft plutôt acre & inquiétante qui briilante. Quelquefois les fymptomes font beaucoup plus forts , fur-tout dans les rhumatifmes violents \ on y éprouve des élancements , une ardeur & une chaleur confidérables : la fièvre s'y joint quelquefois. Les rhumatifmes fe déclarent ordinairement dans les fujets de l'un & de l'autre fexe , qui font encore dans la fleur de l'âge ; ce font fur-tout ceux qui me^i^nt une vie oifive , qui ont beaucoup de fang , qui "y font expofés ; car les tempéraments fanguins ont des attaques plus fréquentes de cette maladie : ceux qui ont vécu dans un air épais & groifier, qui ont été obligés d'habiter un pays humide & pluvieux , y font fort fujets. La caufe prochaine du rhumatifme eft la plénitude & l'embarras du fang & des humeurs dans la partie afFeflée ; ce qui fait qu'elle eft diftendue , & qu'elle éprouve des douleurs très-vives. Les caufes éloignées font la vicifîitude des faifons , le changement fubit du froid & du chaud , l'oubli des faignées habituelles & des véficatoires , la fuppreffion des hémorrhoïdes , des règles , de la tranfpiration , un fang épais ôc gluant _qui s'arrête facilement dans les différentes parties du corps , & qui produit des embarras & des douleurs vagues. Il y a auffi des caufes extérieures , qui peuvent donner naiffance aux rhumatifmes , comme les contufions , les diflocations , les luxations , les fraftures , les vieux ulcères , les plaies accompagnées d'inflammations confidérables, les brûlures, les panaris , les fièvres qui ont été fupprimées, & enfin la ûifpofi'ion héréditaire. Quand le rhumatifme eft confidérable , & qu'il eft accompagné de fymptomes violents , il faut commencer par calmer la violence du fang par les faignées , les boifibns rafraîchiflantes , le petit-lait que l'on continuera , pendant deux ou trois jours , pour donner de la fouplelTe aux fibres , & de la fluidité au fang ; après quoi , on purgera le malade avec notre tifane royale , ^ on le mettra à l'ufage de la poudre fuivante : R H U 41J Prenez , De Magnéfie blanche, deux gros ù demi. De Sel de Duobus , un gros. De Succin pulve'ri/é , demi-gros. De Kermès minéral , vingt grains. Mêlez le tout enfemble , pour en faire une poudre que l'on divifera par paquets , de fix grains chaque ; on en donnera une prife au malade toutes les trois heures, en prenant un verre de la de'codion fuivante : Prenez, De Bois de Buis ,fix onces. De Racine de grande Bardane, quatre onces. De Bois de Genièvre , trois onces. Faites bouillir le tout dans quatre pintes d'eau, pour réduire à trois , en obfervant de tenir toujours le vaif» feau couvert. Retirez-le du feu , & laiflez-le infufer fur des cendres chaudes , pendant fix heures j après quoi , vous y ajouterez Deux gros de Cryflal minéral, Demr-once de Réglijfe. Paflez enfuite la liqueur , & buvez-en environ une pinte par jour , à trois fois , ou en fix verres , fi cela eft plus commode. Après l'ufage de cette tifane & de cette poudre , on fe purgera avec la tifane royale , comme ci-defTus. A l'exte'rieur , on frottera la partie avec de l'efpritde-vin camphre' , ou on appliquera deflus des fachets remplis d'herbes aromatiques bouillies dans du vin , comme la camomille, le romarin, la menthe, la marjolaine , le pouliot , la matricaire , rhylfope , le thvm , le fureau , la lavande , ôcc. On peut avoir recours a. la compofition fuivante : Prenez , D'Huile de Vers , une once. De Laurier , une once & demie, Melez-les bien enfemble , pour en oindre la partie avec une flanelle. Il faut auparavant la frotter auprès d'un bon feu , avec des ferviettes ufées & chaudes : on y applique enfuite une veflie de cochon , avec une ferviette en quatre par deffus. On re'pete cette ondion deux fois le jour , félon le befoin. On peut également fe fervir de la compofition fuivante : Prenez , D'Mthiops minéral , un gros. De Succin en poudre , deux gros* 414 R H U Mêlez le tout enfemble , pour une poudre , dont o« prendra une demi-cuillerée chaque fois' , que l'on jettera fur un réchaud plein de feu; on en recevra la vapeur avec une flanelle , dont on frottera enfuice la partie. Si l'on veut excicer une tranfpiration plus abondante , on peut mettre la partie affeciée fous une couverture , & recevoir la vapeur de cette poudre que l'on jette dans le réchaud, en frottant enfuite fortement la partie. On peut aulfi avoir recours à la décodlio» fui vante: Prenez , Du Thym , De la Lavande y De la Marjolaine f De la Sauge , De l'Hyfopc , Du Romarin , Je chaque une grojfe poignée. De Graine de Genièvre , deux poignées^ Pilez groITiérement ces drogues dans un mortier , Se mettez-les dans un pot de terre neuve avec deux pintes d'eau-de-vie ; couvrez-le bien , & bouchez-le avec de la pâte : renfermez-le enfuite dans du fumier de cheval j pendant dix ou douze jours , ou dans des cendres chaudes , pendant vingt-quatre heures ; après quoi , vous diftillerez la liqueur que vous conferverez dans àts bouteilles bien bouchées. On l'applique froidement fur les douleurs rhumatifmales , après avoir frotté la partie avec des ferviettes chaudes, jufqu'à l'engourdir. Nonobli-ant tous ces remèdes , fi le rhumatifme étoit opiniâtre , & quMl ne voulut point céder , on feroit prendre au malade l'opiat qui fuit ; Prenez, De Bois de Gayac , De Salfepareille en poudre , de chaque deux gros. D' JEthiops minéral , un gros. De Fleurs de Benjoin , un demi-gros. De Racines de Serpentaire de Virginie eri poudre , deux gros. De fel volatil de Corne-de-cerf , trois gros. Mêlez le tout enfemble , avec une fulH^mte quantité de teinture de bois fudorifique , pour en faire un opiat dont on donnera gros comme une noifette au malade ^ R H U 4it foîr 8c matin , en lui faifant boire par dcITus un verre de fleurs de coquelicot. On obfervera de fe purger avant Ôc après l'ufage de cet opiat. Si l'on ne trouvoit aucun foulagement de la continuation de ce remède , on pourroit employer le fuivant : Prenez, De Salfepareille en poudre , deux gros. De Squine , coupée par tranches , De Gayac pulvérifé , de chaque demi-once» Verfez fur le tout une pinte d'efprit-de-vin , couvrez le vaiffeau avec de la pâte ; laiflez-le expofé au foleil pendant quatre ou cinq jours , ou fur des cendres chaudes , à un feu très-doux , jufqu'à ce que le tout foit re'duit en confiftance mollafle. Vous jetterez delfus enfuite une pinte d'eau. Vous palTerez la liqueur & l'exprimerez , & la garderez pour le befoin. On en prend le matin , dans fon lit , deux ou trois cuillerées dans de l'eau , en obfervant de fe tenir bien chaudement. On éprouve encore du foulagement , en jettant dans la balTmcire , dont on fe fert pour chauffer fon lit , quelques grains de genièvre. Pour éviter les rechutes du rhumatifme , il faut fe faire faigner aux cquinoxes , rappeller les hémorrhoïdes ou les règles , quand elles ont été fupprimées ; fe purger tous les deux mois ; éviter l'air froid , humide , fe couvrir a. peu près toujours également, fe promener & fe diffiper , fans faire d'exercice violent , ne point faire ufage des ragoûts , àes liqueurs fpiritueufes , dormir peu, & bannir les palTions de l'ame & les inquiétudes d'efprit. RHUME , f. m. efpece de fluxion fur la gorge & fur la trachée-artere , qui fait touffer , moucher & cracher. On diftingue plufieurs fortes de rhumes , félon les parties qui font affedées ; quand on fent de la douleur, de l'âcretc dans la gorge , on l'appelle rhume de gorge • quand le mal eft intérieur, & qu'il attaque la poitrine , on l'appelle rhume de poitrine ; fi l'humeur fe porte du côté de ja tête , on l'appelle rhume de tête ou de cerveau. Nous avons traité des rhumes de cerveau , de poitrine à l'articlQ Catarrhe ; on peut confuker cet article. 4l5 R H U Comme c'eft , en gëne'ral , une humeut acre , comme celle de la tranfpiration , qui eft arréte'e , te qui fe jette fur difFe'rentes parties du corps , qui devient la caufe de tous les rhumes , on peut Cuivre le même traitement que nous avons indiqué à l'article Catarrhe. En géne'ral , le lit , une chaleur douce , de le'gers diaphore'tiques , des lavements qui attirent l'humeur & difpofent à une tranfpiration utile & abondante , font des moyens dont on doit fe fervir dans les rhumes , & dont on e'prouve de bons effets. Nous n'entrons pas dans le de'cail de tous ces effets ; il en a été' fait mention dans plufieurs articles. Quand les rhumes font accompagnés de toux vive , d'irritation & de chaleur confidérable , ils exigent des confidérations particulières. Voye:^ Toux. RIS SARDONiQUE , f. m. cfpece de ris convuîfif , femblable à celui qu'excite une herbe venimeufe , qui cft une efpece d'ache ; elle caufe une telle conrradion dans les mufcles du vifage , que ceux qui en font empoifonnés , femblent rire en mourant. Cette efpece de ris eft aulTi un fymptome des bleffures faites au diaphragme. Comme cette maladie eft une efpece d'afFedion convulfive, on en trouvera le traitement aux articles Convulsion & Spasme. ROSE, f. f. Quelques-uns donnent ce nom à l'ére'fipele , à caufe de fa couleur. Voyei Eréstpeie. ROUGEOLE , f. f. petites taches rouges , purpurines ou livides , diftindes , femblables à des piquures de puce , qui s'élèvent fuperficiellement fur la peau , & ne fuppurent point , comme les puftules de la petite vérole. Elles fe diflîpent ordinairement le neUviemtf' jour , quelquefois plutôt. La rougeole fe déclare par une efpece de friftbn fuivi d'une chaleur confidérable , accompagné de pefanteur de tête , d'oppreftion de poitrine & d'une toux feche ; fouvent on éprouve une douleur très-vive dans le dos & dans les lombcv. Quelques-uns reffentent des dotileurs d'entrailles , des vomiffements , des diarrhées, des hémorrhagies par le nez , des convulfions ; & quelquefois , fur-tout dans les enfants , cette maladie s'annonce pac R O U 417 pat une bouffiiïure aux paupières , un écoulement de larmes , & des e'ternuments frcquents. La caule imme'diate de cette maladie eft un levain fubtil , qui s'infinue dans le faiig, qui le fait fermenter , & ferc à le purifier d'une partie des mauvais fucs dont il eft infedc. H paroit que cette efpece de levain a beaucoup d'affinité avec celui de la petite vérole , puifque ces deux maladies s'annoncent à-peu-près avec les mêmes fignes ^ qu'elles ont la même marche , & qu'elles ne différent que du plus ou du moins. Quand la rougeole fe déclare fans aucun fymptomc grave , & qu'elle poufTe bien d'elle-même , il vaut beaucoup mieux laifTer agir la nature , que de la tourmsnter : il fufïit fimplement d'appailer les fymptomes , comme Ja toux ; avec un peu de firop de guimauve & de l'huile d'aman Jes douces ; de modérer la chaleur , fi elle eft trop grande , ou de l'exciter , fi elle eft trop légère ; de baffiner les yeux avec un peu d'eau de gui^ mauve , pour te.npérer les humeurs qui s'y portent. Quand la rougeole s'annonce avec beaucoup de fièvre & beaucoup de chaleur , il faut avoir recours à la faignée ; faire boire au malade de l'eau panée ou du petit-lait; lui donner des lavements; & calmer la fougue du fang , autant qu'il eif polfible de le faire. Après quoi, on prefcrira une tilane faite avec des lentilles, pour boiffon -, ou , fi l'on aime mieux , on fera bouillir une once de racine de fcorfonere dans une pinte d'eau, & on en donnera un verre toutes les deux heures. Si la rougeole ne pouiïbit pas fiiffifamment par l'ufagede ces remèdes , on auroit recours à la potion fuivante : Prenez, Des Eaux diflillées de Scabieufe, De .Chardon-bénit , de chaque deux onces. D'Eau de Méliffe fïmple , une once. De la poudre de Vipère , vingt grains. De la Confection d'Hyacinthe , un gros. De firop d'Œillet , une once. Mêlez le tout pour une potion à prendre par cuilllerées, d'heure en heure, en continuant la tifane de fcorfonere. D, de Santé T, II, D d 4î8 R O U Si la rougeole fe preTente bien , que la fièvre foît confidérable , il ne faut point employer cette potion: il luffit de lailFer agir la nature. Si le dévoiement eft confide'rable , & que le malade reflente des tranchées , on aura recours à la poudre fuivan':e : Prenez , De Corail en coudre , deux gros. De Corne-de-cerf y un gros. D'antimoine diaphorétiqiie , demi-gros. Mêlez le tout enfemble pour une poudre dont on donnera douze grains à l'entant, toutes les deux heures. On lui fera une panade dans laquelle on ajoutera quinze grains de nitre par pinte. Si les yeux font attaqués vivement , on peut appliquer defTus des linges trempés dans de l'eau de fureau , avec un quart d'efprit-de-vin camphré. Quand les paupières font collées enfemble , il fufEr de les frotter avec de l'huile d'œuf , ou avec de l'eau de guimauve. Dans la chaleur & l'ardeur de la gorge , on fe fert, avec fuccès , d'une cuillerée d'eau-de-vie dans une chopine d'eau. Quand il y a une toux confidérable , on a recours aux adouciiïants , comme l'huile d'amandes douces , le firop de guimauve , & le looch blanc , décrit à l'article Toux. Au relie , cette maladie eft rarement grave , & il fuffit de ne point employer des remèdes trop chauds. Il y a une efpece de rougeole qu'on appelle boutonnée , parce que fes puftules s'élèvent en petits boutons; mais ils ne fuppurent point, comme dans la petite vérole : elle n'exige point un traitement différent de celui que nous venons de tracer. • Le poumon refte fatigué après la rougeole ; il eft même difpofé à être faifi de maladies inflammatoires : ainfi la faignée , pour peu qu'il y ait de toux , & les remèdes anti-phîogiftiques , peuvent être employés utilement. Il faut éviter les incraffants , & s'en tenir à àts délayants doux. / ROUGEUR DE Visage. Cette incommodité difforme vient ordinairement d'un vice dans la maile du R 0 U ^ 4î9 fang. On dit que ceux qui en font attaqués ont le vifi'ge couperofé. \^oye[ ce que nous avons dit à ce fiijet dans les maladies qui attaquent le vifage. ( V oyc^ Maladies DE LA Peau. ) La compofition lu.ivante eft très-elFicace pour ces fortes de maux , pourvu cependant qu'on ait pris les pre'cautions que nous avons indiquées dans ces maladies» Prenez , Vingt Limaçons à coques. Six Citrons coupés par tranches. Vingt-quatre blancs d'Œufi. Faites diftiller le tout enfemble , & expofez au foleil ^ pendant quinze jours, la liqueur que vous avez reçue. On s'en lave le vilage deux ou trois fois le jour, Lçremède fuivant peut encore fervir. Prenez , Des Oignons de Lis ; faites-les cuire dans de l'eau, & lavez-vous-en le vifage foir &; matin. Celui-ci eft aulfi-bon. Pilez , Deux dragmes d'Alun ■ mê!cz-Ie bien avec fix blancs d'œufs frais ; faites-les bouillir enfemble , en remuant fans ceflTe. Il s'en fait une efpece d'onguent , dont on oint le vifage deux ou trois fois le matin & le foir. ROUGEUR DES Yeux. Les yeux font fujets quelquefois à devenir rouges ; les paupières fe gonflent , le chargent d'une férofité acre qui les irrite ; ce qui produit un écoulement involontaire de larmes , & fort incommode. Cette maladie eft ordinairement accompagnée d'ardeur , de chaleur , de demangeaifon & de cuiifon. Souvent il fur vient des maux de tête , & quelquefois des mouvements de,fievrei On diftingue deux fortes de rougeurs des yeux : l'une qui eft habituelle , l'autre accidentelle. Il eft trèsdifficile de remédier à celle qui eft habituelle , & qui vient fur-tout de naiflance ; l'autre fe guérit plus aifément. Les vieillards font très-expofés à cette maladie ; les jeunes gens qui ont un fang acre , qui font ufage des liqueurs fpiritueufes , des ragoûts échauffants , en font plus fouvent incommodés ; ceux dans lefquels quelques évacuations fe fuppriment , comme celles des règles , D d ij 410 S A I de la tnnfpifation , des he'morrhoïdes , peuvent également être tourmentés de cette maladie. Quand on eil attaque' de la douleur des yeux depuis quelque temps , & qu'elle de'pend de quelques évacuations lupprimées , il faut chercher à les rétablir , en employant les remèdes indiqué.-, à l'arcicle Suppression. Quand elle ne reconnoit pour caule que l'âcreté du fang , il fiiut mettre en ufage les remèdes indiqués dau.'; l'Acreté & l'Acrimonie du fang ^ ils confident à faire faire au malade une ou deux faignces , fur-tout au pied, félon le befoin , à lui faire prendre beaucoup de boiffons aqu.eufes , des lavements , à le purger tous les huit jours , & à lui appliquer à la nuque les véficatoires , ou un cautère au bras. On trouvera, aux artic. Acreté 6" Acrimonie du Sang , les remèdes propres à tempérer cette âcreté. ROUSSEUR , f. f. taches de rouffeur. Voyei LekaiLLES. =éÉ^^ s A I 4ai La faignde révulfive fe pratique pour retirer & ramener à une partie oppofe'e le fang qui aborde ailleurs avec trop d'abondance , 6c par-là caufc de l'inflammation. Ces trois différentes faigne'cs s'exe'cutent dans des circonftances diffe'rcntes. La faignc'e e'vacuative, comme nous l'avons de'jh dit , eft propre h diminuer la ple'nitiide , dans quelque partie du corps qu'on la pratique. La faigne'e de'rivative fe fait toutes les fois que l'on veut faire aborder le fang avec impe'tuofitc dans quelque partie. C'eft ainfi qu'on la pratique au pied dans la liippreffion des règles , pour forcer les digues qui contenoient le fang , & pour l'attirer avec force dans les vaiîîeaux de la matrice. La faignée révulfive eft deftinc'e à e'ioigner le fang d'une partie , pour l'attirer dans une autre ; telle eft la faigne'e au pied dans l'inflammation du cerveau , ou dans les maux de gorge inflammatoires ; telle eft encore la faignée au bras droit dans l'iiiflammation du bras gauche. Utilité de la Saignée évacuative. On doit pratiquer cette faignée , quand il y a plénitude , comme dans les jeunes gens , les tempéraments fanguins , les grands mangeurs , les perfonnes maigres , &c. quand le fang eft trop raréfié , comme dans les grandes chaleurs , après des exercices violents , fans épuifement , après un coup de foleil , & dans les tempéraments échauffés , & fujets à boire à 410- S A I afin de donner plus de rapidité au fang , qui force fes digues , & fe raie jour au dehors. Utilité de la Saignée révuljlve. Cette faignée convient dans tous les cas où il y a tenfion , douleur , inflammation dans quelques parties eflentielles à la vie , ou dans lefquelles l'inflammation fait des progrès trop rapides : on pratique alors cette faigne'e dans les parties les plus e'ioignées, & les moins utiles à la vie , afin d'y entraîner une portion du fang qui y excite rinfîammation. C'efl ainfi que l'on faigne au pied dans l'inflammation du cerveau & de la gorge ; & ai; bras gauche , dans la pleuréfie , quand le point de côté vR a. droite. De la Saignée , en état de faute. Quoique la faignée foit un remède très-falutaire dans bien des maladies , il efl cependant très-efTentiel de favoir là placer à propos. Les tem.péraments maigres & fanguins , ceux qui ont la couleur de la peau fleuris & vermeille , qui font dans un âge jeune & floriffant , ceux qui ont le pouls plein , fort, qui vivent délicatement & fomptueufement , qui mènent une vie fédentaire, qui fupportent aifément toutes fortes de fatigues, & dans lefquels les faignées ne font point fuivies de foiblefles , fe trouvent mieux àts faignées que \ts autres ; il eft cependant important de n'y avoir recours que quand il y a néceffité , comme dans quelqu'un des cas que nous avons dit ci-defTus, Il faut éviter les faignées à l'âge caduc ^ comme dans les vieillards ; quand il eft trop tendre , comme dans les enfants ; quand les forces font épuifées ; quand le vifage eft pâle ou jaune ; quand le pouls eft foible , inégal , intermittent \ quand on mange peu , que l'on mené une vie dure , laborieufe ; quand on eft fort gras , fort replet , que l'on eft fujet au chagrin , aux peines d'efprit. De la Saignée , en maladie. Il y a des praticiens qui faignent indifFéremm.ent dans £ou:es les maladies aiguës , toutes les fois que la fièvre s A I 4a^ eft confidcrable , & que l'on a quelques accidents a craindre des mauvais effets du redoublement ; ce principe devient fouvent funelte ■ parce qu'il y a bien des occalions où la fièvre eft bien moins l'effet de la quantité du fang augmente', que de fa mauvaifc qualité' ; telles font les fièvres putrides , les fièvres nwlignes , pourpreufes , &c. Il elt vrai cependant que , comme l'action de la fièvre efl. trop forte dans ces fortes de maladies , il eft à propos de prévenir les accidents qui pourroient en réfulter , en faifant une ou deux faignées , non pour tenter la guérifon , mais pour faciliter l'effet des remèdes qui pourroient la procurer. Quand on ne fuit point cette méthode , on rifque de rendre les maladies trèsfâcheufes , & de faire périr les malades. Voici les feuls cas où la faignée devient un remeda curatif; dans la plénitude vraie ou faulfe ; dans l'inflam.mation & les fièvres inflammatoires , fur-tout lorfque l'inflammation attaque quelque partie noble , & qu'elle eft moins générale. La fai^^née devient fur-tout efténtielle dans les grandes hémorrhagies , pourvu qu'elle ne foit point occafionnée par l'âcreté & la diffolution du fang ; car , dans ce cas , elle feroit mortelle. On peut s'aflùrer de la caufe des hémorrhagies , en comparant les fignes de l'âcreté & de la plénitude. La faignée eft encore plus néceffaire dans les blelTures d'armes à feu , ou d'inftruments tranchants, qui ont ouvert quelques vaiffeaux , pour détourner le fang de la partie , & éviter l'inflammation ; c'cft un des cas où ce remède doit être le plus multiplié. On doit également faigner dans les chûtes , les coups & les contufions confidérables , & réitérer même ce remède , félon l'exigence des cas. Précautions à prendre dans la Saignée. On ne doit point fe faire faigner après avoir mangé* il faut attendre cinq ou fix heures , pour que la digeftion foit faite. Les perfonnes qui fe font faigner par précaution doivent le faire le matin à jeun , ou fur les huit heures du foir ; la faignée du matin efl préférable : on ne doit également prendre de nourriture , qu'en trèspetite quantité , ce jour-là , & ne manger que trois ou quatre heures après l'opération, D d if 414 s A I 11 ne faut jamais faîgner dans le friflbn naturel , ou dans celui de la fièvre. On place ordinairement la faignée dans le fort du redoublement. 11 ne faut pas faigner les femmes dans le temps de leurs règles , à moins qu'il n'y ait dss accidçnts graves qui de'terminenc à le faire. les femmes enceintes ne doivent point fe faire faigner avant le troifieme ou le quatrième mois , & dans le huitième ou le neuvième , à m.oins qu'elles ne foient fort fanguines , & qu'elles n'éprouvent des accidents fâcheux. iVu refte , il faut toujours leur faire de petites faignëes , pour e'viter l'avortement. Après la faigne'e , on peut permettre au malade de s'endormir, parce qu'il n'y a rien qui rétablilîè plus vite ies forces que le fommeil. L'on peut diftinguer la faigne'e , relativement à la nature du vailfeau que l'on ouvre ,pour en tirer du fang; & alors on en diflinguera deux efpeces ; l'une qui eft ïa phlébotomie proprement dite , ou l'ouverture de la veine ; l'autre eil l'artériotomie , ou l'ouverture qu'on fait à une artère , dans l'intention d'en tirer du fang. La faigne'e , appellée Vartériotomie , ne peut guère fe pratiquer qu'à l'artère temporale : cette artère portant fuc l'os , on a un point d'appui fuffifant pour confolider la plaie. Cette opération eft rarement pratiquée ailleurs qu'à l'artère temporale ; on le pourroit cependant , s'il y avoit des cas qui l'exigeafîent , & qu'il fe préfentât quelr tju'artere fituee de même fur l'os qui piàt fervir de point d'appui. Il eft à obferver que les artères ayant , comme l'on fait , un mouvement de contraction & de dilatation , leurs plaies fe guéri ,Tent difficilement. Le fang , qui s'y porte avec impétuofité, peut furmonter peu-à^peu l'effort de la bande , & former un anévrifme faux , en s'épanchant dans les parties voifines. La cicatrice foible peut encore céder aux efforts continuels du fang , & former peu-à-peu un anévrifme vrai ; ce font des raifons bien fondées , pour rendre cette opération rare. Quant à la manière de la pratiquer , on peut confui» tet 1 1 Dicironnaire de Chirurgie. La phlébotomie fe pratique au braSj, au pied, à 1^ prge , aux narines, &c. s A I ^ .415 Nous renvoyons au Dictionnaire de Cliirurgie pour ce çui regarde le manuel de cette opération , & les accidents qui arri.ven'' quelquefois aprhs la faignée, SAIGNEMENT de Nez, f. m. e'coulement de fang par les narines. Le nez cft une des parties du corps la plus lajette à l'hémorrhagie. Nous en avons traité à l'article He'morrhagie. Voye^ Hkmorrhagie. SALIVATION, f. f. ou Ptyalisme , flux de bouche, e'vacuation abondante de falive par la bouche. On dilHngue deux fortes de falivation ; l'une qui eft univerfelle ; l'autre , particulière. On a un exemple de la première dans l'adminiltration du mercure donné en friclion ; Voye^ Mercure : ou dans la petite vérole confluente , dont elle eil un fymptome. La particulière eft excitée par des remèdes qui ont cette vertu ^ comme le tabac , la pyrethre , Sec. La caufe prochaine de la falivation eft un gonflement & un relâchement des glandes falivaires , qui , ne pouvant plus contenir la falive , la laiffent échapper par la bouche en plus ou moins grande quantité. Les caufes éloignées font tout ce qui peut augmenter les mouvements du fang ôc de la lymphe , comme les aliments échauffants , les liqueurs fpiritueufes , les veilles immodérées , les pallions très-vives de l'ame , l'ufage du mercure , des levains de fièvre , ou fcorbutiques , véroliques , cancéreux , & ge*néralement tout ce qui peut augmenter l'eft'ervefcence des humeurs. On diftingue deux objets dans la falivation -, ou cette évacuation eft falutaire , & tourne au bien du malade ; ou elle ne fert qu'à l'épuifer , & à nuire à fa fan té. Quand la falivation eft excitée par des aliments échauffants , ôc par un fang acre , il faut avoir recours aux remèdes que nous avons indiqués dans l'article Acreté , & fuivre un régime adoucilFant. Voye^ AcretÉ & RÉGIME. Si la falivation eft provoquée par le mercure , & qu'elle foit trop abondante , il faut purger le malade avec la décoftion fuivante : Prenez , De Caffc en baron , quatre onces. De Sel de Clauber t ^'^^ sros. 4*6 SAN Faites bouillir le tout dans trois demi-fepticrs d'eau , pour réduire a. chopine. On ajoutera Une once de Jïrop de Chicorée , compofé de Rhubarbe. On pafTera le tout , & on en donnera un verre ,- de deux heures en deux heures. On prefcrira , le foir , le lavement fuivant : Prenez, De Le'nitif, deux gros. De Cryftal minéral , un gros, D'Hiéra-picrn , demi-gros ^ pour un lavement que l'on re'ite'rera tous les foirs, jufqu'à ce que la faiivation foit calme'e. On donnera , en même temps , l'eau de carte ci-deffus , de deux jours l'un. Si , nonobftant tous ces remèdes , la faiivation ne cefTe point , il faut faire mâcher au malade du camphre dans la journe'e, à cinq ou fix reprifes. Voye^^ ce que nous avons dit de la faiivation , à l'article Mercurf. Quand la faiivation fe de'clare dans la petite vérole , elle exige une attention particulière. Il femble que la nature cherche à fe débarraffer , par cette voie , d'une trop grande quantité de lymphe qui pourroit nuire à fon travail. Quand cette évacuation fe fupprime , elle caufc ordinairement àta accidents très-grands, quelquefois la mort , à moin? qu'une partie de l'humeur ne fe jette fur les mains , & n'y produife un gonflement, Nous avons dit ce qu'il falloit faire quand cette évacuation eft fupprimée. Voye^ Petite Vérole conFIUENTE. SANG ACRE. Quand le fang eft compofé de principes également combinés , que la partie rouge eft en proportion funifante avec la lymphe , qu'il contient le baume néceflaire pour enchaîner les fcls & les foufres, il refte dans l'état naturel; mais quand ces principes fe défuniffent & s'altèrent , il acquiert de l'âcreté. On reconnoît l'âcreté du fang aux douleurs vagues que l'on fent aujc différentes parties du corps , aux demangeaifons , aux cuifTons , aux embarras & engorgements qui fe forment dans certaines parties , à la vivacité de la circulation , à la maigreur & à la féchcrefle SAN 417 du corps , aux boutons qui fe forment fur le vifao^e , ^ux ardeurs d'urine, à la pefanteur des felles, aux différents mouvements de fièvre que l'on e'prouve, &c. La caufe prochaine de l'âcrete du fang eft la trop grande adivite' des fels : ainfî tout ce qui peut enflammer le fang , comme l'air vif & chaud , les aliments échauffants, les liqueurs fpiritueufes , les exercices violents , les palfions tumultueufes de l'ame , comme l'amour , la colère , devient la caufe de l'âcrete du fang. 0n trouvera à l'article Acreté tout ce qu'il faut faire dans cette maladie. SANG ÉPAIS. Quand il n'}'^ a pas dans le fang une certaine quantité' de parties aqueufes , il eft fujet à s'epailîir , & acquiert trop de confiftance ; c'eft ce qu'on appelle un Sang e'pais. Comme tout ce qui peut enflammer le fang eft capable de l'épaiffir, il faut d'abord éviter les aliments échauffants, les liqueurs fpiritueufes, les mouvements & les exercices violents, les paffions vives, les veilles immodérées ; prendre beaucoup de boiffons aqueufes , & fuivre un régime humeélant. F'oye:jÉpAississEMENT & RÉGIME. SANG Dissous. On appelle ainfi celui dont les parties fe féparent les unes des autres , & tournent en un liquide trop atténué, comme on le voit dans les fièvres, dans les maladies longues , & dans les travaux pénibles & continuels. Nous avons traité de cette maladie à l'article diffolution. SANG EXTRAVASF. Foy^^ EcHYMOSE. SANTE , f. f. bonne difpofition de toutes hs parties du corps , qui le met en état de bien faire fes fondions. C'eft une harmonie , une fymétrie qui règne dans les folides & les liquides , d'où réfulte l'accord parfait de toutes les fondions du corps. C'eft le préfent le plus précieux que l'on ait reçu de l'Auteur de la nature , & celui qu'on devroit conferver avec le plus de foin. Cependant il eft très-ordinaire de voir des hommes qui nég^Hofent leur fanté, & qui ny font aucune attention, qui vivent a leur gre , ^ fuivent indifcretement tous leurs defirs. Si leur conftitution eft affez forte pour réfifter à leurs excès, ils 418 S A N ^ s'en glorifient , & s'abandonnent entie'remcnt à leurs caprices ; tôt ou tard cependant ils en font les vidimes , & rien n'eft fi commun que de voir ces prétendus efprits forts fuccomber tout d'un coup à des maladies qui les furprennent dans le moment qu'ils y penfent le moins. On en voit d'autres , au contraire , qui ne pe'riiïent pas tout d'un coup; mais ils traînent une vie foible & languilTante, & font accablés de toutes fortes de maux. On ne fauroit donc mieux faire , quand on jouit 4'une bonne fanté , que de bien la ménager; & fi , malgré ces précautions , eile fe trouve altérée , il faut y porter remède , en fuivant ce que nous avons prefcric dans les différents articles de ce Didionnaire. Les fignes de la fanté font les fuivants : Il faut d'abord être bien conformé, au moins dans les parties effentielles à la vie , comme la tête , la poitrine & le bas-ventre ; il faut avoir une bonne conftitution , beaucoup de chairs & peu de graiiïe, des os gros & forts, la poitrine large &: quarrée , la têts plutôt grollb que petite , le ventre pas trop déprimé ; l'appétit ne doit être ni trop grand ni trop petit : on doit aller à la felle régulièrement tous les jours ; uriner peu , & rendre beaucoup par la tranfpi-r ration infenfible ; quand on a mangé , on doit avoir le corps léger , les membres fouples , & nullement envie de dormir; on ne doit éprouver aucune efpece de douleur , avoir un fommeii doux & tranquille , qui ne dure pas ni plus ni moins de fept heures. Voilà à peu près les fignes qui caraftérifent une bonne fanté ; on peut cependant le porter affez bien , fans être précifément dans le cas que nous venons de dire. 11 y a des nuances infinies depuis cette fanté parfiùte jufqu'à la maladie , dans la plupart defquelles on ne laifle pas de vivre , fans éprouver une altération fenfible dans fon corps ; il eft bon cependant de faire attention aux: moindres changements qui arrivent à la fanté , pour empêcher qu'ils n'acquièrent des forces par degrés, & qu'ils ne produifent des maux incurables, ou du moins très-difïiciles à guérir. Voyei Vlntroduâion au DicHonnaire de Santé. SATYRIASIS , f. m. éredion continuelle de la verge, accompagnée d'un defir infatiable pour les femmes. Les s C A 4if ancien: ont imagine que les fatyres dont on parle dans la fable , e'toient attaqués de cette efpece de maladie. Cette maladie elt une afFeétion commune aux deux fexes j mais les jeunes perfonnes y font plus fujettes, à caufe de la vigueur de leur tempe'rament. C'eft une ve'ritable afFedion convulfive , qui ne diffère du priapifme que du plus au moins ; ainfi la caufe prochaine eH un fpafme violent dans toutes les parties de la ge'ne'ration , mais fur-tout dans la verge. Les caufes éloigne'es font la chaleur & la vivacité' du tempe'rament , les aliments échauffants , les liqueurs fpiritueufes , le fréquent ufage du coït , les converfations licencieufes , la lecture des livres qui traitent de l'amour , i'ufage des remèdes propres à exciter l'éredion , & la grande habitude de vivre avec les femmes. On doit fuivre dans le traitement la même méthode que nous avons indiquée dans le Priapifme , c'eft-àdire , les faignées répétées , les lavements , les bains , les calmants , & généralement tout ce que nous avons prefcrit dans cette maladie. Voyei Priapisme. SCARLATINE (fièvre). On zpptlle fièvre /cariaune une fièvre continue , accompagnée de taches rouges , comme de l'écarlate , d'où vient fon nom. Elle efl plus fréquente en été qu'en hiver ; elle attaque principalement les enfants. On l'appelle zmTi fièvre pourpre'e. Elle fe manifeftc, ainfi que les autres fièvres, en com-^ mençant par un grand mal de cœur : toute la furface du corps fe couvre de petites taches rouges , mats moins uniformes que celles qui conftituent la rougeole. Ces taches durent pendant deux ou trois jours , difparoiifcnt enfuite ; la peau en demeure écaillée ; les écailles font farineufes , tombent & reviennent deux ou trois fois fuccelfivement. Cette maladie ne paroît avoir d'autre caufe qu'une effervefcence. exceifive du fang , caufée , foit par la chaleur de l'été précédente , foit autrement , foit que la dépuration du fang ne fc foit point faite , & que l'expulfion de la matière peccante par les pores aie été empêchée. C'eft pourquoi il ne faut pas faigner , à moins que la fièvre ne foit trop violente. Il faut, en même temps, interdire les cordiaux qui ne font qu'aug  430 . , SCI menter l'agitation du fang , & empêcher îa feparatîon douce & modérée que la nature veut faire de cette matière étrangère. On doit interdire au malade la viande , le vin , tout ce qui peut échauffer le fang ; on lui fera garder le lit une partie de la journée : il pourra fé lever une partie du temps, pourvu qu'il foit tnaudtment dans fa chambre* Pour boiifon ordinaire , en lui fera une tifane avec l'orge perlée , bouillie dans de l'eau ; & on lui fera prendre , de trois heures en trois heures , la poudre fuivante ; Prenez , De Magnip.e blanche en poudre , deux gros» De Sel de Nhre , un gros. De Sel de Djohus , deux f crapule f, Réduifez le tout en poudre fine , pour partager en paquets de douze grains chaque-, le malade en prendra toutes les trois heures , comme il eft dit ci-deiTus. Au bout de trois ou quatre jours de Tufage de cette poudre , on purgera le malade , & on réitérera la purgation au bout de trois autres jours. Si la maladie fe déclare avec une fièvre violente , des envies de vomir , une affedion foporeufe , il faudra avoir recours à la faignée , aux lavements ; & , fi ces remèdes n'opèrent point efficacement , on appliquera à la nuque un large vcficatoire que l'on laiflera fuppurer pendant quelques jours. Si l'enfant éprouve des mouvements convulfifs , après la faignée & les lavements , on aura recours a la poudre ci-deffus , & on prefcrira , tous les foirs , une demionce de firop diacode. En général , cette maladie n'a aucune fuite fâcheufe. Il fuffit de ne point employer les remèdes chauds , comme le vin & les eaux de fcorfonere & de lentille , qui précipiteroient le cours de la maladie , & feroicnt naître des accidents très-fâcheux. SCIATIQUE , f. f. efpece de goutte , qui a principalement fon fiege dans l'articulation de l'os de la cuifl'e &: de rifchion ; la douleur occupe non-feulement la jointure , mais aufli la hanche , les lombes , Vos fncrum , la cuiffe, le jarret, la jambe, &: s'étend quelquefois jufqu'à l'extrémité du pied. Quand elle elt invétérée , elle rend ordinairement boiteux ceux qui en font attaques. SCI 43t Cette maladie diffère de la goutte par le fiege qu'elle occupe , qui efl ordinairement la re'g;on du coccyx & de Vos facrum , & l'articulation de la cuifîe. On reconnoît la fciatique à une douleur vive au coccyx , qui fe déclare avec opiniâtreté , & qui s'étend quelquefois tout du long de la cuifle : cette douleur eft quelquefois fi vive , que le patient efl: obligé de marcher courbé. On diftingue encore cette maladie , parce qu'elle n'eft accompagnée ni de tumeur, ni de rougeur , ni des caractères de l'inflammation. Ce font ordinairement les perfonnes d'un tempérament fanguin , qui font fujettes à la fciatique , les mélancoliques & ceux qui font d'un tempérament lâche & fpongieux , ceux qui font pléthoriques , qui vivent dans l'abondance, dans la bonne chère, qui fe nourriffent d'alimencs échauffants , & font ufage de liqueurs fpiritueufes; enfin ceux qui ont apporté ce germe de naiffance. La caufe prochaine de cette maladie eft une irritation vive & douloureufe , produite dans les nerfs de la cuifle. Les caufes éloignées font l'air froid & humide , les aliments échauffants , les liqueurs fpiritueuies , la fuppreffion de quelques évacuations , comme les règles, les hémorrhoïdes , la tranfpiration , la fueur, les coups , les chûtes , le violent exercice vénérien , la paffion vive de l'amour , &c. On doit traiter la fciatique à peu près comme la goutte, en général : quand la douleur eft vive, il faut pratiquer une faignée , mettre le malade au petit-lait pour boiffon , à la diète , aux bains ; lui faire prendre beaucoup de lavements ; le mettre enfuite à l'ufage de la boiffon fuivante : Prenez , D'Eau de Chaux d'Ecaillés d'Huîtres , une chopine. De Fleurs d'Orange , deux gros» Deflrop de Guimauve , une once. Mêlez le tout pour prendre en trois verres , à trois heures de diftance l'un de l'autre. On continuera cette boiffon jufqu'à parfaite guérifon ; on fera prendre , en même temps , au malade la poudre fuivante : Prenez, De Magnéjîe blanche , deux gros. De Kermès minéral y dix grains. 43* 5 C 0 JOe Sel de Nicre , demi-gros» De Fleurs de Coquelicot , fichées & pulvérl/e'es , un gros. Mêlez le tout enlerable pour divifer en paquets de douze grains ; le malade en prendra un toutes les deux heures. Si les douleurs font violentes , & que le fommeil foit troublé , il pourra avoir recours à la potion fuivante : Prenez, D'Eau de Cerifes noires. De Fleurs de Tilleul , de chaque deux onces. De Liqueur minérale anodine d'Hoffmann j vingt gouttes, Dejirnp de Pavot blanc , demi-once , pour une dofe , fur les onze heures du foir. A l'extérieur , on expofera la cuifTe à la fumigation d'un réchaut plein de feu, fur lequel on jettera parties égales de fuccin & d'sthiops minéral en poudre* On réitérera cette fumigation , deux fois par jour, en frottant la partie , avant &c après l'opération , avec des flanelles fort chaudes. On évitera avec foin les purgatifs & tous les remèdes propres à faire fuer ; on tiendra le malade dans une chaleur modérée , de façon qu'il n'ait ni trop chaud ni trop froid. Si la fciatique reconnoît pour caufe la fuppreiïion des règles ou des hémorrhoïdes , il faut fonger à ré* tablir cts évacuations par les remèdes ordinaires ^ comme les faignées,Ies délayants, les fang-fues, Voye^ HémorrhoÏdes. Voye\ Règles. On fuivra , pour le refle , la méthode que nous avons prefcrite à l'article Goutte. SCIRRHE , f. m. Fojq Skirrhe. SCORBUT , f. m. maladie familière fur mer , & qui confifte dans un afTemblage de fymptomes qui fe trouvent réunis en total ou en partie. Les plus ordi* naires font le relâchement , le gonflement , la lividité éc le faignement des gencives , la noirceur , l'ébranlement & la chute des dents ; les ulcères & la puanteur de la bouche , les taches rouges , livides , quelquefois jaunes SCO 43J jalines fur la peau , les douleurs vagues & Ic5 lalîitudes dans les bras & dans les jambes , les ulcères livides en diftcrentes parties du corps , la gangrené ieche des membres , la carie des os , &c. On diftingue deux fortes de fcorbut ; l'un que l'on appelle fcorbut proprement dit ; & l'autre , affeâion. fcorbut ii/ue. Le fcorbut eft , comme nous venons de le dire , l'allemblage de la plus grande partie des fympromes qui caraélcrifent cette maladie ; l'affedion fcorbutique n'eft que le commencement de ces mêmes fymptomes. Les anciens diftinguoient deux fortes de fcorbut j celui de terre & celui de mer ; mais les expe'riences nouvelles ont prouve' que ces deux fcorbuts n'e'toient qu'une feule & même efpece. Nous nous contenterons feulement de divifer le fcorbut en chaud & en froiJ , félon Ja nature du eempe'rament , du climat &c des effets de ja maladie. Le fcorbut diffère de l'hypocondriacifme ôc de la me'iancolie , en ce que les humeurs font plus acres dans le fcorbut ; le fang eft grumeleux & féparé de la partie blanche , au lieu qu'il pèche plus par e'paiffiffe-' ment dans les deux autres maladies. Lès ens^orgements & les embarras dans la maladie hypocondriaque font fimples ; dans le fcorbut , ils font ordinairement accompagne's de corruption , de malignité & de fétidité : c'eft pour cela que les fcorbutiques font fujets aux défaillances , aux tremblements, Se à des friffons fiévreux continuels. On diftingue k fcorbut de la vérole , par l'examen iexad de tous les fignes qui l'accompagnent : le fcorbut fe communique par la bouche ordinairement ; le mal vénérien , par les parties naturelles : le premier occupe les gencives , hs dents , qu'il carie & détruit : l'autre fe place fur les amygdales , la luette , le voile du palais , les narines ; & il produit de petits ulcères qui dégénèrent promptemcnt en putridité. Les ulcères produits par le fcorbut ^ font fanguinolents , ichoreux; au lieu que ceux que produit la vérole , font croûteux, glutineux. Le fcorbut produit des taches fur la peau le mal vénérien des tumeurs & des nœuds. Dans le fcorbut , on reffent des douleurs plus «ignës , & rérait£>. de Santii, T, II, E e 434 SCO tentes ; dans la vérole , elles font plus rongeantes & conrtantes , Se elles redoublent toujours la nuit. Les fcorbutiques fe trouvent allez bien dans le lit; au lieu que les vérole's y fouftVent beaucoup. L'urine des fcorbutiques cft toujours fort colore'e ; dans la vérole , elle Teft moins , & plus trouble. Les fignes de la difpofition fcorbutique font une lâfTitude & un abattement ge'néral ^ des douleurs gravatives & obtufes , quelquefois aiguës , vagues , & qui reviennent par intervalles , & qui fe font fentir principalement dans les membres , des mouvements irre'guliers dans le pouls , & des accès fiévreux , de*; maux , tantôt à l'cftom.ac , à la tête & à différentes parties du corps ; un fommcil inquiet & interrompu , une répugnance marquée pour la viande , & une chaleur 6c une âcreté confidérable dans le corps. On reconnoit le fcorbut confirmé , à la pâleur 6c à la boufliffure du vifage ; les gencives font rouges , fanguinolen tes & ulcérées ; fi on les prefl'e tant foit peu avec le doigt , il en fort de la fanie ; elles font û lâches , qu'elles quittent les dents qu'on peut ôter aifément de leurs alvéoles. On obferve fur la peau , principalement aux jambes, aux cuiffes , aux bras & à la poitrine des taches rouges , ou plutôt livides 6c noires -, il fe forme des ulcères a la bouche & au nez ; les malades refpirent difficilement : ils reîTentent des lafT:tudes & des douleurs vagues par tout le corps ; leurs urines , leurs felles 6c leur haleine font extrêmement puantes : ils fentent à la langue & à la gorge une efpece de difficulté habituelle d'avaler : ils font fujets à la fièvre, auxhémorrhagies , & fur-tout aux défaillances. Les jeunes gens & les vieillards font principalement fujets à cette maladie ; elle attaque aufTi les gens pareffeux , & qui mènent une vie fédentaire , qui habitent des lieux bas 6c humides , & qui ont quelques difpofitions à l'affeclion hypocondriaque ; c'eft un mal très-commun dans le voifmage de la mer , & dans ■ les pays feptentrionaux. La caufe prochaine du fcorbut eft la coagulatioji du fang , & la féparation deja lymphe qui cefTe de s'unir avec lui ; ce qui fait qu'il acquiert un degré SCO ,435 3'âcreté qui , augmentant de jour en jour , dégénère en corruption putride. Les caufes occaîionnelles font un air froid , chaud & humide , une habitation dans des lieux froids & humides , une nourriture épailfe , fale'c , comme de la charcuterie , une diète acide , le trop grand ufage des aromates & des liqueurs fpirirueufes , le de'taut d'exercice , la vie fe'dentaire , les palFions lentes , comme le chagrin , la trifleffe , l'ennui , le fommeil trop long , &c. Nous avons diftingué ci-defTus le fcorbut d'avec la difpofition fcorbutique , & nous avons fait voir comme on devoit les diftinguer ; on doit aulFi les traiter diffe'remment. Rien n'ell plus avantageux dans la difpofition fcorbutique , que de faire un long ufage des délayants & àcs incififs très-légers , parce que la lymphe fe trouvant épaiifie , elle ne peut être brifée & réfoute , qu'autant qu'elle eft fuffifamment humedée ; ainfi tout ce qu'on peut faire de mieux , pour commencer la cure , efl de faire prendre au malade beaucoup de petit-lait , a. la dofe d'une pinte , prife en plufieurs verres dansla journée; on lui fera faire , en mêms temps, ufage des bains , qu'il continuera par intervalles ; après quoi , on pourra aiguifer fon petit-lait avec une once de firop anti-fcorbutique par pinte. Après l'ufage continué , pendant trois femaine;; ou un mois , des délayants , on pourra paffer a l'apozeme fuivant : Freoez , Des Racines de ChardonrRoland , . D'Année , de chaque demi-once» Des Feuilles de Bourrache , De Buglofe , de chaque une poignée. Faites bouillir le tout dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-feptiers. Ajoutez enfuite Des Feuilles d' Alléluia, De Crejfon de fontaine. De Cochléaria , de chaque une demi poignée, Laiffez infufer le tout chaudement , pendant demi-! quart d'heure , dans un vaifleau bien fermé ; E e ij 43^ SCO Un gros de Sel de Duohus. pour en prendre un verre , toutes les quatre hcure.ç« On continuera cet apozeme pendant huit jours ; après quoi , on purgera Je malade avec deux onces de manne , & une once de firop de pomme. On lui fera prendre enfuite les bains , pendant huit autres jours , & on re'itcrera l'apozeme ci-delfus , pendant quinze , en obfervant d'avoir recours aux purgatifs , tous les quinze jours. On finira le traitement par mettre le malade au lait d'ânellè , dont il prendra un demi-feptier , le foir , en fe couchant , & autant , le matin , en le levant. Le fcorbut confirme' doit e'galement s'attaquer avec \cs de'layants , à moins que le malade ne foit trop foible pour pouvoir en fourenir l'ufage ; auquel cas , on lui fera prendre , comme ci-deffus , le petit-lait clarifie', pendant quinze jours , & les bains tiedes , pendant huit ou dix jours ; au bout duquel temps , on le purgera avec un gros de follicules , deux onces de manne , deux gros de fel de Glauber , & une once de firop , compofé de rhubarbe. On lui fera prendre, immédiatement après l'apozeme fuivant : Prenez , Des Racines de Raifort , D'Année , de chaque demionce. De Pyretkre concajfée, un demigros. Faites bouillir légèrement ces racines dans trois chopines d'eau commune , que vous réduirez à cinq demileptiers , dans un vaiffeau bien fermé. Ajoutez enfuite : De Cochléaria , De Beccahunga , De Trèfle d'eau , De CreJJTon de fontaine ^ de chaque une demi' poignée. Laifiez-les infufer dans la décoflion ci-deflTus , en la retirant du feu , & la couvrant bien , jufqu'à ce qu'elle foit prefque refroidie. PafTez le tout , & ajoutez-y Une once de Sirop anti-fcorhiitique, La dofe efl de quatre verres par jour , de quatre SCO 437 heures en quatre heures ; ce que l'on continuera , pendant huit jours ; après ./Ijoi , on recommencera les bains & le peiit-lait , pendant huit autres jours , & on pairera à i'ufage du vin anti-fcorbutique, qui fuit; Prenez, Des Racines de Primprenelle blanche , D'Aunée , De Valériane , De Raifort fauvage f de chaqiut trois onces. De Bardane , cinq onces. Des Feuilles de Crejfbn de fontaine , Des Feuilles de Coc/déaria , De Beccabunga , De Fumeterre , D'Ahfinthe , De petite Centaurée , de cha" que deux poignées. Le tout étant nettoyé' , lave' & e'goutté , raettez-lc dans une cucurbite de cuivre c'tame'e. Ajoutez-y De Sel Ammoniac en poudre ^ trois onces. De la Graine de Moutarde , Jîx onces. Deux Goujfes d'Ail. Verfez fur le tout douze pintes de bon vin rouge ordinaire ; couvrez la cucurbite avec du linge & un parchemin mouille' ; paffez-le au bain-marie , ou au bain de cendre très-doux , 6c laifTez-le infufer , pendant douze heures , ayant foin de remuer le vailTeau de temps en temps ; laiifez-le enfuite refroidir , fans le déboucher , & palTez le tout à froid. Confervez ce vin h la cave , pour i'ufage , dans des bouteilles bien bouchées. La dofe eft d'un petit verre , deux fois le jour , le matin à jeun , & fix heures après le dîner. On continuera ce remède , pendant fix femaines , en obfervant de fe purger , tous les quinze jours , avec l'opiat qui fuit : Prenez, Z)e Safran de Mars apéritif y une demi-once» De Séné monde , De Rhubarbe , de chaque un gros. De Sel d'Abfinthe , demi-once. De Jalap , De Diagrede^ E e iij 43B SCO De Mercure doux , de chaque deux fcrU' pules. ^* Delà Gomme Ammoniac , De la Myrrhe , de chaque un gros. Puîv^rifez le tout ; & , après l'avoir mêlé exa£l:ement , incorporez-le avec fuffifante quantité de firop de fleurs de pécher. La dofe eft de deux gros , le matin à jeun ; ce que l'on continuera pendant trois jours. Au bout de l'ufage du vin anti-fcorbutique , contiîiué pendant un mois , on ajoutera fur chaque verre du îîiême vin , Dix gouttes d'Efprit de Cochléaria, Quand on aura continué les remèdes ci-defTus , pendant un temps fuffifant , on en fufpendra l'ufage auquel on fuppléera par le lait de vache , que l'on prendra, foir & matin , à la dofe d'un demi-feptier , & que l'on continuera pendant un mois ; après quoi , on continuera le vin ci-delfus , pendant fix femaines , jufqu'à parfaite guérifon. On aura foin d'éviter tout ce qui peut épailTir le fang , & le coaguler , comme les vins acides , les ccrifes , les grofeilles , les chairs falées & durcies à la fumée , les aromates , les liqueurs fpiritueufes , iin air épais & grolfier , des aliments vifqueux & gluants, ie fommeil trop long , le trop de repos , les paffions lentes , comme le chagrin , l'ennui , la trifteffe , &c. Tout le traitement que nous venons de tracer ne convient que dans les tempéraments pituiteux , mous j lâches 3, dont la fibre n'efi: point fenfible ; dans les perfonnes grades & replettes , qui ne font pas fanguines , & qui n'ont pas un penchant décidé à la putréfaftion ; car autrement tous ces remèdes , qui font extrêmement chauds , précipiteroient la diffolution du fang, & jetteroient le malade dans un épuifement mortel» Ce traitement ne convient pas dans le fcorbut des; foldats , ô^&s matelots , des gens d'un tempérament fec & vif , à moins qu'on ne fe trouve dans l'impolfibilité d'en employer d'autrçs ; auquel cas , il faut adoucir SCO ^ 439 Dans le fcorbut chaud , c'eft-à-dire , dans celui qui eft accompagné d'une dillblution prompte & fubite de la malfe du fang , comme clt le î'corbut de mer , on doit faire ufage des de'layants , comme le peiit-lait , mais en moins grande quantité' : ainfi l'on peut prefcrire le petit-lait, pendant huit ou dix jours, & palTer enfuite à l'ufage de la limonnade prife en grande quantité' , ou de l'eau de citron avec un peu de fucre , en obfervant de purger, tous les quinze jours, comme nous l'avons dit ci-delîlis , & en prefcrivant un re'gime exaét , qui doit être compofé d'aliments farineux, comme de gruau , de femoule , de riz , de le'gumes frais , cuits fans beurre , en évitant fur-tout la viande ; les feules qui conviennent font celles de veau & de poulet , & fur-tout éviter le vin & les liqueurs fpiritueufes , boire toujours de bonne eau, autant qu'il eft poifible , ou la faire bouillir , quand on la croit mauvaife ou mal-faine. Le lait ne convient nullement dans cette efpece de fcorbut ; on peut prefcrire les fruits nouveaux au printemps ; les confitures de grofeilies & de cerifes, les bains , & généralement tout ce qui peut détendre , relâcher les fibres , & rafraîchir le fang. Comme cette efpece de fcorbut eft familière aux matelots & aux foldats , & qu'il eft très-difficile de conferver des limons & des citrons aulfi long-temps qu'on le voudroit , on peut y fuppléer , en faifant une fubftance qui fe conferve tant que l'on veut. Il ne s'agit que de frotter l'écorce des citrons avec du fucre , julqu'à ce que le jaune en foit enlevé , & l'on conferve ce fucre ainfi préparé , que l'on diflbut enfuite dans de l'eau , & dont on fait une boiflbn qui eft excel-lente contre le fcorbut de mer. Le liniment fuivant eft très-propre pour raffermir les gencives , & reflérrer les dents , lorfqu'elles ont été détruites par le fcorbut. Prenez, Z>;/ Sang-Dragon ^ Des Santaux , Du Corail rouge préparé & porphyrifé y De la Graine d'Ecarlate , De l'Alun de roche , de chaque deux gros. Pulvérifez le tout, & mclez-le avec trois onces de E e iv 440 SCO miel rofac clarifié t faites-le cuire en confiftance d'e'Iectuaire liquide. On fe fervira de ce mélange pour fe frotter les gencives , foir & matin. Comme les remèdes anti-fcorbutiques de M. Moret fe font acquis une très-grande réputation , nous allons en donner ici la defcription , afin qu'on puiffe s'en fervir à la place de ceux que nous avons indiqués. I, Vin anti-fcorhutique^ Ge vin éio'n le principal des remèdes du fieur Moret 5 celui qu'il employoit le plus fouvent , & qui lui avoit fait le plus de réputation. Il le pre'paroit de la maïiiere fuivante : Prenez, De Racines de Raifort , dou^e onces. De Bardane ^fix onces» Des Feuilles de Cockléaria , De Crejfon d'eau. De Beccahunga , De Fumeterre , de chaque deux poignées. On lave bien les herbes & les racines ; & après les avoir laiiïees égoutter , on les e'crafe , & on les réduit en pâte dans un mortier : on pile en même temps, d'un autre côté , cinq onces de graine de moutarde ; on met le tout dans une cucurbite , avec quatorze pintes de bon vin blanc de Bourgogne , bien mûr : on y ajoute Trente grains de S el Ammoniac bien pulve'rife'. On bouche enfui te la cucurbite avec fept ou huit feuilles de papier brouillard , que l'on attache autour ; & l'on met la cucurbite au bain-marie , à un feu de digeftion , où l'on laiffe ces drogues en infufion, pendant douze heures au moins ; après quoi , quand la çueurbite eft refroidie , on pafTe la liqueur avec forte expreifion , & on la met dans des bouteilles , pour î'ufage. Elle peut fe conferver pendant deux mois. La dofe de ce remède pour les adultes , eft de deux verres par jour , chacun de fix onces ; on prend le premier , le matin dans fon lit où l'on refte deux heures fans rien prendre j on donne le fécond verre SCO 441 deux heures après le fouper , & Ton continue ainfi , jufqu'à l'entière gue'rifon , obfervant de garder un bon re'gime , & de boire à fon ordinaire une tifane faite avec deux gros de fquine coupe'e en tranches , qu'on fait bouillir pendant une demi-heure , dans deux pintes d'eau de rivière , & où l'on peut mêler un peu de vin. On donne une moindre dofe de ce vin aux enfants 6c aux jeunes perfonnes , à proportion de leur âge , «de leur tempe'rament ôc de leurs forces. I I. Purgatif fondant. Le (leur Moret purgeoit toujours avant l'ufage dç Ton vin ; & il réite'roit cette purgation tous les huit jours. Il employoit pour cela , le bol fendant qui fuit ; Prenez, Des Trochifques Alhandal , De Scammonée , De Mercure doux , D'Extrait d'Aloès , de chaque quatre onces. De Diaphœnic ^fept onces. Mettez en poudre fine tout ce qui doit être pulv^rife' : mêlez le tour avec une fuffifante quantité de firop d'abfinthe , pour en faire un opiat , dont la dofe doit être , fuivant la force , l'âge & la conllitution du ma^ ïade , depuis un fcrupule jufqu'à un gros. III. Remèdes pour les Gencives ulcérées. Dans les fcorbutiques , les gencives font toujours afFeftées , gonflées , molles , fpongieuies , ulcérées ; elles débordent fur les dents , tombent en pourriture , feurtent très-mauvais ; ce qui annonce la chute des dents. Pour y remédier , le fieur Moret employoit deux remèdes ; l'un , quand le mal étoit invétéré & porté au plus haut degré ; & l'autre , quand le mal étoit commençant , & encore léger. Voici la compofition du premier. Prenez, De S cl Ammoniac , quarante-huit grains» De Camphre en poudre , vingt-quatre grains» P'Efprit'de-Via , fix onces» 44* SCO Mettez CCS drogues dans une phiolf qu*on fecouefa long-temps pour les faire fondre. On imbibe de ce mélange un pinceau fait avec un peu de linge effile , roule' au bout d'un bâton , & on s'en fert pour nettoyer , frotter & humeûer les gencives pourries ; ce qu'on réitère jufqu'à trois ou quatre fois par jour y fuivant l'état , le degré & l'intenfite' du mal. Quand la pourriture eft tombée , & que les gencives font détergées , le fieur Moret n'employoit plus que le remède fuivant , dont il fe contentoit , lorfque l'ulcere ôit^ gencives étoit léger & commençant. Prenez, De Feuilles de Ccchléaria , deux poignées. Hachez-les bien menues , & mettez-les dans une cucurbite avec trois pintes d'eau-de-vie ; laifTez-les infufer pendant deux jours au bain-marie ; faites-en la diftillation enfuite , & retirez-en les deux tiers. Avec cette liqueur , le fieur Moret faifoit laver & flotter les gencives, quand le mal étoit moins preflant; ce qu'il faifoit réitérer plufieurs fois par jour; fouvent même il l'aiguifoit par l'addition du fel ammoniac » dont il faifoit fondre un fcrupule fur fix onces de c&tte liqueur, I V. Liniment anti-fcorhutique. Dans le fcorbut invétéré , les jambes , les cuiiïes , & quelquefois même plufieurs autres parties font marquées de taches rouges , livides ou noires , plus ou moins grandes , & plus ou moins nombreufes ; quelquefois même en promenant le doigt , l'on fent fous la peau ^5 duretés ou des callofites indolentes. Pour remédier à ces accidents , le fieur Moret fe fervoit d'une efpece de liniment préparé , comme il fuit ; Prenez, De Savon noir , fix onces. De Camphre pulvérifé , deux onces. De S et Ammoniac en poudre , trois onces» D'Eau-de-Vie, une pinte. Faites fondre ces drogues enfemblc, fans feu, en les remuant long-temps. Quand on veut fe fervir de ce remède , on en prend SEC 44J deux ou trois cuillerées , que l'on fait légèrement tiédir j & ron en frotte les endroits tachés & les duretés , jufqu'à ce que la liqueur feche fous la main. On peut réitérer cette cfpccc de fridiou pluficurs foh par jour. SCROPHULES , f. f. pi. Ce font des tumeurs qui fe forment dans les glandes du cou , de la gorge , des aiffelles , & dans différentes parties du corps. Voye:^ ECROUELLES. SÉCHERESSE de Poitrine, f. ^f. C'eft im fentiment de douleur que l'on reflent à la poitrine , qui eft accompagné de fécherefle , & d'une difficulté 444 SKI Prenez, D'Huile d'Amandes douces. De Pulpe de Cajfe mondée , de chaque deux onces. Mêlez le tout cnfcmble , puui ca faire une efpece ^e marmelade , dont on prendra un gros , le matin & le foir , en buvant par deffus un verre de l'apozeme ci-deffus. On doit, en prenant ces remèdes , s'abftenir de tous aliments acres , faire ufage de potage au riz , & ne pas manger de viande , le foir. Quand la fécherefle de poitrine efl habituelle , elle dépend ordinairement du vice des humeurs ; elle exige des foins & àts attentions continuelles , pour pouvoir réuffir à la calmer. Il faut pour lors fuivre ce que nous avons indiqué dans le commencement de cet article. Voyei aujjï Toux , Pulmonie , Fluxion de Poitrine. SÉCHERESSE de la. Gorge. Rien n'eft fi commun que de voir des perfonnes qui ont dans la gorge une féchereffe qui les oblige continuellement à touffer. Ce fymptome vient à peu près de la même caufe que la maladie préce'dente ; & on la guérit à peu près avec les mêmes remèdes , qui font les adouciflants , comme l'apozeme que nous avons donné ci-delPas, à l'article Sécheresse de Poitrine. On aura feulement l'attention de fe purger au bout de quelques jours, & de faire ufage des tifanes adouciflantes : on obfer*vera auffi le régime prefcrit ci-deflTus. Les lavements avec la poirée font très-bien dans la fécherefle de gorge : on y ajoute quelques onces de miel violât. SIDÉRATION , f. f. Ce mot fe prend pour une apoplexie fubite , dans laquelle il fémble que le malade foit frappé de la foudre : on entend de même , pzr Jidération , une gangrené parfaite , que l'on nomme aulïi fphacele, SIPHILIS , f. f. Voyei VÉrolj?. SKIRRHE , f. m. tumeur dure , indolente , pefante , qui fe forme & croît lentement dans les différentes parties du corps , tant internes qu'externes. Le skirrhe interne s'engendre ordinairement dans le foie , la rate , le méfcntere , le pai^créas , la matrice & SKI 44^ ^àns les autres vifceres. Le skirrl^e externe prend fouvent naiflance dans les glandes , quelquefois dans les parties de la face. Toutes les fois qu'il fe forme une tumeur dans une partie , quand elle ne fe termine point par la gangrené, par la re'folution ou la fuppuration , elle de'ge'nere en skirrhci Quand une tumeur eft skirrheufe , on la reconnoîc au tact , par fa dureté' , par fon indolence , quoiqu'en ge'néral , le skirrhe n'eft pas toujours fans douleur. Le fiege du skirrhe proprement dit efl dans toutes les glandes compofe'es ou conglomére'es : ce font celles dont les parois font compofées de petits vaiffeaux de toute efpece , & dans la cavité de laquelle les orifices des petites artères verfent une liqueur particulière, que ces dernières ont fe'pare'es du fang que la glande reçoit , & dont elle fe décharge enfuite par àes conduits excrétoires , pour qu'elle fe diftribue dans le& différentes parties du corps. Il y a une infinité de pareilles glandes fimples , qui verfent la liqueur qui s'eft amaHée dans leurs cavités , foit fur les furfaces des membranes , ou fur la peau , ou dans les cavités des narines, de la bouche, du gofier, de la trachée-arterc & de l'œfophage. Si l'on conçoit plufieurs de ces follicules fimples réunis , & que leurs émondoires aboutifîent à un canal excrétoire commun , qui verfe la liqueur qui s'y eft amaflee pour divers ufages particuliers , pour lors l'amas de cts glandes renfermé dans une membrane commune , & dont les tuyaux forment un émon£toire commun , compofent ce que les anatomiftes appellent une Glande compofée, ou conglomérée. Les parotides , par exemple , & les autres glandes qui féparent la falive du fang , & la verfent dans la cavité de la bouche , font des glandes conglomérées. Tout ce qui peut coaguler , épaiflîr , deffécher la liqueur que les glandes ont féparée, & la mettre hors d'état de fortir par leur émoncloire , fuffit pour caufer un skirrhe : ainfi les caufes propres à épaiffir le fang & les humeurs contribuent à cette maladie , comme un air lourd & épais , des aliments gluants , farineux , vifqueux j l'ufage des liqueurs fpiritueufes , les trop 44^ SKI grands exercices , le repos , l'oifiveté , îa pareffe , îe i'ommeil trop long , les veilles excelTives , la fuppreffion des évacuations naturelles , comme les règles , les hémorrhoïdes , le lait ; les pallions de l'ame , comme le chagrin , la triftelTe , l'ufage des acides , qui coa^iulent & e'paifliirent le fang : la bile par fon âcrete y contribue. 11 en elt de même de la vie mélancolique , Se de la difpofition héréditaire. Les effets du ikirrhe formé font d'occuper par fon volume les lieux voifins , de les prefler , de 1er comprimer , de troubler les fondions de la partie sktrrheufe Se des voifines ; d'occafionner enfuite des inflammations , des fuppurarions , des gangrenés , des paralyfies , des atrophies , des fphaceles , ikc. Le skirrhe devient plus ou moins dangereux , proportionnément à la partie qu'il attaque. Le skirrhe du foie produit ordinairement des fuites fâcheufes , Se fe guérit très-difficilement : celui de la rate , du pancréas, eft moins important pour la vie-, mais ceux de la matrice & du méfentere lont très-dangereux. Quand on veut traiter un skirrhe , on doit confidérer d'abord , s'il n'eft pas encore parfaitement dur , Se fi le malade eft d'un bon tempérament ; car , s'il avoit acquis une folidité trop forte , les remèdes devicndroient inutiles. Quand il n'a point encore acquis cette confiftance , on peut s'y prendre de la manière fuivante. Il eft effentiel , avant de placer les remèdes propres à la guérifon , de préparer le malade /pendant un trèslong-temps , par des bains chauds , qu'on lui fera prendre , au moins , pendant un mois , tous les matins , en lui faifant boire dans fon bain une chopine ou trois demi-feptiers de petit-lait clarifié; le malade prendra en même temps des lavements d'eau de rivière , dans lefquels on mettra un tiers d'huile d'olive : il en prendra quatre dans la journée , de quatre heures en auatre heures ; & on appliquera fur la partie skirrheule un cataplafme fait avec àcs plantes émollientes bouillies dans du lait , que l'on hachera bien menu , & que l'on renouvellera deux ou trois fois par jour : on continuera tous ces remèdes régulièrement tous les jours , pendant un mois ou (îx femaines , conjointement avec les SKI 447 bains ; fi le malade fe trouvoit trop afFoibli , on pourroit fufpendre ces renicdes , pendant une quinzairve de jours , pour les recommencer enfuitc. On ne lauroit être trop attentif à obferver ces précautions ; car , quand on y manque , & qu'on veut palTer trop vite aux remèdes propres pour le skirrhe , on augmente le mal , loin de le diminuer , parce que l'humeur qui forme le skirrhe n'e'tant pas fuffifamment de'trempe'e , les remèdes dont on fe fert pour le re'foudre ne font que l'endurcir & le deffecher davantage : c'eft pour cette raifon que l'on voit tous les jours de fi mauvais effets des opiats , & des remèdes que Ton emploie pour fondre le skirrhe. Quand le malade aura fini l'ufage des bains & du petit-lait, il continuera les lavements ôc les cataplafmes ci-deîTus ; & il aura recours aux bouillons fuivants : Prenez > De Rouelle de Veau , une demi-livre. De Feuilles de Chicorée fauvage. De Bourrache , De Buglofe , de chaque un demi" poignée. Une Laitue coupée en quatre. Faites bouillir le tout dans trois chopines d'eau , pour re'duire à une pinte, que le malade boira, dans la matine'e, en quatre bouillons, à une heure & demie: de diftance l'un de l'autre. On ajoutera dans la pinte de bouillon , quand elle fera paffe'e , Quin-^e grains de Sel de "Nitre. Le malade continuera ces bouillons , pendant quinze jours ; & fi le skirrhe eft au foie , il y ajoutera Une demi-poignée de Scolopendre. Après l'ufage de ces bouillons , fi l'on s'appercoir que la partie foit toujours auiTi dure, il faudra recommencer les bains comme ci-delTus; finon on fera prendre au malade tous hs matins , pendant huit jours , deux onces d'huile d'amandes douces , tirée fans feu , & une demi-once de firop des cinq racines. On purgera , immédiatement après , le malade avec une tilane royale , qu'il prendra pendant trois jours ; après quoi il recommencera Us bouillons ci - deflus pendant huit jours. 448 SKI Quand les bouillons feront achevés , on fera ufage de l'opiat qui fuit. Prenez, D'Extrait d'Enula-Campana , De Genièvre , de chaque deriii-once. D*^thiops minéral y un gros. De Cinabre naturel , demi-groS, De Comme Ammoniac, deux gros. Mêlez le tout avec fuffifante quantité' de firop des cinq racines , pour en faire un opiat dont la dofe fera d'un demi-gros trois fois par jour , deux heures avant le repas , en buvant par defTus une talTe d'infufion de feuilles de capillaire de Canada , à la dofe d'une pince'e dans une pinte d'eau , en y ajoutant un gros de fel de DuobuSi On appliquera à l'extérieur l'emplâtre fuivant : Prenez , Des Emplâtres de Ciguë , De Vigo , De DiachiloTi gommé , de chaque un gros. Mêlez le tout enfemble pour en former un emplâtre que l'on appliquera fur la partie skirrheufe , & qu'on renouvellera tous les jours. Après l'ufage de l'opiat , on purgera le malade comme ci-defîus , avec notre tifane royale ; après quoi, on paffera à l'ufage des pilules fuivantes ; Prenez ^ De Savon d'AUcante , deux gros. De Mercure doux , vingt grains. De Safran de Mars apéritif, demi-gros. De Cloportes en poudre , deux fcrupules. Mêlez le tout enfemble avec fuffifante quantité d'huile d'aman:'cs douces, pour en faire àzs pilules du poids de huit grains. Le malade en prendra quatre le matin à jeun, & quatre fur les fix heures du foir. On terminera la cure par le vin fuivant : Vtm^z gDesRacinesdePolypodedeChénef De Garance f de chU" y que deux gros. Des Feuilles de Scolopendre, De Capillaire de Canada , de chaque deux poignées. De petite Abfinthe , une p'oignéc, D'Ecorce de Citron, une once. Mettes SOI 449 Mettez le tout , aprè^' avoir concafTé les racines sîi: coupe' les feuilles , intufer dans du vin blanc , pendant trois jours au foleil , ou pendant vingt-quatre heures , fur des cendres chaudes. Vous pafferez le tout : la dofe eft d'un verre ou de fix onces le matin à jeun , jufqu'à parfaite guérifon» L'extrait de ciguë peut être tenté pour re'foudre le skirrhe : on le donne par degre's , & en augmentant infenfiblcmcnt la dofe jufqu'à un gros par jour. On applique de plus fur la tumeur skirrheufe un emplâtre fait avec le même extrait. Nous croyons devoir, avertir qu'avant de travailler à réfoudre un skirrhe , il eft bon de faire attention à fes caufes & à fa date , à fa fituation ik au tempérament du malade ; il ne faut pas oublier enfin que des remèdes un peu adifs le font dégénérer en cancer. Si tous ces remèdes ne réuflilîbient point , il faudroit faire faire ufage au malade des eaux minérales , comme celles de Vichy, du Bourbon, de Spa , qui cependant auroient une plus grande efficacité , fi le malade les prenoit fur les lieux mêmes. Les aliments doivent être des bouillons de viande fraîche , de la foupe , des crèmes de riz , d'orge , de millet ; des légumes frais , comme les alperges , les épinards , les fruits bien mûrs , comme les fraifes & les pêches , & fur-tout les fruits cuits. La feule viande qu'on puifTe permettre eft le mouton. Le malade ne doit boire du vin qu'en très-petite quantité, & avecbeaucoup d'eau: il doit éviter les aliments acres , échauffants , les liqueurs fpiritueufes , & généralement tout ce qui peut épailfir & enflammer le fang. Voye^ le Diâiennaire de Chirurgie, SOIF , f. f. defir de boire. La foif fe rencontre dans le frilTon des fièvres intermittentes , dans la chaleur de toutes fortes de fièvres , dans l'hydrbpifie & dans prefque toutes les maladies inflammatoires , & quelquefois dans l'état de fanté. Quand ce fymptome fe déclare dans l'état de fanté, il elt aifé d'y remédier par des boiffons abondantes des lavements , des bains , & généralement tout ce qui peut détendre les folides , «Se humefter les liquides : le petit-lait , la limonnade , l'eau rougie avec très-peu de vin , fuffifent pour remplir cette indication. Z?. de Santé. J. il, F f 45^ S o r Quanti la foif eft habituelle , ou qu'elle accompagne quelque maladie , elle exige pour lors des foins plus luivis & des pre'autions plus grandes. Plufieurs caufes peuvent produire la foif, telle qu'une chaleur extraordinaire , qui fechç & dilfipe l'humide contenu dans les humeurs , comme on le voit dans les chaleurs de l'e'té , dans les climats brûlants , dans l'ardeur de la fièvre , dans l'adion des purgatifs violents & des poifons. La foif peut être au(fi produite par l'âcrete' du fang & des humeurs , comme cela arrive dans les tempc'ram(fnts maigres & bilieux, dans ceux qui vivent d'alim.ents acres , de liqueurs fpiritueufes , & qui font un grand ufage du fel Se au. poivre , & dans les maladies longues , comme dans Thydropifie , la cachexie , &c. Quand la foif elt produite par la fe'cherefle du tempérament , ce que l'on reconnoît par les fignes d'un tempérament lec , on y remédie par le grand ufage des boiflbns aqueufes , des bains , des lavements , du petit lait , de la limonnade , des décoctions d'avoine , d'orge, àcs bouillons rafraîchiflànts , & d'une diète humedante, Voye^ RÉGIME HUMECTANT, & SÉCHERESSE. Si ia foif ne dépend que de la féchereflè de quelqu'organe en particulier , comme la bouche ou la gorge , on mettra en ufage les moyens que nous venons de recommander ; on appliquera de plus tout autour du col , des linges trempés dans de l'eau & du vinaigre ; Se on fe rafraîchira la bouche plufieurs fois par jour , avec le gargarifme fuivant : Prenez , D'Eau de Laitue , De Pourpier f de chaque trois onces, D'Efprit de Vitriol , vingt gouttes. De Sirop de Limon , une demi-once. Mêlez le tout cnfemble pour en faire un gargarifme. Si la foif eft produite par la chaleur du climat ou du tempérament , on peut fe fervir avec avantage , des bains , des lavements , du petit-lait , des eaux à la glace j il faut fur-tout obfcrver un régime rafraîchiiïant. Quand la foif eft un fyraptome de maladie , comme on le voit dans l'hydropifie , il faut bien fe donner de garde d'y remédier par le grand ufage àts boiffons aqueufes, La boilïbn la plus convenable en cette occa  sot 4)î fîon eft cle l'eau dans laquelle on met deux cuillerées d'eaux-de-vie fur une chopine : on peut auffi fe fer» vir dans ce cas , d'une boiflbn faite avec un quart de \inaigre & trois quarts d'eau. Voye^ Hydropisie. SOLITAIRE.' ( ver ) f. m. On donne ce nom à un Ter plat , fort lonç , blanc , articulé , qui s'engendre dans les inteftins : il paroît avoir quatre yeux , un cou mince & étroit , la queue longue , mince & étroite j fes anneaux reflcmblcnt à des pépins de courge ou de citrouille : ils font articulés bout-à-bout , Se fembicnt faire une chaîne de vers ; ce ver eft d'une longueur extraordinaire ; on en a vu qui avoient huit , dix, vingt :.unes & plus. On l'appelle Solitaire , patce qu'on croit qu'il eft feul , quoique cela ne paroilfe pas confiant; on lui donne auffi le nom de Ver plat , parce qu'il en a la figure. Les fignes qui prouvent le plus l'exiftence du ver plat ne font pas différents de ceux qui annoncent les autres efpeces de vers ; tels font les rapports d'uij goût aigre-doux , la pâleur du vifage , la demangeaifon des narines , le ventre tendu : on fent alors des coliques ; les felles ont la couleur d'argille : on relTcnt dss appétits immodérés , des douleurs à l'eflomac , des défaillances , des étouffements , mais fur-tout un amaigriffement confidérable , & une très-grande foiblefTé. Oa cft encore plus sûr de l'exiftence de ce ver , quand le malade en a rendu quelques portions -, ce qu'il eft ailé de confronter avec la defcription que nous venons d'en donner. Il eft affez difficile de déterminer fi ce ver eft feul dans les inteftins , ou û ce n'eft pas la réunion de plufieurs vers enfcmble : quoi qu'il en foit , c'eft , de toutes les efpeces , celle qui eft la plus difficile à déraciner du corps humain , tant par rapport à fa longueur extraordinaire , que parce qu'il paroît éluder l'aftion de tous les remèdes. Nous allons rappeîler ici ceux qui nous ont le mieux réulfi , & fur l'ufage defquels on peut lé plus compter. Il eft extrêmement difficile de pouvoir s'afTurer de la préfence de ce ver j qui ne s'annonce que par des fignes équivoques : on ne peut en juger que quand les malades en ont rendu quelques portions ; cependant comme les remèdes que nous allons prefcrire font inF f ij 45^ SOL diqués dans toutes les circonftances oîi il y a àes vers , on ne rifque rien de les tenter , quand même on n'auroit point de preuve que le ver folitaire exiflât, fur-tout lorfque tous les autres remèdes ont e'te' infrudueux. On commencera d'abord par faire prendre au malade la tifane fui van te : Prenez , De Mercurf doux renfermé dans un linge plié en quatre , quatre onces. Des Racines de Fougère mdle , deux onces. De Bardanc , une once. Faites bouillir le tout dans deux pintes d'eau , pour réduire à trois chopines. Paifez la liqueur , & ajoutez-y De Suc dépuré de Crejfon de fontaine , çua tre onces, La dofe eft de quatre verres tiedes dans la journée , de quatre heures en quatre heures. On continuera cette tifane , pendant huit jours ; après quoi, on fera prendre les bols fuivants : Prenez , De S emen-contra pulvérifé , un gros. De Coralline , De Mercure doux , de chaque dou:^e grains. De Rhubarbe en poudre , vingt-quatre grains, D'Aloès pulvérifé , dou^^e grains. Mêlez le tout avec fuffifante quantité de firop d'abfinthe , pour en faire des bols du poids de vingt-quatre grains. Le malade en prendra un tous les matins , ou deux , fi le premier n'eft pas fuffifant. Quand l'ufage de cts bols fera achevé , on recommencera la tifane ci-delTus, pendant quatre jours; après quoi, on aura recours aux pilules fuivantes , qui ne manqueat prefque jamais de produire leurs effets : Prenez, Du Mercure crud éteint dans la Térébenthine , une demi-once. D'Aloès hépatique pulvérifé , deux gros. De Séné mondé , De Rhubarbe pulvérifée , de chaque un gros. De Coralline , De S emen-contra pulvérifé , de chaque demigros. Mêlez le tout enfembîe avec une fuffifante quantité SOL 455 de fîrop de fumeterre , pour en faire des pilules dont la dofe efl de douze grains pour les enfants , & d'un demi-gros pour les adultes , h prendre le foir en fe couchant. On peut auifi fe fervir , avec fuccès , des pilules fuivantes : Prenez, D'Ajfa-faetida , D'Extrait de Rhubarbe, De Tanéjle pulvérifée , D'Alocs dépuré f De la meilleure Myrrhe , Du Mercure doux , de chaque un fcrupuîe* D'Extrait de Safran , De Caftoréum , de chaque dix grains. Réduifez le tout en une maiTe dont chaque pilule fera de quinze grains. La dofe efl: de deux pour un enfant , ik de quatre pour un adulte , à prendre le foir en fe couchant. On appliquera fur le nombril le cataplafnie fuivant. Prenez , De Feuilles d'AbJinthe , une poignée. Trois Goujfes d'Ail. Faites bouillir le tout dans du lait , en confiftance de cataplafme que l'on renouvellera tous les jours. On peut faire auffi ufage du cataplafme fuivant r. Prenez , Des Feuilles d'Ahfinthe cuitts dans du lait & hachées bien menues , deux poignées. Du Fiel de Bœuf , demi-once. De VAloes , De la Coloquinte pulvérifée , dt chaque deux gros. De Camphre dijfous dans l'huile , un gros. Mêlez le tout enfemble pour en faire un cataplafme que l'on appliquera , comme ci-deiïus , fur le nombril. Voyei Vers. Un demi-gros d'extrait de romarin , auquel on ajoute trois ou quatre gouttes d'huile effentielle de romarin , en le réitérant plufieurs fois , eft un remède sûr &z éprouvé. SPASME , f. m. convulfion. C'eft , de toutes les maladies qui affligent la nature humaine , la plus terrible F f iij 454 S P A & la plus funefte : ce font des contrai^ions vîolentesr & involontaires des parties nerveufes , membraneufes , & des mufculeufes , qui arrivent , foit dans un membre , foit dans un autre , & quelquefois dans tout le corps. Le fparmc eft univerl'el ou particulier ; celui qui fe re'pand par tout le corps eft de la première efpece , & celui qui n'attaque que quelaues parties , eft de la dernière. On range dans le Ipafme univerfel , le tétanos , l'emproilhotonos , l'opiftothonos , la catalepfie ; dans le fpafme particulier , on range la diltorfion , le ris fardonien , le clou liyfte'rique , quelques colliques venteufes , le priapifme , le fatyrialifme , le téneime. On doit aulfi diftinguer le fpafme , relativement aujç parties mufculeufes , tendineufes , &c. On diftingue encore le fpafme des mouvements fpafmodiques , en ce que le fpafme eft permanent ; & les mouvements fpafmodiques reviennent par intervalle. On reconnoît le fpafme aux fignes que nous venons de de'crire , quoique cependant il eft rare qu'ils s'annoncent de la même manière dans tous les tempéraments : dans les uns ils font fubits , & ne s'annoncent par aucun figne antécédent ; dans les autres , ils font précédés de quelques fignes. Les plus importants de ces fignes font le refroidiffement àes extrémités , furtout ûes pieds , une fenfation de fourmillement à l'os coccyx , & celle d'une vapeur chaude , qui femble monter le long de l'épine du dos ; l'hypocondre gauche eft auiTi afFe ' s P A 455 ■évacuations , à un reflerremcnt & un €toufFement confidérables , & fur-tout à des mouvements violents & involontaires dans les membres. Pendant l'accès , les membres font dans une agitation furprenante ; ils font: tires dans des direétions diffe'rentes : les bras font quelquefois contourne's derrière le dos ; il y en a en qui l'e'pine du dos eft recourbe'e , & femble former un arc , quoique la poitrine foit tleve'e : il arrive auiïi que tout le corps fe roidit & demeure immobile comme une pierre ; les uns fe frappent la tête contre la terre ; d'autres portent les mains à la gorge pour s'étrangler ; quelques-uns grincent les dents, pleurent , rient , & font dans une agitation continuelle. L'accès eft plus ou moins long , & 11 reprend à des •intervalles plus ou moins e'ioigne's. Après l'accès , il refte à la plupart des malades une langueur incroyable , qui fe fait fentir dans tout le corps &z dans les pieds : ils tombent dans un fom.meil |)rofond ; il y en a en qui il fe termine par des rapports , des e'vacuations de vents , des vomifTements , & une excre'tion abondante de lymphe. Le fpafme eft quelquefois fuivi d'une efFufion de fang par les urines , la matrice ou les veines hémorrhoïdales , & de femence par la verge : l'accès finit dans quelques-uns par des •cris. Les perfonnes d'un tempérament foible , comme les femmes , les convalefcents , les hommes d'un tempérament fanguin ; ceux qui viennent de parents affectés ■de cette maladie y font plus fujets que les autres : les enfants y font communément expofés. Cette maladie attaque plutôt les adultes que les jeunes gens , ceux: qui ont reçu des bleffures confidérables , ou qui font tourmentés par de violentes paffions de l'ame. Les caufes prochaines du fpafme confiftent dans une conftrittion forte & violente des parties nerveufes : les caufes imm.édiates qui difpofentà cette conftri6lion , font les paffions violentes, tels que Tufageexceffif des femmes, la dépravation des fucs qui deviennent acres & irritants; l'effet de quelqu'humeur dartreufe ou fporique , qui a été repouffée dans le fang , l'interruption de la refpiration , la difpofition héréditaire , l'habitude de fe mettre en colère , & de fatisfaire ks paffions ; l'abus du vin, F f iv 4^^ . . . ^ ^ A. des liqueurs fpiriitueufes ; les aromates , les mt^dicaments chauds ôc volatils , les vomitifs , les purgatifs , la préfcnce des poilons , des vers , la fuppreirion des évacuations , &C. Koyej CoNVUISION. Il y a deux temps a confide'rer dans la cure du fpafme ; celui de l'accès , & celui de la celTation de l'accès. Quand l'accès cft paffë , on en prévient le retour en faifant faigner le malade une ou deux fois , félon {es forces , en lui faifant prendre les bains, en lui appliquant les fang-fues au fondement , en le purgeant de temps en temps , avec de l'huile d'amandes-douces & du firop de chicorée , en lui faifant prendre des lavements , foir & matin , avec un tiers d'huile , & en lui prefcrivant un régime humectant. Pendant l'accès , on fera ufage des faignées , des potions huileufes , des lavements émollients & huileux ; &; on fera prendre la potion fuivante par cuillerées : Prenez, D'Eau diflillée de Cérifes noires. De Prime-vere, de chaque trois onces. De Ligueur minérale anodine d'Hoffmann j un gros. De Poudre de Guttete , dtmi-gros. D'Huile animale de Dipel, vingt gouttes. De (trop Diacode , une once. Mêlez le tout , pour une potion à donner par cuillerées , de quart d'heure en quart d'heure , jufqu'à ce que le fpafme foit arrêté. Si cette potion ne fait aucun effet , il faut recommencer les faignées , fi l'état du malade le permet. Il eft cependant important , avant de commencer la cure du fpafme , de favoir quelle eft la caufe qui le produit. Si les convulfions ont pour caufe les parlions violentes de l'ame , une débauche vénérienne exceffive , quelqu'accès de colère ou d'autres agitations d'efprit , on évitera les faignées : on fera faire ufage au malade du petit-lait , des bains , des tifanes d'orge ; & on le réduira aux gelées de viande , aux bouillons nourriffants , & , pour boifTon ordinaire , à un chocolat léger , & on lui fera prendre tous les foirs quinze gouttes anodines d'Angleterre dans une once d'eau de coquelicot , avec deux gros d'eau de fleurs d'orange. s P A 4^7 Quand les convulfions font caufees par âes vers , ce que Ton reconnoît aux flgnes approprie's à cette maladie , on fera ufage des remèdes convenables pour chaflër les vers. Koye{ Vers. Si des poifons , des purgatifs acres, ou des fubftances cauftiques & ve'ne'neufes font les caufes des convulfions , on fera prendre en gr^^nde quantité des fubftances gralfes , de l'huile d'amandes douces , des décoctions mucilagineufes , & du lait. Voye^ Poisons. Quand les convulfions viennent de quelque fupprcffion d'e'vacuation , alors on rappelle cette évacuation par des remèdes convenables. V'oye:( Suppression. Si les convulfions fuccedent à la fuppreffion des fueurs , de quelqu'ulcere , de la gale , de la goutte , alors on corrigera les humeurs impures contenues dans les premières voies ; & l'on tempérera le fpafme avec les yeux d'écreviffes , la magnéfie , que l'on fera prendre au malade par paquets de douze grains ; ou plutôt on aura recours à la poudre tempérante qui fuit : Prenez , De Tartre vitriolé , De Nitre purifie', de chacun deux gros. De Cinabre faSice préparé y deux fcrupuîes» Mêlez le tout pour en faire une poudre très-fine , dont on donnera au malade vingt-quatre grains , de quatre heures en quatre heures. Comme les convulfions ne fe déclarent pas toujours feules , & qu'elles accompagnent ordinairement différentes maladies , on trouvera dans chaque article les remèdes propres à guérir ces fortes de convulfions. On ne manquera pas de faire entendre au malade qu'il doit s'éloigner des lieux humides , froids & marécageux , de ceux où l'air eft épais & grofiier , & préférer les lieux élevés , fecs & fereins ; de ne point coucher fur la terre humide , de ne peint s'expofer fur le foir aux vapeurs de l'atmofphere , & de ne point fe promener au foleil dans les grandes chaleurs ; de n'ufer que d'aliments faciles à digérer , & de faire fa boifTon ordinaire d'eau pure ou médicamentée , ou d'infufion chaude , de tenir fon efprit dans un état ferein , de ne point fe livrer à la débauche des fem.mes , de prendre de l'exercice , de dormir fufiifamment , d'avoir le ^$8 s P 1 ventre libre , & de recourir de temps en temps aux faîgne'es , & aux fcarifications, pour pre'venir la furabondance du fang. Voye^ Convulsions. SPHACELE, f. m. mortification entière de quelque partie du corps , caufe'e par l'interruption de la circulation du fang & des autres humeurs , & par la corruption de la partie fphacéle'e. Le fphacele ne diffère de la gangrené , que du plus au moins. Voyei Gan ■■ CRENE , 6" le Diâionnaire de Chirurgie. SPINA-VENTOSA , f. m. maladie qui confifte •dans une carie interne des os , principalement vers les jointures , par où elle a coutume de commencer. On diftingue trois degrés dans le fpina-ventofa ; celui dans lequel la corruption elt encore renferme'e dans l'inte'rieur ; celui où elle fe manifefte au dehors par le gonflement de l'os , qui devient fpongieux & comme venteux , & enfin celui dans lequel la tumeur dégénère en ulcère. On reconnoît la carie , ou le fpinofa-ventofa , par l'afpérité &c l'inégalité de l'os qui devient comme fpongieux ; par fa molleiïe , & enfin par les douleurs lancinantes qui accompagnent ces accidents. Les caufes de cette maladie font l'âcreté des humeurs , une difpofition fcorbutique , un virus vénérien , cancéreux , &c. Les caufes extérieures font les coups , les contufions, les fradures, les ulcères , &c. Nous avons traité de la carie en général , & en particulier : on peut confulter cet article. Voye:^ Carie , & le Dictionnaire de Chirurgie. SPONTANÉE ( UJfitude ) : terme de médecine , qui fignifie l'état de fatigue dans lequel on fe trouve naturellement fans aucun exercice précédent. C'eft un figne qui annonce le dérangement des fonctions , & qui précède & fuit ordinairement la fièvre. Voye:[ Lassitude. SQUINANCIE , f. f. inflammation de la gorge. Voye7 ESQUINANCIE. SQÙIRRHE. Voyei Skirrhe. STAGNATION ,f. f. colledion de fang ou d'humeurs qui n'ont pas encore perdu tous leurs mouvements , mais qui y circulent lentement , foit à caufe de s T E ,41^ leur abondance ou de leur épaifTifTemcnt , foit en con- • fe'quence du vice des tuyaux par où elles doivent palier. Cette maladie eft ordinairement fuivic de l'inflammation , & fe traite de la même manière. Voy^i InJfLAMMATION. STÉRILITÉ , f. f, C'eft une impuiTance à la ge'nération , à laquelle les femmes font quelquefois fujertes, ainfi que les hommes. C'eft quelquefois le défaut de conformation qui produit cet accident. Voye^ ce que nous avons dit à l'article Impuissance. Les vices de conformation dans la femme , qui peuvent la rendre fte'rile , font le défaut d'ouverture des parties naturelles , comme quand elle eft imperforée , quand la matrice eft trop petite , qu'elle eft obftruée , fquirrheufe ou ulcérée ; quand les ovaires font durs & fquirrheux , quand il y a quelque carnofité, ou quelque tumeur contre nature , qui bouche l'entrée du vagin ou de la matrice. Toutes ces caufes font au defllis des forces de l'art ; & on ne remédie prefque jamais à la ftérilité qui les fuit. La ftérilité peut avoir lieu , quand il fort un écoulement confidérable de fleurs blanches , qui entraînent la femence , & l'empêche de s'y développer : il en eft: de même de la fuppreiïion des règles , qui rend la matrice trop feche , & incapable d'être fécondée ; le trop d'embonpoint eft auiïi un obftacle à la fécondation : le libertinage & la fréquence du coït rendent la femence fans vertu & fans action , & , par conféquent , impropre à la fécondation. Quand la ftérilité ne vient pas de la mauvaife conformation de l'un ou de l'autre des conjoints, & qu'elle eft produite par une des caufes que nous venons de rapporter , on peut y remédier par des remèdes donnés à propos. Si c'eft le trop d'embonpoint qui rend la femme ftérile , il faut y remédier , en lui faifant faire beaucoup d'exercice , en lui prefcrivant de dormir peu , d'ufer d'aliments un peu échauffants, de boire quelquefois du vin pur , ou des liqueurs fpiritueufes & du café -, de ne ja  46o S T E maïs fe faire faigner , de fe purger tous les mois , Si de fe mettre à l'ufage des eaux ferrugineufes de PalTy , de Forges , & de prendre beaucoup de diflîpation ^ après quoi , elle fera uùt^e du remède qui fuit : Prenez, Une once de moelle de Bœuf, Deux Jaunes d'Œufs frais. Battez bien ces deux chofes enfemble , & ajoutez-y Deux grains d'Ambre gris. Une pincée de Gingembre. Mettez tout dans une affiette fur un re'chaut , & faites-le cuire en confiflance d'omelette. On la mange toute entière , le matin à jeun; & l'on boit un bon verre de vin d'Efpagne ou de Canarie par deffus : il faut continuer pendant huit jours. Si la fle'rilite' vient de la fuppreffion des règles , on fe conduira comme il efi: prefcrit à l'article Suppression. Quand la ftérilité reconnoît pour caufe un écoulement abondant de fleurs blanches, on y remédie en le détruifant. Voye^ Fleurs blaaxhes. Les femmes qui font ftériles par libertinage , ou par la trop grande diflîpation de leur femence , doivent d'abord changer de vie , & rcfter cinq Ou flx mois fans ufer du coït ; & en même temps elles peuvent faire ufage du remède fuivant : Prenez , Quatre Œufs ; battez- les bien enfemble avec un demi-verre d'écume de limaçon à coque. Ajoutez-y De Sel , De Gingembre en poudre , de chaque une pincée. Vingt grains de Gen-feng pulvérifé. Au refte , comme la ftérilité eft: à peu près dans la femme ce qu'eft l'impuiflance dans l'homme , on peut faire les remcdes prefcrits dans ce dernier article. STRABISME , f. m. fituation dépravée du globe de l'œil , qui rend louche , (jui fait regarder de travers , foit en haut , foit en bas , foit fur les côtés. Les enfants font fort fujets à cette indifpofition , par la négligence des nourrices qui les placent dans leurs berceaux, de manière qu'ils voient la lumière de côté. s T R ,4^^ & que l'un des deux yeux , ou tous les deux à la fois fe tournent de travers. On a cru jurqu'à préfent que cette maladie e'toit occafionnée par le relâchement des mufcles qui mettent les yeux en mouvement ; mais on s'efl; trompe' : il eft plus vraifemblable de penfer que c'ell la différence de force des deux yeux, qui produit cet accident ; car la foiblefle de l'un dirigeant l'angle vifuel d'un autre côte' que celui qui eft le plus fort, il ert doit reTulter une difpofition difFe'rente des yeux , & , par confe'quent , le ftrabifme. On reme'die à cet accident , en couvrant avec un voile noir celui des deux yeux qui eft le plus fort , afin que celui qui eft le plus foible , fe trouvant tout feul pour exe'cuter la vifion , acquière par ce nouveau travail une force nouvelle. Il faut laiiïer l'œil couvert , pendant quinze jours ; après quoi , on le de'couvnra, pour juger , par rinfpe6tion , du degré' de force qu'il peut avoir acquis. On recommencera plufieurs fois cette opération ,jufqu'à ce que l'œil ait une force égale à l'autre. Il faut prolcrire les mouches •, les mafques , & ge'néralement tous les inftruments dont on fe fert dans cette maladie , qui ne fervent qu'à rendre la vue encore plus difforme. STRANGURIE , f. f. envie fre'quente 8c involontaire d'uriner , dans laquelle on ne peut rendre l'urine qu'en petite quantité' , ou goutte-à-goutte , avec beaucoup de douleur, de chaleur & de cuifîbn. La ftrangurie eft comme un terme moyen entre la dyfurie , qui eft une difficulté d'uriner , &z l'ifchurie , qui eft la luppre'ïion totale des urines. On reconnoît la ftrangurie à une irritation fréquente pour uriner , à l'urine qui fort goutte-à-goutte , à un fentiment de froid quand l'urine pafte , 8c à une chaleur & une ardeur confidérable , quand elle eft paffée. Les hommes qui font ufage des liqueurs fpiritueufes , qui font d'un tempérament fanguin , vif, inflammable , font plus fujets à cette maladie que d'autre^. La caufe prochaine de la ftrangurie eft le refîerrement fpafmodique du col de la velTie. La caufe occafionnelle eft l'âcreté de l'urine , 8c la chaleur du fang & de la partie. 46^ ^ S T R On remédie à la ftrangurie tout comme à la dyfurie g par des faignées re'pe'tées , des lavements e'mollients , des cataplalmes adouciliants & e'mollients fur la partie ; par le petit-lait en boiffbn , l'eau de poulet, les émuluons , l'huile d'amandes douces ; on fe lert à l'extérieut d'oignons cuits fous la cendre , & frits avec du beurre , de la graiîTe de bouc ou de taureau. Tous ces remèdes font ge'ne'ralement ceux de U ftrangurie ; maii fi ce mal , en général , eft occafionné par la préfence d'une pierre , par une colique néphrétique , par des carnofités , il faut remédier à la maladie primitive, loye:^ ces différents articles, STRONGLE , f. m. On donne ce nom aux vers longs ôc ronds qui s'engendrent dans les inteftins grêles ; c'eft l'efpece de vers la plus fréquente. On Ici rend fouvent par le fondement , & quelquefois par U bouche. Voyi[ Vers. STUPEUR , f. f. engourdifTement , aflbupifTement , diminution de fentiment & de mouvement. C'eil un fymptom.e de la paralyfie , de l'apoplexie , & fur-tout un accident qui luit l'effet de l'opium. Voyei Opium. SUETTE , f. f. fueur an^loife , efpece de fièvre maligne , dont le principal iv'mptome eft une fueur abondante avec déperdition des forces. Cette maladie a pris fon nom de l'Angleterre où elle fe déclara d'abord. Cette maladie eft annoncée , dans quelques-uns , par une douleur dans le cou , dans les épaules , dans les jambes, ou dans les bras ; dans d'autres , par une efpece de vapeur chaude qui parcourt tout le corps ; bientôt après , la fièvre fe déclare avec fureur , eft accompagnée de friffons , de tremblements , de palpitations de cœur , d'une fueur exceffive ; la foif & la féchereflè à la bouche font confidérables : il furvient des naufées, des hémorrhagies , d'autres accidents funeftes , qui font périr quelquefois les malades dans vingt-quatre heures. Cette maladie fe déclare ordinairement dans les jeunes gens , dans les tempéraments fanguins & colériques , qui fe nourriffent d'aliments fucculents, comme font ordinairement les Angiois, La caufe prochaine eft une inflammation générale s U E ^ 46r Uu fang , qui tend rapidement à la diflblution. Les caufes occalionnelles font la chaleur & l'humidité de l'air , l'ulage des liqueurs fpiritueufes , du café' , les veilles immodérées , les exercices violents , les paflTions de l'ame , les e'vacuations fupprime'es , & une difpofition particulière de l'air. On a cru , pendant long-temps , que les fueurs qui accompagnoient cette maladie dévoient être falutaires : pour cet effet , on confeilloit les remèdes propres pour les pouffer ; mais on s'eft apperçu bientôt que cette méthode étoit funefle , & qu'elle faifoit périr beaucoup de malades :_on a eu recours aux faignées multipliées , qui ont très-bien réuifi , aux lavements, aux boiffons délayantes , & généralement à tout ce qui peut calmer la fougue du fang. On fait prendre en même temps à l'intérieur des poudres abforbantes & des apozemes avec la bourrache , la buglofe , le fel de nitre & le firop de violette. Le principal foin que l'on doit avoir dans cette maladie , eft de faire les faignées dès le commencement de la maladie , & d'éviter fur-tout de pouffer les fueurs , ni de les arrêter par aucun remède contraire. Cette maladie eft fort rare , & , par conféquent , exige des précautions plus grandes. SUEUR , f. f. La fueur eft une évacuation naturelle , qui fort par de petits tuyaux excrétoires de la peau. La chaleur , les exercices & les remèdes fudcfritiques la provoquent. Quand la fueur eft occafionnée par quelques mouvements violents , par la chaleur de î'air, ou par l'ufage de quelques boiffons échauffantes , elle ne forme point une maladie. La fueur peut être viciée de trois façons différentes, par fa quantité augmentée, ou diminuée, & par fa mauvaife qualité. Ce font ordinairement les hommes pléthoriques, les tempéraments fanguins , phîegmatiques, fpongieux, qat font fujets aux fueurs excelîives : il en eft de même de ceux qui vivent fous un climat fort chaud , ou qui font dans des chaleurs confidérables , pendant l'été. Les pulmoniques font aulfi forts fujets aux fueurs exceliiveS' dans les derniers temps de leur vie. 464 ^ SUE On reconnoît que les fueurs font trop abondantes , quand elles font fui vies de foiblefle , d'e'puifement ; quand elles durent trop long-temps , ou qu'elles reviennent tous les jours. La caufe imme'diate des fueurs forcées eft le défaut d'union du fang avec la fe'rofité. Les caufes éloignées font la mollefïe du tempérament , la délicatefle des fibres j un air lourd , épais , chaud & humide ; le fréquent ufage du café & des liqueurs fpiritueufes , les veilles forcées & les exercices violents , les fortes paffions de l'ame & la difpofition héréditaire ; dans l'état de maladie , la fièvre lente , un .levain cancéreux , fcorbutique , vérolique , phchinque , joint à la foiblelfe & aux relâchements des fibres , peuvent également caufer les fueurs exceiTives. On remédie aux fueurs abondantes, en tenant fon corps dans une pofition douce & tranquille , en reftant dans une chaleur modérée , ôc en faifant un grand ufage de boiffon rafraîchifTante , comme la limonnadc. On fera prendre, en même temps à l'intérieur, la poudre fuivante : Prenez , De Magné fie blanche pulvérifée , deux gros. De Sel de Nitre pulvérije\ un gros. De Sel fi datif en coudre , quarante- huit grains. Mêlez le tout enfemble , pour en faire des paquets de douze grains -, le malade en prendra quatre par jour , de trois heures en trois heures : il fera ufage en même temps de la tifanc fuivante : Prenez , De Racines de Chardon- Roland , une once. De Graine de Lin , enveloppée dans un nouet , une pincée. Faites bouillir le tout dans une pinte d'eau pour réduire à trois demi-feptiers : pafTez le tout , & ajoutez-y Vingt grains de Nitre. Le malade en prendra un verre toutes les quatre heures. Les acides enveloppés d'un mucilage feront fort utiles pour arrêter les fueurs immodérées , qui reconnoif* fent pour caufe un fang diiTous & appauvri. Ces aci • des dont on poarra faire ufage , font le fuc d'un citron qu'on s VE .4^5 (Ju*on aura jett^ dans l'eau bouillante , & qui y lera refté un initant. Cette précaution eft d'autant plus néceflaire , que les fujets qui font tourmentés de fueurs Dccafionnées paf la diflblution du fang , ont la poitrine très-foible , & font fujets à de fréquents crachements de fang. On fe trouvera encore bien de leur faire prendre dans du petit-lait une once ou deux , & même plus , de fuc de creflbn , de cochléaria & de beccabunga. Le malade aura foin de faire ufage des lavements , de tremper beaucoup fon vin , & d'éviter tous les mets & les liqueurs échauffantes. Quelquefois les fueurs deviennent excelTives dans l'état de maladie , comme on le voit dans la phthific & le fcorbut. Pour lors le traitement en eft le même que celui que nous avons indiqué dans le Scorbut & la Phthisie. On reconnoît que les fueurs pèchent par la diminution , quand on fait qu'elles ont été fupprimées par le froid ou par quelqu'autre caufe. On y remédie en le tenant chaudement dans le lit , & en prenant la potion fui vante : Prenez, D'Eau diftillée de Coquelicot , deux onces» De Cannelle fimple , demi-once» De Confeâion d'Hyacinthe , demi'gros. De Syrop Diacode , fix gros. Mêlez le tout enfemble , pour une potion à prendre en une fois. On fera faire en même temps ufage d'une tifane faîte avec une demi-once de racine de fcorlonere , & Une bonne pincée de fleurs de coquelicot , que l'on fait bouillir dans trois demi-feptiers d'eau , pour réduire à chopine. Une infufion de thé , ou de feuilles de calTis , prife un peu chaudement & en abondance, rétablit fouvent, & en peu de temps , les fueurs fupprimées. Si ce remède ne réuflîiïbit point pour rétablir les fueurs , il faudroit \qs faire précéder par une faignée que l'on feroit quatre heures avant que l'on ne fît ufage de la potion. Si cependant la fupprelTion àts fueurs étoit accompagnée de fièvre , de chaleur & de féchereflè , il fauD, dt Santé. T, II. G g 46,6 SUE droit bien fe donner de garde de faire ce que nous venons de preicrire , parce qu'il ne l'erviroit qu'à enflammer le iang, & occafionner des accidents très-fâcheux, il faudroit , en ce cas , traiter la fièvre par les remèdes ordinaires. Les fueurs qui pèchent par leurs mauvaifes qualite's fe corrigent difficilement , fur-tout lorfqu'elles ont une odeur fétide. Il fuffit, dansce cas, de faire prendre au malade beaucoup de boiflbns aqueufcs , de ne taire aucun ufaj;e: des aliments e'chauffants , ni des liqueurs fpiritueufes, d'e'viter les exercices violents, les pafiions vives, les veilles force'es ; de fe laver le corps, foir & matin, avec deux tiers d'eau & un tiers d'eau-de-vie camphre'e , & de faire ufage tous les jours des pilules fuivantes : Prenez, De Cannelle pulvérifée , demi- gros. De Camphre dijfous dans de l'Huile , vingt grains. De Myrrhe pulvérifée , un gros. De Mufc en poudre , quatre grains» De Térébenthine de Venife , deux gros. Mêlez le tout enfemble avec fuffifante quantité de poudre de réglifTe , pour en faire des pilules du poids de fix grains. Le malade en prendra une tous les foirs en fe couchant. On efi: confulté par àts perfonnes qui ont les mains toujours fuantes , & qui voudroient fe délivrer de cette incommodité' de'fagréabîe. Il faut alors agir avec bien de la prudence ; car il feroit dangereux de l'arrêter ; il faut , dans ce cas , prodiiire une forte d'irritation dans des parties éloigne'es , comm.e vers les pieds , pour y attirer les humeurs. Des chauffons de toile cire'e ont Ibuvent gue'ri cette maladie : la fueur perd le chemin des mains , pour fortir par les pieds. Nous ne parlerons point ici des fueurs qui furviennent dans les' fièvres malignes , ni au commencement nia la fin des maladies aiguës , parce qu'elles font plutôt un fymptome qu'une maladie , &: que nous en avons traité dans toutes les maladies qu'elles accompagnent. SUEUR ANGLoiSE. Voyei Suette. SUFFOCATION , f. f. étouflement , oppreflion , grande difficulté de refpirer. § U P 4(57 ï*!ufieurs caufes peuvent produire la fufFocation : wlles font l'inflammation de la poitrine , de la gorge , la naiU'ance ou la préfence d'un corps e'tranger dans la trache'e-artere , èc l'efFec fympatique des nerfs dans les aff'edions hyrte'riques. Quand la fuffbcation eft produite par un engorgement fanguin à la poitrine ou à la gorge , elle exige le même traitement que l'inflammatioui Si c'eft un corps étranger qui fe foit formé , ou qui ait été infinué dans la trachéc-artere , on y remédie ea en faifant l'ouverture. Quand cet accident dépend d'une affection hyftérîque , il fe guérit par les remèdes propres à cette maladie. Voyei Affections hystériques. SUPERPURGATION , f. f. purgation excefTive. Comme il peut arriver que l'on ait pris quelque médecine trop forte , qui ait produit des évacuations con(idérables , on peut les arrêter avec quelques cuillerées de la potion fuivante : Prenez , Des Eaux dlfiillées de Plaintain , De Renouée , de cka* que deux onces» Du Bol d'Arménie , un gros. Du Diafcordium , un gros & demi. Du Sirop de Coings , une once» Mêlez le tout pour une potion dont le malade pren* dra une cuillerée toutes les demi-heures. On fera d'ai^ leurs , pour la fuperpurgation , ce que nous avons pref-* crit dans l'article Purgation. Voye^ Purgation. SUPPRESSION , f. f. défaut d'évacuation de quelqu'humeur qui devroit fortir , & être chaflee hors du cofps ; telles font les règles, les vuidanges , les hémorrhoides , les fueurs , les urines. On diftingue la fupprelTion d'avec la rétention & la ceflation des règles. La fuppreffion s'entend àes règles qui , coulant actuellement , viennent à s'arrêter tout d'un coup : la rétention fe dit de celles qui ne paroifTent point , & qui devroient cependant paroître; la ceffation fignifie le temps où elles font totalement arrêtées, G S ij 468 SV V De la SuppreJ/ion des Règles, On reconnoît que les règles font fupprimécs , quand elles coulent moini long-temps qu'à l'ordinaire , & qu'au lieu , par exemple , de durer pendant huit jours , elles n'en durent que deux ou trois ^ pour lors la femme éprouve des douleurs vagues dans le ventre & dans les reins , une pefanteur dans les membres , une difficulté de refpirer , un de'goût , la perte d'appe'tit ; l'urine eft pâle , ou trouble & épaillb ; le fommeil ell inquiet 6z agite' ; la triftefTe s'empare de l'efprit ; le vifige eft pâle ; les lèvres font livides , & il furvient des douleurs dans les différentes parties du corps. La caufe de la fupprelfion dépend des folides ou des liquides ; des folides , quand ils font trop refferrés ou trop relâchés ; des liquides, quand ils font df ns un trop grand ou trop petit volume , ou quand ils pèchent par épaifliflement. Les caufes éloignées font un air lourd & épais , l'ufage immodéré des liqueurs Ipiritueufes ou des boiflbns aqueufes , les veilles forcées , le fommeil trop long, le défaut ou le trop d'exercice , les paJfions de l'âme , la colère , la triftelTe , l'ufage immodéré des acides , du fel : les fueurs abondantes , & les faignées habituelles. Quand la fupprelfion des règles eft produite par la trop grande quantité du fang , ce que l'on reconnoît à un pouls plein , à un tempérament fanguin , fort & rigoureux , au vifage qui eft haut en couleurs , à la vie oifive que mené la femme , à la nourriture délicate & abondante qu'elle prend , & aux évacuations confidérables auxquelles elle eft fujette , il faut pour lors fuivre les préceptes aue nous avons donnés a l'article Plé» thore. Voye^ PiéTHORE vraie. Quand la fupprelfion eft produite par le trop peu de fang , ce que l'on reconnoît aux fignes oppofés à la plénitude , comme un p-^uls petit , un tempérament lâche & mou , un vifage pâîe , un exercice forcé, &c. il ne faut alors faire aucun remède , puifque la fupprelfion ne vient que de ce cu'il n'y a point de fang à évacuer. Quand la fupprelfion des règles eft produite par la mauvaife qualité des humeurs qui pèchent , ou par s t; p 469 i^paiflilTcment ou par âcreté , on s'en apperçoit aux Cgnes qui caradérifent répailIifTement 6c l'âcreté ; & on trouvera les remèdes convenables aux articles Cachexie & Fleurs BLANCHES. Koye{ REGLES, De la Rétention des Règles, On trouvera à l'article Règles le traitement convenable pour cette maladie. Voye^ Règles. De la Cejfation des Règles, Les femmes , quand elles ont acquis un certain âge , font fujettes à perdre leurs règles, parce que le couloir de la matrice venant à s'obftruer , le lang ne trouve plus un paflage libre , par lequel il puide s'e'couler ; & cette portion qui refte dans les veines fe porte dans différents endroits du corps, &y occafionnedesaccidentsfansnom* brc , tels que des maux de tête , des écoufFements , des boufïëes de chaleur qui montent à la tête , des étourdiiTcments , des pefanteurs , àts lafTitudes , des courbatures, des maux de cœur, des mal-aifes continuels; dans qucl(jues femmes , ces accidents ne fe font point i^ntir ; infenfiblement la nature prend fon cours d'un autre côté , & fupplée à cette évacuation par un écoulement plus abondant des urines, des fueurs, delatranfpiration , de la falive , & même par un flux plus abondant de fang par les hémorroïdes , ou par des fleurs blanches. On voit même des femmes qui n'éprouvent aucune de ces incommodités , mais qui feulement deviennent grafles , & acquièrent un embonpoint outre mefure. Il femble que , puifque la ceflation de l'écoulement du fang eft: la caufe immédiate de tous les accidents auxquels la femrtie eft expofée dans cette circonftance , l'on devroit avoir recours aux faignées répétées , pour remédier à ces fortes de maux : l'expérience cependant en a décidé autrement. Quand on a commencé une fois à mettre en ufage la laignée , il faut la continuer toujours : autrement on expoferoit la femme à un danser évident. D'un autre côté , les faignées faites à cet âge , relâchent le tiflu cellulaire , qui rend la femme d'un embonpoint extraordinaire , qui lui ôte prefque la liberté du mouvement , & qui , en relâchant les fibres, dérange toutes les fondions. G g iij 47« SVV Il feroît donc plus prudent , quand une fenvme eft dans le temps critique , de remédier aux accidents les plus prcffants , & d'attendre enfuite , pendant trois ou quatre mois , que la nature ait décidé quelle eftla route qu'elle veut fuivre , & fi elle veut incliner du côté des urines , des felles , de la peau , ou fi elle veut faire naître quelqu'autre évacuation falutaire. Ces précautions font de la dernière importance ; quand on les néglige , Se qu'on fuit aveuglément la route des faignées , on délabre prefque toujours le tempérament de la femme ; on le rend cacochyme , ou ce qui eft encore plus funefte , on fait naître ùts accidents mortels. Il fuffit de prefcrire à la femme qui eft dans un temps critique , de refpiicr un air pur & ferain , de ne vivre que û'aliments fains , de faire toujours gras , de ne point manger de veau , d'agneau , de cochon de lait , de falade , de pâtiflerie , de laitage -, d'éviter le café & les liqueurs fpiritueufes , de tremper fon vin , de manger peu , fur-tout le foir j de dormir peu , de marcher beau-» coup , & de prendre une dilfipation continuelle. On pourroit en même temps lui faire faire ufage , a« printemps & en automne , des eaux dépurées de Pafly, 6c la purger à chaque renouvellement de faifon : d'ail-» leurs , fi elle a quelqu'incommodité , comme des foi" blefTes , des maux de cœur , des fleurs blanches , on fera ce que nous avons indiqué dans ces différents articles, SuppreJJïon dçs Vuidanges, C'eft une maladie à laquelle les femmes en couche font fujettes , & qui eft quelquefois la caufe de tous les accidents qu'elles éprouvent. Nous en avons traite dans les Maladies des Femmes en couche. Voye[ Femmes EN COUCHE. SuppreJJïon des Hémorrhoi'des, On entend communément par Hémorrhoi'des un écoulement de fang par les vaifteaux hémorrhoïdaux. Cette évacuation eft fujette à fe fupprimer , ou à devenir trop forte ; quand elle eft tr p abondante , çn y rçmédie de la même manière que nous avons prefcrite pour l'ht^morrhagie. Foyq HâMORRHAciE. On reçonnoît que les he'morrhoïdes font fupprime'es, d'abord par le défaut d'écoulement de fang , par une pefanteur dans tout le bas-ventre , un gonflement aux liypocondres , une douleur à la re'gion lombaire , & qui eft bientôt fuivie de douleurs vagues dans le corps , d'attaque de goutte ncphre'tique , & fur-tout d'une oppreffion afthmatique confide'rable. Les caufes de la fupprefïïon des he'morrhoïdes font les paffions de l'ame , comme la crainte & la triftelle ; l'épaiinifement du fang , la mauvaife digeftion : les caufes exte'rieures font le trop grand ufage du thé , du café , de l'eau froide , des liqueurs fpiritueufcs , une nourriture épaifle & grofllere , &c. On remédie à la fupprelTion des hémorrhoïdes par les faignées faites au pied , par l'application des fangfues , par l'ufage des lavements faits avec les herbes émollientes & quelques plantes aromatiques , comme la camomille , le mélilot ; après quoi , on doit corriger la qualité du fang , en purgeant le malade de temps en temps , & en le mettant , avant fes repas , à l'ufage du vin de quinquina ou du vin d'abfinthe ; & fi le flux hémorrhoidal ne reparoît pas , on lui fera prendre l'opiat qui fuit : Prenez , D'Extrait d'Enula-Cûmpana , De petite Centaurée , de chaque deux gros. De Safran , De Myrrhe en poudre , de chaque un demi» gros. D'Ariftoloche longue , puîvérifée , deux fer U" puïes. De Cannelle en poudre , un demi-gros. Mêlez le tout enfemble pour faire un opiat , dont le malade prendra un demi-gros avant fes repas , en buvant par deffus une infufion de feuilles de véronique & d'armoife. De la SuppreJJîon des Sueurs, Voyei Sueurs, G g iv 471 SUR D€ la. Supprejfion. des Urines» Foy?^ Dysurie , IscHURiE, Strangurii, SURDITE , f. f. perte ou diminution confid^rjible de l'organe de l'ouïe ; quelauefois cette incommodité eft caulée par l'obftruâiion au conduit extérieur des oreilles ; on la guérit en les débouchant. S'il y a à^s corps étrangers , on les ôte avec le tire-fond ou avee la curette , ou enfin en faifant une incifion derrière l'oreille. Quand on n'eft fourd que par une efpece de matière endurcie , comme de la cire qui bouche le conduit, on l'ôte en nettoyant l'oreille avec une curette; & pour mieux réuiïir , on tâche de l'humefter & de l'amollir , en y injedant avec une feringue , de l'eau tiède , animée de quelques gouttes d'efprit-de-vin , ou avec de l'huile de lin ; on fe fcrt enfujte de la curette. Lorfqu'il furvient dans l'oreille quelque tumeur fubite , accompagnée de rougeur, de chaleur, de^ douleur , il faut la traiter comme une inflammation ; on y fait de plus des injeâions avec de l'eau d'orge tiède , mêlée avec un peu de miel , ou avec du lait ou de l'huile d'amandes douces. Quand la furdité eft occaConnée par la paralyfic des nerfs , il faut la traiter comme une paralyfie , en faifant ufage des remèdes fuivants : Prene? , Une once de Jus d'Oignon , & autant d^EaU" de-vie. Mêlez-les bien enfemble ; & vous ferez chauffer ce mélange , pour en laifTer tomber trois ou quatre gouttes dans les oreilles trois fois le jour , & fur-tout en vous couchant. ' On peut faire ufage auffi du remède fuivant : Prenez la moitié d'une Coloquinte. Faites-la bouillir dans une égale quantité de vin blanc & d'huile d'amandes douces , jufqu'à ce que tout le vin foit confommé. Ajoutez-y Deux gouttes de Teinture de Caftoréum , Sf autant de Fiel de Bauf. Mettez-en trois ou quatre gquttes dans \t% oreilles, trois ou quatre fois le jour. Un petit paiti que l'on aura fait cuire , après que l'on y aura enferma de la femence de carvi , coupé par la moitié , en forçant du four , & appliqué tout chaud fur l'oreille , foulage fouvent dans la furdité , & la guérit même quelquefois. La vapeur de fenouil que l'on reçoit dans roreille^ a une vertu finguliere pour guérir de la furdité. Le fuc de bétoine , mis dans les oreilles , trois ott quatre gouttes de jus d'oignon chaud , la vapeur de la décoction de fève de marais récente , reçue par ua entonnoir , le fuc de farriette employé de même font d'un très-grand fecours dans cette maladie. On peut également faire ufage , avec fuccès,dc quel" ques gouttes du baume fympathique , ou du baume du Commandeur. Il eft pourtant elTentiel d'obferver que quelquefois la furdité eft produite par un tranfport de matière bilieufe fur cette partie ; c'eft ce que l'on voit arriver dans les tempéraments bilieux , dans ceux qui ont été fujets à la jaunifle , après les fièvres malignes : pour lors les lavements répétés , le petit-lait en abondance , les eaux épurées de Paffy , dans lefquelles on fait fondre du fel de Seignette , les purgations répétées , font les remèdes les plus efficaces. SYNCOPE , f. f. défaillance fubite & confidérable , abattement fubit de toutes les forces , & des fondions animales & vitales , dans lequel les malades deviennent tout d'un coup pâles & froids. On diftingue la fyncope en trois degrés : le premier eft la lipothymie , dont nous avons parlé en fon lieu ; le fécond eft la fyncope proprement dite : outre les accidents ci-deflus , elle eft encore accompagnée d'une fueur froide , d'un pouls petit , & prelqu'imperceptible , d'une perte de connoiflance , de mouvement & de fentiment , & d'une refpiration infenfible ; le troifieme eft Vafphyxie , dans laquelle fe remarquent non-feulement les fymptomcs qu'on vient de rapporter , mais auiïi une perte totale du pouls : ce qui la caradérife. Voyer^ Lipothymie. SYNOQUE : épithete que l'on donne à une cfpece de fièvre continue , qui perfifte depuis le commencement jufqu'à la fin , fans redoublement. Elle s'étend i^fqu'aux quatrième & cinquième jours. 474 S y N Cette fièvre éft fimple oa compofee ; elle eft firwpie , quand elle n'cft compliquée avec aucun fymptome particulier ; elle eit compofe'e , quand elle a un caractère de putridire' : c'eft delà qu'on l'appelle quelquefois Synoque putride. Les fignes auxquels on reconnoît cette maladie font les fuivants : la chaleur , la foif , la langueur , annoncent la fièvre , qui eft accompagnée enluiie d'anxiétés , de plénitude , de difficulté de refpircr , de douleurs de tête lancinantes , de rougeur des yeux & du vifage , de tintement d'oreille & de vertiges ; l'urine eft rouge , & n'éprouve aucun changement avant le quatrième jour ; après quoi , elle dépofe un fédiment de couleur d'incarnat. Le ventre eft ordinairement reiFerré : le malade reffent des douleurs dans le dos & dans les membres. Cette efpece de fièvre fe termine le feptieme jour ; dans les jeunes gens , par une hémorrhagie du nez ; dans les vieillards par des fueurs très-confidérables. La caufe antécédente de cette fièvre eft ordinairement la pléthore : la caufe prochaine eft l'efFervefcence du fang ; lescaufes éloignées font les exercices violents, l'abus des liqueurs fpiritueufes , les veilles forcées , la colère , les fueurs fupprimées , les aliments échauffants , le trop grand ufage des liqueurs glacées , la fuppreffion des hémorrhagies , des règles , des hémorrhoïdes , des faignées négligées , des fcarifications , la vie oifive & délicate. Le traitement de cette maladie confiftc dans les faignées répétées , dans le grand ufage du petit-lait , des lavements , des poudres abforbantcs & nîtreufes , faites avec deux gros de magnéfie , un gros de fel de nître , & un fcrupale de bezoart minéral ; le tout réduit en poudre , ôc pris à la dofe d'un fcrupule , de quatre heures en quatre heures. On ne doit permettre , pour toute nourriture au malade , pendant les deux premiers jours , qu'une déco6lion d'orge mondé, & deux ou trois bouillons à la viande , par jour. Quand le fynoque eft accompagné des fignes de la putride , telle qu'une langue chargée , une bouche amere , un pouls gran^ & mou , des urines rouges & enflammées , des évacuations fétidçs , des fueurs puantes, des s y p ^ 6n% défaillances & des foiblefles fréquentes , îl faut être beaucoup plus réfervé fur les faignées , & n'en faire qu'une ou d'eux , félon l'âge & les forces du malade , pour abattre le feu de la Hevre : on lui fera prendre en même temps beaucoup de petit-lait , avec le firop de limon , ou une limonnade tres-le'gere , des lavements fre'quents ; & , aulfi-tôt qu'on s'appercevra que la fievrj eft diminue'c , on pourra placer des purgatifs très-doux , tels que la manne , le firop de pomme , le fel végétal , &c. Au refte , cette fièvre fc traite comme une fièvre ordinaire. SYPHILIS , f. f. Voyei Vérole. :?î*î 47^ TAC fiar une évacuation excefTive de femeftce , comme on e voit dans les jeunes mariés , dans les jeunes gens libertins , lorfqu'ils arrivent à l'âge de puberté , & généralement dans tous ceux qui font un ufage immodéré des femmes , ou qui s'épuifent par quelqu'autre exercice violent & continué. Pour guérir de cette maladie , on fera prendre àes aliments fucculents en petite quantité ; on ordonnera de la dilfipation ; on fera refpirer un air fain & falutaire , propre à réveiller l'eftomac ; on prefcrira au malade quelqu'exercice journalier, pour lui procurer des fueurs modérées , & donner lieu au levain du chyle appauvri de fe diffiper -, on le fera frotter , fi fes forces le permettent. Le malade évitera le vin & les liqueurs échauffantes : il ne fera point ufage des faignées , ni des purgatifs , évitera l'ufage des femmes , fe mettra au lait pour toute nourriture , & fuivra ce que nous avons prefcrit aux articles Epuisement , Foiblesse , Impuissance. TACHES , f. f. Ce font différentes marques qui fe font fur la peau , ou fur les différentes parties du corps, qui font tantôt rouges , tantôt violettes , rouges ou noires. Taches de la Cornée , ou Taie de l'Œil. 11 faut y faire tomber quelques gouttes de fuc de fenouil ou de fuc de grande chélidoine , en fermant l'œil par defTus , & raffujettiffant eniuite avec une compreffe & des bandes ; on peut auffi faire ufage du collyre fuivant ; Prenez , De la Couperofe blanche , un fcrupule. Du Verd'de-gris , huit grains. Verfez fur le tout trois demi-feptiers d'eau chaude > & gardez la liqueur pour l'ufage : on en met , trois ou quatre fois le jour , quelques gouttes dans l'œil du malade , ayant foin de remuer auparavant la bouteille. Taches de la Petite Vérole. La petite vérole eft fujette quelquefois à laifTcr fur la peau des taches qui fe dilfipent alTez difficilement: voici un remède qui eft très-propre à ces fortes de maux. TAC 477 Prenez , De Limaçons avec leurs coquilles , la quantité que vous voudre^, Pilez-Ies avec partie e'gale de fucre candi : il s'en fait un mélange qui elt excellent pour effacer les taches de la petite vérole. Taches produites par les Contujions, On peut appliquer fur ces taches le remède qui fuit î Prenez , De Racine Vierge ratijfée & concajfee , un gros» De Feuilles d'Arnica , vingt-quatre grains» De fel ammoniac , un gros. Verfez fur le tout une chopine d'eau bouillante , que vous laiflerez infufer , une demi-heure , dans un vaifleau bien couvert : vous vous fervirez de cette eau , pour frotter la partie , deux fois par jour. On peut encore laver , plufieurs fois le jour, la partie contufe avec une eau fale'e , ou bien avec de l'eau dans laquelle on aura fait difîbudre du fel ammoniac. Enfin , on peut l'envelopper dans la peau d'un mouton e'corché fur le champ , & au pied du lit du malade. Ce remède eft d'ufage dans les contufions qui font confidérables , & qui font d'ailleurs occafionnees par une chiite. On s'en fert , avec fuccès , à l'HôtelDieu de ?aris. Taches violettes, C'eft ordinairement un fymptome du fcorbut ; on trouvera h l'article Scorbut , les remèdes propres à dilBper ces fortes de taches. Taches noires ou gangréneufes, "Nous avons traité de la curation de ces fortes de taches à l'article Gangrené : voici une liqueur à laquelle on peut avoir recours dans ces fortes d'occafions : Prenez, De Fleurs de Sureau , une poignée. De (Quinquina concajfé , une once. De fel Am'^'niac , tro's grox. Verrez fur le tout une chopine d'efprit-de-vin camphré , que vous lai'Terez infufer , pendant deux heures, fur ces cendres chaudes dans un vailfeau couvert : paffez la li  478 T A R queur , & mcttcz-la dans un vaifTcau bien fermé , pont* MOUS en fervir au befoin. On y trempe des compreffes que l'on applique fur la partie, TiENIA , 1. m. ver plat , appelle autrement /o/itaire. Fojeç Solitaire (ver). TAIE DBS Yeux, f. f. tache blanche, qui fe forme fur l'œil. Voyei Taches, TaRENTISME , f. m. maladie caufe'e par la piquure de la tarentule. Le tarentifme a pris fon nom oe cette cfpece d'araignée appclle'e tarentule , parce qu'elle fe trouve principalement à Tarente , ville de la Pouille, Aufli-tôt qu'on a été piqué par cette araignée , la douleur de la partie aife^tée fe diflipe : on y voit un cercle livide , noir ou jaunâtre ; & la partie s'élève en forme de tumeur enflammée. Le malade , en peu de temps , tombe dans une fituation très-fâcheufe : il ne refpire que difficilement ; il fe fent foible par tout le corps : fa vue fe trouble ; fa tête devient lourde & pefante -, fa voix eft plaintive , fon regard mélancolique ; & il reflent autour du cœur une oppreflion confidérable. Tous les remèdes que l'on emploie pour cette maladie , comme les cordiaux, la thériaque , les huileux, n'ont aucune efficacité ; & le malade périt bientôt , fans avoir pu être fecouru. Plufieurs auteurs refpedables ont prétendu que la mufique eft la feule reflburce que l'on emploie avec fuccès pour la guérifon de cette maladie : on efT'aie , dit-on , différents airs & différents inftruments , jufqu'à ce qu'on ait rencontré le goût du moribond , qui commence alors , par degrés , à remuer les pieds & les mains , jufqu'à ce qu'enfin il commence à danfer avec une vigueur étonnante ; on le met enfuite au lit : on elfuie ïa fueur ; & , après un temps très -court , il fe met à danfer avec la même adivité ; & , loin de s'en trouver fatigué ou afFoibli , plus il danfe , plus il devient vigoureux : on continue cette mufique & cet exercice , jufqu'à ce que les fymptomes de cette maladie foienc totalement difTipés. Tout ce que nous venons de rapporter ici fur la curation de la tai'cntule , nous paroîc fabuleux , quoi qu'en T E ï ..479 aient écrit plufieurs auteurs , & fur-tout Baghvi. Plufîeurs Italiens nous ont afliire' que tous ceux qui étoient mordus de la tarentule pcrifToient , maigre' la danfe , comme on voit tous les jours pe'rir de la rage ceux qui vont le baigner dans la mer , après avoir été mordus de quelqu'animal enragé. Ce qui peut avoir donné lieu à l'ulage que l'on fait de la mufique , c'eft Ja mélancolie dans laquelle tombent ceux qui ont été mordus. Nous croyons que , comme ce venin eft analogue avec celui de la vipère , il feroit bien plus fimple de faire ufage des remèdes que nous avons indiqués dans la piquure de ce reptile. L'alkali volatil , donné de la même mimiere que dans la morfure de la vipère , produiroit peut-être des effets aulli fenfibles dans la piquure de la tarentule. Nous invitons ceux qui font à la portée de voir & de traiter des gens piqués par la tarentule à véri5er ce fait. TEIGNE , f. f. efpece de dartre rongeante , accompagnée de croûtes épaifles , & d'écaillés de couleur cendrée ou jaunâtre. Il y a trois fortes de teignes ; la première s'appelle écailleufc OU fijuammeufe , à caufe qu'il en tombe plufieurs écailles femblables à du fon ; dans la féconde , il fe trouve , fous la croiîte jaunâtre , de petits grains de chair vive , rouges , comme ceux de la figue ; la troifieme eft corrofive : elle a pîulieurs petits trous ou ulcères fîlluleux , qui rongent & font tomber les cheveux , pénètrent fouvent jufqu'au crâne , le carient, & rendent une fanie très-puante. On appelle cette maladie teigne , pour la comparer à ces fortes d'infectes qui mangent les étoffes. Le caradere de cette maladie eft aifé à connoître par les différentes defcriptions que nous venons d'en donner; & l'infpe^lion feule fu.lit pour caradérifer le mal. La caufe immédiate eft un fang acre & corrofif. Les caufes éloignées font un air lourd &: épais , àzs aliments groffiers & échauffants , comme la bouillie dans les enfants , & les ragoûts dans les adultes ; le vin & les liqueurs fpiritueufes , les exercices violents & les veilles forcée ; , les paiTîons vives de î'amc , !a fupprelfion de quelqu'évacuation , comme les règles & les 48o ^ T E ï hémorrhoïcles , TintroduÔion d'un levain étranger dans le fang , la chaleur du climat , de l'âge & du tempérament. On commencera par faire faigner & purger le ma* lade , après lui avoir fait prendre , pendant huit jours , une tifane faite avec une once de racine de patience fauvage , bouillie dans une pinte d'eau , à la dofe de trois verres par jour ; après quoi , on fera prendre hs pilules fuivantcs : - Prenez , De Scammonée pulvérifée , De Mercure doux , de chaque fix grains» D'Antimoine diaphorétique , vingt- quatr* grains. Faîtes^en des pilules , du poids de fix grains , avec une fuffifante quantité de firop de chicorée compofé. La dofe eft d'une pilule pour un enfant de cinq ans , de deux pour un enfant de dix , & de trois pour un adulte ; ce que l'on continuera , pendant dix jours , de deux jours en deux jours. On continuera toujours l'ufage de la tifane de patience , à laquelle on fuppléera par du petit-lait en abondance , fi le malade eft un enfant délicat , & d'un tempérament fort échauffé ; on appliquera enfuite fur la tête l'onguent fuivant : Prenez , De grains de Genièvre concajfe's , & pajfés au tamis , une demi-livre. Faites-les bouillir avec trois quarterons de beurre êz de graiffe fans fel , dans un pot neuf, bien bouché , pour arrêter l'évaporatinn du genièvre. Avant de fe fervir de cet onguent , on lave la tête du malade avec de l'urine ; & on applique doucement l'onguent fur la tête , ayant foin qu'il ne foit pas trop chaud. Cet onguent eft d'une très-grande efficacité : il n'y a point de teigne qu'il ne détruife ; mais il faut avoir l'attention , à mefure qu'il agit , de purger le malade avec les pilules que nous avons décrites ci-deflus , pour éviter que l'humeur ne fe jette fur quelques parties eflenticlles à la vie. On finira le traitement par l'ufage de la tifane fuiTante : Prenez, T E M 48jt Prenez, De Èj.cine de Fatitnce fativa^e , uneon.ce. De Squine concajf^e , deux gros. De Salfei)areille , une once. Faites bouillir très-légéremënt le tout daiis un vaifîeau bien bouche : paflez la boidbn , pour donner au malade un verre lé matin , & l'autre fur les fix heures du foir : on n'en donnera que la moitié pour Uii enfant, tz on la coupera avec du iait de vache. Si la teigne rtTilte à tous ces remèdes, on emploiera des bains qu'on continuera pendant une quinzaine de jours : on purgera eniaiic le malade ; & , pour boiffon, on lui fera prendre le perir.-lait dans lequel on fera bouillir de la fumeterre. Voyei Gatè. TEMPÉRAMENT ", f. m. conditution naturelle du corps, union Se accord de fbs principes, tant folides que liquides, qui fe répriment &: fe tempèrent mutuellement ; ainfi le tenlpe'rament ne de'pend , en ge'nc'ral , que du relfort plUs ou moins grand des libres, & de la réaction des liquides ; c'eft par la puilFance re'ciproqùe des uns & des autres , qui varient continuellement , que l'on conftitue les différents tempéraments. Les anciens médecins ont divifé les tempéraments en autant de clafTes qu'ils diftinguoient d'humeurs ; mais , cornme cette divifion peut jetter de la confufiou dans l'efprit , nous ne diftinguerons que quatre fortes de tempéraments , parce qu'on peut aifément rapporter tous les autres à ces quatre chefs. On diilingue ordinairement les tempéraments ea chauds , froids , humides & fecs ; mais ces quatre qualités ne fe trouvent jamais feules dans le même fujet ; elles font prefque toujours combinées enfemble ; ce qui les modifie de différentes manières : ainfi nous diftinguefons quatre fortes de tempéraments ; le chaud & fec , c'eft le tempérament bilieux ; le chaud & humide , ou te tempérament fanguin ; le froid & fec , ou le tempérament mélancolique , & le froid humide , ou le tempérament phlegraatique. Du Tempérament bilieux. On reconnoît le tempérament bilieux par une grande quantité de poils noits , répandus fur le corps j par la D, de Santé. T, IL H h 48a T E M ^ dureté & la maigreur de la chair, par une coulrur brune , & par de grandes veines ; par un pouls grand & prompt -, par l'opiniâtreté , par la colère , auxquelles ce tempérament eil fujet. Les aliments chauds & fecs y font très-contraires , au lieu que les humedants & rafraîchiflants font d'un ufage falutaire. Voye^ Régime du Tf.mpÉrament bilieux. Du Tempérament fanguln^ On diftingue le tempe'rament fanguin , par une quantité de poils blonds , blancs ou bruns ; par beaucoup de chairs molles ; par de larges veines bleues , diltendues par le fang ; par un teint de couleur rofe , par la coiere à laquelle ce tempérament cft très-fujet , par une mobilité fouple &.tlexible, & une grande facilité au mouvement : il faut , dans ces fortes de tempéraments, évacuer & tempérer, & rejetter leséchauflants & les irritants. Voyci Régime du Tempérament SANGUIN. Du Tempérament mélancolique. Les (Ignes du tempérament mélancolique font la peau lilTe & polie , le poil très-noir , une grande maigreur , un grand delTéchement , une couleur par-touc très-noire : il eO: fuiet à la coiere & à la rancune ; & il a une grande pénétration d'efprit. Les vailleaux ferrés, robuftes , maigres; les humeurs denfes , tenaces, fort mêlées , qui fe féparent ou fe changent difficilement, les fubftances feches , acres, font très-nuifibles aux mélancoliques ; mais ils fe trouvent bien de tout ce qui humecte , rafraîchit , relâche , amollit , ou dilTout doucement & fans âcreté. Voye^ Régime du Tempérament MÉLANCOLIQUE. Du Tempérament phlegmatlque ou pituiteux. Dans les phlegmatiques , la peau efl: lifTe & polie ; les yeux font bleus , les poils blancs , fins , & croiffent lentement : le corps eft blanc , enflé , mou , gras ; les veines font étroites & profondes , les vaiffeaux fanguins étroits. Les perfonnes de ce tempérament font fujettes à la pituite , ont très-peu de palFions de l'ame , T E M 48} •Bc ont rcfprît froid. Les chofes humides & froides leur font contraires : tout ce qui e'chaufFe , fortifie & delFeche , leur convient. Voyci IIégime dv Timp£RAMENT PITUITJEUX, On ne doit jamais faire aucun remède dans aucun temps , que l'on n'ait pre'ce'demment examiné la nature de Ion tempe'rament , pour ne point faire de remèdes contraires , & pour y adapter un re'gime convenable» On trouvera , à l'article Régime , tout ce qu'il convient de faire pour les femmes & les enfants , qui n'offrent , en ge'ne'ral , aucune différence qui les carade'rife en particulier. TENESME , f. m. e'preinte fort douloureufe que l'on fent au fondement , avec des envies continuelles & prefqu'inutiles d'aller à la felle , fans rendre tout au plus que quelques glaires muqueufes , quelquefois fanguinolenres : c'ell un fymptomc de la dyfTenterie Se de la pierre. Voye^ Dyssenterie , Pierre, La de'codion de rave de Limoufin gue'rit les te'nefmes (Se les épreintes , prife en lavement avec un peu de beurre : on peut auifi faire des fomentations fur l'anus , avec une poignée de tilleul , & une poignée de bouillon-blanc. Les lavements de tripes font aufll très-utiles en ce cas -y mais , s'il arrivoit que le ténefme ne cédât pas aux remèdes ordinaires , on auroit recours au lavement fuivant : ^^ Prenez , Des Feuilles de Bouillon-blanc , De Guimauve , de chaque une poignée. De Graine de Lin , une demi-poignée. Une Tête de Pavot avec f es graines , coupée en quatre. Faites bouillir le tout dans trois demi-feptiers d'eau, pour réduire à chopine. Ajoutez-y Deux onces d'huile d'Olive , pour un lavement. On peut encore donner un lavement fait avec la dccoftion d'une fraife de veau ; & on y ajoutera une demi-once d'onguent popùle'um. Enfin , fi le ténefme perfifte , on mettra le malade fur un baflin rempli d'une H hij 484 T H R décoftion émolliente , pour lui en faire recevoir là fumée. Tous ces remèdes ne conviennent & ne foulagent que lorfque le mal eft du côté du redum ; car , i'il eft occafionne' par une pierre dans la velîie , ou par une irritation de la matrice dans les femmes , il ne fera gue'ri que par les remèdes qui conviennent dans ces fortes de maladies. TENSION , f. f. C'eft un e'tat de douleur dans lequel fe trouvent quelquefois le corps , mais fur-tout le basventre qui fcmblc gonflé & tendu outre mefure : c'eft un fymptomc de toutes les maladies aiguës qui attaquent le bas-ventre. La tenfion du bas-ventre fc déclare auffi quelquefois dans l'état de fanté ; les lavements , la diète y remédient communém.ent , finon on a recours à l'opium : on peut , en ce cas-là , prendre le julep fuivant : l^rencz. D'eau de Fleurs de Tilleul , quatre onces. De Liqueur minérale anodine d'Hojfmann , vingt gouttes, Ih Jîrop Diacode , demi-once , pour prendre , le foir , en fe couchant , en fe frottant le ventre avec un onguent fait avec une partie égale de beurre frais & de crème. Il faut obferver de ne pas faire ufage de ce remède dans les maladies aiguës , ni dans les cas accompagnés de fièvre : il ne faut prendre ce reinedc que cinq ou lix heures après le repas. TÉTANOS , f, m. terme qui lignifie quelquefois toutes fortes de convulfions ; mais , en particulier , il fe prend pour une efpece de convulfion dans laquelle le corps eft droit & roide , fans pouvoir fe pencher ni d'un côté ni de l'autre. On trouvera le traitement de cette maladie à l'article Convulsion 6" Spasme. THROMBUS , f. m. C'eft une tumeur formée par un fang épanché & grumelé aux environs de l'ouverture de la veine \ fi l'on a piqué le vaiffeau de part en part , ou s'il fe préfente un morceau de graille à l'ouverture , une petite portion qui ne peut fortir librement , fe gliiTe dans les cellules du corps graiffcux , & fait élever la tumeur que l'on nomme thrombus. T I R ^ 48^ Quand cette tumeur fe forme immédiatement après avoir retire' la lancette , on empêche qu'elle n'augmente , en adujetriflant , pendant quelque temps , le vaiffeau avec le pouce , fans dederrer la ligature. Cet accident n'cft pas dangereux : il fufHt d'appliquer fur la tumeur une comprelfe trempe'e dans de Tcau-de-vie , ou un peu d'eforit-de-vin camphré. Quand la tumeur paroît fe tourner en fuppuration , on y applique un peu d'onguent de la Mère , & on étuve les environs avec de l'eau & de l'eau-de-vie. TIERCE, adj. f. f. On appelle fièvre tierce, celle dont les accès reprennent tous les trois jours inclufivement , c'eft-à-dire , qu'il y a un jour d'intervalle entre les deux accès. Voye:; Fièvre tierce. TINTEMENT d'Oreille , f. m. bruit extraordinaire , comme celui d'une cloche , d'un tambour , d'un fifflet, du vent , des eaux agire'es , ou autres bruits iemblables , qu'on fent dans l'oreille , quoiqu'ils n'exiftent pas. Quand cette maladie vient de ple'nitude , de trop de lang ou de chaleur , ce que l'on reconnoît aux fignes de la Pléthore vraie & fauffe , on y remédie par les remèdes indiqués dans ces deux articles. Quand cet accident eft occafionné par une bile acre & échauffée , qui fe porte au cerveau , il faut avoir recours aux lavements , aux purgatifs , pour le détourner de cette partie. Quand le tintement d'oreille eft habituel , il fiiffic de le frotter la tcte , tous les jours , avec du fon bien chaud , & d'introduire dans- l'oreille du fuc de bétoine. Le tintement d'oreille ell quelquefois occafionné par la féchereiïe ou la tenfion du tympan. L'application des huiles , comme celle de lys , animée d'un peu d'huile de térébenthine , eft fort bonne ; mais il eft néceffaire de continuer quelque temps ce remède. On fait qu'on le porte & qu'on le laifTe dans l'oreille , avec un peu de coton. TIRAILLEMENT , f. m. C'eft un fentiment incommode , que l'on reifent à l'eftomac ou à la poitrine , par lequel il femble que l'on tire les fibres de l'une ou l'autre de ces parties, H h iij 486 TIR Le tiraillement de l'eftomac efl un fymptome qui accompagne ordinairement les fleurs blanches , la dicte trop auitere. Le tiraillement de poitrine fe rencontre dans la toux , la lluxion de la poitrine , & géne'ralement dans tous les cas où la poitrine efl e'chauftëe. C'eft ordinairement l'âcreté Se la chaleur qui font la caufe imme'diate de cette maladie : ainfi tout ce qui peut e'chaufter le fang & les humeurs , & les rendre acres, peut tirailler l'eftomac & la poitrine. Le tiraillement de l'eftomac eft ordinairement occafionné par la préfence de quelques matières glaireufes , qui , par leur fe'jour , deviennent acres , piquent & irritent les membranes de l'eftomac , & produifent ce fentiment de tiraillement qu'on éprouve. On reme'die au tiraillement d'eftomac , en évitant tous les aliments glaireux , l'ufage du vin pur & des liqueurs fpiritueufes , du café , & généralement tout ce qui peut enflammer le fang & la bile , & on prendra , pendant huit jours , la til'ane fuivante : Prenez , De Miel de Narhonne , demi-once. De Feuilles de Lierre terreflre , une pincée. Faites bouillir le tout dans trois demi-feptiers d'eau ,' pour réduire à chopine. PafTez la liqueur , pour en prendre trois verres le matin à jeun, & un verre l'aprèsmidi: enfuite onfepurgera avec une médecineflmple, &on. reprendra , pendant huit autres jours , la même tifane ; après ciuoi , on fe repurgera comme ci-defliis , & on paflera a l'ufage des pilules fuivantes : Prenez , De Savon , deux gros. De Gomme Ammoniac , demi-gros. De Safran de Mars apéritif , deux fcrit-» pules. De Rhubarbe en poudre , trente grains. Mêlez le tout enfembic avec une fufFifante quantité d'huile d'amandes douces : faites-en des pilules du poids de quatre grains. On en prendra deux , une heure avant fes repas : après l'ufage de ces pilules, on fe purgera , comme il eft prefcrit ci-deflus. On fera bien de faire précéder ce traitement de la purgation , par haut & par bas. On fera vomir le malade avec l'ipécacuanha : ce remède convient d'autant T I s 487 plus ici , qu'il a l'avantage & de faire vomir plus doucement que le tartre ftibié , & d'incifer les glaires , caufe prochaine du tiraillement. Après avoir purge le malade , on pourra le lui faire continuer , pendant quelque temps, mais à petites dofes, c'eft-à-dire , à celle d'un grain ou deux par jour. Le tiraillement de poitrine fe traite difFe'remment que celui de l'eftomac ; car cette partie exige des ménagements plus confidérables. On fera prendre au malade le bouillon fuivant : Prenez , De Rouelle de Vçau , une demi-livre. De Feuilles de Bouillon-blanc , De Mauve , De Cerfeuil , de chaque demipoignée. Une Laitue coupée en quatre. Faites bouillir le tout dans deux pintes d'eau , pour réduire à trois chopines : paiïez la liqueur , pour en prendre trois bouillons le matin , à une heure de diftance , pendant huit jours. On fuivra du relie , le traitement que nous avons indiqué aux articles Acreté , Acrimonie , Chaleur & SÉCHERESSE DE PoiTRINE. TISANE , f. f. boilîbn faite avec différents ingrédients que l'on fait bouillir légèrement dans de l'eau , ajoutant fur la fin un peu de réglifle. La tifane eft la bafe de toutes les boiffons dont on fe fert en maladie : c'efl: fur-tout dans les maladies vives qu'elle devient utile pour détremper le fang & les humeurs qui font coagulés , pour appaifer le feu de la fièvre , pour relâcher les fibres qui font trop tendues , & pour fuppléer à la déperdition des liquides , qui fe fait dans la fièvre. Comme la tifane efl: une boilTon que le malade doit prendre en grande abondance , on doit avoir pour but de la rendre toujours très-légère , &: d'éviter l'abus dans lequel on tombe tous les jours , qui e(t de charger les tifanes d'ingrédients inutiles , qui ne fervent qu'à fatiguer l'eftomac qui devient incapable' de les digérer. C'efl pour cette raifon que l'on voit tous les jours des malades dont l'ellomac ne peut point fupportec H h iv 48S T I S de nfane. C'eft un précepte que les grands me'decins ont roujours fuivi , qui ell de ne jamais donner au malade de tifane , qu'elle ne fût tiès-légere. Nous ^llor.j donner quelques formules de tifanes dont on peut faire ufage dans toutes fortes de maladies vives. Prenez , D'Orge mondé o* grillé fur une ydUe chaude , une demi cuillerée à houchç, Faitcs-Ie bouillir'dans trois demi-fçptiers d'eau, pour réduire à chopine, Ajoutez-y Quin:^e grains de Nitre, Paflez la boiflbn , pour en prendre un verre , d'heure en heure , dans la violence de la fièvre. j4utre. Prenez, i^c la. Racine de Chiendent^ trois onces. De Raijîn de caijfe , une once & demie. Faites bouillir le tout dans quatre pintes d'eau , réduites à trois. Ajoutez-y fur la fin Une demi-once de Régtijfe. Paflez la liqueur , pour en prendre un verre , comme ci-delTus. ^utre. Prenez , De Racines de Guimauve , une once. De Feuilles d'Ofeille , une bonne pincée. Faites bouillir le tout dans cinq chopines d'eau , pouç réduire à une pinte. Ajoutez-y fur la fin Six gros de Réglijfe ratijfée & concajfée. La dofc efl à difcrétion, Autre. Prenez , Un Citron de moyenne grojjeur ; çoupez-le par tranches minces , & verfez deffus une pinte d'eau commune , en ajoutant affez de fucre , pour corriger une partie de l'acidité. Il ne faut pas faire ufage de cette tifane dans les maladies de poitrine , ni dans les inflammations de j'cftomac 5 ni dans les douleurs Sç tranchées du bas-. ' T O U 489 ventre : elle ne convient que dans les fièvres ardentes & malignes , & dans la foif immode're'e. Autre. Prenez, Une pomme de Reinette, Deux pincées de Fleurs de Bouiîîon-hlanc. Faites bouillir le tout dans cinq demi-fcptiers d'eau , pour re'duire à pinte : paflez la liqueur, pour en prendre au befoin. On peut aulTi faire ufage du petit-lait clarifié, auquel on ajoute un peu de firop violât fur chaque verre. Au refte , on trouvera à chaque article les tilanes particulières qui peuvent convenir dans les maladies qu'on y traite. TOUX , f. f. expiration violente , fubite , & avec bruit , qui fe fait par la bouche , pour fe de'livrcr de ce qui irrite la gorge & la trache'e-artere. On diftingue trois fortes de toux ; la toux humide, la toux feche , & la toux convulfive. Dans la toux humide , on rend , avec effort , des crachats plus ou moins cpais ; dans la toux feche , on ne crache que peu ou point ; ce qui rend cette toux fort incommode : la toux convulfive efl accompagne'e d'efforts violents, & comme de mouvements convulfifs dans la poitrine. Les enfants font fort fujets à cette toux, Voye^ Coqueluche. On reconnoît la toux humide à la liberté' qu'ont les crachats de for tir , après les efforts de la toux : elle vient fur-tout dans les tempe'raments mous , lâches , qui font un grand ufage de boiffons aqueufes , dans les vieillards , \ts perfonnes qui habitent des lieux humides, & celles qui font d'un tempe'rament pituiteux. On reconnoît la toux feche à la fe'chereffe habituelle du tempérament , à l'importunité de la toux qui n'efl fuivie d'aucun crachat : ce font ordinairement \ts perfonnes maigres , bilieufes , & qui ont le fang acre , qui font tourmentées de cette efpcce de toux. La caufe de la toux humide eft l'épaiiTifTement de la lymphe dans les vaiffeaux du poumon , ou l'âcreté de cette même lymphe qui irrite & picote les membranes de ce vifcere. La toux feche reconnoît pour caufe la fccherelFc 490 T 0 U éts fibres du poumon , & l'âcreté des fucs qui y fe'journent. Les caufes éloignées de ces deux toux font tout ce qui peut épaifTir les humeurs, & les rendre acres, comme l'air lourd & épais , les aliments échauffants , l'ufage des liqueurs fpiritueufes , les veilles forcées , les exercices violents , les palfions de l'ame , la tranfpiration fupprimée , &c. On remédie à la toux humide , en dégluant la matière cnibarraffec dans le poumon & dans les bronches, C'eft à quoi on réuflit , en faifant prendre au malade la boiflbn fuivante : Prenez , De Miel de Narbonne , une demi-once. De Feuilles de TvJJilage , De Lierre terreflre, de chaque une pincée. Faites bouillir îe tout dans trois demi-feptiers d'eau , pour réduire à chopine , pour en prendre un verre , de deux en deux heures , en faifant ufage du looch fuivant : Prenez, D'Huile d'Amandes douces , De Lin , tirée par exprejjion , de chaque une once» De Teinture de Fleurs de Benjoin , un fcrw pule. De Sirop d'EryJîmum , deux onces. On peut fubftituer à ce looch un peu compofé le fuivant : Vr&nçz, D'Huile d'Amandes douées, récente 6" tirée fans exprejjîon , trois onces. Ajoutez-y De Sirop de Lierre terrejîre , une once, D'Eau de Cannelle , deux gros. De Kermès , deux grains. Mêlez' le tout enfemble , pour en prendre une cuillerée toute: les heures. Le kermès donné plufieurs fois dans le jour , à la dofe d'un demi-grain , eft auïïi très-bon , & bien indiqué dans les toux occafionnées par des humeurs glaireufes. Au bout de huit à dix jours de l'effet de ces remèdes, on purgera le malade avec deux onces de manne. T O U 491 deux gros de fel de Glauber , & une once de firop de pomme. Si la toux fubfifte encore après la purgation , on aura recours à la rifane fuivante : Prenez , De Racines d'Iris de Florence , deux gros. De Feuilles d'Hyffope , deux gros. De Squine con:ajJee , troi.'î gros. Faites bouillir le tout dans trois demi-feptiers d'eau , pour re'duire à chopine , dans un vaiireau bien fermé. PafTez la liqueur. Le malade en boira deux verres le matin à jeun , à deux heures de diftance l'un de l'autre, & un verre , le foir , en fe couchant. On peut faire ufage , en même temps , des tablettes fuivantes : Prenez , Des Racines de Guimauve , D'Iris de Florence , de chaque demi-once. De la Fleur de Benjoin , vingt-quatre grains. De Laudanum , Jîx grains. De Sucre blanc , quatre onces & demie. Mêlez le tout , & faites-en des tablettes avec fuffifante quantité de gomme adragant ; on en lailTera fondre dans fa bouche un petit morceau de temps en temps. La toux feche fe traite avec des remèdes tout différents. On commencera d'abord par faigner le malade. Si la toux eft violente , on le mettra enfuite à Tufage de la tifane fuivante : Prenez, i)e Racines de Guimauve lavée ^ une demionce. De Fleurs de Bouillon blanc , De Mauve , de chaque une pincée» De la Réglijfe , deux gros. Verfez fur le tout une pinte d'eau bouillante, laifTez infufer la liqueur , pendant une demi-heure. Le malade en prendra un verre avec une cuillerée de firop de violette ; il fera , en même temps, ufage du looch fuivant ; Prenez , De Syrop de Violette , une once, D'Eau commune , quatre onces. De Viftache pelée , un.c demi-once. Pilez le tout dans un mortier , pour en faire une cmulfion. 492. T R A Ajoutcz-y enfuite Vingt-quatre grains de Gomme Adragant en poudre. De l'Huile d'Amandes douces , une once. Mêlez le tout peu-à-pcu , en le remuant continuellement. Ajoutez fur la fin deux gros d'eau de fleurs d'orange, & un peu de fucre , s'il en faut , pour le rendre agréable. Après l'ufage de ces remèdes , on pourra faire prendre au malade la de'coétion fuivante : Prenez , De Gomme Arabique , concajfée , deux onces. De Cachou brut , demi-once. Faites-les bouillir légèrement dans trois chopines d'eau, réduites à cinq demi-feptiers. Paflez la liqueur, & diflblvcz-y Deux onces de Sirop de Guimauve. La dofe eft d'un petit verre, deux ou trois fois le jour. Si ces remèdes ne font d'aucune efficacité, on peut faire ufage du firop fuivant : Prenez , De Feuilles de grande Confoude, unepoignce» De Racine de Guimauve , une once. Quinze Jujubes, Dix Dattes. Faites bouillir le tout , pendant une demi-heure. Paflèz la liqueur ; ajoutez-y Deux livres de Sucre , pour faire cuire le tout en confiftance de firop. Le malade en prendra une petite cuillerée dans un verre d'eau , trois ou quatre fois par jour. On ne doit point purger dans cette cfpece de toux, à moins qu'elle ne foit totalement calmée , & qu'il n'y ait un beioin preflant de le faire. Il vaut mieux avoir recours a la faignée dans les commencements , que l'on répétera une ou deux fois , félon la force du tempérament & de la toux. TRANCHÉES , f. f. pi. douleurs qui fe font fentir dans le bas-ventre , & qui font fuivies quelquefois de la fortie àes excréments , comme on le voit dans la dysenterie & dans le dévoiemenr. Le» femmes en couche & les enfants y font très  I T R E 49J fujets. Nous en avons traité à l'article Femmes en couche. Voye^ Femmes en couche & Enfants. Voici un lavement dont on peut faire ufage dans les tranchées. Prenez , De la Craie en pondre fine , une demi-once. Des Feuilles de Rhue , De Fleurs de Camomille , de chaque une demi-poignée. Faîtes bouillir le tout dans une pinte d'eau commune , réduite à la moitié. DifFolvez-y Une once de Thériaque, On en donnera la moitié pour un enfant. On peut , en même temps , frotter le ventre avec du baume tranquille , ou en faire un liniment de la manière fui vante : Prenez , Du Suc exprime' de Cerfeuil , De Camomille f De Lierre terreftre , du tout deux onces. Du Baume tranquille , trois onces. Mêlez le tout enfemble , pour en faire un liniment que l'on appliquera chaudement fur le ventre. Foye:f ce que nous avons dit fur les tranchées aux articles Coliques , DévoIement , Dyssenterie. TRANSPORT au Cerveau. Foyq Délire. TREMBLEMENT des Membres et du Corps , f. m. Les membres & ie corps font fujets à trembler, par le poids de l'âge, ou après quelqu'exercice violent , quelquefois auiïi dans le frilTon de la fièvre. Le tremblement qui vient par le friiTon ne fe guérit qu'avec la fièvre , & n'exige aucun remède particulier, il ce n'eft par un très-grand ufage d'eau chaude , avant l'accès. Voye-^ Frisson & Fièvre. Celui qui vient à la fuite de quelqu'exercice violent, comme celui des femmes , ou par Vd.^Q , fe guérit difficilement. Comme il eft produit par la foibleffe & la délicateffe des nerfs , il faut diriger tous les remèdes de ce côté. On commencera d'abord par faire prendre au malade la poudre fuivante : 494 T R E Prenez , De Safran de Mars apéritifs deux onces» D'Ambre jaune , De Fleurs de Benjoin , trois gros. De Sel d'Abfinthe , un gros 6' demi. De Cannelle , De Aîacis pidvérifé , de chaque demi-once. R^duifez le tout en poudre fubtile. On en prend quinze grains le marin à jeun dans du pain à chanter; & l'on boit un verre moitié vin , moitié eau. On fe promené , (î l'on peut , pour que le mouvement l'aide a fortir de l'eftomac. On en prend autant , trois ou quatre heures après avoir dîné, & une pareille dofe , en fe couchant. On continue de la forte , pendant trois jours de fuite; & l'on fe purge le quatrième; ou l'on prend un vomitif, fi on fent l'eftomac chargé. On reprend le lendemain l'ufage de la poudre , comme ci-defTus , pendant quatre jours ; & on fe purge le cinquième. On en reprend encore l'ufage pendant cinq jours , avec les mêmes circonllances ; & on eft purgé le fixieme. On peut même recommencer , fi l'on croit en avoir befoin ; car il ne faut pas s'imaginer que les maladies ijivétérées puifTent être guéries fiaifément , & en li peu de temps. Quand ce font les mains qui tremblent , il faut fe les bien laver, trois fois le jour, fur-tout le matin & le foir , dans la déco6lion fuivante : Prenez, Un pot d'urine d'une jeune perfonne faine. Autant d'eau où. les Forgerons éteignent leur Faites-y bouillir fix poignées d'armoife , jufqu'à diminution du tiers. On ne palfe point cette liqueur; mais on fe fert de l'herbe pour s'en bien frotter les mains & les poignets , en fe Ici lavant : c'eft tout ce que nous avons a prefcrire pour cette incommodité que nous avons fouvent guérie par ce moyen dans des fujets qui n'étoient pas avancés en âge ; cJr , s'ils font vieux , elle eft fans remède. On recommande encore l'ufage des eaux de Bourbonne , de Digne , d'Aix-la-Chapelle en boifTon & en douche. . . T U M 49$ , Le tremblement qui provient par convulfion , fe guérit par les faignees , les de'layants , les huileux , le lait, les eaux de Vichy , de Bagnols ; les fomentations aromatiques, & mcme les bains froids. Souvent un cautère ou un fécon elt le meilleur remède. On pourra fubftituer à la poudre que nous venons ^d'indiquer , la poudre de guttetc , à la dofe d'un demigros , matin &: foir ; on prendra par deiTus un verre d'une de'coction faite avec un demi-gros de feuilles de gui de chêne , & autant de racine de vale'riane fauvage. Nous obferverons feulement qu'il faudra continuer long-temps l'ufage de ces remèdes. TROUSSE -GALANT. Voyei Choléra -MorBUS. TUBEPv.CULE , f. m. Ce mot fignifie toutes fortes de tumeurs contre nature, qui s'e'levent fur le corps en particulier : il fe prend pour une tumeur me'diocre , plus confide'rable que la puftule , ou pour les tumeurs in.flammatoircs , qui naiffent aux glandes, comme dans la pulmonie. Voye^ Phthisie, TUMEUR , f. f, éle'vation contre nature , qui furvient à quelque partie du corps. Nous ne traiterons point ici des tumeurs dont il eft fait mention dans le Di6lionnaire de Chirurgie. Nous diftinguerons feulement les tumeurs, relativement à leurs caufes & à leurs effets. TUMEUR CARCINOMATEUSE. Voyei Cancer. TUMEUR DES Articulations. Voye^ Goutte. TUMEUR DES Oreilles. Voyei Oreillon âr Parotides. TUMEUR DES Mamelles. Voye^ Fejvimes en COUCHE. TUMEUR iRÉsiPÉLATEusE. Voye:^ Erésipele, TUMEUR lymphatique. Voyei Lymphe. TUMEUR œdémateuse. Voyex (Edeme. TUMEUR PHLEGMONEUSE. Voye^ Inflammation. TUMEUR skirrheuse. Voye:( Skirrhe. On trouvera auffi à l'article Ascts les diffe'rents remèdes qui conviennent aux tumeurs. Voyei le DiâioMnuire de Chirurgie, 49^ T Y ? TYMPANITE , f. f. hyaropifîe feche ; caufec par de l'air ou des vents dans le bas-ventre. La tympanite diifere de l'hydropifie , en ce que lé ventre ell: moins mou que dans l'afcitc , & que l'oit fent , quand on frappe defTus , un bruit comme celui d'un tambour : il fort quelquefois des vents qui foulagent le malade ; ik , quand ils s'arrêtent , il eft vivement incommode'. Les pieds , dans la tympanite , ne font pas û enflés que dans l'hydropifie , le refte du corps eft plus maigre & plus de'charné , & le ventre eft plus douloureux. Les tempéraments qui font fujets aux vents, qui font tourmente's par la préfence des vers , dans lefquels le flux bémorrhoïdal fe fupprime , ou qui ont été mal traités de quelque fièvre , font fujets à la tympanite -, il en eft de même des femmes qui ont éprouvé quelqu'avortement , ou qui ont été dans quelque travail d'en-» fantement long & pénible. On remédie à cette maladie , en faifant prendre de l'huile d'amandes douces par cuillerées au malade , eri lui donnant àts lavements emollients, auxquels on pourra ajouter une poignée d'anis & de fenouil , Se on appliquera fur fon ventre l'emplâtre favonneux de Barbette, Si ce remède ne réuffit point , continué pendant quelque temps, on lui donnera de la tifane faite avec une once de chardon-roland , une pincée de capillaire de Canada, que l'on fera bouillir dans une pinte d'eau , pour réduire à trois demi-feptiers , dont il prendra cinq ou fix verres par jour; en même remas , on le purgera avec trois gros de follicules , un demi-gros de poudre cornachine , & une demi-once de firop de Rhamno , pour prendre le matin en une prife. On continuera l'emplâtre de Barbette & les lavements ; après quoi , fi la tumerur n'eft pas diminuée , on appliquera fur le ventre du malade de l'eau glacée , pour tâcher de condenfer l'air , êc de lui faire occuper moins d'efpace qu'auparavant. Il faut que !e malade évite tous les aliments venteux , farineux , comme les pois 6z les fcves ; & il fera toujours gras , en obfervant de fe purger tous les mois. TYPHOMANIE , f. f. délire léthargique ; c'eft le même que le coma-viiril. Voye? Coma-Vigil, 497 "/VC V A P VAPEURS, f. f. pi. On donne vulgairement ce nom aux afFeclions hypocondriaques 6c hyftériques , parce qu'on croyoit qu'elles étoient caufe'es par des vapeurs qui s'e'levoient des entrailles & de la matrice , Ôc caufoient tous les accidents qu'on obferve dans ces maladies. On peut définir, en ge'ne'ral , les vapeurs , une difpofition l'enfible , irritable des nerfs , qui les met dans des mouvements fpafm.odiques continuels , & qui produit une infinité' d'accidents de toutes fortes de genres, & fous toutes fortes de formes. On diftingue deux fortes de vapeurs ; celles qui attaquent les hommes , &c celles qui affeflent les femmes : on appelle les premières , vapeurs hypocondriaques ; & celles des femmes vapeurs hyftériques. Quoique l'ont fafTe une diftinclion de ces deux afteclions , relativement aux différents fexes qui en font tourmente's , ce n'ert pourtant qu'une feule & même maladie qui ne varie que du plus au moins , .par le plus ou le moins de fenlibilite' qui fe trouve entre l'homme & la femme. Vapeurs hypocondriaques. On reffent des tenfidns douloureufes , des oppreffions , des anxie'te's fur les côtes , fur-tout du côte' gauche : tantôt on y e'prouve des élancements, de la chaleur & de l'ardeur , &: fur-tout un gonflement fubit du côte' de la rare ; quand le mal eft du côté droit , on fent des douleurs de colique , des feux qui montent à la tète , & qui font rougir le vifage , des douleurs autour du cœur , des étoufîements après le repas -, dés tranfports & des vents continuels , qui font précédés de tenfion , de prefîion , de bruit d'entrailles, & d'un grand relferrement autour du cœur ; quand les vents font fortis , les malades fe trouvent un peu foulages : l'appétit efl aflez bon , ordinairement même il eft trop fort ; le malade defre plus les chofes froides que les D, de Sante'i T. 11. I i 498 V A P chaudes & boit très-peu : il éprouve des palpitations de cœur ; elles font quelquefois û confide'rables dans certains tempéraments , que l'on voit fauter le cœur à travers leurs vêtements. Le ventre e(l très-refferré , & le malade ne va à la felle qu'au bout de cinq ou (ix jours : il crache ordinairement beaucoup , fur-tout le matin ; il a une fEchcreffe confide'rable dans les narines : il dort profondément; &, quand on interrompt fon fommeil, il en eft incommode' ; l'urine cft le plus fouvent claire & limpide , & quelquefois rouge & foncée en couleur ; la tête eft douioureule , pefante , fujette aux vertiges & aux éblouifTcments ; l'efprit en eft quelquefois afFedé: les malades deviennent inquiets , foucieux , triftes , méfiants , mifanthropes , &; pouffent des foupirs continuels. Les malades fe plnignent de bourdonnement aux oreilles , qui diminue l'ouie ; d'étranglement à la gorge, qui empêche d'avaîer : quelques-uns ont une fièvre vague ; d'autres fe plaignent d'une alternative de froid & de chaud : le pouls eft lent , petit & intermittent ; les convulfions , le tremblement , l'engourdiffement de toutes les parties , la palpitation def, mufcles , font encore des f}'mptomes très-com.muns. Les tempéraments fanguins & plc'ihoriques , ceux qui mènent une vie fédentairt Se oifive , les gens de lettres y font parciculiérement expofés'; les grands mangeurs, ceux qui ont l'efprit vif , qui s'occupent à de grandes méditations , en font auiïi les vivflimes. La caufe immédiate Se prochaine de cette maladie eft la fenfibilité , l'irritabilité- des nerfs : les caufes occafionnelles font les évacuations fupprimées , comme celles des règles & des hémorrhoïdes ; une nourriture trop abondante & trop fucculentc , un genre de vie fédentaire ; la fupprclfion des felles , des urines &: de la tranfpiration ; le gonflement venteux du bas-ventre ; les paffions vives de l'ame , comme' la colère , la peur ; la concupifcence ; les odeurs , comme celle du mufc , l'am.bre , la rofe -, les veilles forcées , l'ufagc immodéré des femmes, une difpofltion héréditaire , l'advcrfité , les chagrins , la trop grande application , l'abus des vomitifs , des purgatifs & des narcotiques , la femence retenue , la fupprelfion de la gonorrhée , la ceffation V A P 499 extraordinaire de la fièvre inrcrmîtteritc , font les caules tes plus ordinaires de cette maladie. Cette ' maladie eft plus eifr.iyance que dangereufe , les progrès en font ordinairement lents j mais , quand cette atfeclion eft invérére'e , elle peut de'générer en cachexie , en fcorbut , en fièvre lente & en maraime. Les Vapeurs hypocandriaqaes exigent deux conlide'rations dans le traitement.; ta preniiere eft de remédier à ja caivfe. qui peut avoir produit les vapeurs; la fecofide eft.de. s'oppofer aux accidents nerveux qui ea réfultefit, A Tegard de la caufe , il' faut s'en intormer du malade , & , quand on l'aura de'couverte , y remédier.. Vvy^l les caufcs ci-dcjfus. Pour ce qui concerne îes accidents' , nous donnerc^ns ci-après les remèdes propres à les, calmer. On dillingue deux temps dans le traitement des vapeurs, celui de l'accès, ik. celui de la ceifarion^ •. • Lés rem.edcs que Ton fait pendant l'accès , font de frapper plufieiirs fois de fa main dans celle de la malade , pour la faire revenir. Si elie a perdu connoiffancc , 6n lui fait fentir , pour la m''me fin , l'odeur de chiffons &: de papiers brûles , de plun^es ou favattes rouifies j &: on peut lai donner le lavement fuivanc ; Prenez , De Fleurs de Camunnlle , ,. . Ds M4lUot , de chaque une poi' grifie. De l'Anis , une pincée^ Faites bouillir le tout lége'remcnt , pendant trois oU quatre minutes , dans une chopine d'eau. Aj,outez-y Une once de Diapkénic. On lui fait prendre , en même temps , la potion fuivante : Prenez , Des Eaux d^Armoife , De MéliJJe jlmpîe , de chaque d-eux onces. De Fleurs d'Orange , deux grost De Poudre de Guttete , demi-gros. De Laudanum liquide de Sydenham , trente gouttes. De Sirop de Stcschas , une once, I i ij 500 V A P Mêlez le tout , pour prendre par cuillere'c , crheur* en heure , jufqu'à ce que les accidents foient calmés : on peut , en même temps , faire des friftions avec la main lur les bras , les jambes , la gorge , pour appaifer ik. calmer l'irritation nerveufe. Hors de l'accès , on fera ce qui fuit. Si le malade eft d'un tempérament fec & nlaiajre , qu'il ait beaucoup de fang , qu'il mené une vie fedentaire & oifive , qu'il mange beaucoup , il faudra commencer par lui fiire une faignée au bras ; ce dont on fe difpenfera , fi le malade cfl: gras , mou , épuifépar quelqu'exercice violent ; ou , s'il eft d'un tempérament trop foible & trop délicat , on lui fera prendre enfuite , pendant huit jours , du petit-liit clarifié , ou la tifane lui van te : Prenez , Du miel de Narhonnc , demi-once. De Fleurs de Tilleul , une pincée. Faites bouillir le tout dans cinq demi-feptiers d'eau , pour réduire à pinte ; paflez la liqueur , & ajoutez-y "■ '", ■>' • Q^uini^e grains de iSlitre.' ■ ^r féis' forces du malade le permettent , on lui fera prendre les bains tiedes , qu'il continuera , pendant douze ou quinze jours , en continuant toujours la boiC* fon , ou fon petit-lait ; & il prendra des lavements d'eau de rivière, de deux jours l'un. Après l'ufage de ces remèdes , il paflera aux bouillons fuivants : Prenez, X)e Rouelle de Veau, demi-livre y De Feuilles de Bourrache , De B:' g lofe , De Chicorée [ravage , de chaque une demi- poignée. Faites bouillir le tout dans deux pintes d'eau. Ajoutez fur la fin Six Ecrevljjes de rivière écrafées ; & réduifez le tout à trois chopines , pour prendre , en deux jours , en fix bouillons , dont deux le matin , à deux heures de diftance l'un de l'autre ; & l'autre , fur les fix heures du foir ; aprèi quoi , il prendra les bains comme ci-defllis. Si le malade fent quelques aigreurs , avant ou après V A P 50t les repas , il fera ufage de la magnifie en poudre , prife à la dofc de douze grains , avant Ces repas. S'il y a quelques railons qui engagent a purger , comme la langue charge'e , la bouche amerc , des dégoûts , des digeftions lourdes & parciïeufes , des rapports , on pourra faire ufage de notre tifane royale , décrite à l'article Purgation , que l'on prendra, avec beaucoup de pre'caution , parce que les purgatifs , ea général , font très-dangereux pour les perfonnes attaquées de vapeurs ; elles ne doivent y avoir recours que dans une grande néceflité , & qu'après avoir bien lavé & détrempé leur fang. Quand on aura fuffifamment préparé le corps par les délayants , en fuivant la route que nous venons de prefsrire , on pourra faire ufage de l'opiat fuivant : Prenez, De Conferve de Fleurs d'Orange , deux gros. De Safran de Mars apéritif, deux gros. De Racine de Polipode de Chêne ,pulvérifée , trois gros. De Magnefîe en poudre , un gros. De Khuharbs puh'érifée , demi-gros. Mclez le tout avec fuffifante quantité de firop d'abfinthe , pour en faire un opiat dont le malade prendra un demi-gros , foir & marin , avant fes repas. En faifant ufage de cet opiat , on peut permettre au malade le lait coupé avec les eaux de Seltz , dont il prendra deux ou trois gobelets tiedes , le matia ; & il aura attention de prendre des lavements , tous les deux jours , s'il ne va pas régulièrement à la felle. On finira ce traitement par mettre le malade à l'ufage des eaux de Vais , de Pafly , de Forges , de Cranffac ou de Spa. Vapeurs kyftériques. Cette maladie , comme nous l'avons déjà dit , n'af taque que les femmes , & ne diffère des vapeurs hypocondriaques , que par rapport au tempérament qui eft différent dans les deux fexes , & à la conformation des organes qui leur font propres. Cette malade eft accompagnée de naufées fuivies Quelquefois de vomifferaent , avec des mouvements de I i iij $01 V A P•vents &: de gonflement dans ie bas-ventre ; le maladtf fent comme une boule qui roule , & qui lembiçfe fixer en quelqu'endroic ; la refpiration devient difficile & courte i elle s'affoiblit de plus en pîu.s' ; Ja tête cil plus ou moins afFe(5iee ; on y refîènt même quelquefois une douleur aifjuë , que l'on appelle clou kyjferiqi^c. Il jfurvient des eblouiflcments , des ctourdiifements , des vertiges ôç un mouvement irre'gulier , qui fe pafTc de la poitrine à la ^orge , qui produit l'cfiet d'un corps e'tran-? ger , qui y ieroit fixe' , ëc occafionneruit un étranglement & une fi.ijïbcation. Quelques malades font incommodés du battement àes artères temporales ^ d'au-» très fç plaignent du froid au fommet de la tête , de fiffiement dans les oreilles, de tremblement & de lafli-^ tude par tout le corps ; elles ont la poitrine ferrée , des ^tôuffements continuels ; la refpiration eft foible & obfcure ^ le pouls devient lent & foible ; il fort beaucoup de vents par la bouche , des rots acides ou d'œufs pourris ; le ventre cft communément dur , élevé & refp lerré ; les urines font limpidçs ; il furvient différentes? douleurs dans le bas-ventre , & quelquefois des mou-» ycments convulfifs dans les bras & dans les mains , fi violents , que l'on feroit tenté de croire que c'eft unq attaque d'épilepfie. Les perfonnes fujcttes aux vapeurs hylîériques font ordinairement maigres , tourmentées par des inquiétudes & des infomnies ; elles aiment la vie fédentaire , & font peu difpofées aux mouvements & à l'exercice : c'eft ordinairement depuis l'âge de trente ans jufqu'à cinquante, fur-tout dans le temps critique ; & elles y font plus fujettes que les hommes , par rapport à la matrice & aux difî"érentes évacuatious auxquelles elles font fujettes. La caufe immédiate & prochaine des vapeurs hyftériques eft la fenfibilité des nevis ; les caufes éloignées font les mêmes que nous avons rapportées dans l'article ci-deflus , excepté qu'on peut y rapporter de plus hs règles , les lochies , les fleurs blanches fupprimées , les d^pûts lajteux , & une difpofition plus marquée de la part à^s organes à être aiFecftés de cette maladie , que ç^Jle que l'on obferve dans les hommes. Comme les accès des vapeurs hyfiériqucs font ordi»? VAP io^ nairement plus violents que ceux des vapeurs hypocondriaques , îans doute par rapport à la renfibilité plus grande de la femme , il peut arriver que l'on y périlfe, parce que l'accès peut fe changer en vraie apoplexie ; il laifTe quelquefois des jauniffbs confide'rables , & il peut produire des. ob(lru6lion.s au bas-ventre , des he'morrhagies violentes , des infla-nmations au foie , à la tête , & de'ge'nere quelquefois en cachexie Se en marafme. Le traitement des vapeurs hyftériques elt le même 3ue celui des vapeurs hypocondriaques , à l'exception e quelques confule'rations particulières. S'il y a , par exemple , fupprelfion des règles , on aura recours à la faignée ; on me'nagera encore plus les purgatifs & les vomitifs , à caufe de la grande fenfibilité des femmes. On aura recours dans les accès à l'efprit de fel ammoniac , à l'eau de Luce , aux gouttes & au fel d' Angleterre , aux poils & aux plumes brûlées , & fur-tout au lel de vinaigre , qui efl: le plus puiffant & le meilleur calmant dont on puilfe fe fervir dans les cas de vapeurs , pour faire refpirer plufieurs fois par jour , fur-tout dans le temps de l'accès. On prendra les potions calmantes , plus fortes & plus aciives ; telle eft , par exemple , la potion fuivante , dont on pourra fe fervir dans le befoin. VrenGZ y D'Eau de Cenfes noires ^ D'ArmoiJe , de chaque trois onces. De Menthe , une once. De Teinture de Cafioréum , trente gouttes. De Liqueur minérale anodine d'Hoffmann , demi-gros. De Sel fe'datif , trente grains. De Laudanum liquide , vingt gouttes. De Sirop de Stœchas , deux onces, Mêlez le tout pour prendre par cuillere'e , d'heure en heure. La potion fuivante efl encore plus efficace , quand les accès font très-violents. Prenez, D'Eau d'Armoife , De Matricalre , De Jvîélijfe fimple , de chaque deujS onces, I i iv V E N -jot ^iie nous avons crus convenables dans Jes vapeurs , nous croyons qu'il eft eflcnriel de remarquer & d'obferver la marche de ces difiérents remèdes pour favoir s'ils font de quelqu'utiliré; car, fans cela, il feroit à propos de les celfer , & de n'en faire d'aucune efpece , parce qu'ils ne ferviroient qu'à de'truire le tempérament du malade , & à rendre le progrès de la maladie plus rapide. Il feroit bien plus fur , en pareil cas , d'avoir recours à un re'gime convenable , de refpirer un air pur & ferein , de faire un bon choix d'aliments légers, comme la foupe , les crèmes de riz , de gruau , d'orge ; le bœuf, le mouton , la volaille, & fur-tout les légunics frais & nouveaux , comme les pois , les fèves , fiourvu que l'eftomac puifle les fupporter , les e'pinards , es artichauts au jus; les fruits bien mûrs, comme les fraifes , les pèches , les abricots : il faut auffi boire trèspeu de vin avec beaucoup d'eau ; faire ufage , le matin , de petit-lait en boiiïbn , & des bains domeftiques dans l'été ; dormir peu , faire beaucoup d'exercice , être dans une difiipation continuelle , & éviter tous les ou^ vrages d'efprit , les méditations pénibles , & les ré-» flexions férieufes & profondes. VEILLE EXCESSIVE. Fbyeç Insomnie. VENERIEN {mal). On appelle maladie véné-» rienne , la grolTe vérole & tous les autres accidents qui naifT'ent d'un commerce impur ; ce mot vient de Vénus , la déeife de la volupté. VENTS , f. m. pi. maladie dans laquelle on eft fujet' aux vents , foit qu'ils manifeftent leurs effets dans l'intérieur , foit qu'ils fortent par en haut ou par en bas, La préfence des vents fe manifefte par des grouillements d'entrailles, par leurs forties, par l'enflure de l'eftomac , des hypocondres , & de tout le bas-ventre. Quand ils s'échappent, les malades en font foulages; mais , quand ils ne peuvent pas forrir , les malades éprouvent des naufées , des anxiétés fâcheufes , & même des défaillances , avec des douleurs plus ou moins vives , la céphalalgie , des vertiges , l'oppreffion & la conûipation. La caufe des vents eft la fermentation qui fe fait ^aas l'eftomac , qui dégage l'air des aliments , & qui , 5oé V E N fe trouvant libre ôc dilaté par la chaleur , acquiert ua volume beaucoup plus confidérable , qui produit les accidents que nous venons de rapporter. Tous les aliments farineux , comme les pois , les fèves , font , par confe'quent, très-propres à donner naiflance aux vents ; les liqueurs fpiritueufes êc les aliments e'chaufFants peuvent aufli dilater l'air, & produire diife'rents accidents ; tout ce qui peut arrêter la digeftion , comme les paf(ions vives de l'ame , les méditations profondes , peut également engendrer des vents. Les hypocondriaques & les femmes vaporeufes , les néphrétiques & les goutteux , les enfants, les accouchées , les vieillards & les gens de lettres font trèscxpofe's aux vents. Quand les vents prennent leur cours , leur effet eft ordinairement paflager ; mais , quand ils font retenus, ils peuvent caufer de très-grands défordres ; quand ils font dans l'eftomac , on a de la peine à avaler , la refpiration eft plus gênée ; on a des palpitations, des anxiétés, des éblouifTements , àes rougeurs au vifage ; quand ils font contenus dans les inteftins , ils caufent des coliques, des fuffocations , la paiïion iliaque, quelquefoismême l'apoplexie. Pour remédier aux vents qui font dans l'eftomac , il fuffit , quand cet accident eft paffager , de faire mâcher au malade des dragées d'anis , ou une pincée de fenouil ; on peut aufli lui faire prendre une infufion légère de 'fleurs de camomille , avec un peu de fucre , dont il prendra une ou deux taffes. Si les vents font occafionnés par quelqu'acide , ce que l'on rcconnoît par des rapports aigres , on prendra intérieurement quelques prifes d'yeux d'écreviffes en poudre , à la dofe de douze grains , ou , fi l'on aime mieux , un peu de firop anti-fcorbutique avec de l'eau; quelques gouttes d'élixir de propriété, un demigros d'extrait de genièvre , avec douze grains de fel de quinquina , produifent de très-bons effets en ce cas. Quand les vents forment une incommodité habituelle , il faut avoir recours à des remèdes fuivis, pour pouvoir y remédier. On commencera par faire tirer du fang au malade , fi l'âge , le tempérament & le^ V E N ^ 507 autres cîrcônflances le permettent ; on lui fera prendre cnfuite , tous les matins, une chopine de petit-lait, &' des lavements avec les herbes e'mollientes ; on y ajoutera , au bout de quelques jours , une pincée de camomille & de me'lilot , 6c une pince'e d'anis -, on purgera enfuite le malade avec deux onces 8c demie de manne , un gros de fel d'Epfom , deux onces d'huile d'amandes douces. Le malade fe mettra imme'diatement à l'ufagc des bains domeftiques , qu'il prendra , pendant cinq ou fix jours ; Se il fera ufage , avant fes repas , du vin luivant : Prenez, De Racine récente d'Aunée ^ ratijfée & coupée par tranches , deux onces. D'Ecorce d'Orange amere , un gros, Verfez dcfîlis une pinte de bon vin rouge ; laiffez jnfufer le tout, pendant vingt-quatre heures, fur les cendres chaudes, le vaifï'eau e'tant bien fermé; la dofe eft (de deux cuillerées avant le repas. On peut , quand on eft tourmenté par des vents , boire quelques gorgées d'eau chaude ; on en fentira du foulagement. La décoction fuivante eft auffi très-falutaire : Prenez, Z?e la Racine de Calamus aromaticus , demi" once. De Semence de Gentiane -, deux gros, '' Des feuilles de petite Centaurée y D 'Abjinthe fcches , De Fleurs de Camomille , de chaque un gros 6' demi. Faites bouillir le tout dans deux chopines d'eau , réduites à trois demi-feptiers , en y ajoutant fur la fin , Deux gras de Semence de Carvi, La dofe eft de trois onces, deux fois le jour. Si tous ces remèdes deviennent inutiles, on aura recours aux pilules fuivantes. Prenez , D'Aloks en poudre , deux gros. De Laudanum liquide , demi-gros. Mêlez le tout enfemble , pour en faire des pilules du poids de fix grains. On en prendra une , quatre heures avant le repas , en buvant par defius un petit verre (Je vin. 5o3 Ver Voici un vin compofé , qui produit un txSs-bon cfFcî contre les vents : prenez , Des Semences de Carvi , Jemi-once. De Daucus , De Cumin ^ D'Anis , De Fenouil , D'Anetky De Coriandre y de chaque trois gros. Faites-les bouillir dans une pinte de vin ; pendant trois ou quatre minutes , en bouchant bien le vaifleau ; verfez enfUite les femences & la liqueur dans une bouteille que vous aurez foin de bien boucher. On prend un petit verre de ce vin , tous les matins à jeun , & un fécond au fortir du dîne' ; on continue , pendant quinze jours , fi l'on veut obtenir une cure radicale. VERMINE , f. f. maladie qu'occafionnent les poux auxquels les enfants font très-fujets , foit parce qu'ils fe nourrifTenr de lait qui eft très-propre à former cette cfpece d'engeance , ou qu'ayant les chairs molles & le fang extrêmement chaud , la naifîance de ces infedes «ft plus prompte. On purgera d'abord le malade de la manière fuivante : Prenez , D'Extrait de Rhubarbe , un gros. De Mercure doux , demi-gros. Mêlez le tout enfemble ; la dofe eft de trois grains pour les enfants, de cinq ou fix grains pour les adultes. On applique extérieurement une pommade faite avec une once de beurre frais , & d'onguent rofat, avec lequel on mêle un gros de précipite' blanc ; on en frotte tous les jours la tête , les aiflelles & les parties natuXelles. Voyei Maladif, pÉdiculaire. VÉROLE {petite). Voyei Petite Vérole. VÉROLE , f. f. C'eft une maladie contagieufe , originairement contrade'e par un commerce impur avec une femme débauchée. On reconnoît la vérole à l'aveu du malade. On fenC aux parties génitales une chaleur & une ardeur extraordinaire i les tefticules fe gonflent j on obferve à l'anus  VER 509 Jc.f verrlies, des condylomes, des rhagadcs;il furvient des ulcères à I;i verge ; la peau fe trouve couverte de taches rouges , pourpre'es , jaunes ou livides : il y lurvient une inhnice' de tubercules durs, calleux, fur* tout aux environs du nez , du front ëz des tempes ; les ongles deviennent inégaux , fe de'tachent de leur racine , & tombent ; le dedans de la bouche devienc eiiîlammé : il s'y forme de petits ulcères , & la carie attaque les os ; la membrane inte'rieure du nez devient fongucufe , uiccrée , calleufe , & la voix devient rauque : il fort de la bouche une haleine corrompue ; le malade reîîènt des douleurs aiguës & très- vives la nuit , quand il eft dans le lie , & fur-tout aux lombes & aux cuilles ; les os fe tuméfient , s'amolliflent , fe carient : les glandes lymphatiques s'obltruent ; ce que l'on voit fur le cou , aux ailielles , aux aînés & au mcfentere ; les yeux font rouges , les paupières caHeufes & ulcérées ; on fent aux oreilles des fifflements , des tintements : il en fort quelquefois du pus , une ;Tiatiere ichoreufe ; on éprouve des céphalalgies-, des affedions convulfives , des vertiges , des tremblements & des paralyfies : il furvient des oppreflions , des difficultés de ref^ pirer, des crachements de fang , une toux feche & hu-imide, l'appétit fe.perd ; on éprouve des nauCées , des dégoûts, des dévoiements féreux ou bilieux-, dans la femme, les mois fe fuppriment , la matrice s'enflamme, s'abcede ou devient skirrheufe. Tous ces fymptomes ne fe trouvent pas réunis dans le même fujet ; mais le plus grand nombre s'y rencontre. Il eft extrêmement eflentiel de dillinguer la vérole du fcorbut -, car. les remèdes qui conviennent à celle-ci nuifent à l'autre. ' - . G'eil pourquoi nous rapporterons les différences qui caraftériiént ces deux maladies. Lç fcorbut ordinairement s'engendre de lui-même, & le mal commence par la bouche. La vérole, au contraire , ne fe déclare qu'après un commerce impur, & fe manifefte principalement aux parties génitales. Le fcorbut occupe plutôt les dents & les gencives qu'il carie ; la vérole attaque principalement les amygdales, la luette, le voile & les os au -palais. Jio VER Le fcorbut produit des ulcères fanguinolents , iché^ reux, & qui coulent très-peu. La vérole en fait naître de croùteux, de glutineux, de fecs , & qui forment une efcarre. Dans le fcorbut , on obfervc dts taches ; dans la vérole , on obferve des nœuds. Les douleurs dans le fcorbut font plus aiguës & plus rémittentes ; dans la vérole , tlhs font plus mordicantcs,.& elles augmentent la nuit. Les fcorbutiques fe trou-' vent bien dans le lit , & les véroles y font fort mal. Le fcorbut fe manifefte principalement à l'intérieur du corps ; la vérole , au contraire , affecte l'extérieur. . ' n , : ■ . Les fcorbutiques marchent farts fentir de dôuleiîrsy les véroles , au contraire , en éprouvent de confidér-abîcs* Tous ces fignes- fufnfent pour qu'on ne prenne' point le change lur ces deux maladies. 11 faut ajouter (?é plus, que la vérole eft prefque toujours précédée par des bubons , par des chancre:; , par àss puitules & autres vices ,9^'-ii' commencent par affecter les parties qui l'ont contraélée. • •■ ' ■'< • •^ :: - ' -- ' La caufc prochaine decëCte maladie efl; l'epaiffifTement de la lymphe; la caufe éloignée eft le virus in« troduit & communiqué par le commerce i^pur. .Tous ceux qui ont écrit fur la nature de la vérole , en ont regardé la caufe , comme un -virus acide; qui coâ'guloit la lymphe. Quoi qu'il en fcit , il eft certain que la lymphe dans la vérole acquiert uîi degré d'épAiffifTement corifidérahle , & qu'enftaite elle ■ s'embarraiïè & s'obftruc dans toutes les parties du corps ; pour lôrs la partie acre & corrofive du virus fé dilate , & faic toutes fortes de ravages. On fait, depuis long-temps, que le mercure eft le feul remède de la vérole, foit qu'on Tintroduife par la peau en fridion , fumigation ou en emplâtre , foit qu'on le donne intérieurement déguifé eo pou'dre , en pilule ou en liqueur. Tout le myftere confifte à en introduire dans le corps une quantité fuffifante , pour qu'il puiftc agir fur le virus ver'olique. Cette quantité n'eft point déterminée , parce qu'elle dépend de la variété des; tempéraments, de la force du cœur & des vaifteaux. VER ÇTf & de la plus ou moins grande delicatefle du fujet. Il faut avoir une grande attention pour empêcher que le mercure que Ton donne , ne fe porte à la bouche, parce que c'eft la méthode la plu.s dangereufe , & celle qui eft fuivie ô.cs accidents les plus fâcheux. Pour cet effet , il faudra donner des dofes de mercure très-e'loigne'es ou très - petites , en commençant; on augmentera enfuite par degre's , jufqu'à ce que l'on s'apperçoive d'une légère inflammation à la bouche , auquel cas , on purgera le malade , comme nous l'avons indique' à l'article Mercure. Il faut prefque toujours commencer le traitement par une faigne'e , à moins que la délicatefTe du tempe'rament & de l'âge ne s'y oppofe ; on prefcrira enfuite des lavements & des bains , pendant huit ou dix jours ; on fera prendre du petit-lait en abondance , & on fuivra de point en point tout ce que nous avons marque' à l'article Mercure. Voyei Mercure. Lorfque l'e'cat de la peau ne permet pas de faire ufage des friclions , il faut avoir recours aux fumigations, en prenant les fecours néceflaires pour en garantir la tête : cette méthode eft moins siire ôc plus dangereufe que la première ; cependant on a vu des véroles qui avoient été manques par les friftions , qui ont été guéris par les fumigations. Elles ne conviennent point aux perfonnes maigres & foibles , comme à celles qui ont la poitrine délicate , quelque foin que l'on prenne pour les garantir de la fumée. Voye{ Mercure, 11 arrive quelquefois que les frictions & les fumigations les mieux adminiftrées ne produifent aucun effet dans certains fujets ; il faut pour lors fe retourner d'un autre côté, & faire prendre du mercure à l'intérieur, comme la panacée , le mercure doux, que l'on donne à la dofe de quatre ou cinq grains dans un peu de marmelade d'abricot , que l'on continue tous les jours, en diminuant infenfiblement la dofe , jufqu'à parfaite guérifon. 11 faut cinq^ à fix gros de panacée pour tout le traitement. On doit , comme dans toutes les autres méthodes , éviter la falivation , en purgeant de temps en temps , en rapprochant & éloignant la dofe , félon l'état de la bouche. jiî, Ver Le mercure pris intérieurement n'cft quelquefois pai plus eliitace que les frictions & les fumigations, il y a des tempe'raments dans lefquels le virus ve'rolique ell fi atte'nue' & divife', qu'il ne le pre'fente plus à l'adion du mercure , qui elt trop grolfier pour le combattre ; c'eft ce que l'on voit fur-tout dans les vices invétére's de la peau , dans la chùîe àes cheveux , des ongles. Le moyen le plus sûr dans cette occafion eft d'employer les fudoriliques ; telle ell la teinture fuivante : Prenez , £)e Sajj'afras concajje , deux onces. De Gayac , De Salfepareille , de chaque une once. De Squine coilpéc par tranches & concajfée , une once, Verfez fur le tout trois demi-feptiers d'efprit-de-vin j &: laiffez-le infuïer liir des cendres chaudes , pendant vingt-quatre heures , dans un vaiiTeau bien fermé : la do(e eft d'une cuillere'e , le matin à jeun , dans un verre d'eau de coquelicot , en obfervant de fe tenir chaudement dans l'on lit , pour tâcher d'exciter un peu de tranfpiration ; on continuera ce remède , pendant huit jours ; après quoi , on en prendra deux cuillerées par jour , jufqu'à la fin du traitement. On aura attention, dans cette méthode, encore plus que dans les autres , de fe faire faigner, purger & prendre les bains , pendant une quinzaine de jours. Il arrive quelquefois que, malgré le traitement le plus régulier, il y a différents accidents gui fubfiftent, comme la gonorrhée 6c les dartres ; l'ulage du lait &: de la tifane de fquine , continué pendant quelque temps , ùécruit tous ces accidents. VilROLETïE , f. f. La ve'roîette ou petite vérole volante efl une éruption critique de puftules féreufeSj traniparentes & éparfes fur toute la peau , qui fe montrent après un jour de fièvre fimple , &: qui difparoillent & fe delfechent le troifieme jour , fans avoir palîé par l'état de fuppuraîion. Cette maladie paroît quelquefois épidémique , attaquant cependant plus les enfants que les adulte. Les lignes caractériftiques & diftinclifs de la petite Vérole volante fe montrent conihmment dans its péfiodei y VER. 5i> Viodes ; car il en eft d'elle , h plufieurs égaras , comme de toutes les éruptions critiques. ^ 1°. Elle a d'alîord un temps de fermentaiion ou d'e'bullition , plus ou moins fenfible. La fièvre qui accompagne la fermentation , Se qui doit précéder l'éruption , cli une fièvre bénigne , éphémère , accompagnée quelquefois de mal-ailé , de dégoût , rarement de vomilfement ^ au lieu de cctie fièvre aigué de trois à quatre jours , avec l'anxiété , les douleurs tranchantes &c les vomidements , avant-coureurs les plus ordinaires de la vraie petite vérole. a". Dans le fécond temps , celui de l'éruption , les caraderes de la vraie petite vérole ne difparoiffent pas moins aux yeux du médecin. Ce ne font point alors ces boutons rouges , enflammés j réniténrs , d'une forme conique ou lenticulaire , qui femblent poindre de l'intérieur de la peau ; mais ce font des boutons iTious , décachés de la peau , plus fphériques que lenticulaires , en un mot plus larges dans leurs corps qu'à leur bafe ; & » s'ils ont paru rougeâtres dans la première heure , avant la fin du jour , ils font devenus pâles, ternes, &: n'oflrent plus que des véficules remplies d'une lymphe purement féreufe & blanchâtre ; c'eft alors qu'ils font pius exademenc ronds , ôc qu'il% Ont la forme d'un pois. 30. On ne doit point s'attendre à voir ces puftults fuivre la marche laborieufe de la fuppuration , comme dans toute éruption variolique. Du lendemain de l'éruption , les puftales de la vérolette , plus rétrécies dans leur infertion a l'épiderme , fillonnées dans leurs corps par des rides circulaires , annoncent déjà que l'humeur lymphatique a tranfpiré , & commence à tranfuder : c'eft l'inflant où la véficule plus ramaTie , reifemble mieux ail pus varioleux , & que le terme de pullule de brebis , dont quelques auteurs fe font fervis, lui convient davantage. Cette tranfudation s'obferve aufTi dans la vraie petite vérole , lorfqu'clie eft cryflalline. L'humeur féreufe s'exprime à la furface , s'y coagule , y fait une croûte qui dérobe aux yeux la fuppuration de la puftule , tandis que d'ailleurs le cercle rouge & la fièvre fecondaire l'annoncent au médecin. Z>, de Santé T, II, K Jï 514 V E R 40. A la fin du troificme Jour, la vëficulc afFaiflëe ^ flétrie , n'a plus de forme diitinde ; ce n'eit plus qu'une croûte îne'gale lur l'épiderme : fon defléchemenc eft prompt , à moins que les entants, en y portant la main , & en déchirant la pultule , n'attirent le lang , & ne rendent par-là la chute de ces écailles plus tardive, 5°. Les taches qui refient 'après la vérolette , font des marques livides , fans profondeur ; celles , au contraire , qui reftent après la petite vérole , font marquées d'un enfoncement dans le milieu , & paroiffent éminentes dans leur circonférence. Le jugement ou le pronoftic que le médecin doit porter fur la vérolette eft facile à faifir. 1°. Il eft évident , par la bénignité des fymptomes, qu'elle a peu de danger dans le temps de la fermentation ; la fièvre eft alors de peu de durée , quelquefois peu fenfible , mais jamais grave , quand on ne s'oppofe pas au travail de la nature. 2.0. La dépuration faite , les accidents font diflipés, parce que l'humeur , placée entre la peau & l'épiderme, eft hors du courant de la circulation. D'ailleurs on n'obferve pas dans cette humeur ce caradere de mobilité & d'inconftance qui fait toujours appréhender de la petite vérole & de la rougeole , comme de l'éréfipele , un reflux inopiné. En un mot , on peut la regarder comme aufti uniforme que l'humeur des échauboulures dans les pores de la fueur. On peut encore ajouter , qu'en devenant épidémique , la vérolette n'augmente point le danger , foie qu'elle paroilfe feule , foit qu'elle précède , qu'elle accompagne ou qu'elle fuive la vraie petite vérole. Le traitement de la vérolette , au jugement du fimple vulgaire , fe réduit donc à favorifer la crife , & par conféquent , à échauffer fortement les malades. Mais les médecins doivent encore à la nature le foin de favorifer fon travail avec difcernement. i». Dans le premier temps , on doit fe propofer de rendre la fermentation facile. A cet effet , une infufion de fleurs de fureau , par exemple , donnée chaude , fufîira , lorfque les enfants répugneront à l'eau de fumeterre Ôc à l'eau de fcorfonere. V E R ^ "yT^ On bornera alors leurs aliments à des loupes , à dospanades le'geres, des œul's frais ; en un mot , on s'étudiera à e'viter ce qui pourroit rendre la digeftion labo* rieufe , & capable , par conféquent , de de'tourner vers le ventre les efforts dirigés à la circonférence. Dans cette même vue , fi des marques de faburre dans l'eltomac femblent gêner l'effort de la fièvre , il y a indication urgente pour vuider les premières voies par un purgatif approprié à l'âge & au tempérament. Ainfi , on emploiera pour lors les abforbants , fi les aigres ont été donnés. La faignée , fi propre à prévenir les engorgements inflammatoires, toujours à craindre dans la petite- vérole , nuiroit à la crife de la vérolette , en ralentiffant à pure perte la fièvre de fermentation. a°. Le temps de l'éruption amené d'autres indications. On doit: alors ajouter , aux boifîbns délayantes , de légers fiidorifiques , tels que la graine de genièvre ; & c'eft le cas de joindre aux abforbants ordmaires le Jcermès , les fels de vipère ou de corne de cerf, & les autres abforbants fudorifiques. On doit encore donner des délayants dans le fécond temps , parce qu'il eft néceffaire d'entretenir alors une chaleur modérée , accompagnée d'une moiteur douce. 30. Enfin , après la deffication , avant de remettre les enfants à la vie commune , il eft indifpenfable de leur prefcrire une purgation , & cette méthode n'eft f)as moins fondée en indications. L'humeur de la véroette n'ayant pas moins infcfté les couloirs lymphatiques , qui fe déchargent dans le canal intefîinal , que ceux de la peau , il faut que l'adion du purgatif détache les véficules internes , & charrie au dehors l'humeur qu'il en aura exprimée. D'ailleurs les marques d'une faburre bilieufe , qui s'obfervent conftamment h la fuite de toute fermentation critiqua , font une néceffité de terminer la cure par une purgation, quelquefois même répétée. Ce que nous venons de donner fur la vérolette eft pris d'un excellent petit ouvrage , imprimé fous le titre de Vérolette , en 1759 , cAe{ d'Houry. C'eft le fcul morceau que nous ayions fur cette matière ; l'auteur ne s'eft pas fait connoître. Dans un temps où il eft K k ij 5i6 V E R ^ queftion de l'inoculation de la petite vérole , nous croyons qu'on nous laura gre' de mettre ici la conclulion de fon ouvrage. " Par l'examen fuivi de la ve'ro>» letre , il paroit décide' fans réplique , qu'elle né peut en 7> irapoier aux médecins atrentifi. Cette maladie , quand j) elle commence à paroître , ne peut leur laiiîer craindre j> la vraie petite vérole, ou leur laider efpe'rcr , quand j» elle a paru , que le malade fera pour la fuite exempt 7> de la petite ve'role , s'il ne l'a déjà eue. •< VERRUE , f. f. C'eft une excroilfance charnue , privée de fentiment , qui croît fur différentes parties du corps : ces tumeurs croisent ordinairement aux mains & aux doigts , & fe multiplient , en s'entaffant les unes fur les autres. On peut fe fervir d'eau-forte pour la guérifon des verrues. On en verfe une goutte delfus , après l'avoir entourée de cire , pour défendre la chair vive contre la corrofion de cette liqueur ; on fe fert auffi d'un oignon rouge , qu'on partage en deux moitiés , dont on frotte bien les verrues : on peut le fervir d'une pomme de reinette , qui produit à peu près le même effet. Voici encore un remède qui ne manque prefcjue jamais. Prenez , La féconde Peau d'un Citron. Faites-la tremper , pendant vingt-quatre heures , dans du vinaigre diflillé , & appliquez-la fur les verrues. II ne faut laiffer agir ce remède que trois heures , & on le renouvelle tous les jours. Voyei Porreaux. VERS , f. m. pi. infeées rampants , diftingués par anneaux , parfemés de petits trous , qui n'ont ni os ni vertèbres. On diftingue quatre fortes de vers , les lombrils , les afcaridcs , les cucurhitains & le folitaire. On reconnoît la préfence èts vers aux rapports que l'on a d'un goiàt aigre-doux , à la pâleur du vifige, à la demangeaifon des narines , aux dégoûts , aux étouffejnents , aux défaillances , aux tremblements , à la fyncope &: aux convulf ons. Les vers que l'on appelle lomhrils ou ftrongles , fonC des vers ronds & longs , gros comme un tuyau de plume , long de demi-pied & plus : ils fe tiennent le plus fouvent dans les petits inteflins , quoiqu'ils ne laif  VER 517 fent pas de remonter dans reltomac , 8c de fortir par la bouche. Les enfants font particulicrcment fujets à cette efpece de vers ; ces vers fe manifertcnt par l'iiaieine tirant fur Paigre , par le de'goût , par un appe'tit vorace , par la l'alivation de la nuit , & la lëcherefTe de la bouche , pendant la journe'e , la demangeaifon au nez , les yeux e'rinceliants , les joues livides , par le grincement des dents , pendant le Ibmmeil ; ces vers caufent encore des vertiges , la perte de la vue , des convulfions , rcpilepfie. Quoique tous ces fignes re'unis forment une elpece de convidion , on ne peut cependant point affurer que les vers exiftent , à moins 3u'il n'en Ibrte quelques-uns par la bouche ou le fonement. Les afcarides font de petits vers ronds & courts ; ils s'attachent au fondement , & y caufent des demangeajfons très-importunes. Ils excitent aulfi le te'nefme , & quelquefois des douleurs très-vives dans le fondement : ils en fortent quelquefois, fans qu'on aille à la felk ; ils fe manifeftcnt rarement par des fymptomes aulfi grands que ceux qui accompagnent les vers pre'cedents. Les cucurbitains font des infcdes qui reflcmblent à de la graine de citrouille : ils accompagnent prefque toujours le ver foHtaire ; c'cfi: pourquoi plufieurs auteurs ont cru que ce n'e'toient que des portions qui fe de'tachoient du ver folitaire : ils excitent des demangeaifons au fondement , des coliques , des tranche'es : ils fe logent principalement dans les e'monéloires des glandes 3ui fe de'chargent dans les inteftins , caufent quelquefois es ulcères au foie , & fe placent allez Ibuvent dans la cavité de l'ulcère. Les fignes de leur exigence font fort équivoques ; aulfi font-ils très-difficiles à expulfer. La quatrième efpece de vers eft celle que l'on appelle folitaire , parce qu'on pre'tend que ce ver eft toujours feul. Voyei Solitaire (ver). Cure des Lomhricaux. Les vers lombricaux fe dctruifent de la manière fuivante : On commencera par faire prendre tous les jours une tifane compofée avec une once de racine de fouK k iij 5i8 VER gère , un gros d'écorce feche de citron , que l'on fait bouillir le'gc'rement dans une pinte d'eau ; on en donne deux verres , le matin à jeun , à deux heures de diftance Tun de l'autre , pendant quatre jours -, après quoi , on fera ulage des pilules fuivantcs : Prenez , D'Extrait de Rhubarbe , un gros. De Mercure doux , demi-gros. D'Aloès pulvérifé , vingt -quatre grains. Mêlez le tout avec fuffifante quantité' de poudre de racine de fougère ; faites des pilules du poids de quatre grains. La dofe eft d'une pilule pour un enfant de quatre ans , de deux pour un enfant de huit , & de quatre pour un adulte. On fera prendre , en même temps , le foir , la potion fui van te : TrentZy D'Eau de Pourpier, De Laitue , de chaque une once. De Thériaque , demi-gros. D'huile d' Amandes douces.^ De Sirop de Limon , de chaque une once, La dofe eft de la moitié' pour un enfant ; on continuera , tous les foirs , la même potion , pendant huit jours-, après quoi , fi l'on ne vient point à bout de chaffer les vers , on purgera le malade avec un gros de rhubarbe , infufé dans un demi-feptier d'eau , que l'on prendra en deux verres , le matin , à deux heures de diftance l'un de l'autre. Le mercure crud , bouilli dans de l'eau , peut être donné en boiflbn ; on en fait bouillir un gros dans une pinte d'eau , pendant un gros quart d'heure , & on en fait prendre deux ou trois verres , le matin à jeun , en faifant ufage en même temps du liniment fuivant : Prenez , Du Fiel de Taureau préparé , une demi-once, ■D'huile d'Abfintke , un gros. De Coloquinte pulvérifée , un demi-gros. Mêlez le tout enfemble , & faites-en un onguent ^ dont on étendra une partie fur de la peau , que l'onappliquera fur le nombril. Cure des Cucurhitains, tes vers cucurbitains réûftent ordinairement plus long  VER 519 temps à l'aclion des remèdes , d'autant plus qu'il n'eft pas aile' de s'ailurer de leur exiitence. Voici des pilules 510 V E H les yeux s'obfcurcifTent , comme s'ils étoient couvert»! de nuages : cette efpece de vertige eu ordinairement un avant-coureur de Tapoplexie & de repilepfie. Le vertige eft quelquefois pr(fce'dc'* d'une douleur ou pefanteur à la ttte , & il eft fuivi fouvent de tintement d'orciiJe & de vomillement ^ tous les objets fem-. bîent tourner autour du malade , & la vue eft e'blouie. Lacaufe immédiate de cette maladie eft l'irritation on la compreifion des nerfs du cerveau ; les caufes e'ioignées font un air lourd & e'pais , des aliments groirier; & gluants , le grand ufage du vin & des liqueurs fpiri-c tueufes , le repos , l'oifiveté , le fommeil & les veilles force'cs , les pafTions vives & impe'tucufes de l'ame , l'afped!]: d'un précipice & du cours rapide de Peau , J'odeur du charbon , les chiites , les coups , les évacuations fupprimées , comme les règles- & les hémorrhoïV des , la chaleur du fang trop confidérable ; les gens de lettres , ceux qui mènent une vie iédentaire , qui ont le ventre parefteux, l'eftomac foible , les hypocondriaques, les femmes fujettes aux vapeurs , les buveurs , les grands mangeurs , les libertins y font plus expofés que les autres. Quand le vertige eft fimple , & qu'il reconnoîc pour caufe un travail ou un exercice forcé , il fuffit de prendre des lavements , de fe tenir à la diète , de prendre quelques gorgées d'eau chaude dans la journée ; & de le tenir en repos , en prenant modérément d'exercice & beaucoup de diïïipation. Çuand le vertige eft habituel , & qu'il eft poufTé à un degré violent , il faut avoir recours aux faignées faites au pied , que l'on répétera même plufieurs fois , à moins que l'âge & le tempérament du malade ne paroifTent s'y oppefer : après quoi , on aura recours au petit-lait pris à la dofe d'une pinte , tous les jours , oa à l'infufion de fleurs de muguet & de tilleul , dont on boira également une pinte par jour. On purgera immédiatement le malade avec notre tifane royale -, après quoi , on le mettra à l'usage des eaux de \Vals , de Seltz , de Ba'aruc ou de Plombier res , à fon choix. On fera mettre au malade les pieds dans l'eau chaude , tous les jours j on lui continuera les lavements , VIE çat 3cux fois par Jour ; & on lui fera faire des friélions tout le long de Te'pine ik. des jambes. Dans Taccèi du vertige , on fera refpircr au malade du vinaigre , la vapeur des plumes brûle'es , les cfprits volatils de fel ammoniac , & l'eau de Luce. 11 faut faire attention , dans le traitement du vertige , à la caufe qui l'a produit ; s'il vient à la fuite d'un long & pe'nible travail , ou de quelqu'e'puifement , ou immédiatement après les repas , il ne faut avoir recours ni aux faigne'es, ni aux purgatifs, mais fc contenter de faire refpirer au malade du vinaigre , le tenir à la diète , & le faire vomir, s'il al'eftomac plein , & que l'accès foit violent, VICK DE i.A Lymphe. Voyej Lymphe. VIEILLARDS ( maladies lies). Les maladies des vieillards font un contrafîe naturel avec celles des enfants: il fcmbleroit que plus on feroit avance en âge , plus on devroit erre expofé aux maladies : c'eft pourtant Je contraire ; car on obferve qu'on eft beaucoup moins maladif dans cet âge , que dans les autres. On doit d'abord, dans le traitement de? maladies des vieillards , faire attention de s'inftruire fi le malade a e'té fujet à cjuelqu'indifpofition habituelle , foit qu'elle ait pris naiilance chez lui , foit qu'il en ait he'rite' de fa famille ; quelquefois il aura e'té attaqué ce la goutte ou d'éréfipele , de tlux hémorrho'idal , ou de levain phthifique ; car il n'efl: pas douteux que les gens âgés payent tôt ou tard les fautes de leur jeuncile. On examinera cnfuite fi les maladies des vieillards ne font pas périodiques ; car on pourroit voir alors à mêler le quinquina avec les autres remèdes. Les femmes âgées méritent aulfi quelques confldérafions particulières , parce qu'il ell toujours à craindre qu'il n'y ait quelques accidents de vapeurs qui fe mêlent fi la maladie primitive. Les maladies des vieillards partent toutes de la fécherefTe de leur fang , de l'âcreté de leurs humeurs ou de la roidcur de leurs fibres ; c'eft pourquoi le pouls àes vieillards eft ordinairement dur & ferré ; & ils font fujets à des demangeaifons , a. des dartres & à des cuiftbns infupportables , parce que la tranfpiration étant fujette à fe fupprin^er par la fécherefle de la peau , les humeurs 511 V I E deviennent acres & mordicantes , & la peau eft dans un picotement continuel. Ces mtmes humeurs attaquent aulîi la velfie & les parties qui y ont rapport , comme les reins & les urètres ; delà vient que les vieilla'rds font (i fujets aux affedions pierreufes , graveleufes ou néphrétiques , comme aux dyfuries , aux ftranguries , aux ifchuries 8c aux fuppreirions d'urine. Les vieillards font encore expole's aux fluxions ; la tranfpiration étant fupprimée , il fe fait un amas d'humeurs confidérables , qui fe font jour enfuite par les yeux , la bouche , les narines; c'eft pour cela qu'ils mouchent, touffent , urinent & crachent continuellement. Les vieillards font également expofés aux defféchements ; les fibres ayant acquis une roideur confidérable, ne peuvent plus fe prêter aux mouvements de la circulanon ; elles s'obftruent & fe deiïechent , de façon que tout le corps devient infenfiblement d'une maigreur épouvantable : c'eft ce qu'on appelle la phthifie & la confomption des vieillards qui périffent enfin , parce que les fucs ne peuvent plus circuler ; c'eft ce qui rend la mort inévitable , & les remèdes tout-à-fait inutiles. II furvient auffi très-fouvent , dans un âge avancé, différents accès de fièvre intermittente , parce que l'âcreté du fang , jointe aux embarras que forme la lymphe aux différents couloirs du corps , excite une fermentation dans le fang , qui occafionne la fièvre. Les vieillards ne font pas fujets feulement aux fluxions; ils font encore expofés aux enflures des jambes & des cuilTes , aux œdèmes & aux hydfopifies , parce que l'humeur de la tranfpiration s'accumulant tous les jours , & la lymphe augmentant de volume , il faut nécelTairement qu'elles s'épanchent dans quelques parties du corps. L'âcrcté qui domine dans le fang des vieillards les cxpofe aulfi au fcorbut & aux afFeaions fcorbutiques , aux ulcères , fur-tout aux jambes , & à des boutons , des échauboulures fur tout le corps , mais particulièrement au vifage. Toutes ces maladies auxquelles les vieillards font expofés , fe guériffent par les remèdes que nous avons indiqués dans chacune de ces tnaladies j il faut feule  VIE 5aj ment faire attention de prefcrire beaucoup moins de remèdes aux vieillards , & fur-tout de ceux qui font d'une nature échauffante , à caufe de l'âcrete' de leur fang j ainfi on aura attention d'adoucir les dofes des remèdes , de faire ufage fouvent de lavements , des boiffons adôucillantes , comme le petit Jait , la tifane de graine de lin , quelquefois même des bains, pourvu qu'il n'y ait ni enflure , ni hydropifie ; on prendra, en même temps , dans cet âge, tous les jours, avant fes repas, douze grains d'yeux d'écrevtli'es en poudre ; & on aura foin d'entretenir l'écoulement des urines par la tifanp fuivante : Prenez , Des Racines de Chiendent , une once. De Patience fauv âge , demi-once» Des Feuilles de Bourrache , De Buglofe , de chaque une poignée. De Sel de Nitre , quinze grains. Faites bouillir le tout dans cinq demi-feptiers , pour réduire à pinte , pour en faire prendre trois verres le matin , à deux heures de diftance l'un de l'autre. Cette tifane fait couler les urines ^ & c'efc une ûqs attentions qu'on ne doit jamais perdre de vue dans les maladies des vieillards , parce que le flux des urines fupplée à merveille à la fupprelfion de la tranfpiration. Un autre remède qui efi: encore très-avantageux pour les vieillards , c'elt le cautère ou le féton ; un emplâtre véficatoire , par exemple , placé à la nuque , détourne les férofirés des yeux , du nez , de la bouche , & remédie à un grand nombre d'accidents. On peut auffi engager les vieill.irds à m.âcher du tabac ; ce remède, continué pendant quelque temps, excite une efpece de falivation , & tire une quantité prodigieufe d'humeurs acres, qui , fans cela , feroient retenues dans le fang, & y occafionneroient un très-grand défordre. La diète eft la principale chofe que les vieillards doivent obferver : ils doivent refpirer un air pur & ferein , & éviter les 'aliments acres & échauffants, ne prendre qu'une nourriture douce & humeflante ; les liqueurs fpiritueufes leur font extrêmement contraires ; ils peuvent faire ufage du vin , mais jamais pur , quoique le vulgaire penfe que le vin eft le lait des vieillards. Ils Vh V o m doivent faire le plus d'exercice qu'ils peuvent , dormir peu , parce que la tranfpiration fe fupprime , quand le fomracil eft trop long ; fe frotter la peau , tous les matins & les foirs , avec une flanelle , pour ouvrir les pores , & excicer la tranfpiration , pourvu cependant que cette friction foit douce , & n'aille pas jufqu'à la fueur ; il faut également que les vieillards prennent beaucoup de difjipation , cherchent la gaieté , & qu'ils évitent les méditations & le chagrin. Quoiqu'en général ils aient rarement foif , il faut cependant qu'ils boivent beaucoup pour éviter la féchereffe , & corriger l'acre té de leur fang : ils pourront , par exemple , faire ufage de la tifane que nous avons décrite ci-deiïus, qu'ils continueront , pendant quinze jours , qu'ils fufpendront enfuite, pendant un pareil temps, & qu'ils recommenceront au bout de quinze autres jours. On doit éviter de purger les vieillards, le plus qu'on peut , parce que les purgations ne fervent qu'à échauffer leur tempérament , & à delfécher davantage leur fang; il vaut mieux avoir recours aux lavements , & à la tifane ci-defFuj. Les faignées ne font pas moins contraires aux vieillards , que les purgations , parce qu'elles détruifent leurs forces , & ne font qu'augmenter leurs incommodités, Voyci l'Tntroduâion au Dictionnaire de Santé. VIRUS , f. m. venin , qualité maligne & pernicieufe , ennemie de la nature ; tel eft le virus de la grolTe Se de la petite vérole , du fcorbut , &c. ULCERE , f. m. folution de continuité dans quelques parties que ce foit du corps humain , avec érofioii de fubftance & écoulement de pus. On diflingue deux fortes d'ulcères ; les uns qu'on appelle bénins , les autres malins : on les difîingue encore en ce que les uns font la fuite de l'inflammation , du bubon ou du fquirrhe , & que les autres font le produit des plaies , de la contufîon , de la brûlure, des cauftiques 6c de la gangrené. Voye^ le Dictionnaire de Chirurgie. VOLVULUS , f. m. palfion iliaque. Voye^ Iliaque. VOMIQUE , f. f. Ce terme lignifie proprement un abcès enkyfté dans le poumon , un amas de pus enve» loppé dans la fubftance du poumon. YOM 51$ ta vomîque furvîent ordinairement après rinflammation de poitrine ; on en voit une preuve dans les fluxions de poitrine & dans la pleurclie. C'cft une des maladies dont les fignes l'oRt les plus obfcurs ; cependant , quand, après une inflammation de poitrine, la fièvre ert tombe'e , que l'inflammation eft calmée , que les accidents ont diiparu , &: que le malade cependant fent une opprelFion , une difficulté de refpirer, des douleurs vagues à la poitrine , qu'il furvient des friilbns , lur-rout la nuit, des m.ouvements de fièvre, que le malade maigrit , que l'appétit & les forces ne reviennent point , il y a tout lieu de foupçonner quelques dépôts de cette nature ; au relie , on ne peut être pleinement convaincu de l'exiftence de la vomique , que par la fortie du pus, quand l'abcès s'ouvre; ce qu'on conçoit aifcment par l'abondance de cette matière qu'on rejette, par la toux; les crachats qui fiiivent de près la rupture du kyfte font purulents , blancs , jaunâtres , fanieux : quelquefois cette rupture d'abcès arrive fubitement ; &, au lieu de fe faire jour au dehors, elle fe répand fur le poumon ; ce qui fait pour lors une maladie très-grave. Ces fortes d'abcès font prefque toujours occafionnés par une inflammation particulière h la poitrine : la péripneumonie , les fluxions catarrhales habituelles , & les autres maladies de la poitrine ; les pertes fupprimées , les éruptions rentrées , les fuppurations arrêtées , les contufions , les fièvres putrides & malignes , la dif^ pofition inflammatoire du fang , en général , donnent lieu à ces fortes de dépôts. Quand la vomique n'eft point encore ouverte , & qu'on peut préfumer qu'elle exifte par la réunion àes lignes qui la précèdent , on peut faire faire au malade une faignée au bras , lui faire prendre des lavements, lui faire faire de l'exercice à cheval ou en voiture , s'il peut le fupporter , afin de faire rompre le kyfle , & de iflire forrir le pus. Quand l'abcès eft ouvert , on doit faire prendre au malade une décoclion de miel & de véronique pour boifTon ; les pilules de Morton , à la dofe ^e fept ou huit grains ; la térébenthine , à la dofe de quatre ou cinq gouttes dans de la poudre de réglilTe : on peut faire 5lé V O M ufage du lait coupé , de la crème d'orge & de rîz^ de l'eau de Bareges , de Cauteretz , de lionne ; il faut fuivre d'ailleurs le traitement de la plithilie. Voye^ Phthisie pulmonaire. VOMISSEMENT , f. m.^ réjeftion violente par la bouche de matières contenues dans l'eftomac , & même dans les boyaux. On diftingue deux fortes de vomiflements ; le vomiffement naturel , & le vomidèment contre nature ; le premier eft celui dans lequel Teftomac rejette les aliments, la bile , des glaires , des fcrofite's ou du fang ; l'autre eft celui qui eft excité par quelques caufes étrangères , comme les vomitifs , les purgatifs ou les poifons. La caufe du vomilTement eft l'irritation que foufFrent les nerfs de l'eftomac , qui font provoqués à rejetter les aliments par la bouche ; les caufes éloignées font les glaires répandues dans l'eftomac , les aliments de difficile cigeftion , ceux que l'on prend à contre-cœur , la préfence des vers, d'une bile acre, de quelques pierres dans la veffie ou dans la véficule du fiel , du pus , du fang épanchés dans l'eftomac , la colère , la fenfibilité & l'irritabilité des nerfs. Les perfonnes fujettes aux vomiffements, font celles qui font d'un tempérament pituiteux ou bilieux , qui font fiajettes aux vapeurs hypocondriaques , hyftériques , ou qui ont l'eftomac rempli de vents ; les femmes grolTes font auffi fort fujettes aux vomiffements. On reconnoît les fignes qui précèdent ou accompagnent le vomiffcment , à àzs efforts de l'eftomac & à àes naufées ; à une cardialgie & des relferrements confidérables autour du cœur , des friffonnemen ts continuels ; à une laffitude répandue par tout le corps , à une affluence de falive dans la bouche , à unt pefanteur à la tête, &à des vertige^;. Quand le vomiffement eft occafionné par quelques vomitifs, purgatifs ou poifons, il furvient àzs douleurs plus ou moins vives , qui font entrecoupées par des défaillances continuelles. Toutes les fois que le vomiffement fe déclare , il faut tâcher de remonter à la caufe qui le produit , pour placer les remèdes convenables. Quand le vomiffcment eft occafionné par des glai  V O M 517 tes , de la bile ou quelques fe'rofités acres , on le reconnoît par Texamen du tempérament , qui eft ou pituiteux ou bilieux , qui rend ou beaucoup de glaires , ou beaucoup de bile ; par une langue plus ou moins chargée , & par une bouche amere ou par des glaires abondantes qui en fortent ; par le mal que produifent les aliments glaireux dans les uns , & les aliments échauffants ou bilieux dans les autres. Il faudra, en ce cas, dans le temps du vomiJfTeraent, faire boire beaucoup d'eau chaude , pour favorifer les mouvements de l'cftomac , & faire prendre enfuite le remède fuivant : Prenez , De Sel d' Ahfintke , vingt-quatre grains. De Suc de Limon , demi-once. Mêlez le tout enfemble pour une prife. Le remède fuivant n'eft pas moins efficace. Prenez, D'Eau de Menthe , cinq onces. De S el d' Ahfmthe , un gros. De Sirop de Limon , une once. Mêlez le tout enfemble, & faites-en une potion , pour donner en deux fois , à quatre heures d'intervalle. Ceux qui ne pourront point faire ufage de cette, potion auront recours aux bols fuivants : Prenez , D'Yeux d'EcreviJfcs en poudre^ dou\e grains. De Sel d' Ahfinthe , quinze grains. Mêlez le tout avec un-e fuffifante quantité de lirop de coings , pour en faire un bol , à prendre en une dofc. On peut mettre fous la foffette de l'eitomac un emplâtre de thériaque , ou le fuivant : Prenez, De Gomme Tacamahaca ^ De Styrax bien choifi , de chaque deux onces. Du Succin , Des Clous de Girofle , Du Maflic , De l'Aloès , De la Myrrhe pulvérifée , de chaque trois gros. De Camphre , un gros. De The'riaqne , une quantité fuffifante. Mêlez le tout enfemble exadement , pour en faire un onguent que vous étendrez fur une peau , & que vous 5a8 V O M appliquerez fur l'cftomac , ayant foin de le renouvellef tous les jour=;. Si l'on apperçoit , après l'ufage de ces remèdes , que les vomii'emcnr.s l'ubrillent. toujours, & qu'on ait lieu de croire qu'il y a dans l'eltomac des maladies glaireufcs ou bilicufes , il faut avoir recours à l'c'me'fique en lavage, pour vuider l'eliomac* Voye^ Emhtique. Les femmes groîles font quelquefois fujettes à cette efpece de vomiiTement , fur-tout dans le commencement de leur groTcffe , par rapport à la ple'nitude des! vaiiïeaux , & au dégorgement plus grand qui fe frtic de glaires & de hUe dan? l'eftomac , ôc par rapport à la trop grande quantité d'aliments dont elles fe nourriffent; il faut , en ce cas , avoir recours à la iaignée , à la diète , Se purger doucement avec deux onces de manne , un gros de fel de Glaubcr , & une once de lirop de pom* mes; on pourra enfuice leur faire prendre, tous les jours , avant dîner , un gros ou deux de poivre entier , ou quatre grains de mufc en poudre , ou la potion fuivante : Prenez , Du Vin d'Efpagne , & de l'eau de Cannelle jlmrle , de chaque quatre onces, JDe Théricque , deux gros» Des Eaux de Menthe , D'Ahfinthe, Du Sirop de Coings , de àhaque trois onces, La dofe eft de fix cuillerées à bouche , une heure avant le repas. Quand le vomifrement reconnoît pour caufe un tem-i pérament vaporeux & nerveux , on y remédie avec les remèdes indiqués à l'article Vapeur. Si le vomi'fement eft excité par un émétique , par quelques purganfs ou par quelques poifons , on fuit le traitement indiqué dans ces différents articles. Voye:^ Émétique , Purgatif & Poison. Le vomiîîcn.ént , qui provient de quelqu'es vers qui fe trouvent dans l'eftomac , fe guérit par l'ufage de l'émétique , & par les remèdes appropriés aux vers, Fbyf{ Vers. Quand les vomifTements fe déclarent au commencement des maladies aiguës , comme dans la fièvre maligne on V tJ T 519 Çu dans la fièvre putride , il faut en fiyonTcr l'expnirion, après une ou deux faignées , par l'ufage de l'éme'cique. royej FlEVKE MALIGNE, FiF.VRF. PUiRlDE. Les vomiilements' qui le déclarent après avoir mangé , & dans lel'quels on rejette des matières crues & indigeftes, font les fuites de rindigcftion : il fufîit, dan* ce cas , de faire prendre au malade beaucoup d'eau chaude , des lavements ; tz , quand l'eftomac eft bien vuide i 6c qu'il eft tranquille , on peut prefcrire la potion fui van te : Prenez, D'Eau de Menthe , deux onces. D'Elixir de propriété , quinze gouttes. De Sirop Diacode , De Limon , de chaque demi-once. Mêlez le tout pour une dofe à prendre deux heures après que l'eftomac eft tranquille ; au refte , il faut fuivre le traitement indiqué à l'article Indigestion. Quand le vomifiement eft accompagné de fang qu'on rend par la bouche , il entre dans la clafte des hémorrhagies. Voye^ HÉmorkhagie. Il en eft de même du vomiftement de matières noires. Voye^ Maladie noire. A l'égard du vomidemeiu du pus, voye7 Ulcere* VOMITIF , f. m. rcT.cde qui excite le vomiilement. Voye-{ EmÉtique. URINE sanglante. Voye^ Pis sèment de Sang. VUE F01BLE. Voye-^ A?^blyopie , Yeux. VUIDANGES, C fi pi. évacuation de fang qui fort par la matrice , après les couches. Voye[ Femmes en couche,■;S*5rj^^^ Y E U "YrEUX (^maladies des). Les veux font fujets â A. bien des maladies , r.infi que toutes les autres parties du corps. Nous ne d(mnerons point un détail aufti circonftancié , cc auln ample qu'il le fiudroit , de tous les maux qui affligent cette partie : nous nous contenterons feulement d'indiquer les remèdes les plus sûrs pour les maladies des yeux les plus communes. D, de Santé, T, IL L l 53Ô V È U De V Inflammation des YeuXi Les yeux font expofés le plus fouvent à s'enflanv mer. Nous en avons traite' à l'article Ophthalmie : nous avertiflons feulement d'e'viter tous les collyres trop fpiritueux , l'eau-de-vie , l'efprit-de-vin ; ces remèdes incendiaires nuifcnt beaucoup à l'œil : on peuc prendre de l'eau toute fimple , dans laquelle on fit diiîoudre un peu de trochifque blanc de Rhafis ; le collyre fuivant efi auffi très-avantageux en ce cas. Prenez , Des Eaux de Rofes , De Plantain , de chaque une once. De Sel de Nitre purifié', un gros. Faites-le diflbudre dans ces deux eaux ; trempez-y des comprefles de linge blanc , plie'es en quatre , & appliquez-les fur les yeux , ayant foin de les renou-" veller de temps en temps. Mais ces remèdes ne réufTifTent jamais heureufement, à moins qu'on n'ait calme' l'inflammation : le lait des femmes que l'on injecte dans les yeux eft très-efficace dans co cas; le fang d'un pigeon que l'on a égorgé, dont on fait couler quelques gouttes dans l'œil , produit aulïi ua très-bon effet, yoyei Ophthai-mie. Foihlejfe de la Vue, La vue eft fujette à s'affoiblir par l'âge , la fatigue, ou les maladies. Voici différents remèdes qui y conviennent : on peut faire prendre à l'intérieur une infufion de fraifes en guife de thé , & étuver les yeux , foir & matin , avec le vin d'aunée , ou bien avec l'eau diftillée d'ormin. Voyei Amblyopie. Taies aux Yeux. Les remèdes fuivants font très-propres pour ronger \ts excroiilances qui fe forment fur la cornée. Prenez, Un (Euf frais. Faites-le cuire & durcir fur la cendre chaude ; caffez-» le en deux moitiés : ôtez-en le jaune , & mettez à la place , gros comme un pois de couperofe blanche , & trois fois autant de fucre candi en poudre : ôtez la coque de l'œuf; vous jetterez fur l'œuf quatre cuillerées Y È U 53» c'eau rofc ; renfermez le tout dans un lîngs quî vous nouerez Se fulpcndrez, & vous recevrez dans un verre la liqueur qui en coulera ; vous exprimerez le linge ; vous vous lervirez de cette eau , pour en mettre trois ou quatre gouttes tous les matins l'ur la taie. On peut auHl appliquer quelques gouttes de fuc de l^enouiljde fuc de rhue j ou de fuc de grande chélidoine» Nuages fut- les Yeux , ou Vue trouble. Quand la vue eft obfcurcie , & que l'on apperçoit «jueJques nuages , on peut faire Ufage de la poudr»^ Suivante : Prenez, De V Euphralfe féchée ,vTie once. De la Semence de Fenouil y deux gros. De Macis , De la Noix mufccde , de chaque un gros. Du Sucre candi , une once. Mêlez le tout enfemble pour quatre dofes, dont il faut prendre une , loir Se matin , dans un petit verre de viri blanc. Catarc3e, Il arrive tous les jours qu'il fe forme des cataraftes dans l'œil ; quand elles font anciennes , il faut avoir recours à l'opc'ration ; quand elles font nouvelles , oii peut fe fervir du remède fuivant : Prenez , D^Aloès en poudre , demi-gros. De Crocus metallorum en poudre fine , un grùà & demi. De Sucre candi blanc j un gros. De Tuthie préparée f quatre fcrupttîesm Mêlez le tout avec Quatre onces de Vin blanc. Autant d'Eau de Fenouil. Huit onces d'Eau de Chélidoine, Laiflez mace'rer pendant vingt-quatre heures fur dès cendres chaudes. Lorfquc vous vous en fervirez , vous remuerez bien la bouteille. On en laifTe tomber trois oa quatre gouttes dans l'œil , trois ou quatre fois le jour. Un purgatif fort , ou un émëtique puiflant , a fou-^ vent enlevé des cataractes commençantes : on fent bien Ll ij ^31 Y E U ue ces remèdes ne doivent être admînUlrc's que pif es me'dcvins prudents, & à des fujets robuftes. Ulcère à la Cornée, On peut fe fervir , dans cette maladie , du collyre fui van t : Prenez , Du Miel commun , Du Jus d'Oignon , de chacun partie égale, Mélez-les enfemble , & faites-en couler quelques gouttes dans l'œil , deux ou trois fois par jour ; & trempez dedans une compreflë , pour appliquer dellus : vous la renouvellerez deux ou trois fois dans les vingtquatre heures. Ulcère des Paupières avec chajjie. Voici un collyre qui convient dans cette maladie. Prenez, D'Eau d'Euphraife , De Fenouil , de chaque une once. De Tuthie préparée , dix-huit grains. Du Vitriol blanc , quatre grains. Mêlez le tout pour un collyre dont on lalflera tomber quelques gouttes dans l'œil , trois ou quatre fois par jour. Voilà en peu de mots toutes les maladies qui concernent les yeux. Les autres , comme la goutte-fereine , la cécité , font incurables , & n'exigent aucune efpece de remède -, il eft même dangereux d'en faire , parce qu'on peut irriter ces maux , & attirer des accidents plus grands fur la partie. Nous ne faurions trop recommander , à ce fujet , d'être attentif à n'employer pour les yeux aucun remède acre , fpiritucux ou cauftiquc , parce qu'il n'y a point de parties plus délicates que les yeux , qui demandent plus de ménagement, & dont la confervatioa foit plus utile à la vie. F I N, <33 f A BsrNTHE TABLE ALPHABÉTI(IUE Dts médicaments , tant (impies que compofés, quientrent dans les Formules de cet Ouvrage \ avec le Tarif du prix des Drogues fimples , étrangères , & des Médicaments compofés. On y a joint leurs Vertus principales , 6' les Dofes auxquelles on peut les ordonner, A grains , jufqu'à deux gros par jour. Prix 4 f. la demi-once. Amandes douces. Son huile peut le donner depuis une once, jufqu'à une demi-livre par jour , & même plus , félon le but qu'on le propofe. Ancolie , plante des jardins, vulnéraire & apéritive. An [S , plante carminarive. Oa en emploie la graine avec fuccès , dans les préparations oU entre le féné ; elle en corrige l'acrimonie, & empêche qu'il ne donne des tranchées. Antimoine crud , fubftance minérale difpofée en longues aiguilles argentées. L'antimoine crud eft recommandé dans les tifanes fudorifiquss , à la dofe d'une once , pouc deux pintes : c'eft un remède d'une vertu très-médiocre , ou plutôt qui. n'en a pas. Prix 4 f. la livre. l'Antimoine diaphorétique ou fa chaux s'emploie aiîez fouvent, depuis un fcrupule , jufqu'à un gros par jour. Prix 4 I. la livre. Arcanum-duplicatum , ou SeldeDuobus , fel neutre Ll iij plante ftomachique , vermifuge , & emménagogue. La manière la plus commune de l'employer eft en infulion dans du vin blanc. ÏEth lOPS minéral , préparation merciirielle qui fe donne toujours en bols , & jamais autrement , depuis douze grains , jufqu'à un demi- gros par jour. L'îBthiops fe vend 3 f. 6 d. la demi-once. AlGRE.MOiNE , plante vulnéraire, déterfive. Alkekenge. Ses bayes oa fon fruit font très-utiles dans la gravelle ; on en prend l'infufionen forme de thé. Aloès , fuc épaiffi d'une plante qui porte le même nom. C'eft un purgatif chaud : il eft ftomachique & emménagogue. Il le donne depuis quatre grains , jufqu'à douze. L'aloès hépatiqne le plus commun fe vend 3 f. l'once ; l'aloès focotrin , celui qui mérite la préférence , 4 f. l'once. Alun purifié ; fe donne dans les pertes & dans les hémorrhagies violences , depuis huit m TAS purgatif, qui fe donne depuis un tcrupulc , jufqu'à une dtmionce. Prix 1 1. la livre. Armoise , plante anti-hyftcrique & emniénagogue. Ap RÉTE-B(£ur , plante apéritive. ., Asperge , plante apéritive. AssA-F(fcTiDA , gomme léfine , jaunâtre , d'une odeur infupportable. C'eit un anti-hyftérique très-puidant, appliqué même extérieurement : on la donne dans des potions, depuis douze grains , juiqu'à vingt-quatre ; &' en bols , depuis fix grains jufqu'à un Htupule par jour. Prix 5 f. l'once. '^UNiE , ou Enula-Campana , plante diurétique chaudç. On emploie fa racine en infufion , depuis un fcrupulc jufqu'à 2 gros , pour une pinie d'eau. Avoine, excellent réfohuif , appliqué après avoir été fricauée dans le vinaigre : elle s'emploie dans les tifanes. B BARDANE (gr^K^e). Sa racine s'emploie dans les lifanes anti-fcorbuiiqiies , dans les décodions pour les jnaladies de la peau , à la oofe d'une once , pour une pinte d'eau. Baume à'Arcœus , baume factice , anti-feptique , dont on ne fait ufage que pour les plaies extérieures. Prix 6 f. l'once. Baume de fouffre-térébemhiné, baume qu'on préparechez les Apothicaires. Il s'emploie intéiieurement pour les ulcères du poumon : il fe donne depuis 6 gouttes , jufqu'à 20. Prix 2 1. la demi-iivre. Baume tranquille , baume préparé dans les pharmacies : il s'emploie extérieurement dans les douleurs vives de rhum.a tifme. Prix i f. le gros. Beccabunga , piante antifporbutique , qu'on nç doit r 2 pas faire bouillir , quand on ei| fait ufage. Bec de grue , oa herbe- à-Ro« bert, plante vulnéraire , réfoIjtive , fort ellimée. Betoî?s'S , plante féphalique, C'fll un vulnéraire icfolutif :. ou en prend les infufions , on bien en poudre par le nez. Beurre. Blanc de Baleine, fubflance gralffeufe , qu'on dit être let cerveau de la baleine: on l'emploie dan-s les loochs , depuis mi gios jufqu'à une demionce. Prix 3 I. la livre. Bor, d'Arménie , terre abforbante cc afirinj^ente: on J'emploie iiuérieurement , depuis 12 grains , jufqu'à 2 fcrupules. Prix I 1. 10 f. la livre. Bouillon blanc, plante des. champs : les Heurs font pec-» torales , fe prennent en infuficn ; les feuilies entrent dans k-s lavements émollients. Bouis 02:^ Buis. On peut fubftilutr au gayac le buis : on le feia entrer dans les tifanes fudorifiques. Bourrache , plante qui contient un nître enveloppé d'une forte de mucilage , excellent & doux réfolutif. Bryone ,oaCouleuvrée,pIan« te : fa racine feule eft en ufage, C'eft un purgatif violent : oiî l'emploie infufée dans du via blanc. Un gros faffit pour un demi-feptier de vin blanc : oii peut l'tmployer en poudre , depuis douze grains jufqu'à un Icrupule. BuGLossE. V. Bourrache. C Camomille Romaine. Ses boutons infufés comme du thé , font un retnede carminatif & anodin. Camphre, fubftancevégétale, d'une odeur pénétrante , &* huile eflèntidle, & figée ^ da D "E s MÉDICAME'NTS. fiuHer de Ceyian, félon quelques auteurs. Elle ell rél'olutive,anti-feptique & calmante: on s'en fert extérieurement ii intérieurement ; elle peut fe donner à l'intérieur , depuis dix grains , jufqu'à un gros dansla journée. Prixôr.l'once. Cannelle , écorce d'une odeur agréable , d'un goûi acre & piquant ; elle efl ftomachique; elle le donne depuis fix crains , iufqu'à un fcrupule. Prix lo f. la livre. Canth ARIDES, mouches oblonguts , d'une couleur azurée , d'une odeur fort puante. On les trouve en éié fur les feuilles du peuplier & du fiêne. On les réduit en poudre pour les appliquer extérieurement , unies avec un peu de levain ; elles font cathérétiques. Un gros de poudre doit fuffire pour un emplâtre qu'on veut appliquer aux mollets. Prix I f. le gros. CAPILLAIRE , plante pedorale. Carotte , plante apéritive : la racine feule eft en ufage. Casse , fruit d'un arbre qui croît aux Indes ; c'eit une filique ligneufe , longue & cylindrique , occupée par une pulpe noire , & des amandes blanches , diftribuées dans des cellules diftindles. La moelle s'ordonne dans les médecines , depuis deux gros , jufqu'à une once Sf demie. C'eft le purgatif le plus doux que nous ayons. On l'ordonne ,^ans les lavements, depuis un quarteron en bâton , qu'on fend félon leur longueur , jufqu'à une demi-livre. Prix 4 fols l'once. Ce prix varie en temps de guerre : la cafle augmente beaucoup , fur- tout quand le commerce du Levant eft intercepté. n% Casse -CUITE. C'eft la cane cuiie & réduite à une certaine conliiiance , avec le lirop de violette;el!eIàche doucement, leventre, prife a ladofe d'une once , ou de deux onces. Prix S f. l'once. C a s 1" o R E u M ; fubftance dure , caflante , brune, 8r d'une odeur pénétrante , qu'on trouve dans les teiliculesducaftor.Onl'emploie comme un anti-hyftévique puiiïant , en bols , ou dans des potions , depuis fix grains, jufqu'à douze grains ; fa teinture , depuis dix gouttes , jufqu'à un fcrupule. Prix 10 f. l'once. CATHOLICON-DOUBLE,éIeCtuaire purgatif, altringent , qu'on emploie dans les dévoiements , depuis un gros , jufqu'à une once dans une médecine. Prix 4 f. la livre. Ce RAT de Galien. Prix 1 fols l'once. Cerat Diapalme. P. ^ fols l'on. Cerfeuil , plante apéritive : on en ordonne les fucs , avec fuccès, dans l'hydropifie. Ceruse, plomb à demi-difTous par la vapeur du vinaigre , & réduit en une matière fore blanche , pelante & friable. Oa l'emploie pour les emplâtres qu'on veut rendre refolutifs & defficatifs. Prix 4 f, la demi-livre Chardon-Roland. L'érorce delà racine , infuféedans le vin blanc, eft excellente pour faire ibrtir les pierres de la vefïïe & des reins. Un gros fuf-. fit pour un demi-feptier de via b'anc. Chardon à Foulon. Chelidoine {grande) , ou Eclaire. Le fuc de ces feuilles eft rongeant; fa racine s'emploie dans les vieilles jaunifles, & dans les obftruûions du foie. On la donne dans des bouil'» Liv S3« T A :b , Ions , â la do& de deux gros. Chicorée fauvage , blanche ; plantes flomachiques , & propres à cniiTier & à mettre la bHe en ir.Guvement. CKiENOENT. Chou rouge. Cinabre artificiel : matière dure , ccn:paâe , brillante , criftalline , rrès-rouge , compoféedefoiiûe&devif-arj^ent exadcment unis intérieurement, £c fublimés par l'acHoii du fcu. On le donne intérieurement, depuis deux grains, julqu'à un Icrupiile ; on le fait entrer dans différentes pommades , pour les nialadits de la peau. Prix 7 f l'once. Cl îiEjaune,o« vierge, blanche. Citron. Cochenille, efpece de punaife féchée, renfermant une poudre rouge j elle vient de l'Amérique. On l'emploic comme un cordial dans les potio„s , depuis li>: grains , lufqu'à un icrupule, COCHLEARIA , OU Herbe aux cuillers , plante anti-fcorbutiqi;e. Voye\ , à ce fujet , Beccabunga. Colophane. C'eft la térébenthine cuite. C'eft un defficaiif, qu'on n'emploie guère qu'à l'extérieur. Coloquinte , fruit gros comme une orange médiocre , prefque rond , naturellement aTez fec &c léger , couvert d'une écorce dure , unie , &c. C'eft un purgatif violent , qu'on ne donne jamais feul , à moins que ce ne foit en lavement. On en prefcrit alors l'extrait, depuis un icrupule , jufqu'à un gros & demi. Prix ^ luis l'ence. C.O N C o ivi B R E fa uva ge , purgatif violent. Foye:^ Bryone. Confection tianjec , élec-, t S tuaire purgatif. II entre dans les médecines qu'on ordonne pour les maladies de la peau , depuis un gros , un demigros , jufqu'à deux gros. Prix ^I. la livre. Confection Alkermès,électuaire cordial , on le donne y lok dans des potions , foit ea bol , depuis un icrupule, jufqu'à un gros. Prix 5 I. la livre. Confection d'Hyacinthe , éleduaire abforbant & cordial. Il ie prescrit , foit dans des potions , toit en bol , depuis ua fcrupule , julqu'à deux gros& demi par jour. Prix 5 I. la liv. Conserve de Cinorrhodon , s'ordonne en bol , à la dofe d'un gros , dans les dévoiements. Prix 2 1. la livre. Conserve de Fumeterre , s'ordonne dans les maladies de peau , & quand il y a indication de purifier la mafTe des humeurs, depuis un fcrupule, jufqu'à deux" gros par jour. Prix 2I. la livre. CONSKHVE liquide de Rofes rouges , fe donne dans les dévoiements, à la dole d'une demi-once par jour. Prix 40 f. la livre. CoNSOUDE (grande) ; plante mucilagineuié , allringente ; on ne ie fert guère que de fa racine. Coquilles d'huîtres préparées , abforbant , fe donne à l'intérieur, depuis fix grains , jufqu'à un demi-gros dans la journée. Prix 2 f. la demi-once. Corail rouge préparé , aftrin^ gent £r abforbant en même temps , fe donne à l'intérieur, depuis un fcrupule, julqu'à un gros. Prix 3 1. la demi-once. Corai.line, plante marine, vermifuge ; fe doîine , depuis dix grains , julqu'à un demigros. Prix 2 f. la demi-once. Corne de Cerf, aftringeatj DES M E D I s'emploie dans les tiianes , à la dol'e d'une once , pour une pinte de tilane. Prix l f. la demionce. Craie préparée , abforbant qui peut le donnner à l'intérieur , depuis un Icrupulc , jufqu'à un gros. Prix i 1". la demi-once. Crème de Tartre, feî acide uni à une partie grade. Il eft apéritif, & même purgatif. On le donne , depuis un demi-gros , julqu'à trois gros. Prix i f. l'once. Cresson de Fontaine. Cresson de jardin , ou Alenois. Voye[ Beccabunga. Crotsette , plante aftriugenre , vulnéraire : on ue fe ftri que de fes feuilles. D DIagrede extrait de la icammonée; c'eft un purgatif hydragogue: il le donne, depuis fix grains , jufqu'à un dcini-gros. Prix 3 f. le gros. DiASCORVlVM jéieciuaire afiringent & coiroboratif, q-jj fe donne, depuis demi-gros , jufqu'à 2 gros. Prix 2 f. le gros. DlAPH(ENlc,éteftuaire purgatif; il fe donne en lavement , jufqu'à la dofe d'une once : dans les médecines , pour les tempéraments forts , on peut ie donner jufqu'à une demionce. Prix 3 1. la livre. D' APRUN , éleciuaire purgatif, fort doux : on l'emploie en guife de manne , depuis demionce, jufqu'à une once & demie dans les médecines. Prix 3 f. la livre. E EAu de Chaux ; s'emploie à l'intérieur dans les ulcères du poumon , & peut fe prendre à la dofe d'un demi-fectier par jour ; on commence par trois- cuillerées. Prix xo f. la |>inte, Prix C A M E N T S. Eau-de-vie camphrée. 30 1'. la pinte. E A u-DE-v I e. PrixiS f. la pinte. E A u vulnéraire. Prix 3 1. la pinte. EAu diftiilée de Cannelle, cordiale ; fe donne dans les potions, depuis trente gouttes , jurqu'à deux cuillerées à bouche. Prix I I. 10 f. le demifeprier. Eau de Cerifes noires , fait la bafe des potions cordiales. Prix 50 f. la pinte. Eau de Chardon, eau cordiale, faifant auffi la bafe des potions cordiales. Prix 20 f. la pinte. Eau d'Euphraiie , s'emploie communément dans les collyres. Prix 20 f. la pinte. Eau de Fleurs d'Orange , antifpafmodique vanté. Prix 30 C la pir.te. Eau de Fleurs de Tilleul , s'emploie dans les potions céphaliqjss, depuis une once , juCq i'à quatre. Prix 10 f. la chopine. Eau de Fleurs de Sureau , réf.ilurive ; s'emploie fur le» érylîptles : on n'en fait d'ufa'^e qu'à rextérieur. Prix 10 f. là chopine. Eau de l'enouil , d'ufage dans les coiiyres , depuis une once jîifqu'à quatre. Prix 10 f. la chopiueEau de Laitue, s'emploie dans ies juleps calmants , depuis deux onces , jufqu'à quatre. Prix 10 f. la chopine. Eau de Lis , eau rafraîchiflànte , qu'on n'emploie guère qu'à l'extérieur. Prix 10 f. la chopine. Eau de Mélifîè fimple , s'emploie dans les potions céphaliques £-r anti-hyftériques , depuis demi-once, jufqu'à deux onces. Prix ïo f. la chopine. Eau de Menthe ; eft d'ufage dans les potions ftomachiques, pour ariêter le hocquet J3R ou T A S Z E le vomi/Tement. On la Encens, réfine odoranfe ; elfe donne depuis une demi-once , julqu'à quatre onces. Prix lo f. la chopine. Eau de Morelle, calmante, ne s'emploie qu'à l'extérieur. Prix lo f. la chopine. Eau de Pariétaire , diurétique: elle s'emploie dans les potions , depuis demi-once , julqu'à quatre onces. Prix lo f. la chopine. Eau de Plantain , aftringente , s'emploie dans les collyres & dans les potions aftringentes , depuis demi-once , jufqu'à 4 onces. Prix 10 f. la pinte. Eau de Renouée, o« de Centinode. V. Eau de Plantain. Eau déRofes , fort d'ufjge dans les'coUyres. Prix 12 f la chop. ECORCE intérieure de Sureau , bydragogue puiffant : on le Erend iiiriîfé dans du vin blanc. a dofe eft depuis un gros , jufqu'à une demi-once , pour une chopine de vin blanc. Ellébore blanc. Sa racine eft très purgative. On s'en fert rarement. Elle n'eft guère d'ufage , que pour exciter l'éternument: on en prend alors par le nez, depuis (ix grains , jufqu'à dix. Prix 8 f. la livre, 'de Cérufe. Prix 5 f. la livre, de Ciguë , fondant.Piix 3.1. la livre, de Diachilon gommé. Prix 4 1.1a livre, de Méiilot. Prix il.iof. laliv. de Minium. Prix 2 I. la livre, de Nuremberg. P.Bl.iaflal. de Vigo. Prix 3 1. la livre. Véficatoire. Pr. 2l.iof. laliv. / Emplâtre s'emploie dans les emplâtres defiîcatifb. On la donne intérieurement pour provoquerles fueurs , depuis quatre grains , jufqu'à dix. Prix 1 I. 10 f. la livre. Esprit de fel Ammoniac. On le fait refpirer , ou on en jette quelques gouttes dans le nez , dans les affections fopo renies ; on peut même en faire avaler , dans certains cas qui font rares. Prix 2 f. le gros. Esprit de Vin. Prix al. 10 f. la pinte. Esprit deVincamphré; s'emploie extérieurement contre la gangrené feche. Prix 3 1. la pinte. Esprit volatil de corne-de« cerf j fe donne dans des potions cordiales , depuis dix gouttes , jufqu'à trente. On l'emploie fur-tout dans les paralyfies. Prix 20 f. l'once. Euphorbe , gomme jaune, très-âcre &i brûlante à la bouche. Elle purge très-violemment. Auffi ne l'emploiet-on prefque jamais à l'intérieur. On s'en fert quelquefois dans des fternutatoires , à la dofe d'un ou deux grains. Prix 2 f. l'once. Extrait de Genièvre ; ftomachique, qui fe prend avant le repas , depuis un fcrupule , jufqu'à un gros. Prix 40 f. la livre. Extrait de Lierre terreftre , remède expedorant , fore chaud : il fe donne en bol j depuis quatre grains , jufqu'à quinze grains. Prix 40 f. la demi-livre. Extrait de Véronique , vulnéraire déterfif : on le donne en bol , depuis huit grains , jufqu'à quinze. Prix 2 f . 6 cU le gros. DES MEDICAMENTS. Extrait de Tuffiiage.oude Pas d'Ane. C'efl un expeâorant tort doux , qai fe prend en bol , depuis douze grains , jufqu'à trente. Prix lo f. la demi-once. F FArine de Fèves , réfoluti ve. On s'en fert dans les caiaplaCmes. Fakine de Froir.ent , adoucifTante. On s'en fert dans les cataplafmes. Farine de Seigle , maturatif eftimé pour hâter la fuppuraiion d'une plaie. Ffnl'GREC , plante réfolutive. La farine de fa graine s'emploie dans les cataplafmes. Figues gralTes. Elles adouciffent les âcretés du rhume. Appliquées àrextériïur,el'es hâtent la fuppuration. FlllFENDULE , plante diurétique : on en emploie les feuilles & la racine. Fleurs de Benjoin. Le Benjoin eft une réiine odorante. Les l'.eurs font un extrait de ce qu'il y a de plus fubtil & de plus précieux dans cette réfine. Elles font incifives , pénétrantes , bonnes pour les ulcères du poumon , Ik pour l'aflhme. Elles entrent dans plufieurs compolitions. On les donne feules , depuis quatre grains , iufqu'à quinze ou vingt. Fleurs de Benjoin 1 J. le demi- gros. Fleurs de Soufre. C'eft le foufre purifié & dégagé des parties étrangères. E!Ies s'emploient dans les pommades , contre les maladies de la peau , &• intérieurement , foit dans 3'afthme , foit dans les maladies de la peau , depuis dix grains , jufqu'à un gros. Follicules de Séné, purgatif plus doux que le féné ; s'emploie dans les tifaaes, <39 royales , depuis demi-once , julqu'à une once ; & dans les médecines , depuii un gros, jufqu'à deux gros. Prix 2 l. la demi-livre. f ouGEREmàle.Saracines'era-» ploie dans les tifanes vermifuges , à la dofe d'une once pat pinte. Fraisier. Sa racine eft a péri-» tive , & elle efl: fort d'ufage dans les tifanes. Fumetkkre , plante altéran» te , & fort cftimée pour combattre les maladies de peau^ qui font rebelles. G GAlbanum , gomme d'une jdeur forte & défagréabie , d'un goût amer &c ua peu acre : elle eft fort employée dans les vapeurs hyGrériques : on en fait des emplâtres. Elle fe donne intérieurement , depuis, quatre grains , jufqu'à quinze grains par jour. Prix i f. le gros. Gayac , bois dur, pefant & très-rélineux. On s'en feiC pojir faire les tifanes fudorn fiques. Gingembre , racine d'un goût piquant , acre , un peu aromatique : elle eft incilivo & ftomachique. Elle fe donne , depuis fix grains , jufi qu'à un fcrupule. Prix i £, l'once. Gomme Adragant ; gomma blanche , luifante , légère , en petits morceaux longs , menus , & entortillés en manier© de vers. Elle eft humedante , adouciflante &■ rafraîchiffante. Elle eft bonne dans les dyfTenteries, Prix i 1. 10 f. la demi-livreGomme Ammoniac j gomme jaunâtre par dehors , blanche par dedans , d'une odeur défagréable. Elle eft apéri-; tive. On l'emploie dans l'hy  Uo T A dropîfie , difToute dans du vinaigre îcillitique. Elle fe donne aiors dans une potion , à la dofe d'un gros. Prix i f. le gros. Gomme Arabique ; gomme en grofles larmes , ou morceaux blancs , tirant quelquefois fur le jaune , clairs , tranfparents , gluants à la bouche , lans goût apparent. Elle eft peûorale , humectante ^ rafraîchiiTanie : elle ne poUede pas cependant ces qualités au degré cù Jes a la gomme adragant. On la donne en poudre , à la dofe de dix grains jufqu'à vingt , oueninfufion.Prixil. la livre. GoMjME Elémi ; gomme réfineufe , blanche , tirant fur le verdâtre , odorante. On ne s'en fert que dans les em' plâtres vantés pour fortifier les nerrs. Prix 2 1. la livre. GoMME-Gutre ; gomme réfineufe , feche , dure , cafHinte , & haute en couleur. Réduite en poudre , elle e(t d*ua jaune foncé ; c'eft un purgatif hydragogue , trèspniiTant. On l'emploie , depuis trois grains , jafqu'à quinze. Il ett bon de mêler avec elle quelque fel , comme fa crème de tartre. Prix 1 f le gros. Graine de Lin , adoucilTante. Sa farine fe mêie avec le favon , pour faire des pilules favonneufes. Graine de Kermès, diaphorétique ; s'emploie dans les potions cordiales. Guimauve , plante peflorale. Les feuilles s'emploient pour les lavements anodins : les fleurs & la racine entrent dans les tifanes peûorales. H HiEBLE. Voye\^ ECORCE 0£ SUKEAU. BLE HiERA-piCRA , éleéluaire purgatif , trés-ûcre , qu'on ne donne qu'eu lavement , depuis un gros , jufqu'à une demi-once. Il ne convient que dans les afifédions foporeufes & dans les coliques métalliques. Prix 5 f. l'once.' Houblon. Les graines en font apéritives. Houx {petit). La racine s'emploie , avec fuccès, dans les tifanes apéritives. Huile d'Amandes douces. Prix 2 f. l'once. Huile de Camomille ; s'emploie à l'extérieur , foit comme carminatif, foit comme anodin. Prix i 1.1a demi-livre. H u I LE de Laurier j s'emploie eo Uniment , pour fortifier des partiesparalyféesouaffoiblies. Prix ! DES MÈDICaMEN purgative , à la dofe de cinq à fix onces. On peut la fubitituer , quand elie eft récente , à l'huile d'amsndes douces. Piix i8 f. la livre. Huile Rofat ; s'emploie dam les fomentations émollientes i & réfolutives , dans les inflammations du bas-ventre & ] de la veffie. Prix 1 1. la demilivre. HuiLEdeSuccin. Foy.Hiiilede Girofle. Prix a f. 6 d. le gros. Huile de Tartre par défaillance. Elle n'eft guère d'ufage que dans des expériences phyfiques : on s'en fert encore pour reconnoffre s'il y a du plomb ou de fes préparations dans le vin. Dans un vin adouci par la litharge , ou autre préparation de plomb , on jette quelques gouttes d'huile de tartre par défaillance. Le plomb tombe au fond du verre. Huile de Vers de terre. On s'en ferr pour frottter des parties paraJyfées , ou attaquées de rhumatifme. C'eft une huile très-pénétrante. Prix 30 f. la livre. Hydromel fimple. C'eft un mélange d'eau S: de miel. Hydromel compofé ; mélange d'eau &■ de miel. On y ajoute différentes plantes , telles que la pulmonaire , l'hyffope. L'hydromtl eft fur-tout d'ufage dans l'afthme & dans les maladies de poitrine , qui dépendent d'une lymphe vifqueufe & épaifle. L'hydromel fimple fe prend en guife de tifane. L'hydromel compofé s'ordonne à des dofes moindres , fuivant les plantes qu'on y fait entrer. HYSSOf E , peélorale , incifive. JAlap , racine qui nous eft apportée des lades occiT S, ur dentales , en rouelles épaiffes , compactes , parfemées de veines réfmeufes , difficiles à rompre avec les mains , mais faciles à cafTer avec le pilon , de couleur grife, d'ua goût un peu acre. C'eft un purgatif hydragogue , qui fe donne en poudre , depuis douze grains , juiqu'à un gros. Prix 4 f. l'once. Ipecacuanha , racine qui vient du Brefi! , grofTe comme le chalumeau d'une petite plume , compai^e , tortue, ridée par anneaux , cordée dans fon milieu , d'un goût acre & amer : la plus eftimée eft la brune. On la donne comme vomitif incifif , de!" puis quatre grains , jufqu'à un fcrupule. On en donne l'infulioa dans du vin , comme altérant : elie fe donne à deux ou trois grains par jour, C'eft h meilleur incifif de la lymphe , qui nous foir connu. Elle eft fort employée dans les dyflenteries occalionnées par des glaires. Prix 20 f. l'once. Iris de notre pays , oa Flambe. La racine infufée dans le vin blanc , 3*la dofe d'une demionce pour une pinte, eft ua bon hydragogue. Iris de Florence , racine blanche , grofTe comme le pouce , ayant une odeur de violette , douce &■ agréable , d'un goût un peu piquant &c agréable ; elle eft incifive & pénétrante . On la peut donner , à la dofs de fix grains par jour. Prix 5 f. l'once. K K Arabe , Succin ou Ambre ; fubftance réfineufe,. dure , luifar.te & tranfparente , blanche eu jaune , qu'on nous apporte de la PrufTe Ducale , en morceaux de 541 TAS difFérentes grcfleiirs & figure;, C'eft un excellent antiliyllérique : il fe donne intérieurement , depuis fix grains jufqu'à douze. Prix 4 1". l'once. Kermès minéral, préparation d'antimoine. I! eft incilif , diaphorttique , vomitif & purgatif, fuivant les doles auxquelles il eft donné. On le prefcrjt , depuis un graia , jufqu'à lix par jour. Prix 20 f. le gros. LAlTUE , plante rafraîchiffante. Lavande , plante céphalique & utile dans les maladies de nerfs. lAUDANUiMliquide de Sydenham. C'eft l'extrait d'opium di.Toas dans le vin d'Efpagne , avec différents aromatiques. Il fe donne , dcpui* cinq gouttes , jufqu'à trente. Prix 20 f. l'once. Laudanum foiide : c'eft l'extrait d'opium. Il fc donne pour procurer du fomnieil , & calmer les douleurs violenres , depuis un i!emi- grain , jufqu'à quatre. Prix 30 f. la demi-once. Lierre , plante pefiorale jincilive. LiLiUM de Paracelfe ; teinture de différents métaux , tels j que le cuivre , le fer. Il s'ordonne dans les potions cordiales , depuis dix i^cuttes , jufqu'à foixante & douze. Prix 8 f. le gros. Limaille de P"er. La meilleure eft celle qu'on porphyrife , après l'avoir humt&ée d'eau, pendant que!ques jours ; c'eft un excellent emaiénagogue. Elle fe donne dans toutes les maladies où les folides font relâchés & fans refforr : elle fe donne par jour, depuis cinq Z E grains , jufqu'à douze. Prix a f. le gros , quand elle eft porphyriiée : quand elle eft brute , prix « f. la livre. LiTHARGE , plomb empreint des impuretés du cuivre , &c réduit en forme de fcorie ou d'écume métallique , par la calcination. La litharge n'eft employée que dans les emplâtres légèrement defllcatifs. Prix 7 f. la livre. Lis des Vallées , ou Muguet , plante céphalique , dont les fleurs fe prennent en infufion. M MA CI s. Le Macii eft lai féconde écorce de la noix mulcade , qu'on fait fécher. Il fortifie & réchaufîe l'eftomac : il eft employé dans différentes compolitions. Prix 4 f. le gros. Manne, fuc qui découle du frêne, enDaupliiné , ou qu'on tire par des inciîions. La première , appellée Manne en Isrmes, fe vtnd i(Sf. J'once. La féconde, appellée Manne en forte , lé vend 4 f. l'once. Marjolaine , plante céphalique. Mauve, plante émolliente : les Heurs s'emploient dans les tifanes pedorales , & les feuilles dans les lavements fs' dans les décodions émo!lienres. Melilot , plante employée dans les décodions émollientes. Mélisse. Les feuilles fe prennent en infufion dans les afiéflions vaporeufcs. Mercure crud , demi-méta! fluide , coulant , de couleur d'argent , fort pefant. Il fè donne purifié , c'eft-à-dire , revivifié .du cinabre , dans 1.-3 pafTion illiaque , jufqu'à la dofe d'une livre, ^rix 4 L Des médicament $. To f. la livre MtRCURE doux fublimé , ou ulquila alba , fondant , le donne , depuis !îx grains , jufqu'à douze. Prix 3 T. le gros. Mercure précipite blanc, efcarrotique puifîànr , dont on \L ne fait ufage qu'à l'extérieur. Prix I f. 6 d. le gros. Miel Rofat, s'emploie dans les gargarifmes déterfifs. Prix 30 f. la livre. Miel mercurial , miel avec lequel on a fait bouillir une certaine quantité de feuilles de mercuriale. Il s'emploie dans les lavements qu'on veut rendre légèrement purgatifs , depuis deux onces , jul'qu'à fix. Prix 30 f. la livre. Miel violât. Voye\ Miel mercurial. Prix 30 f. la livre. Millepertuis. L'huile dans laquelle on a fait infufer fes fleurs , eft employée avec l'eau-de-vie dans les iiniments pour les contufions & les blefTures des nerfs. Minium , plomb minéral puivérifé êr rendu rouge par une longue calcinarion au feu : il eft aftringent &defficatif. On ne l'emploie que dans les onguents & dans les emplâtres. Prix 10 f. la livre. Morelle , plante afToupilTanre , dont les feuilles s'appliquent , avec fuccès , fur les cancers. Moutarde. On en fait ufage pour rappeller la goutte , ou d'autres humeurs qui fe portent fur des parties intéreffantes à la vie. Myrrhe. Gomme réfineufe qui doit être choifie récente, en bel'es larmes claires, tranfparentes , 'égeres , de couleur jaune dorée ou rougeâtre , d'une odeur forte & quin'eft point agréable , d'un 54? goût amer & acre : elle eil apériiive & e.mmcnagogue. On la donne , depuis quatre grains, jufqu'à dix. Prix 4 1. la livre. N TAvet. Racine peclorale , ^ incillve , s'emploie dans les bouillons béchiques. Noix de Galle. Excroiiï^ince ronde , qui naît fur des branches de chêne , piquées par un infeûe ; elles font fort alhingentes ; on en fait entrer dans plufieurs emplâtres , dans des onguents , des injeâions & dans des fomentations. NO IX mufcade j fortifie & réchauffé l'ertomac. Elle peut le donner en poudre , dans certains tempéraments pi:uiteux , depuis deux grains , jufqu'à fix , avant le repas. O ; T L l E T rouge. Fleur cordiale alexitere : oti en fait un firop fort employé dans les potions cordiales. Oignon blanc. 1! eft apéritif; fon lue elt un diurétique eftimé. On le donne à la dofe de trois ou quarre onces pat jour dins l'hydropide. Oignon de Lis , fort employé dans les cataplafmes maturatifs. Oignon de Scilie. C'eft ua oignon , ou une bulbe grolle comme la tête d'un enfant , compofée de lames épaifles , rougeâtres , fucculentes , vifqueufes , rangées les unes fur les autres : des feuilles féchées, on en fait le vin fcillitique, l'oxymel fcillitique, & d'autres préparations fort employées dans l'hydropifie. Le vin fe donne à la dofe de trois onces par jour ; l'oxymel fcillitique 4 à ceHe de quatre i le 544 vinaigre, à celle de fix ; la poudre , à celle du viugc grains. Onguent, dit yi/^tjm Kha/is, connu dans le monde fous le tiomdt I) lanc Raijin, defliciitif léger Prix zf. 6 à. l'once. Onguent de laMtre. Suppuratiffort doux. Prix 4f. l'once. Onguent de Cérule'. ûeîhcatif. Prix 1 1^ le ^los. Onguent de Pompholix. Defficatif. Prix 5 f. i'oiice. ONGUENTuEgyptiac.Defncntif & ca(héréti,qae. J'rix 2 f. l'on TABLE Onguent Euulé. Piixal. luf. x noue Os MON DE , eu Fougcrc fleù» lie , s'ordonne dans les lila-* nés apcriîiviis. OxYMELfcJiliiique;mÊIan£:edtf miel, de vinaigre & d'oignon de fcille , eft un très-hon uiiirétique , qui peur le donner y dep'jis une once, julqu'a lix , dans la journée. Fiix 1 1'. l'once. OzEiLLE j les feuilles font aniifcorbutiques : la racine en t& apéririve. P pARi ET A IRE, plante diuré* la livre. Onguent Napolitain. Prix 30 f. la livre. Onguent Populéum. An-^dii' & émoilieni. Prix 36 f. la iiv Onguent Rolai. Prix ^^, f. la livre. Onguent Suppnratif, oa Eafilicum. Prix jo f. la livre. Onguent de Styrax , an:ifeptique fort efliraé. Prix 3 1. 10 f. la livre. Opiat deSaîomon: ccnftdîion ftomachique , qui fe prend avant le repas , depuis un fjiupulejiufqu'ànngros.l'.^f.i'on. Orange aigre." Orcanette, racine de couleur rouge foncée extérieurementjblanche intérie;îrement, rendant une belle c«i_'lt;ur vermeille , quand on en frotte l'ongle: elle lert à donner une leinture rouge à l'onguent ro fat, à des pommades , &c. Elle eft aftringente : elle arrête le cours de ventre , étant prife en décoaion. Ot DES M}£ D I t)0\idre eft fort vantée pour les înaladies de nerfs; on la don;. c depuis un fcnipule , juiqu'a un gros par jour. On en fait prendre aiiHi les décoâioiis. Plomb brûlé : i! entre dsns plufieurs einplâttes , 8: il leur donne leur conlillance. Prix 1 f. l'once. PoiRÉE OU Bette , plante rafraîcliiffante. Poivre blanc, long , rond ou noir : ces trois lortts de poivres ont lous les niêmes qualités ; ils font Srcmachiques , carmiiiatifs. On les prend en grains avant le dîner , depuis quatre grains , julqu'à douze. l'rix 4 f. l'once. PoiX de Eourgogiie. Prix 4 f. la demi-livre. Poli PO DE de chêne , plante refïèmblant pour les feuilles à la fougère mâle ; elle croît aux pieds des vieux chênes : on ne fe fert que de fa racine. Elle eft laxative & apéritive. ' Poudre de cornachine ; mélange de parties égales de crème de tattre , de jalap fc de diagrede : c'tft un purgatif qu'en peut donner , depui: vingt-quatre grains , jufqu'à un gros. On appelle auffi cette poudre , Foudre de Tribus. l'rix 2 f. le gros. Poudre de cloportes ; ce n'efi: autre chofe que !ss cloportes léchés au four , & réduits en poudre très-fine : cette poudre efl: diurétique & fondante. On l'emploie , foit feule , fcit mêlée avec d'autres médicaments , depuis quatre grains , julqu'à dix par jour. Prix 4 f. la demi-once. Poudre de guttete ; c'cfl: un mélange de ditifjrentes fubftances qu'on croit propres aux maladies des nerf, ; cette poudre fe donne dans l'épilepfie, ^ dans toutes les maladies des C A ME N T S. p,i neifj , depuis un fcrupule , jufqu'.à deux gros. Prix 5 f. la demi once. Poudre contre les vers , ou Sctncn-contra ; ce n'efl: autre clicfe que le Scmen-contra. réduit en poudre : on la donrie .'! ceux qui ont des vers , depuis un fcrupule , jufqu'à un gros. Poudre de Vipères j alexitcre & fudorifique : on la donne dans les potions cordiales , ou en bol , dans les psralylies, depuis dix grains , juf.]u'à ua gros. Prix Î46 T A B l'emploie en décoûion contre les lièvres interinitientes , depuis deux gros, julqu'à iîx, & en bols depuis un gros , julqu'à trois. Prix 6 1. la livre. R R Ai FORT fauvage , racine anti-lcorbutique ; on la prefctir dans les lifaues , à la dofe d'une once : on peut en mettre la ra pure dans les bouillons , depuis un fcrupule , jusqu'à un gros. Réglisse , racine adouciffan-' te , trop connue , pour que nous nous arrêtions fur ici vertus. Prix 6 f. la livre. Rhubarbe ; racine d'une couleur obfcuie en dehors , ou d'un rouge brun , d'une odem afîez agréable , &c d'un goût un peu atner : on la donne , foit en inf.ifion , foit en l'ubllance , depuis dix grains , juf qu'à un fcrupule : elle s'ordonne dans les dévoiements ; c'eft un purgatif aftiingenc & corroborsiif. R.OMARIN, plante céphalique Ronce : les feuilles font d'u-. uf;,ge fréquent dans les gargarifmes déttrJifs. Roses rouges , ou de Provins ) elles font aftiingentes : leur teinture fe donne dans les dévoiements ; elles entrent dans plufieurs ccmpofitions ftomachiques. Roses pâles , purgatives , quand on les prend en infusion : une ou deux pincées infufées dans une tafle d'eau tiède , purge très-bien : ou en fait un firop connu fous le nom de Sirop de rofes pâles , qui eft eRimé. Il fe met dans les médecines , depuis demi-once, juf'ju'àune once. Riz : le riz ett reftanrant & adouciflànt ; il modère les cours de ventre. £ F S SABINE ; arbrifleau dont fe» feuilles retlcmblent à celles du tamarii'c , d'une odeur très-fjrte , d'un goût piquant & brûlant ; les feuilles font très-ii cillves & apéiitives , & puiflamment emménagogues : tm l'emploie en poudre , depuis huit grains jufqu'à douze. Safran Oriental , longs filets d'une belle couleur rouge , fort odorants , d'un goût baîfamique & agréable: ces filets ne font rien autres que lesétamines d'une plante qui vient auffi-bien en ce pays-ci, dans le Gâtinois , qu'aux Indes. Auih le contente-t-on du fafraa du Gàiinois , qui ne le ceJe en rien à celui qu'on faiibit venir autrefois des Indes. Le fahan eft cordial , anodin , apéritif & hyftérique. On le donne , en infuiion , à la do^; de douze grains pour deux tafu-s d'eau; on peutle donner en ponçlre , à la même dofe. Pli;: S f. l'once. Safran de Mars apéritif , préparation de fer qu'on donne dans les pâles couleurs, dans les oblhnf}ionsdufoie,S?quand il y a foiblelTe & relâchement dans les foiides : le fafran de Mars fe donne , depuis trois grains , jufqu'à dix , par jour. Prix 5 f l'once. Sang- Dragon , eft un fuc gommeux , congelé , Tec , friable , de couleur rouge comme du fang, tiré par incifion d'un arbce qui vient aux Indes ; il eft afliinî^ent : on l'emploie dans les hémorrhagies , depuis dix grains, jufqu'à trente par jour. Prix lo f l'once." Santal rouge ; bois qu'on nous apporte des Indes; il ftrt plus pour la teinture que pour DES M È D I la médecine ; fon extrait tû alrini^ent , & il peut le donner en bols , juGiu'à deux fcrupules [>nr jour dans les dévoienient gr3ins , julqu a quinze. Prix 5 r. le gros. Semences d'Agnus-caJIus , l'ont rafraîchifFantes : on les emplois dans les émulfions, à la dol'e de deux gros , & môme plus. Semences de violette : elles font purgatives , & elles entrent dans plufieurs élecluaires : on les emploie rarement feules. Semences (quatre) froides majeures : ce font celles de courte, de citrouille , de melon &r de concombre ; on s'en fert pour faire les émulfions : il en faut une once pour faire une pinte. SÉNÉ mondé , feuilles purgatives ; on l'emploie dans les médecines , depuis un gros jufqu'à deux. Il efc la bafe des rifanes royales ; comme îl peut doimer des tranchées, on y ajoute quelque aromatique , comme la coriandre , l'anis. SENEÇON , plante qui entre dans les décodions & dans les lavements t-mollients. Serpentaire de Virginie ; racine grife , lilamenteufe , fort odorante & aromatique : elle eft incillve &rfudorifique : on l'emploie , avec fuccès , contre la gangrené , ou feule , ou mêlée avec le quinq'.iina. On la donne depuis un fcrupule jufqu'à deux gros. P. 5 f. l'once. SOLANUM, dit Bella-dona , plante aflbupifTante : ce font les feuilles féchées , qu'on emploie contre le cancer , à la dofe de deux grains j Tnais ce remède demande la plus grande attention , dans l'ufage qu'on en fait : il n'appartient qu'aux gens de l'art , j ^ même aux plus entendus , de le maniçr. i B L -E Styrax, gomme rélîneuft, odorante : en ne s'en fert qu'extérieurement : elle arrête lesprogvès de la gangrené. SUBLiiViÉ co.rofif , combinaifon du mercure avec l'a-» cide du fel marin ; c'eft un poifon dont on peut faire un excellent remède pour guérir la vérole , 8r en peu de temps fes accidents ; mais c'eft encore un remède qui requiert l'œil ti la prudence du médecin. Prix I f. le gros. Sureau; les tleurs font réfoiutives & rafraîciiifTantes; on s'en fert pour fomenter les parties éréfipélateulès. Sirop d'Abfunhe ; il ne fert guère que pour lier des poudres , & leur donner la conlîftance molle que doit avoiç un opiat. Prix 50 f. la livre. Si R OP de Capillaire , béchique. Piix 50 f. la livre. Sirop de Chicorée , compofé de rhubarbe ; purgatif aftringent ; il fe donne , avec J4 manne ^, à la ^ofc d'une once, rrix 5 f. l'once. Sirop des cinq racines , apéritif ; il fe met dans les tifanes apéritives à la dofe ' de deux onces par pinte. Prix 3 f. l'once. Sirop de coings j il fe met dans les tifanes & les décodions de l'eau de riz , qu'on prefcrit dans les dévoiements &• la dylTenterie ; deux onces par pinte. Prijc 3 f. l'once. Sirop de Diacode, ou pavot blanc , afibupiffant & relâchant -• il fe donne depuis deux gros jufqu'à une once ; fi on l'a donné en trop grande quantité , pour en empêcher lès mauvais effets , on donnera force fuc de citron. Prix 4 f. l'once. Sliioi' û'éryfimuiTij ou Herbe DES M i D I nnx-cliaiures , eftinié pour l'extindion de voix : il fc donne dans u.i looch , à I:; doll; d'une once. Prix 4 f. la livi'e. Sirop de Guimauve. Prix 4 f. l'once. SiRO? de fleurs de Pêchers : il efl purgatif; il s'ordonne dans les médecines , depuis une demi-once , jafqu'à une once. Prix 40 f. la livre. Sirop de Nénuphar : on le met fouvent dans les émuliions , dans les juleps rafrjîchilLmts. Prix 40 f. la livre. Sirop de jurande Confoiide; aftringent doux. PriX4o r.Ia livre. Sirop de Lierre terrefhe, incilit' ; s'emploie dans les loochs. Prix 40 i". la livre. Sirop de Limon., anti-feptique, & propre à taire couler la 'Diit;. Prix 40 r. la livre. Sirop de Meures , ailringent , fort d'ulage dans les gargarilmes. Prix 40 f. la livre. Sirop de Nerprun ; purgatif hydragogiic = il eft d'uVage dans les médecines , depuis une demi-once jnfqu'à une once. Prix 40 f. la livre. Sirop de Pavot rouge , arrodin &• fomnifere : il le donne à la dofe d'une once. Prix 3 1. la demi-livre. Sirop de Roies fiches; s'emploie dans les tifanes aflringentes , à la dofe de deux onces par pinte. Prix $0 f. la pinte. Sirop de Violettes rafraîchiffant. Prix 50 1". la livre. T TAbac ; fes feuilles en infufion , à la dofe d'un gros, peuvent s'employer dans le. lavements qu'on donne aux apoplediques. Tablettes martiales ; les tablettes martiales font une efpecç d'éleiSuaire folide , fait C A M E N T S. u «o T A B mars tartarifée : il eft apéritif : il s'ordonne dans dej boiiillcns , à la dole d'un gros. Prix 5 f. l'once. Teinture de Caftoréum , anti-hyftérique fort eftimé ; Icdoniie dans des potions calmantes & anii-fpal'modiques , depuis dix poutres jufqu'à quarante. Prix 5 f. l'once. Teinture de myrrhe :ftGmachique puiflant ; elle peut fe donner a la dofe de quatre ou cinq gouttes : elle eft aufiï anti-fepiique, & elle eft d'ul'age à l'inférieur , pour empêcher les progiès de la gant^rene. Prix 5 1'. l'cnce. Térébenthine de Venife ; liqueur virqueufe , gluante , léluieufe , huileufe & tranfparente , ayant la confiftance & la qualité des baumes naturels j elle eft apéritive , propre pour la pierre, pour la colique néphrétique , pour les ulcères des reins : elle donne à l'urine l'odeur de violette; elle s'emploie intérieurement à la dole de dix gouttes , & en lavement , à celle d'une once ou de deux. Prix 2 1, la livre. Terre lîgiilée ; terre a'oforbante , lougeâtre : on l'emploie contre les pertes à la dofe d'un gros par jour. Prix 10 r. la demi-livre. Thériaqlie, fe donne depuis un fcrupule jufqu'à un gros. Ses qualités , ainfi que fa compofition , font trop connues pour nous y arrêter. Prix 6 I. la livre. Trefï.e d'eau, eu Ménianthes, plante anti-fcorbutique : on ne fe fert que dee- feuilles. Trochisque de myrrhe. Prix 15 f. l'once. Trocfiîsque alhandal, ou de coloquinte. Alhandal eft un mot arabe qui figuifie coloL E quinte; c'eft un purgatif trèsviolent , qui fe donne dans l'hy dropifie depuis deux grains jufqu'à douze. Prix 4 f fonce, TijRQUETTE , ou Hemiole , plante très-diurétique. TUTIE ; fuie inérallique , qui s'attache au haut des fourneaux des fondeurs en bronze : elle eft déterHve, defficative , propre pour les maladies des yeux , pour deflecher & cicatrifer les plaies : on ne s'en fert qu'extérieurement. Prix 5 1". l'once. V Valériane fauvage ou des bois : fa racine, à la dofe d'un gros , pour un verre d'eau , eft bonne pour les maladies des nerfs. Verdet, ou Verd-de-gris , s'emploie dans des eaux ftyptiques , pour laver & déterger des ulcères. Véronique mâle , ou Thé de l'Europe , plante vulnéraire , déterlive jfort eftimée , 6 d'un grand u/age dans les maladies du poumon. Verre d'antimoine: on en faîfoit autrefois des taffes dans lefquelles on faifoit infufer du vin qui devenoit un purgatif: c'eft un remède trop adif,& qu'il faut laifTer aux charlatans : cependant à petite dofe , & mêlé avec la cire , on prétend qu'il eft bon contre les fleurs blanches , on le donne alors depuis quatre grains jufqu'à dix. Prix 2. f. l'once. Verveine, bouillie avec le vinaigre , & appliquée fur le côté : elle eft utile dans les pleuréfies. Vinaigre fcillitique; vinaigre dans lequel on a fait infuiér uiîe certaine q'iantiré d'oignons de fciîle ; il s'emploie à la dofe de quatre onces » D Fj s M E D I & fert de bafe dans les potions anti-aftlimatiques: c'ell un diurétique puilîiiut. Prix 2 f. l'once. Vin émétique trouble ; il fe donne depuis deux onces julqu'à quatre , dans les lavements qu'on veut rendre trèspurgatif'. , tels que ceux qu'on donne dans l'apoplexie , & dans les coliques des peintres. Prix 3 1. l'once. Viol 1ER : les feuilles font émollientes , fes fleurs rafraîchifTantes , fes graines purgatives , &• fes racines apéritives. C A M E ?J T S. < .JJ„'.BI*l.lK-!i m...^kM^ PERMISSION SIMPLE. JEAN-JACQUES DE VIDAUD , Marq^uis DE VeLLERON y Comte de la Bâtie 6- Mognenins y Seigneur de Far gués , Cairanne , Bivier , U Maifonforte de Montbives & autres T laces ^ Confeiller dEtat &au Confcil Privé, Direcleur géiicral de la Librairie^ & DoSeur d'honneur de la Faculté de Droit. VU Particle VU de l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777, portant règlement pour la dure'e des Privilèges en Librairie, en vertu des pouvoirs à Nous donnés par ledit Arrêt: Nous permettons à la Dame Veuve Pierre DuiMESNiL, Imprimeur-Libraire à Rouen , de faire une édition de l'Ouvrage qui a pour titre : Dictionnaire portatif de Santé , laquelle édition fera tirée à douze cents exemplaires en trois volumes format in-o'', & fera finie dans le délai de (îx mois, à la charge par ladite Dame de repre'fenter à Plnfpeâeur de la Chambre. Syndicale de Rouen la quittance exigée par les articles VIII & IX du même Arrêt ; d'avertir ledit In^peacur du jour où l'on eommencera l'imprcfTion dudit Ouvrage , au defir de l'article XXI de l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777 , portant fupprefîion & création de différentes Chambres Syndicales ; de faire ladite édition abfolument conforme à celle 1777 ; d'en remettre , conformément à l'Arrêt du Confeil du 16 Avril 1785, neuf exemplaires aux mains des Officiers de la Chambre Syndicale de Rouen , d'imprimer la préfente Permiifion à la fin du Livre , & de la faire enregiftrer dans deux mois , pour tout délai fur \ç.^ regiflres de ladite Chambre Syndicale de Rouen :1e tout à peine de nullité. Donné à Paris , le 30 Novembre 1786. VIDAUD. Tar Monfeigneur , D U M I R A I l, KegiCiré fur le Regifrede la Chambre Syndicale de Rcueri^ fol. "iJfNo. 229 , conformément aux Règlements de la Librairie ; à Rouen le 17 I^ovembre ly'Sô. L. OUE.SEL, Syndic.